-  - Risques et périls - -

La saison chaude était bien implantée. Et le Nord se tenait calme, Newt avait récemment patrouillé à la frontière à la demande de son parrain. Et depuis, il cogitait. Il avait toujours en lui cette part de doute de son identité, de qui il était. Il avait besoin de se prouver qui il était, de quoi il était capable. Un soir, il avait choisi de dormir à la maison de sa mère, qui lui avait été léguée. A l'écart de la ville mais au bord de la plage, offrant une vue imprenable sur les étoiles. Il méditait en regardant les étoiles passées. Nivom, allongé contre lui, fermait les yeux, se reposant au bruit des vagues.

- Tu vois... On sait pas ce qu'on vaut au fond. On pourrait.. j'sais pas. Découvrir le monde. Toi et moi, on le pourrait, hein ? Par delà la mer, il y a bien plus qu'Aryon j'en suis sur. T'imagines ? Si on découvrait cela, cette terre lointaine... On saurait, on serait enfin quelqu'un. Il marqua une pause avant de reprendre : Avec elle on aurait pu... Elle était comme nous. Aujourd'hui, on est les seuls... Peut être que par dela les limites, il y a d'autres gens comme nous. Il nous faut le découvrir...

Les étoiles brillaient et les deux compagnons regardèrent les étoiles la nuit durant. En rentrant, Newt prépara son expédition, sans en parler à son père. Avant de partir il laissa néanmoins une lettre lui expliquant son désir d'étendre Aryon au monde. Il partait au nord.

Ils volèrent tous deux, préparés au climat, à la faim, à ce désir d'exploration. Nivom avait vécu au nord dans sa jeunesse, avec ses parents. Aussi peut-être se sentait-il serein d'y retourner. Arrivé à la frontière, le duo se posa, faisant face à l'immensité   du Nord. Ils prirent des forces et une nuit de repos. Et au matin, Newt se remit en selle et ils s'envolèrent vers le Nord, au dela de la frontière. Fier et prêt à tout affronter, Newt se sentait ivre de liberté, orgueilleux de ce qu'il pourrait découvrir. Après une bonne heure de route a faible vitesse, ils se posèrent pour faire un point. Ils n'avaient rien vu qu'une terre vide et froide de tout.

- On va pas trop forcé si on veut aller loin. On est encore proche d'Aryon, il faut rester prudent.

Ils s'apprêtaient à repartir quand un mouvement attira leur regard. Ils étaient dans un canyon et ne pensaient pas qu'une grosse bête pourrait vivre là.

Le sol frétilla sous les pattes de Nivom et rapidement, ils en trouvèrent l'origine. Ils avaient dérangé une bestiole pas contente de leur visite. Deux ailes se distinguèrent bientôt et Newt fut obligé de reconnaître l'animal ; un immense dragon de bronze se tenait face à eux, prêt à les bouffer. L'animal, vu sa taille, devait être vieux, car il faisait quatre fois la taille de Nivom.

- On décampe ! Allez mon grand !

Le dragon souffla du feu par les naseaux tandis que Nivom, puissants sur ses quatres pattes, s'élança dans l'autre sens pour s'enfuir. En quelques bonds, le dragon blanc décolla, esquivant de peu la flamme du dragon de bronze qui s'élança à leur suite. Newt, penché sur Nivom, poussait son compagnon à acceléré autant que possible. Ils esquivèrent un coup de griffe qui aurait pu faire mal en se décalant brusquement à gauche et d'un looping, ils évitèrent les crocs acérés de l'animal les pourchassant.

- Allez Nivom on fonce !

Malgré l'accélération du dragon blanc, ils subirent un coup de queue qui les envoya au sol. Nivom pu amortir la chute de Newt qui se retrouva sonné, mais vivant. L'animal s'approcha de jeune homme qui peinait à se relever, tandis que Nivom bondit vers lui avant de sauter sur son congénères, toutes griffes dehors, s'accrochant à sa tête et se battant comme un diable.  

