Décidemment, Fenrir ne manquait pas d'air ! Lui demander d'utiliser ses cristaux fraîchement gagnés pour réparer SES bêtises, commises avant même l'arrivée de la demoiselle... Parfois, elle se disait qu'elle était trop gentille pour son propre bien. Enfin. Ce qui était fait était fait.

Alors, à présent, elle voulait se changer les idées. Et quoi de mieux pour cela que de se rendre en bord de mer, autrement dit l'un de ses lieux favoris ? D'autant plus que la saison fraîche approchait à grands pas, ce qui lui donnait une raison de plus d'aller profiter des dernières chaleurs avant d'attendre l'année suivante.

Elle prit donc le portail... Nox sur ses talons. Visiblement, il n'avait aucune idée de la destination de sa maîtresse, sans quoi, il aurait préféré rester sagement au QG avec son nouveau babysitter attitré, attendant son retour bien au sec, plutôt que de l'accompagner dans ce qui devait plus ou moins ressembler à l'enfer pour lui. Néanmoins, elle ne voulait pas non plus perdre de temps à le ramener chez eux. Alors, elle lui offrit son épaule, sur laquelle il se posa, espérant néanmoins qu'il ne referait pas un plongeon comme la dernière fois... Il lui faudrait donc surveiller de près tout humain qui s'approcherait un peu trop d'eux, autrement dit, tout humain que Nox serait susceptible d'aller saluer. Elle soupira. Ce n'était pas encore aujourd'hui qu'elle pourrait profiter de ce repos qu'elle appelait de ses voeux... Mais pour rien au monde elle ne voudrait revenir à l'époque où elle était seule non plus.

Une fois le portail passé, elle sentit immadiatement l'air salé s'engouffrer dans ses narines, accompagné de son odeur de sel caractéristique. Alors qu'elle se délectait de cette sensation, elle fut soudain prise de remords : elle savait que le chaton, lui, était probablement loin d'apprécier tout ça autant qu'elle... Alors, elle le serra contre elle.

- Promis, tu ne seras pas en contact avec l'eau. Mais tu ne peux pas m'empêcher d'y aller...

Ce fut donc toujours en le tenant contre elle, le berçant comme le bébé qu'il était, qu'elle s'approcha de la mer. D'abord, elle resta sur la route, ne s'approchant pas du sable. Elle déposa le chaton sur une digue, et observa l'océan de derrière cette dernière. Etant accompagnée d'un chaton ayant récemment frôlé la noyade, elle prendrait son temps pour s'approcher de l'eau... Dont lui ne s'approcherait pas, évidemment. Et elle se souvenait s'être promis de surveiller les autres humains. C'est donc ce qu'elle fit, tout au long de son trajet, lorsque, après avoir pris soin d'enlever ses chaussures, elle s'avança vers le sable, droit vers la mer, sans pour autant s'y précipiter.

Les permissions se font assez rares à la garde de la Forteresse, d'autant plus lorsque l'on est responsable d'une classe de jeunots tout fraîchement arrivés pour devenir de futurs soldats. Un travail qui n'est pas toujours de tout repos, surtout lorsque certains d'entre eux se prennent déjà pour les héros de demain. Ce pourrait être réel, mais avant cela, un énorme travail devra être fait. C'est donc avec beaucoup de patience et de ténacité que Céres tient ces recrues d'une poigne ferme, dans un gant d'acier. Et oui, la douceur et la finesse ne sont pas toujours ses modes d'applications... Toutefois, elle sait se montrer juste. Bref. Tout cela pour dire, que son travail venait de temps à autre à la mettre à cran, ne pouvant nier qu'un moment de détente lui serait profitable. C'est pourquoi, pour ce petit temps de répit qui lui était permis, Céres quitta la Forteresse, la morsure du froid permanente, pour rejoindre le soleil et ses rayons adulateurs. Destinations la plage, en empruntant le passage des portails pour s'éviter un trajet de plusieurs jours, voire semaines.

Heureusement qu'il lui restait quelques tenues adéquates pour la plage. Car vivant dans les montagnes, sa garde-robe ne contient pas tellement de short et petites robes. Sauf une, bien qu'elle soit passée de mode à présent... Depuis combien de temps ne l'avait-elle pas enfilée ? Un an ? Deux ... Ô sûrement bien plus compte tenu du fait qu'elle oppressait légèrement sa poitrine. Qu'importe, ces moments étaient assez rares, d'autant plus qu'elle ne savait réelle si l'expérience serait réitérée par la suite.  

