Une nouvelle journée, un nouvel animal à sauver. Mais ça, Ralia ne le savait pas encore. Pour l'instant, elle se contentait de saluer le soleil levant du haut de son arbre favori. Mais, bien vite, elle dut descendre. Elle aurait volontiers passé la journée là-haut, observer l'activité du Village depuis son perchoir lui semblant tellement intéressant, mais il était également hors de question qu'elle laisse les braconniers proliférer hors de son regard vigilant.

Alors, elle sauta au bas de son arbre. Pour une fois, elle n'avait reçu aucun signalement particulier, tout devrait donc bien se passer... En théorie ? N'est-ce pas ? Elle déchanterait vite. Toujours était-il qu'elle était heureuse, lorsqu'elle sortit en forêt. Certes, elle y allait pour travailler, mais l'avantage de son métier, c'était qu'il était facile de transformer une patrouille en simple promenade.

Alors, c'est ainsi qu'elle débuta l'expédition. Elle se promenait, simplement. Alors, oui, elle laissait traîner ses yeux et ses oreilles, mais, à présent, cela tenait plus du réflexe que d'une réelle conscience professionnelle. Elle savait détecter les anomalies plutôt facilement. Pour ce qui était de les identifier et les éliminer, par contre... C'était autre chose. Mais chaque chose en son temps.

Elle parcourut sa forêt, et, pendant la première heure, rien de notable ne se produisit. Cependant, ce calme ne pouvait pas durer. D'un coup, elle se figea. Ce cri. Elle l'avait déjà entendu, bien trop récemment à son goût. C'était le cri d'un solnar pris dans un piège. Avant même de le voir, elle récupéra son aiguille dans sa botte. S'il y avait un piège, elle devait le démanteler.

Aiguille en main, elle continua donc à avancer dans la direction de laquelle était venu le cri, qui, à présent, semblait mué en gémissements. Ce piège... Etait-il l'un de ceux qui étranglaient les malheureux qui commettaient l'imprudence de s'y laisser prendre ? Si tel était le cas, il n'y avait pas de temps à perdre. Accélérant le pas, ce qu'elle vit lui brisa le coeur. Le solnar, à moitié mort, qui continuait néanmoins à se débattre, inconscient du fait que ses efforts jouaient contre lui.

Pas le temps de tenter de le calmer. Tant bien que mal, serrant les dents alors qu'elle se faisait griffer et mordre à chaque fois que l'animal en avait l'occasion, elle finit par réussir à sectionner le collet... Et l'animal s'enfuit.

- Oh non, tu ne te videras pas de ton sang en faisant trop d'efforts, crois-moi.

Puis elle se lança à sa poursuite, évitant les arbres à l'instinct, son attention toute entière focalisée sur sa cible. Même s'il était rapide, elle savait qu'il ne tarderait pas à ralentir, trop faible pour maintenir la cadence trop longtemps. À elle d'être assez endurante pour rester dans la course jusque-là.

La créature fit un écart, avant d'être malmenée puis plaquée au sol par une forme humaine. Dans l'urgence du moment, elle n'y fit pas plus attention que cela. Surtout que pour l'instant, elle devait reprendre son souffle. En effet, malgré son aisance lorsqu'il s'agissait d'évoluer dans les branches, sur la terre ferme, la demoiselle s'épuisait vite. Par manque d'habitude, certainement. Alors, elle prit un moment, juste ce qu'il fallait pour que ses poumons lui permettent d'agir à nouveau. Puis, récupérant sa petite lame, elle la pointa en direction du possible braconnier.

- Stop ! Relâchez-le. Et pas de geste brusque.

Bien sûr, cette carrure impressionnante ne pouvait que lui ramener des souvenirs loin d'être désagréables, mais... Tant qu'elle ne voyait pas le visage de l'homme, elle ne pouvait pas être certaine de son identité. Alors, elle devait rester prudente. Bien sûr, elle pouvait également utiliser son pouvoir, mais... Habituellement, pour se concentrer sur ses visions, elle fermait les yeux, afin que son environnement réel ne puisse pas la déconcentrer. Et même si son absence serait courte, qui lui disait que le braconnier n'en profiterait pas ? D'un autre côté... Elle pouvait tenter autre chose.

