Ca n’avait pas été chose facile pour Arya de se libérer en cette belle journée pour se rendre dans un des villages avoisinant la capitale. Elle était partie de bonne heure, bercée par le doux sentiment de ne pas avoir autre chose à faire pour la journée. La jeune femme se demandait parfois si elle ne ferait pas mieux de prendre un peu plus de temps pour elle vis à vis de ses travaux. Il n’y a encore pas si longtemps, elle avait eu le projet d’écrire un nouveau livre à portée pédagogique, mais elle n’avait pas eu une seconde pour le commencer. Après tout, c’était comme ça qu’elle vivait. La professeure aimait se savoir attendue quelque part, elle aimait dispenser ses cours à de charmants élèves, et lorsqu’elle avait besoin d’une pause, elle l’occupait à peindre pour son plaisir personnel ou bien pour ses commandes. D’une certaine manière, on pouvait dire qu’elle passait son temps à travailler.
Cela expliquait son soulagement d’avoir envie une journée de repos, qui ne serait probablement pas si reposant que ça. Le village se trouvait un peu loin, mais elle avait réussi à trouver un marchand qui s’y rendait justement ce jour-ci et avait pris part au voyage. La raison pour laquelle elle s’y rendait était une fois encore en rapport avec un de ses travaux : Arya manquait de colorants pour une peinture de très grande taille dont elle avait reçu la commande il y a une semaine déjà et sur laquelle elle ne pouvait plus avancer.
Sitôt arrivée dans le charmant bourg de Marse, elle avait réglé sa course, insistant pour que la personne qui l’y avait amenée soit récompensée de sa bienveillance, puis elle avait flâné pendant une grande partie de la journée à travers les différentes boutiques. Bien que le village soit un peu éloigné de la grande cité, le marché qui s’y tenait chaque semaine était toujours noir de monde. On pouvait y trouver de tout, à des prix souvent moins élevés que ceux de la ville, et il n’était pas rare que les gens habitant aux alentours y fassent des courses pour le mois entier.
Mademoiselle Evergarden trouva rapidement son bonheur dans une petite échoppe un peu à l’écart, et elle avait déjà les mains pleines de babioles : c’était là le principal problème lorsqu’on se rendait acheter quelque chose, on finissait bien souvent avec mille autres objets. Elle se réprimanda intérieurement de ne toujours pas avoir acheté ce sac sans fond dont elle aurait bien eu besoin à de multiples reprises. C’est donc les bras lourds de sacs qu’elle avait fini sa journée, un peu tard. A présent, le soleil allait se coucher, et la jeune femme n’avait toujours pas pris le temps de trouver une auberge où dormir. Les visiteurs avaient disparus depuis bien longtemps. Arya n’avait pas vu le temps passer et c’était là son erreur. Elle se promenait encore dans les rues du village, sombres et sans bruit, lorsque le coup sec d’une arme contondante vint la saisir à l’arrière du crâne. Sa vue se brouilla et elle tomba sur les genoux, lâchant ce qu’elle tenait dans ses mains. La douleur semblait la transpercer de part en part, tout en s’effaçant progressivement, laissant place au vide et elle perdit connaissance. Elle s’affaissa entièrement sur les pavés froids.
On entendait depuis quelques jours à la Guilde qu’une bande de malfrats sévissait dans les alentours de la Cité mais ce n’était que des bruits de couloirs, le gouvernement n’avait encore rien fait pour ça, il attendait plus de faits avant de lancer sa horde de Gardes mais à la Guilde, on nous avait dit de faire attention et surtout de ne pas faire de choses stupides, comme si nous les aventuriers on ne savait faire que ça… on n’était pas des Gardes !
En bivouac pour quelques jours à Marse, je profite de regarder depuis ma chambre le ballet de tous ses marchands et villageois qui rentrent chez eux après leur passage au Marché. Le ciel se rougit, signe que la nuit ne va pas tarder et il était de rentrer, c’était l’un de mes moments que je préférais, le ciel était dégagé, le soleil déclinait au fur et à mesure du temps, les enfants ne traînent plus dans les rues mais d’autres personnes prennent place peu à peu et ce n’était pas les plus recommandables. Mon regard perdu est attiré par un groupe d’hommes qui avançaient d’une manière étrange, ils regardaient partout, cherchaient quelque chose, encore des pickpockets ou un truc du genre mais leurs pas s’accélèrent en direction d’une jeune femme à la beauté éblouissante, elle était là avec tout son chargement, un sourire apparaît peu à peu son visage, c’était peut-être le jackpot pour moi, une belle demoiselle à sauver, elle va me remercier, elle va être redevable à vie et vu sa tenue, je suis sûre qu’elle en avait les moyens.
Je ne quittais pas alors la scène, j’étais au deuxième étage d’un bâtiment à l’angle, j’avais un point de vue exceptionnel, ils avaient bien joué les mecs, personne à l’horizon mais j’étais cachée dans la pénombre, j’étais peu visible et si je n'hurle pas pour prévenir la dame, ils ne se douteront pas de ma présence. D’un geste rapide, j’attrape mes deux dagues, elles me seront certainement utiles pour ce coup-là surtout s'ils comptent la kidnapper mais la jeune femme se doutait de rien et ils arrivent dans son dos et sans grande surprise, l’assomme.
Ces boulets… je vais devoir intervenir et ils vont la casser, elle saigne maintenant, j’active alors mon pouvoir, mon masque d’invisibilité et passe par la fenêtre m’aidant des fenêtres et autres pierres dépassant sur la façade, j’arrive en un rien de temps au sol et me dirige vers eux pour y tendre une oreille curieuse.
- Mec t’abuse, on va en faire quoi de ça ? Le chef a dit qu’on ne devait pas attaquer en plein jour et tu as vu la bourgeoise, il y a des gens qu’ils vont s’inquiéter… on va se faire tuer par le boss.
Premier constat, leur chef a l’air d’être un tyran, comme tout mec mafieux qui se respecte maintenant trouvons qui est le chef de cette petite bande. On avait un homme corpulence normale, cheveux blond, taille moyenne, ne disait rien et restait en retrait, nous avions celui qui hurle sur l’autre, le même gabarit que l’autre mais rouquin et une capacité extraordinaire à aboyer sur les autres puis enfin l’autre, plus petit, certainement ma taille, un peu d’embonpoint mais il a une sorte de petit insigne sur la poche avant de sa veste, certainement un grade, je ne voyais pas le logo d’ici.
- Arrête c’est bon, tu as juste peur, il faut bien qu’on se fasse de l’argent puis Liam, vas-y tire là dans la ruelle, on va voir ce qu’elle a dans les poches.
Le petit gros donne des ordres et le grand accepte sans broncher, on voit qui réfléchit dans l’histoire.
- Al’ faut qu’on l’amène au repaire, le boss va nous tuer.
Voilà que le rouquin continue d’aboyer, chiffe-molle va. Je m’étais approchée un peu plus de la scène, j’étais maintenant à moins de cinq mètres d’eux, j’étais au coeur de l’action et j’attends avant d’agir, je voulais voir ce qu’ils comptaient faire avant d’agir, ils devaient mettre dans la distance entre eux pour que je les immobilise un à un, là ils se méfient des passants, dans la ruelle je serai définitivement tranquille pour leur régler leur compte.
- Liam dépêche, on l’amène là-bas puis après on l’amène au chef, pas besoin de partager notre butin comme ça.
Le petit gros se frotte alors les mains avec enthousiasme, j’ose imaginer les pensées qu'il avait à l’instant mais je lui promets que s'il pose le moindre doigt déplacé sur la femme, il sera bien déçu de perdre peut-être le seul objet qu’il tient comme la prunelle de ses yeux….
