La rumeur circule avec ferveur parmi les habitants d’Aryon depuis un moment déjà, décuplée dans les environs directs de la Capitale où l’évènement est très attendu : un enchanteur aurait dérobé et trouvé comment exploiter la technologie si particulière d’Empyrée. Un risque pour la sécurité de l’Etat au regard de ces voisins méfiants et tâtillons, lorsque les relations sont certes officiellement au beau fixe, mais souffrent encore d’une fragilité née de leur trop jeune âge… Comment réagirait Empyrée si elle apprenait qu’un de ces frivoles manipulateurs de magie a déployé les griffes sur l’un de leur secret, de surcroit quelques jours avant seulement que les grandes universités d’Aryon rouvrent leurs portes pour une studieuse rentrée ? Sans doute est-il temps pour les chercheurs retardataires de faire preuve d’un peu d’audace dans l’espoir de décrocher une bourse de dernier instant.
Toujours est-il que vous voilà rendus sur les lieux, chacun à votre manière. L’outrecuidant a été malin : les informations liées à l’endroit exact de sa représentation n’ont été distillées qu’auprès de cercles fermés soigneusement choisis. Des intellectuels susceptibles d’admirer son travail, mais pas trop, et surtout aucun garde ou bon samaritain susceptible de le dénoncer. A moins qu’il n’y ait eu un ou deux ratés ? L’homme qui apparait sur l’estrade aujourd’hui vous semble un peu maladroit. Imbu de sa personne, excité par sa propre image. Un masque grandiloquent posé sur le visage, portant une cape abracadabrante, il est impossible de deviner son identité. Il a opté pour un lieu-dit à 1,3 kilomètres de la Capitale sur les berges du Grand fleuve, régulièrement utilisé par les marins remontant les marchandises au rythme de l’eau. Une trentaine de badauds se pressent autour de la scène.
Voilà qu’il sort une sphère comportant une sorte d’entonnoir sur le dessus. Et pour les connaisseurs, l’évidence saute aux yeux : rien d’autre qu’un artefact on-ne-peut-plus magique, travaillé pour présenter un esthétisme exotique capable d’impressionner les foules et les incultes. Aucune trace du savoir-faire d’Empyrée là-dedans. Malheureusement, l’artefact fait sensation et avant que quiconque ait le temps d’agir, notre prestidigitateur l’active.
Ce qui était présenté comme un objet en mesure de créer et de réveiller des golems titanesques, fait soudainement apparaitre un khar salkhi franchement étonné de la manœuvre, un feupagnol à moitié dévoré dans son bec. Les plumes de l’animal se gonflent tandis qu’il feule, une stridulation de mauvais augure. Sans doute sa surprise est-elle à la hauteur de celle que ressent alors l’emprakhan qui apparait à sa suite au milieu d’une foule désarçonnée, toutes sortes de petits animaux du Désert volant apparaissant autour de vous…
Il ne suffit que d’une fraction de seconde pour que les curieux virent à l’affolement et que la situation ne dégénère en accident. Comment arrêter l’artefact fou ? Les créatures ? Et l’usurpateur qui s’apprête à fuir… ?
Participants : Zahria & Almassar
Thème actuel : Rentrée des classes
Ce RP constitue un RP adoption pour mon familier Khal Salkhi adulte !
J'ai pas le temps d'aller à Empyrée, à mon plus grand dam. Trop de boulot à la Capitale. En plus il y a plein de changements dans la Garde, et avec la rentrée qui arrive, je vais changer de couverture pour une qui me laisse beaucoup moins de liberté et qui me fait beaucoup plus de travail supplémentaire que l'ancienne. Sergent à la garde régulière, c'était pratique, je gérais mon emploi du temps toute seule, comme je voulais, et la majorité du temps, c'était côté espion. Ça me permettait de me balader partout sans problème, et puis j'avais mes autres alter ego au cas où. Là, la Commission, ça va être une autre paire de manches... Mais j'ai pas le choix, faut que j'évolue en même temps que le reste de la Garde, alors, hein, tant pis. Et du coup, j'ai pas le temps d'aller à Empyrée. J'envoie des espions en mission là-bas, mais moi, je suis clouée sur Aryon. A la Capitale, même, quasiment tout le temps.
Mais avec une partie des effectifs qui se retrouvent là-bas pour ramener des informations, du coup, je suis obligée de gérer certaines missions de terrain ici. Je vais pas mentir, ça m'arrange bien. L'excuse d'avoir des espions à Empyrée est suffisante pour que mes rares supérieurs - le roi, en fait, maintenant, vu qu'il y a plus de commandant... et puis y'a Furi aussi, il a pris beaucoup de place dans mon emploi du temps depuis que je n'ai plus d'entrevue avec Höls - me laissent m'échapper de temps en temps pour revenir à la partie du job que je préfère.
'Fin bon, là, vu le bordel, je m'en serais passée. Pfff. Tu parles. Qui va le croire. J'adore ça.
Je suis pas encore suffisamment rouillée pour ne pas avoir les bons réflexes, et alors que mon grappin apparaît sur le brassard droit de Cord, j'étudie la position de l'usurpateur fuyard et son éloignement à l'artéfact fou. Je lance mon grappin sur le premier alors que je cours à vitesse lumière à l'aide d'un Flash jusqu'au deuxième, de manière à les réunir tous les deux et n'en perdre aucun.
C'est le bordel dans la pièce, les gens courent dans tous les sens, et j'ai pas appelé de renforts pour venir mettre un peu d'ordre ici, alors il va falloir que je fasse confiance à l'esprit survivaliste d'une bande de curieux et d'enchanteurs à moitié véreux ou juste un peu trop curieux. Après, bon, ça va, c'est pas la fin du monde. Juste quelques coureurs, deux ou trois emprakhan, un glooby cauchemardesque, une dizaine de grapillons et un khar salkhi, rien de dangereux, même si les gens ne connaissent pas encore très bien les créatures du Désert Volant. Je grimace quand je vois débouler une salivrasponge. J'me souviens, dans le Désert, on avait galéré à gérer une colonie de ces saloperies. Toute seule, ça devrait aller, mais faudrait pas que ses copines débarquent...
