Allongé dans l'herbe, les bras derrière la tête, je ne pensais pas vraiment à quelque chose en particulier. Juste faire le vide... profiter de ce qui m'entoure et reposer mon corps. De temps en temps je me levais pour m'approcher du lac et je faisais des ricochets le long du lac pour retourner sur mon tas d'herbes. C'était ma simple journée. C'est uniquement dans ces moments-là que je décroche un sourire... un sourire de bien-être. Je suis peut-être vulnérable mais j'ai tout de même pensé à prendre mon tachi avec moi, je ne m'en sépare jamais à vrai dire. Une simple mesure de sécurité.
En tout cas, le soleil tape vraiment fort aujourd'hui, j'ai bien fait d'avoir pris mes lunettes de soleil avec moi. C'est vraiment embêtant de ne pas supporter la luminosité extérieure. 'Fin bon! On est en milieu d'après-midi et je pensais rentrer chez moi. Après tout, il y a bien une heure de marche entre ici et la capitale, je n'aimerai pas rentrer dans la nuit.
Au moment où je me lève et que je m'étire, j'aperçois une petite fille sur la route. C'est très rare de voir des gens par ici, peut-être qu'elle s'est égarée? Je devrais aller lui demander directement. Je tapote rapidement sur mes vêtements pour faire tomber les morceaux d'herbes qui se seraient accrochés sur ma veste rouge, ma chemise blanche ainsi que mon pantalon noir puis je vais voir la fille en l'interrompant dans sa marche.
Excuse moi petite, tu t'es perdue? Ou bien tu étais pourchassée par des monstres? Ça peut être dangereux de s'aventurer sans savoir où l'on va, si tu veux je peux te raccompagner chez toi.
Comme à mon habitude, je suis toujours à l’affût pour une mission ou aider les gens. Je dois bien ça à mon sérieux légendaire. En attendant je ne sens pas qu'il y ait des monstres aux alentours, j'attends patiemment sa réponse avec ma main posée sur la garde de mon arme. Non pas que je sois agressif, c'est juste pour poser ma main.
J’étais accroupie pas loin d’un troupeau de Boucton, essayant d’en attirer un pour le caresser. Si doux, si mignon. J’aimais beaucoup ces bestioles-là. Même si il fallait faire attention à ne pas se faire charger. En restant proche du sol il était possible de les attirer et parfois même de les toucher. Si doux. J’avais qu’une envie, c’était de le refaire. Mais ce groupe-là ne semblait pas vouloir me porter attention. Je fis un pas, puis un autre. M’approchant tout doucement, la main tendue devant moi. Il se retournèrent brusquement et je m’immobilisais. Le regard méchant, je sentais que je m’étais approché trop vite. Doucement, je reculais, retirant lentement ma main. C’était trop tard maintenant. Je me redressais et pris la fuite.
J’étais dégoûtée. Encore aujourd’hui, je ne pourrais pas caresser les bouctons. Pourtant, j’en avais tellement envie. Toucher la douceur de ces petites bestioles. Si je pouvais dormir contre eux, ce serait encore mieux. Arrêtant de courir, je me dirigeais vers le lac en rêvassant sur cette possibilité. Oui, ça serait mieux qu’un arbre. Beaucoup plus confortable. Et même, ça servirait de diversion en cas d’attaque de monstre. Le plan parfait. Mais il fallait encore que je puisse m’approcher d’eux. J’y étais presque lorsque quelqu’un m’interpella.
Je vérifiais autours de moi pour être sûr que c’était bien à moi qu’il parlait avant de regarder l’homme. Beaucoup plus grand que moi, des lunettes sur le visage, une veste rouge. Il était impressionnant. Enfin du haut de ma petite taille. Il avait la main posée sur la garde de son arme. Même s’il n’avait pas l’air menaçant et me proposer son aide, je restais à une certaine distance.
- J’ai pas de chez moi en fait, je suis venue ici pour réfléchir à comment adopter un petit boucton.
Je fronçais les sourcils en réfléchissant, puis un sourire apparus sur mon visage.
- Vous trouvez pas qu’ils sont trop mignons ? J’ai trop envie d'mettre mes mains sur eux pour les caresser. Vous voulez pas m’aider ? Y’a un troupeau pas loin qui a l’air sympa. Mais j’arrive pas à m’approcher correctement !
Je débitais tout d’un coup, sérieuse et sans m’arrêter. Agitant les bras pour indiquer la direction. Oui, j’avais pas de chez moi. Mais les bouctons étais plus intéressant que de trouver un coin ou dormir. Oui, si je pouvais dormir avec eux en plus, ça réglerais mon problème. Je le regardais curieuse de sa réponse. Il avait l’air si sérieux. S’en était presque dommage.