Alors, le fixant toujours, afin de pouvoir continuer à le surveiller, elle activa néanmoins son pouvoir, sans fermer les yeux. Elle chercha Kalen. Cela faisait un moment qu'ils ne s'étaient pas vus, mais elle se souvenait assez de lui pour que son don puisse le retrouver. Néanmoins... Cela ne fonctionna pas. Du moins, c'était ce qu'elle croyait. D'un point de vue extérieur, on pourrait voir ses yeux se voiler, preuve que la vérité était toute autre. Simplement, l'image de sa vision étant la même que la réalité, elle n'avait vu absolument aucune différence. Elle en conclut donc que son ami était trop loin d'elle pour que son pouvoir lui serve.

Alors, retrouvant sa vision normale, son regard se durcit. À présent, elle en était certaine, elle se trouvait bien face à un braconnier. Néanmoins, malgré son "arme", elle se savait en position d'infériorité. Si l'homme refusait de bouger, elle n'aurait pas assez de force physique pour l'y forcer. Quant à sa lame... Oh, bien sûr, elle pourrait le blesser. Mais cela l'affecterait-il réellement ? Elle n'en avait aucune idée. Alors, malgré elle, elle se devait d'attendre qu'il veuille bien obéir. Et sa menace lui semblait assez ridicule, avec le recul.

D'accord. Cette voix, ce ton... C'était bien lui. Elle sourit et rangea sa lame, néanmoins un peu pertubée. Pourquoi son pouvoir n'avait-il pas fonctionné ?

Néanmoins, elle s'inquiéterait pour ça plus tard. Il y avait plus urgent.

- Désolée, je ne t'avais pas reconnu. Voyons donc comment... Eh !

Une fois de plus, l'animal lui avait échappé. Blessant son ami au passage... Ralia se retrouva déchirée. Qui devait-elle aider ? Il était évident que le solnar avait plus besoin d'aide que l'humain, mais ce dernier lui avait rendu un tel service par le passé... Le moment était peut-être venu de rembourser sa dette envers lui. Alors, lorsqu'il se prit dans le piège, elle prit sa décision. C'est lui qu'elle aiderait. Elle tenterait d'être rapide, afin de pouvoir récupérer le canidé plus tard, et... Et voilà qu'on la chassait. Pour une fois qu'elle priorisait un humain par rapport à un animal ! D'un autre côté... Elle avait entendu parler de la fierté masculine. Peut-être ne voulait-il pas qu'elle le voie souffrir ? Elle pouvait bien le lui accorder.

- Très bien. Je reviendrai t'aider... S'il me le permet.

Elle allait l'endormir, oui. Mais le problème, c'était qu'elle devrait monter la garde à ses côtés, afin de s'assurer qu'il ne rencontre pas de nouveau des braconniers... Elle pourrait en profiter pour lui administrer les premiers soins... Ce qui risquait de prendre du temps. Kalen l'aurait peut-être rejointe avant qu'elle n'ait terminé, selon toute logique...

Enfin. Encore une fois, elle anticipait trop. Alors, tout en courant derrière sa... Sa proie (elle n'aimait vraiment pas ce mot), elle sortit sarbacane et fléchettes gros dodo, sans ralentir sa course... Et manquant renverser le reste de ses affaires dans l'entreprise. Franchement, courir et faire autre chose en même temps, c'était plus difficile que ça en avait l'air...

Enfin, elle finit par retrouver un mouvement, et de la fourrure rousse. Néanmoins, elle était encore trop loin et ne voyait pas assez bien l'animal pour le viser correctement. Et puis, cette fois, elle ne devait pas viser le cou, puisque c'était là que se situait sa blessure.

Alors, elle prit un raccourci. Grimpant à l'arbre le plus proche, elle finit par avoir une vision plus claire sur l'animal égaré. Ce fut donc assez facilement qu'elle put ui décocher sa fléchette, dans le dos. Puis elle sauta de son arbre, et arriva au chevet du solnar juste à temps pour lui soutenir la tête avant qu'elle ne heurte le sol. Tête qu'elle déposa ensuite doucement sur un tapis de mousse proche. Puis elle s'affaira à nettoyer la blessure. Saisissant la gourde qu'elle avait cette fois pensé à prendre, elle se fit la réflexion que, si sa tante lui avait appris des rudiments de soins vétérinaires, c'était bien le petit homme étrange qui lui avait appris quelque chose d'aussi basique que de nettoyer les plaies avant tout soin. Et il ne l'avait même pas fait volontairement... C'était en l'observant agir qu'elle s'était fait la réflexion que c'était une bonne idée.

