Titouan lève les yeux au ciel, comme si c'était plus intéressant qu'ici-bas, obligeant son frère, Kiko, à lui donner un coup de coude dans les côtes pour qu'il se concentre et évite une réprimande de la part de ses parents. Ils sont tous les quatre venus pour assister à une séance éducative sur la préservation et la protection des espèces naturelles et sauvages du Royaume. Cette séance est organisée par Ralia, son but étant de sensibiliser les publics, jeunes et moins jeunes, à cette cause. Séléna et Haku sont également présents, pour les raisons qui leur plairont, ce qui donne un groupe de six. Haku ne comprend pas ce que raconte les humains mais ne s'empêche pas d'y aller de son petit commentaire sur ce que raconte la garde-chasse et sur le comportement dissipé des mioches. Heureusement, seule Séléna peut l'entendre.
Ralia, tu as plus d'une corde à ton arc. Tu as repéré, la veille lorsque tu préparais ton parcours éducatif, deux sceral qui semblent avoir élu domicile dans une partie des plaines. Tu espères qu'ils seront encore là quand vous arriverez sur place ! Tu comptes sur ces créatures majestueuses pour époustoufler ton groupe.
Seulement, lorsque vous arrivez sur place... L'un des sceral a été pris dans un piège et agonise, allongé sur le sol et, surtout, seul. Malheureusement, il ne tient pas longtemps et, après une dizaine de minutes supplémentaires, rend son dernier soupir. Tout ce que vous avez, ce sont des traces de sang et, surtout, de plusieurs pas : à la fois ceux de l'autre sceral et d'autres appartenant à des humains. Il est temps de mettre en pratique ce que Ralia vient d'apprendre à son groupe. Quant à toi, Ralia, tu vas pouvoir leur montrer comment agir. Car, oui, c'est bien beau de parler de tout ça mais il faut aussi savoir agir lorsque la situation l'exige !
Bonne chance !
Participants : @Séléna de l'Aube et @Ralia Lanir
Thème actuel : Rentrée des classes
Tu es un mist Haku, et un mist blanc, les gens n'ont pas l'habitude d'en voir tous les jours... Et arrête de leur grogner dessus.
Je me demande si j'aurai pas mieux fait de rester un esprit... En plus je ne comprends rien à ce qu'ils disent... Ils parlent de moi hein ! Je les entends chuchoter !
Ils chuchotent oui, donc je ne sais pas ce qu'ils disent non plus et de toute façon je m'en fou.
Tu veux pas qu'on s'en aille Léna ? Même la garde chasse, je n'aime pas ses regards qu'elle me lance... J'ai l'impression qu'elle va me sauter dessus à n'importe quelle moment !
Arrête de psychoter et avance !
Et puis en plus, tu as pas besoin de monture ! Tu m'as moi !
Je t'ai toi oui. Et c'est parce que je t'ai toi qu'il me faut autre chose qu'un cheval comme monture je te signale. Parce que Monsieur est une feignasse et ne veut pas avancer au même rythme que les chevaux ! Donc on doit trouver quelque chose de plus grand qui puisse de porter aussi.
Ou alors tu peux juste marcher comme tout le monde !
Marcher c'est franchement trop long. Alors soit tu me portes, soit on cherche une monture.
Et pourquoi on cherche pas tous seuls ta monture ?
Parce que je n'y connais rien en bestiole. Et que la, la garde chasse veut nous montrer des scérals : ce sont de grands équidés avec des bois, comme les cerfs. Parfait pour te faire te bouger les fesses quand tu larves.
Mouais, c'est ce qu'on verra...*
Haku n'est jamais très emballé à l'idée que j'adopte d'autres créatures que lui. Sauf que monsieur ne me permet pas de voyager rapidement dans les plaines où j'ai choisi de vivoter tranquillement cette nouvelle vie. Et que marcher, ça va bien les premiers jours mais clairement, ma jument me manque. J'ai bien essayé d'en reprendre une mais Haku ne suivait plus le rythme et la jument était clairement pas assez forte pour supporté son poids de gros mist.
Voilà pourquoi j'ai profité des cours que dispensait cette garde chasse sur les scérals pour m'y incruster... Et ceux malgré les remarques de Haku. Et si j'ai du répondre à bon nombre de question sur lui auprès des enfants, je me dis que cela finira bien par payer... Enfin, je veux surtout voir si un scéral serait une bonne option à mon problème, alors j'ai plutôt hâte de les trouver.
- HRP:
- Rp obtention de familier
Mais pour cela, il fallait se rendre dans les Plaines. La demoiselle, malgré son apparence, était une sauvageonne n'ayant jamais vraiment quitté sa forêt. Mais, après tout, il y avait un début à tout, n'est-ce pas ? Et puis, changer d'environnement lui permettrait également de découvrir de nouvelles espèces, qu'elle ne connaissait jusque-là qu'à travers ses livres ou les récits de ses collègues qui voyageaient plus qu'elle.
Evidemment, puisqu'elle avait un objectif lorsqu'elle avait pris le portail, la veille, elle avait rapidement trouvé ce qu'elle cherchait : un couple de scerals. Voilà qui pourrait intéresser des enfants, s'était-elle fait la remarque. Car, oui, son groupe contenait des enfants. Et elle se doutait qu'ils n'auraient pas autant de patience que les adultes, il faudrait donc les intéresser avec autre chose que de la théorie... La pratique lui semblait une bonne idée. Alors, après avoir passé un moment avec eux, elle avait pris congé, espérant avoir créé un lien suffisant pour qu'ils soient curieux lorsqu'elle reviendrait. Même si, elle le savait, il serait parfaitement logique qu'ils restent cachés, avec un groupe d'humains plus important, comportant des enfants bruyants, en approche. Enfin, elle pourrait ainsi leur enseigner l'importance du calme si on voulat voir des animaux. Cela pourrait être un bon moyen d'aider les parents à leur enseigner la discipline, se dit-elle.
Enfin. Elle ne connaissait pas les personnes qu'elle guiderait. Elle savait seulement qu'il y en aurait cinq, dont un couple et leurs deux enfants. C'était tout ce dont elle avait besoin. La cinquième personne devait être un ou une adulte plus classique, si on ne lui en avait rien dit.
_____
- ... D'où l'importance de prendre soin de ceux qui vous entourent, humains ou non. N'hésitez pas à en parler autour de vous.
Elle marqua une pause, observant ses élèves du jour, particulièrement les enfants. Si l'un semblait faire de son mieux pour suivre, l'autre ne cachait pas son ennui. Elle ne put retenir un sourire. Elle pouvait facilement faire l'analogie avec des bébés animaux, chacun ayant son propre caractère. Alors, elle lança la deuxième partie de ce qu'elle avait prévu, avec un coup d'oeil pour la cinquième personne, accompagnée d'un mist. Cette personne serait certainement elle aussi intéressée par la suite.
- Bon, la théorie, c'est bien, mais vous conviendrez qu'il est plus intéressant de voir ce que tout ça donne en pratique ! Suivez-moi, avec un peu de chance, on pourra trouver quelques spécimens. Ah, et, les enfants. Si vous voulez voir des animaux, je compte sur vous pour rester discrets.
Inutile de préciser pourquoi. Si les parents avaient briefé un minimum leurs enfants avant le départ, ces derniers devraient savoir que trop de bruit effraierait les animaux. Elle glissa un coup d'oeil au plus distrait des deux enfants, qui, d'un coup, semblait intéressé. Bien. Elle avait trouvé la bonne solution.
Néanmoins, elle déchanta vite. Arrivée au lieu dit, elle trouva rapidement l'animal piégé. Alors, oubliant immédiatement les humains qui l'accompagnaient, elle se précipita à ses côtés. Elle savait qu'il n'y avait rien à faire pour lui sauver la vie, mais elle pouvait au moins rester près de lui, afin qu'il ne meure pas seul. Déposant la tête de l'animal sur ses genoux, elle se mit à lui parler doucement, sans choisir spécifiquement ses mots, simplement pour qu'il sente sa présence, alors qu'elle le caressait doucement, pour l'apaiser. De sa main libre, elle alla chercher son aiguille dans sa botte, et s'en servit de la manière indiquée, c'est-à-dire pour démanteler le piège. Evidemment, cela ne sauverait pas la bête, mais ça la soulagerait. Et elle l'accompagna dans ses derniers instants, tremblant néanmoins de rage vis-à-vis des braconniers qui avaient posé le piège.
Lorsqu'enfin, il rendit son dernier soupir, elle prit un moment pour le pleurer, après quoi, elle déposa doucement sa tête sur le sol et se releva, se tournant enfin vers son groupe, le regard vengeur, serrant son aiguille comme une arme.
