retrouver la vie d'avant.
Leur résidence n’avait pas bougé mais manquait d’entretien; les voisins immédiats eurent l’air surpris de découvrir que les deux femmes étaient en vie après de nombreux mois d’absence; à l’intérieur de la résidence, la poussière avait depuis tout ce temps régné librement.
La chasseuse fit le tour des lieux, puis elle déclara à Sofia qu’il fallait résoudre ce premier problème et remettre la maison en état. Évidemment, faire le ménage n’emballa pas Sofia. Évidemment, Evelyn aurait également aimé faire bien d’autres choses. De nombreuses autres choses. Cependant, il aurait été bête de repousser l’inévitable. Ainsi, Evelyn ouvrit les fenêtres en grand pour aérer, donna des tâches à sa compagne et accomplit ses propres tâches. À la fin de la journée, les deux femmes s’affalèrent sur le divan avec une bière.
Le lendemain, Evelyn se glissa hors du lit et hors de la maison sans faire un bruit. Au marché, elle acheta des œufs, du pain et une cafetière magique d’un marchand ambulant. Ledit marchand appelait l'objet une "cafetière filou". Peu importe le nom, en autant qu'il remplissait ses promesses. À son retour, elle cuisina le tout et utilisa la cafetière pour préparer du café. Lorsque Sofia la rejoignit, attirée par les odeurs provenant de la cuisine, Evelyn l’accueillit avec le petit-déjeuner et un baiser.
Pendant le repas, Evelyn suggéra d’aller chasser le repas du soir. La chasseuse comptait faire un petit festin, pour fêter leur retour, leur amour, et tous les futurs projets; fêter le fait de retrouver la vie d’avant. Sofia acquiesça et ainsi, après avoir mangé et avoir fait la vaisselle, Evelyn alla se préparer. Elle mit les choses habituelles dans son sac à dos, mit sa ceinture, y attacha son carquois... tous les préparatifs habituels, puis elle fut prête. Après avoir pris le monte-personne, pour retrouver le plancher des gloots, Evelyn fit signe à Sofia de passer devant et lui dit avec le sourire: «Voyons si tu as bien retenu mes leçons de chasse.» Ainsi, la responsabilité du repas du soir revenait en partie à Sofia.
retrouver la vie d'avant.
L'intérieur n'était pas mieux. La poussière avait recouvert tous nos meubles et les bibelots. Les araignées s'étaient fait un plaisir de profiter du fait qu'il n'y avait personne pour tisser des toiles un peu partout au plafond. Evelyn se retroussa aussitôt les manches, tira les rideaux et ouvrit les fenêtres. Ah, j'allais pas y échapper... Les corvées ménages étaient inévitables. Ainsi, elle me suggéra de commencer tout de suite, pour être tranquille plus tard. Il nous fallut la journée entière pour remettre de l'ordre, nettoyer le plancher, astiquer les meubles et nettoyer le linge de maison. A la fin de cette journée bien nulle, je m'affalai comme une limace sur le canapé, bière à la main. Evelyn fit de même et nous profitâmes du reste de la soirée pour nous détendre.
Le lendemain matin, je fus tirée de mon sommeil par une odeur plus qu'alléchante. Ca sentait bon le café et, en remarquant l'absence d'Eve à mes côtés, je compris rapidement qu'elle était en train de préparer le petit déjeuné. Ca sentait aussi le lardon grillé et les œufs au plat. Je m'étirai longuement et sortis mollement du lit. Avant de rejoindre ma compagne, je fis quelques exercices matinaux, histoire de mieux me réveiller. Prête, je me dirigeai dans la cuisine et gratifiai Eve d'un baiser en guise de bonjour. Je m'installai à table et partageai le petit déjeuné avec elle. Intriguée par la nouvelle cafetière, je la questionnai pour savoir de quoi il s'agissait. Une "cafetière filou" qui pouvait préparer tous les types de cafés... ? D'accord, c'était toujours sympa à avoir à la maison.
Evelyn proposa une sortie chasse pour le repas de ce soir. Toujours partante, je hochai la tête et après avoir terminé de manger, j'allai me préparer. Sabre, corde, quelques petites provisions et je retrouvai ma compagne, elle aussi prête à partir en chasse. Son arc sur le dos, le carquois rempli de flèches et son fameux plastron de cuir. Je sortis la première, laissai passer Eve et fermai la porte à clef. En nous dirigeant vers le monte-charge, le voisin nous salua et nous arrêta deux minutes, curiosité oblige. Je lui répondis simplement que nous étions de retour après un long voyage et repris la route. En bas, Eve sourit et me proposa de passer devant.
«Voyons si tu as bien retenu mes leçons de chasse.»
Je lui souris, plutôt confiante. Pas besoin de retenir, dans la mesure où je mettais toujours en pratique tout ce qu'elle m'avait appris. Autant pour aller me chercher de quoi bouffer que pendant mes quêtes.
"Oh la, mais tu me regardes j'risque d'être nerveuse!" Répondis-je, rieuse.
Ainsi, je pris la direction de la forêt en suivant, dans un premier temps, le sentier battu. Une fois assez loin, je repérai un petit enfoncement en dehors du chemin. Revenir dans cette forêt me fit tellement de bien ! J'avais failli oublier à quoi elle ressemblait. Heureusement, nous la connaissions presque par cœur, donc aucun risque de nous perdre. A partir de là, je restai bien plus silencieuse et me fis la plus discrète possible. J'écoutai les bruits de la forêt, les oiseaux chantaient encore vivement, donc ils n'avaient pas remarqué notre présence. Le vent venait de face, j'avais bien entendu pris soin de ne pas me mettre dos à lui. Il sera plus difficile pour les animaux de nous repérer s'ils ne pouvaient pas sentir notre odeur portée par la brise.