Je mets deux tartes à l'usurpateur qui se débat contre mon grappin pour essayer de s'échapper, histoire de le maintenir en place, avant de lui gueuler dessus.
« Désactive le bordel !
- J'peux pas ! Chais pas comment ça marche ! C'est pas moi qui l'ait créé !
- Oh putain... »
Du portail créé par l'artefact continuent à débouler des créatures de petite taille, mais je sais qu'il y a des trucs petits mais redoutables là-haut. Je suis tentée de foutre le connard qui a créé cette situation devant le portail pour contenir le flux, quitte à ce qu'il en ressorte avec quelques blessures, mais je me dis que dans la foule des savants qui étaient là avec moi, il doit bien y en avoir un pas trop débile qui puisse m'aider, et vu qu'ils n'ont pas encore tous réussi à s'échapper par l'unique porte de la bâtisse...
Un Rayon magique de faible puissance part de ma main pour venir s'enfoncer dans le mur à côté de la porte, en prenant bien soin d'éviter tout le monde, et là j'ai l'attention des badauds.
« Une récompense pour le valeureux enchanteur qui m'aidera à désactiver cet artefact ! »
Les plus proches de la porte semblent étudier la question une demi-seconde avant de décider que ça ne vaut pas le coup. Ah. J'aurais dû leur dire que je leur donnais l'accès aux artefacts du Maître-Espion à étudier à volonté, ça les aurait fait mouiller ça. Bande de lâches. Et puis bientôt, c'est pas juste un enchanteur qui va me falloir, mais un aventurier chevronné qui pourra m'aider à capturer toutes les bestioles pour les ramener chez elles aussi.
La salivrasponge se met à grimper sur les murs, elle-même effrayée, et je sais que c'est pas bon signe si elle a peur. Elle va bientôt passer à l'attaque, surtout si elle trouve des potes. Moi, je suis juste venue avec Dhim, mon Lumios, qui se cache sous mes vêtements. Il est pas peureux, il sait juste que ça ne servirait à rien d'être trop téméraire, dans cette situation. Donc c'est pas lui qui va m'aider. Le Khar Salkhi s'envole pour se mettre à l'abri, et alors qu'il passe à côté de moi, j'ai un haut-le-cœur caractéristique. Je reconnais cette sensation. Mais c'est pas du tout le moment. La bestiole manque un battement d'ailes et perdre brusquement de l'altitude, perturbée comme moi, ce qui me fait penser que je n'ai pas inventé ce qui vient de se passer. J'ai du mal à comprendre comment un familier adulte a pu naître à l'état sauvage dans le Désert Volant, mais je dois avouer que c'est le moindre de mes soucis, là, tout de suite. Parce que je viens de gagner un nouveau familier, que je le veuille ou non, et alors qu'il se pose à l'autre bout de la pièce pour me fixer avec de grands yeux surpris, je comprends que j'ai un nouveau souci à gérer. Putain. Manquait plus que ça.
C'est donc fin prêt qu'Almassar se retrouve sur l'un des bancs composant le public vibrant de l'assemblée. Les murmures vont bon train à propos de cet étrange artefact dont les effets sont présumés. Et effectivement, cela semble définitivement fort exotique. Mais quelque chose titille l'esprit de l'enchanteur en observant l'objet, et il ne peut s'empêcher de se dire que malgré son apparence exotique, il ressemble à un objet enchanté bien Aryonnais. Hélas, le brun n'a pas encore eut l'occasion de découvrir cette branche cousine de la magie et de la technologie, et il ne voit donc la supercherie que trop tard, quand le chaos prend la salle alors que le portail s'ouvre et commence à vomir des créatures du Désert Volant, alors qu'Ivoire s'abaisse pour venir murmurer à l'oreille du chercheur surpris et blasé en même temps de voir qu'il a simplement perdu son temps avec un prestidigitateur de pacotille cherchant simplement à brosser son égo dans le sens du poil et négocier quelques cristaux.
-"Je m'en voudrais d'être le malotru qui ruine une bonne fête, mais quand même, quand on connait pas la technologie Empyréenne, ça surprend. On dirait vraiment le genre d'enchantements et de magie que tu fais dans ton atelier et ton laboratoire."
Un ricanement échappe des lèvres d'Almassar alors qu'il se détourne pour rapidement prendre le chemin de la sortie comme ses collègues. Fort heureusement, après quelques expériences malheureuses, il contrôle un peu mieux son instinct de fuite, et au lieu de courir vers la porte a se bousculer, sa retraite est un chouilla mieux maîtrisée tandis qu'il garde à l’œil les bêtes qui se déversent de ce portail déguisé et malformé. Il aperçoit bien la silhouette qui se déplace et tombe sur l'arnaqueur à la petite semaine, et à vrai dire, l'enchanteur lui même aurait bien échangé quelques mots avec pour lui dire sa façon de penser à grand coup d'Ivoire sur le crâne. Mais non, ce ne sont pas ses affaires. Almassar n'est pas la, il n'a jamais été la après tout. Il était occupé... A cueillir des champignons hallucinogènes et luminescents dans les forêts de la Forteresse. Oui, voila, exactement ça. Ce qui explique donc pourquoi il n'est pas apparu ces derniers jours, et absolument pas car il se préparait à assister à une représentation magique illégale, non non. Que pensez-vous, oiseaux de mauvais augure ? L'homme est pur de toute tache d'illégalité et de corruption, intouché par la bassesse scientifique et les raccourcis volés.
Du moins, c'est ce qu'il pensait faire avant que le rayon ne vienne heurter le mur et que la femme déclame ces quelques mots très importants. Récompense, cristaux. Et l'occasion d'effectivement dire à cet homme masqué ce qu'il pense de ses méthodes. La salle continue à se vider d'humains pour se remplir de monstres alors qu'un grognement échappe des lèvres du scientifique, piégé par l’appât du gain et le potentiel de se construire un réseau, ce qui est toujours utile. On ne sait jamais qui l'on aide, et comment il pourra vous rendre la pareille un jour.
