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[Défi RP] Remonter à la source
Bel'EcailleCompte PNJ
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À quelques jours de la fin de la deuxième lune de la saison chaude, les festivités continuent de battre leur plein aux quatre coins du Royaume. Bien que les températures semblent plus clémentes au nord, de nombreuses activités sur le thème de l’eau ont été organisées pour se rafraîchir ! Il y a de tout et pour tous les âges.
Vous vous baladez, chacun de votre côté et vous remarquez rapidement qu’un détail cloche…
L’eau qui est utilisée pour alimenter les différentes activités est prélevée directement depuis la source de la montagne et il n’y en a plus ! La journée ne peut pas se dérouler comme ce qui été prévu à la base !
Que se passe-t-il ? Est-ce l'œuvre d’un petit plaisantin ou d’une créature bien plus sournoise ? Ni une, ni deux, vous faites partie d’un petit groupe qui veut enquêter sur ce qu’il se passe et, si possible, résoudre le problème. Enfin non. Pas « si possible », vous devez résoudre le problème. Tout le monde compte sur vous !
Participants : @Céres Corydalis et @Zéphyr Seleny
Thème actuel : Jeux aquatiques
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Succès : ![[Défi RP] Remonter à la source FFXnyYu](https://i.imgur.com/fFXnyYu.png)
Cristaux : 1531MESSAGES : 78COULEUR : #Céres CorydalisLa Garde
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Étrange. Céres était pourtant certaine que le lit de la rivière se trouvait non loin de sa position... Pourtant, elle ne perçut aucun son, aucun clapotis de l'eau ni même la douce mélodie du fleuve affluant dans sa tranchée. Impossible qu'elle ait pu se tromper de chemin, native des montagnes, cela serait bien trop humiliant que de se l'avouer. Déconcertée, la garde quitta le sentier, foulant branches et buissons, pour rejoindre ce qui devait être la rivière dévalant la montagne jusqu'au village. Ses mains écartèrent quelques branches sur son passage, ne manquant pas de l'écorcher de temps à autre par l’effrontément de son passage. Son regard, perçant, détailla et chercha un quelconque détail qui pourrait la mettre sur la piste. Une petite embouchure vint à la faire quelque peu vaciller, et stopper son avancée. La terre était creusée tout en long, nul doute, il s'agissait bien du lit du petit fleuve. Un lit, pourtant complétement à sec. Les jambes de la garde s'accroupirent pour lui permettre de poser sa senestre sur le sol, attrapant une poignée de terre encore humide et fraiche. Son esprit en déduis que l'eau devait avoir disparut depuis peu, d'autant plus que l'on pouvait encore percevoir quelques amas d'eau encore présentes dans les creux formés par le sol. Des flaques parfois enfoncées, devenant la pénitence de certains petits poissons qui n'auront eu la chance de suivre le court de l'eau.
Un incident bien fâcheux, compte tenu du fait que les festivités ne pourront avoir lieu sans la présence de la source. Peut-être que ses collègues auraient eu vent de quelque chose, ou que cela est pu être provoqué consciemment et pour une raison solvable ? En tous les cas, aucune assignation ne lui avait été confiée concernant ce fait. C'est donc sciemment que Cérès commença à se détourner de cette énigme, mais fut rapidement interpellée par une voix affûtée.
- Madame la garde ! Madame la garde ! Youhou !
Une tête blonde, encadrée par deux grandes couettes considérables furent les premiers éléments qui l'interpellèrent sur la personne en approche. Une tunique rose poudrée, des chaussures à talonnettes qui embourbèrent la malheureuse à chacun de ses pas, tandis que sa petite main gantée s'agiter au-dessus de sa caboche pour interpeller la grande brune. Durant un millième de seconde, Cérès se complaît à s'imaginer partir rapidement avant qu'elle ne soit rejointe par cette bambine qui n'avait certainement pas l'accoutrement pour s'aventurer dans de tels lieus. Une bambine... Qui au fur et à mesure de son approche, révèle des traits bien plus matures sur son visage. Qu'est ce que c'est sur ça encore... Un sourcil arqué, une main sur sa hanche, la garde laissa individu venir jusqu'à elle, se montrant toutefois peut prompte à prendre au sérieux la miss bonbon.
La tête blonde se stoppa à quelques mètres de Cérès, posant ses mains sur ses genoux, et prenant une grande inspiration. Cette fois, elle en était certaine, cette dame n'avait rien d'une gamine, du moins... Tout sauf sa tenue. Le minois de cette dernière se redressa vers la garde, essoufflée, les joues cramoisies par la suée.- Ouf. Pas facile de grappiller. Vous aussi vous avez remarqué que l'eau a disparu ? Je viens du village, on m'a confié d'aller voir ce qu'il se passe. Je pensais tomber rapidement sur le problème, mais ça semble venir d'encore plus loin... Peut-être pourriez-vous m'aider ?
Placide et modérée, les traits du visage de Céres ne manquèrent toutefois pas de s'accentuer devant une certaine déconcentration de sa part. Qui avait eu la merveilleuse idée que d'envoyer cette inepte pour résoudre un problème de cette envergure ? Sa dextre se dressa près de son visage, tapotant doucement son front de l'un de ses doigts. Tannée, la garde avait parfaitement conscience qu'elle ne pouvait laisser miss bonbon seule dans les montagnes. Non pas que le sort de cette dernière pourrait lui être égale, mais sa conscience professionnelle viendrait à la contrarier si elle se détourne. Qui plus est, les festivités de tout un village seront mis en cause si le problème ne venait à être réglé.- Bien. Mais on fait les choses à ma façon. Je ne veux entendre aucune jérémiade, et la cadence doit être active.
Ne laissant un temps d'approbation, Céres se détourna et entama une marche vers l'amont de la source. Elle ne pouvait être que certaine que la miss la talonne, l'entendant la succéder dans un souffle haletant.
lumos maxima
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Succès : Cristaux : 1211MESSAGES : 45COULEUR : #InvitéInvité
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Ce fut à l’occasion d’un détour, sur ma route longeant les éminents remparts de Forteresse, que j’eus l’occasion de chômer en milieu d’après-midi au sein d’une auberge reculée. Du moins, tel était le plan : arriver avant la tombée de la nuit, profiter des longues journées de la saison chaude pour faire un brin de cueillette, prendre un bain chaud, un repas et repartir le lendemain aux aurores.
Les environs m’avaient été vendus comme de grandes surfaces boisées, progressivement en côte à mesure que l’on gravis la montagne, dont le pic n’était guère loin. Un brin de féérie, principalement grâce à sa faune, celle dans ce secteur-ci étant relativement pacifiste, aussi longtemps que l’on ne lui cherchait des problèmes. Un brin de magie en écoutant le courant dévaler à une quarantaine de mètres du sentier, en observant les cervidés s’abreuver de son eau.
Autant dire que mes expectations furent navrées d’en constater la parfaite absence. D’eau comme de cervidés. Et mon détour à l’auberge que je comptais fréquenter, m’avait renseigné sur les tenants et aboutissants de cette situation. La rivière, prenant sa source au creux de la montagne, s’était tarit. Par extension, les bêtes sauvages s’étaient éloignées de ce sentier de balade, à la recherche d’un nouvel endroit pour épancher leur soif. Compulsivement, je tâte ma gourde, laissant balloter sa demi-contenance à une sangle reliant ma besace. J’aurais aimé pouvoir en renouveler le contenu. Et lorsque j’allais argumenter qu’ils auraient pu user de la neige sur le flanc des monts, je fus bien assez vite avisé qu’il s’agirait là d’une mauvaise idée, ce pourquoi je n’avais pas cherché à plus argumenter. Peut-être un problème de qualité, ou de magie, que sais-je.
C’est avec la perspective qu’aucun bain réconfortant ne m’attendrait ce soir que je demandais la direction la plus courte pour rejoindre la source. Après tout, même sans assignation officielle de la guilde, je reste un aventurier. Et je ne serais certainement pas le seul à me réjouir d’un retour du courant – si donné que j’arrive à trouver la raison de son absence.
Regagner le sentier, longer le lit de la rivière jusqu’à son premier fossé, creusé par une cascade que je suppose asséchée. Contourner la corniche par l’Est, en empruntant un passage sculpté à-même la roche par d’anciens villageois pour joindre sa source, qui se trouverait à une heure de marche en amont. L’aubergiste m’enquit également de rester sur mes gardes à l’approche de ladite source, car si cette partie-là de la forêt était plutôt paisible, l’approche des monts, elle, était le territoire d’herbivores plus massifs, plus dodus, plus gras. Et donc, des proies idéales aux prédateurs ayant fui les traces de civilisation humaine.
Après avoir emprunté une couverture chaude à ce brave homme et l’ayant enrichi de quelques pièces pour une coquette ration, je me dirige donc en suivant ses indications, mastiquant un bout de viande séchée aux épices relevées. D’après ses conseils, ça m’aiderait à préserver ma chaleur corporelle lors de mon ascension.
Je m’écarte alors du semblant de clairière, dont un trait de fumée blanche s’élevait de son centre et m’avait déjà servi de point de repère pour trouver l’auberge. A plusieurs centaines de mètres, le sentier se scinde en deux – en trois si l’on compte l’endroit d’où je viens. A gauche vers les pics, à droite vers les plaines. Je me dirige vers celui qui me guidera aux sommets. Périodiquement, je lance un regard sur ma droite, décris la raie formée entre deux rangées d’arbres, large de quelques mètres. Le lit de la rivière, sans même avoir à l’approcher, était de toute évidence asséché. Et son seul clapotis était celui d’animaux grattant sa terre molle, après avoir passé la couche de graviers, désespérément à la recherche de gouttelettes rescapées.
Cette information, celle de l’assèchement général, fut confirmée, comme si elle en avait encore besoin, lorsque plus haut, un ponton en pierre enjambant un défluent avait les pieds secs. En observant le lit creuser dans la terre pour rejoindre la direction approximative de l’auberge, je pris meilleure conscience des effets qu’aurait une telle pénurie. Car je n’avais encore rencontré qu’un cas isolé, sûrement, d’autres personnes souffraient de cette crise. Je redouble donc d’effort dans mon escalade, approchant bientôt, d’après les indications de mon guide lointain, du point où se trouve la cascade. Et j’y vis deux silhouettes emprunter la même promenade, avançant à une allure modérée, comme si le temps les pressaient, eux aussi. L’une avait l’air extravagante, l’autre sévère. Drôle de contraste, mais passons. Ma présence n’était pas passée inaperçue, elle non plus.
« - Madame la garde, je crois qu’on est suivies ! »
Une voix fluette, presque trop enfantine et allant à merveille à son personnage. Elle en revanche, n’allait pas à son environnement, on la remarquait à des kilomètres, dans son accoutrement rose, au milieu des couleurs ternes du flanc de montagne. Après avoir eu droit à un échange de regard, j’approche en sortant les mains de sous ma cape, grandes ouvertes aux côtés de ma tête, mon épée bien rangée dans son fourreau à ma taille. Je ne cherchais pas spécialement à la dissimuler, ceci dit.
« - Mesdames, bonjour. Je m’appelle Zéphyr, aventurier, je sors les plaques qui en attestent en tirant sur la chaîne autour de mon cou, je suis venu enquêter sur la disparition du courant. »
J’offre un sourire amical, vigilant à ne laisser passer aucune – autant que possible – impression qui pourrait véhiculer de mauvaises idées sur mes intentions. Car j’aimerais profiter d’avoir engagé le dialogue pour leur tirer quelques réponses, dans la mesure du possible.
« - Vous êtes du coin ? Car moi, non. Je me demande depuis combien de temps le courant s’est tarit, ici ... peut-être sauriez-vous me renseigner d’une quelconque manière ? »
Les environs m’avaient été vendus comme de grandes surfaces boisées, progressivement en côte à mesure que l’on gravis la montagne, dont le pic n’était guère loin. Un brin de féérie, principalement grâce à sa faune, celle dans ce secteur-ci étant relativement pacifiste, aussi longtemps que l’on ne lui cherchait des problèmes. Un brin de magie en écoutant le courant dévaler à une quarantaine de mètres du sentier, en observant les cervidés s’abreuver de son eau.