A mesure que j'avançai, je remarquai plusieurs traces sur le sol. Trop anciennes pour s'y intéresser. Des crottes, des traces de pas, mais rien de concluant. A en juger par l'apparence de ces dernières, c'était surtout des renards. Plus loin, j'indiquai à Eve la présence de coulées, signe distinct du passage d'une compagnie de sangliers. En suivant ce sentier naturellement créé par les animaux, on pourrait tomber sur l'un d'eux. D'autant plus que, çà et là, les arbres portaient des marques à moins d'un mètre du sol. Frottés pour la plupart, il y en avait quelques-uns avait des traces de housure, une trace de terre que le sanglier laissait sur l'arbre après ses bains de boue. Aucun doute, nous nous approchions.
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Ainsi donc, les deux femmes progressaient dans la grande forêt. À mesure qu’elle avançait, Evelyn se fit plus attentive aux traces qu’elle croisait. Elle resta silencieuse, n’émit aucun commentaire, aucune suggestion. Elle suivait, tout simplement. Elle laissait Sofia mener la chasse. Cela lui plaisait de voir sa fiancée les guider dans la forêt. …Sa fiancée. Si les choses s’étaient déroulées comme prévues, s’il n’y avait pas eu l’intervention de certains brigands, lesquels avaient interrompu le cours de leurs vies, il y aurait longtemps qu’Evelyn aurait pu appeler Sofia sa femme, son épouse.
Plus loin, Sofia lui indiqua les signes du passage de sangliers. C’était un bel indice à suivre. Chasser n’était pas une science exacte; on prenait une direction en particulier lorsque l’on connaissait les habitudes des animaux; sinon on progressait en récoltant des informations, et on adoptait une approche et un itinéraire en conséquence de ses informations. Ainsi, Sofia suivit un sentier, aiguillonnée par des indices flagrants laissés par des sangliers, comme les marques de terre sur le tronc des arbres. Evelyn suivit derrière, approuvant mentalement le bon itinéraire qu’empruntait l’aventurière. L’archère se saisit de son arc, en prévision.
Lorsque, un peu plus loin sur le sentier, Sofia s’arrêta et lui fit signe, Evelyn se positionna silencieusement à sa droite. À plusieurs mètres, un gros sanglier solitaire mangeait des champignons… sans savoir qu’il allait à son tour se faire manger. Avec des mouvements prudents, Evelyn encocha une flèche et banda son arc. Le sanglier n’avait toujours aucune connaissance de leur présence. Une flèche l’atteignit au cœur et il s’effondra sur le côté. Une mort propre. La forêt tomba silencieuse. La chasseuse quitta sa cachette et se dirigea vers l’animal. Elle récupéra sa flèche, en vérifia l’intégrité, l’essuya dans l’herbe et la rangea dans son carquois. De son sac à dos, Evelyn sortit son couteau pour dépecer. Elle le tendit à Sofia par la lame avec ses mots, les premiers qu’elle prononçait depuis leur entrée dans la forêt :
«L’honneur te revient.»
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J'entendis soudainement un petit grognement, c'était le bruit caractéristique d'un sanglier qui grommelait, la truffe contre le sol à la recherche de nourriture. Je fis signe à Eve, qui se mit en position. Elle banda son arc, lentement, sans précipitation et visa. Lorsqu'elle tira, la flèche siffla et fendit l'air si vite que la bête ne put rien faire. La pointe perça l'épaisse peau de l'animal qui l'atteignit en plein cœur. Il était mort sur le coup, il n'avait pas souffert. Evelyn se redressa pour se diriger vers le corps du sanglier, je fis de même et la suivis. Elle récupéra sa flèche, visiblement encore intacte et qui pouvait servir à nouveau. Elle me tendit ensuite son petit couteau de dépeçage et me regarda.
«L’honneur te revient.» Déclara-t-elle.
Je souris doucement en coin. Pourquoi ? C'était elle qui l'avait abattu. Enfin, j'imaginais qu'elle voulait seulement voir si j'étais toujours capable de dépecer un animal. Silencieuse, je pris la lame dans ma main et m'installai au sol. La bête n'était pas très grosse, je pouvais la rouler sur le dos si j'en avais besoin. Il fallait surtout se contenter de l’éviscérer, pour le moment. Sans les organes, la carcasse sera plus légère et plus simple à transporter. Je m'exécutai et tournai la bête sur le dos. Avec mes pieds, je bloquai ses pattes arrières pour tender son ventre au maximum. Une petite incision, puis je glissai deux doigts sous la peau pour éviter de trancher les intestins et ruiner la qualité de la viande. Je coupai ainsi jusqu'au niveau de la mâchoire avant de pivoter le sanglier sur le côté pour le vider. J'avais au préalable fendu l'os du bassin pour séparer les hanches et facilité le travail. L'opération me demanda de longues minutes, car je devais rester concentrée et minutieuse pour éviter d'abimer la viande en perçant la vessie et les intestins.
