Ce matin, en vous levant, vous avez découvert quelque chose d'étrange : ce qu'il y a autour de vous n'est plus comme avant. C'est comme si vous aviez fait un bond dans le passé, un bond d'une cinquantaine d'années, au moins. Pendant votre sommeil, vous avez été propulsé dans la Forteresse du siècle passé. Oh, elle n'était pas très différente de ce que vous avez pu en voir la veille. Ce sont les mêmes institutions, les mêmes bâtiments aux mêmes endroits -à quelques différences près- mais, surtout, ce ne sont pas les mêmes personnes qui sont avec vous.
Encore plus étrange, vous vous êtes toutes les deux réveillées au même endroit, côte à côte, dans une chambre d'auberge.
C'est quoi ce bazar ? Comment revenir dans l'instant présent ? Est-ce simplement un rêve ?
Il va vous falloir explorer l'endroit pour le savoir... Oh, et, en plus, vous êtes strictement confinées à la Forteresse. Si vous essayez d'aller plus loin, vous ne pouvez tout simplement pas et vous êtes renvoyées à l'endroit où vous vous êtes réveillées.
J'allais oublier. Vous avez aussi retrouvé votre charmant minois d'enfant. Et votre taille. Et... Non, heureusement, vous avez conservé vos souvenirs d'adulte et vous savez parfaitement qui vous êtes et ce que vous avez à faire. Mais nul doute qu'avec une telle apparence, vous n'allez pas vraiment être prises au sérieux si vous commencez à raconter que vous venez d'une autre époque...
Bonne chance !
Participants : @Céres Corydalis et @Séléna de l'Aube
Thème actuel : Rentrée des classes
Sauf que je me connais, c'est impossible. Je sais pertinemment que la boisson a une très mauvaise influence sur mon esprit et depuis que j'ai décidé de changé de corps, je me suis aussi promise de ne plus y toucher.
Déjà parce que j'ai choisi de reprendre une apparence d'adolescente, donc je n'ai pas spécialement l'âge pour cela, et ensuite parce que ce pourrait être tout a fait compromettant pour ma nouvelle vie anonyme. Qui sait ce que je serais capable de révéler sous l'effet de la boisson ?
Et pourtant, ce mal de crâne est bien là.
*Léna... Qu'est ce que tu as fait... J'ai mal à la tête...*
Et il faut croire que je ne suis pas la seule à l'avoir. Me frottant le front, je me redresse alors sur mon lit pour apercevoir Haku qui fait de même.
Haku qui a vachement rétréci. Comme si... Comme si il était devenu une tout jeune mist...
*C'est pas normal...
Tu as repris une potion d'apparence ?
Non, pourquoi ?
Tu ressembles à une enfant...
Quoi ?!*
Je baisse la tête et regarde alors mon corps qui, comme l'a dit Haku, n'a plus rien de mon corps de femme.
- Qu'est ce que c'est que ce bordel...
*Je comprends pas quand tu parles à voix haute Léna !
Je disais, c'est quoi ce bordel !?
J'en sais rien... Je me souviens de rien. D'ailleurs, on est où ?!*
Bonne question ça, où est ce qu'on est ? D'un regard, je fais le tour de la pièce et remarque qu'on semble être dans une auberge des plus classique... Si ce n'est que... Il y a un autre lit dans la chambre, avec une autre enfant encore endormie.
*Tu la connais ?
De nous deux, c'est toi le mist qui a une bonne mémoire. Donc si tu ne t'en souviens pas, moi non plus.*
Je me lève alors, décidant de m'avancer vers un miroir posé dans un coin de la pièce pour regarder l'état de mon corps.
*Bon, au moins, ce n'est pas un pouvoir qui fait revenir dans le temps qui a fait ça puisque je n'ai pas repris mon apparence d'origine...
Cela dit, est ce que ça nous avance vraiment de savoir cela ?
J'en sais encore rien. Mais toute information est bonne à prendre. Ah et regarde, mon sac est là.*
Je me détourne du miroir et m'avance vers mon sac sans fond. Et étrangement, il y a toutes mes affaires... Pour adulte. Tout comme les vêtements que j'ai sur moi ainsi que mes accessoires magiques... Cela dit, je dois avoir encore des vêtements de Kahlua dans tout mon bordel, non ?
En fouillant, je trouve une robe qui semble à ma taille et fera très bien l'affaire. Et pendant que je me change, j'entends l'autre fillette se réveiller. Peut être qu'elle pourra m'expliquer ce que je fiche ici ?