Autant dire que mes expectations furent navrées d’en constater la parfaite absence. D’eau comme de cervidés. Et mon détour à l’auberge que je comptais fréquenter, m’avait renseigné sur les tenants et aboutissants de cette situation. La rivière, prenant sa source au creux de la montagne, s’était tarit. Par extension, les bêtes sauvages s’étaient éloignées de ce sentier de balade, à la recherche d’un nouvel endroit pour épancher leur soif. Compulsivement, je tâte ma gourde, laissant balloter sa demi-contenance à une sangle reliant ma besace. J’aurais aimé pouvoir en renouveler le contenu. Et lorsque j’allais argumenter qu’ils auraient pu user de la neige sur le flanc des monts, je fus bien assez vite avisé qu’il s’agirait là d’une mauvaise idée, ce pourquoi je n’avais pas cherché à plus argumenter. Peut-être un problème de qualité, ou de magie, que sais-je.
C’est avec la perspective qu’aucun bain réconfortant ne m’attendrait ce soir que je demandais la direction la plus courte pour rejoindre la source. Après tout, même sans assignation officielle de la guilde, je reste un aventurier. Et je ne serais certainement pas le seul à me réjouir d’un retour du courant – si donné que j’arrive à trouver la raison de son absence.
Regagner le sentier, longer le lit de la rivière jusqu’à son premier fossé, creusé par une cascade que je suppose asséchée. Contourner la corniche par l’Est, en empruntant un passage sculpté à-même la roche par d’anciens villageois pour joindre sa source, qui se trouverait à une heure de marche en amont. L’aubergiste m’enquit également de rester sur mes gardes à l’approche de ladite source, car si cette partie-là de la forêt était plutôt paisible, l’approche des monts, elle, était le territoire d’herbivores plus massifs, plus dodus, plus gras. Et donc, des proies idéales aux prédateurs ayant fui les traces de civilisation humaine.
Après avoir emprunté une couverture chaude à ce brave homme et l’ayant enrichi de quelques pièces pour une coquette ration, je me dirige donc en suivant ses indications, mastiquant un bout de viande séchée aux épices relevées. D’après ses conseils, ça m’aiderait à préserver ma chaleur corporelle lors de mon ascension.
Je m’écarte alors du semblant de clairière, dont un trait de fumée blanche s’élevait de son centre et m’avait déjà servi de point de repère pour trouver l’auberge. A plusieurs centaines de mètres, le sentier se scinde en deux – en trois si l’on compte l’endroit d’où je viens. A gauche vers les pics, à droite vers les plaines. Je me dirige vers celui qui me guidera aux sommets. Périodiquement, je lance un regard sur ma droite, décris la raie formée entre deux rangées d’arbres, large de quelques mètres. Le lit de la rivière, sans même avoir à l’approcher, était de toute évidence asséché. Et son seul clapotis était celui d’animaux grattant sa terre molle, après avoir passé la couche de graviers, désespérément à la recherche de gouttelettes rescapées.
Cette information, celle de l’assèchement général, fut confirmée, comme si elle en avait encore besoin, lorsque plus haut, un ponton en pierre enjambant un défluent avait les pieds secs. En observant le lit creuser dans la terre pour rejoindre la direction approximative de l’auberge, je pris meilleure conscience des effets qu’aurait une telle pénurie. Car je n’avais encore rencontré qu’un cas isolé, sûrement, d’autres personnes souffraient de cette crise. Je redouble donc d’effort dans mon escalade, approchant bientôt, d’après les indications de mon guide lointain, du point où se trouve la cascade. Et j’y vis deux silhouettes emprunter la même promenade, avançant à une allure modérée, comme si le temps les pressaient, eux aussi. L’une avait l’air extravagante, l’autre sévère. Drôle de contraste, mais passons. Ma présence n’était pas passée inaperçue, elle non plus.
« - Madame la garde, je crois qu’on est suivies ! »
Une voix fluette, presque trop enfantine et allant à merveille à son personnage. Elle en revanche, n’allait pas à son environnement, on la remarquait à des kilomètres, dans son accoutrement rose, au milieu des couleurs ternes du flanc de montagne. Après avoir eu droit à un échange de regard, j’approche en sortant les mains de sous ma cape, grandes ouvertes aux côtés de ma tête, mon épée bien rangée dans son fourreau à ma taille. Je ne cherchais pas spécialement à la dissimuler, ceci dit.
« - Mesdames, bonjour. Je m’appelle Zéphyr, aventurier, je sors les plaques qui en attestent en tirant sur la chaîne autour de mon cou, je suis venu enquêter sur la disparition du courant. »
J’offre un sourire amical, vigilant à ne laisser passer aucune – autant que possible – impression qui pourrait véhiculer de mauvaises idées sur mes intentions. Car j’aimerais profiter d’avoir engagé le dialogue pour leur tirer quelques réponses, dans la mesure du possible.
« - Vous êtes du coin ? Car moi, non. Je me demande depuis combien de temps le courant s’est tarit, ici ... peut-être sauriez-vous me renseigner d’une quelconque manière ? »
Céres CorydalisLa Garde
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A l'approche de l'étranger, les appuis de la garde prirent d'instinct une posture prudente. Enroulant ses épaules vers l'arrière pour rehausser son buste, son intention se tarde sur la présentation de ce dernier. Une attitude placide et paisible, Céres s'arrangeant d'un regard fuyant sur les armes de l'homme.
Le regard de la garde dans le vide, ne put contenir un certain rehaussement. D'apparence, il était plutôt évident que cette charmante demoiselle était quelque peu... Ingénue. C'était à ce demander la raison de sa présence ici... Les habitants de ce village, comptaient-ils réellement sur la candide pour faire revenir la source ? Une pointe légère de sa tempe battante, la brune ne laissa pour autant rien paraître, si ce n'est une légère élévation pincée de la commissure de ses lèvres. Bras croisés, d'une posture aristocrate, son regard se biaisa à son tour sur l'étrange personnage qui venait de les rejoindre.
Une réponse courte, et assez abrégée pour la situation. Sans pour autant se montrer désinvolte ni même austère, Cérès prit le relais de la conversation d'un ton calme et détaché. Ses bras se dénouant, ses mains trouvèrent appui sur les abords de ses hanches.
Accompagnant ses paroles d'un geste souple de sa main gantée se relevant, pour donner la direction de l'amont de la montagne.
Ne serait-ce pas une manière des plus subtile, que de s'assurer un bout de chemin sans être reclus avec Miss Guimauve ? Bien que la garde soit plutôt d'un penchant solitaire, une présence éclairée et un minime adroite à ses côtés pouvait être appréciable. Bien que... la méfiance est de mise. Ce jeune homme, aussi compétent, semble-t-il paraître, pouvait tout aussi bien n'être qu'un ignorant et nigaud personnage. Après tout, il payait peu de mines avec cette tignasse hirsute et son air contrit. Être revêtu du blason de la guilde, ne voulait dire qu'il en était gratifié. Après tout, ils accueillaient n'importe qui au sein de leur rang, leur sélection est assez moindre...
Sans plus de fioritures, la garde prit de nouveau la proue de la marche, continuant de sillonner la rivière asséchée. Pourtant, un léger détail semble l'interpeller, venant alors à s'accroupir vers le sol. Le bout de ses doigts caressa un mince filet d'eau, tentant vainement de continuer sa course dans son lit. Dans sa réflexion, un léger pincement de la langue marqua sa joue. Son buste pivota vers ses deux acolytes, faisant vaciller une mèche rebelle que sa dextre apprivoisa d'un mouvement fluide.
Au moins, l’espoir n'était pas vain.
- Ho, bien le bonjour à vous Monsieur Aventurier ! Vous tombez bien, nous nous lancions nous aussi à la poursuite de ce mystère !
Le regard de la garde dans le vide, ne put contenir un certain rehaussement. D'apparence, il était plutôt évident que cette charmante demoiselle était quelque peu... Ingénue. C'était à ce demander la raison de sa présence ici... Les habitants de ce village, comptaient-ils réellement sur la candide pour faire revenir la source ? Une pointe légère de sa tempe battante, la brune ne laissa pour autant rien paraître, si ce n'est une légère élévation pincée de la commissure de ses lèvres. Bras croisés, d'une posture aristocrate, son regard se biaisa à son tour sur l'étrange personnage qui venait de les rejoindre.
- Je suis Miss Charlotte Gravlas, vous pouvez m’appeler Lotte. Et voici...
- Cérès, garde à la Forteresse. Siffla t-elle à demie mot.
Une réponse courte, et assez abrégée pour la situation. Sans pour autant se montrer désinvolte ni même austère, Cérès prit le relais de la conversation d'un ton calme et détaché. Ses bras se dénouant, ses mains trouvèrent appui sur les abords de ses hanches.
- Nous n'en savons pas plus pour le moment sur ce phénomène, mais une chose est sûre, des complications risquent de s'accentuer si nous n'en trouvons pas l'origine. En remontant le lit de la rivière, nous espérons trouver ce qui cloche. La tonalité était plus haute, mais le ton à la fois adoucit.
Accompagnant ses paroles d'un geste souple de sa main gantée se relevant, pour donner la direction de l'amont de la montagne.
- L'expérience et le savoir d'un aventurier peuvent nous être favorables. Puisque la question semble aussi vous affecter, je vous invite à nous rejoindre.
Ne serait-ce pas une manière des plus subtile, que de s'assurer un bout de chemin sans être reclus avec Miss Guimauve ? Bien que la garde soit plutôt d'un penchant solitaire, une présence éclairée et un minime adroite à ses côtés pouvait être appréciable. Bien que... la méfiance est de mise. Ce jeune homme, aussi compétent, semble-t-il paraître, pouvait tout aussi bien n'être qu'un ignorant et nigaud personnage. Après tout, il payait peu de mines avec cette tignasse hirsute et son air contrit. Être revêtu du blason de la guilde, ne voulait dire qu'il en était gratifié. Après tout, ils accueillaient n'importe qui au sein de leur rang, leur sélection est assez moindre...
Sans plus de fioritures, la garde prit de nouveau la proue de la marche, continuant de sillonner la rivière asséchée. Pourtant, un léger détail semble l'interpeller, venant alors à s'accroupir vers le sol. Le bout de ses doigts caressa un mince filet d'eau, tentant vainement de continuer sa course dans son lit. Dans sa réflexion, un léger pincement de la langue marqua sa joue. Son buste pivota vers ses deux acolytes, faisant vaciller une mèche rebelle que sa dextre apprivoisa d'un mouvement fluide.
- L'eau n'a pas disparu, mais quelque chose semble la contenir, ou l’empêcher de jaillir à flot. Concluat-elle dans un demi-sourire.
Au moins, l’espoir n'était pas vain.
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Si ma dernière question n’avait suscité aucune réponse qui aurait satisfait ma curiosité ou aiguiller plus personnellement mes recherches, j’eus au moins droit à deux visages et des noms à y coller. Nous avions Charlotte Gravlas, que j’appellerais familièrement Lotte selon sa demande. L’air d’une petite noble, ou d’une jeune fille extravagante, un bonbon à l’attitude sucrée, à tel point que l’on aurait dit une caricature. Pas méchante d’apparence, peut-être simplette, mais ne jugeons pas le livre sur sa couverture. Extravagante tout du moins, était un adjectif qui lui allait à merveille. L’autre, Céres, était comme la nuit à côté du jour. Son ton étant bien moins chantant, plutôt direct et peu accommodant. Lorsqu’elle dénomma sa fonction, juste après son prénom, un raccourci se fit dans ma tête, entre l’image des gardes voulue plutôt stricte et l’air sérieux de la demoiselle. C’était certes un stéréotype, mais il était appliqué en l’occurrence. Bien qu’elle non plus, ne semblait pas avoir un mauvais fond.
« - Enchanté, Lotte, Céres. Ma foi, la perspective d’élucider un mystère à plusieurs me semble tout à fait sympathique. Je ferais de mon mieux pour vous guider. »
Bon, j’évite de mentionner qu’à défaut des cols, je suis plutôt un habitué des pieds de montagne. Mon village natal en était bordé, s’y échelonnait partiellement et si le climat d’ici à là-bas n’était pas drastiquement opposé, je ne pouvais prétendre connaître ces forêts comme ma poche. Mais j’ai confiance en mon sens de l’orientation. Après tout, il m’a déjà guidé sans encombre jusqu’ici , alors c’est qu’il n’est pas si mauvais que ça !
Ce fut Céres, qui releva le premier changement dans notre environnement à mesure que la pente s’escarpait. Un fin filet d’eau persistait dans le lit du courant. J’approche pour constater les faits et en imitant son geste, légèrement en amont, j’émet une supposition.
