Oui, je sais ! Vous vous dite « Mais il ne va pas nous raconter encore une fois cette histoire ?! ». Vous auriez raison de penser cela, mais non, cette histoire fait suite à ma rencontre avec la belle blonde perdu et lâchement abandonnée par son compagnon ! Ceux qui étaient présents lorsque je l’ai conté auront noté un détail, le Mist avait était victime de braconniers ! Tant bien que mal, Ivara et moi l’avions délivré d’entrave plutôt inhabituelle.
Cependant, si j’avais amené la jeune femme à bon port et régler mes affaires de mon côté, cette histoire m’interpellait toujours autant et c’est plusieurs jours plus tard que j’étais revenu dans cette forêt immense dans le but de trouver un campement ou autres, n’importe quelle preuve que je pourrais fournir à la garde locale.
- Bon, je ne les avais pas croisé jusqu’à ce Mist, donc, ils sont particulièrement discrets. Ne laisse pas beaucoup de traces. J’imagine que le mieux, c’est de revenir à l’endroit où la pauvre bête était piégée. Ce sera un bon point de départ.
Endroit que je parvins à retrouver sans trop de mal en usant de mon pouvoir pour suivre les silhouettes de nous-mêmes auparavant. Mon pouvoir avait cette utilité de pouvoir me permettre de voir le passé jusqu’à plusieurs jours en arrière. Du coup, l’endroit où le Mist avait été piégé fut bientôt sous mes yeux. Souvenir de cette pauvre créature qui avait sans doute agonisé pendant un moment jusqu’à notre arrivé. Une chance pour elle, que ce ne soit pas les braconniers. Sauf qu’un détail interpella mon attention. Les liens en fil de fer qui l’avait retenu avaient disparu.
En m’approchant, je constatais qu’il ne restait sur place que ceux qui avait été coupé et donc inutile, sinon, les longueurs assez réutilisable n’était plus là. Par acquit de conscience, je sortais le morceau de lien que j’avais gardé avec moi dans l’idée de le fournir à la garde locale. Oui, c’était bien le même fil de fer, les morceaux restants correspondaient. Mais un bruit m’alerta et tout en me retournant, je me saisis de mon arc et d’une flèche encoché avec aisance.
Personne ? Non impossible, le bruit ne pouvait pas venir d’un animal. Je tentais donc.
- Qui que vous soyez ! Je sais que vous êtes là ? Je n’hésiterais pas à me défendre alors, réglons ça calmement !
Était-ce un braconnier revenu sur les lieux de son crime ? Non, ils étaient déjà passés et je comptais bien remonter leur piste. C’était quelqu’un d’autre et je doutais fortement que ce soit quelqu’un de perdu. Enfin, les coïncidences étaient légion en ce moment ! Mais là, je supposais d’avance que c’était autre chose, que quelqu’un m’avait potentiellement suivi. Quelqu’un de discret, au moins autant que moi si ce n’est plus !
La ligue des justipoules
Erreur sur la personne
« Je suis Bernadette, guerrière de la justice !
- Je suis Gertrude, guerrière de l’espoir !
- Ensemble nous formons la ligue des Justipoules ! Et nous combattons le crime dans tout Aryon ! »
Un long silence accueillit le cri de guerre des deux petites poulettes qui répétaient dans la cour de la Volière. Un silence pesant qu’il leur rappelait de lointains souvenirs. Lorsqu’elles étaient des justipoules en formation, elle répétait leur cri de guerre tous les matins avec leur mentor le coq Bernard. Mais aujourd’hui il n’était plus là. Il était tombé en héros lors de leur dernier combat contre le terrible serpent SSSSSSeric SSSSEEESSSSMour. Il avait invoqué le pouvoir tabou des pintades de la justice sociale de l’école de l’oiseau gazouillant et ce pouvoir maudit l’avait emporté … Il s’était sacrifié pour les protéger, comme il aurait voulu le faire pour protéger son ancienne basse-cour, massacrée par les pintades maudites.