Après avoir terminé, je relevai le sanglier par les pattes arrières afin de permettre au sang de s'écouler vers la gueule sans avoir, encore une fois, à prendre le risque de gâcher la viande. Il ne restait plus qu'à le transporter jusqu'à la maison. Et je n'avais pas envie de trainer davantage de temps en forêt alors que l'odeur de sang se rependait dans la nature. De quoi alerter tous les prédateurs du coin qui allaient surement rappliquer ici pour pouvoir s'offrir un casse-croûte facile. Une fois les pattes arrières attachées, je pouvais caler la carcasse sur mon dos.
"J'ai pas trop envie de traîner ici et me faire bouffer le cul par des prédateurs." Lançai-je, un peu rieuse.
Ce truc pesait quand même son poids, on allait surement devoir faire des pauses car j'allais pas tenir tout le trajet d'un coup. Et j'avais pas non plus envie d'imposer à ma compagne ce genre de tâche. A moi de le faire pour lui éviter de sentir le chacal une fois à la maison. Et puis je savais bien que je pouvais compter sur son aide pour prendre un bain bien mérité après cette chasse rapide et fructueuse !
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Sofia s’installa donc, petit couteau à la main. Evelyn resta à l’affut, arc à la main. De temps à autre, elle jeta un coup d’œil à sa compagne, laquelle travaillait bien.
"J'ai pas trop envie de traîner ici et me faire bouffer le cul par des prédateurs.", lança Sofia, un peu rieuse, après avoir calé la carcasse de l’animal sur son dos.
«On ne pourrait pas leur reprocher de vouloir te le bouffer», lança Evelyn à la légère, faisant manifestement référence au fait que Sofia avait un bien joli cul.
Les deux femmes quittèrent les lieux, prenant le chemin inverse pour retourner au Village Perché. Evelyn garda son arc en main, pour pouvoir réagir plus rapidement si nécessaire. À la première pause, les deux femmes burent de l’eau puis se remirent en marche rapidement. À la deuxième pause, appuyée tranquillement contre le tronc d’un arbre, Evelyn posa un long regard d’amour sur sa compagne. À la troisième pause, le mouvement d’une belette fuyarde attira son regard au sol. Puis son regard glissa de la belette à un renfoncement dans le sol semblable à une tanière. Evelyn avança dans cette direction. Elle vit de vieilles empreintes de canidé sur le sol. Elle avança encore de deux pas et s’accroupit devant l’œuf de familier. C’était comme s’il avait été laissé là pour elle. Comme si Lucy avait souhaité qu’elle le trouve; comme si Lucy lui faisait ce cadeau.
La chasseuse hésita en pensant à son ancien familier. Mais captivée par l’œuf, elle tendit la main et s’en empara avec délicatesse. En revenant vers sa compagne, elle se contenta de dire : «J’ai trouvé ça…», en haussant une épaule. Elle ne savait pas encore si elle souhaitait lui donner un nom ou le donner à quelqu’un d’autre.
Par la suite, elles retrouvèrent le sentier principal menant au Village et croisèrent deux-trois personnes qui les saluèrent. Evelyn se contenta d’hocher la tête dans leur direction. Dans le monte-charge, Evelyn commença à s’intéresser à son œuf. C’était un beau gros œuf de familier, si elle ne le nommait pas, elle pourrait le revendre.
Elle tourna la tête vers Sofia et le sanglier qu’elle transportait. «Tu t’es très bien débrouillée, mais j’devrais peut-être t’apprendre à tirer à l’arc…?» C’était une question, parce qu’Evelyn se demandait maintenant comment Sofia aurait abattu le sanglier dans la sombre forêt sans arc.
«Et arrête-moi si je me trompe…» Un léger sourire décora ses lèvres. «Mais j’crois que t’auras besoin d’un massage après tous ses efforts. …Et je connais justement une bonne masseuse», ajouta l'archère sans afficher aucune arrière-pensée, son visage redevenu neutre.
Le monte-charge s’immobilisa une fois en hauteur.
«Elle s’appelle Ambre. Si elle habite encore dans l’coin. Jamais eu recours à ses services, mais elle fait ça depuis une dizaine d’années et il parait qu’elle fait des miracles», continua Evelyn en marchant aux côtés de sa compagne, en direction de leur résidence.
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Remarque qui me fit doucement rire, je savais très bien à quoi elle faisait allusion, cette coquine. Sur le trajet, Eve décida de garder son arc à la main, prête à nous défendre si besoin en était. En effet, avec cette charge sur le dos, je ne pouvais pas faire grand-chose et le temps d'essayer de m'en débarrasser risquait d'être trop long. J'avais beau avoir une très bonne condition physique, je demandai tout de même à ma compagne de faire une petite pause. La carcasse que je portais commençait à se faire lourde après plusieurs minutes de marche. Nous en profitâmes pour boire un peu de d'eau et moi de reprendre mon souffle. Nous fîmes une seconde pause, puis une troisième. Lors de cette dernière, Evelyn s'éloigna un peu, perturbée par les mouvements d'un animal. Lorsqu'elle revint, elle tenait dans ses mains un œuf.
«J’ai trouvé ça…» Déclara-t-elle sans conviction et en haussant une épaule.
Je regardai l’œuf. Je regardai Eve. Elle me regarda. Elle regarda l’œuf. Je regardai l’œuf. Je haussai aussi une épaule, amusée par le fait qu'elle venait de trouver ce truc au beau milieu de nulle part. Un marchand l'avait peut-être égaré, en passant par ici. Le sentier n'était pas loin d'ailleurs. Sentier que nous retrouvâmes rapidement pour rentrer au village. Une fois à l'intérieur, ma compagne s'arrêta et se tourna vers moi. Curieuse, je la regardai, l'air de me demander ce qu'elle me voulait.