- Ils vont payer.
Mais, rapidement, elle se reprit. C'était quelque chose qu'elle avait du mal à accepter. Lorsqu'elle partait pour effectuer l'une de ses missions, même si elle découvrait une victime de braconniers, elle ne pouvait pas toujours se permettre de tout abandonner pour les poursuivre. Néanmoins, elle reviendrait. Elle les traquerait, c'était certain. Mais plus tard. Et elle partirait spécialement pour ça, ce qui lui permettrait de mieux s'équiper. D'un autre côté... En observant les traces, elle pouvait voir des pas humains. Peut-être sa vengeance n'aurait-elle pas à attendre trop longtemps, finalement.
Néanmoins, en s'adressant aux parents, elle marqua une légère hésitation :
- Je crois qu'il vaudrait mieux arrêter la visite ici. Il y en avait un deuxième, je vais aller le voir, mais... Je ne sais pas ce que je trouverai là-bas. Ce ne sera peut-être pas pour les enfants.
Tandis que les parents se concertaient, elle s'avança vers la femme au mist :
- Quant à vous... Si vous le voulez, est-ce que vous pourriez m'accompagner ? Comme je viens de le dire, je ne sais pas ce qui se trouve au bout de la piste, donc si vous voulez la suivre aussi, nous ferions mieux de nous associer. Evidemment, je ne vous oblige à rien.
Honnêtement, elle voulait que la femme refuse. Mais la politesse la contraignait à demander.
Une fois certaine que nous ne sommes pas observée par ceux qui ont fait cela, je fais disparaitre mon arme et m'approche de l'animal, détaillant ses blessures et ce qui l'a piégé. Une de ses grandes pattes de près de deux mètre a été prise dans un piège à Warg... Lui sectionnant net et le faisant surement tomber dans un filet, le laissant là, coincé, à se vider de son sang.
Depuis combien de temps gît-il là ? Trop longtemps au vu du râle qu'il finit par pousser et de la terre devenue boue gorgée de sang à ses pieds.
Flattant alors l'encolure de l'immense créature, je me détache d'elle, laissant la garde chasse Ralia évacuer un instant sa tristesse, m'intéressant plutôt aux différentes traces au sol, Haku a mes côtés.
*Pourquoi des humains auraient fait ça en laissant leur prise ici ?
Je crois savoir, mais ça ne me plait pas...*
Je pointe alors des traces de sabots similaires à ceux du scéral qui vient de mourir et les montre du doigt à mon mist.
*Il y en avait un deuxième...
Je ne crois pas que ces animaux soient appréciés pour leur viandes... Et vu le filet utiliser, c'était clairement cet animal que les braconniers voulaient. Mais surement qu'une monture à trois pattes ne leurs plaisaient plus.
Tu penses qu'ils ont mal calculé la puissance de leur piège ?
C'est ça.*
Et finalement, la garde chasse se relève, malgré son ton se voulant surement cordial, je peux sentir toute la colère qu'elle ressent. Et lorsqu'elle m'invite à l'accompagner, je peux alors ressentir le peu d'invitation qu'il y a dans sa demande.
Un citoyen normal aurait très certainement refusé, après tout, on ne sait pas à quel point les braconniers peuvent être dangereux quand ils chassent. Mais je suis une ancienne garde royale qui depuis sa plus tendre enfance voulait devenir garde pour défendre les opprimés et faire appliquer la justice.
Alors clairement, il est hors de question que je laisse une civile agir seule dans une telle situation, qu'elle le veuille où non.
- En temps que... - merde, qu'est ce que je fais, je ne suis plus garde maintenant !- Peu importe, je ne vous laisserai pas seule face à ces gens dont on ne sait rien. Peut être ne seront-ils pas là, mais d'après ces empruntes que j'ai trouvé à côté de celle d'un autre Scéral, je doute qu'ils laissent le deuxième en paix. Suivons donc leur piste. Quant à vous, vous saurez rentrer au village ?
- Oui... Oui on devrait s'en sortir.
- Allez les enfants, on rentre.
- Bien, alors allons y sans perdre une seconde de plus.
*Haku, on va suivre la piste, tu peux le traquer ?
Je peux mais dans ce cas, à toi de couvrir mes arrières.
Évidemment.*
- Suivons Haku, il va nous guider. Mais restons sur nos gardes tant qu'on ne sait pas où sont ceux qui ont fait ça.
Enfin, cette femme semblait motivée. Et elle utilisait les sens de son compagnon... Cela ne plaisait qu'à moitié à Ralia. D'accord, l'animal ne semblait pas maltraité, mais qu'il soit utilisé, même si c'était pour la bonne cause... C'était difficile à avaler. Enfin. Il serait toujours temps d'éclaircir tout cela plus tard. Pour l'instant, elle avaient un équidé à sauver, tant que c'était possible.
Alors, elle emboîta le pas au mist, tout en répondant à sa compagne humaine :
- Bien sûr. Et même après les avoir trouvés. Je... Connais les braconniers. Ils ne se laisseront pas arrêter si facilement.
Elle avait hésité. Elle se détestait pour cela. C'était la meilleure manière de donner un indice sur sa relation avec ces humains, ceux qu'elle méprisait le plus au monde. Alors, comment admettre que, même si c'était pour la bonne cause... Elle avait fait partie de ce groupe méprisable, pendant des années ? Et elle avait intégré le groupe de sa propre initiative, jamais son père ne l'avait forcée. D'accord, le but était de réunir assez d'informations pour permettre à la Garde d'arrêter son père et le groupe de ce dernier. D'accord, elle n'avait tué aucun animal pendant son séjour. Mais elle avait fait partie du groupe, elle avait fait du reprérage pour eux. Et, même si elle les menait parfois sur des fausses pistes, elle savait qu'on ne lui ferait plus confiance si aucune des indications qu'elle donnait ne menait jamais à une proie. Donc, qu'elle le veuille ou non, elle avait été responsable de certains massacres. Indirectement, mais elle avait sa part de responsabilité là-dedans.
Assommée par ces souvenirs, elle marqua un arrêt, sans même le réaliser. Certes, elle était fière de l'accomplissement qu'avait représenté pour elle l'arrestation du groupe de son père, mais... N'aurait-elle pas pu s'y prendre autrement ? Elle savait que son père l'aimait, n'aurait-elle pas pu simplement lui poser des questions pour obtenir ses confidences ? Elle ne le savait pas. Elle ne le saurait jamais.
Non, Ralia, tu n'as pas le droit de te perdre dans le passé. C'est trop tard. Tu as une mission, concentre-toi. Secouant doucement la tête, elle se hâta de rattraper son retard. Puis, suivant toujours le mist, elle observa les environs... Quand elle reconnut l'endroit. Elle avait aidé à mettre en place ce genre de piège, destiné à empêcher de potentiels intrus de venir sauver les victimes que le groupe préférait attirer dans un lieu isolé pour l'achever. Les membres du groupe ne se faisaient pas prendre, uniquement parce qu'ils connaissaient les pièges, et savaient les éviter. Normalement, seul un braconnier savait éviter ce genre d'embûches, mais... Elle était l'exception qui confirmait la règle, dira-t-on. Alors, repoussant sa collègue improvisée alors qu'elle allait marcher sur le déclencheur d'un piège, elle lui murmura :
- On approche. Faites attention où vous mettez les pieds, je vous guiderai. Euh... Haku, c'est ça ? Si tu pouvais rester à côté de ta maîtresse, ce serait plus sûr. Je ne sais pas exactement ce qui nous attend, mais à partir de maintenant, c'est moi qui guide. À part si vous ne tenez pas à la vie. Posez vos pieds au même endroit que moi, par sécurité.
Son ton ne permettait aucune contestation. Malgré elle, elle se trouvait à présent en terrain connu. Encore une fois, elle se maudit de ne pas avoir d'autre arme que son aiguille et ses fléchettes... Qui n'étaient pas des armes. Mais si elles rencontraient quelqu'un d'hostile, ce qui arriverait probablement, elle devait être capable d'assurer la sécurité de son groupe. Qu'elle le veuille ou non, elle était désormais responsable du trio.
Hein ?*
Décidément, cet incompréhension chronique des humains est un problème...
*Il y a des pièges un peu partout dans le coin d'après ses dires... Donc elle veut que tu restes près de moi et que tu nous suives en faisant attention où tu mets tes pattes.
Bah tu peux lui dire que je m'en moque, je pose pas mes pattes moi. Tiens, la piste continue par là et... Et puis euh...
Et puis quoi ? Et reviens ici, c'est pas le moment de faire le mariole !