Elle soupira. Evidemment que c'était une bonne idée. C'était même la base. Ce fut avec soin qu'elle s'appliqua à éliminer tout le sang, séché ou non, qui masquait la blessure, utilisant toute son eau au passage. Puis elle observa la plaie. C'était sérieux. À tel point qu'elle n'était pas sûre d'avoir les compétences pour la soigner.

- Pitié, Kalen, dépêche-toi ! Mets ta stupide fierté de côté, peut-être que toi, tu sauras quoi faire.

Néanmoins, elle pouvait limiter la perte de sang. Il fallait faire un garrot. D'un autre côté... C'était au cou qu'il était blessé. Et pour un garrot, il fallait serrer fort. Mais si elle le faisait dans cette situation, elle étranglerait l'animal, ce qui n'arrangerait rien. C'était la première fois qu'elle se sentait vraiment impuissante, et cette sensation n'avait rien d'agréable.

Elle sursauta. Ah, il avait entendu... Bon, après tout, il ne servait à rien de lui mentir, de lui cacher ses mots ou de les transformer. Il avait entendu sa réplique entière, c'était évident. Alors, elle ne dit rien, se contentant de se pousser lorsqu'il la rejoignit, néanmoins toujours anxieuse.

Et quand il suggéra de le laisser à des mains plus expertes, elle ne put retenir un sourire.

- Je crois que je connais exactement la bonne personne !

Enfin. Encore faudrait-il ramener l'animal, et contacter le vétérinaire... Dont elle savait qu'il partageait son temps entre deux lieux, et qu'il serait donc assez facile de le trouver. D'ailleurs... Elle connaissait son nom, n'est-ce pas ? Elle serait donc capable de le retrouver... S'il se trouvait dans l'un de ces deux lieux. Et une fois rentrés au Village.

Elle réprima un frisson. Le regard qu'il lui avait lancé... Elle ne savait comment le définir, mais il lui donnait envie de disparaître dans un trou de souris. Qu'avait-elle fait ? Bon, d'accord, elle l'avait menacé, mais... Et ce fut à ce moment qu'elle réalisa que, chaque fois qu'elle avait rencontré un homme, elle l'avait pris pour un braconnier, les traitant tous de la même manière au premier contact... Qu'est-ce qui n'allait pas, avec elle ? Elle avait visiblement des problèmes de discernement...

Un gémissement ayant probablement échappé de manière inconsciente au canidé la ramena à la réalité... Et à sa situation au sujet de laquelle elle ne savait toujours pas quoi faire. Ce qui lui attira immédiatement une réflexion de l'homme à ses côtés. Alors, elle maugréa :

- Alors, dis-moi comment je peux être utile, pour me concentrer sur autre chose.

Il ne tarda d'ailleurs pas à lui exprimer un plan d'action. Elle hocha la tête, et, sans poser de questions, préleva le tissu nécessaire sur son propre vêtement. Ce ne serait de toutes façons pas la première fois qu'elle le ferait, et certainement pas la dernière. Puis elle se mit à l'oeuvre, appliquant doucement la mixture, en tentant à la fois de le faire efficacement et de ne pas trop faire mal à leur patient. Puis elle banda le tout. Finalement, le résultat n'était pas si terrible. Il semblait sortir de l'hôpital... Ce qui, dans sa situation, était plutôt positif.

Puis vint la question habituelle. Ce fut donc machinalement, presque mécaniquement, après le nombre de fois qu'on lui avait posé la question, qu'elle s'exécuta :

- Environ une heure.

Puis elle l'observa. Et réalisa que lui aussi avait besoin d'aide. Par contre... Elle n'avait plus d'eau. Oh, bien sûr, elle pourrait à nouveau utiliser son vêtement pour éponger, mais elle n'était pas certaine que, même en utilisant tout le tissu qu'elle portait, cela suffirait. Alors, elle opta pour une autre approche :

- Et sinon... Est-ce que par hasard tu aurais de l'eau avec toi ?

Pourquoi ne pas recommencer le même processus qu'avec leur ami poilu ?

