Malgré la morsure du froid sur son épiderme, la garde ne semblait prompte à porter un accoutrement qui viendrait à la préserver. Depuis toutes ces années vivants à la forteresse, Céres eut bien le temps de s’acclimater et de ne se montrer timorée par la brise. Seule sa combinaison noire et sa veste impériale, venaient à la couvrir et à la préserver du climat. Un bustier relevant sa poitrine, et une paire de bottines imperméable, sans oublier l'insigne pesant fièrement sur le bord de sa veste. Toutefois, elle n'était de sortie pour honorer le blason et redorer son régiment. Non. Aujourd'hui, Céres n'avait nul jeunes recrues à former, ces derniers ayant de temps à autre un moment de répits pour penser leurs blessures et couver leurs maux. Leur instructrice pouvait se montrer impitoyable, bien qu'elle affectionnait tous ces jeunes en recherche d'apprentissage. Mais il était bon parfois de profiter aussi d'un moment d'assouvissement, qui sera profitable pour s'allouer de quelques commissions. Elle était belle la formatrice, austère et impétueuse, avec son petit sac en toile et sa liste de course pour n’omettre aucun élément. Il était préférable de ne venir la titiller sur ce détail, n'était pas particulièrement farfelu lorsque l'on venait à se bafouer de sa personne. De toute évidence, Céres n'avait tiré assez de sympathie pour que l'on vienne à la flatter ou à la charrier sur un quelconque détail. Sans oublier son arc qu'elle posa derrière son dos, bien qu'elle ne soit dans le cadre de ses fonctions, la garde se veut toujours prête à pouvoir agir et se défendre.

Son regard se posa sur la petite liste tendue entre ses doigts, il ne lui restait que peu de choses à trouver. Toutefois, une voix criarde, ainsi qu'une main froide et acerbe vint à se cramponner à son bras. Par réflexe, Céres voulut rapidement sans dégager, grommelant contre cette offense, se stoppant net en voyant une vieille dame au regard affligé.

- Mademoiselle ! On vient de me voler mon œuf ! Un voyou à pénétrer dans ma boutique et à dérober un bien de grande valeur ! Vous devez le retrouver !

- Je vais prévenir mes collègues, ils vont...

- Vous plaisantez jeune fille ! Il va avoir le temps de disparaître ! Il a pris la direction des montagnes !

Forcément. Si le méfait venait tout juste d'être commis, il serait dommage de perdre du temps et risquer de perdre la trace du malfrat. Se trouvant tout près de la sortie de la ville, il devait déjà être parvenu à en sortir. Nulle raison d'assigner d'autres gardes à la poursuite d'une vulgaire canaille, ce ne serait pas la première fois qu'elle s'en affranchirait seule, et parviendrait à l’arrêter.

- Je m'en occupe, comment était-il ?

- Il... Il était grand ! Une chevelure brune... Non...Bleue... Des tatouages, et une mâchoire de travers ! Ho oui mademoiselle ! Il avait une vilaine tête !

Tant pis pour les commissions. La garde déposa son sac en toile dans les bras de l'aïeule, et s'élança dans la direction indiquée. Un seul individu à interpeller, cela ne semblait la mettre en aversion. Le temps était compté, et la jeune femme entraînée et athlète, possédait les conditions nécessaires pour le poursuivre. Cela ne mit que quelques secondes avant qu'elle ne quitte la forteresse, de temps à autre orientée par des passants lui balisant la direction prise par l'individu en question. Un homme fuyant à toute vitesse en bousculant les villageois, ne pouvait que se faire remarquer et affligé de jurons. Au moins, Céres n'avait aucun mal à trouver des guides pour l'orienter. Hélas, le gredin était parvenu à quitter les lieux, et s'élancer vers les montagnes.