Non mais venez voir plutôt ! Y'a un entremêlement d'empreintes ici et puis... Là ! Une touffe de poils noir !*
N'en faisant qu'à sa tête, comme d'habitude, Haku fonce vers le nouveau piège qui semble s'être refermé sur une touffe de poils...
- Je suis vraiment désolé mais comme s'est un mist il dit qu'il ne pose pas les pattes au sol et donc ne risque rien... Mais il a trouvé quelque chose là où il est. "Une touffe de poils noir" qu'il m'a dit. Par la pensée...
Avant, quand Haku me suivait sous forme d'esprit, je passais pour une folle parce que je parlais toute seule vu qu'il n'y avait que moi pour le voir et l'entendre, et qu'il m'entendait et me comprenait... Mais maintenant que monsieur à retrouver son corps, loin d'arrêtée de passer pour une folle, je continue quand je tente d'expliquer aux gens que oui, ce mist n'en est pas vraiment un mais que malgré tout il ne comprends que ce que je lui dis par la pensée et est incapable de comprendre le langage humain qu'il entend de ses oreilles...
Et aujourd'hui ne fera pas exception.
- Ce mist est mon pouvoir et qu'il n'y a que moi qui peut le comprendre et lui parler par télépathie... Bref, si vous voulez bien aller le rejoindre, je suis vos pas.
Lentement mais surement, nous avançons pour rejoindre le mist et arrivons alors dans le petit bosquet où il s'est arrêté.
Et comme il l'a décrit, les traces de pas à cette endroit semblent désordonnés, et surtout, plus nombreuses quant aux humains présents ici...
- Ils ont du le rattraper... On doit se dépêcher.
Et alors que je suis encore le nez sur les traces, un grand brénissement arrive à nos oreilles. Clairement, ce n'est pas un cri d'animal heureux et en pleine santé, loin de là.
Et instinctivement, je fais apparaitre une nouvelle fois mon espadon, prête à en découdre.
*Je passe devant !
Haku ! NON ! Ça peut être dangereux ! Surtout pour toi ! HAKU !*
Mais comme d'hab, le mist s'en fou, s'éloignant sans regard en arrière en lévitant au dessus des dangers tandis que je suis coincée derrière la garde chasse. Tremblant d'impatience et d'inquiétude pour mon mist, ma main serrant la garde de mon espadon aussi rouge que le sang à m'en faire blanchir les phalanges, je porte un instant ma main à mon pendentif enfermant mon armure, me demandant si elle serait assez résistante pour me protéger des pièges si je décidais de foncer dans le tas.
- Je veux bien vous suivre encore mais on doit vraiment se dépêcher.
- Il y a vraiment des pouvoirs étranges. Mais c'est vrai, désolée, Haku.
Oui, elle n'avait aucun problème pour s'excuser face à un animal, même s'il n'en était pas vraiment un, bien qu'il semble quand même très réel... Enfin. Elle n'allait pas s'engager sur ce terrain, au risque de s'y perdre.
Prenant toujours garde à là où elle mettait les pieds, elle rejoignit le mist. Les traces indiquaient clairement un lieu plus peuplé. S'agenouillant, elle étudia les empreintes de plus près. Elle se disait qu'elle pourrait faire comme si elle n'avait jamais trahi les braconniers, afin, peut-être, de pouvoir se déplacer plus librement si elle croisait les "propriétaires" des lieux... Qui, pour elle, n'appartenaient à personne, mais c'était une autre histoire.
Néanmoins, lorsque le mist fonça, Ralia en oublia presque la prudence. Il était hors de question qu'il rentre dans les braconniers et se fasse prendre en sa présence ! Ironiquement, les paroles de la femme, qui lui demandait de se dépêcher, lui rappela plutôt qu'elle devait rester prudente. Et en parlant de prudence...
- Ne posez pas de question, on pourra s'expliquer plus tard. Mais si on croise des braconniers, je suis de retour après avoir été la seule à avoir échappé à la prison et vous, vous êtes une nouvelle recrue que j'ai trouvé sur le chemin.
Il n'y avait plus qu'à espérer que ces braconniers avaient connu la bande de son père... Non, il fallait surtout espérer retrouver les deux animaux sans croiser d'humain. Mais on n'était jamais trop prudent. Alors, après s'être assurée que sa complice avait compris, elle reprit la route.
Au bout d'un certain temps, elle fit signe à son accompagnatrice qu'il n'était plus nécessaire de faire attention à leurs pas. Elles étaient à présent dans le repaire, les sécurités étant cantonnées à l'entrée. Il était en effet plus prudent de ne pas piéger la zone où tout le monde marchait au cours des activités de la vie quotidienne...
À présent, elle ne communiquait plus que silencieusement avec sa comparse, alors qu'elles continuaient à suivre le mist imprudent. Elles pouvaient croiser un braconnier à tout moment, autant ne pas forcer le destin. Si Lucy était avec elles, elles rattraperaient le mist, trouveraient le sceral, le libèreraient et partiraient avec lui, le tout sans attirer l'attention. Mouais. Elle n'y croyait pas. Et elle ne comprenait pas ces gens qui plaçaient leur foi en une telle déesse. Déesse de la chance... Elle savait très bien que le hasard avait très peu de prise sur le monde. Enfin. Il serait toujours temps d'avir ce débat plus tard, avec quelqu'un d'autre. Peut-être carrément lancer un débat avec un prêtre...
Enfin. Encore une fois, ce n'était pas le moment. Ecoutant les possibles bruits, elle guida sa comparse vers les coins les plus silencieux, progressant toujours dans la même direction. D'accord, elle avait décidé d'un plan en cas de rencontre, mais il vaudrait toujours mieux ne croiser personne si c'était possible, non ?
Mais arrête de t'inquiéter, tu me déconcentres.
Non mais tu te rends compte au moins que tu es visible ?! Et pas loin d'un camps de braconnier ?!
Et ?
Et tu es un mist Haku ! Si ils te voient, ils voudront te capturer !
Et bah ça me fera une occasion de tester mes dents !
Ne soit pas stupide ! Tu n'as jamais rien combattu, revient maintenant !
Je t'ai vu combattre des milliers de fois, je suis sûr que je m'en sortirais !
Tu vas juste nous faire tuer, abruti !
Nous ?! Moi qui pensais que tu t'inquiétais pour moi... Tu me déçois Léna...
RAAAAH Mais tu vas revenir oui ?!
Ça va, ça va, je rev.*
Et soudainement, une douleur me déchire le bras, comme si quelque chose venait de se planter dedans. Main opposé sur l'endroit de la douleur, je cherche une plaie inexistante en taisant au mieux le cri qui ne demande qu'à sortir de ma gorge tandis qu'à quelques dizaines de mètres on entend clairement le rugissement de mon mist qui s'est finalement fait surprendre comme un abruti !
*Luna ! J'ai mal ! Ils... ils m'ont planté une flèche dans le bras !
J'arrive, tiens bon.
Ils... Ils tirent encore !*
De loin, je le vois, mon mist. Mon mist effrayé par sa mortalité. Et n'écoutant que mon cœur fonçant sur mon âme sœur, j'en appelle a mon armure et fonce vers lui, oubliant clairement les recommandations de la garde chasse.
Là, maintenant, plus rien ne compte que sauver mon Haku.
Et, doublant enfin mon mist, je le dépasse et me place entre lui et ses poursuivants. Mon espadon empoignée devant moi, je déclenche alors son enchantement de feu et le fait flamboyer devant les yeux écarquillés des poursuivants qui me dévisage moi, la femme en armure intégrale.
- Ce mist est à moi ! Un pas de plus et vous êtes mort !
Clairement, le ton de ma voix ne laisse place à aucune négociation. Il faut dire que les citoyens négocient rarement avec la garde royale aussi ce ton est quelque chose qui s'apprend dans nos classes...
Pour autant, à travers les fentes de mon casque, je suis encore plus stupéfaites qu'ils ne le sont.
Devant moi, la mère de Titouan et Kiko. Et arrivant du camps vers elle, le benjamin accoure vers elle.
- Maman, maman, c'est bon, je vais pouvoir avoir mon mist ?
Non mais sérieusement ?
D'un autre côté, Ralia comprenait cette femme. Ce mist semblait important pour elle, et... Attendez, d'où sortait cette armure ? Et cette arme ? Enfin. À présent, il était inutile de tenter de continuer à mentir. Alors, autant profiter de cette providence. Une fois de plus, Ralia n'avait pas pensé à prendre une arme digne de ce nom. Mais elle avait d'autres atouts... Saisissant l'aiguille cachée dans sa botte, elle fit silencieusement le tour, tentant de prendre les agresseurs à revers. Cependant, lorsqu'elle les vit, elle ne put retenir un soupir agacé. Décidemment, les enfants étaient encore pires à gérer que les animaux...
