Une compétition de randonnée a lieu dans le nord du royaume ! Ce n'est d'habitude pas le genre de discipline qui amène de la compétition, et en réalité, il s'agit plus d'une rencontre de passionnés qui se regroupe sur le trajet pour profiter des panoramas et des étapes. Les étapes ? En effet, vous partirez d'un camp non loin du village perché vers le nord, pour gravir quelques montagnes ! Sur le chemin, différentes étapes vous attendent, afin de vous reposer en tout convivialité. Que ce soit pour l'ambiance, la nourriture, par erreur ou pour vous mettre à l'épreuve, vous y voici. Seulement, lorsque vous arrivez, vous découvrez la règle spéciale de cette année, lancée afin de promouvoir l'amitié entre randonneurs ! Vous devez randonner, les pieds attachés. Une chaîne très légère vous attache les jambes avec une vingtaine de centimètres d'écart, et la course se fait en duo. Le premier duo recevra un festin au sommet !
Participants : Frey & Haydan
Thème actuel : Vacances insolites
« Allez tu vas voir, Haydan, tu vas bien t'amuser! » avait-il dit pour le convaincre de s'engager dans cette mini-aventure. « Ça va te faire du bien de prendre l'air et ça te changera aussi les idées. » avait-il continué par la suite en fixant bien son cadet dans les yeux. Le garde avait alors soupiré et avait concéder à la demande de son aîné. S'ils étaient là, aujourd'hui, c'est parce que la famille Kirigan avait décidé de partir en vacances tous ensemble bien que la destination finale avait été choisie par les parents. Ils n'étaient pas partie bien loin de Forteresse et avaient plutôt choisi la grande ville voisine : le Village-perché. Ils n'en étaient pas à leur première visite, mais disons que leur paternel adorait le bois, la nature et encore plus trouvé de belles pièces pour travailler dessus. Et pendant que les deux parents de la famille faisaient leur propre parcours, il fallait que les deux frères puissent s'occuper.
Soupirant, Haydan préparait son sac y fourrant tout ce qu'il pourrait lui être utile lors de cette randonnée. Car oui, il avait laissé l'aîné le convaincre de l'accompagner dans la forêt jusqu'au montagne pendant les quelques jours à venir. Haydan, qui avait plutôt l'habitude, s'inquiétait surtout pour son frère. Homme de lettres et de politique, il ne le voyait pas du tout affronter les intempéries de la montagne. Malheureusement, il était convaincu qu'il y arriverait sans problème qu'Haydan soit là ou pas.
Le départ se trouvait dans un petit camp non loin du village-perché et ils devaient s'y rendre à pied puisqu'ils n'avaient pas amené avec eux leur monture. Peut-être s'agissait-il de la plus grosse bêtise de leur part, car ce n'est qu'au bout de leur peine que l'un des deux se blessa à la cheville se coinçant le pied sous une racine qui le fit chuter.
« Je t'avais bien dit que c'était pas pour toi, déclara Haydan en l'aidant à se remettre sur pied.
- Ce n'est pas une simple chute qui me fera maaaAAAAaaaaalll…s'écria-t-il finalement en posant son pied au sol alors qu'un choc parcouru l'entièreté de sa jambe.
- Assieds-toi.
- Je t'assure que tout va bien!
- Prends moi pour un con. »
Inspectant rapidement le membre endoloris, Haydan s'assura au moins qu'il n'avait rien de cassé. Quand le pire fut écarté, il le remit sur pieds et offrit son dos pour le porter. L'aîné de la famille était quelqu'un de fière, trop fière, et se décida de reprendre sa route sans l'aide d'Haydan en passant tout simplement à côté de lui d'une démarche claudiquante.
« On devrait retourner au Village.
- Je vais bien et puis tu pourras toujours participer sans moi.
- Je venais pour toi à la base, Mederic.
- Tu as besoin de prendre du temps pour toi aussi, Haydan. »
Les deux frères se querellèrent encore un moment avant d'arriver au camp où le garde avait fini par céder aux caprices de son frère. Malheureusement pour lui, il ignorait à quelle genre de randonnée il s'était engagé et se retrouva en binôme avec un autre homme qui avait bien plus l'allure d'un randonneur que lui. Il semblait plutôt calme et étrangement, il y avait des airs de ressemblance entre les deux hommes, mais il n'arrivait pas à comprendre pourquoi. S'il fut mal à l'aise pendant un instant d'être attaché à son partenaire, il ne le laissa pas paraître pour éviter les problèmes avec ce dernier. Tout ce qu'il espérait c'est qu'il ne lui mette pas des bâtons dans les roues.