Comment ça tu n'as pas de chez toi? Je vais t'accompagner tout de suite à...
En disant ces mots j'étais en train de m'approcher d'elle pour l'amener dans un endroit où l'on pourrait l'aider, que ça soit de force ou non. Cependant, je me suis interrompu dès lors que j'ai vu son sourire venu animer son visage. Il était tellement innocent, je ne savais pas trop qu'en penser.
D'une traite et en agitant les bras de sorte à pointer une direction, la fille me demandait de l'aider pour approcher un simple troupeau de boucton. Je réfléchissais un instant à la situation, de quoi laisser un blanc d'environ 5 secondes. Je pensais que sa situation pouvait attendre un peu, du moins juste après l'avoir aidé. Ce serait horrible de l'amener de force sans qu'elle puisse accomplir son souhait. Je soupirais.
Je vais t'aider à approcher le troupeau, c'est simple tu verras. On s'occupera du reste après.
Après tout, en l'observant bien, elle n'avait pas l'air d'une simple petite fille abandonnée. Elle semblait d'être en très bon état au vu de la situation que je me suis imaginé. Bref... ça n'a pas réellement d'importance, je lui demanderai plus tard. Je me tenais devant elle avec toujours autant de sérieux en attendant qu'elle ouvre la marche.
Je te suis, emmène-moi à ce troupeau.
Drôle de demande n'empêche, ce n'est pas tous les jours qu'on peut assister à ce genre de requête. En plus ce n'est pas si compliqué que ça en vrai. Après elle reste une enfant, j'imagine que je ne peux pas trop lui en demander, ça doit être normal.
Une fois le troupeau de boucton à vue, je l'interrompais pour ne pas aller plus loin. Je devais simplement lui faire un tutoriel de comment approcher une telle créature en soi. Pas très compliqué. Je m'accroupissais pour me mettre à sa taille. Je crois qu'on m'avait dit de faire ça avec des jeunes pour les traiter d'égal à égal et avoir leur confiance plus simplement. Je lui faisais signe de venir plus près pour connaître la démarche à suivre. Même si la distance était réduite entre nous, je restais tout de même sur mes gardes, ce n'est pas la première fois que j'ai vu des enfants angéliques être de réels démons. Néanmoins, je ne le fais pas transparaître comme à mon habitude. Je prenais un bout de bois pour schématiser ce que j'allais dire.
Pour commencer, dis-toi que les bouctons sont faibles. Habituellement ce sont les proies et ils deviennent agressifs uniquement s'ils se sentent en danger. Si tu veux les approcher c'est simple, tu ne dois pas être brutale dans tes gestes mais douce. Tu dois acquérir leur confiance progressivement.
J'arrachais un peu d'herbe qu'il y avait au sol pour les tendres à la jeune fille avant de reprendre ce que je disais.
Déjà tu prendras de la distance et t'essayeras de captiver leur attention sans leur faire peur. Pour ça tu peux utiliser de l'herbe pour les appâter. Une fois qu'un boucton s'approchera, il mangera sûrement ce qu'il y a dans ta main donc pas de panique. À partir de ce moment-là, tu seras sûrement considérée comme inoffensive voir comme l'un des leurs mais ne te précipite pas. Il faut y aller étape par étape, ne les câlines pas de suite.
Je marquais une courte pause dans ce que je disais pour lui laisser le temps d'assimiler ce qu'elle venait d'entendre avant de reprendre.
Pendant qu'il mangera, t'iras posée ton autre main délicatement sur sa laine et t'observeras sa réaction. S'il semble accepté ça, tu t'approcheras doucement vers lui dans un premier temps. S'il ne réagit toujours pas, tu pourras le prendre dans tes bras en douceur et le tour sera joué.
Je me relevais pour m'éloigner et me poser à côté d'un arbre pour observer comment allait s'en sortir la fille. Par contre il fallait que je la prévienne d'une chose.
Maintenant c'est à toi, mais dis-toi que si tu rates et que tu te fais agresser, ce troupeau finira dans l'assiette d'une taverne lambda pour régaler ces clients. Puis aussi, oublie l'histoire de les apprivoiser, ils sont sauvages, tu pourras à la limite essayer de les revoir si t'es intégrée.
Vu qu'elle a l'air d'apprécier ce troupeau, il n'y a pas vraiment de mal de lui mettre un enjeu, puis dans un sens c'est pour son bien, elle devrait le comprendre. Maintenant reste à voir s i elle a bien compris ce que je lui ai appris.