- Ce mist n'est pas à toi. Et il n'est pas sauvage non plus, laissez-le en paix.
Posant une main impérieuse sur l'épaule de l'enfant qui semblait le plus intéressé par la créature, elle adressa un signe de tête à sa coéquipière :
- Allez-y, continuez. Suivez votre mist, il a l'air d'être sur une piste. Je vais régler ça, je vous rejoins plus tard... Dès que possible.
Puis, avec un nouveau soupir, elle s'adressa à la mère :
- Je vous ai dit que c'était dangereux ! Ne savez-vous pas tenir vos enfants ? Et où est votre mari, d'ailleurs ?
- Les enfants sont partis sans prévenir, il a fallu les suivre pour ne pas les perdre. Mon époux est rentré au village pour trouver du renfort.
Mais on lui avait refourgué des inconscients, ce n'était pas possible. Reprenant le chemin vers le village, impérieuse, elle lança :
- Tout le monde me suit, et sans discuter. Nous sommes très proches d'un camp de braconniers, si nous ne sommes pas dans leur repaire. L'arrivée d'une foule pourrait les effrayer et les rendre plus dangereux qu'à l'accoutumée. Vous m'accompangez, on rentre au village, on dit à tout le monde qu'il ne faut pas venir, vous retrouvez votre idiot d'époux et vous partez avec lui. Ensuite, je reviens, et on gère ça à deux, sans mettre plus de monde que nécessaire en danger, compris ?
C'était la première fois qu'elle parlait autant. Mais l'inconscience de ces humains la mettait hors d'elle. Elle n'avait plus qu'à espérer que celle qui semblait être une garde saurait s'en sortir sans se mettre trop en danger, elle et son mist. Loin de se soucier réellement de l'humaine, elle craignait pour les deux animaux et, elle devait bien l'admettre, sa propre réputation. En effet, perdre une personne qui se trouvait sous sa responsabilité ne pourrait pas être positif pour sa carrière... Mais quelque chose lui disait que cette femme saurait s'en sortir, même seule. Et puis, Ralia finirait par la rejoindre, les villageois ne pouvaient pas être plus difficiles à gérer qu'une troupe d'animaux sauvages, si ?
Les humains font vraiment ça d'habitude ? Tirer sur des gens a vu ?*
Un peu a l'écart du camps, ayant laissé la garde chasse après qu'elle me l'ai demandé, je rattrape Haku qui s'est éloigné sans plus suivre quoi que ce soit et lui arrache la flèche du bras non sans ressentir moi même sa douleur. Puis l'instant d'après, je sors ma trousse du parfait maladroit et entame les premiers soins.
*On est pas beaucoup sorti de la capitale ces dernières années mais, les braconniers sont connu pour ça : attaquer les animaux a vu pour les capturer et les revendre, soit vivant, soit pour leur peau. Au final, tu as de la chance qu'il n'est visé que ta patte.*
Haku ne répond pas. En même temps, il doit réfléchir à sa nouvelle position d'être vivant avec un corps de mist, et donc d'animal. Avant, quand il n'était qu'un esprit lié à moi, il n'avait pas a se poser se genre de question et apprenait juste des relations en me voyant interagir avec les autres. Sauf qu'associale que j'étais, il n'a pas non plus pu apprendre grand chose... Alors apprendre de sa condition de mist... On en est loin.
Mais j'espère que cette leçon qu'il vient d'apprendre, il la retiendra du premier coup.
*Bref, quand je te dis que c'est dangereux, écoute moi s'il te plait.
Désolé...
Et maintenant, tâchons de vite retrouver ce scéral...
Je... je crois que je l'ai vu en fait.
... Où ?
Dans le camps des braconniers...*
Rah... Mais c'est pas vrai ça. Alors ce serait trop tard ?
*Bon, essayons de voir si il y est toujours, et surtout s'il va bien...*
Beaucoup moins téméraire, Haku rebrousse chemin en faisant attention de ne pas se faire pendre tandis que je le suis prudemment.
Et finalement, on revient aux alentours du camps ou quelques tentes de toiles ont été tendus et où il ne semble plus y avoir personne. Toujours cachée dans mon armure que je ne compte pas quitter de si tôt, je compte surtout sur le mist pour repérer les empreintes, mon casque obstruant légèrement ma visibilité.
*Il était là bas, je crois.*
Là bas, c'est à coté d'un grand arbre dont le tronc semble avoir été malmené récemment. Un scéral ayant des bois de cerf tout en ayant la taille deux à trois fois supérieur, je me doute que cela pourrait concorder avec les dires de mon mist. Pour autant, maintenant, il n'est plus là.
*On contourne et on tente de retrouver sa piste.*
Sans répondre, Haku se glisse dans les feuillages et avance discrètement jusqu'à l'autre côté du camps. Un camps qui, malgré nos précautions semblent plutôt désert. Est-ce mauvais signe ? Il doit bien resté quelqu'un pour surveiller les affaires sur place pourtant... C'est pas très rassurant tout ça.
Pour autant, ma priorité est de retrouver le scéral avant qu'il ne soit dépecé, sait-on jamais ce que ces hommes ont prévu. Alors on s'éloigne du camps en suivant les traces.
Et après quelques minutes à peine, on le trouve enfin, ce pauvre animal qui souffle de douleur, dont le pelage noir et blanc est consteller de tâche rouge par endroit sous les éraflures qu'il a du se faire à courir dans le coin. Animal des plaines, il a du n'avoir d'autres choix que de tenter de se réfugier dans la forêt qui n'est pas spécialement adaptée à son gabarit.
Et autour de son cou et de son museau, deux cordes qui le lient à un chêne centenaire. En le voyant là, même Haku a mal. Tellement qu'il fonce dans sa direction sans réfléchir, encore.
Et que, encore, un piège se referme sur lui : ou plutôt, un filet lui tombe dessus et le cloue au sol.
- Cette fois on le tient les gars !
Et immédiatement, quatre types sortent des broussailles environnante tandis qu'épée en main je m'approche de mon mist pour aller le libérer.
Trop tard malheureusement.
- Hop hop hop. Un pas de plus et on le tue.
Une lame posé sur la tête de Haku, je ne peux que contemplée ce spectacle en serrant les dents. Et le pire étant la personne qui tient la dague et dont je connais le visage.
- Vous...
Lui. Lui le père de Kiko et Titouan.
- Désolé hein, mais nous avons promis des familiers à nos enfants. Il y avait deux scérals mais l'un est mort alors on va prendre votre mist et tout se passera très bien.
*Luna... Qu'est ce qu'ils me veulent au juste ?!
Toi, un familier pour leurs mioches.
Bah dit leur que je n'en suis pas un ! Je suis toi, ton pouvoir ! Ils peuvent pas nous séparer !
Je sais, calme toi, je cherche comment nous sortir de là.*
- Bref, on ne le dira pas deux fois alors allez vous en et laissez nous tranquille maintenant. Et au passage, faites en sorte que la garde chasse nous laisse tranquille, ça vaut mieux pour elle.
- Ça va pas être possible malheureusement.
- Oh que si... Sinon...!
- Non mais en fait on est lié lui et moi, par la magie et personne peut rien y faire donc je ne peux pas partir sans lui.
- Comment ça ?
- Bah, vous devez bien avoir un pouvoir, non ?
- Oui, je parle aux crapauds. Mais quel rapport.
- Ah... Désolé pour vous. Enfin moi mon pouvoir c'est lui. Donc on ne peut pas nous séparer.
L'homme me dévisage, cherchant à savoir si je mens ou pas. Et dans le doute, il finit par lancer.
- Attachez là le temps qu'on tire ça au clair ! Et retirez lui son armure !
- C'est bon, c'est bon, je le fais.
Ne souhaitant pas que ces hommes comprennent que mon armure est stockée dans mon collier, je tends mon bras devant moi et fait disparaitre mon armure dans le même temps tout en mettant en évidence le bracelet qui me permet d'envoyer des émotions à Kahlua mais que je n'utilise plus depuis mon changement d'identité.
- Voilà, vous voyez, je coopère, alors évitez de lui faire du mal s'il vous plait, c'est désagréable pour lui et moi...
Et l'instant d'après, me voilà dépossédée de mon bracelet, tout en étant ligotée. Heureusement, ils ne m'ont pas pris ma bague, juste mon espadon que j'ai lâché au sol.
Plus qu'à attendre l'opportunité au sein de leur camps pour me libérer grâce à ma hallebarde et libérer Haku et le pauvre équidé par la même occasion...