-"Je vois que le Valeureux Enchanteur s'est réveillé de sa torpeur pour aider la princesse guerrière en détresse. Depuis quand tu t'y connais en technologie Empyréenne ?"
La voix du livre volant est ironique alors que cette fois, Almassar roule des yeux sans pouvoir s'empêcher de rire, surveillant ce qu'il se passe à droite et à gauche tout en sortant de son sac sans fond son manteau du saint dans lequel il s'enroule. Les bestioles ont pas l'air commode, et ça serait dommage de finir grignoté ou griffé trop rapidement. Et tout en se rapprochant de l'artefact, la réponse pour son tome siffle.
-"Oh toi, tais toi. Tu sais très bien que c'est juste un arnaqueur qui essayait de refourguer sa camelote qui est partie en vrille. Et on a toujours besoin de cristaux."
Au tour d'Ivoire de ricaner alors que l'homme tombe à genoux à coté de l'artefact, s'en saisissant pour l'observer sous tous les angles. Même pas besoin d'user de son don pour savoir que c'est un portail malformé, alors que l'objet tremble. Ce qui est mauvais signe, très mauvais signe. Redéposant l'objet au sol et trottinant d'un pas rapide jusqu’à Zahria et son prisonnier, le brun s'adresse directement à elle.
-"Je peux faire quelque chose, mais pour cela je dois savoir comment il est construit, ou du moins quelle magie a été utilisée. C'est un portail, et instable par dessus ça. Et vu son état, soit quelque chose de massif essaye de passer au travers... Soit il est si instable qu'il est en train de se déplacer, et qu'il pourrait bien se rouvrir n'importe où."
Qui n'aimerait pas finir noyé si jamais le portail commence à vomir des mètres cubes d'eau du fond de la mer ou du sable désertique, après tout ? Personne, à vrai dire. Et bien sur, le prestidigitateur répond de nouveau d'une voix tremblotante, essayant comme il peut de s'échapper en rampant au sol.
-"Mais je vous dis que c'est pas moi qui l'ai fabriqué, je l'ai acheté ! J'y suis pour rien ! Je suis innocent, comme vous je suis victime de cette supercherie !"
Avec un grognement, Almassar jette un regard à son livre puis à la femme à ses cotés, alors qu'il se frotte rapidement la joue pour réfléchir, son sceau magique recommençant à briller de plus en plus activement, signe que le portail semble loin d'avoir fini de jouer des tours.
-"Alors dites moi ce que vous a dit l'homme qui vous l'a vendu. Sinon, je vous jure, je comble le portail avec ce qu'il vous reste de crâne d'ici quelques minutes."
Cela ne fait que faire chouiner l'imposteur qui pose les mains sur son crane et se replie presque en position fœtale alors que le chercheur soupire en observant sa comparse. Soit il va falloir le faire parler, soit improviser une solution.
Y'a enfin un gars qui se décide à venir m'aider, et j'en profite pour attacher le masqué à une chaise que je trouve au fond de l'estrade où il faisait sa présentation. Leur discussion ne semble pas mener bien loin, alors je sors mon globe de vérité de mon sac sans fond et le fout entre les pognes du masqué, qui n'a pas véritablement le choix vu comment je l'ai saucissonné.
« J'ai pas vraiment envie de te faire du mal, mais si tu réponds pas à ses questions, j'hésiterai pas. Et je connais des techniques que t'as pas vraiment envie de découvrir.
- Quoi ! Mais vous êtes folle ! Je... Aaaaaarg ! »
Un craquement sinistre s'est laissé entendre quand je me suis emparé de son doigt. Oups. Enfin, rien qu'une potion de soin ne puisse facilement rafistoler. Je reste dans son dos en observant la salle, dans laquelle les bestioles continuent à débarquer. Au fond, le Khar Salkhi me regarde toujours de son air curieux et surpris, en mâchouillant le feupagnol qui a eu le malheur d'atterrir dans son gosier. Va falloir gérer ce dossier, aussi.
« Il m'a dit... il m'a dit que... ça devait créer un portail vers Empyrée, et ça attirerait un golem ! »
J'ai une révélation, comme une intuition, mais le genre mauvaise intuition. Je regarde le gars qui est venu me filer un coup de main et je prends la parole après avoir vérifié que le masqué avait bien dit la vérité.
« Y'a des golems au Désert Volant aussi, un tout autre type. Et j'ai aucune envie qu'il y en ait qui passe le portail. Vous pouvez faire quelque chose ? »
Je le regarde un instant, puis décide de lui laisser les rennes de la situation quand il y a deux nouveaux salivrasponges qui sortent du portail. Golem ou pas, va falloir gérer ça, tout de suite. Je prends mon Polymorphe pour en faire la plus grande cage que je puisse, que je fous porte ouverte en face du portail, histoire d'éviter que plus de bestioles ne viennent se balader dans la pièce, et je balance la lumière de Dhim en direction des saloperies de salivrasponges, qui détestent ça et se laissent tomber par terre, se recroquevillant sous une table où je les coince pour être certaine qu'ils ne puissent pas aller ailleurs, pour l'instant. Ramassant ça et là les bestioles que je trouve pour les foutre dans la cage, je m'approche du Khar Salkhi, qui me renifle de loin. Dhim ayant sorti la tête de sous mes vêtements, je vois l'ailé remuer la queue à la vue de mon rongeur lumineux, et doit le forcer à retourner se cacher pour éviter que mon nouveau familier ne dévore le premier d'entre eux.
Je tends la main vers lui en me laissant envahir par cette sensation unique qui se crée quand un lien avec un familier apparaît, et vidant mon esprit, donne le premier nom qui me passe par la tête, qui sera forcément le bon, le sien, si je fais ça correctement. Faut dire que je commence à avoir l'habitude, vu la ménagerie que j'ai à la Volière.