« - Il doit y avoir une cascade tout proche d’ici. Mais elle doit s’être complètement asséchée également, sinon le débit ici serait plus important. A moins qu’il n’ait été dévié plus haut ... mais même dans ce cas, on ne l’entend pas. Je crains que l’on ait un peu d’escalade à faire. »
Je me tourne spontanément vers la petite rose, ne doutant nullement des compétences de la garde.
« - Ça ira pour vous, Lotte ? Vous ne semblez pas être dans la tenue adéquat pour ce genre d’épreuve.
- Nulle crainte à avoir Monsieur Aventurier ! Je n’aurais qu’à utiliser mon pouvoir ! »
Et elle se mit à léviter à quelques centimètres du sol.
« - Cependant, je ne pourrais pas vous emmener ... il faudra vous trouver une autre manière de grimper !
- Pas de soucis de mon côté. Tout ira bien pour vous, Céres ? »
Car valait mieux prévenir que guérir, maintenant que ma plus grande inquiétude avait été écartée. Mais à décrire la silhouette de la brune et son accoutrement plutôt léger pour un garde en fonction, je ne doutais qu’il lui permettrait certainement de se débrouiller sans grande difficulté. Et dans le doute ...
« - Tenez, Lotte. Pouvez-vous attacher fermement ceci à un arbre robuste, en haut de la cascade ? Une sécurité de plus ne nous fera aucun mal et si ce n’est abuser de votre gentillesse, je vous saurais fort gré !
- Bien sûr, je m’en occupe ! »
Et après avoir tiré plusieurs mètres de corde de mon sac de voyage, je lui remet le bien et veille à ne pas lever la tête pendant qu’elle vole. On ne voulait pas se donner des aperçus regrettables, ni s’accorder la réprobation de la garde. Garde que je fixe avec toute la bonne volonté du monde, ce qui devait lui donner une image bizarre, probablement. Mais au moins, pas d’œillade déplacée ! Danger endigué.
Lorsqu’on reçu un signal de Lotte, une corde dévala le pan du mur, trop courte de quelques mètres à peine pour nous atteindre. J’approche donc de la paroi et tend le bras en hauteur. Trop loin. Après un examen plus minutieux, les prises ne sont pas impraticables, seulement incertaines et potentiellement instables. Je n’ai pas vraiment l’intention d’y risquer deux personnes.
« - Vous devriez passer la première, Céres. Je vous aiderais à gagner de la hauteur, si vous le permettez. »
Et j’illustre le mouvement en joignant mes doigts pour lui offrir une marche plus ou moins solide sur laquelle s’appuyer. Genoux légèrement fléchis, reins plaqués au mur, abdos gainés et les épaules fléchissant vers l’avant pour lui éviter d’avoir à trop lever la jambe. Pour ma part, je pense pouvoir m’en sortir avec un peu d’élan et un saut contre le mur, sitôt sera-t-elle arrivée au sommet du rempart naturel.
« - Enchanté, Lotte, Céres. Ma foi, la perspective d’élucider un mystère à plusieurs me semble tout à fait sympathique. Je ferais de mon mieux pour vous guider. »
Bon, j’évite de mentionner qu’à défaut des cols, je suis plutôt un habitué des pieds de montagne. Mon village natal en était bordé, s’y échelonnait partiellement et si le climat d’ici à là-bas n’était pas drastiquement opposé, je ne pouvais prétendre connaître ces forêts comme ma poche. Mais j’ai confiance en mon sens de l’orientation. Après tout, il m’a déjà guidé sans encombre jusqu’ici , alors c’est qu’il n’est pas si mauvais que ça !
Ce fut Céres, qui releva le premier changement dans notre environnement à mesure que la pente s’escarpait. Un fin filet d’eau persistait dans le lit du courant. J’approche pour constater les faits et en imitant son geste, légèrement en amont, j’émet une supposition.
« - Il doit y avoir une cascade tout proche d’ici. Mais elle doit s’être complètement asséchée également, sinon le débit ici serait plus important. A moins qu’il n’ait été dévié plus haut ... mais même dans ce cas, on ne l’entend pas. Je crains que l’on ait un peu d’escalade à faire. »
Je me tourne spontanément vers la petite rose, ne doutant nullement des compétences de la garde.
« - Ça ira pour vous, Lotte ? Vous ne semblez pas être dans la tenue adéquat pour ce genre d’épreuve.
- Nulle crainte à avoir Monsieur Aventurier ! Je n’aurais qu’à utiliser mon pouvoir ! »
Et elle se mit à léviter à quelques centimètres du sol.
« - Cependant, je ne pourrais pas vous emmener ... il faudra vous trouver une autre manière de grimper !
- Pas de soucis de mon côté. Tout ira bien pour vous, Céres ? »
Car valait mieux prévenir que guérir, maintenant que ma plus grande inquiétude avait été écartée. Mais à décrire la silhouette de la brune et son accoutrement plutôt léger pour un garde en fonction, je ne doutais qu’il lui permettrait certainement de se débrouiller sans grande difficulté. Et dans le doute ...
« - Tenez, Lotte. Pouvez-vous attacher fermement ceci à un arbre robuste, en haut de la cascade ? Une sécurité de plus ne nous fera aucun mal et si ce n’est abuser de votre gentillesse, je vous saurais fort gré !
- Bien sûr, je m’en occupe ! »
Et après avoir tiré plusieurs mètres de corde de mon sac de voyage, je lui remet le bien et veille à ne pas lever la tête pendant qu’elle vole. On ne voulait pas se donner des aperçus regrettables, ni s’accorder la réprobation de la garde. Garde que je fixe avec toute la bonne volonté du monde, ce qui devait lui donner une image bizarre, probablement. Mais au moins, pas d’œillade déplacée ! Danger endigué.
Lorsqu’on reçu un signal de Lotte, une corde dévala le pan du mur, trop courte de quelques mètres à peine pour nous atteindre. J’approche donc de la paroi et tend le bras en hauteur. Trop loin. Après un examen plus minutieux, les prises ne sont pas impraticables, seulement incertaines et potentiellement instables. Je n’ai pas vraiment l’intention d’y risquer deux personnes.
« - Vous devriez passer la première, Céres. Je vous aiderais à gagner de la hauteur, si vous le permettez. »
Et j’illustre le mouvement en joignant mes doigts pour lui offrir une marche plus ou moins solide sur laquelle s’appuyer. Genoux légèrement fléchis, reins plaqués au mur, abdos gainés et les épaules fléchissant vers l’avant pour lui éviter d’avoir à trop lever la jambe. Pour ma part, je pense pouvoir m’en sortir avec un peu d’élan et un saut contre le mur, sitôt sera-t-elle arrivée au sommet du rempart naturel.
Céres CorydalisLa Garde
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Répondant à l'affirmative de la requête de l'aventurier, la guimauve se soulève dans les airs, assurgent le front de la cascade. Accompagnée du regard de la garde, suivant sa traversée et prenant ainsi une idée sur la distance qui les sépare du haut de la malicieuse. En somme, ils auraient pu faire un détour en passant par une zone moins escarpée, mais ce serait au risque de les prolonger de plusieurs heures. Ses yeux calculateurs, évaluèrent la distance d'une manière saccadée, laissant imaginer la concrétion dans son esprit. Quelques secondes, seulement, avant que ses iris ne redescendent à une hauteur rationnelle, croisant alors ceux du jeune homme. Un léger recul dans son esprit, voyant l'insensé la fixer d'une manière assez figée. Que faisait-il de cette manière enracinée, à la reluquer de cette façon ? Cherchait-il un détail sur son minois ? A moins qu'il ne soit lui aussi de ces corniauds qui se trouvait béa devant une personne de l'autorité ? Un long silence s'agença entre les deux personnages, sous-pesé avec cet échange de regard. Combien de temps allait-il tenir ainsi ce nigaud... Avec un peu d'humour, Céres aurait simplement pu lui proposer une photo de sa pogne, cependant, la raillerie n'était pas vraiment de son domaine. Heureusement, un signal émit par Lotte brisa ce moment absurde. La corde venant à se dérouler le long de la paroi. Forcément. L'équipement de l'aventurier était trop court. Céres n'en semblait déconcerté, c'était toujours mieux que rien.
Zephyr se fit bon galant, et preux chevalier, soumettant à la garde de passer la première. Lui offrant même, une marche de fortune pour lui écourter l’ascension. Bin voyons. L'amabilité et la courtoisie avaient bon dos, mais faisons fi de cette incertitude. Sans un mot, la brune s'agença vers lui, plaçant le bout de sa bottine dans la pince de fortune. Ses mains se posèrent avec la légèreté d'une caresse sur les épaules du luron, et s'éleva non sans émettre une certaine pression sur sa jambe en contraste avec ce toucher léger. Il voulait montrer son aplomb ? De prime abord, Céres peut paraître chétive, et fragile. Pour autant, elle dissimule un corps ferme, musclé et plus fort qu'en apparence. Ainsi, elle ne se gêna pas pour charger son poids sur ce dernier. En somme, et avec évidence, elle restait plus délestée que lui.
Ses mains se saisissant de la corde, la garde se lança d'aplomb dans cet exercice de grimpe. Rien de bien méchant. Ce fut d'ailleurs l'un des entraînements proposés à l’académie, et une pratique qu'elle propose souvent à ses élèves. Les prises sur la cascade restèrent glissantes, lissées et corrodées par la succession de l'eau dessus. Mieux valait-il bien s'en tenir à la corde, et se servir seulement de ses jambes comme un appui sur la paroi. Aucun regard ne fut projeté vers l'arrière, préférant éviter de croiser le regard lorgneur de l'aventurier. Jouant de la puissance de ses bras, les épaules fermes, la féline se montra forte et agile. Une escalade qui se fit sans encombre, jusqu'à la main tendue par Miss Lotte qui l'aidait à retrouver la terre ferme.
Quelques accoues sur ses vêtements pour les défriper, la garde se rehaussa de sa posture noble, contempla le reste de cette rivière asséchée.
- Attendez. Mima-t-elle d'un geste de main en venant à regarder en contre bas.
L'arbre sur lequel avait été longé la corde, se trouvait à quelques mètres, et n'ayant d'autres prises plus proches, elle prit l'initiative de la décrocher, et de l'enrouler autour de sa taille. Ses mains enroulées et agrippées à la corde, prêtes à soutenir le poids de Zephyr. Miss Lotte vint à son tour offrir de sa splendeur en s'en saisissant à son tour pour épauler sa camarade et apporter plus de contrepoids.
- Quand dites vous Céres ? Je ne vois toujours rien d'anormal, peut-être que nous dev-humph ?
Une main posée sur les lèvres de la guimauve vint à entraver ses paroles. Bien qu'elle ne perçoit plus de son d'un coté, l'autre oreille semblait percevoir quelque chose d'étrange. Détournant sa tête du côté de son ouïe active, un sifflement... Voire, un ronflement, fort et concis se fit entendre. Un bruit qui ne peut provenir d'un Homme, mais bel et bien d'une créature somnolente. Un regard fut toutefois jeté vers l'aventurier durant son escalade, pour s'assurer que ce ne soient l'effort et l’essoufflement de ce dernier qui se faisait entendre.
- J'ai l'impression que nous allons bientôt avoir réponse à nos questions.
Zephyr se fit bon galant, et preux chevalier, soumettant à la garde de passer la première. Lui offrant même, une marche de fortune pour lui écourter l’ascension. Bin voyons. L'amabilité et la courtoisie avaient bon dos, mais faisons fi de cette incertitude. Sans un mot, la brune s'agença vers lui, plaçant le bout de sa bottine dans la pince de fortune. Ses mains se posèrent avec la légèreté d'une caresse sur les épaules du luron, et s'éleva non sans émettre une certaine pression sur sa jambe en contraste avec ce toucher léger. Il voulait montrer son aplomb ? De prime abord, Céres peut paraître chétive, et fragile. Pour autant, elle dissimule un corps ferme, musclé et plus fort qu'en apparence. Ainsi, elle ne se gêna pas pour charger son poids sur ce dernier. En somme, et avec évidence, elle restait plus délestée que lui.