Il lui smeblait même que, plus ils approchaient du village, plus ses compagnons de route étaient encombrants, comme s'ils ne voulaient pas y retourner. Finalement, à bout de patience, elle écarta sans ménagement les enfants qui semblaient décidés à rester dans ses pattes et récupéra un rythme de marche normal :
- Bon, ça suffit ! Et vous, Madame, je ne vous félicite pas ! Quand on a des enfants, la moindre des choses, c'est de les éduquer.
- Oh, mais ils sont parfaitement éduqués.
Elle se tourna vers la mère. Avait-elle bien entendu ? Ou alors cette femme était-elle complètement inconsciente ?
- Pardon ?
Prenant un air contrit, la mère ajouta :
- Voyez, ces pauvres enfants. Il leur faut bien des compagnons, vous ne trouvez pas ? C'est malheureux d'être seul !
- Chacun a son frère pour... Oh, ne me dites pas que...
- Mais non, tout va bien ! Pourriez-vous nous montrer d'autres animaux ?
Elle soupira. Soit cette femme était très bonne comédienne, soit elle ne se rendait pas compte des risques qu'elle courait. Et il était évident que son propre discours précédent n'avait eu aucun effet sur eux. D'un coup, elle eut très envie de se servir de son aiguille pour... Non. Elle n'était pas une meurtrière.
- Et j'imagine que les villageois n'y sont pour rien ?
- Qui sait ?
Elle avait de plus en plus envie de l'étrangler.
- Et votre mari ? Il sait tout ça ?
- Bien sûr.
Elle était visiblement tombée dans un piège. Alors, sur un instinct, elle fit volte-face... Mais fut arrêtée par l'un des enfants. Il lui était impossible de savoir lequel c'était, mais cela importait peu. Lorsqu'elle baissa les yeux sur lui, elle vit ses larmes, qui semblaient sincères :
- Alors c'est vrai, vous voulez pas qu'on ait des compagnons ?
Ralia soupira. Si cet enfant était vraiment sincère, elle n'avait pas le droit de le traiter comme un coupable. Alors, elle s'accroupit pour être à son niveau, invitant également son frère à les reojoindre. Puis, de la voix la plus calme qu'elle put prendre, elle refit un peu de pédagogie :
- Ce sont des animaux sauvages. Si vous les approchez sans précaution, ils fuiront. Et si vous les forcez à vous rejoindre, ils ne vous aimeront jamais, vous comprenez ? Comment vous réagiriez si un monstre vous kidnappait, et qu'il vous disait ensuite qu'il veut juste être votre ami ? Vous le croiriez ?
Les enfants se regardèrent l'un l'autre. C'est alors que l'un d'eux lui lança :
- Mais il y a des gens qui en ont, des animaux de compagnie !
Ralia sourit. Elle connaissait la réponse parfaite, cette fois.
- Ce sont des familiers. Des animaux spéciaux, qui peuvent se lier aux humains. Mais, encore une fois, aucun d'eux ne se liera à vous si vous voulez le forcer. SI vous voulez des familiers, je vous conseille de faire éclore un oeuf. Vous aurez un compagnon fidèle pour la vie... Et qu'il faudra traiter correctement, évidemment. Un animal est un être vivant, comme vous, pas une peluche. Compris ?
- Euh...
- Eh ! Oui ! Dis oui !
- Oui ?
Ralia se releva alors. Elle n'était pas certaine que ses paroles aient eu l'effet escompté, mais à présent, elle savait ce qui se tramait. Et elle était plus ou moins rassurée : si le but était simplement de capturer l'animal pour en faire une peluche, il ne lui serait fait aucun mal trop important. Et c'est à ce moment qu'elle réalisa quelque chose.
- Où est passée votre mère ?
À tous les coups, elle voulait que Ralia fasse la babysitter pour l'empêcher d'aller sauver le scéral, à présent qu'elle connaissait le plan... Sérieusement, si un jour elle retrouvait ce couple, elle lui ferait comprendre sa manière de penser ! Mais les enfants pouvaient avoir été manipulés. À cet âge, on croit tout ce que disent les adultes, surtout ses propres parents. Elle était bien placée pour le savoir, elle qui avait vécu ses premières années en croyant que braconnier n'était pas un mauvais métier... Alors, elle prendrait soin des enfants. Mais elle n'oubliait pas sa promesse de rejoindre sa complice.
- Venez. J'ai encore quelques choses à faire, mais d'abord, je vais vous trouver un tuteur digne de ce nom au village. Il est hors de question que je vous laisse seuls ici, certains prédateurs ne diraient pas non à des proies faciles...
Oui, bon, ça, ce n'était pas forcément nécessaire. Mais , ainsi, elle s'assurait que les enfants restent sages. Du moins, tant qu'ils seraient avec elle. Une fois confiés à quelqu'un d'autre... Eh bien, ce serait à cette personne de les gérer.
Parce que oui, un mist, c'est quand même pas tous les jours que des braconniers peuvent en chopper un, d'autant plus un mist blanc avec de la fourrure bleu. Le prix pour la revente d'une telle créature pourrait largement leur permettre de se faire des petites vacances peinards. Mais le problème était ce lien qui m'unissait à lui, et la grande question de "est ce que ça vaut le coup de payer un enchanteur pour réglé le problème ou est ce qu'on est perdant dans l'histoire ?"
Je les regarde, leur faisant des petits sourires quand ils me regardent, insistant bien sur le fait que je les écoute, jusqu'à ce qu'ils soient mal à l'aise et décide de rentrer continuer leur discussion dans une des tentes tous les quatre.
Après tout, attachée au milieu de leur camps au milieu de nulle part, quelles sont les risques de me laisser sans surveillance ?
Ils sont très grand, mais une chance pour moi, ils ne s'en doute pas. D'un geste de la main, ma hallebarde apparait et me permet de me libérer sans aucun problème. Et une fois debout, je m'approche du scéral, cherchant à le rassurer en avançant prudemment, lui faisant sentir ma main tandis que la peur semble prendre quelques peu le dessus.
*Euh, t'as oublié un truc là !
Je réfléchis.
Réfléchis après m'avoir libéré ! Je déteste ces cordes !*
J'ignore Haku tandis que je regarde l'énorme créature dans les yeux, cherchant toujours à le rassurer jusqu'à ce qu'il me laisse le toucher, résigner. Là, en silence, je tente de l'examiner comme je peux, au moins les pattes qui sont aussi grandes que moi et le ventre qui est à ma hauteur. Le dos par contre, il faudrait que l'animal accepte de se baisser mais ça, ça semble compromis dans son état. Il n'a certes aucune plaie graves, que de très nombreuses éraflures mais tremble par intermittence, et semble au bord de l'épuisement.
*Tu vas devoir attendre un peu avant que je te libère Haku.
Quoi ?! Non ! Luna !
C'est Léna maintenant, souvient t'en. Et même si je préfèrerai m'enfuir, le scéral ne réussira pas à aller loin. Et puis il est hors de question que j'abandonne mon espadon et mon bracelet.
Mais Lu.. Léna, tu ne peux pas encore remettre ton armure !
C'est bien ce que je dis, tu vas devoir attendre.*
Et finalement, je me rassoie sagement à ma place, enroulant grossièrement les cordes autours de mes poignets pour maintenir une certaine illusion quant à mon statue de captive. Et je me repositionne juste à temps pour voir la mère des deux gamins revenir au camps et demander des explications aux quatre hommes.
- Qu'est ce qu'elle fait encore là elle ?
- Bah, apparemment, son mist c'est son pouvoir...
- Hm, problématique.
- Et les enfants ?
- Je les ai laissés avec la garde chasse, ça devrait la retarder, mais du coup, on doit s'occuper de la bête maintenant.
- Maintenant ? Mais je croyais qu'il était pour Titouan ce scéral ! Il faut qu'il soit là pour qu'il puisse le dresser.
- Ça c'était l'idée de base, tu sais, quand ton père devait les attraper les deux au lieu d'en tuer un et de laisser des traces grossières en essayant d'attraper l'autre !
- Un problème avec mes méthodes Mélodie ?
- Quand elle finisse par nous ramener un garde chasse ? oui, clairement oui Gérard.
- Franchement Luc, tu devrais mieux tenir ta femme.
- Pardon ?!
Et c'est ainsi que cette famille de garde chasse commencèrent à s'engueuler plutôt que de fuir le camps, rejetant chacun la faute sur l'autre...
- BON CA SUFFIT ! Si on ne veut pas que cette journée soit gâchée, soit on tue le scéral, soit l'un de nous l'emmène chez le groupes de l'est pour leur vendre à bas prix.
- On tue
- On tue
- On tue
- On tue
- J'achète ?