« Son'yuch. »
Le Khar Salkhi balance joyeusement la queue de droit à gauche, signe que j'ai trouvé, puis décide de me suivre en trottinant alors que je retourne vers la cage pour y balancer les créatures que j'ai pu trouver. Il ramasse pour moi dans sa bouche un glooby cauchemardesque qui essayait de ramper loin de la lumière, et m'aide avec entrain. Au moins, il est utile. Luz a un Khar Salkhi aussi, et de mémoire, ce n'est pas un grand combattant. Plutôt un animal fragile, même s'il a la magnifique particularité de voler, et de pouvoir être monté. Mon coeur bat un peu plus vite quand je comprends que je vais pouvoir voler. Sur l'estrade, mon nouvel ami est toujours en train de se débattre avec l'artéfact et le portail instable, en même temps, ça fait moins d'une minute que je me suis éloignée.
« Si vous n'arrivez pas à le désactiver, il y a un moyen de le détruire, avant que ne passe par là-bas un truc plus gros et plus dangereux, genre... un golem, un golem du Désert Volant ? Et c'est quoi le risque si on fait ça ? »
Tant qu'on ne tue personne, ni de ce côté, ni de l'autre, et que les bestioles rentrent chez elles en sécurité, moi ça me va. Je suis prête à assumer les dégâts matériels pour sauver des vies. Parce qu'un Golem se baladant librement sur Aryon, alors que je suis visiblement la seule capable de le combattre dans le coin, tout en devant protéger toute la ménagerie et les enchanteurs en fuite, c'est vraiment pas une bonne idée.
-"Je peux essayer, mais selon la fabrication, ça peut mal tourner, je préfère être sincère."
Rien de plus, chacun allant à sa tâche. Plutôt que de gérer des animaux qu'il ne sait contrôler, l'enchanteur s'occupe de l'artefact qu'il commence à tourner dans tous les sens. Se mordant la lèvre durant un instant, l'homme se plonge profondément dans ses pensées. Il aurait aimé éviter user de son pouvoir, mais la situation l'exige. Un portail peut être crée de multiples façons, et celui la ne semble pas particulièrement stable. Fermant les yeux tandis que ses pupilles luisent d'un éclat violacé plus intense, il pose les mains sur l'artefact dont les dernières créations sont vomies dans la cage. Son pouvoir infuse l'artefact, a tel point qu'il entend sans entendre Zahria. Une petite minute plus tard, son regard se rouvre enfin, les pommettes tirés alors qu'il arque un sourcil pour détailler cet artefact maudit qu'il avait sous les doigts.
-"Vous pouvez répéter ? Je n'ai pas entendu ce que vous disiez."
Une fois la question répétée, Almassar se mordille la lippe de nouveau, fronçant les sourcils tandis qu'il réfléchit. A tel point que ses mots sortent presque plus rapidement que ses pensées, entre le stress et les risques possibles.
-"C'est du bon enchantement, mais bâclé, celui qui vendait ça savait clairement que ça allait mal terminer. Le portail fonctionne normalement, mais il n'est pas stable. Normalement, il ne devrait pas pouvoir dépasser une certaine taille, et hélas celui la peut s'étendre, donc oui, un golem des sables est une possibilité."
L'objet tremble alors qu'il crache un duo de coureurs dans la cage, ces derniers s'affolant, ajoutant encore au bordel ambiant. Avec un soupir, l'enchanteur fouille dans son sac à la recherche d'un objet qui pourrait servir en un tel instant. Rien ne lui vient en tête, et il préfère garder son propre polymorphe en cas de réel problème.
-"Je peux désactiver le portail, mais cela prendra du temps. Il n'a pas été fait pour durer sur le temps, donc c'est presque un piège magique à ce stade. Et pour le détruire, il y'a le même risque. Son instabilité peut le rendre dangereux, ou alors il faudrait arriver à faire cela dans une zone vide de toute présence, voir dans l'eau. J'ai juste une inquiétude, c'est qu'au moment de sa destruction, il s'agrandisse encore et absorbe une zone bien plus étendue."
Quelle taille il pourrait dévorer, si jamais lors de sa destruction il devenait instable et se déchainait ? Difficile à estimer même pour l'enchanteur. Plusieurs mètres de rayon, probablement. Bon, avoir du sable du désert ici et de la terre des plaines la bas ne serait pas trop grave, encore. Mais c'est sur que c'est une opération qui se prépare à l'avance. Finalement, sans attendre la suite, le brun commence à sortir de quoi démonter la couche extérieure de l'artefact pour en révéler le cœur et la magie qui l'anime, jetant à gauche et à droite les pièces censées rappeler Empyrée.
Tout se passe bien dans un premier temps, avant que l'objet ne recommence à trembler. Et cette fois, c'est l'un des bancs de la pièce qui se retrouve attiré et aspiré pour être renvoyé de l'autre coté, alors qu'Almassar recule rapidement du phénomène. L'air autour d'eux semble s'altérer, l'air devenir plus lourd alors que le phénomène s'apaise. Jurant entre ses dents, l'enchanteur se remet rapidement au travail, sortant de son sac plusieurs fioles et bocaux remplis de poudres et de différents liquides. Le brun aurait aimé éviter de devoir improviser une rustine magique ou au contraire un moyen de taire le sort selon ce qui sera le plus rapide, mais il n'a pas réellement le choix, avant qu'un second banc finisse aspiré et catapulté de l'autre coté, dans le désert. Plus qu'a espérer que rien ne se trouvait de l'autre coté sous peine de finir assommé par ce projectile impromptu, mais il devient clair que plus le temps passe, plus l'artefact semble devenir instable, voir dangereux... Et qu'il manquera peut être de temps avant de pouvoir le stabiliser correctement.