L'adrénaline, et son absorption dans le cadre de ses fonctions, lui firent oublier le froid qui se trouvait être bien plus intense. Si la neige tombant finement venait à faire tressaillir son épiderme, elle offrait aussi un avantage. Les traces laissées dans cette dernière, lui indiquèrent le dernier passage emprunté. Tombant en fine pluie, les sillages les plus anciens ont déjà dû être estompés. Ceux là ne pouvaient donc être que les pas laissés par le brigand. Second bénéfice, la poudreuse étant assez dense, allait certainement le freiner et lui faire perdre du temps sur sa fuite. De nombreux fuyards se faisaient prendre au piège ainsi, rendant plus aisé leur capture. Heureusement, Céres était équipée de ses bottes, la dispensant de s'embourber dans ce blancs-manteaux. Pistant les traces laissées durant une bonne demie heure, elle n'avait à présent plus la forteresse en visuel. La difficulté n'était pas tellement là, mais plus par le fait que les traces commençaient à se faire fines, et dispersées. En effet, scindées en deux directions différentes, Céres se trouva confronté à un dilemme. Le voyou était sûrement passé avant ou après une autre personne, mais à présent, dans quel sens serait-il allé ? Nul temps de tergiverser, empruntant alors celles qui paraissaient être les plus récentes.   

Plus elle avançait, plus la jeune femme commençait à se réfréner. Les traces devenaient bien plus creusées. Ce qui signifiait que la neige n'avait eu le temps de le recouvrir, et donc, le propriétaire ne devait se trouver loin de là.

Sa dextre se souleva pour venir replacer sa tignasse derrière son oreille, lui donnant ainsi le champ de vision plus libre. Une mèche rebelle vint cependant à s'en défaire, non loin de perturber sa propriétaire. Continuant son chemin par-delà ses épaules, venant jusqu'à toucher du bout du doigt son arc, Céres sans saisissa et fit descendre son arc jusqu'à sa poitrine. Flèche pointée vers le bas, la féline chasseuse s'avança sur la pointe des pieds. Silencieuse, ses pas feutrés, ses épaules restèrent droite, et son buste ajusté. Le souffle de cette dernière entravé pour ne pas se faire remarquer, son regard ajusté et perçant, elle discerna enfin une silhouette. Un homme, plutôt grand, et à la chevelure correspondante à l'esquisse. Cette fois, elle n'allait le laisser filer. Son bras droit se tend, tirant ainsi sur le tranche fil de son arc. La flèche encochée, branche relevée, son œil gauche sur le viseur, la garde resta à bonne distance de l'individu.

- Je te conseil de ne plus bouger, et de ne tenter aucun mouvement brusque. Releve simplement les mains, et tourne toi vers moi doucement.

Une interpellation, qui sonna sans accros.

Ses jambes droites, légèrement écartées pour lui donner l'aplomb nécessaire. La belle se montra humble et d'une posture noble.

- Si tu obtempères, j'éviterai à ma flèche de s'encocher entre tes deux yeux. Dis-moi où est l'œuf.

   

L'individu semblait obtempérer, venant à progressivement se détourner vers les agencements de la garde. Gardant sa position, ses jambes et ses bras restèrent sans failles dans le maintien qu'elle se donne. L'arc tendu et la flèche en tête vers son objectif, aucun tremblement ne vint à perturber son application. Ses lèvres pincées, son regard perçant, Céres ne relâche pas la moindre intention, son corps de marbre et d'argiles. Ses pupilles mirèrent attentivement les poignes de l'homme, ne détenant aucune arme qui puissent être un danger immédiat. Détaillant l'accoutrement de l'individu, vêtu d'une peau dissimulant toutes attirails pouvant se trouver en dessous. Son bras maintenant toujours le tranche fil et sa flèche déployée, il ne lui suffirait que d'un souffle pour l'encocher droit à son but. Une fois son accoutrement passé en revue, et le visage de l'individu exposé au sien, ses iris le dévisagèrent sans ménagement. Le bord de ses lipes se redressèrent un quart de secondes, non pas dans la provocation d'un sourire, mais d'un léger pincement qui lui fit mouche. C'est étrange, la vieille dame lui avait parlé d'un gars à la gueule de travers... Cependant, l'homme se trouvant face à ses mirettes était plutôt folâtre. Un détail certainement. L'aïeul pouvait souffrir d'une mauvaise vision, lui apportant des détails éronnés. Il était pour l'heure, le principal suspect. L'attitude et les propos de ce dernier ne venaient à lui donner raison pour autant.