Ses mains se saisissant de la corde, la garde se lança d'aplomb dans cet exercice de grimpe. Rien de bien méchant. Ce fut d'ailleurs l'un des entraînements proposés à l’académie, et une pratique qu'elle propose souvent à ses élèves. Les prises sur la cascade restèrent glissantes, lissées et corrodées par la succession de l'eau dessus. Mieux valait-il bien s'en tenir à la corde, et se servir seulement de ses jambes comme un appui sur la paroi. Aucun regard ne fut projeté vers l'arrière, préférant éviter de croiser le regard lorgneur de l'aventurier. Jouant de la puissance de ses bras, les épaules fermes, la féline se montra forte et agile. Une escalade qui se fit sans encombre, jusqu'à la main tendue par Miss Lotte qui l'aidait à retrouver la terre ferme.
Quelques accoues sur ses vêtements pour les défriper, la garde se rehaussa de sa posture noble, contempla le reste de cette rivière asséchée.
- Attendez. Mima-t-elle d'un geste de main en venant à regarder en contre bas.
L'arbre sur lequel avait été longé la corde, se trouvait à quelques mètres, et n'ayant d'autres prises plus proches, elle prit l'initiative de la décrocher, et de l'enrouler autour de sa taille. Ses mains enroulées et agrippées à la corde, prêtes à soutenir le poids de Zephyr. Miss Lotte vint à son tour offrir de sa splendeur en s'en saisissant à son tour pour épauler sa camarade et apporter plus de contrepoids.
- Quand dites vous Céres ? Je ne vois toujours rien d'anormal, peut-être que nous dev-humph ?
Une main posée sur les lèvres de la guimauve vint à entraver ses paroles. Bien qu'elle ne perçoit plus de son d'un coté, l'autre oreille semblait percevoir quelque chose d'étrange. Détournant sa tête du côté de son ouïe active, un sifflement... Voire, un ronflement, fort et concis se fit entendre. Un bruit qui ne peut provenir d'un Homme, mais bel et bien d'une créature somnolente. Un regard fut toutefois jeté vers l'aventurier durant son escalade, pour s'assurer que ce ne soient l'effort et l’essoufflement de ce dernier qui se faisait entendre.
- J'ai l'impression que nous allons bientôt avoir réponse à nos questions.
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En un rien de temps, la garde avait démontré deux atouts, dans sa douceur autant que dans sa force. J’eus la chance d’être bien ancré sur mes appuis et de n’avoir qu’à assumer un faible contrecoup de sa soudaine prise d’élan, autrement nous aurions roulé l’un sur l’autre. Et nous ne sommes définitivement pas assez intimes pour pouvoir dépeindre au futur cet acte comme un “bon moment, empli de candeur” ou que sais-je. De nouveau, mon regard se chasse lui-même des formes de la demoiselle. Nous avions d’autres choses à penser et le fait qu’elle, au moins, ne soit pas en robe, ne constituait pas un argument suffisant pour profaner sa discrétion.
Ainsi j’observe l’aval de la cascade, sa tranchée brune litée de galets, ses dédales asséchés jusqu’en contrebas et ce fin filet d’eau glissant de son bassin réduit. Le corps de la chûte, creusé, semblait lui encore humide, mais ne constituait aucunement une source suffisant pour approvisionner son pied. Plus d’escalade encore nous attendrait sûrement. Au signal de Céres, je jette un œil dans sa direction, alors qu’elle m’intime de patienter. Je suppose que je n’ai guère le choix, ainsi je m’écarte de la paroi pour tenter de voir ce à quoi elle s’occupait, à présent. Et à défaut de pouvoir discerner sa silhouette s’affairer autour du tronc choisit par Charlotte, j’en constatais l’action lorsque l’allonge de la corde s’étendit et la brune revenir, l’extrémité nouée autour des hanches. Pas bête, plus sécurisé, allaient-elles cependant tenir mon poids ? Je l’espérais, car nous aurions perdu un temps précieux à batailler en vain, autrement.
« - J’arrive, tenez bon. »
J’empoigne le corps de chanvre tressé, hésites un pied sur la paroi qui s’avère relativement glissante. Je n’aurais pas le loisir de monter en rappel comme cette femme avant moi et peut-être à tort, voulais-je m’assurer de la délester de ma masse au maximum. Alors je répartis mon poids sur des prises plus ou moins stables au pied et entame l’ascension en traction, limitant les à-coups au strict nécessaire pour ne pas non plus m’épuiser à faire des mouvements trop lents. Sans dommage notable, je termine ma grimpée en une petite minute et ramène l’objet une fois arrivé. Dès lors que Céres en aura débarrasser sa taille – je n’allais pas entreprendre cette action pour elle – je la rangerais dans mon sac.
Mon attention fut vite attirée par quelque chose qu’avaient remarqué les deux demoiselles. Comme une respiration, rauque, profonde, bien lointaine du ronflement d’un homme, même aussi large qu’une armoire. Non, là, le coffre était bien plus large. Et ça ne présageait pas grand-chose de bon, à mon avis. Je fais quelques pas en direction du bois qui longe le courant mort et l’oreille attentive, intimant d’un geste de la main à mes partenaires de garder le silence, écoute le moindre son. Une respiration, certes, mais aucun bruit d’eau. Je reviens vers ces dames et parle à mi-voix.
« - On doit être sur le territoire d’un gros animal, gardez le ton et le pas légers. Il ne semble pas y avoir d’eau ici non plus, nous devrions monter plus haut encore. »
Je jette un œil dans le ciel pour m’assurer du temps approximatif qu’il nous restait, avant la tombée de la nuit.
« - D’après l’homme qui m’a transmis sa requête, la source devrait être à une heure de marche d’ici, environ. Nous n’avons qu’à suivre le lit de la rivière, de loin. Et restons vigilants, car qui dit vie, dit prédateur ... ouvrons l’œil. »
Et sur ce je prend les devants, cherchant comme un chat à la recherche d’une ombre, un chemin qui serait praticable pour nous trois. Un sentier qui ne serait pas truffé de branches basses et d’arbrisseaux, que l’on pourrait emprunter jusqu’à la prochaine étape : une petite clairière que l’on percevait depuis l’extérieur de la forêt, à flanc de montagne.
Ainsi j’observe l’aval de la cascade, sa tranchée brune litée de galets, ses dédales asséchés jusqu’en contrebas et ce fin filet d’eau glissant de son bassin réduit. Le corps de la chûte, creusé, semblait lui encore humide, mais ne constituait aucunement une source suffisant pour approvisionner son pied. Plus d’escalade encore nous attendrait sûrement. Au signal de Céres, je jette un œil dans sa direction, alors qu’elle m’intime de patienter. Je suppose que je n’ai guère le choix, ainsi je m’écarte de la paroi pour tenter de voir ce à quoi elle s’occupait, à présent. Et à défaut de pouvoir discerner sa silhouette s’affairer autour du tronc choisit par Charlotte, j’en constatais l’action lorsque l’allonge de la corde s’étendit et la brune revenir, l’extrémité nouée autour des hanches. Pas bête, plus sécurisé, allaient-elles cependant tenir mon poids ? Je l’espérais, car nous aurions perdu un temps précieux à batailler en vain, autrement.
« - J’arrive, tenez bon. »
J’empoigne le corps de chanvre tressé, hésites un pied sur la paroi qui s’avère relativement glissante. Je n’aurais pas le loisir de monter en rappel comme cette femme avant moi et peut-être à tort, voulais-je m’assurer de la délester de ma masse au maximum. Alors je répartis mon poids sur des prises plus ou moins stables au pied et entame l’ascension en traction, limitant les à-coups au strict nécessaire pour ne pas non plus m’épuiser à faire des mouvements trop lents. Sans dommage notable, je termine ma grimpée en une petite minute et ramène l’objet une fois arrivé. Dès lors que Céres en aura débarrasser sa taille – je n’allais pas entreprendre cette action pour elle – je la rangerais dans mon sac.
Mon attention fut vite attirée par quelque chose qu’avaient remarqué les deux demoiselles. Comme une respiration, rauque, profonde, bien lointaine du ronflement d’un homme, même aussi large qu’une armoire. Non, là, le coffre était bien plus large. Et ça ne présageait pas grand-chose de bon, à mon avis. Je fais quelques pas en direction du bois qui longe le courant mort et l’oreille attentive, intimant d’un geste de la main à mes partenaires de garder le silence, écoute le moindre son. Une respiration, certes, mais aucun bruit d’eau. Je reviens vers ces dames et parle à mi-voix.
« - On doit être sur le territoire d’un gros animal, gardez le ton et le pas légers. Il ne semble pas y avoir d’eau ici non plus, nous devrions monter plus haut encore. »
Je jette un œil dans le ciel pour m’assurer du temps approximatif qu’il nous restait, avant la tombée de la nuit.
« - D’après l’homme qui m’a transmis sa requête, la source devrait être à une heure de marche d’ici, environ. Nous n’avons qu’à suivre le lit de la rivière, de loin. Et restons vigilants, car qui dit vie, dit prédateur ... ouvrons l’œil. »
Et sur ce je prend les devants, cherchant comme un chat à la recherche d’une ombre, un chemin qui serait praticable pour nous trois. Un sentier qui ne serait pas truffé de branches basses et d’arbrisseaux, que l’on pourrait emprunter jusqu’à la prochaine étape : une petite clairière que l’on percevait depuis l’extérieur de la forêt, à flanc de montagne.
Céres CorydalisLa Garde
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Les mains des deux demoiselles s’activèrent pour maintenir la corde, si ce n’est une légère pression de la part la guimauve. Jusqu’à enfin percevoir la broussaille de la chevelure du noble aventurier, venant à terminer sa montée et reprendre ses appuis. Céres se délesta de la corde qu’elle rendit à son propriétaire, tout en restant attentive aux sons environnants. Une intonation que Zephyr remarqua rapidement de son côté aussi, confirmant le raisonnement de la garde. Toutefois, elle s'était bien gardée de le dire à haute voix, voyant le minois de la rose commencer à flétrir.
Un… Un gros animal ? Gros comment ?! Vous pensez qu’il est plus gros qu’un cheval ? Ses mains jointes près de ses lèvres, intimant une certaine frayeur. Bon… De toutes évidences… Les créatures d’ici doivent se nourrir de la végétation ! Se rassura-t-elle dans un petit rire nerveux. N’est ce pas ?
La caboche de Miss Lotte hochant vers Céres, cette dernière détourna la sienne rapidement pour éviter son regard. Si la sournoiserie était plus éminente en elle, elle ne se serait gardée de la préserver. Peut-être aurait-elle pu prendre un malin plaisir à lui expliquer les différents mets savourés par les bestioles du coin… Dont de la chair fraîche. Froide mais non tortionnaire, elle ne décocha mot, préférant laisser l’aventurier s’en défaire.
Les trois acolytes reprennent leur chemin, empruntant un chemin peu escarpé pour éviter toutes embûches. Zephyr en première position, talonné par Dame Lotte qui aurait pu se confondre avec son ombre, si ce n’est se presser contre le dos de ce dernier. Sa tête tourbillonnante dans tous les sens, ayant peur de croiser une vile créature. Une situation à la fois dérisoire et assommante. Décidément, cette demoiselle avait grande chance d’être tombée sur ces deux bienfaiteurs. Céres quant à elle, resta silencieuse, et alarmée sur ce qui les entourent. Au moins, l’aventurier semblait savoir se débrouiller en zone montagneuse, parvenant à s’orienter de manière convenable et accessible pour celles qui le suivaient.
Leur progression se veut sans faille, continuant jusqu’à ce plateau de prairie où tout paraissait paisible.
Ce qui est inquiétant, outre les festivités qui vont être mises à mal à cause du manque d’eau… La faune locale risque elle aussi d’en subir les conséquences. Je n’ai pas souvenir que ce genre d’incident se soit déjà produit. Dit-elle dans une petite moue de réflexion.
Venant à s’approcher de Zephyr pour marcher à ses côtés, son regard se pose non sans scrupule sur les cheveux de ce dernier. Quelque peu maniaque sur l’ordre, cette broussaille se révèle être une véritable épreuve pour elle. Une broutille qui vint toutefois à passer au second plan, lorsqu’un bruit flottant se fit entendre au fur et à mesure de leur avancée. Se sera Miss Lotte, qui viendra la première à discerner cette légère clameure. Céres détournera sa tête du côté de son oreille vacante à son tour. Ce n’était pas un rêve, le son de l’eau venait bien à se faire ouïr de nouveau. Pourtant, il pouvait être constaté que le lit de la rivière était encore à sec, si ce n’est le léger filet d’eau qui peinait à percer avant d’être absorbé par la terre. Au loin, la vue perçante de la garde crus percevoir plus en hauteur, un amas de branches et de roches, posées piteusement dans la rive.