«Tu t’es très bien débrouillée, mais j’devrais peut-être t’apprendre à tirer à l’arc…?» Demanda-t-elle.
Je haussai les sourcils, à la fois contente et surprise.
"Oh, c'est drôle qu'tu m'en parles, je me faisais justement la réflexion dans la forêt. J'aimerais beaucoup ouais." Répondis-je avec un franc sourire.
Je repris alors la marche vers le monte-charge mais fus rapidement interrompu par ma compagne qui reprit la parole.
«Et arrête-moi si je me trompe… Mais j’crois que t’auras besoin d’un massage après tous ses efforts. …Et je connais justement une bonne masseuse»
Ah, génial ! J'espérais pas un massage de sa part mais vu comment c'était proposé, avec une neutralité parfaitement envoûtante, difficile de refuser. Le monte-charge s'arrêta, une fois arrivé en haut, au niveau de notre maison.
«Elle s’appelle Ambre. Si elle habite encore dans l’coin. Jamais eu recours à ses services, mais elle fait ça depuis une dizaine d’années et il parait qu’elle fait des miracles»
Ah. Ambre, hein ? J'étais bien moins emballée par l'idée mais après tout, pourquoi pas ? Eve pourrait ainsi profiter, elle aussi, d'un moment de détente.
"D'acc, ça m'va. Mais avant j'aimerais terminer mon travail avec ce sanglier"
Je la laissai ouvrir la porte, alors que j'étais de plus en plus impatiente de me débarrasser de cette charge. Je me rendis en cuisine pour la poser sur la table, dans un long soupir de soulagement. Il ne restait plus qu'à récupérer la fourrure et à découper la viande. Je me mis aussitôt au travail, laissant ma compagne m'aider si elle le désirait. Avec toute cette viande, on allait pouvoir tenir un bon moment et la peau nous permettre de gagner quelques cristaux. Du moins si Eve était d'accord pour la vendre.
"Tu veux prendre un bain avant d'aller voir la masseuse ? demandai-je, amusée. J'ai pas trop envie de sentir l'animal crevé dans un lieux public. Et pas sûre qu'on nous laisse entrer aussi !"
Toujours souriante, je commençai à découper la peau. Le poing fermé que je glissai sous celle-ci, tandis que je coupai progressivement. Là aussi, je m'en sortais pas trop mal. Plus qu'à la nettoyer et à la tanner !
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Dans le monte-charge, Evelyn parla de massage. Puis, elle mentionna une certaine personne du prénom d’Ambre, à priori excellente masseuse. Si Sofia aurait probablement préféré les douces mains d’Evelyn, elle affirma toutefois que cela lui allait. Evelyn ne le montra pas, mais elle fut un peu déçu que Sofia ne cherche pas à argumenter pour obtenir d’elle un massage privé. D’un autre côté, ce n’était pas plus mal, puisqu’Evelyn allait également pouvoir se la couler douce. Si Ambre existait toujours.
Mais avant toute chose, il fallait s’occuper du sanglier. Une fois arrivée à leur demeure, Evelyn ouvrit la porte pour permettre à Sofia d’entrer et de se débarrasser de la lourde charge qu’elle transportait depuis un moment. Sofia devait avoir le dos en compote, mais elle n’en montra rien et se mit sans attendre au travail, sans demander aucune aide.
Evelyn s’appuya un instant contre le comptoir de la cuisine. Elle baissa le regard sur l’œuf qu’elle tenait dans une main; l’œuf qu’elle avait trouvé au hasard dans la forêt. Elle le fixa comme si elle essayait de percer ses secrets. Elle pensa à Snorev, son ancien familier avec qui elle avait partagé ses parties de chasse. Elle pensa qu’elle avait adoré avoir un familier auprès d’elle. Et que Lucy avait mis celui-ci sur sa route.
Elle déposa finalement l’œuf et alla aider Sofia dans la découpe du sanglier. À deux, le processus fut rapide.
"Tu veux prendre un bain avant d'aller voir la masseuse ?", demanda Sofia, amusée. "J'ai pas trop envie de sentir l'animal crevé dans un lieux public. Et pas sûre qu'on nous laisse entrer aussi !"
Evelyn rit doucement.
«Pas sûre d’avoir envie de te prendre dans mes bras non plus.»
Elle laissa Sofia terminer de s’occuper de la peau, qu’elles pourraient revendre plus tard.
«Je vais préparer le bain, tu m’y rejoindras quand tu auras terminé.»
L’archère se rendit alors dans l’une des pièces adjacentes pour préparer le bain et y alluma deux bougies odorantes. Elle se débarrassa ensuite de ses vêtements et entra dans l’eau. Le bain était assez grand pour qu’elles le partagent, comme elles le faisaient parfois. Evelyn profita de ce petit moment de détente. Sofia mit peu de temps à la rejoindre, se glissant à son tour dans l’eau.
«Je vais donner un nom à la bestiole dans l’œuf. Ne t’inquiètes pas, il ne dormira pas dans le lit», l’informa-t-elle. Une précision intéressante, car Snorev avait aimé dormir à la base du lit. Evelyn savait que Sofia avait détesté ça.
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«Pas sûre d’avoir envie de te prendre dans mes bras non plus.» Répondit ma compagne.
Je ris doucement, de quoi me motiver à vite aller me décrasser alors !
«Je vais préparer le bain, tu m’y rejoindras quand tu auras terminé.» Déclara-t-elle.
