Mais pas cette fois! La justicière a trouvé une piste : un entrepôt désaffecté au grand port qu'elle a attaqué lors d'une nuit sans étoiles, sa cible s'est échappée mais pas ses hommes... Parmi eux, un ancien aventurier, un homme autrefois courageux qui n'était plus que l'ombre de lui-même, un accident lors de sa visite du désert volant l'avait condamné à mettre fin à sa carrière et à chercher un autre moyen de subvenir à ses besoins. Pas un mauvais bougre, juste un malheureux auquel elle laissa donc une chance de se repentir. D'après ses dires, il ne savait rien : ni le nom de la dame en question, ni son apparence mais elle était là plus tôt! Juste, il ne l'avait pas rencontré personnellement... De trop maigres informations donc. Pourtant, suite à l'insistance de la morte-vivante, il lui donna une autre information : le nom d'un autre aventurier avec lequel il avait déjà travaillé et qui pourrait sans doute l'aider : Fenrir! Juste un prénom mais qui, il le promettait, pourrait aider la revenante.
Retrouver un homme n'ayant rien à se reprocher n'a rien de bien compliqué : pas de fausses identité, pas de cachette secrète, pas de secrets inavouables. Du moins, pas en apparence. Le seul problème était le suivant : devait-elle le contacter? Se montrer au grand jour n'a rien d'évident pour elle, cela demande de faire confiance a un parfait inconnu et cela n'est pas dans sa nature. De plus, pouvait-elle réellement mêler un homme sans histoire à cette traque? C'était dangereux, si cette femme était assez puissante pour rester en dehors des radars malgré ses exactions, alors elle serait sans doute dangereuse pour quiconque serait sur ses traces. Pourtant, elle n'avait d'autre choix : chaque jour qui passait sans qu'elle ne soit soumise à la justice lui permettait de commettre d'autres crimes, plus inavouables chaque fois que les précédents...
C'est au bout de quelques jours qu'elle décida d'agir. Cela faisait maintenant quelques temps qu'elle avait trouvé l'homme censé pouvoir l'aider, il fallait juste attendre le bon moment. Chose qui arriva lorsqu'il se rendit en forêt, seul. Une occasion unique de lui parler. Restait la question de comment l'approcher : user d'un déguisement ou d'un stratagème quelconque? C'était difficilement faisable : si elle voulait son aide, elle ne devait pas se cacher ou mentir malheureusement mais, cela lui demandait plus encore de se montrer directement vu sa condition... Pas le choix cependant... Une fois assez loin de toute civilisation, lorsqu'elle fut convaincue que personne ne pourrait les interrompre, la revenante se montra finalement. Debout au milieu du chemin, sa lance plantée dans le sol, ses bras croisés sous sa poitrine, elle l'attendait. "Je t'attendais!" Dit-elle simplement comme une confirmation : elle est là pour lui.
C’était un jour comme un autre pour moi, le départ vers un nouvel horizon, je venais de préparer mon sac, ma tenue habituelle et j'en passe. On m’avait informé d’une étrangeté peu de temps avant mon départ, quelqu’un semblait chercher des infos sur moi et je m’étais dit qu’il était plus que temps de ne plus traîner dans la ville. Non pas que j’avais peur, loin de là, car je savais qu’au-delà de mon sale caractère, je n’avais rien fait de mal à qui que ce soit.
Non, je craignais surtout qu’on me propose du travail alors que j’avais en tête de reprendre la route vers un endroit dont j’avais appris qu’une légende locale y était assez intéressante. Malheureusement, alors que je m’engageais dans la forêt, esquivant la route de peur que cet inconnu me rattrape, je ne m’attendais clairement pas à tomber sur ladite personne qui se tenait alors sur mon chemin, à l’image d’un passeur que je ne pourrais clairement plus contourner.
Une seule phrase « Je t’attendais. » Sortit de sa bouche, une phrase qui en disais long. Je rehaussais mon sac de voyage ainsi que mon arc sur le dos, par sécurité plus que par envie de m’en servir… Puis de toute façon, je n’avais aucune flèche à cet instant. C’était surtout pour rendre l’accès à ma dague que j’avais glissé dans mon dos plus accessible. On était jamais assez prudent et je cachais ma méfiance derrière mon arme la plus acérée, mon humour, alors que je lâchais avec amusement.
- Eh bien… Hum… C’est plutôt flatteur, je dois dire ! Non vraiment ! Il n’y a pas plus romantique qu’une forêt pour faire une déclaration exaltée. Franchement, chapeau, vous aviez vraiment tout prévu en plus.
