- Ton allié est un aubergiste. Tu devras te faire passer pour son employée, ou sa stagiaire, enfin, créer ton personnage ne devrait pas te poser de difficultés. Le but est de le surprendre en pleine action. Il a ses habitudes dans cette auberge, le client est certain que c'est là qu'il tentera d'embobiner sa prochaine victime. Ton but est évidemment de le surprendre et de l'en empêcher... Et, ça ce n'est pas le client qui te le demande, mais si tu pouvais aider la victime en question à ne plus tomber dans ce genre de piège...
Kasha se contenta de hocher la tête. En effet, il faudrait la jouer finement.
Elle ne changea pas spécialement son apparence, cette fois. Evidemment, elle s'assura de bien cacher sa plaque d'aventurière, il ne s'agirait pas qu'elle la trahisse, mais les vêtements de travail de l'auberge lui suffiraient comme déguisement. Après tout, elle n'était pas connue dans ce genre d'endroits...
Ce fut donc en début de soirée, peu avant l'heure habituelle des criminels, qu'elle se présenta à l'auberge, demandant à parler au propriétaire. Elle fut un peu surprise qu'on ne lui demande pas trop de comptes, et elle se retrouva rapidement seule avec son complice. Après s'être assurée que vraiment personne ne s'y trouvait, elle lui montra sa plaque, sans un mot. Elle savait que cela suffirait à l'identifier.
- Très bien. Notre homme arrive habituellement plus tard. Ses victimes sont souvent des jeunes qui prennent n'importe quel travail, histoire de gagner quelques cristaux, pour pouvoir survivre. Evidemment, il ne les paie pas, il se contente de les utiliser et de les jeter lorsqu'il n'en a plus besoin. Je vous l'indiquerai quand il sera là, en attendant, changez-vous, puis retrouvez-moi au comptoir pour une formation expresse à votre rôle d'aujourd'hui, vous serez serveuse.
Puis il la laissa seule dans la pièce. Elle enfila rapidement les vêtements laissés là à son intention, puis trouva un miroir pour s'observer. Elle ressemblait désormais à n'importe laquelle de ses collègues du jour. Néanmoins, elle décida d'attacher ses cheveux en un chignon serré, coiffure qu'elle n'arborait jamais, afin de se rendre un peu moins reconnaissable aux yeux d'une personne l'ayant possiblement déjà vue. Bien sûr, ses connaissances ne s'y tromperaient pas, mais si elle croisait quelqu'un qui l'avait vue lorsqu'elle avait gagné cette loterie à la Forteresse ou, plus récemment, lorsqu'elle s'était ridiculisée en perdant un concours de familiers de la pire des façons, cette personne penserait simplement que les deux femmes se ressemblaient, sans plus.
Alors qu'elle travaillait depuis quelques heures, le patron attira son attention, alors qu'elle venait de transmettre la commande d'un client. Le suivant à l'arrière du comptoir, elle nettoya un verre pour se donner une contenance, alors que le propriétaire des lieux lui indiquait du menton une certaine table. Il n'eut pas besoin de parler. Elle hocha la tête.
Avant de faire quoi que ce soit, il lui fallait récolter des informations. Elle s'approcha donc de la table, dont elle repéra rapidement que l'escroc était seul avec sa victime du jour. Il lui suffirait donc d'éloigner l'homme pour sortir la jeune femme du guêpier dans lequel elle s'était fourrée. Mais, d'abord, et elle lui adressa des excuses silencieuses pour cela, elle devait se servir d'elle. En effet, sa mission principale était de prouver les mauvais agissements de l'homme. Et, pour cela, il lui fallait une victime. Alors, même si elle aurait vraiment préféré agir comme avec Viktor, et être elle-même ladite victime, elle profita de la présence de cette femme, comme le voulait visiblement le client.
Avec un sourire aussi professionnel que faux, elle déclara :
- Bonjour ! C'est moi qui m'occuperai de vous ce soir. Puis-je prendre votre commande ?