Les regards se tournent alors vers moi, interloqué.
- Écoutez... J'ai bien compris que c'est un peu votre gagne pain de vendre des animaux... Là vous les vouliez pour vos fils, c'est pas possible, vous voulez quand même en récupérer quelque chose... Moi je peux vous l'acheter.
- Ah vraiment ?
- Oui oui, vraiment. Franchement, moi tout ce que je veux c'est une monture pour me transporter moi et mon mist et... vous avez vu cette bête ? Clairement il fera l'affaire. Donc, vous me laisser partir avec, je vous paye et avec un peu de chance je croise la garde chasse quand elle revient et je lui dis que c'est réglé. Comme ça vous êtes tranquille, et tout le monde est content, non ?
Et après, je préviens la garde, ils leur tombent dessus, et finissent leurs journées derrière des bons barreaux. Non, vraiment, ça semble le mieux.
- Et vous nous l'achèteriez combien ?
- Hm... Je sais pas, vous en voulez combien ?
- 1000 cristaux.
Ah bah d'accord.
- 1000, vraiment ? C'est parce que j'ai une tête de fille sortant tout juste de l'adolescence que vous croyez pouvoir m'avoir comme ça ? Franchement, vu son état, si je vous en donne 400 vous faites une affaire.
- C'est 1000, parce qu'on vous vend le mist avec. Sans lui vous pouvez pas partir non ? Sauf que maintenant il est à nous.
Non mais ça devient vraiment n'importe quoi.
- A vous hein ? Qu'est ce que vous allez faire d'un mist qui ne comprends pas un mot du langage humain et qui, en plus est lié à un humain ?
- On peut le dépecé et vendre sa peau, par exemple.
*Euh, Léna... tu leur dis quoi ?
Je gagne du temps Haku...*
Mais je serre les dents, parce que ça devient de plus en plus n'importe quoi cette histoire. Cela dit, entre l'attente, l'engueulade et maintenant la discussion, ça doit bien faire une heure, non ?
*Rapproche toi de moi au maximum... Et dès que tu es libre, tu libères le scéral et tu fuis de là.
... D'accord.*
Le mist s'exécute tandis que je ne lâche pas du regard la femme qui me dévisage d'un air satisfait.
- Alors ? Vous vous décidez ?
- Pour 800.
- J'ai dit 1000. Et si vous continuez je passe à 2000.
Je souffle en me relevant, fermant les yeux un instant en signe de résignation. Aller, ça passe ou ça casse.
- J'ai bien réfléchi et je pense que le mieux c'est que vous alliez bien vous faire voir, tous.
Et l'instant d'après, je revêtis mon armure qui, heureusement, est de nouveau opérationnelle, tout en faisant en même temps apparaitre ma hallebarde que je fais tournoyer jusqu'à trancher net la corde bloquant Haku et fonce immédiatement sur les cinq braconniers avec la ferme intention de les neutraliser.
Une fois le village atteint, elle en localisa rapidement le doyen. Il ferait un parfait grand-père de substitution. Après lui avoir expliqué sommairement la situation et s'être assurée qu'il saurait prendre soin des enfants jusqu'au retour de leurs parents indignes, mais qui restaient malgré tout leurs parents, elle s'isola dans un coin sans distraction pour activer son pouvoir. Si elle se souvenait bien, la femme se nommait Séléna. Et pour ce qui était de ses caractéristiques psychologiques, elle disposait de plus d'informations que nécessaire.
La vision fut assez floue, normal, après tout, elles étaient alliées, mais pas spécialement plus que ça. Néanmoins, elles s'étaient quittées non loin d'un camp de braconniers, et, même si le décor était flou, Ralia supposait qu'elle se trouvait en son sein. C'était mauvais signe. Elle avait probablement été repérée. Alors, Ralia prit quand même le temps d'acheter quelques armes plus efficaces que ses outils de travail, avant de se hâter vers le campement. Cela faisait déjà trop longtemps que son alliée était seule, elle aurait probablement besoin d'aide... Même si Ralia avait eu le temps, avant leur séparation, de se rendre compte qu'elle saurait probablement s'en sortir. Mais, même si elle était à présent correctement armée, Ralia comptait surtout l'aider grâce à sa connaissance des braconniers et de leur manière d'établir un campement. Sa partenaire était probablement plus douée qu'elle au combat, elle lui apporterait donc l'avantage qu'elle avait sur elle : la connaissance du terrain. Et elle se chargerait également de prendre soin des animaux, ce qui restait, après tout, sa spécialité.
Elle ne sut pas combien de temps elle avait couru lorsqu'elle arriva de nouveau en vue de l'entrée du camp. Elle prit un mment pour reprendre son souffle, puis avança doucement, prenant garde aux pièges. Cette fois, elle était seule, donc elle pouvait concentrer toute son attention sur cet objectif, ce qui lui permit de progresser plus vite que la première fois.
Puis, contrairement à la première fois, elle fit preuve de discrétion après avoir passé l'entrée. Néanmoins, lorsqu'elle vit ce qui se passait, elle manqua se trahir. Et, surtout, son regard se durcit en avisant les parents. En effet, ils étaient vraiment pourris jusqu'à la moelle !
Néanmoins, sa collègue semblait pour l'instant bien maîtriser le côté "combat" des actions nécessaires. Alors, prenant toujours soin de ne pas se faire voir des braconniers, passant derrière eux et adressant au passage un signe à son alliée pour lui indiquer ce qu'elle comptait faire, elle s'approcha des animaux... Qui prirent la fuite. Bien. Elle les suivit jusqu'à ce qu'ils quittent le camp, au cas où un braconnier cherche à les rattraper, puis, une fois sortis de ce piège, elle revint vers Séléna.
Au village, l'arme la plus encombrante qu'elle avait récupérée était un arc, lequel n'avait pas manqué de lui rappeler ce fameux chasseur sur le compte duquel elle s'était trompée, lorsqu'elle l'avait vu. Alors, bien que se sachant loin d'être une archère d'élite, mais ayant confiance en sa capacité à viser plus que correctement, elle décocha une fléche dans le genou de l'un des braconniers. Puis elle en encocha aussitôt une autre :
- Si vous voulez pouvoir marcher, contrairement à lui, je vous conseille de nous suivre bien sagement jusqu'au poste de Garde.
Néanmoins, bien qu'elle apprécie une posture menaçante telle celle qu'elle tentait de maintenir, son corps commençait déjà à lui rappeler qu'elle n'était pas faite pour tenir un arc très longtemps. En effet, la visée n'était pas un problème pour elle, mais un arc demandait autre chose, qui lui faisait cruellement défaut : ses bras avaient tout juste assez de force pour lui permettre de grimper aux arbres, comme elle aimait le faire lorsqu'elle avait du temps libre. Mais maintenir un arc bandé nécessitait un effort certes moindre, mais prolongé, et ça, elle savait qu'elle ne pourrait pas s'y contraindre pendant encore très longtemps... Elle n'avait plus qu'à espérer que sa partenaire trouverait quelque chose qui lui permettrait de relâcher son bras avant qu'il ne se mette à trembler et la trahisse...
Enfin, les autres gardes, ceux qui font autre chose que garder le palais...
Mais pour ma part, c'est quelque chose que j'ai toujours travaillé. Pourquoi ? Parce que discuter pendant des heures, ça me gave. Alors qu'un bon coup dans la tempe et un séjour derrière les barreaux permettent une discussion bien plus sécuritaire et productive.
Bien sûr, je ne suis pas là pour leur faire du mal. Contrairement à eux, moi, je n'aime pas plus que ça faire couler le sang. et franchement, par rapport aux hommes de l'assassin qui a réussi à me tuer en temps que Lunarya, ses petits braconniers de pacotilles font de pâles adversaires.
Bim. Un premier coup et l'homme le plus près de moi tombe au sol, inconscient alors que le manche de ma hallebarde vient de lui faire raisonner la tête. Je ramène alors mon arme à moi, reprenant de l'élan avant de frapper une deuxième tempe du mari cette fois.
Et c'est la que je vois une flèche voler jusqu'au genoux du mari tandis que le grand père est tenue en joue par la garde chasse enfin revenue me retrouver.
Et Papi ou pas papi, j'arrive dans son dos et lui sert aussi un coup dans la tempe.
Ne reste alors plus que... la femme, qui est allée se planquer sous une tente et en ressort évidemment avec une arbalète. Hm... J'aime pas les arbalètes, ça perse les armures.
- Vous pensez vraiment que c'est le moment de nous menacer ?
D'un geste souple et assuré, la lame de ma hallebarde vient se coller sous la gorge de son mari qui tente tant bien que mal de ne pas s'égosiller sous la douleur.