Je réfléchis, vite. Il y a aucune solution qui ne me convienne, aucune où je suis la seule à prendre des risques en mettant le reste en sécurité. Et puis l'enchanteur me dit qu'il peut le détruire, mais que c'est dangereux, qu'il vaudrait mieux le faire dans l'eau, mais que le portail risque d'absorber ce qu'il y a autour de lui. Si je fous le bazar dans la Luisante et qu'une trombe d'eau débarque au Désert Volant, ça va encore être le bordel et puis ça va me rajouter du travail derrière. Il semble pas vraiment y avoir de solution miracle. J'aurais bien foutu l'artefact dans mon tatouage de rangement, puis je me serais mis les menottes, mais d'abord il est trop grand, et ensuite je ne suis même pas sûre que ça aurait marché. Je le vois s'affairer à essayer de trouver une solution, et je décide que j'aime bien ce gars, qui reste malgré le danger. Il n'est probablement motivé que par la récompense que j'ai promis, mais il est toujours là, et c'est bien.
Je me tourne vers l'autre, dont j'arrache le masque. Il a pleuré là-dessous, certainement la douleur provoquée par son doigt cassé. Je soupire. Il avait du charisme tout à l'heure quand il faisait sa présentation, mais quand on voit son visage quelconque, son nez en trompette, les traces de larmes sur ses joues, il est juste pathétique, je m'en veux un peu de lui avoir fait ça. Il aurait peut-être parlé sans. Mais fallait que ça aille vite. Je lui tourne le visage vers le portail alors que le deuxième banc est aspiré, il ouvre de grands yeux terrorisés.
« Va falloir nous aider, là, sinon on va tous être aspirés là-dedans, et je sais pas si tu es déjà allé au Désert Volant, mais c'est pas une terre très accueillante je t'avoue. T'as plus de chance de finir dévoré par une bestiole que t'as jamais vu avant que de savourer un rafraichissant cocktail en bronzant sur le sable. Et puis comme t'es un peu bloqué ici avec nous, autant dire que t'as pas trop le choix si tu veux vivre pour raconter ça à tes potes...
- Mais... mais... je ne suis pas enchanteur, moi... Je suis juste un... bon marchand ?
- Ouais, un escroc on appelle ça dans mon jargon. Il t'a pas donné un contresort, ton vendeur ? Un verrou, une formule, un mot magique pour l'arrêter ?
- Non... rien...
- C'est qui ce gars ?
- Je sais pas ! Je le connaissais pas ! C'est lui qui m'a approché ! Il a dit qu'il avait un super coup pour moi, mais qu'il fallait que je réunisse un max de gens pour voir son oeuvre ! Il avait l'air super fier, je croyais vraiment qu'il avait réussi un truc incroyable !
- Il a pu se tromper dans sa formule ?
- Je... j'en sais rien... peut-être ? Mais il avait l'air sûr de lui... »
Un terroriste ? Le coup n'est pas assez bien monté. On est loin de tout, il aurait à peine attaqué quelques enchanteurs, et puis tout le monde a réussi à s'échapper, à part nous trois. Les créatures transportées de ce côté-ci n'ont même pas une grande valeur, surtout si on prend en compte l'idée que l'artefact risque d'exploser et de tout emporter avec... C'était peut-être un test alors, c'est pour ça qu'il n'était pas là... il n'était pas là... Non. Un gars fier de sa création, un gars en train de tester une méthode, il était forcément là. Mais oui, putain. Il était dans l'assemblée ! Je me tourne vers mon nouvel ami toujours affairé, un sourire aux lèvres.
« Gagne autant de temps que possible, je crois que je peux trouver quelqu'un qui saura l'arrêter ! Je reviens tout de suite ! »
Ma vitesse est augmentée, le Marchombre me fait gagner de la distance, et je passe rapidement la porte de la salle pour me retrouver à l'extérieur. Je vois l'assemblée des enchanteurs un peu plus loin. Beaucoup sont en train de fuir, mais certains sont resté à distance raisonnable. Cette curiosité mal placée me débecte. Ils veulent juste savoir comment ça va finir, même s'ils savent que ça va forcément mal finir. Je les observe tous, et repère rapidement mon coupable, ce n'est pas difficile, il prend des notes et a un sourire satisfait, contrairement aux autres qui ont encore une lueur de peur dans le regard. Je me plante devant lui et j'active la Rumeur pour lui donner un ordre contre lequel il ne débattra pas.
« Suis moi et ne fais pas d'histoires. »
Je vois son sourire se figer et il fait quelques pas vers moi, lui-même surpris. Je reprends la route de la salle sans un regard pour les autres, en m'assurant qu'il me suive, mais il a l'air de lutter de toutes ses forces contre mon ordre. Je ne peux pas l'assommer, et j'ai vraiment besoin qu'il se dépêche. Je me mords la lèvre inférieur puis je vois arriver vers moi en trottinant, loin de toutes mes préoccupations, Son'yuch, mon nouveau familier, le Khar Salkhi que j'avais presque oublié dans toutes ces emmerdes. Il bat toujours joyeusement de la queue, et ça me ferait presque sourire, si l'instant n'était pas critique.
« Son'yuch... je peux te monter ? »
Le Khar Salkhi fait un tour sur lui-même, essayant d'attraper cette queue qui ne cesse de s'agiter, je ne suis pas sûre qu'il ait compris ce que je lui dis. Je m'approche de lui, lui flatte le flanc, mon vil enchanteur me suivant toujours mais continuant de lutter contre mon ordre. Son'yuch me regarde avec ses grands yeux curieux, maintenant immobile, et puis il se baisse, comme pour m'inviter. Bingo. Je me saisis du criminel à bout de bras et le force à monter devant moi sur le Khar Salkhi, qui s'ébroue, l'air de dire "c'est pas ça qui était prévu". Je tape sur le sol et il déploie ses ailes par réflexe, et voilà qu'on fait un bond de trois mètres en l'air. Je manque de perdre l'équilibre, et surtout de perdre mon précieux chargement par dessus bord, mais je me rattrape au dernier moment avant de montrer à Son'yuch la bâtisse que nous venions de quitter.