« Il me manque Gertrude … commença à sangloter Bernadette en allant chercher le réconfort des plumes de son amie.
- Moi aussi Bernadette, mais il a fait ça parce qu’il savait qu’on pourrait se débrouiller sans lui. Le crime n’attendra pas !
- Une justipoule ne meurt jamais ! C’est ce qu’il disait toujours ! »
Les deux poules sautillèrent sur place, visiblement prête à en découdre avec la pègre. Elle avait suivi Silène, l’illustre apprentie de leur maître vénéré. Celle qu’il avait recueillie alors qu’elle était une orpheline pour l’entraîner à devenir une grande guerrière. Elle avait du méditer sous une cascade pendant une lune, affronter un fenrir à main nue et gravir une montagne à cloche-pied ! Elle était l’héroïne que les justipoules devaient suivre pour atteindre leur idéal de justice et d’espoir !
Quant à Silène, et bien elle continuait sa vie avec ses deux nouvelles voisines un peu bruyantes. Elle s’était attachée aux deux volatiles un peu excentriques et les laissait parfois l’accompagner dans ses tâches quotidiennes, si ça pouvait leur faire plaisir … Elle gardait toujours un regard acéré sur ce qu’il se passait dans la forêt, même ce que la garde ne voyait pas. Une vieille habitude d’espion qui tenait plutôt de la saine paranoïa que de la prudence excessive. Elle avait été formée pour être toujours informée, voilà tout. Et puis, les espions auraient peut-être besoin de son aide un jour, bien qu’à la retraite, ils restaient sa famille.
« Eh regarde Gertrude, c’est Soren ! cria Bernadette dans la cour. »
Silène se retourna et vit sa chouette revenir de sa patrouille journalière.
« Du nouveau ?
- Le vieux corbeau m’a dit qu’il avait vu un groupe de braconnier dans le sous-bois. Faut qu’on aille enquêter Maman.
- Hum, ce n’est pas la première fois. Mais la piste ne menait à rien, c’est peut-être notre chance. »
Silène se précipita pour récupérer son armure de camouflage, une cape de feuilles cousues à même le tissu qui donnait l’impression qu’elle était un gros buisson. Elle enfila son masque, une sorte de figure en bois assez déformée, mais très impressionnante. Une relique de son combat contre le marabout, une sorte de pénitence qui lui rappelait qu’elle avait échoué ce jour-là.
« Va chercher les poulettes, on va se faire du contrebandier aujourd’hui. »
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« Il est là, je le vois Gertrude ?
- Qu’est-ce qu’il fait ?
- Il inspecte son piège pour voir s’il a attrapé un animal sans défense !
- Par le dieu dindon, quelle vilenie !
- Quelle abomination !
- On va le dégommer. »
Derrière Fenrir un petit buisson bougea ne manquant pas d’attirer son attention. Une petite poule en sortit l’air de rien, picorant des graines imaginaires un peu partout. Lentement elle attendit qu’il se désintéresse d’elle pour réduire la distance qui les séparait. Elle semblait toute innocente, mais ce n’était qu’une façade. Se fondant parfaitement dans le décor, tel un brin de vent. Bernadette maîtrisait la technique ancestrale de la feuille jetée dans la brise marine d’un soir d’été 974 après le feu d’artifice du grand festival du myste sacré suprême. Une technique d’infiltration redoutable qui utilisait l’angle mort de sa cible pour accompagner ses mouvements, se fondre en elle et ne jamais être repéré. Quand la poule fut suffisamment proche, elle déclencha l’assaut.
« Au nom de la Justice !
- Et au nom de l’Espoir, hurla Gertrude. »
Une deuxième poule tomba des arbres battant des ailes pour ralentir sa chute. Elle atterrit en plein sur le visage de Fenrir, lui lacérant la face de ses griffes acérées.