- Bonjour... Je suis désolée si je t'ai réveillé mais, pourrais-tu me dire qui tu es et sais-tu ce que je fiche ici à tout hasard ?
Encore quelques instants. Quelques minutes . Bien que notre brunette soit d'un genre, lève tôt, il semblerait que cette matinée se profile particulièrement compliquée. L'esprit embrumé, Céres eut quelques difficultés à retrouver le fil de ses pensées... Ses rêves furent bien étranges durant cette nuit. Petite souris perdue au milieu d'une forêt d'herbe venant à lui chatouiller le cuir chevelu, elle s'était sentie étriquée et chétive dans ce lieu spacieux. Elle ne sait vraiment pourquoi de tels rêves vinrent à illuminer ses nuits, venant à y repenser durant le processus de son réveil. Toutefois, des sons, des chuchotements lointain commencèrent à le faire percer de son état léthargique. Non pas encore. Elle voulait profiter de la douceur de ses draps, du confort de son matelas, de la tiédeur de son oreiller. Pourquoi venait-on à parler aussi fort si près d'elle ? Un léger râle s'émancipa de sa gorge, tandis que sa main vint à happer la couverture qu'elle passa au-dessus de sa tête. Nulle envie de se lever, sa tête lui faisait encore mal, et son corps reste assoupi. Toutefois, ces voix devinrent plus persistantes, venant à titiller notre garde. Sa tempe venant à tambouriner, Céres termina par un léger soupir, se relevant lascivement et détournant son regard vers les opportuns.
Des enfants ?! Mais que faisaient-ils dans sa cham... Attendez un instant... Quel est cet endroit ? Il ne s'agissait pas de sa chambre. Qu'avait-elle encore fait... Ce ne serait pas la première fois qu'elle se réveille dans une auberge après une soirée de beuverie, mais nuls souvenirs ne semblaient lui revenir. Au vu des questions de la jeune enfant, cette dernière n'allait pouvoir lui apporter réponse escomptée. Bien. Pivotant dans ses draps, la jeune femme balança ses jambes d'un coté de son lit, venant à mettre pied à terre. Mais le sol sembla intangible, venant alors à s'échoir sur le sol.
- Aie ! Mais qu'est ce que...
Ses mains se posèrent chacune sur ses genoux endoloris, redressant son buste non sans peine. Lentement, son visage se déroba vers sa poitrine, apercevant ce tee-shirt bien trop grand pour elle. Son pantalon c'était dérobé lui aussi, heureusement, son haut large dissimulé son corps jusqu'aux genoux. Cette fois, son minois se redresse, admirant cette pièce qui lui paraissait immense.
- Pourquoi tout est si grand ? Je ne comprend paAAA....
Ses iris mirèrent dans un certain effroi, le miroir à sa droite. Croisant se reflet, qu'elle reconnut comme étant le sien... Le sien, ou presque. Une mini Céres, ou plutôt, la Céres de son enfance. Pour être certaine de ce mirage, elle releva sa dextre, et l'agita d'un bout à l'autre. Non, ce n'était pas une simple illusion, c'était bien elle.
- Je ne comprends pas... Ce n'est pas possible... Est ce que vous aussi ... ?
Se détournant vers la rousse, Céres la guetta curieusement. Peut être serait-elle aussi dans la même situation qu'elle ? Elle eut beau fouiller dans sa mémoire, elle ne connait une rouquine à qui pourrait appartenir ses traits, même en l'imaginant plus âgé.
- Mon nom est Céres, et je n'ai aucune idée de ce pourquoi je me retrouve ici. Je suppose que pour que tu poses la question, cela en est de même pour toi ? Dit-elle sur un ton qui trahit son état de panique. Nous devrions sortir d'ici, nous aurons peut-être des réponses !
S'approchant de la porte de la chambre, sa main se stoppa à l’effleurement de la poignée. Sa tête pivota vers la petite demoiselle, quelque peu embarrassée.
- Pardon, mais tu aurais des vêtements à ma taille...
- Oui... Moi aussi j'ai... Rapetissé.
Rajeuni n'étant pas vraiment le bon mot puisque si ça avait été le cas, j'aurai eu mon apparence d'antan. Enfin, c'est ce que je me dis, en vrai j'en sais franchement rien mais cette hypothèse me donne une fausse impression de contrôle et maîtrise de la situation, comme si je savais exactement ce qu'il se passait. Et savoir c'est pouvoir, non ?
- Ah et oui, j'ai des...vêtements... d'enfant...