Je la fixais dans les yeux, souriant pour me montrer aussi peu menaçant que possible, alors que de rapides coups d’œil m’indiquaient déjà différentes issues de fuite possible. Sur le même ton, gagnant du temps, craignant qu’elle ne soit pas là pour des bonnes intentions et ne laissant pas mon interlocutrice parler pour mieux la prendre au dépourvu, je repris.
- Mais malheureusement ! Mon cœur est déjà pris par une autre. Vous m’en voyez sincèrement désolé, après autant d’effort de votre part ! Mais ne désespéré pas, un jour, je suis certain que vous trouverez quelqu’un… à votre goût ? Je suis certain ... qu'une telle personne existe !
Sur la fin, je ne voyais pas trop comment le dire sans me montrer offensant, mais elle avait un style physique assez… déroutant… presque morbide. Quoi qu’il en soit, je concluais ma tirade sans même me douter de pourquoi elle était venue me trouver tout en avançant dans l’idée de simplement passer à côté d’elle.
- Bien sur ce, maintenant que les choses sont clair, je vais retourner à mes affaires. Cela dit, je salue encore votre audace !
A certains égard, j'en viens à me demander si je tenais vraiment à ma tête...
Car oui, elle n'est pas le genre de femme à se faire écarter ainsi, même si pour elle cela n'a aucun rapport avec ce qu'il baragouine depuis un moment, cela n'empêche qu'elle ne se déplace jamais pour rien. Elle sourit doucement, un sourire étrange en réalité, léger, en coin, mais qui ne laisse aucun doute quand on l'associe à son regard présentement : carnassier, inquiétant, et pourtant elle ne fait pas le moindre geste alors qu'il semble vouloir passer à ses côtés. Non, à la place, elle se contente simplement de parler, sa voix à la fois gutturale par sa profondeur et mielleuse par son intonation ne laissant pas réellement comprendre si elle le menace ou si elle répond à son jeu. Une question à laquelle elle lui laissera le temps de réfléchir, une chose est sûre, elle ne va pas forcément le laisser partir si facilement.
"Moi qui espérais faire cela de la manière douce... Ce n'est guère très galant de ne même pas laisser une dame s'exprimer alors qu'elle a fait le déplacement uniquement pour toi. Tu me briserais le coeur s'il n'avait pas déjà été transpercé... Mais dis-moi, d'après toi, combien d'hommes peuvent se targuer d'avoir été d'un intérêt quelconque pour moi en deux cents ans?" L'interroge-t-elle simplement, laissant le double sens de ses mots atteindre l'esprit de son interlocuteur. Est-elle vraiment éprise de lui? Non, mais si c'est ce point de vue qu'il décide d'aborder pour la fuir, autant s'en amuser... De toute manière, il ne pourra pas quitter la forêt si facilement. "M'accorder de ton temps ne te tuera pas tu sais? Par contre, je ne suis pas certain que tu veuilles véritablement tourner le dos à la mort et t'aventurer dans ce brouillard aussi anormale qu'inquiétant" Conclue-t-elle alors qu'effectivement, une brume soudaine commence à les entourer, semblant provenir directement de cette femme au corps transpercé par trois lance et pour cause, c'est bien le cas! Son pouvoir entre en action, réduisant la visibilité autours d'eux alors qu'elle garde ce sourire qui n'a rien de rassurant. À lui de voir s'il préfère l'écouter ou jouer plus encore avec le feu sans savoir s'il se brûlera ou non.
- Eh oui, mais que voulez-vous, la galanterie n’a jamais été mon point fort !
Après quoi, je reçu une magnifique menace bien déguisée comme je les adore. Le genre de truc façon « Un accident est si vite arrivé ! » mais avec du brouillard. D’ailleurs, il n’était pas là ce brouillard juste avant, sur le moment, je me demandais même si je ne m’étais pas assoupi. Mais non ! La personne qui m’avait accosté ce jour-là était visiblement bien plus dangereuse que ce que j’avais cru de prime abord. M’imposant la contrainte de me montrer beaucoup plus prudent qu’a l’accoutumé. Toujours avec une pointe d’humour et un sourire amusé pour ne pas montrer mon malaise, je lâchais alors d’une voix faussement détendue.
