Tout semblait bien se passer, et tout devait bien se passer en cette matinée après cet enlèvement malsain et ce jeu qui l'était tout autant. Car si rien ne leur avait été mortel, difficile de dire que cette escape game avait été sans soucis... Ni victimes. La grande piscine et ses pauvres animaux en sont une bonne preuve. Mais pour remonter le moral de l'aventurier, sa comparse de capture le prévient de bon matin que tout a été prévenu et réglé, et qu'ils auraient certainement plus d'informations une fois arrivés à la Forteresse. De telles nouvelles ne pouvaient que satisfaire le borgne, qui n'avait que moyennement apprécié servir ainsi de cobaye improvisé.

Bien sur, tout ne peut se passer comme cela est initialement prévu. Et si, à leur arrivée, le plan de Zahria semble marcher à la perfection, bien rapidement un petit grain de sable s'immisce dans la machine, jusqu'à entièrement la forcer à l'arrêt. Quelques mots sont échangés par la maître espionne dans son cristal, auquel l'aventurier, occupé à finir sa conversation avec les gardes qui finissent par prendre congé pour reprendre leur travail quotidne, ne prête aucune attention. Du moins, jusqu'à ce qu'une poignée de mots filtrent par ordre d'importance dans son esprit : "Buchou s'est échappé.".

Bien sur, cela alerte immédiatement Sileas qui pivote le regard vers la maître espionne déguisée. Ses sourcils s'arquent alors qu'il doit se retenir pour ne pas trépigner sur pied. En effet, déranger la garde en cet instant ne ferait que compliquer un peu plus sa tâche, qui ne doit déjà pas être aisée. Après tout, gérer à distance une évasion n'est pas chose facile. Une fois qu'elle est enfin libre, l'aventurier se jette pratiquement sur elle, arrivant devant la demoiselle d'un pas rapide pour croiser les bras sur son torse. Il n'est pas agressif, simplement particulièrement agacé de la tournure des évènements qui s’annonçaient pourtant normalement déjà réglés.

-"A croire qu'après avoir préparé tant de jeux où il force les gens à s'enfuir de ses pièges, il est lui même devenu bon pour s'évader... Des idées sur comment le retrouver, où même par quel morceau commencer ?"

Essayant de tourner cela sur l'humour pour se détendre un peu les nerfs, la question de l'aventurier reste néanmoins sincère. Lui même se jetterait aisément à l'assaut des prisons pour essayer de comprendre comment le fameux Buchou a pu glisser entre les doigts de la garde. Mais hélas, ce n'est pas de son ressort. Il ne peut pas entrer ainsi dans les geôles et en ressortir comme dans un moulin, et plus encore, le blond n'est clairement pas ravi à l'idée de croiser son père par accident dans la garnison de la Forteresse. Une ombre passe dans son œil à cette idée, avant d'être rapidement chassée. Il est grand désormais, il a fait sa vie et ses preuves, il n'a plus à baisser la tête et avoir honte du choix qu'il a fait. Et puis, c'est une histoire de fugitif, c'est un peu plus important qu'une quelconque querelle familiale vieille de plus d'une décennie. Bombant donc légèrement le torse pour se redonner du courage et sortir de ses pensées négatives, l'aventurier laisse l'une de ses mains glisser sur la garde de son glaive sans s'en saisir. Après tout ils sont en ville, et les gardes n'aimeraient pas se faire ainsi prendre leurs prérogatives ainsi pour finir par reprendre.

-"Si tu souhaites enquêter sur sa disparition, j'aimerais participer avec toi. Je ne suis certes pas un garde, mais je pense pouvoir me débrouiller un minimum si il faut chercher des indices... Et je n'en dormirais que mieux sur mes deux oreilles en le sachant une fois pour de bon derrière les barreaux et en attendant son jugement."

Maintenant, c'est à Zahria de décider si elle souhaite vraiment embarquer le blond dans cette affaire, le laisser sur une piste secondaire sans aucune importance pour ne pas l'avoir dans les pattes, voir tout simplement prétexter qu'il ne fait pas partie des forces de l'ordre légalement pour ne même pas avoir à s'en préoccuper tandis qu'elle laisse parler toute l'étendue de son influence de maître espionne sans risque de voir sa couverture ainsi bafouée.