D'une manière ou d'une autre, que ce soit lors d'un voyage ou à cause d'affaires pressantes, ou même contre votre gré, vous vous retrouvez dans un petit village louche. Vous vous rappelez de l'étrange comportement des villageois. Ils semblaient comme possédés, et vous ont attaqué. Lorsque vous vous réveillez, vous êtes à deux dans une menue cabane, sombre. Et vous avez échangé vos corps ! Tentez de vous libérer de vos liens aux poignets et découvrez pourquoi on vous a attaché et enfermé dans cette cabane en bois, tout en apprenant à vous mouvoir dans un autre corps que le votre.
Participants : Astrid & Sabia
Thème actuel : Dérangement annuel de la magie
…
Même si son ex-femme était, véritablement, une fantôme.
L’œuvre d’un pouvoir donc, peut-être quelqu’un qui avait le don de réveiller les morts pour les faire apparaître sous une forme fantomatique. Et par exorciser, la vieille femme voulait donc peut-être dire exploser la gueule à ce mécréant. Puis, des sous c’était des sous, et elle en manquait un peu en ce moment.
Avec un grand sourire et moult gestes de la main totalement inutiles, la femme à tout faire déclara en pointant son pouce vers elle :
-Pas d’inquiétude, la grande Astrid Dalgaard prend cette affaire en main !
Une fois arrivée au village, aucune trace de fantôme à exorciser. Par contre, de par son esprit de déduction digne des plus grands détectives ayant foulés la terre d’Aryon, la citoyenne aurait dû se douter que quelque chose n’allait pas dans ce village qui, à première vue, paraissait normal. Ce qui n’était pas normal, c’était les habitants. Trop souriants, trop aimables, trop polis. Ils disaient bonjour, merci, s’il vous plaît, au revoir. La blanche ne pouvait que regarder ces personnes là avec incrédulité. Est-ce que la vie dans la capitale l’avait habituée à des personnes faisant la gueule constamment et sans aucune politesse, ou est-ce qu’une étrange magie était à l’œuvre ?
Son flair lui disait que c’était la deuxième option. Ils étaient fous et un responsable se cachait parmi eux.
Maaaaaaaaaaaaaaaaaiiiiiiiiis, une fois dans la taverne pour...demander des informations, car c’est bien connu que c’est dans ce genre de lieu qu’on trouve le plus d’infos, une serveuse aux jolies formes lui offrit une bière ! Puis une deuxième ! Puis une troisième ! Alors là franchement, qui était-elle pour refuser une telle preuve de gentillesse et d’hospitalité ! Puis une quatrième, puis une cinquième, puis…
En temps normal, sobre, personne n’aurait pu réussir à attraper cette femme qui courait et réagissait à la vitesse du son. Maaaaaaaaaaiiiiiiiiiis, après plusieurs pintes, pendant qu’elle vomit en répétant à voix haute que ce serait la dernière fois qu’elle boirait autant…c’était aussi facile que de voler une sucette à un bébé doublement manchot.
Voilà donc comment elle se retrouva sur le sol, les mains attachée derrière son dos dans cette cabane en bois.
-Kwa ?
Un réveil difficile. Où était-elle et que faisait-elle là ? Aucune idée. Mais le fait d’être attachée dans un coin paumé lui suffit pour se dire qu’elle était, une nouvelle fois, dans une situation peu favorable. Ce n’était pas la première fois qu’elle se réveillait comme ça ni qu'elle se faisait enlever, et ce ne serait sûrement pas la dernière.
-Et merde. Qu'est-ce que j’ai encore fait ?
Hmm étrange. Elle s’était attendue à avoir une gueule de bois avec une migraine pas possible et l’envie irrésistible de vomir mais...rien. Wow. C’était rare. Peut-être avait-elle activé son pouvoir de soin pour guérir pendant son sommeil. Quelle génie.
Avec le plus grand des calmes, elle se releva pour se mettre en position assise.
Mais qui était donc cette jolie créature à la chevelure blanche qui avait aussi les main attachées devant elle et qui dormait paisiblement ? Poh la la, quelle bonasse.
Si seulement elle avait genre, pas les cheveux décoiffés dans tous les sens, du vomi sur le coin des lèvres et des traces de ketchup sur sa chemise et d’huile sur sa veste, franchement. Une nana devrait quand même un minimum prendre soin d’elle parce que là, c’était limite limite.
….
Ah bah merde, c’était elle en fait.
-Hey l’imposteur ! Réveille-toi ! C’est vraiment sus...pect tout ça. Heh.
Le frère d’un petit village des plaines était malheureusement tombé malade, et Sabia qui était disponible à ce moment avait donc été envoyée en remplacement. Non pas que c’était la meilleure pour cela, mais elle se débrouillait tout de même pour effectuer les offices du Culte, et puis elle avait de tout de façon prit un sac plein de lectures diverses et variées pour occuper les moments de calme qui ne tarderaient certainement pas à se montrer une fois là bas.
Elle était arrivée en soirée, sous les regards suspicieux et creux des villageois. Bien entendu, elle ne s’attendait pas à une hola et une fête énorme pour célébrer son arrivée, mais elle pensait que cette partie des plaines était assez fervente au niveau du Culte et que l’arrivée d’une soeur pour reprendre les attributions du frère souffrant leur ferait un peu plus plaisir que cela. A moins que ne pas bénéficier de la guidance de la déesse pendant tout ce temps les avait rendus amers?
Elle se promit de prendre le temps d’investiguer cela un peu plus une fois installée, alors qu’elle entrait dans le temple local de Lucy pour le moins désert. Les cristaux de lumière s’allumèrent faiblement alors qu’elle entrait, diffusant une douce lumière tamisée dans l’endroit, assez apaisante. Plutôt bien entretenu, le temple restait toutefois très modeste et un peu radin en décorations et iconographies, les murs se faisant assez vides si ce n’était pour quelques bas reliefs discrets et une grande peinture de la déesse, alors que le sol était recouvert de multiples bancs de bois pour accueillir les fidèles. Posant rapidement sa valise dans un coin, elle se retourna pour déjà voir quelques villageois à l’entrée. Et bien, ils n’avaient pas tardé! D’ailleurs, il y avait même Frère Belias qui était là. Mais n’était-il pas cloué au lit? Qu’est-ce-qu’il faisait là? Elle frissonna légèrement, un peu mal à l’aise à cause de leur regard, avant de se retourner un court instant pour ramasser sa valise, comptant la ranger vers l’arrière du bâtiment.