- J’avoue que… c’est une des meilleures menaces qu’on m’a faite. Franchement, je m’incline bien bas, on sent … l’habitude ? Oui c’est ça l’habitude ! Je ne suis clairement qu’un lapin face à un renard en ce moment, je le comprends bien. Donc mon courage naturel m’incite grandement à reconsidérer mes propos et à vous accorder un peu de mon temps. Visiblement, ça peut-être une bonne chose pour mon espérance de vie.
Je croisais les bras en observant l’inconnue menaçante. Cependant, je n’étais nullement effrayé, car il fallait être idiot pour ignorer le pourquoi du comment d’une telle rencontre. Elle avait besoin de moi, ou plutôt besoin de mon pouvoir. Les gens ne venaient pas me retrouver pour m’offrir une boisson au bar du coin, mais bien plus souvent en derniers recours pour retrouver quelque chose d’important… ou non. Avec assurance, je fini par dire.
- Sauf que … Arrêtez-moi si je me trompe, vous seriez bien embêté une fois que vous m’aurez tué et vous n’avez rien à y gagner non plus. Puis 200 ans… Je dois vraiment avoir l'air d’être un idiot pour donner l’impression de croire ce genre de chose. Alors je suis tout ouïe, qu’attendez-vous de moi ?
Tout en ajoutant d’une voix un peu plus soucieuse.
- Quoi que vous me demandiez… Je vous demanderais juste de garder tout ce qui dépasse pour vous. Ce ne sont pas mes affaires, mais je ne suis pas vraiment branché lance dans le ventre personnellement.
Je parlais encore, malheureusement, c’était pour évacuer le stress qui s’accumulait en moi sur le moment. Malgré que j’essaye de donner le change, cette personne m’intimidait un peu et je craignais tout de même pour ma vie malgré mes certitudes. Sur le moment, je supposais qu’elle avait sûrement une espèce de pouvoir d’illusion et qu’elle en usait pour donner cet aspect fantomatique… ainsi que ce brouillard… Je ne voyais pas d’autre explication cohérente en fait.
"Votre étroitesse d'esprit est décevante! Selon vous je viens donc de proférer des menaces? Si j'avais voulu vous effrayer ou vous menacer, je n'aurais pas simplement attendu au beau milieu de la route! Ce n'était qu'une remarque, un conseil amical tout au plus." Commence-t-elle en s'approchant de l'homme d'un pas félin, un déhanché léger alors qu'elle ne le quitte pas des yeux, un déplacement faisant forcément écho à celui d'un fauve s'apprêtant à bondir sur sa proie. Un renard face à un lapin? Une comparaison relativement bien imagée même si Lacey se voit plus comme une panthère. "Je ne dirai pas que vous ayez l'air idiot... Prétentieux peut-être? Suffisamment pour croire qu'une femme telle que moi s'abaisserait à attendre un homme quelconque pour une notion aussi ridicule que la romance. Idiot? Vous l'auriez été sans cet instinct de survie vous poussant à m'écouter. Non, vous m'apparaissez plus comme "aveugle"! Incapable d'accepter ce qu'il voit, incapable de s'ouvrir à la réalité... Qu'imaginez-vous exactement? Un pouvoir de transformation? Illusion peut-être? Si tel était le cas, ne pensez-vous pas qu'il aurait été plus simple de me faire voir comme une belle jeune femme dans une situation de danger pour attirer votre sympathie?" Un léger ricanement alors qu'elle commence à tourner autours de son interlocuteur, l'observant de haut en bas. "La vérité est bien plus simple : Je me présente, Lacey Crowley! Morte assassinée il y a deux siècles, ramenée parmi les vivants il y a deux siècles! Parfois ce que l'on voit n'est autre que la réalité et n'ayez crainte pour ce qui "dépasse" comme vous le dites si bien. Vous n'avez rien fait, à ma connaissance, me poussant à vouloir vous éliminer." Conclue-t-elle en terminant son tour, se plantant devant l'homme et le fixant droit dans les yeux de son regard spectral.
"Libre à vous de me croire ou non, mais je mens rarement... Cependant qu'importe? Ce qui nous intéresse aujourd'hui n'est pas ma nature mais bien la raison de cette rencontre n'est-ce pas?" Questionne-t-elle rhétoriquement, rendant bien évident le fait qu'elle n'attende pas de réponse. "Je cherche un homme voyez-vous? Un personnage capable de rester discret. J'ai ouïe dire, murmure porté par le vent, que vous auriez la capacité de me mettre sur une piste."
