Il court. Sa foulée est longue et régulière, son pas et sûr et son rythme est endiablé. Rapide, il dévale la pente à toute vitesse. Jamais il ne se retourne, jamais il ne ralenti, car il le sait, cela se traduirait surement par sa mort prématurée.
Il tente d’économiser un tant soit peu son souffle, son regard flou se porte droit devant lui à la recherche du salut matérialisé par des traits encore indescriptibles. Tout ce qu’il sait c’est qu’à terrain découvert, il ne tardera plus à se faire rattraper par la bête.
Tout joue en sa défaveur, l’ennemi est plus rapide et plus puissant et plus il continue à courir, plus la distance qui le sépare de l’inéluctable diminue à vue d’œil. Que faire ? Il doit y avoir un moyen, il le sait, il le sent. C’est ici qu’il a grandi, ses terres ne lui sont pas étrangère alors où ? Où aller pour ne pas finir froid et rigide, pour éloigner la mort un jour de plus, où ?
Ses membres lui font mal, le froid s’engouffre de son poitrail et brûle ses poumons à la moindre respiration. Son esprit est embrumé et incertain et la seule chose qui le maintient en vie est son instinct. Ultime boussole en cet instant. Allié de toujours qui le pousse en avant, lui chuchote à l’oreille pour le rassurer, le calmer afin de le maintenir en vie.
Tout à coup il entend un bruit sourd qui s’approche. Il n’est plus qu’à un pas. Son haleine fétide est presque sur lui. Si tout jouait en sa défaveur, le destin avait décidé de lui offrir une échappatoire. Le dénivelé qu’il empruntait débouchait sur une crevasse.
En dessous c’était la mort, mais quelques mètres plus loin il y avait un rempart, une ancienne tour de guet qui n’était plus qu’une ruine, mais qui pourrait lui être salutaire. La mâchoire serrée, il était décidé. A tombeau ouvert il courait à la ruine, sautant en l’air dans un ultime élan, se téléportant juste avant le coup de griffe pour finalement terminer sa course folle quelques mètre plus loin, sur une corniche. Le corps prostré sur le sol, la fatigue et ses contusions finirent par avoir raison de lui…
Après que j'ai préparé ma tenue pour l'expédition, en choisissant des vêtements chauds, je me suis alors empressé d'emboiter le pas vers les montagnes qu'on voyait au loin. Les chants des oiseaux et le vent qui fouettait mon visage étaient agréables durant cette petite marche jusqu'au pied des chaines montagneuses. Par la suite l'ascension de ces terres escarpées avait commencé et ce n'était pas spécialement de tout repos, entre les roches qui tombait au dessus de moi ou encore les terrains assez instable, ce n'était pas facile.
Il m'aura fallu du temps pour être assez haut et ainsi ressentir le besoin d'avoir pris ces vêtements chauds. Le froid était mordant et le temps était hostile, c'était chose courante à cette altitude là. Au loin, je pouvais entrapercevoir les ruines d'une ancienne tour de guet. Ce milieu hostile n'était pas pour tous les aventuriers, c'est grâce à mes expériences et à mon âge légèrement avancé qu'il m'était possible d'agir comme je le souhaitais au sein de ces montagnes. Mon endurance était grande, mais pas illimitée. L’ascension de ces terres a été très éprouvante, mais j'avais déjà vu pire et je pouvais voir en m'approchant de ces ruines, une bête très hostile émanant une flamme rougeâtre, par réflexe je me suis mis à dire quelques mots sur le coup.
« Un infernal ! »
Les créatures comme celle-ci ne couraient pas les rues, mais elles étaient très difficiles à terrasser. Le sourire aux lèvres, je sentais l'adrénaline qui montait en moi et ce n'était pas pour me déplaire. Néanmoins, il fallait que je fasse preuve de prudence en m'approchant de cette immense bête qui faisait un mètre de plus que moi. C'est en m'approchant d'elle que j'avais pu apercevoir un corps gisant sur une corniche qui faisait face à ma potentielle cible, il s'agissait d'un homme inconscient ou... mort.
Pour faire en sorte d'éloigner la bête, j'ai décidé d'envoyer une pierre à l'opposé de la corniche et ainsi attirer son attention, pour ensuite m'occuper de ce corps inerte. Cette idée avait parfaitement bien marché, enfin ou presque... Après m'être élancé vers ladite corniche, le monstre s'était retourné vers moi en hurlant. Cet infernal allait me poser problème, rapidement j'ai attrapé le corps de la corniche pour commencer à m'enfuir de cette emprise infernale.