« Laissez-moi juste deux minutes, et j’arrive! »
Ramassant sa valise, elle entendit les pas s’approcher, sans trop s’en formaliser, avant de simplement perdre connaissance avec un grand coup derrière la tête, de quoi laisser une belle bosse bien douloureuse et un mal de crâne carabiné.
Elle rouvrit les yeux dans ce qui ressemblait à une remise. Le mal de crâne était bien là - bien que pas aussi localisé que ce à quoi elle aurait pu s’attendre. Devant elle, ses mains étaient liées, et elle se réveilla difficilement avec la voix d’une femme qui semblait l’interpeller, regardant autour d’elle, gigotant un peu malgré ses liens, tout en se redressant, tournant la tête vers l’origine de ce son.
« Q…Qu’est-ce-qu’il s’est passé? Qu’est-ce-que… »
Dans l’obscurité, il était difficile de réellement distinguer qui était l’autre personne, mais son apparence et ses vêtements avaient l’air bien trop similaires aux siens, au point où ça en était louche! Comme si on avait déguisé quelqu’un en elle, et elle-même en quelqu’un d’autre, du genre, avec des habits sales. Mais ce que ça voulait surtout dire, c’était qu’on l’avait déshabillée.
« Pourquoi tu as été déguisée en moi? C’est quoi cet endroit? Une sorte de donjon fétichiste de campagne? C’est le repaire d’un roi des fétiches, mais pas multimilliardaire, plutôt la version paysanne?! Comme 50 nuances de griffroid? »
Peut-être lisait-elle un peu trop de livres. Mais dans tous les cas, elle n’avait aucune idée de finir victime de ce genre de pratiques! Elle n’en revenait toujours pas que des villageois avaient osé l'assommer ainsi! Ils étaient tous devenus fous ou quoi? Dans tous les cas, il faudrait déjà se détacher dans un premier temps avant d’espérer sortir d’ici. Elle commença donc à se tortiller, se relevant à moitié, avant de constater qu’elle se sentait vraiment bizarre, et vraiment pas dans son assiette. Perdant l’équilibre, elle se retrouva donc à moitié sur l’autre verte, et, vers elle, remarqua d’ailleurs les mèches blanches de sa chevelure.
« Oh, il m’a même recoloré les cheveux ce maniaque! A..Aide moi, il faut qu’on se détache et qu’on sorte d’ici! »
En tout cas, la fausse Astrid avait l’air aussi perdue que la vraie, et n’était donc sûrement pas la responsable de cette affaire. Par contre, comment ça la femme à tout faire était déguisée en elle ? Bah. Elles étaient au moins d’accord sur le fait qu’il fallait dégager d’ici rapidement. Les responsables pouvaient revenir à tout moment et qui sait ce qui se passerait alors.
Le souci c’était bien entendu comment elles allaient s’en sortir et se libérer. La tentative de sa double ne s’était pas avérée très convainquante.
-J’suis bien d’accord ma ptite, mais ça va être compliqué, ils ont bien serré nos liens heh, ils ont même tellement serré ces liens qu’ils ont décidé de faire de nous des jumeaux, hahaha, y’a pas plus fort comme lien.
Toujours là pour faire des petites blagues de merde, malgré la situation qui s’avérait quand même précaire. Mais même si c’était sur le ton de la légèreté, elle n’avait pas perdu de temps pour observer son environnement. Il n’y avait pas d’objet tranchant à proximité et la fenêtre était grande ouverte. Si elles arrivaient à se défaire de leurs liens, elles pourraient éventuellement passer par là. Appeler à l’aide sinon ? Pas une bonne idée, pour éviter d’attirer l’attention des ravisseurs.
Tout en continuant à chercher un moyen quelconque, la femme à tout faire remarqua qu’elle n’avait bien entendu pas ses objets à elle, dont son épée ou son sac et ses objets de pouvoir. Ils étaient par contre placé dans une caisse non loin de là. Ils avaient pris leurs précautions dis donc ! La blanche ne pourrait donc pas utiliser la télékinésie, tch.
Par contre euh…en vérifiant qu’elle n’avait pas son épée, elle vit qu’elle portait des vêtements...différents de ce qu’elle avait porté la veille. Genre, des vêtements qui étaient pas du tout son genre en plus. Et elle n’avait pas son tour de poitrine habituel non plus.
Elle avait des mèches vertes.
Et…
-Euh...merde alors.
Une voix différente.
...Hein ?
Oula. Elle ne se rappelait pourtant pas d’avoir...euh...changé ? Pour en être sûre, elle tenta de se remémorer ce qui s’était passé la veille. Le moment où elle était arrivée, son passage à la taverne, l’expression des villageois, les légères rides de la serveuse qui était bien mignonne, le grain de beauté sur le bras gauche du tavernier, le goût amer de la bière, chaque parole prononcée mot pour mot…
-…
Hmm. Ce qu’Astrid trouvait bizarre n’était pas qu’elle ne trouva rien en rapport à comment et pourquoi elle était dans des habits différents, mais pourquoi elle se rappelait de tant de choses et avec tant de détails inutiles. Depuis quand avait-elle une si bonne mémoire ? Depuis jamais. Et puis ça dépassait un peu le stade de juste une bonne mémoire.
Soudain, une possibilité apparut aux yeux de la citoyenne. Une possibilité qui expliquerait pas mal de chose. Pourquoi elle ne s’était pas réveillée avec l’envie de vomir et pourquoi elle ne sentait pas le vomi ni l’alcool, son apparence, et l’apparence de l’autre, sa soudaine capacité à se souvenir de trop de choses…
Il ne fallait pas être une génie pour mettre les pièces du puzzle ensemble.
-Eeeeeeeeeeeh, par hasard, ton pouvoir ce serait pas d’avoir une bonne mémoire…. ?
Après cette question tout à faire anodine (non), elle continua avec cette voix qui n’était pas la sienne :
-Ahem, j’sais que ça va ptet paraître bizarre, mais j’pense qu’on a échangé nos corps. Genre, t’es dans mon corps et moi je suis dans le tien. Même si j’aurais aimé être dans le tien d’une autre manière, huehuehuehuehue.