Chose qu’elle me confirma après avoir parlée un petit moment, reprenant mes propos, me rappelant que je n’étais clairement pas très malin. Soit, au point où j’en étais, c’était de bonne guerre vu ce que je lui avais dit juste avant. Je prenais donc tous ses propos avec un petit sourire nullement atteint. Cependant, cette histoire de morte revenue à la vie … Elle semblait vraiment y croire. Lacey Crowley qu’elle s’appelait donc. Je restais parfaitement immobile, tournant uniquement la tête pour suivre le son de sa voix de mes oreilles et lâchant un petit ricanement amusé lorsqu’elle m’avoua que j’étais « aveugle ». Oh que non, je pouvais voir bien plus que ce qu’elle semblait croire et je comptais le lui prouver.
Mais pas tout de suite, ce serait dévoilé ma seule vraie carte à jouer trop vite. Lacey si telle était bien son prénom, me parla d’une personne qu’elle souhaitait retrouver une personne visiblement assez discrète. Donc ce que j’avais supposé était juste quelques instants plus tôt et je penchais doucement la tête sur le côté en faisant mine de réfléchir avant de lâcher d’une voix assurée.
- Murmure porté par le vent ? … Ou langues plutôt bien pendu ? Il m’est d’avis que c’est plutôt la seconde possibilité qui me semble logique. Cependant et malheureusement pour moi, vos « Murmures » ont dit vrai.
Je ne lâchais pas son regard du mien, lui tenant tête sans aucune hésitation uniquement par fierté mal placé, j’assume. Je ne sais pas pourquoi elle voulait retrouver ce type. Sur le moment, je me disais simplement qu’elle pourrait peut-être m’aider à régler un petit problème personnel aussi, donnant-donnant comme on dit. J'avais pourtant abandonné l'idée à la base, mais finallement avec son aide, ce serait peut-être possible.
- Admettons que j’accepte, qu’êtes-vous prête à m’offrir en retour ? Car j’ai peut-être une offre qui pourrait vous convenir où conviendra parfaitement à votre… style !
Mon sourire disparu, j’affichais une mine un peu plus sérieuse et résolu avant de reprendre.
- Pendant mon séjour en ville, j’ai voulu me procurer une plante, cependant, il n’y a qu’un seul apothicaire qui en a dans son stock. Cette plante est réputée pour détendre, ainsi que soulager diverses maux. Évidemment, ce type à bien compris que faute de concurrence, il pouvait monter son prix exagérément. Trop haut pour mes pauvres moyens. Sauriez-vous le convaincre de revenir sur sa démarche, à un prix plus abordable ? Voir même… soyons fou, une petite ristourne pour la tentative d’escroquerie ? Inutile de lui faire du mal, ce n’est pas un mauvais bougre, j’en conviens, juste un peu trop avare.
C’était mon offre, je comptais bien honorer ma part du marché avant et pour confirmer les propos de ses murmures, autant lui donner une preuve de ma bonne foi. Mon pouvoir s’activa et mes yeux prirent une couleur dorée comme d’habitude. Je pointais rapidement une direction du doigt en indiquant d’une voix détendue tandis que le gris naturel de mes iris revenait à leur place.
- Vous êtes arrivé précisément de là avant de vous planter face à moi et je peux continuer à remonter votre piste pour dire tout ce que vous avez fait avant sans aucun souci. Mon don est… disons spécial, je suis un pisteur né et je n’aurais aucun mal à retrouver même le plus discret des hommes pour peu que vous me donniez un point de départ qui ne soit pas trop ancien. Pas mal pour un aveugle hein ?! Sauf que je suis limité à quelques jours tout au plus, au dela, les traces disparraissent même pour moi. Alors, avons-nous un accord ?
Je soutenais encore son regard, mais cette fois, plus de sourires amusé, plus de regard défiant. Non, j’étais désormais sérieux et prêt à faire le boulot qu’elle me demandait. Son aide allait m’être tout aussi précieuse, car les plantes en question sans être vital, allaient faciliter la vie d’un de mes proches de façon plus que louable. J’ajoutais pour finir.
- Qui est cette personne que je dois retrouver ?