La douleur résonne dans son crâne. Elle frissonne, elle a froid. Mais pourtant, elle reprend conscience petit à petit. Ses sens lui reviennent, confusément. Ses oreilles bourdonnent et ses yeux lui font mal, pourtant, elle se retient de les ouvrir, car elle sait que sa situation est critique. Elle sent le sang couleur à l’arrière de sa tête. Elle sait qu’elle ne peut pas bouger, pas esquisser le moindre mouvement, sinon ils taperaient à nouveau, peut-être plus fort. Elle doit s’accrocher. Alors c’est dans un concentration forcée, douloureuse, qu’elle écoute. Arya remonte petit à petit de l’état dans lequel elle se trouvait, et sait qu’elle doit pouvoir analyser la situation dans laquelle elle se trouve, si jamais elle a l’intention de faire quoi que ce soit.
Trois voix différentes. Elle mobilise tout ce qu’elle peut pour réussir à les localiser, mais ses sens sont tout à fait communs et avoir été assommée n’aide pas du tout. Elle comprend bien vite – pas besoin d’être une flèche pour ça – qu’ils s’attendent à trouver de l’argent sur elle, des choses de valeur. Cependant, même lors de ses courses, elle n’a fait aucun achat extravagant, et elle n’a que peu de monnaie dans les poches. Pourquoi pensent-ils qu’elle pourrait leur rapporter gros ? Et puis, elle se rappelle sa tenue, toujours propre, impeccable. Pourquoi s’habiller comme ça lorsqu’on est simple citoyenne, vous pourriez vous demander. Ses parents lui ont toujours appris à être bien apprêtée, bien coiffée, vestige de leur origine noble depuis longtemps disparue avec l’argent de la famille. De plus, son travail de peintre a toujours exigé qu’elle soit bien présentable puisqu’elle rencontrait parfois des gens des beaux quartiers, et elle mettait un point d’honneur à être la plus belle possible pour ses clients. A présent, elle ne l’est plus du tout. Son visage est petit à petit recouvert par le liquide rougeâtre, ses cheveux sont décoiffés, sa tenue est salie.
Soudain, on l’agrippe comme une simple poupée de chiffon, et ce mouvement bien loin d’être délicat accentue au centuple la souffrance dans laquelle elle l’était. Sans même le contrôler, un cri d’angoisse et de peine s’échappe de ses lèvres. Un peu décontenancés, le bandit qui la tenait la lâche. Elle ouvre les yeux, mais son récent malaise ne la laisse apercevoir que des ombres menaçantes. Elle a envie de s’enfuir, mais ne trouve pas la force de se soulever. Du coin de l’oeil, elle voit l’homme s’approcher à nouveau, et elle hurle d’autant plus fort. Le plus petit crie des ordres à tout va, c’est de lui qu’Arya se méfie de plus. Ces chiens vont la frapper à nouveau, elle le sait. Elle tente de ramper à présent, de partir le plus loin possible, mais bien sûr elle bouge à peine de sa position initiale. Quelqu’un. Que quelqu’un m’entende, par pitié. A ce moment précis, elle prie Lucy, pour que la chance soit de son côté et pas de celle de ces malfrats. Elle a besoin d’un sauveur, vite.
La jeune femme semblait faire la morte, du sang perlait dans ses cheveux, les malfrats ne sont pas allés de mains mortes, ils verront ce que ça donne de s’attaquer aux plus faibles plus tard. Si la victime n’était pas inconsciente et jouait les mortes, elle avait peut-être sa chance quand par surprise l’homme la lâche comme un vulgaire sac à patate, prise par surprise, elle pousse un cri d’effroi. Hommes avant tout, de ma place, je voyais un objectif tout autre dans les yeux l’un d’eux, ces hommes, incapable de penser autrement qu’avec leur b*te, c’était affligeant. Mais elle continue à crier, elle attends de l’aide et les bandits vont l'assommer de plus belle pour la faire taire et amener peut-être une dépouille pour faire disparaître les preuves de leur larcin.
Bon je vais devoir intervenir avant la situation s’emballe, dague dans la main, je me glisse derrière l’un d’eux, mon masque d’invisibilité me permets de me déplacer tel un fantôme et j’ai acquis depuis la possibilité de me mouvoir sans trop de bruits puis il faut avouer qu’ils sont peu rusés, je ne me fais pas de soucis pour leur esprit d’analyse qui équivaut à celui d’une huître. Retournant la garde de ma dague dans la main, je vais devoir juste les rendre inaptes, peut-être ils perdront les derniers neurones qu’ils possédaient mais je n’avais pas le droit de les tuer sans avoir par la suite un avis de recherches sur ma personne, il est où le temps où on pouvait tuer à tout va sans la bannière de la justice ?
Le grand qui tenait fermement la jeune femme n’était pas une proie facile et j’ai envie de m’occuper du petit gros par la suite, prenons celui qui aboie et qui a peur de ce fameux boss. Il était un peu en retrait parfait pour instaurer la suspicion entre eux, il avait peut-être deux têtes de plus que moi mais ce n’était qu’une question de temps pour que sa face mange le sol, je prends appuie sur ma jambe gauche, je lève mon genou au niveau de la taille pour lui asséner un coup derrière le genou pour le faire descendre d’un étage, j’enchaîne rapidement par le prochain coup pour qu’il évite d’alerter ses camarades et un coup sur la tempe avec le pommeau et voilà qui regardera les étoiles pour les prochaines minutes, je finis par le retenir pour éviter qu’il s’écrase comme un vulgaire torchon sur le sol mais il pesait lourd le gaillard et un léger soupir sort de ma bouche mais il fut si discret que personne ne se retourne.
Et de un, maintenant le deuxième, ça devenait compliqué, il tenait la jeune femme mais j’avais vraiment envie de me laisser l’autre relou, bon allez tentons quelque chose puis ça apaisera la fille de ne plus se sentir traîner comme un sac poubelle. Je les contourne, prenant soin d’éviter les conteneurs et autres détritus qui traînaient sur les bords des bâtiments, ça puait la mort ici, ils n’ont pas honte de faire ça à une noble, l’amener dans les bas-fond de Marse.
Pour lui, il faut que je sois plus rapide, je vais attraper son poignet, lui faire une torsion qui va le faire descendre sa tête pour voir ce qu’il lui arrive puis lui donner un dernier petit coup dans le crâne et paf, ça fera un soucis de moins. Mon plan fonctionne comme des roulettes et un sourire s’affiche quand je vois les yeux appeurés du petit tyran sauf que là, c’est la femme que j’attrape pour éviter qu’elle ne se fracasse contre le sol, elle était largement plus légère que l’autre victime, pas besoin de beaucoup compenser sur les jambes pour rattraper son poids, je la pose délicatement et court pour rattraper le dernier qui n’avait aucun honneur et qui avait préféré s’enfuir que de rester avec ses potes alors que je pensais qu’il y avait un code d’honneur chez les brigands mais à croire de non. Derrière son dos, je désactive mon pouvoir et glisse ma dague sous sa gorge, elle luisait dans cette pénombre, je sentais qu’il tremblait de tout son être et le force à retourner devant la jeune femme.
J’affichais un sourire fier et pose mes yeux dans le sien, j’essayais de montrer que je maîtrisais la situation, appuyant un peu plus la dague sous la gorge de ce cher monsieur.
- Bonjour Gente Dame, qu’est-ce qu’on lui fait à lui ? Faites vous plaisir !