Yikes. Pas une seule seconde sans être beauf elle.
Tout d’un coup, sans prévenir, un bruit se fit entendre à la fenêtre grande ouverte qui laissait voir un grand ciel bleu dégagé. Astrid crut un instant que c’était les ravisseurs mais loin de là ! Un Ribec blanc fit son entrée fracassante et ce n’était nul autre que Ribou, l’un des nombreux familiers de la citoyenne. Elle l’avait suivie et accompagnée pour son travail.
-Ribou ?! Pfiou, soulagée de savoir que tu vas bien ma ptite !
La ribec tourna sa tête vers la blanche avec un air interrogateur avant de se lancer sur la fausse Astrid pour lui faire des câlins.
-Hein ?!
Ce serait mentir de dire que l’alcoolique ne ressentit pas un peu de jalousie. C’était elle qui l’avait élevée et voilà que ce familier ingrat se jetait dans les bras d’une parfaite inconnue qui avait l’apparence et l’odeur de sa maîtresse… ! Honteux… !
Bon. Plus sérieusement, Ribou avait un bec et des griffes vachement acérées. Elle était donc idéale pour couper leurs liens.
-Hey Ribou, ma ptite Ribou, attaque Griffe, avec tes pattes ! Ou euh...attaque Picpic, avec ton bec !…’fin détache-nous !
Mais malheureusement, aucune réaction de la part du familier qui n’avait cure de ce que racontait la parfaite inconnue qu’était Astrid. Elle n’était, après tout, pas véritablement sa maîtresse actuellement.
-Ugh, même mes familiers m’abandonnent. Euh…., tu veux pas lui demander toi stoplet ?
« Des jumelles? Tu veux dire qu’en plus d’avoir déjà des kinks douteux avec les cordes, il aurait aussi un kink des jumelles?! »
Rien de rassurant, même si ce n’était pas très désagréable à lire pour autant, elle ne pouvait pas dire le contraire. Devoir le vivre, et contre sa volonté de puis, était par contre hors de question. Quitte à mordre, donner des coups de boule, ou quoi que ce soit d’autre. En tout cas inutile de dire que la blague lui était légèrement passé au-dessus de la tête aussi. Comme souvent.
Ce qui était plus perturbant, c’était surtout sa question suivante. Son pouvoir?
« Euh… Bah… Oui, comment tu sais? »
Arrêtant de gigoter comme un asticot un court instant, Sabia releva des yeux interrogateurs vers elle, écoutant sa théorie qui, en effet, alors qu’elle s’examinait elle-même un peu mieux, constatait effectivement plusieurs différences avec son corps habituel. Même sa voix semblait différente lorsqu’elle parlait un peu. Une différence qu’elle assumait être à la base liée à son état groggy et un peu fiévreux.
« M… Mais… C’est super pervers dit comme ça! »
Evidemment qu’elle avait compris ce double sens là, très beauf, certes, mais qui avait quand même réussi à teinter ses joues d’une couleur carmin. D’autres auraient certainement opté pour une baffe, mais d’un autre côté, c’était entre filles, et c’était sûrement son moyen pour évacuer le stress, que de faire des blagues du genre. Sa gêne fut néanmoins rapidement interrompue par l’arrivée d’un Ribec Blanc, qui arriva directement lui faire la fête, se trompant certainement de personne quant à sa véritable maîtresse.
« Oh mais elle est trop choute! »
Sabia s’exclama en riant, chatouillée par les attentions de la petite boule de plumes. Autant dire qu’elle ne pouvait pas faire grand chose de plus que de rire devant les attentions de Ribou. Alors oui, elle aimerait bien lui demander de les détacher, mais là elle était trop occupée à se rouler par terre en rigolant comme une cruche. Autant dire que si la menace d’un type qui avait décidément des kinks de plus en plus perturbants ne restait pas en arrière plan de son esprit, elle aurait pu rester ainsi de longues minutes. Heureusement pour son homologue emprisonnée, Sabia arriva à articuler quelques mots.
« Ri… Ribou! Coupe la corde! Avec tes papattes! »
Montrant la dite corde au Ribec, celui-ci la coupa effectivement après quelques petites secondes d’hésitation. C’est ce c’était un super Ribec en plus! Sabia voulait le même. Ses mains et bras maintenant libres, et le temps de frotter rapidement à l’endroit de ces attaches bien trop serrées, sa première réaction fut, évidemment, d’attrapper Ribou et de lui faire un gros câlin aussi, gratouiller ses plumes toutes douces, avant de remarquer que son propre corps était encore complètement attaché après quelques secondes. Est-ce-qu’elle la déprimait? Sûrement.
« Euh… Ribou! Coupe la corde pour la dame aussi! »
Relâchant le petit prédateur à côté de ses mains attachées, et désignant la corde de la même façon, la petite créature blanche se chargea de la libérer aussi. Avant de retrouver bien rapidement les attentions de sa fausse maîtresse bien trop contente de pouvoir câliner un truc si mignon - et parfaitement obéissant en plus. Mais elle n’oubliait pas qu’elles devaient sortir, également, et s’échapper de ce piège pervers!
« Sortons d’ici, il faut tirer cette affaire au clair et s’échapper des griffes de ce fou! Mais non pas des tiennes Riboubou! Allez, dépêchons-nouuuuuuuuuuuuuuuuuus… »
Tout en voulant, justement, se dépêcher de se rendre jusqu’à la fenêtre, elle s’y retrouva d’un coup en moins de temps qu’il n’en fallait pour finir sa phrase, au point où elle se retrouva bien trop loin et se prit les pieds dans l’encadrement de la fenêtre, se retrouvant à l’extérieur dans un roulé-boulé qui finit en une longue glissade dans la terre, tête la première. La relevant, elle remarqua une paire de bottes assez imposante juste devant son nez, alors qu’un type visiblement bourru, l’air un peu mauvais et renfrogné, un peu trop ridé comme s’il n’avait pas eu son cubi de rouge matinal, la regardait un peu mal.
« Euh… Bonjour? »
Se relevant rapidement, elle s’échappa à nouveau à la vitesse du son sur le côté lorsqu’il tenta de lui porter un coup. Revenant dans son dos, elle lui asséna un coup derrière la tête qui ressemblait plus à une claque qu’à une véritable attaque, avant de s’éloigner à nouveau, reprenant une certaine maîtrise de cette capacité décidément assez pratique!