- Vous... Vous allez me.
- Vous le payez ? Non mais je vous signale que c'est vous qui avez tiré sur mon mist pour le capturer. Quant au braconnage, je suis presque certaine qu'il est interdit dans cette fôret.
Je cherche le regard de la jeune femme avec moi qui approuve d'un hochement de tête.
- Donc, comme notre guide Mme Lanir vous l'a gentiment demandé, vous allez nous suivre, tous, docilement jusqu'au poste de garde. Mais avant cela, il va nous falloir nous occuper de la pauvre créature que vous avez blessé.
Dans un coin de ma tête, malgré la distance qui nous sépare, je peux entendre la voix de mon mist résonner.
*Le scéral s'est arrêté et s'est allongé, il souffle bruyamment...
Essaye de le rassurer comme tu peux, on arrive bientôt.*
- Donc maintenant, vous lâcher votre arme et tendez gentiment les poignets devant vous le temps qu'on vous attache vous et toute votre bande, compris ?
Un duel de regard commence, sauf que contre une femme en armure ayant reçu un entrainement militaire de plus de dix ans, une pauvre braconnière et mère de famille a-t-elle vraiment une chance ? Non, bien sûr que non.
Alors enfin elle lâche son arme et se résigne à obéir. Je cesse alors de menacer son homme, le laissant pour le moment avec sa flèche dans la jambe et récupérant des cordes pour entraver les membres de la femme. Une fois fais, aidée de la garde chasse, nous faisons de même de tout le pack d'inconscient, les attachant solidement aux barrières de l'enclot.
- Maintenant que c'est fait, il faut absolument qu'on rejoigne mon mist et le scéral. Après on s'occupera d'eux.
Je ne veux pas l'inquiété plus que cela, mais le ton de ma voix ne laisse pas tellement de doute quant à l'urgence de la situation.
- Vous savez exactement où ils sont, n'est-ce pas ? Je vous suis.
Chacune son tour, se dit-elle. C'était elle qui avait guidée la... Visiblement, la garde, au moment d'entrer dans le camp, à présent, à son tour de les guider jusqu'à son fam... Euh, son compagnon.
Lorsqu'ils arrivèrent, elle se précipita vers le scéral. En effet, il semblait mal en point. Cependant, il ne semblait souffrir d'aucune blessure apparente... Néanmoins, passant ses mains sur l'ensemble de son corps, elle s'en assura avec attention. Non, rien. Alors, inquiète, elle livra néanmoins ses conclusions à son alliée d'infortune.
- Il n'est pas blessé, du moins, pas assez pour être aussi essoufflé. Je soupçonne une sorte de poison... Dans le meilleur des cas. Même si cela me semble peu probable, partant du principe qu'ils voulaient l'offrir à un enfant, ils ne l'auraient pas tué... Néanmoins, mieux vaut ne pas prendre de risque. Il devrait y avoir de quoi préparer un vomitif. S'il a ingéré quoi que ce soit de toxique, que ce soit volontaire ou non, mieux vaudrait qu'il le recrache avant de complètement le digérer. Je vous laisse le rassurer pendant que je fais ma préparation.
Il lui fallait d'abord trouver les plantes qui serviraient d'ingrédients de base. Des plantes qui provoqueraient des nausées et des vomissements. L'ingestion de ce qu'elle prévoyait de préparer ne serait pas agréable, mais elle espérait que ce serait efficace. Et il ne fallait pas oublier que, si elle connaissait tous les animaux, elle était loin d'être une experte en plantes. Ajoutez à cela qu'avant ce jour-là, elle n'avait jamais quitté la Grande Forêt... Heureusement qu'un collègue lui avait prêté son carnet de notes pour la journée, se doutant qu'elle aurait besoin d'informations sur la biodiversité locale accessibles rapidement. Si, grâce à ce carnet, elle réussissait à sauver le scéral, il faudrait qu'elle pense à lui rendre la pareille si, un jour, il se rendait en forêt...
Mais le moment était mal choisi pour ce genre de pensées. Elle avait probablement une vie à sauver. Alors, comparant les croquis du carnet aux plantes qu'elle put trouver, elle finit avec un bouquet suffisant pour faire régurgiter son dernier repas à l'animal. Elle s'excusa mentalement vis-à-vis de lui alors qu'elle préparait sa mixture. Il faudrait probablement le nourrir après qu'il se soit débarrassé des potentielles toxines... Mais cela leur permettrait également de contrôler sa nourriture et de s'assurer qu'il ne s'empoisonne pas de nouveau.
Une fois la mixture terminée, elle l'observa un moment, adressant un remerciement mental à sa chère tante. C'était elle qui lui avait enseigné cette manière de faire. En fait, c'était elle qui lui avait enseigné tout ce qu'elle savait en ce qui concernait les soins vétérinaires. Aucune connaissance précise, évidemment, mais c'était suffisant pour sauver des vies, comme ce qui allait probablement se passer dans les prochaines minutes.
Alors, elle se releva, son bol à la main, et s'approcha du scéral, qu'elle força à boire la mixture.
- Oui, je sais, ça ne sent pas bon, ce n'est certainement pas bon non plus et ce ne sera pas agréable. Mais si tu as été empoisonné, ou que tu l'as fait tout seul, tu dois te débarraser des toxines. Et pour ça, c'est redoutablement efficace.
Lorsqu'il eut, à grand-peine, terminé de prendre son "médicament", elle s'éloigna pour lui laisser un peu d'intimité en ce moment probablement très désagréable, et préféra aller s'adresser à l'autre humaine :
- Cela devrait lui faire rendre tout ce qu'il a dans l'estomac, y compris les toxines s'il y en a. Donc, il va falloir le nourrir. De préférence en s'assurant qu'il ne mange pas n'importe quoi, cette fois.
Mais quoi que je dise, le pauvre Scéral tremble de tout son corps. Un effet du poison comme le pense Ralia ? Peut être, espérons que si c'est le cas, elle réussira à le faire régurgiter avec qu'il ne soit trop tard pour lui.
*Haku, j'ai oublié mon sac au camps, tu pourrais aller me le chercher s'il te plait ? J'aimerai pouvoir désinfecter ses vilaines éraflures...
D'accord, d'accord... Mais n'oublie pas que moi aussi, j'ai mal et je suis blessé !
Comment l'oublier alors que je ressens tout ce que tu ressens ?*
Sans ajouter de commentaire mais roulant des yeux, Haku s'exécute et retourne au camps rapidement avant de revenir en quelques minutes. Quelques minutes où je reste auprès de la bête, lui caressant le cou tout en le rassurant de ma voix.
*Tiens, et les gens sont attachés là bas, c'est normal ?
Les cinq ?
Euh, oui, pourquoi ?
Pour pas qu'ils nous attaquent dans le dos. Oui c'est normal.*
Tandis qu'Haku s'allonge derrière mon dos, assise au sol j'attrape mon sac en le ramenant lentement vers moi et y fouille sans faire de geste brusque pour ne pas effrayer l'animal sauvage. Mais l'est-il vraiment finalement ? J'ai ouïe dire que les familier naissaient dans des œufs et étaient domptables alors que les animaux sauvages ne se laissaient pas approcher des humains. Les braconniers doivent savoir ça bien mieux que moi, non ? Et s'ils voulaient le donner à leur fils... C'est qu'ils pensaient être en mesure de le dresser, non ?
En sortant ma trousse du parfait maladroit, un objet semble accrocher dans la fermeture. En le décrochant, je reconnais alors mon talisman chauffant que j'ai gagné je ne sais même plus où et que je gardais au cas où j'ai besoin un jour d'un familier qui craigne le froid. Et finalement, contre la maladie, n'y a t-il rien de mieux qu'un peu de chaleur pour se sentir mieux ?
Alors, toujours précautionneusement, j'accroche le talisman à l'un des bois du scéral et le laisse s'activer. Immédiatement, je sens une aura de chaleur entourée l'animal qui semble se relâcher un peu, comme si un poids venait de s'enlever de son dos. Posant alors sa tête sur le sol, je profite de son calme soudain pour parcourir ses quelques blessures et les nettoyer... jusqu'à vider totalement ma bouteille d'antiseptique.
Bon, espérons que ça suffise jusqu'à demain.
Et à peine ai-je terminé mes soins que la garde chasse revient avec sa mixture qu'elle fait boire tant bien que mal à la bête de plus de deux mètres.
- De ce que tu racontais l'autre jour, c'est une créature des plaines qui mange de l'herbe. Et ici en forêt y'en a pas vraiment. Donc je pense qu'il va falloir espérer que ta potion soit suffisante pour le conduire jusqu'à une zone herbeuse...