Exactement ce que j’avais juste avant. Un peu d’herbe, de quoi les attirer. Et surtout de la patience. Oui, bah comme j’avais fais-moi. Je ne fis aucune réflexion écoutant attentivement la suite. Ouais, ne pas leur faire un gros câlin, ni froufroufrou. Fallait y aller doucement. Je hochais la tête pour signifier que j’avais compris. Poser sa main doucement. Attendre, le prendre, attendre. Et lui faire un câlin tout doux. Ouais, une bonne logique. Il se releva s’éloignant pour me laisser la place.
J’arrachais un bon morceau d’herbe. J’avais largement de quoi en nourrir deux. Mais ce n’était pas important. Oui, plus j’en avais, plus le Boucton verrait de la bouffe. Et ça, c’était important. Contrairement à ce qu’il disait, je n’avais pas perdu l’idée d’apprivoiser un Boucton, je prendrais le temps qu’il faudrait, mais j’y parviendrais. Je m’accroupis en tendant la main pleine d’herbe devant moi. Comme précédemment, je fis un tout petit bruit pour attirer les Bouctons. Un seul. Et un seul Boucton tourna la tête vers moi. Pas très beau, assez grand, sans déconner, il devait être quasiment aussi grand que moi que lorsque j’étais debout. Et lentement, il s’approcha. Je souris patientant le plus possible. Mais à deux mètres de moi, il renifla bruyamment me faisant sursauter. Et il me chargea.
Par réflexe je sautais sur le côté pour l’esquiver et tout le troupeau se mit en branle-bas de combat. Pestant contre la malchance, je me relevais pour courir vers celui qui m’avait aidé. Oui, il allait tuer ceux-là ok, mais y’en aurais d’autres pour moi. Je criais.
- Je crois que c’est raté !
J’avais pas vraiment besoin de le dire en fait. Derrière moi, un grand nombre de Boucton semblait en vouloir à ma peau. Juste parce que j’avais sursauté. Y était pas sympa quand même.
J'assistais à toute la scène avec un regard suffisamment blasé pour lui dire ce que je pensais d'elle. J'avais tout vu... que ça soit son sursaut, son esquive et le pire... la voir courir vers moi avec tout un troupeau à ces trousses en me disant que c'est raté. Ouaip... j'avais remarqué... je faisais un "non" désespéré avec ma tête en soupirant.
Idiote.
J'allais faire quoi maintenant? Je ne voulais pas tuer le troupeau de bouctons. C'était juste pour lui mettre la pression et qu'elle s'applique en conséquence. Maintenant, regardez le résultat... bref, heureusement pour ces bouctons, je savais qu'ils étaient assez lents et qu'ils se dirigent mal.
Je courais vers l'incompétente pour lui prendre le poignet et lui crier.
On se taille vite d'ici!
Ils se rapprochaient de plus en plus, il allait falloir faire ça vite et bien. Je courais avec la fille aussi vite que possible en diagonale pour éviter une bonne partie du troupeau. Évidemment, à la limite de s'en sortir de cette charge massive, il fallait qu'on se fasse charger par surprise par un petit groupe de bouctons qui n'avait pas réagi immédiatement à l'assaut. Il n'y avait pas le choix, fallait plonger au sol pour éviter de justesse ce qui restait. Je pris la jeune fille dans mes bras pour plonger aussi loin que possible en me retournant au dernier moment pour que ça soit moi qui prenne l'impact.
Enfin... la première vague était passée mais ce n''était pas finis, il n'y avait pas de temps à perdre. Il fallait les semer et vite si on ne voulait pas être poursuivi toute la nuit. Je me relevais en aidant la fillette à faire de même et je l’entraînais avec moi pour qu'on s'éloigne du groupe de bestiole.
Après avoir zigzagué un peu dans tous les sens et couru pendant quelques minutes, on les avait semé. Je lâchais prise sur le poignet de la jeune fille et j'essayais de reprendre mon souffle. Au moins on pourra dire que c'était un exercice de cardio.
Je... crois que c'est bon... on les a... semé.
Je reprenais mon souffle et je commençais à me remémorer pourquoi on en était arrivé à là. Tout ça parce qu'elle s'est laissé surprendre...
T'étais à deux doigt d'y arriver et il a fallu que tu sursautes parce qu'un pauvre boucton a reniflé. T'en as fais exprès ou bien?
En tout cas, avec ces conneries, le soleil était en train de se coucher et j'en profitais pour retirer et ranger mes lunettes de soleil. C'était embêtant, j'aimerais bien ne pas avoir à passer la nuit ici, ça peut être dangereux pour la fille aussi. Il fallait que je lui impose un choix.