« Oh, on ne vous pas appris à dire bonjour aux gens? Vous êtes qui? C’est vous, le pervers?! »
Reprenant les restes de corde, elle les enroula rapidement autour de sa cible un peu pataude pour être vraiment dans son état normal. C’était un peu comme s’il était possédé, à vrai dire, mais les compétences d’enquête de Sabia étaient un peu limitées en ce moment, toujours sur sa première théorie de type obsédé, et l’autre moitié de ses pensées occupée par l’idée de retourner faire des câlins à Ribou.
Une fois à moitié saucissonné, Sabia ramena sa prise contre la cabane en bois, entendant sa tête cogner contre le bois alors qu’elle l’avait précipité un peu trop vite contre la demeure, elle se retourna vers son corps qui avait tout juste eu le temps de sortir, avant de placer ses bras sur ses hanches, fière de sa prise.
« J’ai attrapé le pervers! J’espère que c’était pas ce qu’il voulait secrètement… »
Se retournant inquiète vers lui, il ne répondit que d’un grognement plaintif et agressif, pas des plus combatifs pour autant, elle le replaqua au sol avec son pied - espérant encore que ce n’était pas trop son truc secrètement.
« Alors! Parle! Pourquoi on a échangé de corps? Qui es-tu? Et qu’est-ce-que tu nous veux? »
Un nouveau grognement, identique au précédent. La discussion risquait d’être difficile. Surtout s’il ne savait pas parler.
-Allez ma ptite, libère-m…
Mais non. La première chose qu’elle décida de faire, fut de câliner son familier.
-AH. S’exclama t-elle.
Bon elle l’aurait fait aussi à sa place, c’était parfaitement compréhensible. Ce ribec était tellement mignon et doux, comment y résister ? La petite connaissait ses priorités et on pouvait difficilement lui en vouloir. Même si bon…
Il fallut plusieurs secondes avant qu’Astrid soit enfin libérée, et lorsque ce fut le cas, la véritable maîtresse du familier qui était quand même contente d’avoir été sauvée par la petite Ribou, se jeta sur elle pour tenter de la câliner mais elle ne rencontra que le sol dur et froid car le familier disparut pour rejoindre l’inconnue.
-Trahiiiiisoooon. Disgrâaaaaaaace.
Bordel de merde.
La citoyenne sentit presque des petites larmes pondre au coin de ses yeux face à tant d’indignité.
Plus sérieusement, il fallait sortir d’ici et les deux femmes étaient parfaitement d’accord sur ce point. Sauf qu’Astrid n’eut même pas le temps de cligner des yeux qu’elle sursauta. Son double venait de disparaître. D’un point de vue extérieur, c’était fou à quel point son corps pouvait être...rapide. Et pour celle qui était dans son corps par contre, quand on était pas habitué à ça...il était normal de se péter la gueule.
La femme à tout faire se dirigea à la fenêtre où elle vit l’autre à terre. Elle applaudit avant de dire :
-9 sur 10 pour l’atterrissage, peut mieux faire heh. Euh sinon, ça va ?
Elle espérant qu’elle ne s’était rien cassée, parce que bon. Si elle récupérait son corps, c’était elle qui allait avoir mal alors qu’elle n’avait rien fait pour. Maaais, si elle s’était en effet fait mal, il y avait toujours les objets de pouvoir d’Astrid pour s’auto-soigner. Parlant de ça, l’autre était partie sans récupérer les dites affaires.
-Oh merde, attention !
Un inconnu se tenait là, l’air menaçant. La citoyenne voulut passer par la fenêtre pour aider sa camarade mais en deux temps trois mouvements, tout fut terminé.
Ah ouais. L’autre s’était habituée et avait maîtrisé ce pouvoir bien plus rapidement qu’elle à l’époque quand elle était plus jeune. Ou peut-être que le corps s’en souvenait, tout simplement. Les réflexes, tout ça.
Voyant que danger était momentanément écarté, Astrid alla chercher leurs affaires. Son sac, son objet de pouvoir de télékinésie, son épée...tiens il y avait des cordes aussi ? Eh toujours utiles.
Elle porta le tout et bordel que c’était lourd. Plus lourd que d’habitude en fait. Ah mais oui ! C’était normal, ce n’était pas son corps. Mais pour celui-ci, il fallait plus de sport !
Elle finit par jeter les affaires par dessus la fenêtre et la passa non sans mal, encore peu habituée à ce corps, et vit l’homme attaché, plaqué contre le mur. Il avait l’air mal en point le pauvre.
-Bon boulot, ma ptite ! Dit-elle en tapotant l’épaule de sa camarade. Tu te débrouilles vachement bien ! Mieux que moi à mes débuts !
Maintenant, il fallait savoir pourquoi et comment elles se retrouvaient dans une telle situation. Sauf que l’homme ne semblait pas vouloir répondre. Au lieu de cela, il se mit à crier :
-PAR ICI. ELLES S’ÉCHAPPENT.
Merde. Il avait donc d’autres alliés. Elles auraient dû le bâillonner !
En se retournant, Astrid vit un groupe de 3 personnes accourir dans leur direction. Ce qui était drôle, c’était qu’ils étaient tous identiques à celui qui était attaché. Des jumeaux ? Mais la seule différence, c’était leur taille.
-Bah alors William, tu t’es fait chopper ? Lança le plus petit des 4.
-Ferme ta gueule Joe.
-Laisse moi faire, je m’occupe d’eux. Lança Astrid en s’avançant vers eux, parfaitement confiante.
Un petit instant de silence avant que les jumeaux ne se mettent à rire.
-Hahaha, qu’est-ce quelles vont faire les minettes ? Elle est bien drôle celle-là et bien mignonne !
-Avant que je vous fracasse, pourquoi je suis pas dans mon corps et pourquoi nous avoir kidnappé ?
Une nouvelle fois, hilarité générale avant que le plus petit ne réponde :
-Il nous fallait du sang neuf dans notre village échangiste ! Vous auriez appris à aimer...votre nouveau corps.
-Oh. Euh. Échangiste échangiste ? Ou genre, vous vous amusez à échanger votre corps entre vous… ?
-Les deux.