Rah bordel Luna ! Parfois tu devrais un peu réfléchir avant de clamer les vérités comme ça ! Non mais sérieusement, si tu ne veux pas que les gens sachent pour ton passé, tu devrais vraiment arrêter de semer des indices partout !
Parce que bon, qui se balade comme ça avec des fringues de gamines dans son sac, hein ?! Les mamans ! Ou les pervers-fou-dangereux. Et j'ai pas franchement envie qu'elle sache l'un ou croit l'autre.
Mais bon, avec un peu de chance elle posera pas de question là dessus, hein ?
Fouillant dans mon sac sans fond, j'en sors une des robes de Kahlua que je ne lui rendrait jamais malheureusement et la donne à la jeune femme devenue enfant comme moi avant de me tourner pour la laisser se changer dans l'intimité.
- Bon, si ni toi, ni moi ne savons ce qui se passe ici, je propose qu'on aille essayer dans savoir plus dehors. Quelqu'un est forcément responsable de tout ça, non ?
Une fois qu'elle est prête, j'ouvre alors la porte, prévenant Haku par l'esprit de rester sur ses gardes et de me signifier s'il voit quoi que ce soit d'anormale. Mais avant de passer le pas, je me retourne vers Céres.
- Ah et moi c'est Séléna, enchanté, même si c'est une drôle de circonstance pour se rencontrer...
Je prends alors la tête au travers des couloirs, portant mon sac sur mon dos avec toutes mes affaires, n'ayant pas vraiment prévu de revenir dans cette chambre...
Et ce n'est qu'une fois arrivé dans la salle principale de l'auberge que je fronce à nouveau les sourcils.
- C'est bizarre cette déco fait franchement rétro non ?
Faut dire que je n'étais pas née il y a cinquante ans mais clairement, tous ces décorations aux murs semblent plutôt passé de mode. Après c'est peut être juste qu'on est atterri dans une auberge qui est restée dans son jus ?
Pour autant, il n'y a pas d'aubergiste, et, aussi surprenant que ça puisse paraitre, il n'y a que trois autres personnes dans la salle : trois enfants, qui semblent tout aussi perdu que nous et habillé de vêtements bien trop grand pour eux.
- J'ai comme l'impression qu'on est pas les seules à avoir rapetissé...
Et d'ailleurs, à peine finissons nous de descendre les marches qu'un des enfants nous interpelle.
- Ah, vous, vous êtes d'ici n'est ce pas ? Vous pouvez nous expliquez ce qui se passe au juste ?!
- D'ici ? Non. On est adulte.
- Adulte ? Avec des fringues pareils ? Vous vous payez notre tête ?
- Non, j'avais juste des vieux habits de... ma fille. Bref, on est aussi pommé que vous.
Et voilà, je l'ai dit. Rah bordel, j'aurai du rester dans ma tunique trop grande pour moi !
Parée de vêtements mieux ajustés à sa nouvelle taille, sa tête pivota de nouveau vers le miroir pour y contempler son reflet. Ses cheveux étaient plus longs, ses traits plus arrondis avec une bouille enfantine, ses yeux plus bombés, et son corps évidement, plus fin. Elle se reconnaissait bien avec une vingtaine d'années en moins, si ce n'est encore moins que cela. Sa frimousse opta pour une légère moue, bien qu'il puisse arriver de temps à autre de regretter ces années d'insouciance de sa jeunesse, une fois accomplie, elle se rendit compte que c'était bien loin d'être risible. Surtout si elle n'avait pas la garantie de retrouver son corps d'adulte.
Une fois les présentations faites, les deux bambines décidèrent d'opter pour la découverte. De toute évidence, elle ne pouvait rester bras croisés et attendre qu'une providence vienne leur rendre leur apparence. Prenant ses petites affaires à son tour, étirant son tranche fil pour passer son arc autour d'elle, elle parut des plus ridicule avec cette arme bien trop grande pour elle. Qu'importe, elle ne partirait pas sans son arc.
La salle principale n'éveilla aucun souvenir à l'avortonne, peinant à retracer ses souvenirs. D'une petite moue de réflexion enfantine, sa tête dodelina d'un côté et de l'autre pour tenter de percevoir un indice quelconque.
- Ce lieu ne me rappelle rien non plus... Mais en effet, il est bien dans son jus.
Les deux bambines firent la découverte d'autres enfants, du moins... En apparence. Puisqu'il semblerait que d'autres soient victimes du même sort. Mince, serait-ce un mauvais rêve collectif ?