« Salut, j'espère qu'on pourra bien s'entendre, vous et moi. Je m'appelle Haydan Kirigan.» avait-il dit pour faire un peu connaissance. Après tout, cela allait prendre combien de jours avant de se retrouver jusqu'à la ligne d'arrivée? Autant bien s'entendre, même s'il ignorait complètement qu'il avait déjà rencontré son partenaire il y a de cela quelques lunes. « Je suis médecin de la garde, alors s'il y a quoi que ce soit, je pourrai vous aider. » ajouta-t-il pour le mettre un peu plus en confiance. Haydan n'était pas la personne typique que l'on trouvait accueillante et chaleureuse aux premiers regards et il devait se forcer pour pallier ce problème par moment.
L'Amicale des Randonneurs des Cimes avait décidé de remettre au goût du jour une ancienne pratique quelque peu tombée en désuétude ces dernières années : une sorte de marathon de la randonnée, en plusieurs étapes, qui devait relier les environs du Village perché aux abords des premières montagnes de la Forteresse. La dernière fois que cette compétition avait été organisée, en l'an 992, un accident mortel avait mis fin abruptement à la course avec le décès de la célèbre Evelyne Beaumont, une romancière et randonneuse pourtant expérimentée, qui s'était trouvée prise par mégarde dans un affrontement entre un fiélon et un dragon de rose. La chose avait défrayé la chronique, à l'époque, et quelque peu freiné l'enthousiasme des participants les années suivantes au point de faire sombrer cette festivité dans l'abandon. Frey se souvenait de cette randonneuse, en ce qu'il l'avait rapidement rencontrée lors de cette édition de 992 - la seule à laquelle il avait participé - et avait vu sa curiosité titillée lorsqu'il avait entendu parler de cette course, renommée pour l'occasion la course Beaumont.
Il n'était que peu reparti en voyage depuis cette rencontre malheureuse qui avait failli lui coûter la vie il y avait de cela presque quatre lunes maintenant. Si ses blessures avaient pu guérir en un temps correct grâce à l'emploi d'un onguent de soin, il y avait eu plus que des séquelles physiques et il lui avait fallu du temps avant de ressortir de cet isolement farouche qui avait suivi. S'étant enfoncé profondément dans les bois, il n'en était ressorti que récemment suite à l'insistance de Java, qui n'avait cessé de tenter de le joindre via son cristal de communication. Il savait pertinemment que la forêt pouvait être aussi idyllique que dangereuse, et ce à chaque instant, mais il y avait tout de même une part du rôdeur qui avait dû prendre sur lui pour surmonter l'appréhension liée à cette épreuve. C'était un sentiment qu'il détestait.
Pour l'heure, il était venu ici, repérant une ou deux têtes bien connues des habitants de l'arrière-pays, notamment ce berger, Ethel le bêleux, qui était l'un des marcheurs les plus opiniâtres qu'il avait été donné à Frey de rencontrer, ainsi que trois ou quatre anciens qu'il lui semblait avoir aperçu à la dernière édition de la course il y a dix ans maintenant. C'était, toutefois, il y a fort longtemps et si durant l'âge d'or de l'ARC les défis constituaient en escalades complexes de pics, il semblerait que cette année soit surtout placée sous le signe de la rencontre et de la randonnée paisible, probablement pour attirer une paire de nouvelles personnes et relancer un évènement maintenant délaissé.
Toujours accompagné de Déboule, le jeune grognedent qui - mine de rien - grossissait tranquillement depuis sa naissance, ainsi que de Borée, la mainate subjugueur désormais adulte et qui voletait probablement quelque part dans le coin, Frey avait son habit de la saison estivale : une tunique plus légère que ses vêtements d'hiver, dans les teintes presque noires, de bonnes bottes de marche et quelques protections en cuir avec très peu de métal. Des choses qui privilégiaient la mobilité à la protection, et qui le faisaient voyager sans encombrement grâce à son sac sans fond qu'il avait dans le dos. La seule arme visible était, à sa ceinture, un large couteau de chasse rangé dans son fourreau. À ses épaules, enfin, la coquetterie de plusieurs plumes noires aux reflets subtilement bleutés, qu'il changeait à chaque saison pour les renouveler selon ce qu'il trouvait.
Le rôdeur était en train de s'interroger sur le choix des contraintes de la course : ce n'était pas très malin de s'attacher les pieds alors qu'on s'apprêtait à crapahuter partout et il fallait espérer que les sentiers soient vraiment du niveau castor junior. À vrai dire, le forestier était plutôt récalcitrant quant à laisser quelqu'un l'attacher, même si les liens semblaient facilement lâches pour être défaits facilement.