Ca n’avait pas été chose facile pour Arya de se libérer en cette belle journée pour se Elle se retenait de pleurer. Même dans la mort, elle espérait pouvoir rester digne, même si c’était plutôt mal parti vu la situation dans laquelle elle se trouvait. Mais au moins, elle ne leur donnerait pas le plaisir de la voir les supplier, eux, ces malfrats de pacotille. Cependant, alors qu’elle perdait espoir petit à petit, quelque chose attira son regard. Sa vision était toujours un peu brouillée, encore plus par les larmes qui lui remplissaient les yeux, mais il sembla soudainement s’affaler sur le pavé, sans raison. La jeune femme amena une main à sa bouche pour s’empêcher de crier, car elle comprit bien vite que cette force invisible était là pour l’aider, sinon pourquoi s’en prendre à un de ses malfaiteurs ? Heureusement, son geste n’alerta pas les deux gaillards qui s’occupaient encore d’elle. Arya attendit quelques secondes, ses yeux cherchant un bruit, quelque chose pour lui indiquer si on prévoyait bien de continuer à l’aider ou non. L’action fut si rapide qu’elle n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait, d’autant plus que l’assaillant mystère ne semblait pas corporel, ou du moins pas visible. Prise au dépourvue, elle manqua de tomber à son tour sur le pavé, quand la personne arriva pour la prendre dans ses bras. Cela la choqua presque, car elle pouvait même sentir le tissu de ses vêtements contre les siens, et pourtant ses yeux cherchaient désespérément celui ou celle qu’elle devrait remercier pour ce sauvetage de dernière minute. Elle n’était pourtant pas effrayée puisqu’elle se pensait entre de bonnes mains, et c’est dans le calme qu’elle accepta de se laisser poser au sol, malgré qu’elle aurait bien aimé que la présence restât à ses côtés un peu plus longtemps. Arya n’avait même pas remarqué que le dernier homme était sur le point de partir, et cela ne l’aurait pas dérangé. Plus loin il était et mieux elle se sentait. Cependant il arrêta sa course lorsqu’on l’attrapa. Arya vit alors un deuxième corps se dessiner derrière lui. Une femme, grande, dont les mèches blanches captaient les rayons de la lune qui s’était levée depuis. Elle eut un petit mouvement de recul alors qu’ils se retournaient tous deux vers elle. La dague, symbole de violence, et le visage de son agresseur, faisait à nouveau monter la peur en elle. Sa sauveuse, elle, semblait savoir ce qu’elle faisait et s’exprimait avec une assurance certaine dont la personne qu’elle maintenait fermement manquait cruellement à ce moment précis.
Arya considéra ses choix. Elle était pacifiste et pas du tout vengeresse, mais ces salops allaient probablement la tuer, voir pire. Il aurait mérité la mort puisqu’il l’avait donné et aurait continué à la donner inlassablement, c’était aussi simple que ça. Cependant, les valeurs morales de la jeune femme tentaient de reprendre le dessus. Elle avait du mal à se concentrer. Sa tête bourdonnait encore, elle voyait flou. Elle prit peut-être quelques minutes à répondre, tant elle était sonnée. Est-ce que celle qui était venue l’aider l’avait remarqué ? Ses idées s’entrechoquaient et le fracas de celles-ci lui donnait encore plus mal au crâne, ou bien celui-ci était tout simplement lié à la plaie qui se trouvait à l’arrière de son crâne.
« Je… Il faut... »
Arya plongea sa tête dans ses mains. Ce n’était vraiment pas le meilleur moment pour devoir se plonger dans un dilemme moral. Finalement, elle conclut, avec une lassitude apparente : « Assommez-le… Et appelez les gardes... » Oui, c’était le bon choix. Il allait croupir en prison, et c’était un destin pire que la mort pour les gens de leur espèce, qui s’attendaient possiblement à finir par mourir de toute façon. La torture psychologique qu’un passage derrière les barreaux pouvait provoquer était beaucoup plus dangereuse. Finalement, peut-être qu’Arya n’était pas aussi rédemptrice qu’elle le pensait elle-même. Le peu d’adrénaline qu’elle avait pu avoir à cause de la situation la quitta alors peu à peu, et elle se mit alors à geindre en se roulant en boule, peu préoccupée par ce que l’assaillante comptait réellement faire du malfrat.
« Ma tête !... » cria-t-elle, réalisant alors que sa blessure était peut-être un peu plus sérieuse qu’elle ne l’avait cru auparavant.
J’avais enfin ce gros balourd entre les mains, ce genre de personne me répugne, usant de leur force pour commettre des délits en réunion était inacceptable et encore plus quand on s’attaquait à une jeune femme qui semblait innocente et sans défense, qu’est-ce qu’il y aurait pu arriver si je ne les avais pas arrêter si elle n’avait pas croisé ce chemin en cette début de soirée, je ne voulais pas refaire le monde avec des si, mes parents me disaient qu’on pouvait couper toute une forêt avec si je continuais à faire toutes mes hypothèses.
Malheureusement je n’étais pas Garde, je ne pouvais rien faire d’autre que les mettre hors d’état de nuire et laisser les autorités compétentes s’en charger mais qui n’a pas envie de leur péter les dents avec de les dénoncer, leur faire payer au centuple leur crime car un séjour en prison n’était pas suffisant ? C’était la façon de pensée de centaines de gens, moi aussi j’avais des principes et voulait respecter la loi mais j’ai vu rouge ce soir et j’essayais de rester calme mais une clavicule de casser ou autre tibia n’était qu’une simple punition mais j’attendais les ordres de la douce demoiselle, ne nous montrons pas plus brutes que ces affreux, j’avais mon invisibilité comme avantage mais je venais d’abattre ma seule carte.
L’homme essayait de s’échapper et renforce ma prise contre sa gorge, quelques gouttes de sang perle car celui-ci passe son temps à s'asticoter si ça continue, un mauvais moment et je crois que la flaque d’eau qui se trouve à mes pieds prendra une autre teinte. La femme semblait désemparée, je la comprends, elle a dû s’imaginer mourir ou pire encore, elle devait reprendre contenance et je lui montre alors que je maîtrise la situation, qu’elle n’avait rien à craindre, loin de là.
Elle réfléchissait, elle ne savait pas quoi, je m’apprêtais à choisir pour elle, le mettre hors d’état de nuire comme ses autres camarades, je n’étais pas une hors-la-loi et croupir en prison ne m’intéresse pas loin de là mais ramener ces gros lourds aux Gardes, c’était plus jouissif, montrer qu’une simple aventurière faisait leur boulot à la place, ils ne faisaient que profiter de leur statut, certains corrompus, je n’ai pas trouvé un Garde qui faisait l’affaire à ce jour. Mais elle prends enfin la parole et dit exactement ce que je voulais faire et mets donc son ordre à exécution. Son corps frappe le sol avec force, la gravité était si cruelle et en plus avec l'embonpoint.. Ça n’aidait pas. Je souriais quand je passe au dessus de son corps si puant et prends l’initiative de regrouper le tas de bandits pour les attacher et éviter leur surprise quand ils se réveilleront.
J’entendis alors un bruit, un hurlement et tourne la tête en direction de la source de la nuisance, la professeur hurlait, se roulait en boule, certainement le contre-coup. Je finis de tirer l’escroc et le jette sur le tas de truands que je venais de faire. M’accroupissant près d’elle, j’essaye de la rassurer, calmer la crise.
- C’est fini, calmez-vous, je suis là…
J’essaye de parler de la voix la plus douce que je ne connaisse, ce n’était pas mon genre autant d'empathie de la sorte. La main posée sur son épaule, j’adopte les gestes les moins intrusifs possible, j’étais une inconnue, je ne pouvais pas me permettre de faire des gestes déplacés même si je ne dirais pas non à une déesse pareille mais là n’était pas le sujet. Elle se prends la tête, est-ce ça le problème, le coup qu’on lui a assénée ?