- Vous vous croyez plus lucide avec vos vêtements trop grands ? Nous au moins on peut bouger sans marcher sur notre chemise. Dit elle d'un petit air renfrogné.
Non mais. De qui ils se moquaient ? Elles avaient l'air bien moins ridicules que eux, vêtus d'accoutrement larges, c'est à peine si leur pantalon tombaient à leur genoux. Finalement, elle eut plutôt de la chance d'être avec une mère en possession des vêtements de sa fille. Elle devait avoir hâte de retourner auprès d'elle, et donc retrouver son corps d'avant.
- J'imagine que vous n'en savez pas plus que nous... Il doit bien y avoir une explication. Est-ce que quelqu'un reconnaît les lieux déjà ?
- Non... on c'est réveillé ici, avec quelques années en moins. Avec vous deux, nous sommes en tout sept personnes éveillées ici. Tous dans les mêmes conditions...
- Ça ne nous avance pas beaucoup ça. Dit elle en détournant la tête vers la rouquine.
L'un des petits garçons s'avança vers le petit groupe de mouflets, lui aussi affublé de vêtement bien ajusté. Comme Séléna, il devait disposer d'une tenue adaptée. Son visage moins grave que la majorité, se voulut même souriant.
- Peut être qu'ils y en à d'autres ? Nous pourrions les chercher ! Celui ou celle qui en trouve le plus serait le vainqueur ?
Céres détourna sa tête vers lui, quelque peu médusé par la situation. Qu'il puisse y avoir d'autres personnes, cela reste possible, mais ce n'était pas une compétition.
- Personnellement, je ne reste pas ici, déjà il serait bien de savoir où nous sommes. Tu viens Séléna ? Acquiesça la brune en se dirigeant vers le porte de l'auberge.
Et pourtant je reste un moment à dévisager l'enfant qui vient d'apparaitre et qui semble bien plus joyeux que tous les autres. Bien trop joyeux ?
*Tu sembles pensive...
Ce gosse...
Il a l'air content, non ?
Oui, et c'est le seul.
Vous êtes tous des adultes rapetissé ?
C'est ce que je croyais mais... Hm, je me fais surement des idées.*
Chassant mes soupçons d'un geste de la main je m'avance enfin à la suite de ma colocataire d'infortune et nous nous retrouvons toutes les deux dans...
Une ville que je ne reconnais pas.
- Mais où est ce qu'on est ?
*Hé ! Hé ! Regarde Léna ! Tu te souviens du boulanger chez qui tu avais mangé ces supers gâteaux au solstice ? Il est là ! Maintenant que je suis réel je peux enfin y gouter ! Tu m'en achètes ?
Hein ?*
Je regarde dans la direction où mon jeune mist file jusqu'à s'arrêter devant une vitrine et y collant son gros nez de bébé monstre dessus.
*Raaah ! Je les vois pas !*
Je reste sans bouger, réfléchissant à ce qu'il vient de dire. Au solstice, j'étais à la forteresse, et c'est là que j'ai mangé ces gâteaux avec Arthorias sous le regard outré d'Haku... Pourtant, quand je regarde autour de moi, les rues ne sont clairement pas les mêmes que celle de cette fameuse ville !
Quoi que...
En y regardant de plus prêt...
- C'est la forteresse, non ? La forteresse d'il y a plusieurs décennies...
Raaah, ça ne va pas ! Pas du tout ! Comment on s'est retrouvé là au juste ?! On a traversé une faille spacio temporel ou quoi ?! Et puis qu'est ce que je faisais juste avant d'arriver là ?!
*Haku ! C'est quoi ton dernier souvenir avant ce matin ?
Euh... On était à la Forteresse... Pour... Euh... M'acheter mes gâteaux. Mais on est arrivé tard alors on a pris une chambre dans une auberge. Je me souviens que tu as commandé à manger. Mais je me souviens pas que tu aies mangé.*
- Bah qu'est ce que vous faites ?! Faut chercher les autres ! Allez ! Où c'est moi qui vais gagné !
Le garçon tout juste sorti de l'auberge à notre suite nous passe devant et part finalement en courant et riant pour s'élancer dans les rues de l'ancienne forteresse. Le temps du doute étant passé, je regarde ma partenaire d'infortune et la suit dans les rues, cherchant toute présence de vie.
Sauf qu'on se rend vite compte que l'endroit est plutôt désert, et surtout qu'il n'y a aucun adulte dans le coin, ni même de locaux. Serions nous dans un monde parallèle ? Enfermée dans une prison magique ? Ce serait bien ma vaine... Maintenant que je suis libérée de ma famille noble et cinglée, je serais prisonnière d'une dimension cheloue...