Ces monstres lâchent difficilement le morceau et avec un poids mort sur l'épaule, tout ceci allait être compliqué pour moi. La personne récupérée n'était pas trop grande et ni trop lourd, mais avec un bras tout ceci était compliqué. J'avais même dù sortir mon bras démoniaque pendant un temps indéfini.
« Ma bonté me tuera un jour ! » - Avait-je dit à haute voix tout en courant pour sauver cet homme qui respirait encore.
Cette course était vraiment difficile entre ces terrains dangereux et ce monstre menaçant. Je n'étais pas en position de gagner face à lui, mais comment allais-je m'en sortir... Tout ceci n'était pas de la tarte !
L’homme courait pour échapper à son destin. Réunissant ses forces, Keiyll utilisa son pouvoir pour les faire disparaitre par deux fois. A présent éloigné à l’entrée d’une grotte à cinquante mètres de la bête, ils étaient tirés d’affaire pour un moment au moins.
S’éloignant de celui a qui il devait la vie, il l’observait puis hocha de la tête vers sa direction comme pour le remercier. Après quoi il l’invita à rester silencieux en plaçant son index sur sa propre bouche. Son compagnon d’infortune mis quelques secondes à comprendre qu’ils s’étaient rendus en ce lieu grâce au pouvoir du brûlé à qui il venait de sauver la vie.
La bête hurlait, elle cherchait les deux hommes. Alors qu’ils étaient promis à son estomac, la voici frustré, s’éloignant pour l’heure pour mieux survenir lorsque ses proies sortiraient des ombres. Grimacant dans l’effort alors qu’il se trainait pour s’adosser à un muret, il observait l’entrée de la grotte devant laquelle ils étaient tout deux.
L’endroit semblait désert et un trou noir et béant les conviaient à entrer… Reprenant difficilement son souffle, notre protagoniste pris la parole.
Moi c’est Keiyll, je t’en dois une pour ton aide…. Je crois qu’on va devoir se mettre au vert et se reposer pour sortir de ce guêpier, qu’en penses-tu ?
Sa tenue déchirée ça et là, il tenait à peine debout, bien aidé par la paroi rocheuse contre laquelle il venait de prendre appuie. Son regard noir comme l’ébène fixait l’étranger. A n’en pas douter, il n’était pas à sa première mission d’infortuné.
Plus encore, la façon dont il venait de se téléporter en ce lieu indiquait clairement qu’il connaissait bien ce lieu et peut être même la région. Sortant sa pipe à tabac, il attendait la réponse de son vis-à-vis et une petite bouffé de fumée était la bienvenue après cette péripétie.
Les cris de la bête étaient de plus en plus puissants, elle cherchait les deux humains qui lui avait échappé. Les deux hommes s'étaient mis à observer ladite grotte pour voir si elle était inhabitée et c'était bien le cas, enfin que pour l'entrée de celle-ci. Alors qu'il désactive son pouvoir et ainsi ne pas perdre le contrôle, la victime du monstre s'était mise à parler à Heliam et s'était présenté tout en le remerciant.
« Il faut savoir s'entraider dans la vie et je ne pouvais laisser cette monstruosité t'avaler. En effet, le moindre temps de repos n'est pas à négliger et quant à moi, c'est Heliam, enchanté Keiyll » - Dit-il avec un sourire amical.
Le blessé qui faisait face à Heliam était dans un sale état et notamment sa tenue qui était déchirée à de multiples endroits. Alors qu'il marchait avec difficulté en s'aidant de la paroi rocheuse, celui-ci s'était adossé à celle-ci pour ainsi allumer une sorte de pipe à tabac. Le rouquin s'était rapproché de lui et lui avait dit quelques paroles.
« Tu t'es mis dans une sacrée merde en te mettant un infernal à dos. » - S'était-il exprimé sérieusement et il avait repris la parole aussitôt. « Je veux bien qu'on se repose, mais on ne peut rester éternellement ici. Tu as une idée pour semer l'infernal ? » - Lui avait-il demandé.
L'odeur du tabac était relativement forte et ce n'était pas spécialement une bonne chose, c'est pourquoi le rouquin avait dit à nouveau quelques mots.
« Par contre, je veux bien que tu te détendes... mais allumer un tabac aussi fort est-ce une bonne idée avec cet infernal à nos trousses ? »
Heliam avait accentué ceci avec un petit rire nerveux. Le terrain était très difficile et les montagnes font partie des endroits qu'il évite un maximum. Entre les terres très difficiles à anticiper et l'obligation de porter des vêtements chauds qui entravent les mouvements tout en fatiguant beaucoup plus qu'avec de simples vêtements.
Il espérait que cette situation allait se résoudre...