Je hochai la tête, concentrée sur la tâche que j'étais en train de réaliser. J'entendis l'eau couler, dans la salle de bain. Ça me donnait envie de finir ça au plus vite pour aller la rejoindre. Mais, si Eve m'avait appris un truc, c'était le respect vis à vis de la nature. Je ne voulais pas gâcher la peau et la viande de ce sanglier, j'avais pas envie de me dire qu'il était mort pour rien, juste à cause de mon impatience. Alors, une fois la peau récupérée, j'allai l'étendre solidement dehors et revint à l'intérieur. Je m'occupai ensuite des morceaux de viandes, la préparai pour la faire conserver dans la pièce que j'utilisais en général pour ça. Je rejoignis ma compagne dans la salle de bain et plongeai dans l'eau bien chaude. Elle avait même allumée des bougies parfumées, j'aimais beaucoup.
«Je vais donner un nom à la bestiole dans l’œuf. Ne t’inquiètes pas, il ne dormira pas dans le lit»
Je haussai les épaules.
"Si tu veux qu'il dorme dans le lit avec nous c'est bon." Répondis-je.
Je n'avais plus envie de vouloir débattre ou non avec elle pour des sujets aussi idiots. Ca me prendra juste quelques secondes pour secouer les draps par la fenêtre, rien de bien mortel. Je proposai à Eve de lui frotter le dos avec du savon. Elle se tourna et dégagea ses longs cheveux, la vue sur sa nuque la rendait terriblement attirante.
"C'est con, j'peux plus deviner ce qu'il y a dans les œufs. Lançai-je, rieuse.Tu t'souviens ? Je pouvais le faire."
Un pouvoir qui était apparu de je ne savais où. Même ça, nos ravisseurs l'avaient effacé. Dans le doute, disaient-ils. Mais bon, c'était pas une grosse perte et je devais avouer que c'était parfois chiant de prendre un œuf et de savoir ce qu'il y avait dedans alors que moi, je voulais juste le manger.
"T'as une idée de comment tu vas l'appeler ? Demandai-je. Oh, et... Ajoutai-je précipitamment On ira chez Ambre une autre fois peut-être ?"
Je m'approchai doucement de son oreille, pour souffler d'un air un peu taquine...
"Je peux m'en occuper moi-même de ton massage, pour aujourd'hui."
Je me réinstallai pour continuer à frotter son dos avec délicatesse. Lorsque je terminai, je lui demandai de faire de même. Je me tournai et patientai sagement, jusqu'à sentir l'éponge glisser sur ma peau, ce qui m'arracha un petit sourire de satisfaction.
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Evelyn en fut légèrement surprise, bien qu’elle n’en montra rien. Il y avait effectivement sujet plus grave que celui-là. Elles avaient été séparées un long moment, que représentait un familier dormant sur le lit? Néanmoins, Evelyn était sincère et sérieuse; elle ne comptait pas reproduire cette erreur-là.
Sofia lui proposa rapidement de lui savonner le dos. Evelyn lui sourit en réponse, trouvant l’idée agréable. Elle se tourna pour présenter son dos et ramena ses longs cheveux vers l’avant.
"C'est con, j'peux plus deviner ce qu'il y a dans les œufs", lança-t-elle, rieuse. "Tu t'souviens ? Je pouvais le faire."
«Oui…», fit-elle en souriant doucement, pensive, replongeant dans ses souvenirs. Evelyn se rappelait aussi que ce mystérieux don était apparu de nulle part. «Tu m’avais bien aidé, pour le choix de mon premier familier.» Voilà une chose supplémentaire que les bandits avaient prise à Sofia. En ce qui concernait ce qu’ils avaient pris à Evelyn, la liste était bien longue. Mais il était d’avantage temps de reconstruire que de ressasser ce qui avait été perdu.
"T'as une idée de comment tu vas l'appeler ?", demanda Sofia. "Oh, et... ", ajouta-t-elle sans laisser Evelyn répondre à la question. "On ira chez Ambre une autre fois peut-être ?"
Une autre fois--? Les pensées d’Evelyn s’envolèrent lorsqu’elle sentit le souffle de Sofia sur sa peau. Cette dernière ajouta d’un ton taquin: "Je peux m'en occuper moi-même de ton massage, pour aujourd'hui."
La chasseuse sentit une chaleur d’amour l’envahir. Elle n’allait pas contredire sa compagne sur ce sujet. Si cette dernière souhaitait lui faire un massage, Evelyn était partante.
«…Je ne sais pas encore comment je vais le nommer», répondit finalement Evelyn, lorsque Sofia s’éloigna pour continuer de frotter son dos. «J’vais laisser Lucy me guider.»
Puis, les deux femmes échangèrent leur rôle. Evelyn se retourna et s’occupa du dos de sa fiancée. Quand elle eut terminé, Evelyn suggéra à Sofia, en toute innocence, qu’elle pouvait frotter d’autres parties de son corps, si elle le désirait.
Lorsque les deux femmes furent bien propre, Evelyn quitta le bain et prit la direction de la chambre, suivie de près par Sofia. Parce qu’un bon massage, ça se passait dans le lit. …Les moins bons massages aussi se passaient dans le lit, mais Evelyn allait profiter du moment pour donner deux-trois conseils à Sofia pour l’aider à s’améliorer. Enroulée dans une serviette, Evelyn se mit à la recherche d’huile, tout en faisant la conversation à Sofia.