Non, non, hors de question d'être une nouvelle fois manipulée de quelconque manière que ce soit.
Et pourtant... Pourtant.
Dans nos déplacements pour nos recherches, nous arrivons aux abords de la ville. Mais au lieu de voir le chemin qui devrait nous mener dans les montagnes, il y a comme un grand mur blanc, opaque et... magique.
- Bordel.
Immédiatement je me rapproche de la frontière infranchissable et la touche de mes mains, vérifiant ce que mon esprit me suggérait.
On est bel et bien enfermée ici.
- Faut vraiment qu'on trouve le responsable de tout ceci.
- Même si vous le trouvez... Rien ne dit que vous serez tirez d'affaire...
Surprise par cette voix, je fais volte face dans sa direction et constate d'un nouvel enfant nous fait face. Et si ses vêtements sont bien trop grand pour lui, ils ne le sont que de peu.
- Vous savez quelque chose ?
- Malheureusement oui... J'ai peur que vous soyez coincée ici par ma faute.
- Alors vous devriez pouvoir nous faire sortir, non ?
- Si je le pouvais, je ne serais pas coincé ici avec vous.
- C'est à dire ?
- C'est à dire que le responsable est mon petit frère, Coris. Et malgré toutes mes tentatives, je n'arrive pas à le raisonner.
- Mais vous savez pourquoi il fait ça ?
- Parce qu'il ne veut pas que je le laisse pour m'engager dans la garde... Il a peur de se retrouver tout seul, de n'avoir plus personne avec qui jouer alors... Alors il nous a tous enfermé ici. Et si d'habitude il finissait toujours pas nous faire ressortir quand on se retrouvait dans sa boule magique, là, vu qu'il m'a enfermé contre mon gré, je doute que ce soit si facile...
Super.
- Une boule magique vous dites ?
- Oui, de la taille d'un œuf d'osarex.
- Et tu ne sais pas du tout comment il te faisait sortir avant ?
- Pas vraiment, il a jamais voulu me prêter sa boule. Mais il a gardait toujours avec lui, dans cet endroit ou dans la réalité.
- Alors ça doit être grâce à elle qu'on pourra sortir. Du coup, soit on convainc ton frère, soit on lui vole la fameuse boule...
Une boule magique ? Ô Sainte Lucy... Mais qui a bien pu laisser cet objet de pouvoir entre les mains d'un bambin. S'il en venait à ruser pour en tirer profit de temps à autre, il serait temps d'y mettre un terme et de la rendre à une personne réellement responsable. La brunette n'avait guère de grande connaissance en ce qui concerne l'éducation d'un jeune enfant, mais l'envie de venir lui tirailler les oreilles fut des plus tentantes. Il n'y avait donc pas une minute à perdre, il fallait le retrouver et le contraindre à les faire sortir de là. Une idée qui lui parût solvable, mais son petit minois pris rapidement une moue désillusionnée aux dires du grand frère. Il semble rationnel que l'ainé ait dû s'évertuer à maintes essais pour se sortir de cette panade, d'autant plus en sachant des innocents en proie à ce mauvais sort eux aussi.
- Bien, alors retrouvons le et obligeons le à nous sortir de là. Si toi tu n'y es parvenu, je ne compte pas me montrer aussi douce.
Évidement, loin d'elle l'idée de blesser ou bousculer un enfant. Même si de sa petite taille, ce ne serait que des plus équitables. Son buste se dressa, ses épaules fièrement remontées, Céres paraissait prête à découdre avec ce plaisantin. Ce n'était qu'un enfant, il suffirait de se montrer autoritaire et ferme, et la partie sera jouée. D'ailleurs, revoici la petite bouille enjouée qui revint tout sourire vers ses captifs.
- J'en ai déjà trouvé trois ! Vous aller perdre si vous ne...
- Ça suffit, petit ! Nous ne sommes pas là pour jouer, tu vas nous laisser nous en aller dans la seconde qui suit. Le coupa-t-elle, son air renfrogné sur le visage. Je te préviens, je suis loin de trouver cela drôle, et je risque de me montrer bien moins patiente que ton frère.
Les lèvres pincées, son visage se voulut sévère. Tout du moins... Aussi sévère que pouvait l'être le doux minois d'une enfant. Difficile de se montrer crédible avec ses petites joues potelées et son air séraphique. D'ailleurs, cela ne semblait transir le véritable enfant, qui se contenta de gonfler ses joues de frustration. L'ainé se gratta le haut du front, sachant pertinemment que son benjamin ne se laisserait influer de la sorte. Pour réponse, Céres n'eut alors qu'un grossier tirage de langue.