Oh merde. Du coup, ça se trouve, la serveuse dans la taverne qui était ultra bonne était en fait habité par un vieux débris croulant et pervers…. ! Quoique, maintenant qu’elle y réfléchissait, c’était pas déjà son cas, à Astrid… ? Eh, évitons de parler des sujets qui fâchent.
-Ah. Mais, genre, on a pas envie nous.
-Oh j’m’en doute. D’où le kidnapping. Puis le lavage de cerveau.
-Ooooooooooooooook. Vous êtes des scélérats et votre obsession avec l’échangisme se termine-là ! J’vous prends tous !
Le plus grand des 4 s’avança, un sourire bête sur le visage.
-Vas-y j’te laisse me mettre un premier coup avant de vous remettre dans la cabane.
Prête à tout dégommer, la femme à tout faire sautilla sur place, les poings en avant, et passa son pouce en dessous de son nez faisant mine de se moucher, avant de pousser un long cri aigu de maître d’art martial. La seconde qui suivit, elle se lança sur son adversaire et lui assena plusieurs coups de poings en hurlant :
-ORA ORA ORA ORA ORA.
Après quelques secondes, elle recula d’un bond, leva ses deux bras et un genoux, ne se tenant en équilibre que sur un pied et adopta un air menaçant.
-Tu ne le sais pas encore mais tu es déjà mort !
Un petit moment de silence passa, durant lequel l’homme tata son corps qui était de toute évidence…sans dégât. Tout cela n’avait servi à rien.
Absolument à rien.
Et cela fit bien rire le grand dadais qui ne vit pas venir le coup de genou directement partir dans ses bijoux de famille.
Alors qu’il s’écroulait de douleur et de surprise, les deux autres frères comprirent le danger et voulurent se venger en attaquant Astrid, mais un seul pas et tout deux tombèrent au sol comme un arbre qu’on venait d’abattre. Le choc et l’incompréhension se lut sur leur visage, notamment lorsqu’ils remarquèrent une corde enroulée autour de leurs pieds.
Pendant tout ce temps, la citoyenne avait gagné du temps et attiré leurs attentions sur elle tandis que, mentalement, grâce à son objet de pouvoir de télékinésie qui lui permettait de bouger des objets à distance, elle avait dirigé des cordes qui s’étaient déplacés tels des serpents à même le sol qui s’enroulèrent discrètement autour de leurs pieds. Le tout, pendant qu’elle se donnait en spectacle.
Avec un air suffisant, elle croisa les bras en les regardant de toute sa hauteur.
La sournoiserie avait un nom.
-Maintenant vous allez nous rendre notre corps sinon on vous pète la gueule.
« Je… pense qu’il y a quelques réflexes qui restent de ton corps, ça doit rendre la chose plus simple! »
N’ayant pas le temps de développer avec l’arrivée de renforts, elle regarda donc inquiète son corps s’opposer à ces trois gredins pervers, leurs dires confirmant ses craintes - et pire encore. Un village échangiste? Ce n’était qu’un antagoniste de choix face à l’Amour avec un grand A! Ces personnes étaient maléfiques et - si leur apprendre une bonne leçon était à l’ordre du jour, Sabia n’inculquait jamais ses leçons à grands coups de poing dans la gueule. Elle se ferait sûrement plus mal à elle-même qu’à sa cible de tout de façon. C’est bien pour cela qu’à la voir ainsi chercher la bagarre, elle était assez inquiète pour son propre corps. Surtout que, comme prévu, ses coups étaient totalement inefficaces! Autant dire qu’elle fut aussi surprise que les autres quand son plan s’exécuta avec brio, étant autant tombée dans le panneau qu’eux.
« Woah mais, t’es trop forte en fait! »
Avançant à l’extérieur alors que les deux adversaires restant se dépâitraient dans la corde enroulée autour de leurs pieds - le troisième en train de rouler au sol et le quatrième saucissonné ne comptant plus vraiment, elle plaça ses mains sur ses hanches en les regardant.
« Vous savez que ce que vous faites c’est mal, ne pas demander le consentement ainsi d’honnêtes citoyennes comme nous, nous faire échanger nos corps comme ça pour faire des choses échangistes après, comment comptez-vous faire sans la bénédiction de la Déesse? »
« Mais qu’est-ce-que tu racontes grognasse? On va vous faire revenir dans cette cabane rapidement pour vous éduquer! »
Se détachant finalement de ses entraves, le plus moyen des trois essaya donc de venir apprendre sa leçon à la verte dans le corps de la blanche, alors que le petit, bien plus méfiant, allait visiblement tenter de se battre avec l’autre. Le premier s’avança donc vers Sabia, armant un coup de poing, qu’elle esquiva sans trop de mal grâce à sa vitesse, se retrouvant dans son dos pour le pousser d’un coup sec et le faire chuter en avant dans la terre assez humide de l’endroit.
« Repends-toi! »
« Non! »
Comme prévu, instiller les enseignements de Lucy à des échangistes pervers et sûrement masochistes par la manière forte ne fonctionnait pas très bien, comme elle aurait pu s’en douter. Alors qu’il se relevait à nouveau, un regard plein de défi dans les yeux, Sabia prit une pose dramatique.
« Tu ne me laisses donc pas le choix, je vais devoir utiliser mon arme secrète… Ribou attaque pic-pic! »
Bon, techniquement, ce n’était même pas son arme secrète à elle, mais le familier obéissait à sa voix, donc on pouvait dire que ça comptait. Le petit ribec s’empressa donc d’aller voler autour de lui en lui assénant des petits coups de griffes et de bec, tout en restant au mieux hors d’atteinte de ses mouvements erratiques, un peu comme s’il essayait de se défaire d’une nuée d’abeilles. En profitant, Sabia s’approcha donc de lui et, copiant les enseignements de sa camarade d’infortune, utilisa la technique ultime du genoux dans les parties. Il couina donc avant de s’effondrer à son tour.
Se retournant vers le dernier en vie, elle le pointa donc du doigt.