Je ne suis pas sûre qu'il me comprenne vraiment, mais il se met malgré tout en route dans la bonne direction, et quand une partie du toit est absorbé par l'artefact, nous faisant une entrée que je n'espérais pas, je vois enfin un espoir. Son'yuch ne semble pas avoir l'intention de rentrer à l'intérieur, alors quand on passe au-dessus de l'ouverture dans le toit, je saute avec l'enchanteur dans les bras, et je laisse ma cape du Rud'olph nous faire planer tranquillement jusqu'à l'estrade ou j'arrive avec grâce, laissant mon colis s'écraser au sol.
J'active la Rumeur à nouveau, tout en sortant mon épée Wardän pour finir de le convaincre, et lui ordonne de désactiver l'artéfact sur lequel s'affaire toujours le brun. Allez, on va y arriver. Hein ?
-"Je vais faire de mon mieux."
Un dernier regard assassin pour le prestidigitateur qui les a mis dans une telle situation avant qu'il ne revienne à cet artefact maudit. Les fioritures et décoration sont entièrement retirées et il ne reste désormais plus que le cœur de l'objet. Ce dernier ne semble plus rien faire pendant un moment, ce qui est loin d'être bon signe. Les vibrations qui le prennent sont preuve qu'il est en train d'absorber de l'énergie ou d'en canaliser pour quelque chose de gros. Fouillant dans ses composantes magiques, Almassar entame rapidement un mélange pour commencer à en saupoudrer l'artefact et les alentours, chargeant magiquement le mélange. La poussière rependue commence à luire doucement, alors que l'homme essaye simplement de contenir ou de briser l'enchantement, sans grand succès. Trop de puissance traverse l'objet, et c'est pratiquement impossible de l'arrêter maintenant. Le décharger serait néanmoins une idée... Mais comment, et où ? Le brun n'a rien sous la main de capable d'une telle prouesse, et il ne se balade généralement pas avec ce genre d'objets sur soi. Encore il aurait son atelier, peut être qu'il aurait pu décharger assez de l'artefact pour pouvoir en briser la magie, mais en cet instant, il ne lui reste plus qu'a faire de son mieux pour limiter la casse.
Et cette dernière ne tarde pas à arriver. L'enchantement que le brun tente de tisser rapidement fait son effet, au moins partiellement. La poudre s'illumine avant de s'enflammer et de disparaître en des volutes de fumée, surchargée sous la quantité de magie qu'elle ne parvient de dissiper. Mais au moins, le pire est évité. L'artefact laisse échapper toute son énergie, sur une zone relativement réduite. Seul un bon tiers du toit finit déconstruit et aspiré, alors qu'enfin le portail s'apaise temporairement, gavé par tant de matière à téléporter. Le scientifique ne peut qu'avoir une pensée pour les créatures de l'autre coté qui viennent de se faire arroser de briques et de poutres. Ivoire pour sa part finit par rentrer dans le sac de l'enchanteur, peu désireux de se faire ainsi aspirer tout en laissant échapper.
-"Vraiment, la prochaine fois que tu as un bon plan pareil, préviens moi je viens pas. J'ai pas envie de finir avec des pages éparpillées entre la Forteresse et le Grand Port, en axe du Désert à la Capitale."
Le livre marque un point, mais Almassar n'a pas le temps de répondre tandis qu'un colis est livré à domicile. Un enchanteur qui était dans l'assemblée et qui fait une mine contrite. Aisé de comprendre qui il est, surtout quand il commence à se saisir de l'artefact pour le retourner dans tous les sens avec un air désolé sur les traits.
-"Mais qu'avez-vous fait à mon bijou de science ! Regardez, il ne fonctionne plus normalement ! C'est vous qui l'avez déréglé !"
Le brun jette un regard au malfrat, puis à celle venant de le ramener, dubitatif. Il n'a même pas le temps de répondre que le prisonnier enchaine en fouillant dans une besace pour en sortir un peu de matériel qu'il avait emporté avec lui.
-"Pourquoi vous avez baissé la puissance alors qu'il allait justement réellement marcher ! Mon invention est un succès, j'ai enfin su créer une orbe de téléportation portative ! Et vous avez décidés d'arrêter le progrès en marche uniquement par peur d'abimer un peu une vieille baraque abandonnée ! Vous n'avez donc aucune conscience scientifique ou éthique ?"
Almassar reste un instant la bouche entrouverte sans savoir quoi dire, clignant simplement des yeux, subjugué par une telle audace et un tel cran. Le silence résonne dans la pièce, alors que l'artefact recommence à pulser et s'inverser de nouveau. Ce n'est plus des bancs qui se font aspirer mais du sable qui commence à être vomi, commençant à former un joli château dans la cage. Le débit augmente de plus en plus au fur et à mesure que les deux vortex s'agrandissent, ce qui finit par faire reprendre au brun ses esprits.
-"C'est sur, quel succès ! Votre artefact n'a absolument aucun contrôle sur ce qu'il fait et il passe son temps à inverser les entrées et les sorties ! On sait même pas à quel moment il va s'arrêter, donc bien sur qu'il faut le désactiver ! Et vu comme il est instable, je vois aucune autre façon de faire que de finir par peu à peu l'étouffer magiquement avant qu'il ne devienne une bombe de téléportation géante."
Fort heureusement Zahria -ou sa magie- savent se montrer assez persuasifs, étant donné que même en grognant ainsi, l'homme s'attaque à aider Almassar à désactiver l'artefact avant qu'il ne soit trop tard. Du moins si cela est possible, et surtout, avant de finir enterrés dans le sable qui commence à tranquillement remplir l'espace et leur monter aux pieds, puis aux genoux, ce qui ne manque pas d'arracher un grognement au jeune homme qui voit la tâche de continuer d'essayer de canaliser la magie particulièrement ardue étant donnée que sa poudre se retrouve mélangée quand ce n'est pas directement absorbée par le sable. Et c'est tout en travaillant de concert avec la tête de mule qui continue de laisser échapper un flot de reproches accablants pour ce duo qui empêche la science de progresser, cette bande de rétrogrades, qu'Almassar redresse le regard sur la femme qui les surveille.