- Beuh ! T'es pas gentille toi !
Comment ?! Cet effronté, venait-il réellement de signer cette menace par une vulgaire pitrerie ? Bien qu'elle soit des plus patientes, Céres eut du mal à accepter qu'un jeunot lui tienne ainsi tête. L'ainé tenta une énième fois de résonner le petit, mais cet effort ne valut que le braquer d'autant plus. Pourtant, le visage contrarié du gamin prit soudainement une teinte plus joyeuse. Une lueur dans son regard, signa très certainement une nouvelle fantaisie dans son esprit.
- Bon alors j'accepte de vous faire partir d'ici... A une condition. On joue ensemble, et si vous remportez le jeu, j'accepte de vous faire sortir de ma boule.
D'un léger soupir, la dextre de Céres vint à se relever pour tapoter son front. Échauffée par l'idée de devoir se plier aux exigences d'un enfant, elle ne voyait un autre dénouement.
- Bien... Je suppose que nous n'avons nul autre choix. Et à quoi veux-tu jouer ? Dit elle d'un ton blasé.
- Si vous ne voulez pas jouer avec moi à cache-cache, je vous propose de jouer à un deux trois soleil ! Grand frère, tu seras celui qui compte. Moi je jouerais contre vous ! Et si c'est moi qui atteins le soleil avant vous, je gagne !
- Hum... Quand dis-tu Séléna ?
- Serais-tu as ce point mauvais joueur pour ne pas accepter notre victoire ?
- Tu as triché ! Ton… Ton… Ta bestiole à pas arrêter de m’empêcher d’avancer ! C’est pas juste ! Et grand frère, je suis sûr que tu les as laissées gagner !
- Je t’assure que non Coris.
Bon, je dois avouer que ce n’était peut être pas réglo de ma part de demander à Haku de se mettre systématiquement en travers de la route du jeune petit garnement. Mais voilà, moi, j’ai autre chose à faire que de rester dans son monde étrange. Et puis Haku arrête pas de me tanner avec ses gâteaux alors quand il a proposé de tricher je lui ai simplement dis de faire ce qu’il voulait.
Et clairement, je grand frère, Jérémie, nous a clairement favoriser dans ce petit jeu. Donc est ce qu’on a mérité la victoire ? Du tout. Mais est ce que tous les moyens sont bons pour gagner et sortir de ce plan pourri ?
Oui, un peu.
Même si je commence à me dire que derrière ce caprice d’enfant il y a peut être un problème plus grave… Après tout, pourquoi un garçon de huit ou neuf ans empêcherait ainsi son grand frère de partir de peur de se retrouver tout seul ? N’ont-ils pas de parents pour prendre soin d’eux ? Et des amis à la Forteresse pour jouer avec lui quand son frère ne sera plus là ?
- De toute façon, je ne peux pas te faire confiance grand frère ! Toi tu ne veux qu’une chose : m’abandonner !
Et sans un mot de plus, l’enfant responsable de notre situation se détourne de nous et s’enfuit en courant. Laissant son pauvre grand frère soupirant et s’asseyant à même le sol, lassé de la situation et de ces accusations.
Un instant, je regarde Cérès qui semble plus qu’agacée elle aussi par tout ceci. Puis je m’approche de Jérémie et m’assoie à ses côtés.
- Tu es sa seule famille n’est ce pas ?
- ça se voit tant que cela ?
- Disons que ça explique qu’il aille jusqu’à enfermer des inconnus pour ne pas se retrouver tout seul. Je crois que ce n’est pas tant une bêtise qu’un appel à l’aide, tu ne crois pas ?
- Surement mais…
- Mais tu n’as pas tellement le choix, n’est ce pas ?
- Les économies que nos parents avaient fait sont presque vides. Il faut donc que je trouve de quoi vivre. Et la garde, c’est ce que j’ai toujours voulu faire… Justement pour ne pas que ce qui est arrivé à mes parents se reproduisent…
- Je vois… Si tu veux bien, je vais essayer d’aller lui parler. En attendant, peut être devriez vous aller expliquer la situation aux autres adultes qui sont coincé dans ce monde.
Les deux hochent la tête tandis que je me tourne vers Haku pour lui expliquer ce que je compte faire, et surtout pour qu’il m’aide à retrouver la trace du garçon. Une chose pas totalement aisée mais que ma boule de vision me permet de faire sans avoir à fouiller toutes la ville figée dans le temps.