Ses épaules figées, l'archère ne défailla pas au-devant de fulminations qui devinrent véritables. Il n'était pas rare que les fautifs se disent innocents ou proie à une aberration. Toujours stationnaire et comminante vers lui, elle acquiesça d'un coup d’œil rapide à sa gauche. Une panthère jouant de ses griffes sur la roche, aux babines entrouvertes pour laisser percevoir une magnifique rangée de crocs. Quelques secondes pour balancer son regard vers la droite, un Laium qui, au même air que l'autre prédateur, était prêt à bondir sur celle qui est pour l'heure sa proie. Il était donc tel homme, à ne pouvoir se faire valoir par lui-même.

Les œillades terminées, elle reprit en lucarne l'individu. Son visage toujours étroitement impassible, ne laissait discerner le moindre signe de tressaillement. Bien qu'au fond, une multitude d'élucubrations se bousculèrent en elle. Techniquement, elle se trouvait en mauvaise posture, mais hors de question de le laisser paraître, et lui donner cet avantage. Les épaules de la jeune femme restèrent droites, elle était assez vigoureuse et bien bâtie pour maintenir cette position un certain laps de temps. Les paroles de l'homme ne furent que de sottises pour certainement venir à la faire douter, et relâcher son intention. Ce à quoi, elle ne répondit que d'un léger souffle. Hormis sa tignasse, Céres n'était porteuse de nulles autres preuves pour prouver sa culpabilité. Mais devant la menace évidente, baisser les armes la première serait à se remettre à un danger imminent.    

- Venir à menacer une garde de la forteresse peut te mener à de gros ennuis, cela ne sera pas sans suites. Si tu te proclames innocent, je te demande de faire stopper ces créatures. À la moindre approche de l'une d'elles, je n'hésiterais pas à tirer, et nous serions deux corps à l'abandon sur cette montagne.

 
Des déclarations solennelles, affûtées et droites. Céres ne se laissa déstabilisé face aux prédateurs. Bien sûr, sa raison lui ordonna de ne faire preuve d'agitations, ou d'avoir un mouvement brusque qui pourrait relâcher les fauves vers elle. Pourtant, une lueur dans son regard sembla jaillir, la jeune femme ayant eu le temps à la perception.

Relevant adroitement les épaules, son arc pointé vers le ciel, la garde le positionna en quelques secondes seulement vers la féline. Rapidement, elle usa de son don, provoquant une annulation abrupte de la gravité pour la créature, venant ainsi à la boucler au sol. Quelques secondes, seulement, avant que son arc se dirigeât cette fois vers le Laium, décochant une malicieuse vers les pattes de ce dernier dans le but de freiner sa course. Céres savait pertinemment qu'elle n'avait aucune chance de réchapper aux crocs de prédateurs, cherchant seulement à gagner de précieuses secondes dans le but de sa manœuvre. N'ayant plus la féline en visuel, son don se désactiverait subitement, et le Laium ne perdit qu'une micro seconde de sa course. C'était toutefois suffisant, pour l'agile demoiselle, de bondir vers l'avant, plaçant son arc d'un mouvement adroit d'épaule pour le mettre dans son dos. Une vélocité et une élégance dans la combinaison de ses gestes, sans compter une dextérité qui la fit parvenir en quelques secondes au pied de l'individu.

D'une gestuelle fluide et précipitée, Céres se redressa près de lui, si ce n'est accolé. Le corps de la femme ne devait être la première chose qu'il perçut, puisque dans la main de cette dernière, était pressée l'une de ses flèches. Une main, comprimée contre la glotte du provocateur. La pointe tranchante sur sa peau, la belle se montra bien déterminée à ne courber l'échine. Le visage relevé vers lui, ses iris aussi perçants que la pointe de sa flèche, elle ne semblait démordre.

- Une nouvelle fois, je te demande de les faire reculer. Si je n'ai nulle chance de m'en sortir, sache que je t'emporte avec moi. Je n'agirais guère à mal contre toi si le premier coup ne me sera porté.

Une dernière sommation. Sera t-elle seulement l’ultime ? Cette manœuvre, était à présent son seul recourt. Pourtant, sa voix ne se montra pas anxieuse ni même fiévreuse par l'instant. Étrangement, elle n'entrait pas non plus dans l’agressivité. Elles étaient plutôt sifflantes, balancées dans un murmure piquant. Une simple mise en garde, face à cet air impassible. Seuls les battements de son cœur, accélérés par l'instant, pouvèrent trahir la pression et la légère angoisse qui s'élèvent en elle.