- Arrêtez de bouger sinon je ne peux vous examiner, il vous arrivera plus rien, je vous le promets.
Enfin si il n’y a pas le reste de la bande qui arrive, oui je pouvais lui promettre comme les trois hommes allongés au sol, si l’un d’eux se réveille, j’allais devoir prendre la fuite avec un sac à patate sur le dos, blessée ou non...
Concentrée sur la peur qui envahit son cerveau comme la douleur fait rage dans sa tête, Arya n’entend pas le corps du malfrat se poser lourdement sur le pavé. La réalité semble s’échapper quelques secondes puis revenir pour lui asséner un nouveau coup, dans un boucle continuelle et violente. Elle préfère presque perdre pied car c’est lorsqu’elle est consciente qu’il est le plus difficile de ne pas crier ou pleurer. La jeune femme ne mourrait probablement pas d’une blessure pareille mais c’est la peur qui dicte chacune de ses réactions à présent. Elle ne lève même pas la tête vers sa sauveuse, elle ne le peut pas, mais elle l’écoute essayer de la calmer. Pas sûre que cela fonctionne, même sans l’ignorer, elle a du mal à se concentrer sur autre chose que la sensation qu’elle ressent. Pourtant, même dans cet état, elle saisit ce qu’on lui dit. Ne pas bouger pour être examinée. Elle sentait bien que sa situation inquiétait aussi la combattante, que celle-ci faisait attention à elle. Arya n’avait en aucun cas peur de cette dernière, mais il allait être compliqué de la laisser toucher à cette blessure ouverte qui l’élançait.
Péniblement, elle finit par se relever doucement. On pouvait voir que c’était au prix d’un ultime effort. La fausse bourgeoise releva enfin les yeux sur celle qui l’avait protégée. Malgré la situation, on sentait sur son visage que cela n’évoquait pas en elle la même angoisse que celle qu’Arya traversait. On aurait pu dire qu’elle était même plutôt calme, et cette idée rassura légèrement l’artiste, qui se pensa alors entre de bonnes mains. Elle ne lui dit pas à voix haute mais déjà, sa posture semblait indiquer qu’elle lui faisait assez confiance pour la laisser se faire examiner.
Elle resta plus ou moins en place lors de l’examen à l’exception de quelques sursauts. Son héroïne semblait savoir ce qu’elle faisait et c’était tant mieux vu l’état dans lequel se trouvait déjà Arya. Elle se permit tout de même de lui dire à voix basse, fatiguée par l’événement récent et la rechute d’adrénaline dans son corps :
« Il faut m’emmener voir un soigneur... »
Elle n’avait aucune idée de si la blessure était profonde ou non mais elle aurait au moins besoin de ça pour être totalement sereine. Il faudrait au moins la sortir de ces rues froides et sinistres, et tant pis pour les bandits, ou bien le problème sera géré à un autre moment.
Sans prévenir, elle tenta de se remettre debout. Clairement, aucun de ses membres n’étaient blessés, mais le stress provoquait encore des tremblements dans ses jambes et elle s’aida alors de sa camarade. Elle pouvait marcher mais était-ce vraiment la meilleure chose à faire ?
Le temps me semble interminable, je n’étais pas soigneur et je sais que les coups à la tête peuvent avoir des conséquences dramatiques si c’était mal diagnostiqués mais j’aperçois aucune perte de mémoire ou de confusion, ces paroles sont claires, son langage corporel également peut-être que c’était simplement une blessure ouverte au crâne et elle n’a pas perdu de précieux neurones même si quand je vois l’habit qu’elle porte, doit en posséder à profusion.
Elle finit par se redresser à ma plus grande surprise, elle doit se douter que rester n’était pas la bonne solution mais qu’est-ce qu’on pouvait faire d’autres, attendre que le marchand de sable passe ainsi que tous les potes de ces brigands qui s'inquiéteraient de leur absence même si je pense que ce n’était pas une grande perte d’avoir des buses pareilles dans leur bande.
- Doucement…
Je sais c’était peut-être inutile de lui préciser mais une voix amicale pourrait tenter de la calmer. Implicitement elle se positionna de telle sorte que je puisse vérifier sa tête si il n’y avait rien dans sa blessure, la chance que j’avais ce qu’elle était blonde donc facilement le sang était facilement identifiable que dans une chevelure plutôt brune, je trouve enfin la source, elle n’était pas très jolie et ça méritait au moins une dizaine de points de suture mais le sang commence à coaguler et je ne vois aucun caillou ou autre objet indésirable dedans, je fouille dans mes poches pour trouver un vieux mouchoir, propre bien entendu même si sur le coup, elle s’en rendrait certainement pas compte. J’éponge le sang sur son front qui a coulé le long de sa joue, faisons attention à ne pas toucher ses yeux et d’appuyer trop fort, elle finit par m’avouer qu’elle souhaite voir un soigneur.
Je souris à cette affirmation, ce n’était pas faux même si sur le coup j’avais envie de dire que d’aller chez le boucher ce n’était pas la bonne solution mais à moitié morte, elle n’aura aucune répartie et le jeu ne sera pas marrant.
- Je vais essayer de trouver ça.
J’ai bien dis essayer, je ne connais pas cette ville par coeur, je sais que sur l’artère principale, je trouverais peut-être au moins quelqu’un pour nous aider, juste désinfecter et lui laver le crâne, la base quoi, les points de suture, on verra ça plus tard.
- Prenez appui sur mon épaule.
Je passe son bras autour de ma nuque, tenant fermement sa taille ainsi que son bras pour qu’elle évite de basculer, j’essaye de rattraper la déficience de ces jambes pour au moins la sortir de la ruelle. En tant normal, j’aurai dit qu’elle sentait bon, des courbes fortes appréciables et que la finesse de son visage si près du mien ne me laissait pas indifférente mais le fait qu’on l’a traînée par-terre fait descendre son degré de sex-appeal à une allure folle.
- Bon on va essayer de trouver de l’aide, dites le moi si ça ne va pas, j’aimerai ne pas finir par terre avec vous.
Mais le poids de la jeune femme se fait sentir et j’arrive enfin à sortir de la ruelle quand je sens les gaillards derrière moi bouger.
- Et m….
Bon je n’ai pas le choix, on va actionner le plan sauvetage de princesse. Je m’accroupis à la vitesse de l’éclair, passe le bras sous ses jambes, la main dans son dos et la bascule en arrière, pour le mal de tête on y passera mais là on devait courir.
- Désolée, ça ne va pas être agréable.
Je la porte comme une princesse, je sors à droite et court en direction de la place centrale, les trois balourds sont debouts et je sens leur présence dans mon dos, il n’y avait personne dans les ruelles, les volets fermés comme de par hasard et je vois l’auberge au loin, seul signe de vie du village.
- Raaaaah faut vraiment que je me remette au sport moi.
Il me restait une trentaine de mètres pour atteindre l’auberge, je ferai une entrée théâtrale mais au moins je serai à l’abri, enfin du moins je l’espère. Une fois sur le parvis, je tape un grand coup dans la porte et arrive dans le hall, prenant le pied dans la porte et finissant lamentablement par tomber devant le comptoir d’accueil, ma “ princesse “ dans les bras, les hommes qui continuaient encore à courir...