Bon gamine, t'as 3 options maintenant. Tu trouves un autre troupeau et tu ne te foires pas en plus de devoir rester la nuit ici avec sûrement des monstres qui pourraient nous agresser. Je peux aussi t'emmener à un endroit où on peut s'occuper d'enfants perdus comme toi qui n'ont nulle part où aller ou je te laisse passer une nuit chez moi et on retentera le lendemain.
En fait ça revenait plus ou moins à la même chose. Je lui laissais juste l'ordre où on allait faire les choses.
Je reculais encore d’un pas, croisant les bras, l’air énervée. Oui, la il commencer à me gonfler. Certes il m’avait aidé. Mais jamais je ne lui avais demandé de m’obliger à quoi que ce soit. Et personne n’avait ce droit sur moi. Depuis des dizaines d’années. Les sourcils froncés, je répondis calmement.
- J’crois pas qu’à ton âge t'puisses décider d’sa part toi-même.
Oui, c’était un gamin pour moi. Même si ma tête ne faisait pas de moi une adulte, j’étais bien plus vieille que lui. Même si j’avais tout oublier. Les bras croisés, je le juger. Même sans lunette, il lui manquer encore beaucoup de choses pour faire de lui un homme, un vrai. Encore plus pour avoir le droit de diriger ma vie. Non, clairement, il n’avait rien pour lui. Je lâchais.
- Ouais, y t’manque encore beaucoup pour pouvoir t’permettre ça. Essaye dans trente ans p’tête.
Ouais, trente ans c’était pas mal, peut-être que d’ici là, il aurait pris un peu de gueule pour devenir quelqu’un d’intéressant. Mais là, y’avait encore du boulot. Beaucoup de boulot.
Ces questions n'allaient pas demeurer très longtemps. En effet, elle commençait à me parler comme si j'étais un gosse. Ironique n'est-ce pas? Je ne savais pas trop comment réagir, c'est une gamine après tout. Peut-être qu'elle n'a pas assumé la course-poursuite avec les Bouctons. Je lui rétorquais.
Une gamine comme toi ne sait pas ce qui est bon pour soi ou non. Je suis suffisamment vieux pour pouvoir t'aider.
C'était étrange, elle ne disait pas un mot et elle semblait me juger lourdement. Peut-être que je l'ai jugé trop rapidement. Elle brisa le silence rapidement pour ajouter que j'étais qu'un gamin inexpérimenté en gros. Là, il fallait briser le doute, comment ça on me faisait la morale? Je devenais un peu plus méfiant et je lui demandais froidement.
T'es qui au juste? T'es pas qu'une simple gamine c'est ça?
Peut-être que c'est ça. Après tout, j'aurai dû avoir ce soupçon dès le début. Malheureusement je me suis arrêté uniquement sur les apparences et je me suis mis en tête que je devais aider une enfant. Si ça se trouve, je m'étais planté dès le départ, ça serait marrant tiens. J'attendais comment elle allait réagir avec ma main sur mon arme au cas où.
- Je suis…. Ton pire cauchemar!
Je ris encore. Ok, j’avais pas pu m’empêcher de faire la blague, d’en rajouter un peu. Alors que je préférais de loin picoler et explorer qu’être le cauchemar de quelqu’un. Rien que l’idée était chiante et fatigante. Je rajoutais en m’inclinant légèrement.
- Oh je suis qu’une simple personne ne t’inquiète pas tant. J’ai juste au moins dix fois ton âge.
Je pris quelques secondes pour réfléchir afin d’être sûr de ce que je disais, l’examinant. Ouais, il avait l’air jeune. Jeune et sans véritable expérience de la vie. Même si n’importe qui se serait fait avoir à sa place.
- Voir un peu plus je pense…
Ouais, un peu plus, mais ça n’empêcher rien, il n’y avait que mon âge qui changeait par rapport à mon apparence, ça ne faisait pas de moi quelqu’un d’exceptionnel, loin de là. Je n’étais pas douée pour grand-chose. Mais effectivement, je n’étais pas une simple « gamine » mon histoire était bien plus longue. Bien plus ancienne. Même si je ne m’en souvenais pas, je finirais pas réunir tous les livres que j’avais écrits. Pour savoir tout ce que j’avais fait, et tout ce qui c’était passer. Des détails qui n’était sans doute même pas mentionner dans l’histoire du royaume. Une histoire à moi.