«J’ai oublié de te dire. En sortant secouer les draps hier, j’ai croisé la voisine. Elle et son mari ont eu leur septième enfant. Sept, oui... Elle m’a dit que ce serait leur dernier. J'ai trouvé ça drôle, parc'qu’elle m’a dit pareil pour le cinquième. Quand j’y pense, j’me dis qu’elle ferait une bonne gardienne pour mon familier, quand je pourrai pas l’emmener avec moi.»
Elle trouva finalement l’huile dans le placard qu’elle tendit à Sofia, avec un regard taquin et ses mots : «Comment dois-je m’allonger?»
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«…Je ne sais pas encore comment je vais le nommer Répondit Eve, pendant que je lui frottais le dos. J’vais laisser Lucy me guider.»
Lucy, hein ? Amusée, je me contentai de sourire sans ajouter de commentaire. J'étais pas spécialement religieuse, pratiquante ou croyante, encore moins depuis ce qu'il nous était arrivées, à ma compagne et moi. Mais si Eve voulait y croire, elle avait le droit. Un petit frisson parcourut mon corps lorsque ma compagne précisa, évidemment en toute innocence et, bien entendu, sans la moindre arrière-pensée, que je pouvais masser d'autres parties de son corps si je le voulais. Je me dépêchais alors de me laver pour sortir de l'eau et enfiler une serviette autour de mon torse. Je suivis Eve dans la chambre, qui semblait chercher quelque chose dans les tiroirs
«J’ai oublié de te dire. En sortant secouer les draps hier, j’ai croisé la voisine. Elle et son mari ont eu leur septième enfant.»
"....Sept ?" Fis-je, abasourdis.
Bordel, des vrais lapins ceux-là.
«Sept, oui... Elle m’a dit que ce serait leur dernier. J'ai trouvé ça drôle, parc'qu’elle m’a dit pareil pour le cinquième. Quand j’y pense, j’me dis qu’elle ferait une bonne gardienne pour mon familier, quand je pourrai pas l’emmener avec moi.»
Pauvre bête, entourée de gamins sauvages surement intenables. J'aimais pas les enfants, c'était chiant, à chouiner pour rien et ça puait. Finalement, Evelyn se tourna vers moi avec un flacon d'huile dans les mains et me lança un grand regard bien rempli de sous-entendu.
«Comment dois-je m’allonger?» Demanda-t-elle.
Je déglutis, puis réfléchis. Alors, j'avais un tas d'idée sur sa façon de s'allonger.
"Euh... Sur... Sur le dos. Le dos."
Je récupérai l'huile pendant qu'Eve retira sa serviette et s'allongea sur le lit. Comme une vraie professionnelle, je pliai soigneusement la serviette pour la poser au niveau des fesses. Un peu de pudeur, quand même ! Ensuite, j'ouvris le flacon et... Euh, fallait en mettre combien ? Des gouttes ? Tout le flacon entier ? Ca me semblait beaucoup... Bon, un peu au pif, je versais presque la moitié. Le liquide s'écoula un peu partout et se dirigea vers les draps. J'inspirai, dans la panique, fermai rapidement le flacon pour essayer de rattraper ma connerie. J'agitai mes petites mains un peu partout sur le dos de ma chérie pour essayer d'éviter de laisser couler l'huile ailleurs que sur son dos. Une fois le pire évité et un dos extrêmement luisant, je pouvais me concentrer sur le massage. Un petit moment intime qui dura plusieurs minutes, avant d'être interrompu par quelqu'un qui frappait à la porte.
"J'y vais, je reviens vite."
J'enfilai à la va-vite une de mes robes que j'utilisai pour glander à la maison puis allai ouvrir. C'était un marchand ambulant qui faisait du porte à porte pour essayer de refourguer sa marchandise. Si, en temps normal, j'aurais jeté un petit coup d’œil, là, j'avais quand même une femme ultra canon qui m'attendait, dans son plus simple appareil, dans un lit. Alors autant dire que ce pauvre bougre fut rapidement congédié. De retour à l'intérieur, je sursautai en voyant la tête du sanglier qui reposait encore dans la cuisine. Je plissai les yeux, prise d'une soudaine envie de tenter d'effrayer Eve. Elle qui paraissait toujours aussi sérieuse, je voulais bien voir sa tête déconfite après une bonne frousse. Je récupérai la peau que j'enfilai autour de moi et posait le crâne sur ma tête, comme un casque. Puis, silencieuse, je me dirigeai vers la chambre pour ouvrir la porte, très lentement, histoire de la faire grincer un long moment. Lorsque ma compagne, intriguée par le bruit, se tourna pour regarder, elle poussa un petit cri tout mignon et se redressa, visiblement effrayée. Je retirai le crâne de sanglier pour me foutre -un peu- de sa tronche.
"Ah, j'savais bien que t'étais terriblement mignonne quand t'as peur !" Lançai-je, encore rieuse.
Ce petit cri qu'elle avait poussé m'avait carrément fait fondre comme une guimauve tellement c'était mignon. Elle qui adorait me taquiner, elle était bien servi à son tour !
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Sofia positionna une serviette au niveau des fesses d'Evelyn, se soustrayant ainsi à un beau spectacle. La chasseuse sentit ensuite une grande quantité d’huile se répandre sur sa peau. À ce rythme, il faudra penser à faire des provisions d’huile. Evelyn laissa échapper un bref petit rire, amusée alors que Sofia agitait ses mains sur son dos.