Le bout de ses pieds s'ancra dans le sable chaud, la chaleur des grains de sable procura une douce sensation. Ce n'était pas désagréable, son corps entier appréciant l'exaltation en contraste avec le climat de la Forteresse. Une expérience qui s'amplifia lorsque Céres continua sa traversée, se dirigeant vers l'Océan dont les vagues apportées un son berçant. Tout cela pourrait être enivrant et prélassant, sans tenir compte du fait de quelques chamailleries non loin de là. Et oui, qui dit plage, dit que d'autres personnes venaient à profiter de ce lieu. Dont un groupe de jeunes, à peine entré dans l’adolescence, ricanant, s'amusant à se jeter du sable sans se soucier des autres personnes autour d'eux. Certains clamèrent leur mécontentement, d'autres profanèrent quelques injures, mais cela ne semble tempérer les galopins. Quelle veine. L'instructrice laissait ses élèves quelque temps, pour se retrouver de nouveau face à des chenapans qui faisant les fiers sur la plage.

Son regard se détourna des turbulents, ce n'était pas son problème. Et il n'était pas sous sa responsabilité.

Posant sa serviette sur la plage, la brune s'asseya face à l'eau, profitant de ce panorama. L'eau était légèrement agitée, au grand amusement des baigneurs. Le ciel était bleu, chaleureux, tendre et appréciable. Doucement, elle se laissa bercée par l'environnement, venant à clore ses paupières pour savourer la douce chaleur sur sa peau. Attendant de se réchauffer encore un peu, avant de quitter sa petite robe pour se mettre en maillot de bain. Un moment parfait, interrompu grotesquement par un jet d'eau froide venant à la faire tressaillir.

- Qu'est ce que... ! Hé ! Revenez là vous !

La bande de joyeux gredins filèrent précipitamment après avoir mis en rogne de nombreuses personnes. A leur poursuite pour botter quelques fessiers, Céres n'eut le temps de les rattraper avant qu'ils ne trouvent une nouvelle victime, une jeune femme tenant une petite boule de poils entre ses bras.

Merci Nox. Même si cela ne lui faisait visiblement pas plaisir, c'était grâce à lui qu'elle avait pu esquiver. Pardon ? Ah, vous voulez un peu plus de contexte ? Alors, oui, en effet, reprenons.

Alors qu'elle se dirigeait vers le mer, soudain, le chaton lui avait échappé pour, à grands renforts de coups d'ailes, revenir en arrière. Kasha pensait qu'il voulait simplement s'échapper, fuir l'eau, mais elle comprit son erreur lorsqu'elle reçut une transmission. Un groupe de jeunes dégénérés s'amusait à arroser toutes les personnes qui avaient le malheur de se trouver sur leur chemin... Et ils se dirigeaient droit vers elle !

Nox lui rendit ses sensations juste à temps pour qu'elle puisse éviter le jet qui lui était destiné. Evidemment, ses cheveux n'eurent pas cette chance. Mais peu importait, elle avait réussi à sauver la majorité de son être. Alors, oui, elle aimait l'eau, mais quand c'était elle qui choisissait d'entrer à son contact. Ou que Rhis l'y jetait. La dernière fois, elle avait râlé, mais seulement pour la forme. Enfin, ce n'était pas le moment de penser à ça.

C'est alors qu'elle remarqua une femme qui semblait les courser. Elle hésita. Devait-elle l'esquiver, elle aussi, ou la rattraper ? Résultat, à force d'hésiter, elle ne bougea pas. Et se prit la femme en pleine face. Trop rapidement pour vraiment suivre ce qui s'était passé, elle se retrouva par terre... Et remarqua qu'elle avait entraîné la femme dans sa chute. Mais quelle... Chut. Ce n'était pas le moment de se faire remonter les bretelles par sa propre conscience.

Elle préféra tendre la main à sa compagne d'infortune :

- Désolée. On dirait que je réfléchis trop, j'aurais dû bouger.

Une fois son aînée relevée, avec ou sans son aide, elle reprit, comme si de rien n'était, mis à part le fait qu'elle brossait ses vêtements pour les débarrasser du sable.

- Si vous voulez mon avis, je ne pense pas que vous pourrez les arrêter, même en réussissant à les rattraper. J'imagine que ce genre de personnes ne grandiront jamais...

Soudain, elle se reprit. Décidemment, elle se serait vraiment donné des claques !

- Mais pardon, où sont mes manières ? Je m'appelle Kasha, et voici... Tiens, où il est ?

Elle chercha son compagnon du regard. Mais elle ne le trouva pas. Néanmoins, elle se contenta de hausser les épaules :

- Bah, il finira par revenir. Si vous êtes attaquée par un chaton volant à coups de câlins, sachez que c'est mon familier, qu'il s'appelle Nox et que vous pouvez faire ce que vous voulez avec lui, il vous sera très difficile de vous en faire détester ! J'ai même un ami qui a toujours beaucoup de mal à s'en débarrasser quand il doit partir !

Elle laissa échapper un rire en repensant à la relation particulière entre Nox et Fenrir. Elle ne savait pas trop comment ni pourquoi, mais il était évident que le chasseur avait tapé dans l'oeil du chaton... Enfin. Une fois de plus, elle déraillait. Alors, elle se racla la gorge, légèrement gênée :

- Hum... Pardon, encore. Pourrais-je avoir votre nom, moi aussi ?