Bien qu’Arya était contente qu’elle lui enlève le sang qui avait coulé sur son visage, elle ne pouvait que se dire qu’ils auraient le temps plus tard pour ça. Son souhait le plus fort était seulement de se retrouver en sécurité, de fuir cette ruelle et cette situation. Pourtant, elle n’en dit rien. Elle se sentait si lasse et elle faisait plus confiance à l’autre femme qu’à elle-même pour ce genre de décisions urgentes. La blonde, dont la peur pouvait toujours être ressentie, s’accrocha volontiers à l’épaule qu’on lui tendait. Tout pour partir au plus vite…
« Je vous suis... »
Mais, forcément, cela n’allait pas se passer comme les deux nouvelles partenaires l’entendaient, et un bruit attira leur attention en même temps. Ca venait de remuer à l’endroit qu’elles venaient tout juste de quitter. Arya tourna la tête, le temps de voir qu’un autre gars était arrivé. Donc ils n’étaient pas que trois ? Cette pensée saisit notre victime, qui était alors prête à s’écrouler, légèrement traumatisée par ce qui s’était passé juste avant. Heureusement pour elle, sa sauveuse décida à ce moment là de l’attraper, et sans avoir son propre mot à dire, la jeune femme fut soulevée dans les airs pour être portée. Le mouvement soudain fit alors gémir Arya, ce qui attira l’attention du bandit, puis tout s’enchaîna bien trop vite.
La course n’était pas de tout repos mais l’autre semblait ignorer au maximum les complaintes de la princesse qui s’agrippait du mieux que possible à sa seule chance de survie. Petit à petit, la douleur la submergeait à nouveau et elle faillit même perdre connaissance à cause de celle-ci sur le chemin, tant elle était brusquée. Elle ne pouvait pas vraiment se plaindre, cela dit, après tout le mal qu’on se donnait pour elle.
Franchir la porte de l’auberge fut une délivrance. Les malfrats les virent probablement entrer, car on pouvait les entendre courir vers la porte. Cependant, il y eut une hésitation. Apparemment, l’idée de devoir possiblement se confronter à un plus grand nombre de personnes ne les arrangeait pas autant que s’en prendre à deux femmes, dont l’une aurait été parfaitement sans défense sans l’intervention de l’autre. On pouvait les entendre discuter un moment, puis ils partirent comme si tout était oublié. Allaient-ils revenir à un autre moment ? Arya espérait sincèrement que non, priant pour la deuxième fois Lucy en une seule soirée, que la chance soit avec elles à ce moment.
L’agitation à l’intérieur de la taverne s’était un peu calmée aussi. La plupart des gens n’avaient pas l’air très préoccupés par l’état d’Arya, mais le tavernier était un homme bon et, une nouvelle fois sans qu’on lui demande son avis, elle fut amenée dans une salle accessible uniquement des propriétaires de l’établissement, une sorte d’arrière-cuisine. On avait aussi accepté que son héroïne personnelle la suive.
On avait alors installé Arya avant d’aller chercher de quoi lui prodiguer des soins d’urgence, rien de très professionnel malheureusement. C’est alors que celle-ci se tourna vers sa sauveuse. Le calme était un peu revenu, alors elle put enfin lui dire.
« Merci… »
Elle n’osait pas s’imaginer ce qui aurait pu se passer si elle n’était pas venue la protéger.
« Comment est-ce que vous vous appelez ? » demanda-t-elle alors. Elle voulait pouvoir mettre un nom sur le visage de sa protectrice.
Notre entrée n’eut pas l’effet escompté, moi qui pensait que les gentilshommes allaient venir à notre secours comme si j’avais la princesse Athéas avec moi mais non seul le tavernier nous donnait un peu d’attention, certainement pour ne pas salir l’entrée et nous invite à le suivre plus loin, nous allons dans l’arrière boutique. Gilo, le propriétaire profite de désinfecter la plaie avec du désinfectant qui doit piquer enfin ce n’est pas moi qui va hurler c’est elle mais nous n’étions pas au dispensaire là, on faisait ce qu’on pouvait.
Je fus touché par ses remerciements mais n’importe quelle personne serait venue, enfin on ne laisse pas une demoiselle en détresse comme ça.
- C’est normal vous savez et je m’appelle Carciphona, je travaille pour la guilde.
Je lui adresse un sourire chaleureux, cela n’avait rien à voir avec mes autres rencontres, elle semblait être une jeune femme fragile en quelque sorte, ce n’était pas comme la Fée Rouge qui était indestructible, Karlyannne le Bouftou ou encore Sue la Garde qui savait manier aussi bien les armes que ses mains, non c’était différent avec elle et je ne me rappelle pas d’avoir une seule fois parler avec une noble ou assimilée, d’ailleurs qui voudrait parler avec une simple aventurière comme moi, on me payait pour mon silence et les informations que je trouvais, pas avoir une discussion philosophique.
Le tavernier nous laisse tranquille et profite même pour me faire un clin d’oeil plus que équivoque tout en annonçant qui nous laissait toutes les deux et de prendre notre temps, qu’est-ce qu'il avait celui-là, il pensait que j’allais faire quoi là ? Prenant une chaise à mon tour, je m’assois près d’elle, au cas où elle s’évanouisse ou quelque chose du genre.
- Et vous allez mieux ? Vous habitez loin d’ici, je peux vous raccompagnez si vous le souhaitez.
Bon j’avais aussi une chambre dans l’auberge mais je ne suis pas sûre qu’elle apprécie le fait que je propose de partager mon lit même sans aucune arrière pensée, je pouvais même laisser le lit et dormir par terre ou un truc que j’arriverai à emprunter.
- Enfin comme vous voulez, vous pouvez prendre aussi une chambre ici.
Le feu de cheminée prenait forme, il faisait de plus en plus chaud, il faisait un froid de canard et je pense qu’un bon bain lui ferait du bien mais comment lui annoncer qu’elle sent le rat mort le tout supplément d’urine… Alors que je m'apprêtais à me lever pour appeler Gilo pour nous aider au sujet du bain quand j’entends un bruit venant de nul part sortir, la porte de la réserve s’ouvre avec fracas et je me retrouve avec un énorme chien qui saute dans ma direction. Après un rapide calcul, le chien était imposant, rempli de poils, de la bave et avec l’inertie, jamais je pourrai l’arrêter et quand il finit par me sauter dessus, devinez sur quoi je tombe ?
Une belle princesse en détresse…
La sensation de piqûre de l’alcool sur sa peau était presque moins pire que la douleur rencontrée lors de leur petite course, ainsi Arya le supporta en serrant les dents. La douleur la mettait d’un peu moins bonne humeur, mais elle n’en était heureusement pas arrivée au point de grogner sur ses aides. Au moins, sa discussion avec la dénommée Carciphona la mit un peu plus à l’aise.
« Je m’appelle Arya. »
Elle ne fit pas de remarque sur son statut d’aventurière tant la chose n’était pas rare, à croire que c’était une carrière qui payait bien vu le nombre de personnes qu’elle connaissait qui avaient fait ce choix-là. Apparemment, la mort n’était pas un désavantage suffisant vu les avantages que cela offrait. Arya n’avait cependant aucun avis sur cette caste de la société, elle en voyait très peu œuvrer puisqu’elle habitait à la Capitale, et ne basait pas sur ceux rencontrés pour se faire un avis – heureusement d’ailleurs car ils étaient souvent… pour le moins originaux.
Le tavernier finit par s’en aller, les laissant seules. Ce n’était pas plus mal, et puis il devait avoir du travail et des choses bien plus importantes à faire que s’occuper d’une blessée. Arya leva un sourcil lorsque Carciphona indiqua que la jeune femme habitait loin d’ici. Est-ce que ça se voyait tant que ça ? Bon, clairement, l’artiste n’avait pas trop un look de paysanne, elle pouvait au moins lui accorder ça.