La distraction fut efficace, et Nivom se battait à coup de griffe, de crocs et de flammes, ses ailes battant sauvagement l'air tandis que le bronze chercahit à se débarrasser du parasite. D'un vol agile que lui permettait sa petite taille, Nivom lui griffa un oeil assez violemment pour lui laisser une belle cicatrice et plongea. Newt, qui avait pu sortir de sa torpeur, se tenait prêt et pu monter sur son compagnon qui s'envola à toute allure malgré ses ailes quelques peu endommagées par la bataille.

Nivom rassembla ses battements d'ailes, gagnant un maximum d'envergure pour être le plus rapide possible. Un grognement déchira le coeur de Newt sous la douleur de chaque battement. Le dragon de bronze, sonné, les poursuivit encore longtemps, tandis que Newt poussait Nivom à accélérer encore et encore. La frontière fut bientot en vue et, apercevant la forteresse, le bronze pila mais les deux compères ne freinèrent pas pour autant. Ils passèrent la frontière à toute allure, et un craquement retentit. Avant qu'ils n'aient pu contrôler leur atterrissage, Newt et Nivom heurtèrent de plein fouet et un pic rocheux qui désarçonna Newt et fit perdre son vol à Nivom. Le dragon blanc fondit comme il put pour protéger son humain de la chute. Ils heurtèrent le sol dans un grand fracas et un nuage de poussière, Newt se retrouvant éjecter à quelques mètres de son compagnon.

Il émergea quand le soleil teintait les montagnes d'une lueur orange. Il avait mal partout, mais rien de cassé en apparence. Sa tête le faisait souffrir, au même titre que sa jambe et son épaule. Du sang séché le maculait sur plusieurs parties de son corps, mais il était vivant. Et de ce fait, Nivom l'était aussi. Le dragonnier, appuyé sur les restes de son épée, se redressa sur un coude, cherchant son compagnon du regard. Combien de temps était-il resté inconscient, il l'ignorait. Il aperçut enfin la masse blanche de Nivom, ses ailes ouvertes, le dragon inerte. Newt oublia toute douleur et se rua comme il pu vers son compagnon.

Il tomba sur son cou et constata les dégats qu'avaient subies son camarades. Une de ses ailes semblaient tordues et les deux avaient subies de lourds dégâts. Les écailles blanches de Nivom étaient maculées et terre et de sang et certains avaient été arracher sans doute dans la bataille. Newt rampa vers la tête de son compagnon ; de l'air sortait de ses naseaux, mais faiblement.

-  Allez mon grand... Tu vas t'en sortir j'te le jure...

Les larmes coulaient sur les joues du jeune homme de vingt-deux ans. Il caressa le museau de son compagnon, qui ouvrit les yeux après de longues minutes. Une blessure barrait son oeil droit mais à en croire les manuscrits, il n'en garderait qu'une légère cicatrice grace à la mue. Newt s'effondra en pleurs, par la pression et sa bêtise notamment.

- J'suis désolé Nivom... Pardonne moi...

Le dragon souffla et ferma les yeux, se blottissant contre l'humain à ses cotés. Newt avait mal et son coeur saignait de ce qu'il avait fait subir à ce compagnon qui avait risqué sa vie pour le sauver. Ils restèrent là longtemps, jusqu'à ce qu'une brigade de la garde qui les avait aperçu les trouvent et leur viennent en aide. Ils forcèrent Newt à ingurgiter des potions avant de s'affairer sur l'animal, bien qu'aucun ne sache comment soigner un dragon dans cet état. Après une éprouvante bataille, Nivom parvint à se lever, boitant d'une de ses pattes avant. Ils furent conduit au camp du Fort pour la nuit et furent escortés au grand port dès que Newt fut en état de monter à cheval.

Le jeune homme fut longtemps réprimandé pour son orgueil par son père ; il fut puni et du promettre de ne plus quitter le royaume de la sorte. Pendant plusieurs semaines, alors qu'il avait enfin récupéré malgré les cicatrices, il s'occupa de son compagnon, pour lui permettre de revoler un jour, ce que Nivom pu faire après des semaines de rééducation. Ils se promirent ensemble de ne plus retourner dans le Nord dans la seule quête de gloire.