Evidemment, tout en jouant à la serveuse parfaite, elle laissait traîner ses oreilles. Il fallait que l'homme cherche à embobiner sa victime alors que Kasha se trouvait encore dans les parages... D'un autre côté, on ne l'avait pas laissée travailler seule. Elle supposait donc que ce ne serait pas aussi facile.
L'amnésique se rendit donc dans l'établissement qu'on lui avait indiqué avec appréhension. Elle connaissait un peu les tavernes et ça finissait parfois en bagarre avec des hommes saouls, souvent à cause d'elle d'ailleurs. Soit parce qu'on lui avait demandé de casser la tronche à des mecs qui devaient de l'argent à d'autres, soit parce qu'il y avait un alcoolique qui avait le malheur de la toucher et qu'elle lui offrait son pied dans la face en retour. Vespa trouva très vite le type qui devait lui obtenir du boulot, il était assis à une table un peu à l'écart. Il était au courant que la jeune femme allait venir et il n'était pas difficile de l'identifier avec son bras gauche complétement caché dans un bandage. Il l'invita à s'installer à sa table pour commencer la discutions.
- Alors c'est toi la Guêpe? On m'a dit que tu étais capable de faire n'importe quel boulot qui demande un peu de pyrotechnie. Et bien justement j'ai...
Il parlait à voix base, sans doute pour que les autres clients ne l'entendent pas trop, sauf que Vespa avait du mal à comprendre à cause de ses oreilles en mauvais état. Elle le coupa donc, un peu gênée.
- Pardon.. Vous.. Pourriez répéter?
- Bordel. Mais t'es sourde ou quoi?
- Oui... En partie... À cause des explosions fréquentes....
Répondit elle en baissant les yeux, se sentant mal de lui dire.
- Ha... Bon je vais essayer. Il faudrait que tu...
C'est là qu'une des serveuses arriva pour prendre la commande, le recruteur n'avait pas l'air content d'être coupé une seconde fois pour une broutille et lui répondit dans un ton assez sec.
- Juste un pinte d'hydromel. La miss ne prendra rien.
- Un plat de poisson, s'il vous plait.
La serveuse prit la commande et repartie.
- Bon sang. T'as intérêt à être efficace toi. Bon comme je disais, il faudrait que tu détruises l'entrepôt d'un type.
- Mes explosions ne sont pas assez forte pour détruire un bâtiment.
- Raah mais chut.
Dit il en se penchant vers la guêpe pour mettre sa main devant sa bouche. Très mauvaise idée puisque Vespa réagissait au quart de tour, tel un instinct de préservation, et lui attrapa le bras avant de violemment l'envoyer sur le sol.
- Haaa. Pardon.. C'est... C'était un réflexe.
Heureusement pour elle, son complice du jour réfléchit à sa place et la héla, du ton bourru attendu des propriétaires d'auberges :
- Eh ! Je ne te paie pas pour rester là à ne rien faire !
- Ah, oui, pardon.
Elle passa donc en cuisine pour transmettre la commande, puis revint au comptoir, près de l'homme, d'où elle observa la scène. Visiblement, le personnel avait l'habitude de régler ce genre d'histoire, puisque la salle était redevenue aussi calme qu'avant l'incident, comme s'il ne s'était rien passé.
- Si vous pouviez faire quelque chose pour notre réputation, aussi...
Kasha ne répondit pas. De toutes façons, elle se doutait que le client, qui qu'il soit, avait donné les informations nécessaires à l'aubergiste. Que la femme se limitait à récupérer des preuves afin de confier de criminels à la Garde. Ce n'était pas elle qui s'occupait des arrestations. Et pour ce qui était de réhabiliter les victimes desdits criminels... Ce n'était pas dans ses attributions. Néanmoins, elle pouvait compatir pour l'homme, qui n'avait probablement pas prévu d'avoir de tels clients lorsqu'il avait ouvert son établissement.