Elle réfléchit un instant. Rentrer, rester. Et puis, la décision fut vite prise. Du peu qu’elle savait, il fallait mieux ne pas déplacer de personnes blessées. Et puis elle pouvait bien attendre une nuit ou deux, elle rattraperait le retard dans ses commandes accumulé les autres jours. Oui, même sévèrement touchée, elle ne perdait pas le nord : son travail restait une de ses principales motivations.
De l’endroit où Arya se trouvait, il avait été plus simple de voir la situation se dérouler. Le chien, qui entrait, et qui sautait joyeusement sur sa partenaire. Heureusement, elle réussit à se décaler un peu, et cette dernière ne tomba que sur ses jambes, ce qui ne la fit pas souffrir. Le molosse n’était pas dangereux, heureusement. A la place, il s’était mis à lécher la pauvre aventurière qui était bien obligée de subir ses attaques étant donné sa position. Lorsque le chien tourna la tête vers Arya, elle lui caressa la tête gentiment. « Gentille bête. » Un gentil chien, mais probablement un abruti. Cela fit rire la jeune femme.
« Nous venons de subir la pire attaque de cette journée ! » s’exclama-t-elle en pouffant.
Heureusement, le chien n’était pas difficile à mettre à distance, et le tavernier qui avait entendu le fracas était revenu pour ramener le clebs dans une autre pièce, en rouspétant contre lui. Carciphona était au même niveau que la citoyenne à présent, ce qui n’était pas déplaisant. C’était gênant, à force, qu’on vous regarde de haut !
« Vous allez bien ? » lui demanda-t-elle en l’époussetant, le sol n’étant clairement pas des plus propres.
Cela donnait une nouvelle raison à la professeure d’aller se mettre dans l’eau. Elle se rappela alors qu’elle avait oublié de répondre à la question de tout à l’heure, notamment à cause de ce petit contre-temps.
« Je pense que prendre une chambre serait plus judicieux. Et un bain ! »
A ces mots, elle se releva doucement et tendit la main à sa partenaire. Elle ne comptait pas dormir ici. Heureusement, elle avait gardé son argent sur elle. Ses affaires, quant à elles, étaient restées sur place. Tant pis, elle n’avait aucunement l’intention d’aller les chercher. Elle appela Gilo et lui fit part de sa décision afin qu’il prépare une chambre et une bassine d’eau chaude. Elle n’avait pas mangé, non plus.
L’énorme monstre me fait basculer et par chance j’esquive Arya pour ne pas lui tomber dessus, du moins pas de tout mon être et finis sur ses jambes qui restent plus confortable que ce sol poussiéreux. Elle caresse gentiment la tête du chien alors que dans l’histoire, c’était moi la victime, moi aussi je voulais un peu d’affection mais la voir sourire était rassurant, on ne pouvait pas dire que l’incident de tout à l’heure était terminée mais elle arrivait au moins à rire de la situation présente.
J’arrive tant bien que mal à me relever malgré son aide et essaye de reprendre contenance ainsi qu’une apparence potable en remettant mes cheveux convenablement.
- Je tiens à signaler que ce monstre pèse son poids, j’aurai pu avoir des conséquences terribles si j’étais écrasée par une bestiole pareille.
J’avais dis tout ça dans un sérieux sans nom.
- Mais oui sinon ça va, j’ai connu pire.
Je me voulais plus sincère et surtout c’était elle la grande blessée dans l’histoire mais peut-être elle voulait enfin de l’air pour respirer quand elle indique à Gilo qu’elle voudrait une chambre pour elle. Celui-ci lui répondit qu’il n’en avait plus de disponible et me pointe du doigt pour signifier que moi j’en avais une encore et qu’il n’allait pas déplacer des gens pour les beaux yeux de la princesse.
- Vous pouvez prendre ma chambre, je me débrouillerais au pire, vous avez besoin de faire un brin de toilette !
Je me dirige vers la porte tout en dépassant le tavernier.
- Venez, je vais vous montrer puis on peut se retrouver derrière un bon repas ou vous reposez directement.
La main tendue comme une invitation, je l’invite à me suivre.
Le terme « monstre » qui fut donné à l’énorme chien fit rire de plus belle la jeune femme, ne croyant pas une seule seconde aux conséquences terribles dont parlait sa sauveuse. Survivre à trois bandits, oui, mais pas à une bonne bête comme celle-ci ? Difficile à croire. En tout cas, cette petite blague permettait, entre autres choses, à Arya d’oublier sa situation. C’était déjà ça. Quand elle n’y pensait pas, elle ne ressentait quasiment pas la douleur due à sa blessure, elle pouvait donc s’estimer heureuse.
L’aubergiste n’était pas un homme très sympathique. Il était courtois un minimum, et c’était tout. Ainsi, il ne vit pas l’intérêt de créer tout un ramdam pour la charmante jeune fille ensanglantée qui avait passé sa porte quelques minutes plus tôt. A la place, il offrit aux deux femmes une autre solution : prendre la même chambre. Loin d’être dérangée par l’idée : après tout, Arya n’était pas vraiment pudique, elle se sentait tout de même gênée d’occuper les appartements de sa sauveuse. Elle le fut d’autant plus quand cette dernière annonça qu’elle « se débrouillerait », lui indiquant ainsi qu’elle aurait probablement une meilleure place dans la chambre que sa véritable loueuse.
Sa remarque suivante la fit rougir au possible. Se nettoyer, oui. Les événements lui avaient presque fait oublier qu’elle avait été traînée dans une rue dégoûtante, par des gens dégoûtants. Elle n’osait même pas imaginer que l’odeur qui se dégageait depuis un moment venait en fait d’elle. Prenant de court Carciphona, elle s’écria :
« Oui, un bain ! Il me faut un bain d’urgence. »
Le repas et le repos viendraient plus tard.
Elle ignora sans le vouloir la main qu’elle lui donnait, peu habituée à ce genre de contacts physiques sortis de nul part. Elles se dirigèrent donc vers la fameuse pièce qui leur appartenait pour la nuit. A l’image du village, c’était une chambre toute simple, voire même plutôt ennuyeuse et fade. Il ne fallait pas s’attendre à un grand luxe. Cependant, c’était largement suffisant pour la citoyenne qui ne vivait pas non plus dans un endroit plus beau que simplement confortable. Étonnamment, il y avait une sorte de petite pièce en plus qui faisait office de salle de bain. Une grande baignoire en métal y était installée. Gino ayant été mis au courant de son souhait, elle fut très vite remplie. Arya se tourna alors vers son héroïne de la son héroïne.
« Je ne prendrai pas longtemps, promis. Est-ce que vous resterez dans la chambre pendant ce temps ? »
Elle ne le fit pas remarquer à voix haute, mais ça ne la dérangeait pas du tout si c’était le cas. De plus, elle se sentirait probablement un peu plus rassurée de savoir qu’elle n’était pas toute seule après ce qui s’était passé plus tôt…
Arya se rendit donc dans la salle, ne prenant pas vraiment le soin de fermer derrière elle par manque d’habitude. Elle se déshabilla, râlant un peu en essayant d’éviter de frôler sa plaie en enlevant son haut. Bon… Ses vêtements seront peut-être à jeter. D’ailleurs… Elle porterait quoi en sortant ? La jeune femme avait abandonné toutes ses affaires dans la ruelle. Tant pis. Il faudrait en réfléchir mais plus tard, après s’être prélassée un peu dans l’eau chaude, ce qu’elle ne manqua pas de se dépêcher à faire.