-"Normalement à deux on devrait arriver à stabiliser le portail pour qu'il arrête d'en faire qu'a sa tête. Par contre, je peux pas promettre qu'on puisse réellement le désactiver sans avoir un peu plus de matériel avec nous. Déjà, si on arrête le sable, ça sera un bon début. Peut être arriver à le mettre en veille quelques heures, le temps de le déplacer dans un endroit plus adapté à réellement l'empêcher de nuire ensuite, je peux pas promettre mieux."
En espérant que cela suffise à la femme, car il a beau avoir des cordes à son arc... Il n'est pas magicien pour autant, et il ne peut pas accomplir de miracles comme ça d'un claquement de doigt. Ce qui est dommage, car il aurait adoré pouvoir en être capable.
Je les regarde à peine se chamailler, leur laissant le temps de travailler tandis que j'évacue la cage qui commence à dangereusement se remplir de sable. Les bestioles à l'intérieur sont apeurées, voire même terrorisées pour certaines, et s'agitent dans tous les sens en poussant des cris plaintifs. Je ferme la cage après l'avoir éloignée et me saisit de mon cristal de communication pour demander du renfort et une escouade qui vienne faire un peu de nettoyage ici, et récupérer les créatures pour les ramener chez elles. Certaines continuent de se balader dans la pièce, notamment les trois salivrasponges, et je pense que certaines ont profité de l'explosion du toit pour se faire la malle, mais je pouvais pas tout gérer non plus. D'ailleurs les saloperies de salivrasponges ont profité du fait que la lumière que j'avais mis devant elles ait disparu pour grimper sur le mur et s'apprêtent à disparaître dans la nature. Nope. Je peux pas laisser faire.
Mon grappin réapparaît sur l'arbalète du brassard droit de Cord, et je me propulse en hauteur pour leur couper le chemin. Y'a rien qui les arrête vraiment, de mémoire. Jin avait été obligé d'exploser la grotte dans laquelle on était pour qu'ils nous foutent la paix, et ils avaient fait de sacrés dommages. Enfin, il y en avait beaucoup, beaucoup plus que trois, aussi. Ça devrait aller. J'allume quelques orbes de ma lampe aux mille feux et les déplace pour pour leur couper le passage et les guider dans la direction qui m'intéresse. Leur peur de la lumière est bien utile, et j'aurais bien aimé savoir ça quand on les a affronté la première fois. Il m'a fallu me fader les rapports de pas mal de monde pour comprendre comment fonctionnaient ces bestioles dégoutantes. Enfin, c'est la beauté de mon métier, hein.
Je parviens enfin à faire descendre les trois créatures au sol, et je me demande où est-ce que je vais bien pouvoir les foutre. Hors de question de les mélanger au reste des créatures dans la cage, ils risqueraient de les bouffer. J'ai pas de filet avec moi, c'est dommage. Dans la ribambelle de casseroles magiques que je me trimballe dans mon sac sans fond, ça manque, un truc pour immobiliser les créatures qui se laissent pas faire... En attendant, les voilà coincés entre trois sources lumineuses, et il faudra que ça reste le cas un petit moment encore.
Dehors, il y a Son'yuch qui fait des tours en volant au-dessus de la bâtisse, refusant d'entrer mais aussi de partir. L'esprit de loyauté provoqué par le lien familier-maître. Si ça avait été une créature sauvage, il se serait fait la malle depuis longtemps. J'espère qu'il va pas ressortir trop traumatisé de cette première expérience avec moi et que son dressage va pas être trop fatigant... Enfin, pas le moment de me poser ces questions.
Après avoir craché du sable pendant un moment, on dirait que le portail vient à nouveau de se renverser, et je vois la chaise sur laquelle j'ai attaché l'escroc qui bouge très lentement, mais très sûrement, en direction de l'artefact. Merde, il va se faire aspirer, le con. Je me téléporte près de lui, alors que la chaise avance un peu plus vite, et je m'affaire pour le détacher, alors qu'il commence à gueuler en comprenant ce qui risque d'arriver. 'Suis tentée de lui foutre deux baffes pour le faire taire, mais ça ne m'aiderait pas à défaire le noeud plus rapidement, alors j'essaye de rester concentrée. Je tire sur le dernier lien et le chope par le bras alors que la chaise décolle du sol pour disparaître à travers le portail. L'escroc me tombe dessus de tout son poids, et je manque de m'étouffer. Je le repousse en le faisant basculer sur le côté, avant d'utiliser une partie de la corde que j'ai encore en main pour lui attacher les siennes et m'assurer qu'il prenne pas la fuite avant l'arrivée de la garde.
Je m'approche alors des deux enchanteurs en plein travail pour leur demander si c'est bientôt fini, et ils se lèvent à ce moment-là vers moi pour m'annoncer que c'est stabilisé. Bonne nouvelle. Le reste de la corde me sert à attacher l'enchanteur verreux et pas très doué, alors que le brun finit son "emballage" de notre bombe à retardement. Je lui tends la main pour enfin me présenter avec un sourire satisfait.
« Sergent Zahria Ahlysh. Merci pour ta collaboration. Et t'inquiète, tu auras ta récompense. »
Va falloir que je négocie avec les hautes instances. Au pire je prendrai sur le budget du pôle espionnage. Ou sur mon solde personnel, même si ça me fait pas plaisir. Mais le gars m'a aidé à faire mon taf, c'est la moindre des choses, après tout. Je tords les lèvres avant de reprendre la parole, parce qu'en fait, c'est pas tout à fait fini.