Mon pire cauchemar hein... J'aurai bien aimé voir ma tête au moment où je l'ai entendu prononcer ces mots. J'étais dans un mélange de surprise et d'incompréhension avant de comprendre qu'elle se moquait simplement de moi. Je rangeais mon arme à sa place en soupirant avant d'attraper mon front pour me faire un facepalm.
Tu fais dans la comédie à ce que je vois.
C'était assez honteux de se faire avoir si facilement parce que je ne suis pas un adepte de l'humour et que je suis méfiant pour rien. Elle ajoutait en s'inclinant qu'elle avait au moins dix fois mon âge. Je m'attendais encore à ce que ça soit une blague et je la regardais sans dire un mot d'un air renfrogné. Après elle semblait assez sérieuse pour que ça soit vrai. Elle avait même poursuivi en disant que ça pouvait être plus. Ça lui ferait genre plus de 300 ans si ça se trouve. Humainement c'est pas possible mais vu qu'on est dans un monde avec des pouvoirs de partout on peut sûrement le considérer. Je demandais pour être sûr.
Tu me dis que tu as au moins 200 ans, c'est assez atypique. J'imagine que ça vient de ton pouvoir?
Je regardais un instant le ciel pensivement. Si c'était vrai, elle doit drôlement s'ennuyer. Au bout de tant de temps à vivre avec une telle apparence, on a doit avoir fais et vu quasi tout ce qui était possible. Je me ressaisissais pour ajouter.
Pour l'instant je vais admettre ce que tu me dis est vrai, de toute façon ça ne me regarde pas forcément. Du coup je vais changer mon énoncé de tout à l'heure. Que veux tu faire maintenant? Le soleil commence à se coucher et ça sera dangereux de rester la nuit ici. Malgré ce potentiel écart d'âge, je pense être assez compétant pour le combat et la survie pour pouvoir te protéger jusqu'à ce que nous rentrions.
Ce n'est pas facile de parler à quelqu'un qui ressemble autant à une enfant mais qui fait plus de dix fois son âge. Cette fois-ci je lui laissais le choix pour la suite en espérant qu'elle soit un minimum raisonnable. Je ne l'imaginais pas non plus très débrouillarde pour s'en sortir face à certains monstres et elle a l'air terriblement maladroite. Elle pourrait être un danger pour elle même.
- Moi ? J’ai pas b’soin de protection, j’comptais aller profiter du lac encore quelque temps. Histoire d’pas avoir fait l’trajet pour rien.
Je lui tournais le dos doucement et levais un bras.
- Aller t’inquiète. Un jour tu pourras p’tête protéger quelqu’un. Quand tu s’ras un peu plus grand.
La fin de ma phrase n’était qu’un murmure. Lentement, je m’éloignais, rebroussant chemin pour me diriger vers le lac. J’ignorais si il allait me suivre et ça n’avait pas d’importance pour moi. Il se pensait meilleur, me jugeait à mon apparence, et ce genre de personne pouvait aussi bien rester loin de moi. Je ne m’en occupais pas plus que ça. Je préférais m’amuser et rire plutôt que de me dépatouiller avec ce genre de personne.
Elle se tournait, reprenant son chemin vers le lac. Elle semblait décidée d'y aller seule. La vieille à l'apparence juvénile profitait pour me dire que je pourrais protéger quelqu'un un jour. Je serrais un peu des dents en entendant cela. Pour qui elle se prennait? Elle m'avait dupé une fois puis s'est moqué de moi à de nombreuses reprises et la cerise sur le gâteau, elle me jugeait. Je soufflais, reprenant mon calme habituel avant de lui annoncer.
Dans ce cas-là, retiens que je m'appelle Mishuki et que je suis un aventurier.
La gloire m'importait peu, elle m'avait simplement agacé. J'imagine que dans le futur je me ferai un nom parmi les aventuriers. Après tout, vu mon travail acharné que je fournis, ça devrait arriver un jour j'imagine. Puis... elle ne connaissait pas ma vie, j'ai déjà effectué des missions de garde pour protéger des clients.
Je tournais mon dos aussi à mon tour en la voyant de plus en plus loin. J'ajoutais pour finir.
Fait attention à toi.
Elle comptait se rendre de nouveau au lac. À la base je devais simplement l'aider à caresser des bouctons. Même si cela a été un échec cuisant, sa sécurité n'est plus dans mes préoccupations maintenant. Je ne comptais pas l'aider davantage si elle ne le demandait pas. Bref, il se faisait tard et je ne voulais pas avoir des monstres à mes trousses. Je décidais de rentrer chez moi, à la capitale, sous ce coucher de soleil.