Elle ne fit même pas attention au temps qu’elle passa dans l’eau. 10 minutes ? 20 ? Peut-être même 40. Ce qu’elle savait, c’est qu’en sortant de l’eau, elle se sentait propre et reposée jusqu’au bout des os. Elle avait frotté toute la crasse plusieurs fois, sûre de sentir la fleur en se présentant à nouveau. Mais, du coup, il fallait régler cette histoire de vêtements…
Timidement, une serviette entourant son corps, Arya entrouvrit la porte.
« Carciphona… ? Vous êtes là ? J’ai un petit soucis de vêtements... »
Peut-être c’était déplacé de parler de l’odeur qu’elle dégageait, les femmes de la ville s'offusquent vraiment de tout finalement, moi aussi je ne sens pas la rose après cinq jours de cavale en forêt, on s’acclimate comme l’odeur de chaussettes de son compagnon d’armes lors d’une mission et qu’on a l’heureux plaisir de partager la tente lors du bivouac, maintenant je réfléchissais à deux fois de partager la charge, chacun son matos et surtout à moi la nuit tranquille sans l’autre roublard à côté.
Légèrement vexée qu’elle ne prenne pas ma main, je fis mine de n’avoir rien vu, peut-être qu’elle ne l’avait pas fait exprès, peut-être c’était trop demandé de ma part de donner cette main amicale, peut-être que je me focalise encore sur trop de détails, pourquoi j’étais venue l’aider déjà ? Ah oui… elle allait se faire torturer ou pire encore par la bande du Joker et surtout je fais ça pour rien mise à part m’approcher de Lucy lorsque je franchisserai le portail de l’autre monde, on verra à ce moment-là, elle seule pour juger mes actes.
Nous entrons enfin dans la chambre, présentation sommaire de mon palace le temps de plusieurs nuits, rien de folichon, c’était propre, ce qui se résume à un miracle déjà, le confort de mon chez moi me manque mais là n’était pas la question.
- Oui je peux attendre si vous le souhaitez.
Je la laissais donc faire à sa guise, qu’elle prenne cette douche moi je vais profiter pour rasfitoler cette veste que j’ai déchiré lors de mon escapade de ce matin, une vulgaire branche qui a aggripé le bas du tissu et j’aimais particulièrement ce vêtement donc impossible que je l’abandonne à son triste sort et fouille dans mon sac pour trouver mon kit de survie. Ce qu’on pouvait dire, c’est que la couture n’était pas de mon fort, j’effectue mes points grossièrement, doublant voir triplant certains, je me dis toujours si je fais plein de tours, c’est sûr que ça ne casserait jamais puis à défaut, elle est moche et personne ne me la volera comme ça. Concentrée dans ma tâche, j’entends tout d’un coup mon prénom, je me pique avec l’aiguille, saleté va.
- Euh oui ?
J’essayais de comprendre le sens de sa phrase, un soucis de vêtement alors que ça fait déjà une quinzaine de minutes qu’elle est dedans et vu l’odeur que ça sent, elle a dû vider toutes les lotions à disposition, ça va me coûter cher moi je vous le dis… ou sinon, je grimperais par la fenêtre et je vais récupérer ceux du voisin, même pas en rêve que je paye ces extras. Je vois alors sa tête blonde dépassée légèrement, elle avait une serviette autour d’elle, le soucis de vêtement ce qu’elle n’avait rien à se mettre et là tout de suite, je m’imaginais un tremblement de terre, du mistral pour faire envoler la serviette et découvrir les belles formes de cette déesse mais malheureusement, rien de tout cela n'arrive et finit par me lever pour fouiller dans mon sac. J’avais juste une sorte de chainse, une long tunique blanche en lin qui arrivait au niveau des genoux, ça sera parfait pour la nuit.
- Tenez, j’ai ça pour cette nuit ça suffira, on trouvera quelque chose de mieux demain matin.
M’approchant vers elle d’un pas assuré, je ne fis même pas l’effort de détourner le regard, j’étais une femme après tout, aucun risque de ma part non ? Enfin je devrais faire attention à mon regard, si je montre que je la dévore des yeux, elle risque de me claquer la porte au nez. Je sais qu’il se passera jamais rien, ce n’était pas du tout mon genre de faire de la drague lourde puis de toute façon, on voit toujours celle qui sont open, elle c’était une fille de bonne famille qui doit chercher son prince charmant pour grimper dans la société et faire que des choses belles, des choses bonnes comme se promener à pas d’heures dans des ruelles sombres, qu’est-ce qu’on leur apprends aux citadins ? Que tout est beau tout est mignon… enfin.
- Si vous voulez descendre pour prendre un repas, je peux vous passer une ceinture pour faire plus joli si vous le souhaitez même si je pense personne ne se souciera de votre apparence…
Je pense que les gens passeront plus de temps à regarder les courbes de la jeune femme avec la tunique qu’autre chose mais ce n’était que mon humble avis ça.
L'habit n'était pas forcément des plus confortables ou des plus beaux mais elle s'en contenterait largement. Elle n'avait pas à se plaindre, au moins elle pourrait avoir quelque chose sur le dos pour la nuit. Comme si elle lisait dans son esprit, Carciphona lui proposa une ceinture pour rendre l'ensemble un peu plus agréable au regard. Cela dit, elle n'avait pas tort. Vu le type de village dans lequel elles étaient atterries il était bien peu probable que quelqu'un lui fasse une quelconque remarque sur sa tenue. Et bien qu'Arya fut coquette, elle avait aussi la présence d'esprit de ne pas pinailler étant donnés les circonstances. Elle accepta donc la tunique avec joie et ferma la porte sur l'aventurière le temps de s'habiller, ce qui ne prit que quelques secondes. L'habit était pratique, c'était certain. Elle ouvrit à nouveau, l'humidité chaude de la pièce dont elle sortait la suivant dans la chambre.
« J'aurais vraiment préféré pouvoir vous payer le repas... » soupira-t-elle à l'attention de sa partenaire de chambre.
Il ne lui serait pas impossible de jeûner pour la nuit. Malgré ses airs, il lui arrivait de manquer d'argent lorsque le travail ne se présentait pas, et sans jamais être passée par la famine, elle avait connu des temps moins aisés qu'en ce moment.
« Mais je vous rembourserai dès que je serai rentrée, bien sûr ! Donc si vous le voulez, mangeons comme il se doit ce soir. »
Arya était une femme de parole et après les événements de cette soirée elle préférait aller se coucher après avoir fait tout ce qu'elle pouvait pour se trouver dans un maximum de confort et oublier ce qui lui était arrivée, et quoi de mieux qu'un repas en compagnie d'une personne qu'elle jugeait sympathique pour ça ? Elle continuait de regarder Carciphona d'un air gentil et plein de gratitude à chaque fois qu'elle croisait son regard, ce qui arrivait assez fréquemment étrangement, mais la jeune femme ne se fit aucune idée. Bien qu'elle ignorait tout des raisons qui avaient poussées celle-ci à continuer à lui apporter son aide, elle se disait tout simplement qu'il existait encore des gens bons, prêts à tendre une main, tout comme elle l'était.
Elle ouvrit la marche pour retourner là où elles avaient faits une entrée fulgurante toutes deux tout à l'heure. Le temps avait passé mais les habitués n'avaient pas bougé d'un poil. Ils semblaient vaguement intéressés par ces nouvelles venues, peut-être même plus que lorsque l'une d'entre elles était arrivée dans un plutôt mauvais état. A croire que voir ce genre de drame était moins courant que deux demoiselles, l'une portant probablement mieux ce nom que l'autre.