Se sortant ces considérations de la tête, Kasha récupéra son carnet à secrets, dont elle accorda l'accès à l'aubergiste, pour noter les informations obtenues avant de les oublier. Destruction de biens privés. Atteinte à l'intégrité physique de la victime. Mais elle hésita. La victime en question avait agi plus violemment que l'"agresseur"... Cela pouvait-il toujours être considéré comme de la légitime défense ? Elle échangea un regard avec le propriétaire des lieux, qui posa une main impérieuse sur son épaule, un geste qu'elle interpréta comme "c'est à mon tour de jouer".
Il s'approcha de la table, écartant les quelques employés qui s'y attardaient encore. Puis, avec un ton autoritaire ne laissant aucun doute sur son rôle dans l'établissement, il tonna :
- Que se passe-t-il, ici ? Si vous voulez vous battre, merci de le faire ailleurs. Vous dérangez les clients.
Depuis le comptoir, Kasha laissa échapper un sourire amusé. Il voulait améliorer la réputation de son établissement ? Il semblait sur le point de se donner à lui-même une bonne réputation, de propriétaire soucieux du bien-être de sa clientèle. C'était déjà un bon début.
Mais, d'un autre côté, cela n'arrangeait pas ses affaires. Si sa cible partait, elle ne pourrait pas la signaler... Alors, toujours postée au comptoir, elle dessina rapidement le visage de l'homme dans son carnet. Elle était loin d'être une dessinatrice de talent et son oeuvre, une fois terminée, ressemblait plus à une caricature qu'à un véritable portrait, mais ça ferait l'affaire. De toutes façons, une fois en présence d'un garde, elle décrirait l'homme, ne montrerait pas le contenu de son carnet. Après tout, même si elle faisait confiance à la Garde, on n'était jamais trop prudent...
Une fois cela fait, Kasha rejoignit rapidement le patron, pour lancer :
- Permettez au moins à Madame de manger son plat, qui ne devrait pas tarder.
Puis elle retourna en cuisine, en espérant que son allié ait compris le message. Il pouvait chasser l'homme, mais Kasha voulait parler à la femme. Et le fait qu'elle ait commandé de la nourriture plutôt qu'une simple boisson allait dans son sens.
Elle continua à servir les autres clients en attendant qu'on l'appelle en cuisine, gardant toujours un oeil sur la table qui l'intéressait. Et, quand enfin le poisson fut prêt, elle se hâta d'aller l'apporter, avec un regard amical lorsqu'elle annonça :
- Et voilà pour vous ! Cadeau de la maison !
Le regard surpris de son allié lui fit réaliser que la dernière phrase était sortie toute seule. Oups.
Cependant, un autre avantage de ne pas travailler seule, c'était que son allié pouvait corriger ses erreurs :
- Pardonnez-la, elle est nouvelle. Mais disons que ce sera son cadeau de bienvenue. Elle se sent généreuse, profitez-en !
Le réflexe de Vespa avait attiré du monde autour de la table mais au lieu de chercher la bagarre c'était juste des employés qui essayait de calmer la situation. Il faut croire que ça ne finit pas toujours en baston général dans les auberges. En tout cas le recruteur fut bien secoué par le geste de la Guêpe, secoué et surpris aussi. Mais il n'allait pas chercher à se venger pour autant, au contraire, des jeunes qui savent se défendre c'était pas mal. De toute façon il ne comptait pas la payer. Il repoussait l'aide des serveurs en répétant que ce n'était rien et en trouvant une excuse à cette situation. L'amnésique de son côté continuait de s'excuser. C'était pas forcement une bonne première impression de casser le bras de son employeur à son entretien, même sans repère sociaux stable elle savait ça.
Le patron du bistrot intervins rapidement mais l'homme continuait à dire que ce n'était rien, juste un malentendu. Mais avec tout ce remue ménage il n'avait pas trop envie de rester dans le coin pour pas trop se faire remarquer. Cependant il n'avait pas donné toutes les informations nécessaire à Vespa. Il lui donna un papier avec un adresse.
- C'est là que tu dois faire ce que je t'ai demandé de faire. Tu te démerde comme tu veux tant que tu fais ce que je t'ai demandé. Pour le payement on verra une fois que la mission sera remplit.