- Je suis à la poursuite d'un voleur, je ne suis certainement pas la complice de qui que ce soit. Au tel cas, je n'aurais besoin de personne. Si tu dis ne pas être celui que je recherche, que fais tu là ?  

 

Les crocs luisants des deux prédateurs, ne lui laissèrent guère le choix que d'emprunter la voie d'une manœuvre périlleuse. Ne connaissant les intentions ni la fourberie de l'homme face à elle, la garde se risqua dans la précarité avec espoir de sauver sa chaire. Son corps ne tremble pas, son regard persiste, sa main maintenant la lame en pression sur sa jugulaire n'oscille pas. Bien qu'au fond d'elle, il en était une toute autre position. Anxieuse, Céres craignait une attaque des créatures qui ne pourraient sans aucun mal, tenailler cette proie entre leurs griffes. Fierté prônant chez elle, il n'était pas question démettre le moindre signe d'abandon face à lui. L'individu s'abstient de mouvement brusque, probablement dans l'espoir d'affranchir sa "jolie gueule", comme il la nommait. Mais peut-être persistait-il aussi à la rassurer, et affranchir les intentions à son encontre ? La mécanique atténuée et saccadée de ses mouvements, lui valut une présomption minutieuse de la jeune femme, le laissant relever sa dextre et se saisir des dites plaques enjolivant sa nuque.

- Crois-moi, je ne suis pas certaine que tu apprécierais sentir ma lame sur une autre partie de ton anatomie. Siffla-t-elle.

Le menton toujours relevé vers l'individu, son regard s'abaissa sur le poitrail de ce dernier, rutilant par les plaques approuvant ses dires. Ne prenant réellement le temps de les transcrire pour éviter de perdre du temps, reconnaissant d'un premier coup d’œil les insignes. Un gage, qui semblait apaiser la garde, venant à décliner la pression de sa lame. Jusqu'à finalement, l'ôter de la trachée et du léger sillon occasionné par la caresse de la vicieuse. Sans éprouver une pénitence, son regard revint vers celui de l'aventurier, sans nulle conscience des menaces qu'elle venait de lui prôner. Elle n'allait s'acquitter de s’être ainsi montrée méfiante, tout comme lui à priori. Toutefois, dans un signe d'apaisement, elle rengaina sa flèche dans son petit carquois dorsale. Un léger soupir vint à courber ses épaules, qui s'affaissèrent dans un stigmate d'armistice.    

- En effet, la description donnée concorde avec la tienne, à quelques détails près. Sa voix se fit plus douce, tout aussi froide, mais sans le tranchant et la raideur précédente.

L'auteur des faits ne semblait avoir un physique des plus avantageux, contrairement à l'aventurier que l'on ne peut nier, avait de quoi parader fièrement. Un détail que Céres se gardait bien de lui mentionner, ne voulant que se paon se pavane sous ses éloges, et encore moins qu'il ne s'y méprenne. Venant d'ailleurs, à s'éconduire de quelques pas, pour se dégager de cette proximité douteuse. Lui permettant une meilleure clarté sur le visuel de son interlocuteur, au regard pourpre et à la chevelure azurée. Un minois relativement marqué par une cicatrice qui lui apportait un certain prestige. Il semblerait que cette crapule soit du genre à s'attirer certains désagréments. Encore heureux qu'elle se soit immobilisée avant de lui en assigner une seconde.

- Il semblerait qu'il ait dérobé un œuf de familier. Je suppose que pour que cette dame se trouve être dans cet état, il ne s'agit pas seulement d'un Gloot. Bien qu'au tel cas, ça ne justifierait toutefois pas un vol. Même si je dois avouer que je ne serais des plus ravies de crapahuter des heures, durant mon jour de repos, pour ça... Ces dernières paroles se firent dans l'affaiblissement de sa voix, s'éloquant plus à sa propre personne.