On pourrait lui en ramener, mais vu la taille de la créature il faudrait sans doute en ramener une brouette... Ce qui nous ferait perdre trop de temps. D'autant plus que plus le temps passe et plus les liens des braconniers risquent de céder.
Et tandis que je réfléchis, la mixture fait enfin son œuvre et le pauvre scéral se met a rendre tout ce qu'il restait encore dans son estomac. Un spectacle des plus malaisant tant l'ont peut imaginer la souffrance de l'animal à cet instant.
Et cela dure plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'enfin ce soit terminé. Là, je sors ma gourde fontaine et entreprend de faire couler de l'eau devant son nez. Comprenant le but de ma manœuvre, le scéral commence à lécher le filet d'eau pour s'abreuver. Et plusieurs fois je réitère l'opération, attendant que ma gourde se remplisse entre chaque.
Et ce jusqu'à ce que l'animal se relève enfin. Et que j'ai juste le temps de récupérer le talisman avant de le voir inatteignable pour moi. Et comme je le pressentais, l'animal ne semble pas vouloir partir. Par contre, il veut encore de l'eau.
- Retournons au camps récupérer les braconniers et filons vers les plaines.
Et faut pas que j'oublie mon espadon...
- À moins de savoir chercher... Ou de bien connaître ce genre d'endroits. Je suis du Village Perché, donc je suis bien placée pour savoir qu'il est possible de trouver de petites prairies en forêt. Bien sûr, ce ne sera jamais aussi étendu que dans les plaines, mais ça devrait faire l'affaire pour aujourd'hui.
Par contre, même s'il était vrai qu'elle était très à l'aise en milieu forestier, il était tout aussi vrai qu'elle ne connaissait pas cette forêt-là. Si seulement elle pouvait voler, cela lui aurait permis de faire du repérage, les prairies dont elle parlait constituant des clairières, car l'herbe poussait mieux avec un accès direct à la lumière du jour. Mais, malgré son amitié avec les petits oiseaux, elle-même ne possédait pas d'ailes. Elle devrait donc aller explorer d'elle-même afin de trouver ces fameuses prairies forestières.
Quoi qu'il en soit, il semblait bien décidé à rester sur place. Voilà qui était problématique. Soudain, elle avisa un arbre proche. Et cela lui donna une idée. Certes, ça ne suffirait pas à le nourrir durablement, mais... Alors, sans prévenir, elle laissa tomber la majeure partie de son équipement. En fait, elle se débarrassa de tout ce qui était susceptible de l'alourdir. Puis, sans prévenir, elle grimpa à l'assaut de l'arbre, dont elle cueillit les fruits, qu'elle avait repérés plus tôt. Néanmoins, elle se retrouva bien vite face à un souci : certes, elle savait que les fruits ne suffiraient pas à nourrir convenablement une telle créature, mais elle pouvait néanmoins faire un effort et lui en ramener une bonne quantité... Cependant, la contenance de ses bras fut vite atteinte.
Mais son hésitation fut de courte durée. Déposant avec précaution sa récolte sur la branche devant elle, sans égard pour le tissu composant son vêtement, elle déchira sa manche, s'en servant pour se créer un baluchon. Puis, elle continua sa récolte, jusqu'à ce que le baluchon improvisé fut assez rempli pour tout juste lui permettre de le refermer. Puis, le portant tel un sac à dos, elle continua à récolter, jusqu'à ce que ses bras soient de nouveau totalement monopolisés. Enfin, elle sauta au sol, sans utiliser ses bras, et prenant soin de ne rien faire tomber. Puis elle déposa l'ensemble de sa récolte devant l'équidé, prenant soin de les disposer en un tas harmonieux... Qui fut immédiatement détruit lorsque l'animal plongea le museau dedans. Ne pouvant retenir un rire, elle flatta un moment l'encolure de l'animal et l'encouragea :
- Ce n'est pas l'idéal, mais c'est déjà quelque chose. Et le sucre te donnera de l'énergie. Tu seras capable d'aller trouver toi-même une nourriture plus adaptée. Et rien de toxique, hein ?
Puis elle se tourna vers son alliée. Elle aussi avait remarqué qu'il semblait encore assoiffé.
- Le jus des fruits l'aura aussi peut-être désaltéré un peu plus. Maintenant, je vous suis.
Enfin, c'est ce qu'elle disait. En réalité, portée par sa rage, elle avançait à la même hauteur que sa collègue. Après tout, elle n'avait plus à se soucier de se perdre, puisqu'à présent, elle connaissait le chemin.
Dès qu'elles furent face à leurs prisonniers, elle récupéra une dague qui faisait partie de l'équipement récupéré au village. Elle s'en servit pour trancher seulement les liens qui les attachaient à l'enclos, et, s'assurant qu'ils pouvaient marcher, elle lança, gardant sa lame pointée sur chacun d'eux, tour à tour.
- Allez, tout le monde. En route. Vers le poste de garde. Et le premier qui fait un geste de trop le regrettera.
L'espace d'un instant, elle observa le campement. Sa collègue avait disparu. Où était-elle ? Mais, rapidement, elle se reconcentra sur sa tâche. Elle devait mener ce groupe au poste de garde le plus proche. Ensuite, elle serait probablement de nouveau fière d'elle d'avoir réussi une autre arrestation de groupe, et serait tranquille pour aller aux nouvelles, à la fois de sa partenaire et des deux créatures qu'elle commençait à vraiment bien apprécier.
Jusqu’à ce que, à la troisème fois où je me suis retournée, je me rende compte qu’il a abandonné les fruits pour nous suivre de loin.
*Le pauvre… Il ne doit pas vouloir se retrouver seul…
Vrai qu’avant qu’on vienne pour l’observer, il a avait un compagnon avec lui.
Tu voulais un scéral non ? On pourrait le garder ?
Et me faire engueuler par la garde chasse parce que j’apprivoise un animal sauvage ? Non merci. Et puis c’était toi qui n’en voulait pas.
C’était avant de voir sa taille… J’aime assez l’idée de ne plus avoir à flotter à côté de toi pour nous déplacer.
Et c’est justement sa taille qui me fait peur. D’autant que tu as vu les tâches sur son dos ? Si ça se trouve, c’est comme les cerfs… Ce qui voudrait dire qu’il est encore tout jeune et pourrait devenir encore plus grand ! Et puis bon, comment on grimpe sur le dos d’une bête pareille ?
Facile, on lui demande de se baisser.
Je demande à voir…
Ça veut dire qu’on le garde ?
Écoute, maintenant on sait qu’un scéral c’est bon, on pourra aller en acheté un s’il tu veux mais celui là… *
Celui là nous suit toujours…
*Bon, fait en sorte de le retenir le temps que je récupère mes affaires…*
De toute façon, je n’avais pas franchement envie d’aller au poste de garde… J’ai toujours peur d’y croiser d’ancien collègue qui comprendrai qui je suis. Au bien sûr, c’est globalement impossible vu la différence d’apparence entre moi et Lunarya mais…
Comme on dit, on est jamais trop prudent.
Alors quand enfin nous arrivons au camps, je me faufile dans la plus grande tente et y retrouve non sans joie mon bel espadon rouge au goût sucré, mais aussi le bracelet de Kahlua. Et même si cela fait plusieurs semaines que je ne l’ai pas utilisé pour lui transmettre des sentiments, le retrouver est tout de même un soulagement encore plus grand que de pouvoir remettre mon épée dans ma bague Tsépi.
Et finalement, sous couvert de la tente je regarde la jeune garde chasse rassembler les braconniers et les mettre en rangs pour traverser la forêt.
Je devrai sûrement aller lui dire au revoir… Sûrement.
Mais je doute qu’elle voit d’un bon œil le désir de mon mist de rester avec le scéral que nous venons de sauver de la domestication forcée. Ironie du sort hein ?
Bon, je ne compte pas le forcer à rester avec moi s’il préfère la liberté.
Disons simplement que pour cette nuit, je peux bien être une présence rassurante à ses côtés et advienne que pourra ?
*Léna ! J’ai trouvé ! Tu sais ses tâches sur sa fourrure noire, ça me fait penser un peu a une nuit étoilée. Alors je me suis dit qu’on devrait lui donner un nom en rapport au astre, comme toi ! Alors on doit l’appeler Cosmos, c’est bien non ?*
Arrivant enfin devant les deux créatures qui semblent faire connaissance olfactivement et visuellement, je soupire grandement.
Après qu’on lui ait donné un nom, on est d’accord qu’il est des nôtres, non ?
Maudit sois tu Haku, maudis sois tu.
*Allez viens, allons vers la plaine.*
- Et toi Cosmos, fais attention où tu mets tes pattes…