Toutefois, son attention fut brusquement giflée quand il perçut, presque par hasard, un visage dont l'allure familière le fit tiquer. Braquant instantanément le vert de ses yeux sur l'individu, il ne le lâcha plus dès cet instant.
Le petit elfe du solstice !
L'ambiance détendue de ce début de matinée venait de voler en éclat alors qu'une partie de lui s'impatientait rapidement face aux questions qui surgissaient soudain. Pourquoi était-il ici, si loin de la Forteresse ? Venait-il randonner ? Est-ce qu'il aimait seulement les longues marches ? Y avait-il d'autres soldats ? Et d'autres considérations fondées sur pas grand-chose d'autre que du vent et des préjugés rapides émis puis balayés en un instant.
Le rythme cardiaque de Frey s'était un peu accéléré, une partie de lui se demandant quelles étaient les chances que tout ceci soit un hasard, plutôt méfiante, et l'autre partie faisant resurgir cette espièglerie pleine de toupet dont il avait fait preuve lors de cette nuit d'hiver où il s'était fait prendre la main dans le sac. L'humain lui devait toujours un quelque chose, d'après sa parole, et ses méninges se mirent à travailler pour reconsidérer la situation sous un nouvel angle. Il ne pouvait, évidemment, rien lui dire en cet instant qui ne trahisse son identité intérieure mais l'excitation était trop grande et sa curiosité titillée. À vrai dire, c'en était même un peu frustrant, car voilà qu'il lui était impossible de partager ce petit élan de surprise joyeux qui l'avait traversé.
Est-ce qu'il devait tenter quelque chose ? Au fond de lui, il savait qu'il en avait terriblement envie, et que l'ignorer complètement serait difficile. Comprenant qu'il s'inscrivait aussi pour la course, Frey n'eut pas trop de mal à manigancer quelques minutes plus tard pour s'inscrire également, précisant qu'il était avec Haydan. Une certaine agitation naquit tandis qu'il se demandait si c'était une bonne idée, et s'il ne se comportait pas juste stupidement. Après tout, s'il se faisait reconnaître, tout ceci pouvait lui apporter des ennuis.
Mais le Vif n'était pas toujours connu pour sa capacité à restreindre cette curiosité parfois malhabile qui l'habitait.
Bien vite, il se présenta devant le garde de la Forteresse, après s'être forcé à aplanir l'agitation en lui. Maintenant qu'il l'avait en face, qu'il ne faisait plus six mètres et qu'il ne flottait pas, il fut un instant pris de court par la différence de gabarit qui les opposait, le rapport de forces radicalement différent. Le bougre paraissait soudain bien plus grand et large vu de cette position, est-ce qu'il avait poussé durant ces derniers mois ? Un peu désorienté sur la manière dont il devait lui répondre, il en manqua presque le coche pour répondre à Haydan avant que ça ne paraisse bizarre, notant les informations qu'il apprenait.
Maintenant qu'ils étaient attachés l'un à l'autre et qu'ils étaient dans un premier contact, il y avait ce léger frisson de risque de se dire qu'il ne pourrait plus si facilement s'échapper tandis qu'il lui faisait face avec ce visage humain dévoilé. C'était à la fois un peu malaisant et à la fois ce qui faisait le piment de cette situation cocasse. Reprenant un peu plus d'assurance, un éclat fugace de malice passa dans ses yeux, tandis qu'il souriait à demi.
L'idée, si elle le faisait sourire, était toutefois fondée. Au point que la ressemblance entre les deux était particulièrement troublante. Un instant, il l'observa, dévisageant ce garde si particulier maintenant qu'il l'avait à la lumière.
Les prochains jours ensemble. Frey ne semblait réaliser que maintenant à quel point cela serait long, attaché toute la journée à quelqu'un avec si peu de mou. Lui qui aimait la liberté allait en prendre un coup, ce lien ayant presque toutes les allures d'une laisse.
Du côté gauche, puisque Frey était gaucher, cette place ne le dérangeait pas, au contraire, mais le rôdeur fut peut être un peu trop empressé et manqua perdre l'équilibre tandis qu'il bougeait son pied par réflexe, encore un peu gauche avec cette contrainte.
Merde. Comment ils voulaient que les gens randonnent avec cette idée à la con ?