Voilà le soucis ! Enlevons tout cela rapidement et retournons au village !
Voyant ce petit bout de femme avancer de bon train, Céres eut le reflexe inopiné d’abatre sa main sur le frêle poignet de la demoiselle. La milice la retenant, son air se voulut plus prudent et réprobateur.
Nous ne savons pas encore qui ou quoi a construit ce barrage… Il faut mieux analyser les alentours avant de s’y jeter sans réfléchir. Sur ces mots, elle fixa l’aventurier qui partagera sans nul doute cette même idée.
Malgré les apparences, il s'était montré réfléchi et prudent.
Un… Un gros animal ? Gros comment ?! Vous pensez qu’il est plus gros qu’un cheval ? Ses mains jointes près de ses lèvres, intimant une certaine frayeur. Bon… De toutes évidences… Les créatures d’ici doivent se nourrir de la végétation ! Se rassura-t-elle dans un petit rire nerveux. N’est ce pas ?
La caboche de Miss Lotte hochant vers Céres, cette dernière détourna la sienne rapidement pour éviter son regard. Si la sournoiserie était plus éminente en elle, elle ne se serait gardée de la préserver. Peut-être aurait-elle pu prendre un malin plaisir à lui expliquer les différents mets savourés par les bestioles du coin… Dont de la chair fraîche. Froide mais non tortionnaire, elle ne décocha mot, préférant laisser l’aventurier s’en défaire.
Les trois acolytes reprennent leur chemin, empruntant un chemin peu escarpé pour éviter toutes embûches. Zephyr en première position, talonné par Dame Lotte qui aurait pu se confondre avec son ombre, si ce n’est se presser contre le dos de ce dernier. Sa tête tourbillonnante dans tous les sens, ayant peur de croiser une vile créature. Une situation à la fois dérisoire et assommante. Décidément, cette demoiselle avait grande chance d’être tombée sur ces deux bienfaiteurs. Céres quant à elle, resta silencieuse, et alarmée sur ce qui les entourent. Au moins, l’aventurier semblait savoir se débrouiller en zone montagneuse, parvenant à s’orienter de manière convenable et accessible pour celles qui le suivaient.
Leur progression se veut sans faille, continuant jusqu’à ce plateau de prairie où tout paraissait paisible.
Ce qui est inquiétant, outre les festivités qui vont être mises à mal à cause du manque d’eau… La faune locale risque elle aussi d’en subir les conséquences. Je n’ai pas souvenir que ce genre d’incident se soit déjà produit. Dit-elle dans une petite moue de réflexion.
Venant à s’approcher de Zephyr pour marcher à ses côtés, son regard se pose non sans scrupule sur les cheveux de ce dernier. Quelque peu maniaque sur l’ordre, cette broussaille se révèle être une véritable épreuve pour elle. Une broutille qui vint toutefois à passer au second plan, lorsqu’un bruit flottant se fit entendre au fur et à mesure de leur avancée. Se sera Miss Lotte, qui viendra la première à discerner cette légère clameure. Céres détournera sa tête du côté de son oreille vacante à son tour. Ce n’était pas un rêve, le son de l’eau venait bien à se faire ouïr de nouveau. Pourtant, il pouvait être constaté que le lit de la rivière était encore à sec, si ce n’est le léger filet d’eau qui peinait à percer avant d’être absorbé par la terre. Au loin, la vue perçante de la garde crus percevoir plus en hauteur, un amas de branches et de roches, posées piteusement dans la rive.
Voilà le soucis ! Enlevons tout cela rapidement et retournons au village !
Voyant ce petit bout de femme avancer de bon train, Céres eut le reflexe inopiné d’abatre sa main sur le frêle poignet de la demoiselle. La milice la retenant, son air se voulut plus prudent et réprobateur.
Nous ne savons pas encore qui ou quoi a construit ce barrage… Il faut mieux analyser les alentours avant de s’y jeter sans réfléchir. Sur ces mots, elle fixa l’aventurier qui partagera sans nul doute cette même idée.
Malgré les apparences, il s'était montré réfléchi et prudent.
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Je ne m’étais pas égaré en explication auprès de Charlotte, lorsqu’elle interrogea sur la nature des créatures que l’on trouverait dans le coin. Premièrement car je n’en étais pas sûr moi-même, ensuite, car il n’aurait servi à rien de la paniquer avec des suppositions bancales. Plutôt que cela, il valait mieux miser sur la discrétion et rien de mieux que de garder son sang froid pour ce faire. Alors pour réponse, je ne lui offrit qu’un simple sourire, amical et concis. L’air de dire que je sais ce que je fais. Ce qui est relativement le cas.
Une tentative bien maigre de la consoler, car je pu sentir, lorsque ce n’était pas sa présence toute proche, ses mains dans mon dos, comme me pressant en avant, s’agrippant à ma cape comme à un doudou. Je n’eus le cœur de l’en chasser, car c’était au moins une manière de m’assurer qu’elle ne s’enfoncerait pas dans le premier traquenard qui aurait pu border les routes. J’avise principalement les fourrés touffus, souvent nids de petits carnassiers qui gratifiaient les importuns d’une griffure ou d’une morsure, pour les plus téméraires. Et sous le coup de la surprise, qui sait à quel point la situation peut dégénérer.
A l’approche du plateau, dégarni de la moindre broussaille dense comme l’on venait de traverser, j’indiquais à ma suiveuse de rompre la formation, que l’endroit serait supposément bien moins peuplé de danger que les bois en contrebas. Céres fit voix de ses réflexions et sans spécialement les accorder à une pensée à voix haute, rebondit naturellement sur ses propos.
« - Ça m’a l’air effectivement inédit, ce curieux évènement. Le danger réside d’autant plus dans le mouvement que ça engendrera auprès de la faune, indirectement de la flore. »
Charlotte lança des regards dans nos deux directions, comme si elle tentait de faire sens dans nos inquiétudes. Je poursuis et étaye ma pensée.
« - S’il n’y a plus d’eau, les animaux ne resteront pas ici à s’assoiffer. Ils migreront vers d’autres endroits, en des lieux qui ne seront pas spécialement adaptés. Vers les sommets pour les plus aptes, vers le pied de la montagne pour ceux qui peuvent supporter un climat plus chaud. Le problème, c’est que la végétation, sur un plus long terme et à une moindre échelle, est également dépendante de la présence d’animaux. Pour nourrir le sol, ou encore la pollinisation. »
Ce dernier concept, à ma connaissance, n’étant développer majoritairement que chez les cueilleurs et les jardiniers, comme un principe bien moins commun auprès du reste de la population – après tout, ce ne serait pas la première chose de magique en Aryon – je développe le terme.
« - C’est quand les insectes aident les fleurs à se reproduire. »
Elle affiche un air perdu, je préfère écourter les explications.
« - Enfin bref. Pour faire simple, ça pourrait mener à l’extinction de certaines espèces dans les cas aggravés. Si l’eau devait avoir tout bonnement disparu, je crains que nous n’ayons à reporter le problème aux hautes autorités du Nord. A moins que ce ne soient-elles qui vous aient missionné, Céres ? »
Une curiosité, qui sait ce qu’elle apporterait ? Un silence, une remarque, une réponse franche, allez savoir. Le silence de cette femme s’était assagi et venait là une occasion de l’encourager à parler. Après tout, Lotte n’était pas spécialement une mauvaise compagnie, mais ne faisait pas franchement bonne figure non plus, comme partenaire d’enquête.
Et en parlant justement d’enquête, l’un de nous fit remarquer plus en amont, la lointaine sonorité d’un clapotis affaibli. Un excellent début pour sûr, après avoir été si loin. On approche, tous sens aux aguets, jusqu’à ce que l’on distingue tant phonétiquement que visuellement les causes de l’assèchement. Un barrage. Une solution classiquement plausible, rassurante pour les enjeux écologiques, mais qui pousse à se questionner. Céres, une garde, aurait sûrement été au courant de la mise en place d’un barrage, non ? Alors voilà que je lui assène une nouvelle question, alors qu’elle venait tout juste de freiner Miss Bonbon dans son élan.
« - Vous n’avez vraiment aucune idée de qui, ou quoi, serait à la source de ce barrage ? Je me figure mal l’utilité d’en placer un si haut, d’autant plus que si ce n’est de l’ordre d’une organisation militaire, je ne le vois pas non plus l’être d’une organisation civile ... Peut-être des hors-la-loi ? Mais dans quel but ... ? »
Elle, la brune en uniforme, m’avait accordé un regard cherchant sûrement une forme d’approbation. Ou plutôt, d’accord commun, car je l’imagine mal prendre ses ordres auprès d’un aventurier. Elle ne semblait pas dépourvue, intellectuellement parlant ... mais peut-être avais-je mieux à faire à envisager la situation avec mes compétences du terrain, plutôt que de spéculer bêtement.
« - Je pense que la première étape, la plus importante, avant de toucher à quoi que ce soit, serait de comprendre l’utilité de cette structure, à cet endroit précis. Ce barrage m’a l’air bien trop élaboré pour être la farce, ou le jeu d’un groupe de lutins. D’autant plus que pour retenir un flot pareil, je doute que celui l’ayant créé ait œuvre seul. Nous ferions mieux d’essayer de trouver des traces de passage dans un premier temps. Des branches cassées, des empreintes dans le sol, des marques sur les arbres, des objets oubliés ... n’importe quoi ferait l’affaire. »
Et sur ce, j’indique la prolongation du sentier et l’espace végétal qui le sépare du fleuve.
« - Ici serait un bon endroit pour commencer. Tendez l’oreille et faites attention à où vous mettez les pieds. »
Une tentative bien maigre de la consoler, car je pu sentir, lorsque ce n’était pas sa présence toute proche, ses mains dans mon dos, comme me pressant en avant, s’agrippant à ma cape comme à un doudou. Je n’eus le cœur de l’en chasser, car c’était au moins une manière de m’assurer qu’elle ne s’enfoncerait pas dans le premier traquenard qui aurait pu border les routes. J’avise principalement les fourrés touffus, souvent nids de petits carnassiers qui gratifiaient les importuns d’une griffure ou d’une morsure, pour les plus téméraires. Et sous le coup de la surprise, qui sait à quel point la situation peut dégénérer.
A l’approche du plateau, dégarni de la moindre broussaille dense comme l’on venait de traverser, j’indiquais à ma suiveuse de rompre la formation, que l’endroit serait supposément bien moins peuplé de danger que les bois en contrebas. Céres fit voix de ses réflexions et sans spécialement les accorder à une pensée à voix haute, rebondit naturellement sur ses propos.
« - Ça m’a l’air effectivement inédit, ce curieux évènement. Le danger réside d’autant plus dans le mouvement que ça engendrera auprès de la faune, indirectement de la flore. »
Charlotte lança des regards dans nos deux directions, comme si elle tentait de faire sens dans nos inquiétudes. Je poursuis et étaye ma pensée.
« - S’il n’y a plus d’eau, les animaux ne resteront pas ici à s’assoiffer. Ils migreront vers d’autres endroits, en des lieux qui ne seront pas spécialement adaptés. Vers les sommets pour les plus aptes, vers le pied de la montagne pour ceux qui peuvent supporter un climat plus chaud. Le problème, c’est que la végétation, sur un plus long terme et à une moindre échelle, est également dépendante de la présence d’animaux. Pour nourrir le sol, ou encore la pollinisation. »
Ce dernier concept, à ma connaissance, n’étant développer majoritairement que chez les cueilleurs et les jardiniers, comme un principe bien moins commun auprès du reste de la population – après tout, ce ne serait pas la première chose de magique en Aryon – je développe le terme.
« - C’est quand les insectes aident les fleurs à se reproduire. »
Elle affiche un air perdu, je préfère écourter les explications.
« - Enfin bref. Pour faire simple, ça pourrait mener à l’extinction de certaines espèces dans les cas aggravés. Si l’eau devait avoir tout bonnement disparu, je crains que nous n’ayons à reporter le problème aux hautes autorités du Nord. A moins que ce ne soient-elles qui vous aient missionné, Céres ? »
Une curiosité, qui sait ce qu’elle apporterait ? Un silence, une remarque, une réponse franche, allez savoir. Le silence de cette femme s’était assagi et venait là une occasion de l’encourager à parler. Après tout, Lotte n’était pas spécialement une mauvaise compagnie, mais ne faisait pas franchement bonne figure non plus, comme partenaire d’enquête.