« Les mille griffures de la souffrance ! »
Pendant ce temps, Bernadette s’était mise en position. Dansant en même temps que sa cible, elle tourna gracieusement autour d’elle, faisant claquer son bec aiguisé. Ses yeux se plissèrent lorsqu’elle vit le fil, celui d’une attaque parfaite qui toucherait le point faible se malfrat pour le vaincre en un coup, comme le lui avait appris Bernard.
« Technique de destruction numéro 666 : la perte du petit asticot ! »
Fonçant sur le jeune homme, elle ouvrit son bec, prête à attaquer son entrejambe sans aucune gêne. Au même moment, une forme feuillue tomba des arbres, profitant de la douleur indicible que devait ressentir cet homme pour l’écraser. Silène le plaqua au sol, utilisant sa lance pour l’immobiliser du mieux qu’elle pouvait. Elle était assez impressionnante couverte de feuilles, le visage caché par cet énorme masque en bois aux contours effrayants. Les deux poules firent le tour et s’attaquèrent aux cuisses du malheureux jusqu’à ce que Silène leur donne l’ordre d’arrêter. Elle raffermit sa prise sur le col du braconnier et fit glisser la lame de sa lance sous sa gorge.
« Où sont les autres braconniers ? Parle ! »
Cependant, un retournement de situation totalement imprévu me prit de court. Non pas que j’étais du genre à me laisser surprendre. Mais cette fois, honnêtement, je pense que n’importe qui ce serait fait avoir à mon avis. Tout commença avec un buisson qui bougeait, attirant doucement mon attention même si je m’attendais à en voir sortir un lapin ou un autre animal commun de cette forêt, mais à ma surprise, ce fut une poule.
- Ben alors… Tu t’es perdu ou quoi ?
Bah, peu importe, me dis-je, ce n’est qu’un poulet paumé qui me faisait perdre du temps. Mais la situation prit une tournure inattendue lorsque le poulet m’attaqua… Sans grande mal bien sûr mais avec l’aide d’une congénère jusqu’à ce qu’une femme me plaque au sol, profitant de mon inattention pour me prendre par surprise. Je lâchais alors un air en sentant ma tête cogner le sol sous le choc et des pincements dans les cuisses. Mais un acier froid retint rapidement mon attention et une voix m’interpella en me demandant ou été les autres braconniers.
Les autres ? Me dis-je. Comment ça les autres ? J’observais cette femme et garda mon regard rivé dans le sien avant de lâcher un grognement de douleur dû aux poules, même si ce n’était pas aussi douloureux que ça, c’en était tout de même assez gênant.
- Ben, ça tombe bien que vous posiez cette question…
Malgré la menace de son arme, elle avait visiblement besoin de moi sinon, elle m’aurait achevé sur le moment et cela me donna une chance de m’expliquer. J’avouais alors d’une voix aussi détendu que possible malgré toute la situation et la menace littéralement au-dessus de moi.
- … parce que je me pose exactement la même. Je suis sur leurs traces … enfin j’étais … et je ne le serais probablement plus si vous me tranchez la gorge mais bref ! On va remettre ce débat à plus tard, le plus tard possible même !
Je déglutis après un court petit rire nerveux avant de reprendre.
- Je ne suis pas l’un des leurs, juste un aventurier qu’on a envoyé enquêter sur eux. J’ai ma plaque de la guilde dans ma besace, vous verrez que je dis la vérité.
Pas tellement, il n’y avait aucune quête officielle… Cependant, disons que je m’étais missionné tout seul et voilà ! J’oubliais juste un petit détail, dans ma besace, mise à part le foutoir habituel, il y avait aussi l’écaille du Laïum qu’Ivara m’avait offert et un petit échantillon du fil du piège de Mist que j’avais gardé après l’avoir libérer. Cependant, la lame sur ma gorge avait le don de ne pas vraiment m’aider à penser clairement et je n’avais pas réagi à ce genre de détail qui n'allait clairement pas en ma faveur.