BAFFE !
-Hey ! Mais j'ai rien fait !
-Ah ouais? Et ben ce sera pour la fois ou je t'ai pas vu piquer un de mes roulés ! Ou alors c'est une avance ! Maintenant tu en achètes un ou tu dégages de ma vue, les mômes qui bavent ça fait mauvais genre pour mes clients.
-T'as même pas de clients ! Il parait que de toute façon c'est du chien et du rat que tu mets dans tes saucisses !
-Tu vas fermer ton claque merde sale mioche ! C'est rien que du bon porc et du bœuf de première qualité !
Prévenu par la première baffe, j'esquive la seconde sans probléme en reculant à l'écart des grands bras du vendeur de roulé à la saucisse, profitant lâchement du fait que je ne suis pas comme lui porteur d'un étal a bras couvert de bouts de viandes a l'air étrange enroulés de pâte mal cuites.
-Du bon porc ? Je t'ai vu acheter des rats et poser des pièges pas plus tard qu'hier !
-N'importe quoi ! Ces roulés sont les plus délicieux et les plus juteux de tout le marché !
-Moi je crois que ton cochon il a des poils gris et des moustaches !
Nos invectives commencent à attirer le chaland qui s’attroupent autour de nous en ricanant devant l'animation toujours bienvenue que nous offrons. Les rieurs sont de mon coté contre le marchand furibond, et sentant que j'ai ferré mon public, je continue.
-Oh regardez ! Est ce que ce n'est pas un médaillon qui dépasse de ce roulé ! C'est une fève ? Ou alors je crois qu'on a retrouvé le chien de Madame Plume !
Le regard du marchand parcourt son plateau à la recherche d'un projectile, évite le couteau, et ne trouvant rien de mieux il s'empare d'un roulé et me l'expédie en m'agonisant d'injures. J'attrape sans coup férir la pâtisserie brulante avant de la brandir triomphalement.
-Merci pour le cadeau !
Et laissant en plan le camelot, je file immédiatement vers la ruelle la plus proche pour aller consommer mon précieux butin. On dira ce qu'on veux, rien ne vaut un roulé à la saucisse durement gagné...
Et quelques instants plus tard, c'est en léchant mes doigts couvert de graisse et l'estomac un peu moins vide que je me remets en chasse dans le marché. revenant dans une allée plus dense en population avant de me figer soudain et de me planquer au coin d'un mur.
Dent creuse et Gambettes !
Dans la hiérarchie du marché, chaque strate a ses droits et devoirs, même la strate tout en bas qui se compose essentiellement des gamins des rues et des plus boiteux des mendiants. Et pendant que j'essaye depuis quelques temps de me faire une place dans le milieu, les deux ados qui viennent d'apparaitre dans mon champ de vision sont les deux plus gros obstacles à ma survie...
Graines de loubards vicieux et mauvais n'aimant rien tant que profiter par la violence des biens acquis par d'autres, les deux garçons ne m'ont heureusement pas vu, et semblent simplement roder en quête d'un mauvais coup...
L'estomac plein et soudain le souvenir en tête de la dernière humiliation qu'ils m'ont fait subir, je ne résiste pas, et me met aussitôt à les suivre de loin. Avec un peu de chance j'aurais une occasion de leur rendre la monnaie de leur pièce.
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