Le massage dura plusieurs minutes, avant d’être sauvagement interrompu par des coups à la porte. "J'y vais, je reviens vite." Evelyn marmonna sa désapprobation. Elle ne voulait pas que Sofia parte! Sofia s’en alla tout de même après avoir enfilée un truc.
C’était calme. C’était silencieux dans la chambre. Evelyn se serait pratiquement endormit. Elle se sentait bien. Et surtout, elle se sentait en sécurité. Il lui avait fallu un moment après sa libération pour se sentir ainsi.
Après un moment indéterminé, Evelyn entendit la porte de la chambre grincer. Cette porte aurait bien besoin d’huile, pensa d’abord Evelyn. Le bruit s’intensifia, mais Sofia ne se manifesta pas. Intriguée, Evelyn se redressa sur un coude pour jeter un coup d’œil. Surprise par l’apparition mystérieuse, elle sursauta et se redressa, alors qu’un petit cri lui échappa. Une femme hybride sanglier… Sofia, déguisée. Sofia, qui riait de sa plaisanterie.
"Ah, j'savais bien que t'étais terriblement mignonne quand t'as peur!", lança Sofia en riant de la gueule que tirait Evelyn.
Les bandits avaient sûrement pensé la même chose d’Evelyn.
«…J’ai pas eu peur, tu m’as surprise», répondit la chasseuse, se remettant de ses émotions. Elle n’admettrait pas la vérité.
Elle s’assit sur le lit dans une posture invitante, et retrouva son air sérieux. La serviette qui l’avait précédemment partiellement couverte gisant au sol.
«Tu préfères continuer de jouer avec le sanglier ou…?»
L’œuf de familier allait rester où il était pour le moment. Plus tard, Evelyn allait lui donner un nom. Plus tard, pousser par une certaine inspiration, elle allait l’appeler Akela.
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Ouais, elle allait pas admettre que j'avais réussi à lui coller une belle frousse ! Elle était parfois du genre un peu fière, comme moi. Sans rien ajouter de plus, elle se mit assise sur le lit, comme si elle m'invitait à la rejoindre. La petite serviette glissa lentement jusqu'à tomber sur le sol.
«Tu préfères continuer de jouer avec le sanglier ou…?»
Je n'allais pas refuser cette invitation, je retirai alors mon accoutrement pour la rejoindre. Nous échangeâmes ainsi un petit moment de complicité entre amoureuses. Un peu plus tard, confortablement installée dans ses bras, la tête contre son torse, je regardai le mur devant moi, songeuse. Je me redressai pour la regarder, avec un petit regard espiègle.
"J'ai drôlement envie d'aller faire un tour sur la place du marché maintenant, pour essayer d'autres tenues !"
Je me relevai pour aller me rhabiller et regardai mon costume improvisé. A nouveau, je l'enfilai. La peau du sanglier vint recouvrir mes épaules, comme une longue cape. Une broche la fixa solidement au niveau des pattes, impossible qu'elle tombe. Sur ma tête, je posai le crâne du sanglier qui faisait office de casque. Toute fière de mes talents d'improvisation dans la confection d'un costume, je me tournai vers ma compagne, les poings sur les hanches.
"J'ai pas trop la classe, avoue ? Plutôt que de vendre cette peau, j'ai bien envie de demander à un artisan de m'en faire une tenue pour aller chasser."
Et puis si ça se trouvait, déguisée comme ça, je pourrais davantage passer inaperçu dans la forêt, au milieu des autres animaux ? Bon, c'était décidé, en plus Eve l'avait dit elle-même, c'était moi qui avait pisté et chassé la bête, j'avais bien le droit de choisir ce que je voulais faire avec la peau ! En échange, elle pourra... Euh... Cuisiner la viande comme elle le voudra, voilà. De toute façon je savais même pas cuisiner moi-même.
"Avec de la chance on trouvera aussi un arc simple pour mon entraînement !"
Je la laissai s'habiller, je retournai au salon pour préparer mon sac et récupérer quelques cristaux en vue des dépenses que j'allais faire. Pour l'arc, je n'aimais pas trop l'idée de m'encombrer d'une arme comme ça, qui allait me gêner dans mes mouvements. J'étais surtout une combattante au corps à corps, plutôt agile, rapide, j'avais besoin de flexibilité. Je devais peut-être songer, comme ma compagne, à me procurer un arc magique, capable d'apparaître et de disparaître à volonté ? D'ailleurs, elle allait bientôt pouvoir récupérer le sien... En attendant, si je n'allais pas m'en servir durant mes missions, savoir utiliser un arc allait m'être utile pour la chasse. Et ça tombait bien, car là, pendant cette activité, je n'avais pas besoin de faire attention à mon agilité.
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Et donc, Sofia répondit à l’invitation et les deux femmes partagèrent un agréable moment. Un peu plus tard, Sofia la surprit par ces mots : "J'ai drôlement envie d'aller faire un tour sur la place du marché maintenant, pour essayer d'autres tenues !" Evelyn ignorait ce que Sofia sous-entendait par "autres tenues". Des tenues légères? Des peaux d’animaux? Sofia semblait avoir jeté son dévolu sur celle du sanglier. Si cela lui plaisait, sa compagne pouvait conserver la peau pour elle. D’ailleurs, Sofia se leva, s’habilla, vint recouvrir ses épaules et posa la tête du sanglier à nouveau sur sa tête. Toute fière, sa compagne posa les poings sur ses hanches et dit :
"J'ai pas trop la classe, avoue ? Plutôt que de vendre cette peau, j'ai bien envie de demander à un artisan de m'en faire une tenue pour aller chasser."