Observant son compagnon pendant que le bénévole de l'organisation s'afférait à les attacher l'un à l'autre, Haydan laissa ce dernier se présenter à son tour. Frey semblait quelque peu absent, mais cela n'avait pas choqué plus que cela le garde. S'il devait étudier à chaque fois le comportement des individus avec qui il échangeait, il n'en finirait jamais. Dans tous les cas, celui-ci c'était bien vite repris ne manquant pas de lui faire remarquer qu'ils avaient assez de similitude pour passer pour deux frères. Une chevelure pâle, des oreilles pointues, des iris rappelant la nature, si ce n'était pas de leur couleur de peau, on y verrait que du feu.
« C'est vrai qu'il y a des airs de ressemblances…»
Si son frère avait été là, ils auraient pu passer pour une fratrie de trois, mais ce dernier s'était blessé stupidement sur la route.
« On peut se tutoyer, ça ne me dérange pas.» lui répondit-il même s'il savait qu'il allait très certainement se tromper quelques fois avant d'en prendre l'habitude. On lui avait toujours appris à respecter les individus qu'il ne connaissait pas.
S'il avait été plus facile pour lui de discuter avec le dragon, Frey pouvait constater à quel point il était plus direct et surtout moins à l'aise en présence humaine. Il ne le montrait peut-être pas physiquement, mais l'idée d'être attaché à moins de vingt de centimètre de cet inconnu ne lui disait rien qui vaille. Même s'il se montrait sympathique, il ne pouvait pas savoir qui se cachait réellement derrière se sourire. Pire encore, il ne connaissait pas son pouvoir et ignorait totalement s'il mettait sa vie en danger.
Dans tous les cas, il n'avait pas su lui répondre immédiatement lorsqu'il l'avait questionné puisqu'il s'était aussitôt mis à marcher ne lui laissant pas le temps de le suivre et manqua de tomber. Haydan l'attrapa d'une poigne ferme au niveau du bras pour l'empêcher de se retrouver au sol. Comme s'il cherchait à s'assurer que ce dernier allait bien, il déposa sa seconde main contre son épaule à l'opposé du bras qu'il tenait, lui faisant aussi face.
« Et si on comptait jusqu'à trois avant de se mettre en mouvement. Je crois que ne pas faire savoir à l'autre ce que l'on désire faire nous causera plus de soucis que de bien. On devra se coordonner et travailler en équipe. »
Pire encore, ils allaient devoir se supporter tout ce temps, même lorsque les besoins naturels allaient les appeler. Cela serait certainement la partie la plus gênante, mais il préférait ne pas y penser pour l'instant. C'était un problème qu'il allait régler en chemin.
Un coup de sifflet retentit après cela, annonçant ainsi aux participants de s'approcher de la ligne de départ. Les règles de la course allaient être énoncées, surtout en guise de rappel, puis seulement après ils pourront se mettre en route. À ce moment, qu'importe les habitués ou non, il n'y avait pas un seul groupe dont la démarche exhalait la confiance, pas même eux. S'aidant d'un décompte à haute voix, les deux compagnons se mirent sur la ligne.
Le garde se pencha alors en direction de ce dernier et lui fit finalement part de son expertise en matière de randonnée. Sa voix était faible et grave, presque chuchotante, car il ne désirait pas déranger les autres participants.
« Je ne fais pas spécialement de randonnées, mais là où je suis assigné, il m'arrive souvent de devoir aller en montagne. Ce n'est que très rarement des balades de plaisir, mais ce n'est pas un terrain qui m'est totalement inconnu. »
Il espérait simplement que rien ne leur arrive pendant cette expédition, car devoir réagir ligoté en situation de danger n'allait pas être facile. Dans tous les cas, si leur vie venait à être en péril, il n'hésiterait pas à rompre le lien.
« J'imagine que si vous…enfin, si tu m'as posé la question, c'est que tu dois t'y connaître un peu plus que moi. En tout cas, c'est ce que me dit ton accoutrement. »
Haydan avait surtout choisi des vêtements qui lui seraient pratiques et qui allaient le tenir au chaud sans l'étouffer de chaleur. Ils étaient aussi sombres et pour une fois, il n'avait pas sur lui sa longue épée et son bouclier. Non. Il n'avait que sa ceinture à lame à portée de main alors que tout le reste se trouvait dans son sac sans fond.
Une fois le rappel terminé, l'annonceur éclaircit finalement sa voix attirant l'attention de tous, puis le décompte de cinq secondes commença et comme ce dernier ne souhaitait pas chuter, il passa son bras derrière les épaules de son partenaire pour les stabiliser l'un à l'autre.
« Jusqu'à ce qu'on trouve notre rythme…» dit-il aussitôt pour justifier son geste alors qu'il tenta de se synchroniser à celui-ci.