Il lui confia le papier et parti sans demander son reste, et sans demander si Vespa savait lire ou pas. Il était sans doute pressé et ne voulait pas être repéré. Faut dire que la prise de la demoiselle avait un peu trop attiré les regards sur lui et généralement ce n'était pas bon pour les affaires. L'amnésique pensait juste qu'il avait autre chose à faire et ne le retint pas, malgré qu'elle était incapable de lire le papier qu'on lui avait confié.
Le plat de poisson arriva peu de temps après à la table. Avec tout ce remue ménage elle l'avait presque oublié. Heureusement qu'il était offert par la maison car elle n'avait pas les moyens de le payer, même si elle ne comprenait pas trop cette expression.
- Mer... ci.
Dit elle à la serveuse. Puis elle lui confia la note remise par le recruteur, un peu gênée.
- Est ce que... Vous pourriez me lire ce qu'il y a écrit?...
Vespa avait oublié comment lire avec le reste de ses souvenirs et elle n'avait jamais eu le chance de pouvoir réapprendre à cause de ses fréquentations. La note indiquait l'adresse de l'entrepôt d'un marchand d'alcool. Sans doute que le recruteur voulait détruire sa cargaison pour favoriser un autre marchand ou pour l'obliger à payer la dime. La guêpe avait du mal avec le secret professionnel car elle n'estimait pas que ce qu'elle faisait était mal. Après tout si on lui demandait de le faire c'est que c'était pas bien méchant, non? Ses mornes sociaux étaient tellement biaisé que parfois elle avait l'air d'être une enfant.
Pendant que la serveuse lui lisait la note, la demoiselle en profitait pour manger son plat. Elle aimait beaucoup de poisson. Faut dire qu'elle en mangeait beaucoup au Grand Port et il parait que c'était bon pour la mémoire, ce qu'il lui faisait défaut.
- C'est une adresse. Mais, si vous me permettez, j'ai peut-être une meilleure idée... Vous cherchez un emploi, non ?
Elle ne pouvait pas en dire plus dans la salle de l'auberge. Elle savait qu'il pouvait y avoir des oreilles indiscrètes. Alors, elle déclara :
- Si vous voulez entendre mon offre, retrouvez-moi devant l'auberge en fin de soirée, après mon service. Je peux vous proposer un bien meilleur employeur.
Elle pensait évidemment à la Guilde. De ce qu'elle avait vu, cette femme avait les compétences pour rejoindre l'institution. Certes, elle devrait apprendre à lire et à respecter le secret professionnel, mais, si nécessaire, elle pourrait s'engager à lui enseigner ces savoirs. Ou à lui trouver un mentor parmi ses collègues, puisqu'elle-même était déjà prise à ce poste. Outre la sécurité de l'emploi, le fait de les rejoindre lui permettrait également de ne pas être entraînée malgré elle dans des affaires louches, dont, Kasha était prête à le parier, elle ne mesurait pas les implications.
Elle garda néanmoins l'adresse donnée. Même si cette jeune femme ne la connaîtrait pas, Kasha, elle, pourrait aller s'entretenir avec le propriétaire de l'entrepôt, dans le but de savoir qui lui en voulait et pourquoi. Ce qui lui donnerait probablement de nouvelles informations précises sur sa cible, que cette dernière soit le commanditaire ou, plus vraisembablement, un simple exécutant.
Et puis, pourquoi la mission test de cette jeune femme ne serait-elle pas d'aider Kasha à démanteler définitivement ce possible réseau de malfaiteurs, puisque, volontairement ou non, elle était déjà impliquée dans cette histoire ?
Enfin, tout cela devrait attendre. Kasha devait continuer à jouer son rôle en servant les clients jusquà la fin de son service. Elle verrait à ce moment si la jeune femme répondrait présente.