Que Sofia s’intéresse ainsi à la chasse plaisait à Evelyn. Elle sourit franchement, amusée par le déguisement et l’attitude de sa compagne. Elle se sentait tout à fait détendue après la séance de massage et l’autre séance de sport.
«Si c’est ce que tu veux», lui répondit-elle en quittant le lit pour s’habiller à son tour. «Si j’avais su qu’une tête de sanglier susciterait chez toi autant d’excitation…», fit-elle d’un ton détaché, souhaitant taquiner un peu Sofia.
"Avec de la chance on trouvera aussi un arc simple pour mon entraînement !"
Evelyn hocha la tête, terminant de boucler sa ceinture et d’y mettre une besace. Elle rejoignit Sofia et toutes deux quittèrent les lieux pour prendre le chemin du marché. Evelyn n’y avait aucun achat à faire, aucune vente non plus. S’y connaissant en arc, elle pourrait conseiller Sofia pour l’achat d’un arc à un marchand.
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«Si c’est ce que tu veux Déclara-t-elle en quittant le lit. Si j’avais su qu’une tête de sanglier susciterait chez toi autant d’excitation…» Lança Eve pour me taquiner.
Je souris simplement à cette petite blague et patientai sagement qu'elle termine de se préparer à son tour pour sortir. Lorsqu'elle fut prête, nous nous dirigeâmes vers le centre du village. Cet endroit était toujours aussi animée, les commerçants étaient nombreux et les villageois se rassemblaient ici pour se retrouver, y faire quelques achats, discuter, boire un verre. Dans ma tenue plutôt atypique, j'attirais évidemment les regards des curieux, mais je m'en fichais pas mal, j'avais vu envie de me détendre et m'amuser. Je le méritais. J'y avais droit. Après tant de mois à me priver de tout ça, à crapahuter dans tout Aryon pour retrouver ma compagne. C'était un repos juste mérité. Parlant de repos, mon corps était usé, fatigué de toutes les dernières épreuves qu'il avait subit. J'irais prévenir Catherine, à la Guilde, que je prenais un peu de vacances pour profiter de ma compagne, avant de reprendre du service.
"Ca alors, si c'est pas le couple le plus mignon du village !" Lança un commerçant, depuis son échoppe.
Je m'approchai et lui fit un petit coucou de la main. Il me regarda un instant, l'air de se questionner sur le déguisement que je portais.
"Elle est drôle ta tenue aujourd'hui ! Déclara-t-il, rieur. Vous partez où, comme ça ?"
"On a chassé le sanglier ! Répondis-je, d'un ton enjoué. Là on va chercher un tailleur pour qu'il me fasse une tenue de chasse avec la peau de bête et la tête."
"Ah ! Ca tombe bien, Ivan est là aujourd'hui."
Ivan, c'était justement l'un des tailleurs du village. Je remerciai le commerçant et me dirigeai vers la boutique d'Ivan. A l'intérieur, il y avait tout un tas de tenue, des robes, des costumes bizarres... Je détachai ma peau de sanglier et posait la tête sur le comptoir.
"Salut ! Tu peux me faire une tenue avec ça ? Un truc pour sortir chasser, tout ça." Expliquai-je.
Ivan nous salua chaleureusement et regarda la peau. Elle était de bonne qualité, j'avais fait attention à ne pas la percer ou la déchirer pendant que je la retirais. Il hocha la tête et me confirma être en mesure de répondre à ma demande. Ca allait lui prendre plusieurs heures de travail, de quoi nous laisser le temps, à Eve et moi, de nous promener. Je visitai la boutique pendant qu'Ivan partit se mettre au travail. Là, je vis une tenue qui semblait ... Plutôt rigolote. Je la récupérai et embarquait Eve à l'arrière pour l'essayer. Je retirai ma robe pour enfiler celle que je venais de prendre. C'était une longue robe moulante mauve qui me donnait l'air d'une ... Sorcière. Avec un petit décolleté blanc à dentelles, une petite cape mauve et blanche pendait dans mon dos, surmontée d'un tour de cou très joli et décoré d'un bijou mauve. Une magnifique ceinture ornait ma taille, avec une rose en or. Je posai sur ma tête le chapeau typique des sorcières, lui aussi mauve avec une belle bordure noire. Totalement conquise par cette robe, je déclairai à Ivan que je l'achetais sans hésiter. D'ailleurs, maintenant que je l'avais sur moi, autant la garder pour le reste de la journée. Comme nous allions revenir plus tard, je laissais mes vêtements ici pour les récupérer en même temps que ma commande.
Une fois dehors, je me mis en quête d'une échoppe d'armes, en vue d'y acheter mon arc. Grâce aux conseils avisés de ma compagne, je parvins à trouver celui qui me correspondait le mieux. C'était un bel arc de chasse, robuste et de bonne qualité. Non seulement de m'en servir pour m'entraîner, elle allait aussi être celui que j'allais emmener avec moi pour chasser. Après avoir passées du temps à la taverne pour manger et boire, nous retournâmes voir Ivan qui avait terminé, entre temps, ma commande. La tenue en peau de sanglier était prête, son travail était parfait. Satisfaite, je payai et sortis. Une petite fête allait être organisée ce soir au village, je proposai donc à Eve de nous y rendre, pour passer la soirée ensemble à picoler et manger. Ca faisait du bien, de retrouver la vie d'avant.