« Rends-toi, tu es cerné! Ou sinon on fera des œufs brouillés comme pour tes frères! »
Devant cette menace aussi violente que sérieuse, le petit décida donc de battre en retraite, non sans les arroser de copieux jurons et autres indélicatesses que l’on taira ici, ajoutant, alors qu’il était assez loin :
« Vous allez voir, vous allez nous le payer! »
Non pas qu’elle n’aurait pas pu le rattraper en un claquement de doigt et essayer de le bastonner à son tour, mais elle ne préférait pas abuser de cette méthode forte. Par contre, avec toute cette agitation, des renforts n’allaient pas tarder à arriver. Il fallait donc faire vite pour tirer cette affaire au clair. Se dirigeant vers sa première prise, les deux autres trop occupés à se rouler au sol en émettant des petits bruits d’adolescents prépubères en pleine mue, Sabia se campa devant lui, Ribou dans ses bras.
« Toi, parle. Qu’est-ce-qu’il se passe ici? Comment vous faites pour faire échanger les gens de corps? »
« Je dirai rien, allez vous faire voir! »
« Parle, sinon Ribou t’empêchera à jamais de faire de l’échangisme! »
Elle avait approché la petite boule de plume de ce fameux point faible commun qui avait déjà mis KO deux de ses frères, petite boule de plume qui agitait d’ailleurs ses serres acérées non loin, ce qui le fit pâlir et suer à grosses gouttes.
« Je… je … Ok bande de folles! Ok! C’est le maire, il garde l’artefact dans le sous-sol de la mairie! C’est un truc magique! C’est lui qui nous permet de nous faire échanger de corps! Tout a changé depuis qu’il l’a récupéré on ne sait pas comment! »
Tout a changé? Il était vrai que pour qu’un village entier se retrouve obsédé par de l’échangisme, il y avait peut-être une malédiction à l'œuvre. Le mieux était donc sûrement d’aller détruire cet artefact.
« Et bien, je crois qu’il va falloir convaincre ce maire. J’ai l’impression qu’il a corrompu les esprits des habitants du village aussi, avec sa magie noire! Ou bien est-ce de la magie rose si on parle de ce genre de choses perverses…? Peu importe! En avant! »
-Vas-y approche minus, je te mets la misère quand tu veux !
Méfiant maintenant qu’il savait que la femme à tout faire était capable de sournoiserie, il s’approcha lentement et prudemment avec un sabre à la main, tout en gardant du coin de l’œil ce qu’il se passait pour son autre frère. La réponse ? Mal. Très mal. Peut-être pensait t-il pouvoir prendre la chieuse professionnelle en otage, car il se lança sur elle pour l’attraper après s’être assurée cette fois qu’il n’y avait aucun objet dangereux à proximité. Mais cette dernière avait plus d’un tour dans son sac! Avec un grand sourire, elle lui lança au visage - et plus précisément au niveau des yeux - de la terre qu’elle avait précédemment ramassée pendant qu’ils étaient encore au sol à se démener avec la corde et, prenant son courage à deux main alors que le Joe jurait comme un boucher en tentant de nettoyer ses yeux, la citoyenne…prit la fuite, reculant de plusieurs mètres pour lui balancer des cailloux qu’elle ramassa à la hâte. Elle n’était pas complètement folle, et ne faisait pas assez confiance à son corps pour se battre à la loyale!
Les cailloux tombèrent en masse sur le kidnappeur, autant lancés par les petites mains de la verte que de manière télékinétique. De rage, le ravisseur, une fois que sa vue fut retrouvée, fonça vers la jeune fille aux cheveux verts en levant son arme, prêt à l’abattre. Mais la citoyenne s’y attendait! Tel un marteau magique appartenant à un surhomme maîtrisant la foudre, l’épée d’Astrid vola droit vers sa propriétaire (c’était un peu de la triche, cette télékinésie) et la maître épéiste dégaina pour parer le coup. Après quelques échanges, qui furent plus difficile pour la femme à tout faire, le plus petit des frères se retrouva seul et décida de prendre la fuite.
Donc c’était le maire et un artefact huh?
-Allons lui régler son compte, à ce maire ué!
Ni une ni deux, les deux comparses prirent leurs affaires et laissèrent leurs victimes derrière elles pour se diriger vers la mairie où se cachait le grand méchant de l’histoire qui avait besoin d’une bonne leçon. Mais le souci, c’était qu’il fallait y aller discrètement, car qui sait si tout le village n’était pas de son côté. Toutefois, avant cela, Astrid expliqua à la personne qui habitait son corps l’utilisation de son pouvoir et des différents objets de pouvoir et amélioration qui allaient avec. L’épée qui, une fois dégainée, avait un tranchant proportionnelle à la vitesse à laquelle elle était sortie, une guérison accélérée, la possibilité de transformer son corps en acier, réfléchir à la vitesse du son, des lames de vents dont le tranchant dépendait également de la vitesse, des coups dévastateurs soniques, la vitesse de la lumière qui combotait avec le tout…Eh, dis comme ça, Astrid réalisa à quel point elle était…un peu pété. Mais dans ce petit corps qu’elle habitait actuellement, elle ne garda que sa télékinésie et une autre épée plus lambda pour se défendre. La véritable arme qu’elles avaient…enfin, leur véritable moyen de persuasion, c’était le corps de la blanche.
Une fois arrivées aux abords du village, un problème se présenta. La mairie…se trouvait au centre de toutes les habitations. Et dans les rues, les villageois vagabondaient pour mener leurs petites affaires.
-Hmm.
Restant un moment pensive, Astrid eut une idée de génie et un grand sourire diabolique apparut sur son visage. Un sourire qui n’allait pas vraiment à ce visage.
Le maire lui, vaquait tranquillement à ses occupations de maire dans son bureau à l’étage de la mairie. Aujourd’hui encore, il avait divers papiers à remplir. Des plaintes, des travaux à mener, mais surtout…du manque de fonds. Pour résoudre ce problème, il avait pensé à faire de ce village un lieu de tourisme immanquable pour les habitants du royaume. Un projet des plus compliqués qu’il n’avait pas réussi à résoudre jusqu’à il y a peu, où dans les tréfonds des caves de la mairie, il trouva un étrange artefact qui permettait de changer les corps de deux personnes. À 85 ans, il allait peut-être enfin pouvoir redresser les finances de ce pauvre petit village avec une attraction des plus drôles.
C’est en signant un dossier d’aide financière pour le boulanger qu’un grand fracas se fit entendre en bas de la mairie. Haussant les sourcils, il se demanda bien ce qu’il pouvait s’y passer. Puis, des cris de détresse et des "Arrêtez-les"!