« 'Fin... t'auras ta récompense, ouais... mais tu l'auras d'autant plus si tu mettes à finir le taf. Tu pourrais détruire ou désactiver complètement le bazar, si on va au bon endroit ? Je t'accompagne, où que ce soit, histoire de m'assurer que le bouzin fera plus de dégâts... »
Un petit peu de chantage, ça coûte rien. Et puis ça me permettra de voir s'il est capable ou pas, j'aurais peut-être du boulot perso à lui proposer en échange... Me manque un enchanteur pour les protections sur les bureaux au pôle espionnage et à la Volière pour finir le verrou à plusieurs variantes que je voulais, il pourrait faire l'affaire...
L'escouade que j'ai demandé ne tarde pas plus longtemps, et je leur file l'escroc, en gardant avec moi l'enchanteur qui a créé l'artefact, on sait jamais. Ils récupèrent aussi les créatures, heureusement ils sont venus avec leurs propres cages et peuvent enfermer les salivrasponges à part. Je leur file mon adresse pour qu'ils y livrent mon Polymorphe une fois qu'ils l'auront vidé et je me tourne vers Almassar, dont je connais désormais le prénom, avec un grand sourire.
« On y va ? »
-"Almassar Heckel, enchanteur et enchanté. Je dois avouer que je ne m'attendais pas réellement à ça comme... Démonstration."
Puis vient ensuite la proposition de Zahria de finir le travail. La prime n'est peut être pas plus grosse, enfin il ne comprend pas ce qu'elle essaye de lui dire, mais au fond ça fait toujours de l'entrainement. La magie de téléportation n'est pas quelque chose sur laquelle il a régulièrement travaillé, et qui sait. Cela pourrait se montrer riche en enseignements. Après tout, une reconversion parmi les enchanteurs qui tiennent les portails entre les villes est toujours envisageable. Un salaire plus que décent, des conditions de travail tranquilles, du temps pour ses propres expérimentations... C'est pas le pire avenir possible. Et cette orbe pourrait bien en être la première marche alors qu'il finit d'emballer le cadeau surprise de poudre enchantée et de tissus pour la glisser dans son sac sans fond.
-"Si ça peut vous faire plaisir. Je présume que dans tous les cas vous le récupérerez à la fin, je vous vois mal laisser un tel objet se balader dans la nature."
Une conversation sur où aller ensuite. Un atelier de la garde, ou bien le sien. Finalement, dans un soucis de gain de temps et surtout d'aisance, c'est ce second qui est choisi. Almassar possède tout ce qu'il faut chez lui, il voulait simplement savoir si c'était nécéssaire de faire cela sous plusieurs paires d'yeux pour un quelconque protocole. Fort heureusement, ce n'est pas le cas, et la route retour vers la Capitale s'effectue dans un silence certain, si ce n'est pour les animaux qui accompagnent la femme. Si ce n'est une petite question qui finit par traverser son esprit.
-"Je sais que je ne suis pas en position de demander ça... Mais si un jour vous mettez la main sur de la réelle technologie, ou magie Empyréenne, je serais curieux de pouvoir l'étudier. J'aimerais bien savoir comment ils font fonctionner toute leur machinerie, et vu que je n'ai pas réellement l'occasion de m'y rendre pour le moment, je pense pas avoir d'autre moyen pour mettre les mains dessus, même temporairement."
C'est surement en vain mais... Qui ne tente rien n'a rien après tout, d'après le dicton. Une fois dans la capitale, le trajet est rapide alors que l'homme sort la clé ouvrant sa petite boutique tranquille. Une fois à l'intérieur il laisse passer l'espionne, révélant un lieu qui ne casse clairement pas trois pattes à un canard. Des objets et armes enchantées sont disposés sur plusieurs armoires et étagères, voir des présentoirs, soigneusement entretenus. Il se dirige vers une seconde porte derrière le comptoir et vient l'ouvrir pour laisser passer la femme dans l'arrière boutique qui sert tant de bureau que d'atelier, avec une petite pièce pour poser les tatouages enchantés pour ceux qui préfèrent fonctionner ainsi.
Maintenant en sécurité, Almassar fait ressortir Ivoire de son sac, qui grommelle un peu en voyant qu'il est rentré, et encore plus en apercevant la compagnie qui occupe les lieux.
-"Comme quoi, tu écoutes mes conseils. Chercher quelqu'un qui partage tes passions pour avoir un sujet de conversation commun. J'espère que cette charmante femme saura survivre plus d'une demi heure en ta compagnie. Mais je me présente, Grimoire Ivoire, enchanté, Mademoiselle."
Un soupir échappe des lèvres du scientifique qui roule des yeux alors que son grimoire ricane et vient s'installer dans la boutique, marmonnant à propos de cette journée infernale. Laissant Zahria s'installer et lui proposant une boisson chaude, l'homme retire quelques ouvrages et outils disposés sur le plan de travail qui ne lui serviront plus en l'instant au vu de sa nouvelle tâche. La Garde ne semble pas décidée à partir, et même si le processus prend encore plus d'une bonne heure, elle surveille l'intégralité du déroulement -surement pour s'assurer que l'artefact soit réellement scellé et qu'Almassar ne trafique rien-.
Ce dernier est néanmoins studieux dans son travail et ne tente pas de faire disparaître l'artefact, d'aspirer la femme dedans pour le conserver ni rien. Il s'attaque simplement à sceller définitivement l'objet. Enfin, définitivement. Jusqu’à ce que quelqu'un se décide à détricoter son travail, les sceaux et filaments magiques qu'il tisse tout autour. Ce qui, normalement, ne devrait pas arriver de sitôt si jamais l'objet est rangé quelque part dans les entrepôts de la Garde pour s'assurer que personne ne remette la main dessus. Et finalement, quand tout est prêt, il tend l'orbe à Zahria avec un sourire, tout en se redressant pour se préparer à la saluer.
-"Sergent, tout est bon. L'artefact est scellé et vous pouvez... Je sais pas quoi en fait, en faire ce que vous souhaitez je présume. Et si c'est tout, je n'ai qu'a vous souhaiter un bon retour et un bon repos... Et merci d'avoir évité que l'on finisse tous téléportés dans ce maudit désert."