Le buste de la belle pivota alors vers les deux créatures qu'elle n'avait omises durant ce temps. Bien que sa garde c'était amoindrie, elle gardait une oreille attentive sur le souffle de ces dernières, et surtout sur leur proximité. Son esprit encore tiraillé par la confiance qu'elle pouvait accorder, et la défiance de se retrouver seule avec cet inconnu, et ses subordonnées aux armes fatales. Il était peut-être un peu tôt pour qu'elle relâche les armes, et se montre ainsi vulnérable. Le fait qu'il soit aventurier, ne signifie pas une bonne fois imparable... Certes. Mais il semble évident que la description ne concorde avec ce dernier, et la perte de temps devenait bien trop importante à présent. Le temps de cette altercation, donnait un avantage au véritable voyou. Et l'ancienne comptait bien trop sur ses deux braves pour retrouver le bien qu'il lui fut dérobé. Elle devait être dans un bien bel état, entre l'affolement et l'agitation sûrement trop dramatique pour une vieille dame. De nature honnête et bienveillante malgré les apparences, Céres ne pouvait laisser l'ancienne dans un état délaissé.    

Sans incommodité, elle passa aux côtés de l'aventurier, frôlant cette épaule contre laquelle elle c'était freiné il y a peu. Faisant ainsi mine de continuer sa route sans se soucier de lui, ni même de ce qu'il venait de se dérouler. Quelques pas, quelques mètres avant qu'elle ne se freine en gardant son regard sur l'horizon que ses pupilles détaillèrent avec soin. D'une posture toujours noble et cavalière, son visage pivota de nouveau vers l'aventurier. Les traits de son visage plus détendu, ses lèvres pincées envolées, le froncement de son sourcil égaré, laissèrent place à un minois plus serein. Toutefois, la préoccupation restait lisible sur sa petite mine, gardant toujours en tête qu'elle n'avait réussi à mettre la main sur le brigand.

- Et bien, qu'attends-tu ? La nuit tombe vite sur la montagne, mieux vaut-il le retrouver avant. Au risque de perdre définitivement sa trace. Sans gène, la belle se montra directive en lui intimant de la suivre d'un léger mouvement de tête. Tu as bien dit que tu tenais sa trace avant que je n'intervienne, tu devrais donc pouvoir la retrouver ?

Ne serait-ce pas une légère prémisse d'un sourire sur le coin de ses lèvres ? Bien qu'en l'état, ce ne soient certainement pas la gratification et la satisfaction de l'instant. Il était plus là, d'une provocation, d'un défi qu'elle lui somme de relever pour parvenir à retracer le brigand. Puisqu'il se disait à la poursuite de ce dernier, et en plus de cela, aventurier, il serait donc en capacité de le faire sans encombre ?  

L'aventurier s'apprivoisa fin limier pour retrouver la trace du larron, ne percutant sur le soupir consternant de la brune quant à la remarque de ce dernier. Serait-il déjà en train de chiner des excuses, si sa capacité à suivre les traces se révélait être inefficace ? Les hommes... Toujours à se chercher des justifications pour épiloguer leurs faux-fuyants. L'altercation qu'ils venaient d'avoir avait bon dos, tandis que la garde se tardait à démontrer son désappointement. Seuls ses doigts décelèrent ce sentiment, venant à tapoter sur ses bras croisés en attendant l'investigation en cours. Quelques secondes, seulement, avant qu'une direction soit enfin énoncée au même moment où le beau diable s'élança sans guetter que la garde le suive. Une attitude qui ne fit réellement mouche, puisqu'elle-même est de nature à agir sans trop se préoccuper de ceux qu'elle ne connait guère. Le simple fait qu'il veuille lui aussi mettre la main sur le voleur, lui suffisait. N'oubliant pas de constater sa petite remarque quant à son aversion envers ce genre de voyou. Au vu des bestioles qui le suivent, il devait s'agir là d'un amoureux de la faune. Une attitude qui laisse toutefois à se questionner quant aux humains qu'il peut rencontrer... Même s'il est vrai, qu'avec l'accueil offert par la brune, il n'allait lui faire des courbettes.

D'un pas léger et aérien, Céres suivit l'inconnu dans une traque aux larcins. Lui, dans le but de laver son honneur, elle, dans le cadre de ses fonctions et bien aussi décidée de faire payer l'affront de la châtier durant son jour de repos.