Au lieu de lui répondre, la serveuse proposa un autre emploi à Vespa. Pourquoi ne voulait elle pas lire le papier? Elle ne savait pas lire? Dans ce cas se serait peut être mieux de l'avouer plutôt que de se trouver une excuse. Ou alors elle avait compris que la Guêpe était du genre à faire le sale boulot et donc elle souhaitait l'engager. Il fallait l'attendre à l'entrée, l'amnésique n'avait pas le choix puisque sinon elle ne pourrait pas avoir l'adresse. Si la serveuse refusait de parlé, il suffirait juste de reprendre la note et la montrer à quelqu'un d'autre.
La demoiselle aux explosions n'avait guère le choix de finir son plat et d'attendre la fin du service de la femme. Elle se mit dans un coin pour patienter, elle se fit assez petite et en profita même pour dormir un peu. C'était mieux de roupiller sur une chaise en bois que dormir par terre dans la rue sur les pavés. La fin de soirée arriva et c'était le moment de faire face à cette serveuse pour récupérer la note, mais se serait peut être pas mal d'écouter ce qu'elle avait à dire avant. Vespa se rendit donc devant l'auberge en l'attendant.
- Je.. je vous écoute.
La Guêpe essayait d'avoir l'air sûre d'elle, au moins une minimum, pour voir de quoi il en retourne. Il était question de boulot, encore, une bien meilleur d'après les dires de la serveuse. Elle ne voyait pas de quoi elle pouvait parler. Après tout c'était pas bien compliqué de détruire un endroit, suffisait d'y mettre le feu. Elle n'avait pas spécialement envie de casser la figure à quelqu'un ce soir, et elle était peut douée pour les arnaques à cause de sa naïveté. Vespa n'acceptait pas les faveurs "charnels" contre rémunération, non plus, il y avait quelque chose en elle qui la rebutait à ce sujet. Elle ne voyait donc pas trop quel genre boulot elle pourrait avoir de la part d'une inconnue rencontrer dans une auberge. Peut être un boulot contraignait comme porter des caisses ou faire la vaisselle, mais c'était un peu compliqué pour l'amnésique à cause de son bras capable de tout casser à la moindre inattention.
La guêpe resserra les bandages de son bras pour éviter que les gaz ne s'échappe. Après plusieurs heures à rompicher ils avaient tendance à se défaire un peu.
Une fois le service terminé, l'adresse copiée sur son carnet à secrets et une âpre négociation menée et perdue avec l'aubergiste, au terme de laquelle elle fut forcée d'accepter un dédommagement financier pour la soirée qu'elle avait passée à travailler telle une citoyenne, elle put enfin se rendre au lieu du rendez-vous. Il faudrait qu'elle songe à un moyen de présenter les choses correctement. En effet, la jeune femme n'avait probablement pas conscience d'avoir tout juste échappé à une arnaque comme il en existait malheureusement une bonne quantité dans les grandes villes.
Lorsqu'elle la retrouva, elle lui rendit le papier, et, après s'être assurée qu'elle la reconnaisse, elle commença :
- D'abord, merci d'être restée. Peut-être pourrions-nous faire quelques pas en parlant ?
Cela permettrait aussi d'éviter de potentielles oreilles indiscrètes, sans pour autant entraîner l'inconnue dans un lieu reculé, afin de ne pas lui faire craindre quoi que ce soit. Et puis, en restant en extérieur, elle pourrait facilement partir si elle le souhaitait.
Elles firent quelques pas en silence, alors que Kasha cherchait ses mots. Finalement, elle décida de commencer prudemment :
- Dites-moi... Que savez-vous sur l'homme qui partageait votre table ?
Savait-elle déjà que c'était un criminel ? Si tel était le cas, la suite serait plus facile que si c'était à Kasha de l'en convaincre.