Et en parlant justement d’enquête, l’un de nous fit remarquer plus en amont, la lointaine sonorité d’un clapotis affaibli. Un excellent début pour sûr, après avoir été si loin. On approche, tous sens aux aguets, jusqu’à ce que l’on distingue tant phonétiquement que visuellement les causes de l’assèchement. Un barrage. Une solution classiquement plausible, rassurante pour les enjeux écologiques, mais qui pousse à se questionner. Céres, une garde, aurait sûrement été au courant de la mise en place d’un barrage, non ? Alors voilà que je lui assène une nouvelle question, alors qu’elle venait tout juste de freiner Miss Bonbon dans son élan.
« - Vous n’avez vraiment aucune idée de qui, ou quoi, serait à la source de ce barrage ? Je me figure mal l’utilité d’en placer un si haut, d’autant plus que si ce n’est de l’ordre d’une organisation militaire, je ne le vois pas non plus l’être d’une organisation civile ... Peut-être des hors-la-loi ? Mais dans quel but ... ? »
Elle, la brune en uniforme, m’avait accordé un regard cherchant sûrement une forme d’approbation. Ou plutôt, d’accord commun, car je l’imagine mal prendre ses ordres auprès d’un aventurier. Elle ne semblait pas dépourvue, intellectuellement parlant ... mais peut-être avais-je mieux à faire à envisager la situation avec mes compétences du terrain, plutôt que de spéculer bêtement.
« - Je pense que la première étape, la plus importante, avant de toucher à quoi que ce soit, serait de comprendre l’utilité de cette structure, à cet endroit précis. Ce barrage m’a l’air bien trop élaboré pour être la farce, ou le jeu d’un groupe de lutins. D’autant plus que pour retenir un flot pareil, je doute que celui l’ayant créé ait œuvre seul. Nous ferions mieux d’essayer de trouver des traces de passage dans un premier temps. Des branches cassées, des empreintes dans le sol, des marques sur les arbres, des objets oubliés ... n’importe quoi ferait l’affaire. »
Et sur ce, j’indique la prolongation du sentier et l’espace végétal qui le sépare du fleuve.
« - Ici serait un bon endroit pour commencer. Tendez l’oreille et faites attention à où vous mettez les pieds. »
Céres CorydalisLa Garde
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Les paroles de l'aventurier se voulurent assez funestes, proclamant la fin des certaines espèces, si ce n'est d'une flore flapie. L'aboutissement de ce problème en viendrait certainement à devoir informer les autorités, ce qui relèverait donc du cadre de la garde. Mais avant cela, mieux valait-il s'assurer que ce désagrément ne pouvait être accompli dans l'heure. Pour réponse, Zéphyr n'eut qu'un bref mouvement des lèvres de cette dernière, et d'un acquiescement du coin de la tête. Elle n'allait pas se précipiter dans l'issue, préférant en trouver une par elle-même durant leur petite mésaventure. Une conclusion qui commençait à montrer le bout de son nez, de par l’apparition de ce barrage grossièrement improvisé, si ce n'est d'une qualité médiocre. Pierre et rondin furent fourgués de manière rudimentaire, laissant échapper par ci et là, quelques jets d'eau qui percent, mais ne peuvent hélas alimenter le rester de la source.
- Vu le positionnement maladroit de la barricade, je doute que cela soit réfléchi dans sa mise en place. Bien que pour qu'ils soient parvenus à en faire un si important, ils savaient ce qu'ils faisaient en effet... Ce n'est peut-être pas l’œuvre de plaisantin, mais certainement de personnes assez idiotes pour avoir parfaite conscience de ce que ce barrage peut engendrer. Paroles appuyés par son index venant tapoter le bout de son menton, dans une réflexion lisible sur son visage.
- Bon, je vous ai suivi jusqu'à présent, mais maintenant cela suffit. Exprima la rose en rehaussant les épaules, se donnant un air digne et fier. Je suis venue pour retrouver l'eau, elle est ici, je vais donc m'occuper de ce barrage de fortune. Le reste, je vous laisse vous en charger !
Pantoise devant la réaction de Miss Lotte, Céres opina un instant de la tête dans un signe de négation. Elle n'eut toutefois le temps de s'exprimer pour approuver l'éloquence de Zéphyr, préférant aussi jouer la carte de la prudence, que la demoiselle s'empressa de rejoindre le lit de la rivière. Se laissant ainsi, visible et à découvert de toutes complications. La garde dans un rôle et un devoir de protection des citoyens, ne put que s'empresser de la rejoindre afin de pallier à toutes attaques qui pourraient fuser en sa direction. Sa main se posa sur l'épaule de l'aventurier, exerçant une pression assez influente pour lui intimer de ne pas quitter sa position. Ayant conscience de son acte quelque peu irréfléchi, pouvant l'amener à se prendre une altération à la place de Miss Lotte. Pourtant, elle le fit sans hésitation et tergiversions.
Se positionnant près de la demoiselle, à son tour à découvert. Elle retint son souffle. Sa senestre se courba rapidement vers son arc se positionnant dans son dos, près à le dégainer. Son visage pivota dans tous les sens, à la recherche d'une menace. Son léger handicap, obstruant une partie des sons, environne, l’empêché d’ouïr chaque son, elle devait donc se baser sur sa vision. Rien. Heureusement, aucun danger à l'horizon, ni pour le moment, la moindre trace d'une autre personne, ou de créature.
- Vous voyez, vous vous inquiétez pour rien. Cogita la Miss d'un large sourire enfantin.
- Pardon ? Vous avez pris ce risque en nous mettant nous aussi en danger. C'est... Ce n'est... Irritée par cette attitude, les doigts fins de la garde vinrent doucement à masser sa tempe dans le but de chercher l'apaisement.
La Miss claque ses deux mains l'une contre l'autre, ne semblant pas remarquer sa sottise, ni même l'irritation de la brune.
- Bien ! Au travail maintenant !
Voltigeant jusqu'au lit de la rivière, elle se plaça devant le barrage, ne sachant réellement par quoi commencer pour le désagréger. Une comédie dont Céres assista sur la rive, bras fléchis sur ses hanches, désappointée. D'un petit mouvement de tête, elle intima à l'aventurier que les lieux semblaient sûrs, mais préféra garder l’œil. Car les Hommes, ou les créatures qui en sont les auteurs, devraient probablement repointer le bout de leur nez. Vraisemblablement peut rassurée, Céres tente de ne laisser paraître son désarroi, et se voulant confiante.
- Maintenant que nous en sommes là, si nous pouvons le détruire à temps, je me chargerais de confier l'enquête aux autorités.
Bien qu'il soit plutôt distrayant de voir la miss s'afférer et peiner à déloger les pierres, sans y parvenir.
- Vu le positionnement maladroit de la barricade, je doute que cela soit réfléchi dans sa mise en place. Bien que pour qu'ils soient parvenus à en faire un si important, ils savaient ce qu'ils faisaient en effet... Ce n'est peut-être pas l’œuvre de plaisantin, mais certainement de personnes assez idiotes pour avoir parfaite conscience de ce que ce barrage peut engendrer. Paroles appuyés par son index venant tapoter le bout de son menton, dans une réflexion lisible sur son visage.
- Bon, je vous ai suivi jusqu'à présent, mais maintenant cela suffit. Exprima la rose en rehaussant les épaules, se donnant un air digne et fier. Je suis venue pour retrouver l'eau, elle est ici, je vais donc m'occuper de ce barrage de fortune. Le reste, je vous laisse vous en charger !
Pantoise devant la réaction de Miss Lotte, Céres opina un instant de la tête dans un signe de négation. Elle n'eut toutefois le temps de s'exprimer pour approuver l'éloquence de Zéphyr, préférant aussi jouer la carte de la prudence, que la demoiselle s'empressa de rejoindre le lit de la rivière. Se laissant ainsi, visible et à découvert de toutes complications. La garde dans un rôle et un devoir de protection des citoyens, ne put que s'empresser de la rejoindre afin de pallier à toutes attaques qui pourraient fuser en sa direction. Sa main se posa sur l'épaule de l'aventurier, exerçant une pression assez influente pour lui intimer de ne pas quitter sa position. Ayant conscience de son acte quelque peu irréfléchi, pouvant l'amener à se prendre une altération à la place de Miss Lotte. Pourtant, elle le fit sans hésitation et tergiversions.
Se positionnant près de la demoiselle, à son tour à découvert. Elle retint son souffle. Sa senestre se courba rapidement vers son arc se positionnant dans son dos, près à le dégainer. Son visage pivota dans tous les sens, à la recherche d'une menace. Son léger handicap, obstruant une partie des sons, environne, l’empêché d’ouïr chaque son, elle devait donc se baser sur sa vision. Rien. Heureusement, aucun danger à l'horizon, ni pour le moment, la moindre trace d'une autre personne, ou de créature.
- Vous voyez, vous vous inquiétez pour rien. Cogita la Miss d'un large sourire enfantin.
- Pardon ? Vous avez pris ce risque en nous mettant nous aussi en danger. C'est... Ce n'est... Irritée par cette attitude, les doigts fins de la garde vinrent doucement à masser sa tempe dans le but de chercher l'apaisement.
La Miss claque ses deux mains l'une contre l'autre, ne semblant pas remarquer sa sottise, ni même l'irritation de la brune.
- Bien ! Au travail maintenant !
Voltigeant jusqu'au lit de la rivière, elle se plaça devant le barrage, ne sachant réellement par quoi commencer pour le désagréger. Une comédie dont Céres assista sur la rive, bras fléchis sur ses hanches, désappointée. D'un petit mouvement de tête, elle intima à l'aventurier que les lieux semblaient sûrs, mais préféra garder l’œil. Car les Hommes, ou les créatures qui en sont les auteurs, devraient probablement repointer le bout de leur nez. Vraisemblablement peut rassurée, Céres tente de ne laisser paraître son désarroi, et se voulant confiante.
- Maintenant que nous en sommes là, si nous pouvons le détruire à temps, je me chargerais de confier l'enquête aux autorités.
Bien qu'il soit plutôt distrayant de voir la miss s'afférer et peiner à déloger les pierres, sans y parvenir.
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Nous nous concertions, Céres et moi, tombant en accord sur la gravité du cas auquel nous avions affaire. Pas un groupe d’inconscients pour sûr, mais plutôt un individu, ou un groupe d’individus, qui avait fort intérêt à établir un barrage de cette envergure. Si l’on passait le détail de son architecture bancale, nous étions au moins assuré de sa solidité par la rigueur avec laquelle ces obstacles avaient été entassés. Car par des plus maigres travaux, l’opération, surtout à contre-courant, aurait pu prendre des jours à mettre en place. Et dans un endroit avec peu de passage, comme celui-ci, ce n’était pas surprenant que les locaux n’aient vus venir la chose avant qu’il ne soit trop tard.
Et nous aurions pu étayer la théorie à l’infini, que ça ne nous aurait pas plus aidé sans quelques pistes. Ainsi, alors que je convoitais une zone longeant le sentier ascendant, Charlotte prit les devants, couvant un tout autre dessein. Et ces mots eurent le don de me désarmer, fus-je laisser hébété qu’elle s’en allait déjà en direction du barrage, avec la ferme intention de le détruire. Comme ça, sans plus de précaution. Céres m’intima l’immobilité et ce fut tout à mon plaisir, car j’étais déjà resté planté là à l’origine. Pourquoi ne pas prendre racine un peu plus longtemps ? La garde s’en alla donc assurer les arrières de Miss Bonbon, pendant que j’observe scrupuleusement les alentours. A la recherche d’une lumière, d’un mouvement, d’une entité, d’une corde, d’un fil. N’importe quoi qui sortirait de l’ordinaire. Et ce fut un cuisant échec.
La garde me fit finalement signe d’approcher, que de son point de vue à elle, les environs avaient l’air aussi certains qu’ils l’étaient du mien. Un équilibre précaire entre sécurité et mise en action, qui ne me plaisait pas forcément. Mais nous avions une tête brûlée dans l’équipe et celle-ci semblait se destiner à déloger des roches trop lourdes pour sa carrure plutôt menue. Je pris donc son relais, glissant un pied dans le lit du courant pour un appui plus stable et tira sur les roches qui ne faisaient qu’en soutenir d’autres. Prêt, à tout moment, à me hisser hors de la trombe qui menaçait d’emporter les débris en contrebas. Bien heureusement, le creux de la cascade saurait en arrêter la très grande majorité, ainsi nous n’aurions qu’à les repêcher, ou les faire repêcher par des personnes plus compétentes.