Hésiter ? Elle haussa les épaules. Il fallait aider un animal, et elle ne possédait qu'un seul objet auquel elle tenait vraiment. Ses vêtements n'en faisaient pas partie. Si elle en portait, c'était par nécessité, la société humaine l'y forçant et sa condition humaine la rendant de toutes façons bien trop peu résistantes aux conditions climatiques pour s'en passer. Mais, également, un vêtement, ça se remplaçait. Alors, pourquoi se priver d'un bandage déjà disponible en grande quantité ? Et puis, ce n'était pas comme si elle se trouvait en ville, au milieu de ces nunuches toujours prête à juger vos moindres faits et gestes... Alors, elle lâcha simplement, copiant volontairement son phrasé :

- La plupart est contituée d'idiots qui ne savent pas être opportunistes.

Puis il lui demanda d'évaluer sa blessure. Là, elle marqua un temps d'arrêt. Comment dire que... Elle ne savait pas vraiment ? Finalement, elle décida d'opter pour la sincérité :

- Houla, doucement ! Je ne suis pas médecin, et je commence à peine une formation de vétérinaire. Mais je dirais que... Vu que ça n'a pas l'air de te déranger plus que ça, ça ne doit pas être trop grave... Peut-être même que si tu arrêtais de bouger autant, ça pourrait finir par se soigner tout seul... Tu veux une attelle ?

C'était peut-être un peu présomptueux de sa part de proposer quelque chose qu'elle n'avait appris que récemment, mais d'un autre côté... Quand Arthanaze lui avait demandé d'en poser une à l'animal qu'ils aidaient à ce moment-là, elle avait vaguement eu l'impression qu'il la testait. Et il n'avait pas rectifié le tir par la suite, donc peut-être s'en était-elle bien sortie ?

Enfin. La question n'était pas là. Elle ajouta donc :

- Mais si je devais quand même évaluer, je dirais... Elle fit une pause, lui soulevant doucement le bras pour observer un peu mieux sans pour autant lui faire davantage mal. Peut-être... 5 ou 6 ?

Oui, d'accord, elle ne prenait pas trop de risques, en restant ainsi dans la moyenne. Mais, quelque chose lui disait qu'une personne normale ne s'en serait pas aussi bien sortie. Quelqu'un comme elle, par exemple, aurait probablement eu le bras arraché... Dans le meilleur des cas. Mais cet homme n'était pas n'importe qui. Il était solide. Résistant. Alors, cela lui faisait diminuer la note, forcément. Il n'aurait peut-être même pas besoin de soins. Juste... De rester calme. Et quelque chose lui disait que ça, c'était peine perdue.

Puis il proposa le cours d'eau... Mouais. Etait-ce vraiment une bonne idée ? Ralia était d'avis que, s'il n'avait pas d'eau sur lui, sachant qu'elle-même n'en avait plus, il faudrait simplement retourner en chercher au Village. Elle aurait pu s'y rendre rapidement, grâce à la maîtrise parfaite qu'elle avait acquise du déplacement dans les branches. Mais Monsieur ne semblait pas de cet avis et ne lui laissa même pas le temps de proposer son idée avant de prendre la direction des opérations. Elle soupira. Mais d'un autre côté, lui en aurait-elle moins voulu s'il n'avait rien fait ou proposé ? Pas sûr...

Néanmoins, lorsqu'il indiqua donner la priorité au canidé, elle hocha la tête. Oui, elle était parfaitement d'accord. L'homme ne semblait pas spécialement gêné par sa plaie, elle pouvait donc se concentrer sur le plus important sans avoir à se faire de souci. Lorsqu'il décida de porter la bête, ajoutant implicitement qu'il s'attendait à ce qu'elle se réveille prématurément, elle ne put s'empêcher de protester :

- Eh ! Même si elle se réveille plus tôt, on aura quand même le temps d'arriver ! Surtout tel que c'est parti...

En effet, le poids de l'animal ne semblait pas le déranger. Certes, elle aurait aimé le porter elle-même, mais elle devait bien reconnaître que cela n'aiderait pas. Au moins, avec le colosse, il n'y aurait pas besoin de pause, et ses dernières paroles auraient d'autant plus de chances d'être vraies. Alors, elle dut se résigner à le suivre. Néanmoins, lorsqu'il parla d'explorer les environs, elle se permit une petite protestation :

- Pas dans l'immédiat, en tous cas. On a quelqu'un à confier à des mains plus expertes que les nôtres. Et puis, il y aura aussi toi, dont il faudra s'occuper... Une fois tout cela fait, essaie d'en reparler, et on verra...