La serveuse rendit la note sans faire d'histoire mais sans pour autant dire ce qu'il y avait d'écrit dessus. Vespa allait devoir demander à quelqu'un d'autre, mais pour le moment elle allait l'écouter puisqu'elle lui a dit qu'elle le ferait. Elles marchèrent un peu. La guêpe ignorait où elles allaient mais visiblement il n'y avait pas de destination précise, c'était juste histoire de se promener. C'est bien beau de se balader comme ça mais l'amnésique avait du boulot, elle espérait donc que ça ne dura pas longtemps. La serveuse finit par poser une question sur le type de tout à l'heure. Il y avait un truc entre eux? À moins que ce ne soit à cause de la prise et du bazar qui s'ensuivit. C'était au personnel de gérer ce genre d'histoire?
- Il voulait que je l'aide sur un affaire... J'ai.. juste eux un réflexe, il ne m'a pas attaquer. Il voulait juste que je parle moins fort... parce qu'il est discret.
Elle tentait de justifier son acte sans mettre le recruteur dans la mouise. Il était censé la payer donc elle ne voulait pas l'avoir contre elle. Vespa ne connaissait pas les véritables intentions de la jeunes femmes et ça la stressait encore plus, déjà qu'elle avait du mal à communiquer avec les autres.
- Vous ne voulez pas me dire ce qu'il y a d'écrit sur la note?
Demanda t'elle à nouveau au cas où la femme change d'avis. La guêpe espérait ne pas tomber dans un piège, elle restait à alerte, prête à retirer ses bandages pour tout faire péter en cas de besoin.
- Il est discret... Oui, s'il est bien le type d'homme auquel je pense, ce n'est pas étonnant.
Et la voilà qui revenait sur la note. Pouvait-elle décemment refuser encore de lui répondre ? Nouveau soupir. Elle répondrait, mais en le présentant de la pire des manières, en espérant que cela la fasse fuir de telles fréquentations à l'avenir.
- Honnêtement, je préfèrerais ne pas le dire. Mais j'imagine que vous ne me lâcherez pas avant d'avoir votre information, donc...
Elle s'accorda un moment de réflexion. Puis elle compléta :
- C'est rien de moins qu'un crime. Déguisé en destruction de bâtiment, mais cela reste un crime. Et, d'accord, je ne vous connais pas, mais je n'ai pas l'impression que vous soyez une criminelle.
Elle espérait ne pas s'être trompée sur ce point. Alors, la guidant dans un coin un peu plus caché, elle mit son plan en marche. Cherchant dans ses affaires, elle en sortit sa plaque d'aventurière, qui lui servait de carte d'identité lorsqu'elle devait dire qui elle était à quelqu'un l'ayant rencontrée alors qu'elle jouait un rôle. La tendant à la jeune femme, elle commenta :
- Voilà qui je suis vraiment. Et je pense que je peux vous recommander, si vous voulez vous aussi rejoindre la Guilde. Vous semblez à la recherche d'un travail, et vous semblez avoir les compétences pour nous rejoindre. De plus, les missions de la Guilde sont toujours légales, ce qui vous éviterait des problèmes avec la Garde.
Elle lui laissa le temps de digérer les informations. Puis elle ajouta :
- Bien sûr, même si ma spécialité est unique au sein de la Guilde, je reste une simple aventurière, et n'ai donc aucune autorité dans l'institution. Mais j'en fais partie, ce qui pourrait peut-être vous permettre de passer les premières étapes plus facilement.
Bon, bien sûr, elle avait des liens de sang avec quelqu'un de très haut placé au sein de la Guilde. Mais la demoiselle n'en savait rien. Et même si tel était le cas... Elle ne lui en aurait probablement pas parlé. En effet, elle était consciente que l'offre qu'elle venait de lui faire pouvait sembler énorme, inutile donc d'en rajouter.
Elle lui laissa donc tout le temps nécessaire pour répondre, observant néanmoins les alentours, au cas où l'homme chassé auparavant ou l'un de ses complices revienne.