« - Essayez plutôt de déloger les obstacles du dessus, Lotte. Je m’occupe des roches.
- Compris ! »
Je lance un regard vers Céres, qui elle aussi y met du sien. On aura tôt fait de faire rompre ce barrage, en bien moins de temps qu’il n’en aura fallu pour le construire, certainement. À l’approche des troncs coupés pour en fabriquer le corps, un détail m’interpella, suivi d’un constat à haute voix.
« - La coupe du bois m’a l’air relativement raide. Aidez-moi à dégager la base de ce rondin, s’il vous plaît. » Demandais-je aux deux demoiselles.
Au prix de quelques efforts supplémentaires, l’on pouvait dévoiler, après avoir tiré un bout de barrage sur la terre ferme, la tranche entière d’un de ses composants. Net, présentant quelques fibres hirsutes sur un seul de ses côtés, ses auréoles internes, brunes, étaient parfaitement discernables. Je jette ensuite un coup d’œil aux alentours. Le bois est certainement un peu moins dense qu’à d’autres endroits, mais pour autant, il souleva un nouveau mystère.
« - Je ne vois aucune souche dans les alentours, ni le moindre monceau de terre. En revanche ... »
Je m’éloigne de quelques pas du barrage, marquant une halte momentanée des efforts à le désolidariser. Une occasion de prendre quelques secondes de pause. Après m’être arrêté à quelques pas du lit asséché, côté opposé au sentier, un nouvel élément apparu, donnant tantôt une réponse à un des éléments de l’enquête, tantôt fut démenti. Un trou dans le sol, comme plusieurs autres, dispersés dans la forêt. Et dont la majorité avaient été lissés, comme si ce qu’on en avait tiré était venu naturellement.
« - Je pense avoir trouvé l’endroit d’où furent tirées les pierres. Et à première vue, aucune de ces cavités ne devait accueillir des racines. »
Je jette alors une œillade en amont du fleuve, à la recherche d’autres indices. Rien ne sortait de l’ordinaire, pour un œil malavisé. Peut-être qu’un randonneur, ou un habitant du coin, aurait trouvé des choses à redire, mais pour ma part, mes connaissances de l’endroit étaient bien trop maigres. Il ne me restait qu’un peu de bon sens et quelques connaissances générales du terrain.
« - Monsieur Aventurier ! Voulez-vous m’aider à retirer ce rondin-là ?
- Oui, bien sûr Lotte. Un instant. »
Vite rappelé à la tâche, j’enjambe la végétation et les quelques trous me séparant du nouvel objectif et avec un peu d’huile de coude, le courant commença lentement à regagner son débit. En aval, il transportait déjà quelques débris végétaux que l’on n’avait pas débarrassés à temps. Il serait maintenant compliqué de travailler sans se mouiller, j’en profite pour me débarrasser de ma cape et retrousser mes manches.
« - Encore un petit effort, nous y sommes presque. »
Et nous aurions pu étayer la théorie à l’infini, que ça ne nous aurait pas plus aidé sans quelques pistes. Ainsi, alors que je convoitais une zone longeant le sentier ascendant, Charlotte prit les devants, couvant un tout autre dessein. Et ces mots eurent le don de me désarmer, fus-je laisser hébété qu’elle s’en allait déjà en direction du barrage, avec la ferme intention de le détruire. Comme ça, sans plus de précaution. Céres m’intima l’immobilité et ce fut tout à mon plaisir, car j’étais déjà resté planté là à l’origine. Pourquoi ne pas prendre racine un peu plus longtemps ? La garde s’en alla donc assurer les arrières de Miss Bonbon, pendant que j’observe scrupuleusement les alentours. A la recherche d’une lumière, d’un mouvement, d’une entité, d’une corde, d’un fil. N’importe quoi qui sortirait de l’ordinaire. Et ce fut un cuisant échec.
La garde me fit finalement signe d’approcher, que de son point de vue à elle, les environs avaient l’air aussi certains qu’ils l’étaient du mien. Un équilibre précaire entre sécurité et mise en action, qui ne me plaisait pas forcément. Mais nous avions une tête brûlée dans l’équipe et celle-ci semblait se destiner à déloger des roches trop lourdes pour sa carrure plutôt menue. Je pris donc son relais, glissant un pied dans le lit du courant pour un appui plus stable et tira sur les roches qui ne faisaient qu’en soutenir d’autres. Prêt, à tout moment, à me hisser hors de la trombe qui menaçait d’emporter les débris en contrebas. Bien heureusement, le creux de la cascade saurait en arrêter la très grande majorité, ainsi nous n’aurions qu’à les repêcher, ou les faire repêcher par des personnes plus compétentes.
« - Essayez plutôt de déloger les obstacles du dessus, Lotte. Je m’occupe des roches.
- Compris ! »
Je lance un regard vers Céres, qui elle aussi y met du sien. On aura tôt fait de faire rompre ce barrage, en bien moins de temps qu’il n’en aura fallu pour le construire, certainement. À l’approche des troncs coupés pour en fabriquer le corps, un détail m’interpella, suivi d’un constat à haute voix.
« - La coupe du bois m’a l’air relativement raide. Aidez-moi à dégager la base de ce rondin, s’il vous plaît. » Demandais-je aux deux demoiselles.
Au prix de quelques efforts supplémentaires, l’on pouvait dévoiler, après avoir tiré un bout de barrage sur la terre ferme, la tranche entière d’un de ses composants. Net, présentant quelques fibres hirsutes sur un seul de ses côtés, ses auréoles internes, brunes, étaient parfaitement discernables. Je jette ensuite un coup d’œil aux alentours. Le bois est certainement un peu moins dense qu’à d’autres endroits, mais pour autant, il souleva un nouveau mystère.
« - Je ne vois aucune souche dans les alentours, ni le moindre monceau de terre. En revanche ... »
Je m’éloigne de quelques pas du barrage, marquant une halte momentanée des efforts à le désolidariser. Une occasion de prendre quelques secondes de pause. Après m’être arrêté à quelques pas du lit asséché, côté opposé au sentier, un nouvel élément apparu, donnant tantôt une réponse à un des éléments de l’enquête, tantôt fut démenti. Un trou dans le sol, comme plusieurs autres, dispersés dans la forêt. Et dont la majorité avaient été lissés, comme si ce qu’on en avait tiré était venu naturellement.
« - Je pense avoir trouvé l’endroit d’où furent tirées les pierres. Et à première vue, aucune de ces cavités ne devait accueillir des racines. »
Je jette alors une œillade en amont du fleuve, à la recherche d’autres indices. Rien ne sortait de l’ordinaire, pour un œil malavisé. Peut-être qu’un randonneur, ou un habitant du coin, aurait trouvé des choses à redire, mais pour ma part, mes connaissances de l’endroit étaient bien trop maigres. Il ne me restait qu’un peu de bon sens et quelques connaissances générales du terrain.
« - Monsieur Aventurier ! Voulez-vous m’aider à retirer ce rondin-là ?
- Oui, bien sûr Lotte. Un instant. »
Vite rappelé à la tâche, j’enjambe la végétation et les quelques trous me séparant du nouvel objectif et avec un peu d’huile de coude, le courant commença lentement à regagner son débit. En aval, il transportait déjà quelques débris végétaux que l’on n’avait pas débarrassés à temps. Il serait maintenant compliqué de travailler sans se mouiller, j’en profite pour me débarrasser de ma cape et retrousser mes manches.
« - Encore un petit effort, nous y sommes presque. »
Céres CorydalisLa Garde
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Ce barrage de fortune resta un mystère, mais en tant que garde de la Forteresse, Céres s'empressera de faire un rapport dès que le souci sera résolu. Pour le moment, la priorité reste à déloger toutes ses bûches et ses rochers afin de permettre à l'eau de couler de nouveau, puis permettre à la fête de battre son plein. Notre Miss Lotte paraissait prompt à déblayer la rivière, d'un aplomb et d'une ardeur plutôt ébahissant. Ainsi, elle n'avait donc pas peur de se salir les mains, ni même ses magnifiques chaussures à talons qui s'embourbent dans la terre boueuse de la rivière. Tout cela, sous le regard confus de la garde, soucieuse de la bonne méthode à employer pour résoudre ce problème. Il semblerait qu'aucune application ne soit pour l'heure accordée, puisque l'aventurier rejoint à son tour la Rose. Un spectacle aberrant, compte tenu du fait que l'eau accumulée ne demandait qu'à sortir de cette prison de fortune. Menaçant d'emporter avec elle, débris, mais aussi les trois énergumènes qui se logent dans son lit.
Un souffle éperdu s'échappa des lèvres de la brune, tandis que l'une de ses mains passa machinalement dans sa chevelure. Perplexe, elle vint à son tour à rejoindre les deux travailleurs. Le sol encore imbibé d'eau était glissant, plantant alors ses pieds de manière à se maintenir et éviter une mauvaise chute.
L'aventurier se lança quelques minutes dans une délibération quant à l'apparition mystérieuse de ce barrage. Une chose était certaine, s'il s'agissait de l'exploit d'individus, cela ne peut être du ressort que d'une seule personne. Les pierres apposées sont bien trop lourdes et encombrantes, obligeant nos trois compères à s'allier pour les prélever de ce barrage. Permettant à l'eau de s'échapper par ci et là, de quelques embouchures.
- Méfions-nous, il va bientôt céder. Nous devrions... Coupée par une main hargneuse venant à secouer son avant-bras, son minois se tourna perplexe vers la miss Lotte.
- C'est... C'est ... C'est...
D'une voix chevrotante, le corps tremblant de la miss parvint à hisser une main et à pointer du doigt quelque chose se situant derrière nos trois compères. Les iris de Céres, guidés par ce geste, se détournèrent vers une forme opulente qui s'avança doucement vers eux. Pansu et velue, se sont en premiers ses canines saillantes et acérées qui apportèrent un sentiment malaisant à la brune. Virevoltant vers la créature en approche, son corps se figea afin d'éviter tout mouvement brusque. La bête ne semblait accorte, en jugé par les grognements qu'elle lança à l'encontre des trois individus.
- Il... Il va nous dévorer !! Dissimulée derrière Céres, la Rose fit grise mine.
Mince. Cette bestiole était assez mal réputée, et classifiée plutôt hargneuse. La confrontée peut se révéler risquée... Mais pourquoi venait-il à s'en prendre à eux ? Serait-il l'auteur de ce barrage ? Bien que cela soit déroutant et des plus étonnants, c'est une explication plausible quant à son humeur. Sa colère n'est que palpable, il valait mieux trouver une solution, et vite.
Le regard de la brune s'échangea avec l'aventurier, s'en suivi d'un regard rapide vers le barrage qui commence peu à peu à craqueler. Son idée était claire... Mais demander l'avis de ses partenaires de lui effleura l'esprit.
La bête avançant vers eux, la garde s'empressa de donner un coup virulent vers l'un des rondins maintenant la barricade.
- Accrochez vous !
D'un craquement, s'en suivi d'une giclée d'eau, puis de la rivière tout entière qui vint à retrouver sa liberté. Le courant impétueux embarqua les derniers débris, mais aussi des trois intrus dans son lit. La garde s'empressa de poser ses mains sur le bord de la rive pour ne pas être embarquée, mais c'était sans compter la rose qui s'accrocha de manière viruleuse sur son cou, et la tirant ainsi en arrière. Effrayée, elle ne voulut relâcher son étreinte, contraignant Céres à se raccrocher à la première chose qui lui tombe sous la main, Zéphyr. Emmaillotant le bras du rustre, peinant à maintenir sa tête hors de l'eau pour ne pas piquer une tête malencontreuse.
Emportés par les flots, le Grognours ne fut lui non plus épargné, déporté lui aussi par le flot empressé de retrouver sa place dans son lit. Au moins, ils en sont débarassés, mais maintenant, il fallait se sortir de là avant d'arriver jusqu'à la cascade.
lumos maxima
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“Nous y sommes presque”, ce furent mes derniers mots, avant que le barrage ne prenne un sérieux coup, laissant débouler une trombe d’eau qui manqua de faire faillir mon seul appui dans le lit du fleuve. Genou perché en surface, pour me donner la force de soulever les plus gros rondins, ce fut une mission personnelle que de débarrasser les plus gros obstacles de la rivière. Non pas que je doute des forces de ces deux demoiselles, mais par simple comparaison des carrures, je m’estime présentement être le plus à même à mener cette tâche. Et ce fut avec un massif rondin entre les mains, démuni d’échappatoire, que Charlotte lança une plainte suppliante, d’une voix encore plus fluette qu’elle ne l’était d’habitude. J’eus réflexe de tourner la tête, mais pas de lâcher ma prise. Et le spectacle plutôt imposant avait fait son petit effet, car je sentis mes poignes devenir fébriles.