Et c’est donc au sommet d’un clocher que je le trouve et que je le rejoins alors qu’il boude dans un coin, visiblement en proie à un gros chagrin. Alors sans un mot, je m’approche de lui et m’assoie en face, adossée au mur.
Ma boule de vision dans les mains, je la fais rouler entre mes doigts, faisant comme régulièrement : pensant a ma fille pour faire apparaître son visage sur l’objet magique.
Cependant cela ne semble pas attirer son attention. Alors je décide de briser le silence.
- Tu sais ce qui serait sympa là, maintenant ? De manger un bon gâteau. Et je sais exactement où on peut en acheter.
- Dehors c’est ça ? Mais je sais très bien que dès que je vous ferai sortir, vous allez tous m’abandonner ! C’est ce que tout le monde fait toujours !
- Ah oui ? Pourtant ton frère ne me semble pas vouloir t’abandonner lui.
- Parce que tu ne sais rien ! Il va me laisser tout seul, comme papa et maman nous ont laissés…
- Ils vous ont vraiment laissé ?
Je sais très bien que des parents peuvent abandonner leurs enfants… Après tout je l’ai moi même fait avec Kahlua bien trop souvent mais… Je sais aussi qu’il y a souvent une raison. Bien que cela puisse être simplement que les parents sont sans cœurs.
- Ils sont morts… dans un incendie…
- Ils n’ont sûrement pas voulu mourir en vous laissant tout seul, tu sais ?
- Peut être, mais ils sont plus là quand même. Et bientôt mon frère me laissera aussi.
- C’est malheureusement dans l’ordre des choses. Mais tu sais, ce n’est pas parce qu’il doit travailler qu’il ne pourra plus jamais jouer avec toi. Bien sûr les premières années à la garde c’est difficile, mais après, quand il sera devenu garde, il pourra prendre soin de toi, et je suis sûr que c’est ce qu’il veut.
- Mais c’est MAINTENANT qu’il doit s’occuper de moi !
- Tu sais, tout le monde fini par grandir un jour, et inévitablement les choses changent. Toi aussi bientôt tu devras te trouver un apprentissage pour pouvoir gagner de l’argent et subvenir a tes besoins. Sans ça, tu ne pourras pas te nourrir convenablement pour devenir grand et fort. Mais tu es encore jeune… Et si tu as besoin que quelqu’un prenne soin de toi, pourquoi tu n’as pas été à l’orphelinat ? Là bas il y a des adultes qui sont prêt a aider des enfants comme toi.
- J’ai pas besoin ! J’ai mon frère !
- Mais ton frère ne peut pas vivre que pour toi Coris. Il fait de son mieux mais il est maintenant obligé de travailler s’il veut pouvoir continuer de te donner des cristaux pour que tu puisses manger et avoir un chez toi. Et comme il est obligé de faire ça pour toi, autant qu’il fasse quelque qui lui plaise, tu ne crois pas ?
- Moui…
- Et tu sais, ce n’est pas parce qu’il n’est pas toujours à tes côtés qu’il ne sera pas là si jamais tu as vraiment besoin de lui. Ton frère t’aime beaucoup, et ça lui brise le cœur que tu sois triste comme ça, mais il a besoin de grandir aussi. Tout comme toi.
Il ne répond rien, restant pensif.
- Mais tu sais, je pense que plutôt de l’enfermer dans ce monde, tu dirais à ton frère ce que tu as sur le cœur, cela lui permettrait de mieux te rassurer sur tes peurs. Tu crois que tu pourrais essayer ?
Il hoche la tête, en silence.
- Bien. Alors ce que je te propose, c’est de nous libérer. Et une fois dans le monde réel, j’irai acheté des gâteaux pour toi et ton frère et vous pourrez discuter tous les deux, et si jamais tu as besoin encore d’aide, tu n’auras qu’à venir me voir, d’accord ?
- … D’accord…
Il sort alors de sa poche sa fameuse boule magique et, l’instant d’après, un éclair illumine toute la zone.
Et nous nous réveillons assis aux tables de l’auberge où nous étions tous rassemblés.