Elle l'écoute en croisant les bras, c'est la moindre des politesses après tout vu qu'il a une offre à faire : un apothicaire qui tenterait de vendre bien trop cher un produit? Certes, ce n'est pas forcément très gentil mais malheureusement, cela n'a rien d'illégal. Tout est question d'offre et de demande et, pour des cristaux sonnants et trébuchants, certains n'ont que peu de scrupules. Pourtant, le monopole permet de faire cela de manière parfaitement légale. Ce n'est certes pas très appréciable mais ce n'est pas forcément un crime. Un profond soupire s'échappe des lèvres de la revenante, que faire? Si elle accepte, elle va devoir menacer un commerçant qui n'est pas particulièrement honnête mais qui n'est pas un criminel pour autant. Si elle refuse, elle sera seule pour tenter de retrouver sa cible et avec les informations qu'elle possède, cela risque d'être particulièrement mince. Un dilemme qu'elle n'apprécie pas réellement en fait.
Le jeune homme offre cependant ce qu'il semble penser être de quoi la convaincre, un aperçu de son pouvoir donc? Effectivement cela semble particulièrement utile : il est donc capable de remonter la piste de qui il désire, à condition d'avoir un point de départ et surtout que cela ne remonte qu'à quelques jours tout au plus? Elle l'observe avec attention, fronçant doucement les sourcils en regardant son interlocuteur. Une offre qu'elle pourrait saisir mais pas sans aucune raison cependant. "Tu me demandes donc de menacer un commerçant parce qu'il vend un produit qu'il est le seul à avoir trop cher? N'est-ce pas un peu hypocrite de ta part? Tu es le seul à pouvoir m'aider à retrouver ma cible mais pour se faire, tu me demandes de menacer un homme, de me montrer, de prendre le risque de me faire pourchasser par la garde... Ne trouves tu pas que tu agisses exactement comme le marchand en question? En vendant tes services trop cher?" Demande-t-elle en haussant les épaules.
"Qui dois-tu trouver? En réalité j'ignore son nom! Sans cela, je n'aurais pas besoin de ton aide. Une femme, criminelle, elle dirige un véritable cartel! Trafic d'incandescent, vol, meurtre, elle était même dans l'organisation qui travaillait avec un orphelinat pour faire du trafic des pouvoirs des enfants... Une personne haïssable, une criminelle qui est une menace pour ce royaume et ses habitants. Est-ce que savoir que tu agirais pour le bien de tout le monde te suffit ou tu veux quand même que je menace un simple commerçant?"
- Nous sommes tous un peu hypocrite au fond, après tout, vous rechignez bien sur ma proposition tout en me demandant de prendre des risques dans la foulée. Nous n’avons pas tous la chance de revenir d’entre les morts, au cas où ce détail, vous aurez échappé. Votre demande est tout de même bien plus risqué pour moi que la mienne pour vous.
Je m’amusais encore de cette histoire dont je ne croyais que les grandes lignes. Évidemment, c’était trop dur à avaler et je n’avais encore jamais entendu parler d’un don qui pouvait faire revenir à la vie ou quoi que ce soit d’autre. Je préférais encore croire ma théorie sur le pouvoir d’illusion. De toute façon, ce n’était pas le sujet principal du moment. Je la détestais d’avoir parlé d’enfant dans les victimes de cette femme qu’elle poursuivait et effectivement, si elle avait commencé par-là je n’aurais même pas songé à lui proposer une contrepartie. Je soupirais lourdement en assouplissant ma proposition tout en sortant un croquis de mon précieux tant désiré pour qu'elle puisse voir de quoi je parlais.
- Très bien, débrouillez-vous simplement pour me procurer cette plante. Je me moque de vos méthodes et si vous désirez laisser ce pauvre homme en paix, c’est votre droit. C’est mieux comme ça ? Cependant, imaginons qu’un jour, il soit le seul à posséder un traitement capable de sauver une vie et que la personne condamnée ne possède pas les moyens… Personnellement, j’appellerais ça un meurtre par omission. Au final, ce genre de personne peut se révéler particulièrement dangereux uniquement, car ils sont dans leur « Droit ». Enfin, ce n’est qu’une hypothèse bien sûr, l’avenir n’est pas dans le marbre comme le passé.
Puis je revenais assez rapidement sur le vif du sujet en admettant, car je n’étais pas un monstre non plus à faire passer mes intérêts avant le bien commun. Du moins, je le faisais surtout pour éviter que d’autres enfants souffrent de cette personne. Chaque seconde comptait visiblement, je l’avais bien compris.
- Quoi qu’il en soit, laissons ce sujet de côté. Votre affaire reste prioritaire, j’en conviens. Alors ne perdons pas plus de temps, il me faut un point de départ comme je vous l’ai dit et je doute fortement que vous souhaitiez me servir de guide, comment allons-nous communiquer d’ailleurs en ville ? Vous allez me suivre dans l’ombre ? Où dois-je commencer ? Avez-vous une description physique de la personne ? Un portrait ? Plus j’aurais d’information, plus ma part du travail sera facile et efficace.