Arya pointa du menton une table un peu à l'écart afin qu'elles y soient tranquille. Néanmoins, elle ne trouva rien à lui dire et un silence pesant s'installa entre les deux individus...
- Ne vous inquiétez pas pour ça, ce n’est qu’un repas.
On retrouve rapidement la grande salle pour dîner, je suis la jeune femme avec intérêt malgré sa tenue improvisée, je m’amusais à m’imaginer ce corps qui pouvait se cacher derrière ce bout de tissu. Elle était jolie ça c’est sûr mais on pouvait certainement rajouter qu’elle était une fille de bonne famille avec une certaine culture donc je me demandais de quoi on pourrait bien parler toutes les deux.
Arya choisit une table éloignée de la foule pour être plus tranquille mais je trouvais que c’était encore pire pour moi de me mettre aussi loin des autres, j’ai l’impression d’être pris au piège avec cette femme et quand le silence s’installe, je me sentis oppressée. Elle n’avait pas l’air d’avoir envie ou le courage de dire un seul mot et je ne savais pas comment aborder la discussion surtout pour demander “ alors vous faites quoi dans la vie ? “, c’était trop banale et moi je préfère l’originalité !
Mais mon désespoir fut de courte durée quand l’aubergiste revient à la charge à notre table. Carnet à la main, sourire plus que suffisant, celui-ci nous regarde l’une après l’autre avant de commencer son petit numéro.
- Bah alors mesdemoiselles, déjà une querelle entre amoureuses ?
Je lance un regard noir au mec qui commençait sérieusement à me gaver avec ces allusions mais je vis plutôt un moyen de m’amuser.
- Non je viens de l’enlever à son mari pour rejoindre Grand-Port mais Madame a des scrupules maintenant.
Je fis signe au tavernier de se baisser pour parler plus bas.
- Puis elle dit que votre literie n’est pas de tout confort pour des galipettes… je ne sais plus quoi faire moi, depuis le temps que j’attendais ça.
Je tourne alors la tête vers mon amante du soir, sourire aux lèvres.
Le service était bien plus rapide qu’Arya aurait pensé. Ou alors c’était juste l’aubergiste qui voulait jouer aux commères, en fin de compte… Dans tous les cas il vint briser le silence. Sa remarque fit hausser un sourcil à la jeune femme. Entre amoureuses ? Elles avaient l’air ensemble ? Il avait déjà oublié le passage où elles avaient limite défoncé la porte avec l’une d’entre elle en très mauvais état ? Ou alors c’est qu’il avait une idée très particulière des lunes de miel.
Manquant de s’étouffer sur la remarque de Carci, un sourire un peu crispé vint s’installer sur le visage d’Arya. Si ça avait été un homme en face d’elle, elle n’aurait eu aucun mal à jouer la comédie. Sans être particulièrement gênée, elle avait plutôt du mal à garder son sérieux. Elle n’avait jamais charmé une femme, ni avait été charmée par l’une d’entre elles et clairement elle n’avait aucune idée de si ses connaissances en matière d’hommes pouvait rentrer en compte ici, mais voulant elle aussi jouer avec ce pauvre aubergiste un peu trop curieux et lourd, elle rajouta en essayant au mieux de garder un visage neutre :
« C’est surtout que le lit craque énormément et ce n’est pas une douce, plutôt une vraie tigresse et j’ai beau lui dire d’être délicate avec moi, rien n’y fait... »
Son visage rougissait à vue d’oeil et elle perdait aisément ses moyens vu la situation. Sa phrase s’arrêta sur un blanc et elle jeta un regard au tavernier qui avait l’air confus, mi-intéressé, mi-mal à l’aise. Apparemment, il ne s’attendait pas à autant de détails et, s’amusant donc de plus belle, Arya s’empressa de continuer :
« J’espère aussi que les chambres sont bien isolées car j’ai tendance à crier comme une renarde en chaleur quand elle utilise ses meilleurs atouts. Enfin vous savez ce que c’est, quand elle utilise ses... » lui dit-elle sans finir sa phrase, un clin d’oeil maladroit à son attention.
Ouf, elle avait tenu jusque là, et l’homme semblait à présent beaucoup moins enclin à écouter leurs ébats. Il bégaya quelque peu, semblant vouloir leur demander de ne pas plus s’étendre sur le sujet, et finit par fuir en disant revenir prendre leur commande plus tard. Sitôt fut-il parti, Arya enfouit son visage dans ses mains, embarrassée mais laissant échapper un rire un peu nerveux et libérateur. Elle releva la tête vers Carciphona après quelques longues secondes de fou rire.
« Oh la la, je ne pensais pas aller jusque là ! Je suis désolée, c’était trop bon. Commença-t-elle. Cependant, c’est vous qui avez commencé, je me suis juste laissée porter ! »
Un petit air sournois était venu remplacer les autres émotions lisibles sur son visage, la taquinant très certainement.
J’ai dû m’empêcher de rire quand elle évoque le fait du lit qui grince ainsi que ma certaine fougue lors de nos soi-disants ébats amoureux mais le plus drôle c’est qu’elle rougissait au fur et à mesure qu’elle disait ses bêtises ce qui rendait la situation encore plus risible de ce qu’elle était déjà tout comme le fait qu’elle rajoute qu’elle soit bruyante et moi une experte pour le plaisir féminin, ça devenait de plus en plus marrant et je n’ose pas regarder le pauvre homme en plein milieu de cette farce.
- Alors comme ça j’ai les meilleurs atouts ?
Les bras croisés sur la table, je m’amuse à la détailler, cette fille de bonne famille avait tout pour plaire, peut-être légèrement inconsciente de se balader seule dans les ruelles sombres alors que des brigands rôdent mais ravissante néanmoins quand je la vois sourire et jouer de la situation.
- C’est bien de se lâcher un peu, ça fait du bien de dire des bêtises, vous devriez le faire plus souvent, ça vous fait un plus beau visage quand vous souriez.
L’incident venait de disparaître à l’instant, j’avais oublié que je l’avais sauvé il y a quelques temps et la voir s’amuser me donnait envie de la taquiner encore plus, elle n’était pas la femme fragile et introvertie que je pensais surtout après avoir dit autant de bêtises au tavernier, ce n’était pas tout le monde qui ose prétendre une relation torride et qui est plus que consommer.
- Je ne suis pas sûre qu’il revienne de sitôt en tout cas.
Mais a peine étions quelque peu tranquille que sa serveuse amène nos plats, il n’avait même pris l’audace de revenir et quand je vois le regard de la jeune fille, elle n’osait pas nous regarder droit dans les yeux, elle avait eu vent de notre discussion avec son père, les nouvelles allaient vite et je pense que les regards qu’on sentait se poser sur nous était la raison, tout le monde avait entendu nos bêtises. On pouvait voir à travers les yeux de ses merlans frits, désir, dégoût, envie, jalousie et j’en pense. Attrapant mes couverts, une légère révérence devant mon plat, je m’intéresse de nouveau à ma partenaire de repas.
- Sinon, je vois qu’il n’a pas fallu longtemps pour rentrer dans le jeu des amoureuses passionnées, êtes vous seule ou une habituée des aventures ?
Attrapant une bouchée, je fus étonnée par le met délicat que nous avions, ce n’était pas une présentation parfaite mais ça avait le mérite d’être bon.
- Enfin, vous n’êtes pas obligée de répondre, pure curiosité puis je vous libère dès demain matin après que vous soyez reposer.
A quoi bon s’investir dans une tentative de socialisation alors que je ne la reverrais plus jamais, nous ne sommes pas du même monde...Arf, ces nobles… toujours aussi incacessible.