Dépasser un Grognours endormi, c’est une épreuve plutôt aisée, plutôt tranquille. Les premières fois, c’est intimidant, mais pour peu de ne pas lui frôler le museau, les risques sont moindres. Mais voir celui-ci, remuer sa truffe humide en expirant lourdement, contact visuel enclenché, m’avait certainement fait perdre un peu de mes moyens. On peux le dire, j’étais bien moins fier qu’il y a cinq minutes. Et que ce soit par esprit territorial, ou par intérêt pour le barrage, il ne semblait pas voir d’un très bon œil notre présence ici.
Les secondes s’égrènent avec la lenteur d’un métronome dont on attend qu’il batte le prochain temps. L’air se fige, les respirations se taisent. La sueur perce les pores de notre peau dans un silence tel, que l’on aurait cru possible d’entendre une goutte rouler sur ma joue, glisser sur ma mâchoire et pointer sous mon menton. Elle chut, s’écrasa sur le pommeau de mon épée, lequel je ne pu attraper pour nous défendre. Et la bête sauvage approcha dangereusement. Céres fut la première à réagir, proposa une course d’action que je n’aurais pas spécialement approuvé, mais qui s’avéra, malgré tout, efficace. Que faire de plus, finalement ? S’accrocher. Ce que je fis, de mon mieux, à une motte de terre et une racine émergeant du lit du courant. Et son débit fut tel que je perdis une première fois mes prises avant d’en trouver une autre plus bas, lorsqu’une masse y avait arraché ma main. La masse en question ? Céres étranglée par Lotte. Sacré spectacle, pour lequel j’aurais bien fait un trait d’humour afin d’en décrisper le visage de la garde, mais je devais tirer une tête similaire moi-même. On était bien beaux. Entre les cris désespérés de Miss Bonbon et les ongles d’une jolie fille dans mon avant-bras, je dû puiser une force que je n’avais définitivement pas pour nous tracter à contre-courant. A défaut, j’avisais la silhouette du Grognours qui se fit avaler par la cascade naissante, avant de tomber dans son lit encore trop sec pour l’amortir sans peine. Le bruit macabre qui en résultat ne laissait rien présager de bon.
Et une idée me vint.
« - Tenez bon, encore quelques instants ! »
Mon bras droit, fermement agrippé et par chance, partiellement emmêlé dans un nid de racines, supportait tant bien que mal l’effort en délivrant des décharges de douleur. L’épaule gauche, elle aussi, ne semblait pas apprécié ce genre d’exercice soudain et je fus contraint de maintenir une position peu confortable de gainage impeccable pour ne pas dire adieu à un bras ou l’autre. Lorsque la trombe s’intensifia de plus belle, je serre les dents et compte jusqu’à dix. Dix petites secondes d’effort encore. Arrivé à la sixième, je n’en pouvais déjà plus.
« - Accrochez-vous ! »
Je lâche le bras droit et le rabat sur la silhouette de mes deux comparses pour les garder contre moi. On est jetés le long du courant et le mieux qu’on puisse faire, c’est prier. Ce que je fais de toutes mes forces. Les yeux clos, on sent un moment de battement, de légèreté, puis d’air prit dans les cheveux et de gravité oppressante. Je ne sais pas par quel miracle, mais on atterrit dans un lit nourrit déjà de deux bons mètres d’eau. De surcroit, c’est une toison encore tiède, que la vie n’habite plus, qui réceptionne nos corps et amortit d’autant plus la chute.
Je manque d’air, relève vivement la tête de sous l’eau, tousse plusieurs fois et crache le contenu de mes poumons. Puis une œillade rapide, les paupières embuées par un filtre aqueux, me permet de retrouver les deux autres demoiselles, saines et sauves, elles aussi en train de se débattre avec l’oxygène. Quel soulagement.
« - Vous n’avez rien de cassé ? »
Réponse positive à l’unanimité. Je jette un coup d’œil à mon bras droit, qui est définitivement celui qui aura le plus souffert et les marques rouges qui l’entourent ne présagent rien d’agréable pour les journées à suivre. Mais je devrais m’en remettre sans séquelle, après avoir testé sa souplesse au cours d’un examen rapide.
On prend tous et chacun un petit temps de pause. Enfin, tout est relatif. Pendant que Céres brief la petite Lotte sur l’inconscience de ses actes, je ne perd pas un instant pour tirer du mieux que je peux le cadavre du Grognours de l’eau. Premièrement, laisser un corps dans l’eau polluerait la source en contrebas. De plus, sa viande en ragoût est absolument délicieuse, ce serait une perte de ne pas s’en tailler une bonne grosse tranche pour la ramener à l’auberge. En plus de quoi, je pourrais sûrement me faire un prix sur sa peau à mon retour en ville. Pour un aventurier, il n’y a pas de petites économies. Sans compter la vésicule biliaire qui fait de très bons remèdes pour le foie, d’après maman. Pour cela, il me faudra juste jeter un coup d’œil à sa recette dans mon carnet ... mon carnet ?! Je m’empresse dans ma sacoche pour voir si la sacoche hermétique que je lui avais conçu avait protégé le précieux savoir contenu dans ses pages. Et si son contenant était trempé, l’intérieur l’était beaucoup moins, par chance. Hors de question de reprendre la route avant de l’avoir séché. Je me tourne vers les demoiselles.
« - Je vais rester un peu dans le coin pour faire sécher mes affaires et récolter quelques provisions sur notre ami qui nous a sauvé la vie. Je vous épargne le spectacle si vous ne voulez pas rester. Céres, Charlotte, à la revoyure ! »
Des adieux écourtés, car il me vint également l’envie de me délester de mes accoutrements pour ne pas attraper froid. Et couper du Grognours, nu, en compagnie d’autrui, ne faisait pas spécialement parti de mes passe-temps de prédilection. Ainsi, lorsqu’elles partirent, je m’attelais à la tâche jusqu’à ce que le crépuscule ne pointe. Moment donné pour reprendre la route en direction de l’auberge, lieu de repos qui sera le point de départ pour mes prochaines aventures.
Dépasser un Grognours endormi, c’est une épreuve plutôt aisée, plutôt tranquille. Les premières fois, c’est intimidant, mais pour peu de ne pas lui frôler le museau, les risques sont moindres. Mais voir celui-ci, remuer sa truffe humide en expirant lourdement, contact visuel enclenché, m’avait certainement fait perdre un peu de mes moyens. On peux le dire, j’étais bien moins fier qu’il y a cinq minutes. Et que ce soit par esprit territorial, ou par intérêt pour le barrage, il ne semblait pas voir d’un très bon œil notre présence ici.
Les secondes s’égrènent avec la lenteur d’un métronome dont on attend qu’il batte le prochain temps. L’air se fige, les respirations se taisent. La sueur perce les pores de notre peau dans un silence tel, que l’on aurait cru possible d’entendre une goutte rouler sur ma joue, glisser sur ma mâchoire et pointer sous mon menton. Elle chut, s’écrasa sur le pommeau de mon épée, lequel je ne pu attraper pour nous défendre. Et la bête sauvage approcha dangereusement. Céres fut la première à réagir, proposa une course d’action que je n’aurais pas spécialement approuvé, mais qui s’avéra, malgré tout, efficace. Que faire de plus, finalement ? S’accrocher. Ce que je fis, de mon mieux, à une motte de terre et une racine émergeant du lit du courant. Et son débit fut tel que je perdis une première fois mes prises avant d’en trouver une autre plus bas, lorsqu’une masse y avait arraché ma main. La masse en question ? Céres étranglée par Lotte. Sacré spectacle, pour lequel j’aurais bien fait un trait d’humour afin d’en décrisper le visage de la garde, mais je devais tirer une tête similaire moi-même. On était bien beaux. Entre les cris désespérés de Miss Bonbon et les ongles d’une jolie fille dans mon avant-bras, je dû puiser une force que je n’avais définitivement pas pour nous tracter à contre-courant. A défaut, j’avisais la silhouette du Grognours qui se fit avaler par la cascade naissante, avant de tomber dans son lit encore trop sec pour l’amortir sans peine. Le bruit macabre qui en résultat ne laissait rien présager de bon.
Et une idée me vint.
« - Tenez bon, encore quelques instants ! »
Mon bras droit, fermement agrippé et par chance, partiellement emmêlé dans un nid de racines, supportait tant bien que mal l’effort en délivrant des décharges de douleur. L’épaule gauche, elle aussi, ne semblait pas apprécié ce genre d’exercice soudain et je fus contraint de maintenir une position peu confortable de gainage impeccable pour ne pas dire adieu à un bras ou l’autre. Lorsque la trombe s’intensifia de plus belle, je serre les dents et compte jusqu’à dix. Dix petites secondes d’effort encore. Arrivé à la sixième, je n’en pouvais déjà plus.
« - Accrochez-vous ! »
Je lâche le bras droit et le rabat sur la silhouette de mes deux comparses pour les garder contre moi. On est jetés le long du courant et le mieux qu’on puisse faire, c’est prier. Ce que je fais de toutes mes forces. Les yeux clos, on sent un moment de battement, de légèreté, puis d’air prit dans les cheveux et de gravité oppressante. Je ne sais pas par quel miracle, mais on atterrit dans un lit nourrit déjà de deux bons mètres d’eau. De surcroit, c’est une toison encore tiède, que la vie n’habite plus, qui réceptionne nos corps et amortit d’autant plus la chute.
Je manque d’air, relève vivement la tête de sous l’eau, tousse plusieurs fois et crache le contenu de mes poumons. Puis une œillade rapide, les paupières embuées par un filtre aqueux, me permet de retrouver les deux autres demoiselles, saines et sauves, elles aussi en train de se débattre avec l’oxygène. Quel soulagement.
« - Vous n’avez rien de cassé ? »
Réponse positive à l’unanimité. Je jette un coup d’œil à mon bras droit, qui est définitivement celui qui aura le plus souffert et les marques rouges qui l’entourent ne présagent rien d’agréable pour les journées à suivre. Mais je devrais m’en remettre sans séquelle, après avoir testé sa souplesse au cours d’un examen rapide.
On prend tous et chacun un petit temps de pause. Enfin, tout est relatif. Pendant que Céres brief la petite Lotte sur l’inconscience de ses actes, je ne perd pas un instant pour tirer du mieux que je peux le cadavre du Grognours de l’eau. Premièrement, laisser un corps dans l’eau polluerait la source en contrebas. De plus, sa viande en ragoût est absolument délicieuse, ce serait une perte de ne pas s’en tailler une bonne grosse tranche pour la ramener à l’auberge. En plus de quoi, je pourrais sûrement me faire un prix sur sa peau à mon retour en ville. Pour un aventurier, il n’y a pas de petites économies. Sans compter la vésicule biliaire qui fait de très bons remèdes pour le foie, d’après maman. Pour cela, il me faudra juste jeter un coup d’œil à sa recette dans mon carnet ... mon carnet ?! Je m’empresse dans ma sacoche pour voir si la sacoche hermétique que je lui avais conçu avait protégé le précieux savoir contenu dans ses pages. Et si son contenant était trempé, l’intérieur l’était beaucoup moins, par chance. Hors de question de reprendre la route avant de l’avoir séché. Je me tourne vers les demoiselles.
« - Je vais rester un peu dans le coin pour faire sécher mes affaires et récolter quelques provisions sur notre ami qui nous a sauvé la vie. Je vous épargne le spectacle si vous ne voulez pas rester. Céres, Charlotte, à la revoyure ! »
Des adieux écourtés, car il me vint également l’envie de me délester de mes accoutrements pour ne pas attraper froid. Et couper du Grognours, nu, en compagnie d’autrui, ne faisait pas spécialement parti de mes passe-temps de prédilection. Ainsi, lorsqu’elles partirent, je m’attelais à la tâche jusqu’à ce que le crépuscule ne pointe. Moment donné pour reprendre la route en direction de l’auberge, lieu de repos qui sera le point de départ pour mes prochaines aventures.
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