-Hmm?
À peine le temps de se lever que les portes de son bureau s’ouvrirent violemment, laissant passer deux personnes assises sur un véhicule à deux roues.
-Ah! s’exclama la jeune fille aux cheveux verts. Stratégie “rentre-dedans à la vitesse du son avec le VTT” est un franc succès!
Elle descendit du VTT et pointa du doigt le maire.
-Hey toi! Rends-nous…..huh?
Face à Astrid n’était pas un vieux croulant au crâne d’oeuf et à la longue barbe blanche, mais une jeune femme ayant la vingtaine et aux formes plus qu’appétissantes. Une poitrine généreuse et un fessier digne d’admiration.
-Vous…! s’exclama-t-il (elle?).
-J’avais entendu dire que le mairie était un vieux débris, mais t’es une bonasse en fait! À moins que…les yeux de la verte s’ouvrirent en grand en réalisant l’horreur de la situation. Espèce de vieux pervers, quitte ce corps qui ne t’appartient pas! T'as pas honte?
En réalité, Astrid et lui n’étaient pas si différents si c'était véritablement un vieux monsieur qui habitait le corps de la jeune femme devant elles…Mais ça, la femme à tout faire n’allait pas le dire.
Quoi qu’il en soit, l’opération assaut de la mairie avait été un succès. Le vélo utilisé avait heureusement eu le chic de tenir alors qu’il avait à moitié fait s’effondrer un mur de l’endroit, et, une fois les deux femmes descendues de l’engin qui leur avait permit d’entrer à la vitesse du son, le cadre tordu tomba sur le côté en libérant une roue qui roula sur quelques mètres sans le reste de l’objet, avant de s’effondrer mollement sur le côté. Dans un nuage de poussière, elles se retrouvèrent donc face à une femme des plus pulpeuse, dont Sabia pensa dans un premier temps que c’était une sorte de secrétaire cochonne et que ce n’était pas l’homme qu’elles cherchaient. Sauf que si. Entourée de poussière dans le bureau à moitié ravagé par cette entrée bien dynamique, elle toussa.
« Je suis d’accord, vous croyez que cette pauvre femme passe un bon moment dans votre corps plein de rhumatismes, là? Vraiment les pires, ces vieux qui profitent de corps plus jeunes! »
« Oh, qu’est-ce-que vous en savez? Notre échange a peut-être été parfaitement volontaire? Et puis, elle œuvre pour le bien-être de la commune en me permettant de faire encore mieux mon travail! Frais comme un gardon - si ce n’est pour ces petits maux de dos - mais je les pardonne vu les… atouts que j’ai récupérés. Les soirées n’ont jamais été aussi agréables, notre village si animé, notre communauté si heureuse! Vous pourriez nous rejoindre, vous aussi, avec vos corps si parfaits! »
« Vous rejoindre? Dans ce stupre et cette luxure sans amour ni passion? Dans ces fantasmes corrompus par la chair au détriment de l’esprit? Nous sommes venues vous arrêter, ici et maintenant, et récupérer nos corps! »
« Et bien, venez donc essayer! »
Sortant un objet en forme de globe d’airain du tiroir de son bureau, en tournant les disques qui en faisaient partie, l’expression du maire changea du tout au tout, alors qu’un bruit de pas très lourd se fit entendre du couloir. Peinant à passer la porte, c’est un bûcheron massif d’au moins 2m30 de haut et presque autant de large, hache immense à la main, qui entra dans le bureau.
« Je vais m’occuper de vous, puis je ferai de ce village le plus beau de tout Aryon! »
Grognant, il s’élança ensuite droit vers elles, alors que Sabia se retourna rapidement vers Astrid et son corps qui avait bien moins d’options que le sien au niveau du pouvoir.
« Toi, va maîtriser la blonde, voler l’artefact, et essaye de renverser la malédiction, et on pourra toujours le détruire après! Tu peux te rappeler exactement de ce que le maire à fait pour échanger son corps, il suffit de comprendre comment il marche! »
Sortant son épée à la vitesse de la lumière, Sabia avança donc vers le bûcheron chargeant pour un face à face épique, avant de trébucher bêtement et de lâcher son épée qui sorti du bureau pour dévaler le hall principal. Levant sa hache pour l’abattre sur la blanche, elle roula sur le côté grâce à sa super-vitesse, l’impact craquant et fendant le bois dans une immense fissure se propageant jusque dans le mur en face. Sa force ne semblait pas naturelle! Se relevant rapidement après sa roulade, essayant de placer un coup sonique au bûcheron qui se retrouva simplement être une petite claque humiliante sur la joue, Sabia se rendit compte qu’elle avait oublié de comment se servir de cette facette de son pouvoir… Et ce qui la rendait, sans capacités offensives.
« Euh… euh… Tu trouves? Je euh… Sais pas me battre, en fait. »
Autant être honnête, elle avait eu de la chance de lâcher son épée : Elle se serait sûrement blessée avec sinon. Mais une fois la malédiction renversée et le village revenu à la normale, tout serait normalement terminé.
-C’est tout ce que t’as à proposer mon vieux ? Ma pote va t’exterminer en deux-deux avec corps et t’auras même pas le temps de cligner des yeux !
Celle dernière proposa d’ailleurs de séparer les tâches. Elle s’occuperait du colosse tandis qu’Astrid s’occuperait de la blonde. Hehehe, parfait. Elle préférait en effet prendre en charge l’autre nana et ce pour bien des raisons.
Mais, curieuse, elle jeta un petit coup d’œil à son corps et...vit avec horreur qu’elle s’était ramassée et que l’épée s’était barré.
Oh.
Ok.
Merde.
Ça devenait soudainement plus grave que ce qu’elle aurait pensé. Surtout quand l’attaque du titan (heh) fit une longue fissure dans toute la salle et peut-être même tout le bâtiment. Une force surhumaine contre une vitesse surhumaine huh ?
-Hey toi, peu importe qui t’es dans ce corps, file-moi ce globe !
La blonde regarda la citoyenne avec amusement avant de cracher son venin :
-Jamais sale chienne ! Le maire va vous réduire en bouilli et ce sera la vengeance parfaite pour mes frères !
-C’est donc toi, satané J...J...Jack !
-…
-Jean ?