Mon pouvoir avait beaucoup d’avantages, mais il avait un défaut de taille, je ne pouvais pas l’utiliser en permanence très longtemps. En plus de ça, je faiblirais de plus en plus, donc, il fallait que je sois sûr de pouvoir compter sur elle.
- Un petit détail, afin que vous ne soyez pas prise de court. Mon pouvoir me draine rapidement de l’énergie. Je peux donc compter sur vous en cas d’effet secondaire trop intense ? C’est malheureusement le prix que je dois payer pour son usage, que je le veuille ou non.
Une contrepartie qu'il désire véritablement visiblement : cette plante! Elle n'est pas réellement une voleuse mais si c'est ce qu'il faut, ce sera fait. Elle ne peut pas simplement espérer l'aide d'un parfait inconnu si elle n'a rien à lui offrir en retour. Plus personne n'agit de manière désintéressée, plus personne n'aide que par volonté d'aider justement. On vend ses services, on achète ses informations : depuis quand est-ce que le royaume est devenu ainsi remplit de mercenaires? "J'aime croire que les gens finissent par agir dans l'intérêt général... Si tel n'est pas le cas, ce marchand aura peut-être droit à ma visite et un conseil lui aussi? Mais soit, si c'est cette plante que vous voulez, je m'engage à la trouver." Une parole qu'elle entend bien tenir le moment venu, si cela permet de faire avancer son affaire actuelle.
Au moins, il semble qu'elle ait raison au moins en partie : l'intérêt général reste prioritaire. Elle l'a peut-être mal jugé au départ, de toute évidence il accepte d'aider en se contentant de la parole de la justicière. Quelques questions, effectivement il va falloir discuter pour trouver cette femme et pour rester en contact mais comment? "Je te suivrai discrètement, malheureusement je ne peux effectivement pas me montrer en plein jour une fois que nous irons en ville. Pour ce qui est de la femme, je peux te donner un lieu mais rien d'autre! Si j'avais son nom, sa description physique, son odeur même, je pourrais aisément la traquer sans avoir besoin d'aide. Je suis un spectre, elle est un fantôme! Tapis dans l'ombre, elle gère son petit groupe, ses hommes, d'une main de fer. Ne prenant aucun risque, ne se montrant jamais sur les lieux d'un crime, se contentant d'observer et d'en tirer les bénéfices..." Affirme-t-elle avant de sourire doucement. "Cependant, il y a un lieu dans la capitale ou une telle personne peut passer inaperçue : l'insomnie! Les clients de ce lieu ne sont pas des enfants de coeur et d'après l'homme qui m'a envoyé vers toi, son employeuse pourrait s'y trouver. Malheureusement, je ne peux pas enquêter moi-même, tu t'en doute... Je m'assurerai cependant de te sortir de là si ton pouvoir t'épuise ou que les choses tournent mal..."
La suite me prit quelque peu au dépourvu, mais elle admit que j’avais raison sur un point, qu’elle était assez mal placé pour me demander de prendre des risques, cependant, elle allait me certifier également un peu plus tard qu’elle me protégerait en cas de soucis. Je restais silencieux jusqu’à ce qu’elle me parle de ma récompense, certains mots me dérangèrent dans sa phrase. Avec un ton sérieux, mais pas agressif, je me risquais.
- L’intérêt général ? C’est plutôt utopiste comme façon de voir les choses. Vous devriez être plutôt bien placé pour savoir que l’être humain ne retient pas ses erreurs, non ? Je suis prêt à parier qu’en 200 ans, pas grand-chose n’a réellement changé. En admettant que vous dites vrai bien sur
J’écoutais ensuite les informations qu’elle pouvait me communiquer sur la personne que j’allais devoir traquer. Cependant, je m’attendais vraiment à plus, car au final, c’était bien peu. Juste une adresse, l’Insomnie, aie… Je vois déjà vos regards amusés et vos petits sourires en coin. Sur le moment, je préférais être pleinement honnête avec elle.
- Eh bien, c’est compliqué dans les conditions actuelles. Mon pouvoir ne marche pas de façon aussi radicale. Je ne peux pas juste imaginer une personne et avoir toutes les réponses sur elle. Il me faut un point de départ précis. L’insomnie, certes, mais c’est encore un peu trop vague.