- Les cachettes sont multiples ici, tout comme les créatures qui vivent dans les environs. S'il a autant d'assurance sur son parcours, c'est qu'il doit connaître les lieux, et donc les planques accessibles. Il n'est probablement pas à son premier vol.

   

Cette mission improvisée ne lui avait permis de prendre les bagages nécessaires à une virée dans les montagnes. Ses vêtements n'étaient vraiment convenables pour une escapade dans les hauts monts, heureusement que la saison n'était polaire. Même s'il y avait une légère fraîcheur qui allait s'accentuer au fur et à mesure de leur avancée, la brune n'était d'un genre frileuse. L’adrénaline de l'instant, sa concentration poussée pour retrouver le brigand, lui firent négliger sa propre capacité d'affronter le climat. Avançant à bonne allure, son épiderme ne paraissait souffrir de la morsure du froid. Ses lèvres rosées, sa peau nacrée, n'offrir la prémisse d'une apparence bleutée par le froid. Leur proie n'était elle aussi des plus apprêtées pour rivaliser contre une température trop en baisse, cela laisse donc espérer qu'il ne comptait trop s'enfoncer dans la montagne. Une pensée, qui vint à faire bondir légèrement sa caboche. Non. Il n'allait pas naviguer jusqu'à s'en congeler les orteils sur les monts enneigés.

D'un réflexe presque naturel, la brune releva son bras devant le buste de l'aventurier, senestre relevée, pour ainsi le faire stopper net.

- Puisque tu le dis... Il y a en effet un lieu qui me vient en tête. Il semblerait que la direction qu'il emprunte, converge vers une grotte, qui est assez connue par ce genre de resquilleur. Il est facile de s'y perdre, ses galeries sont multiples. Ils s'en servent pour semer leurs poursuivants, et aussi avancer dans les montagnes plus aisément. Certains prétendent même que ce corridor change à chaque passage.

 

A l'énoncée de sa dernière phrase, la garde indiqua la direction supposée, du bout de son doigt ganté. Certaine de l'itinéraire, ses pas se firent plus pressés, voire légèrement empressés pour espérer gagner du terrain. Bien que le chemin se faisait en ascension, son entraînement, lui permit de maintenir un rythme sans faiblir malgré la pression qui commençait à s'accentuer. Habituée à l'altitude, l'oxygène plus faible qu'en amont n'était guère un souci pour elle. Heureusement, le bellâtre qui la suit paraissait lui aussi endurci et exercé, il ne devrait donc avoir du mal dans ces conditions. Bien que la brune ne déploya aucun signal prévenant et cordial à son encontre, elle ne peut nier qu'une partie d'elle fut bien heureuse d'avoir un partenaire à ses côtés. Même s'il y a peu, elle était menaçante et grondante... Un détail. Ce grand gaillard allait s'en remettre, il n'était certainement pas à sa première bravade. L'handicap dissimulé de la garde, ainsi que son appréhension du terrain, espérés bien qu'il ne venait à se dégonfler et à la laisser devant la grotte au moment venu. Ces deux défaillances ne lui permettaient pas d'agir seule, sans se mettre en péril. Une raison pour laquelle, elle l'avait doucement défié de la suivre.  

- Je ne peux nier avoir été prise au dépourvu aujourd'hui, mais je suppose qu'un aventurier a toujours ce qu'il faut sur lui pour ce genre d'évènement ? Une question qui dans le ton donné, n'en était réellement une.

Arrivés sur le seuil de la grotte. Les iris de la brune se tardèrent à l'intérieur de l'antre. Sombre. Humide. Et pour l’instant aucun signe du malfrat, il devait déjà s'y être bien enfoncé. La belle fit quelque pas en avant, observant la cavité qui ne semblait offrir de piège dissimulé. L'homme qu'il poursuive n'était pas finaud au point de piéger l'entrée et ainsi couvrir ses traces. Tournoyant sa tête vers l'azuré, le questionnant du regard quant à son attirail. Il devait bien avoir de quoi s'équiper ? Au tel cas, leur avancée risquait d'être des plus complexes avec cet obstacle en plus. Déjà qu'elle n'était dotée d'une ouïe fiable, si la vue venait à lui manquer elle se trouverait discréditée.