Jeu terminé. Partie remportée. Et pourtant, le deal ne fut mené convenablement. S'imaginant un instant que ce mauvais rêve allait trouver fin, c'était sans compter le caractère tempétueux du jeune frère qui ne voulut stopper le mauvais sort. Dans un sens, il n'est pas tellement étonnant que sa promesse soit tenue. L'on ne peut lui en tenir rigueur, il était jeune... Et surtout embrasé par de multiples émois en lui. Un enfant tourmenté, chose assez déstabilisante pour Céres qui n'était habitué aux jeunes bambins. Si elle avait la capacité d'aider ses élèves en formations, ces derniers plus âgés, rendaient la communication moins compliquée. Mais ce petit... Comment y remédier ? Même son grand frère paraissait déconfit face à la situation. Heureusement, Séléna fit preuve de beaucoup de patience, et surtout d'une faculté maternelle à dialecte. En y réfléchissant, elle avait parlé de sa fille toute à l'heure, elle devait donc avoir l'habitude des caprices, et des peines des plus jeunes. Céres ne put qu'observer, non sans éprouver un certain pincement au cœur en écoutant leur discussion. Fille unique, elle ne pouvait comprendre cette relation conflictuelle, mais une chose était certaine, ces deux frères s'aimaient.
D'une main légère, elle la posa délicatement sur l'épaule de l'ainé, puis lui intimant du coin de l'œil de venir avec elle. Séléna partit de son côté pour retrouver le plus jeune, tandis qu'ils iraient retrouver les adultes en proie à ce mauvais sort. Quelques pas se firent sans que l'ainé ne sorte le moindre mot, perdu dans sa réflexion.
- Il ne faut pas culpabiliser sur ta décision de rejoindre la garde, il est un peu jeune pour comprendre actuellement, mais... Plus tard, il se rendra compte que tu fais ça pour amour pour lui. Et je suis certaine qu'il t'en remerciera.
- Peut-être... Mais en attendant il en soufre... Je ne sais que faire pour l'aider...
- Ce n'est pas évident pour lui non plus. Il est dans un âge où il a besoin de beaucoup d'amour, et de se sentir entouré. D'autant plus en l'absence de vos parents, vous êtes tout ce qui compte pour lui. Il n'a pas besoin que tu en fasses trop, même les plus petits moments seront précieux pour lui. Je pense que tu te laisses trop de pression sur les épaules, mais aussi éprouver trop de culpabilité face à la situation. Pour qu'il puisse s'épanouir et avancer, il faudrait dans un premier temps que tu en fasse de mêmes. Et pour ça, vous avez besoin l'un de l'autre.
- Oui... Une fois que tout ça sera terminé, j'irais lui parler.
Au final, les deux frères sont seuls maîtres de leur destin. Une main tendue était sûrement la bienvenue, en espérant que Séléna parvienne à adoucir le benjamin.
Les autres les attendirent à la taverne dans laquelle tous se sont éveillés dans une étrange chambre. Céres laissa le soin à Jérémie de s'expliquer et d'apporter ses indulgences. Heureusement, la plupart semblaient compréhensifs face à la situation, n'incriminant l'ainé à son plus grand soulagement. Bon... Deux ou trois d'entre eux furent tout de même bougons en prenant conscience de s'être faits piégés par un gamin, on ne peut réellement leur en vouloir.
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Le temps passe, et soudainement, un sentiment de malaise s’éprit à chacun. Un lourd sommeil les emporta, et les fit sombrer dans l'obscurité.
Ses paupières sont lourdes, mais Céres parvint à les ouvrir dans un clignement et dans un ronchonnement. D'autres personnes s'éveillèrent à ses côtés, s'étirant de tout leur long. À son tour, elle releva ses bras au-dessus de sa caboche, apercevant alors qu'elle avait retrouvé sa taille normale. Ses doigts tâtèrent un instant son visage, plus aucun doute, elle était redevenue adulte. Ce mauvais sort, était devenu un mauvais rêve. Vêtue de ses vêtements d'adultes, elle fut soulagée de n'être dotée d'une tenue trop petite qui lui aurait été pas convenue... Toutefois, la petite robe près d'elle, elle la prit entre ses mains et se dirigea vers la rouquine. Il n'y avait qu'elle qui avait cette chevelure rousse flamboyante, il n'était donc pas compliqué de la retrouver. Toutefois, c'est étrange... Elle paraissait... Jeune.
- Merci de m'avoir prêtée la robe de ta... Merci. J'ai une formation qui va débuter avec des élèves, je ne vais pouvoir rester. Je te revaudrais ça en tous les cas.
D'un léger sourire, la garde s'excusa de devoir ainsi s'esquiver. Jetant un dernier regard aux deux frères, l'ainé enlaçant son benjamin, un demi sourire s'esquissa sur ses lèvres.