Je soupirais doucement avant de proposer d’un ton calme que l’on se met à marcher vers la capitale en reprenant ma tirade.
- L’insomnie est un endroit assez fréquenté. Votre cible est quelqu’un de malin, ça brouille les pistes. Je peux me baser sur son « employeuse » si vous me dites de qui il s’agit. Mais elle doit s’entretenir avec énormément de monde rien qu’en une journée. Même en filtrant les femmes en particulier, il va me falloir des jours pour y parvenir. Au bas mot et avec de la chance. Je ne dis pas que c’est impossible, juste compliqué même pour moi.
Je l’observais calmement alors que mes pas s’enchaînaient, il ne me fallait qu’un simple indice, le moment précis d’une journée ou elle avait loupé sa cible, ou bien une longueur de cheveux, coupe habituelle. Certes, je ne pouvais pas bien voir les détails, juste des silhouettes, mais je parvenais à faire la différence entre homme et femme sur le point de vue morphologique avec ma seconde vue. Mais là, ça pouvait être des dizaines… Plusieurs dizaines de femmes avec qui l’employeuse et encore, on ne savait pas qui pouvait être l’employeuse en question. Je réfléchissais alors à une solution.
- Il va falloir qu’on travaille à deux, de votre côté, continué à chercher le moindre indice qui pourrait me conduire sur la bonne piste. Savez-vous qui est cette employeuse d’ailleurs ? Là aussi, on n’est pas vraiment plus avancé. Votre cible doit forcément avoir des contacts avec d’autres personnes, même de façon détournée, il suffit juste de trouver une seule bonne personne et je serais sur la voie.
Je soupirais à nouveau, en attendant, j’allais devoir me rendre à l’insomnie et chercher une aiguille dans une botte de foin. Je ne cachais clairement pas ma joie sur le moment, mais d’un autre côté, elle avait parlé d’enfant. Dans ma tête, je craignais que d’autres enfants subissent le même sort en ce moment même et cela rendait l’urgence de la situation encore plus intense. J’étais clairement motivé à retrouver cette personne. Cela dit, une question me taraudait.
- Eh ? Petite question, vous avez prévu de faire quoi une fois que vous aurez retrouvé cette femme ?
Si c’était pour amener une meurtrière vers sa cible, j’étais déjà moins partant. Certes, je voulais la coincer, mais sans faire couler le sang si possible. Cependant, je me rendais compte rapidement que cette vision des choses été au moins aussi utopistes que de penser à « l’intérêt général ».
"Il y a des choses qui ne changent pas et qui ne changeront jamais malheureusement. L'amour du pouvoir, l'envie, la cupidité... Ces choses qui poussent les hommes vers les plus noirs desseins. Je crains effectivement qu'il soit utopiste d'espérer que l'on agisse uniquement pour aider son prochain. Pourtant, que puis-je faire d'autre que d'y croire? S'il est vrai qu'il y a toujours autant de criminels, il y a également toujours autant d'enfants qui grandissent avec le rêve de devenir garde et de faire de ce royaume un lieu de paix et de sécurité... J'ignore pourquoi je suis revenu à la vie! Était-ce pour affronter l'inéluctable, échouer à changer les choses? Ou bien pour essayer que cet utopie, cette envie d'annihiler le crime ne devienne réelle? Je l'ignore mais... Si moi, j'arrête d'y croire, alors que restera-t-il à cette seconde existence?"
Elle n'a plus rien, plus personne! Pas d'amis, plus de famille, et son seul amour est responsable de son assassinat. Si elle n'a plus de but, alors à quoi bon avoir cette seconde vie? Bien-sûr, les choses ne sont jamais simples! Si tel était le cas, son existence ne serait pas si difficile après tout. Elle devait bien sans douter, avec si peu d'indication, il était peu probable que son "partenaire" du jour puisse lui être d'un très grand secours. Combien de femmes fréquentes l'insomnie également? Par jour? Difficile de ne fut-ce que l'imaginer. Pourtant il le dit : ce n'est pas impossible... Comment trouver la cible cependant? Comment l'aider à le faire? Il doit exister un moyen de l'approcher, après tout elle a des contacts, des employés, des personnes dont elle peut se servir avant de s'en débarrasser Comment entre-t-on au service d'une femme dont tout le monde semble ignorer absolument tout? Continuer à chercher? Certes mais c'est ce qu'elle fait depuis des lunes maintenant, si c'était si simple elle n'aurait pas besoin d'aide!