La serveuse semblait vouloir dissuader Vespa d'aller à l'adresse indiqué pour faire la mission qu'on lui avait convié. C'était un crime, quelque chose d'illégal d'après ses dires. La guêpe le savait, ou du moins s'en doutait, mais elle devait trouvé de l'argent pour se nourrir. Elle ne souhaitait pas spécialement faire des choses malhonnête mais la plupart du temps elle ignorait ce qui était bon ou pas. Son amnésie avait vraiment perturbé son jugement et ses codes moraux et sociaux au point qu'elle avait du mal à discerner le bien et le mal, ou alors elle s'en moquait. Elle ne savait plus trop ce qui fallait faire et qui croire donc elle finissait par obéir aux ordres de mission sans réfléchir et assumer à moitié derrière.
- Il m'a demandé de détruire un bâtiment, il n'y a pas mort d'homme.
C'était plus ou moins sa ligne de défense. Et sans s'en rendre compte elle venait d'avouer que le recruteur l'avait appeler pour ça. La guêpe ne se rendit pas compte non plus que l'inconnue les avait espionnée.
Suite à ça, la serveuse dévoila sa plaque d'aventurière mais ça n'avait aucune signification pour Vespa. Elle n'en avait jamais vu et avait juste vaguement entendu parlé de cette organisation nommé Guilde. Du coup elle ignorait quel genre de travail ils faisaient. Visiblement c'était légal mais de son point de vu ça ne voulait rien dire.
- Je... Pardon mais je ne sais pas ce qu'est la guilde. J'ai... J'ai perdu la mémoire il y a un an. Et j'essaie de réapprendre depuis ce jour. C'est pour ça que je ne sais pas lire... Ou que je ne sais plus lire.
Elle devait peut être le savoir avant les événements qu'ils l'ont amené là mais depuis son naufrage plus rien. Elle n'était pas responsable mais pour autant elle se sentait un peu honteuse de parler de sa perte de mémoire. Son "tuteur" lui avait conseiller de garder ça pour elle le plus possible pour éviter que d'autres profitent de cette vulnérabilité en se faisant passé pour des proches.
- Vous pouvez peut être m'expliquer ce qu'est la Guilde. Du peu que j'ai entendu dessus ça ressemble à des mercenaire... C'est déjà ce que je fait. Je crois.
Plus ou moins. Elle n'avait pas le statu d'aventurière ni l'autonomie de ceux-ci.
- Pas mort d'homme, certes. Mais mort de réputation, ça, c'est évident.
Puis elle lui avoua... Une perte de mémoire ? Oh... D'un coup, Kasha se sentit plus proche d'elle. Et, évidemment, elle se sentit prise d'une envie soudaine de la protéger, ou de la guider dans sa vie future.
- Eh bien, figurez-vous que moi aussi... J'ai volontairement oublié mon passé, quand je devais avoir... Seize, dix-sept ans... Si vous voulez de moi, je pourrais vous servir de guide, jusqu'à ce que vous estimiez ne plus en avoir besoin.
Cela faisait peut-être beaucoup de propositions pour une seule soirée, finit-elle par se dire.
- Ah, et, euh... N'hésitez pas à le dire si j'en fais trop, hein. Je sais que parfois, il est difficile de m'arrêter...
Visiblement, son débit ne dérangeait pas la jeune femme, qui lui proposait même de continuer à parler. Très bien, sourit-elle. Elle s'exécuterait.
- Alors, oui, on peut nous comparer à des mercenaires. Mais contrairement à eux, nous n'acceptons pas toutes les missions. Le premier critère, évidemment, c'est le caractère légal. Nous ne travaillons pas pour des criminels, au contraire, en tous cas en ce qui me concerne, on les traque. Il nous arrive aussi de collaborer avec la Garde. Et, autre aspect non négligeable, dans une certaine mesure, faire partie de la Guilde nous permet d'être protégé, d'avoir une certaine sécurité de l'emploi... Même si sur ce point, je suis mal placée pour en parler, puisque ma spécialité unique fait que j'ai toujours une mission de disponible. Dans votre cas, je pense que vous aurez de la concurrence si vous nous rejoignez... Mais vous trouverez également une vraie famille. Honnêtement, c'est cet aspect qui m'a toujours séduite dans la Guilde.
Et voilà. Encore une fois, elle s'était laissée emporter.
- Désolée... Je parle trop.
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