-Euh…non ?
-Jo….rdanne ?
-Toujours pas mais un peu plus proche.
-Euh, laisse-moi réfléchir encore un peu...Jo...Jo….
-Euh… euh… Tu trouves? Je euh… Sais pas me battre, en fait.
-Nah, attends j'y suis presque avec son prénom là... Et puis merde. Je prendrai ce globe par la force ! Prépare-toi à mordre la poussière !
Il tenait fermement le globe entre ses mains comme si sa vie en dépendait. Tch.
-Ta télékinésie est inutile et ta technique spéciale ne marchera pas contre ce corps car il n’a pas de bijoux de famille !
-...Merde.
C’est vrai ça. Comment allait-elle faire du coup ? Elle était totalement démunie dans un corps qu’elle ne connaissait pas, sans pouvoir offensif ni capacités physiques très glorieuses. Ils l’avaient totalement contre-carrée. Puis, jamais Astrid ne pouvait blesser une si jolie femme ! Même si c’était l’esprit d’un vieux connard avec la trentaine dedans. Bon eh bien la partie était perdue, terminée. Astrid et l’autre nana aux cheveux verts allaient devoir se soumettre au maire et vivre au village pour l’éternité.
Du moins c’était peut-être ce qu’ils pensaient, mais ils ne connaissent pas la jeune femme sans foi ni loi ni honneur !
Sans crier gare, elle courut vers celle (celui) qui possédait le globe. S’étant préparé à cette éventualité, Jo-machin tenta de prendre la fuite mais c’était...sans compter qu’il était en talons. Tel un château de carte, il s’étala au sol comme une merde, laissant échapper l’artefact qui roula un peu plus loin dans la salle.
-Haha, trop facile ! J'ai même pas eu besoin de faire quoi que ce soit! S’écria Astrid en enjambant le corps avant de elle même tomber face contre sol, ayant été retenue par la cheville par la blonde.
-Tu penserais que ce serait si simple que ça ?!
Aucune réponse de la part de la femme à tout faire, si ce n’est un petit sourire satisfait. Elle n’avait même pas besoin de bouger de là où elle était pour avoir le globe en sa possession. Elle se souvenait exactement de la combinaison que le maire avait fait grâce au pouvoir de ce corps, et, comme si des mains invisibles s’étaient posés sur le globe, les disques tournèrent.
Un petit moment de silence, suivi du cri de la blonde :
-JOE ! Espèce d’incapable ! Hurla-t-elle hystérique.
-Oooh, c’était donc Joe ! Je le savais hein.
Avec sa mémoire parfaite, bien sûr qu’elle le savait. C’était juste par habitude qu’elle avait fait semblant d’oublier pour faire baisser leur garde. Ahem.
-Et du coup, ça fait quoi si je…. ? Elle tourna une nouvelle fois les disques. Comme ça. Par pure curiosité. Mais une combinaison différente.
D’un coup, elle se retrouva dans le corps de la blonde.
-OH ! Mais QUOI ! TROP BIEN ! LAISSEZ MOI PROFITER DEUX SECONDES DE MES GROS MELO…..
Quoique non, c’était une mauvaise idée. Avec ce nouveau corps, elle fonça sur le globe et fit une autre combinaison en se battant bec et ongles avec Joe ou le maire qui était dans le corps de la verte. Et elle se retrouva ainsi dans le corps du géant. Zut ! Avec des pas lourds, elle sauta sur l’artefact, ne sachant pas qui était dans le corps de qui, et…
Evidemment, elle prit le temps de bomber de le torse et de faire jouer sa musculature dans des poses dignes de celles que prenait ce bon vieux Jojo, aventurier de renom vivant des aventures très bizarres. Mais là encore, pas le temps de vraiment profiter de son corps, que la voilà dans le corps de la plantureuse blonde. Là encore, elle n’eut pas vraiment le temps d’en profiter, se roulant dans la poussière de la pièce fissurée par les combats pour esquiver le bûcheron qui chargeait droit sur elle.
Dans un mouvement digne d’une prise de catch, il - ou quiconque était dans son corps - s’écrasa sur l’artefact qui éclata en mille morceaux, se répandant partout dans la pièce dévastée. Petit moment de silence de la part de tout de monde alors que le doute s’installait dans tous les esprits. Bon, ce n’était pas la pire des loteries pour Sabia, elle était pour ainsi dire sulfureuse…
Heureusement, un petit flash et voilà qu’elle était de nouveau dans son corps, reconnaissant sa robe, ses mèches de cheveux désordonnées, et récupérant sa mémoire. La quiétude fut brisée par un cri de désespoir de la part du maire résonnant depuis les entrailles de la mairie alors que la blonde et le bûcheron se demandaient visiblement ce qu’ils foutaient là et ce qui venait de se passer. Recueillant leurs souvenirs, confus, le bûcheron se releva en premier avant d’aider tout le monde.
« Je.. Je suis désolé, je ne sais pas ce qui m’a prit…»
« Ne vous inquiétez pas, tout le village avait l’air d’être sous la malédiction de cet artefact, sous un horrible plan de votre maire. Il répondra de ses actes devant la garde! »
Il ne restait plus qu’à l’attraper, ce qui serait assurément un jeu d’enfant, puis de le traîner avec les restes de l’artefact jusqu’au poste le plus proche. Et Sabia, de son côté, se dit qu’avec ce voile qui se levait, beaucoup de gens auront certainement besoin de l’aide de la déesse. Et qu’elle ferait bien aussi de rejoindre le temple. Se redirigeant vers la blanche, elle ne savait plus trop comment réagir maintenant que l’adrénaline retombait et que la situation était réglée.
« Euh… Et bien… C’était assez bizarre mais euh… Si tu veux revenir, avec Ribou, je serai sûrement au Grand Temple ou à la bibliothèque du Village Perché. Je pense que je vais reprendre mon poste temporaire au temple du coin pour le moment, il y en aura sûrement besoin… »
Non pas que sa présence était forcément désagréable, mais elle avait encore beaucoup à faire et après tant d’émotions, elle avait aussi besoin de se replacer dans un environnement et un contexte familier. Et aussi de faire le point sur tout cela, et faire un rapport à la garde… Heureusement, elle avait récupéré sa mémoire, ce qui lui permettait de garder ces souvenirs bien frais.