Et alors qu'elle réfléchit à que faire, à comment répondre aux attentes de cet homme qu'elle est venue voir, une question semblant lui brûler les lèvres est finalement posée : que compte-t-elle faire une fois qu'elle aura trouvé sa cible? Une longue inspiration, trop longue pour annoncer quelque chose de positif... Elle ne ment que rarement, c'est ce qu'elle a affirmé au début de leur conversation alors, elle peut au moins être fidèle à ce principe.
"Si tout se passe bien, je la mettrai hors d'état de nuire et laisserai la garde faire son office, leur livrant une criminelle sur un plateau d'argent sans jamais me montrer. Si les choses tournent mal... Mieux vaut sans doute que tu ignores mes plans..." Conclue-t-elle ne laissant que peu de doute concernant la tournure que prendraient alors les événements. "Dis-moi... Que dirais-tu d'une soirée en ma compagnie? Si l'on veut trouver cette cible, le mieux est sans doute de se rendre à l'insomnie. J'ai en ma possession un objet merveilleux : un miroir des glaces. Il me permet de changer d'apparence, malheureusement, l'illusion s'estompe si je passe devant un miroir. Il me faudrait donc un partenaire pour éviter cela. Si je prends l'apparence d'une fille du groupe de criminels que j'ai arrêté la dernière fois et travaillant pour elle, peut-être que nous serons abordés par d'autres membres de son organisation et que l'on pourra avoir des informations sur la cible?"
Que devais-je répondre à tout ça ? Moi qui n’avais même pas vécu du haut de mes 25 ans. Certes, j’avais déjà une petite expérience, mais pas assez pour savoir vraiment à quoi ressemblait le sens de la vie. En cela, j’enviais même parfois les animaux qui étaient loin de toutes les questions existentielles que le genre humain pouvait se poser. Ils vivaient leurs vies selon leurs instincts. Sa dernière question en revanche me laissa songeur et je répondis mécaniquement.
- Tout ce que vous n’aurez pas fait.
Je l’observais calmement avant de m’expliquer.
- Quand j’étais petit, mes parents et mon entourage ne m’auraient jamais vu devenir ce que je suis. Certains même avaient déjà fait les choix de ma vie à ma place de par ma simple naissance. Cependant, je savais que j’étais fait pour voyager, voir le monde, comprendre, apprendre et j’en passe. Je le fais pour moi, parce qu’au plus profond de mes tripes c’est ce que je veux et je sais que je l’aurais regretté toute ma vie de pas avoir fait ce choix malgré les conséquences qu’il a eu. Je ne peux pas répondre à toutes vos questions, mise à part pour dire que jeter une pierre de plus dans l'océan ne le fera pas disparaître, il sera là, inexorable et éternel. Mais je sais une chose, il faut vivre sa vie en accord avec ses choix et ses envies pour ensuite n’avoir à rien regretter. Si vous voulez jeter votre pierre, faite le de bon cœur en vous disant que vous aurez probablement fait le bien autour de vous et que c'est ce que vous vouliez pour vous-même. Mais si c’est pour le faire avec indécision… Alors, mieux vaut prendre quelques instants pour se demander « Qu’est-ce que je veux vraiment faire ? »… Non ?
Calme, je profitais de l’occasion pour lui faire un sourire plus rassurant, probablement le seul moment où je m’étais montré gentil… Ou j’avais montré cette part de moi que je tenais tant à cacher aux yeux du monde, cette part que je voyais comme une faiblesse. La suite me prit au dépourvu, si tant est que le fait de devoir ignorer ses plans en cas de mauvaise tournure des événements ne m’avait pas forcément plu. Sa proposition en revanche, éviter les miroirs pour éviter qu’elle reprenne son vrai forme. Le bon côté, c’est qu’au moins, je me rendrais pas à l’insomnie tout seul, alors j’acquiesçais en lâchant sur le même ton que j’avais eu depuis le début de notre rencontre désormais.
- Tant que votre apparence n’a pas les cheveux roses… Ça devrait le faire ? Va pour la soirée en votre compagnie très chère ! Du coup, je suppose que nous y allons ensemble finalement ?
Le bon côté, c’est que si jamais mon pouvoir me provoquait un malaise, nous pourrons toujours prétexter vouloir rejoindre une chambre. Il allait aussi falloir que je trouve une couverture pour le changement de couleur de mes yeux. Personne ne pourrait se douter que je pourrais voir le passé.