D'autant plus qu'il lui arrivait, de temps en temps, de faire quelques tours en forêt, justement pour contrôler un peu tout ce qui était contrôlable simplement en regardant. Son oeil était exercé et savait reconnaître les traces des braconniers (il le fallait bien, avec un tel passé à leurs côtés), ce qui lui était bien utile lors de ces patrouilles. Oh, bien sûr, elle ne cracherait pas sur un peu d'aide supplémentaire, mais actuellement, ils avaient d'autres problèmes, bien plus urgent. Gérer les priorités, encore et toujours...

Puis vint une remarque inattendue ? En forme ? C'était vrai que courir après un animal fugitif ne faisait pas partie de son quotidien, mais...

- Tu sais, se déplacer dans les branches est bien plus physique... Et c'est l'un de mes loisirs favoris. Battre des records de vitesse pour y grimper aussi, d'ailleurs.

Elle sourit. Etait-ce une taquinerie ? Elle-même n'en avait aucune idée. En tous cas, rien de ce qu'elle venait de lui dire n'était faux. Bon, certes, monter rapidement aux arbres n'était pas une volonté, du moins, pas une volonté consciente, mais elle savait y parvenir plus vite que d'autres personnes. Alors, autant dire qu'elle cherchait à battre son propre record. Cette version serait peut-être plus acceptable par le grand public, même si elle ne serait peut-être pas plus facile à comprendre. Mais ça, elle s'en moquait. Elle voulait bien faire des efforts pour s'expliquer face à Kalen, car elle le connaissait et l'appréciait, mais les humains qu'elle n'avait jamais vus... À quoi bon s'ennuyer à tenter de leur plaire ? De toutes façons, elle était certaine que la plupart d'entre eux n'en valaient pas la peine.

Toute à ses pensées, elle l'avait suivi vers la rivière. Qu'il utilisa pour nettoyer sa plaie. Il leur manquait de l'eau ? La nature leur en offrait généreusement. Pourquoi croire en Lucy quand la Forêt elle-même réussissait à résoudre tous les problèmes, sans même qu'on n'ait à lui demander quoi que ce soit ? Franchement, elle ne comprendrait jamais rien au concept de religion. D'un autre côté, il s'agissait d'un concept humain. Ceci expliquait cela.

Soudain, il détourna son attention. Le soigner ? N'avait-il rien compris ? Elle n'était pas médecin ! Et, le temps qu'elle proteste mentalement, il lança une allusion qui la fit pousser un nouveau soupir en secouant la tête d'un air désespéré. Néanmoins, elle se mit au travail. Reprenant la pommade utilisée plus tôt, elle l'appliqua, tout en commentant :

- Comme je l'ai déjà dit, je ne suis pas médecin. Alors, on va reprendre une technique qui marche à coup sûr.

Puis, au moment de faire le bandage, elle préleva de nouveau le matériel nécessaire sur elle, découpant cette fois sa manche. Et, tandis qu'elle confectionnait le bandage en question, elle répliqua à la plaisanterie qui suivit :

- Kalen... Tu crois que je n'ai pas compris où tu veux en venir ? Je te dirai simplement que pour l'instant, ce n'est pas le moment. Si tu y tiens, on en reparle après avoir mis cette demoiselle entre de bonnes mains.

Elle récupéra alors la canidée, et se mit immédiatement en route. En effet, elle se savait plus lente que l'homme avec un tel chargement. Homme qu'elle se hâta de stopper si jamais il pensait à tenter de la stopper :

- Tu as fait la plus grosse partie du trajet. À mon tour. Et puis, je connais la destination, ce qui n'a pas l'air d'être ton cas. Aussi... Ce n'est pas un vrai bandage que tu as. Si tu bouges trop ton bras, tu vas recommencer à saigner, et, très vite, ce tissu ne servia plus à rien. Si tu pouvais aussi garder ce bras immobile, ça aiderait...

Oh, bien sûr, elle se doutait qu'il n'en aurait probablement rien à faire de ses conseils, d'autant plus qu'elle venait de réaffirmer ne pas être médecin... Mais après tout, elle n'avait rien à perdre à tenter, n'est-ce pas ?