Le mois de Mai était synonyme d’enfer pour moi, c’était la succession de nombreux anniversaires dans ma famille, cela voulait dire repas de famille, réception en tout genre mais surtout l’anniversaire de Mère, notre chère Lady Katherine DU LYS. Etant sa fille aînée, j’avais en charge de ramener le bouquet de Lys pour fêter son cinquante cinquième anniversaire et il n’y avait pas mille et un endroit pour en trouver, il fallait que j’aille à la serre Castalion.
Galinae, la matriache faisait un travail exceptionnel dans son commerce et la fille a même pris le relais, une ravissante fleur d’ailleurs, j’ai même entendu qu’elle avait un fils aîné qui serait revenu dans les environs, il avait un pouvoir exceptionnel mais je n’avais pas encore eu tous les détails par sa soeur peut-être je le rencontrerai un jour et voir de mes propres yeux ses talents d’herboriste ou que sais-je.
La cérémonie est pour ce soir, je dois encore tout préparer avec mon frère Elliot cette après-midi, il faut que je passe rapidement à la serre avant de mettre mon planning en pagaille. Enfilant une tenue non-officielle, je pars en direction de la serre des commerçants, il était tôt encore et les beaux jours étaient enfin arrivés à mon plus grand plaisir, pas besoin de parapluie qui pourrait mettre en péril ma tenue, j’avais mis un simple pantalon en lin moulant mes longues jambes, une chemise en soie blanche au col mao, un long châle était enroulé autour de mon cou pour éviter d’attraper néanmoins froid.
De longues minutes plus tard, je m’y trouve enfin devant le portail des Castellion et un employé me montre le chemin pour la serre et celle-ci était magnifique, je me rappelle d’être allée plusieurs fois quand j’étais plus jeune avec Mère, elle adorait particulièrement Galinae et faisait régulièrement des thé-party, enfin ce qu’elle disait, je n’ai jamais vérifié, je me rappelle de ses deux enfants mais nous avons presque quinze ans d’écart, ce n’était que des bambins, je n’ai revue que Vaha depuis.
L’employé m’a dit que je pouvais rentrer dans la serre et que quelqu’un m’y attendrais, c’était plutôt étrange comme façon de faire mais je n’y prêtais pas forcément attention quand je rentre enfin dans cette bulle où la chaleur nous enveloppe, l’humidité était contrôlée, on pouvait voir plusieurs espaces différents en fonction des besoins des plantes, je finis par m’arrêter par des Lys d’un blanc immaculé. Même si mon nom est DU LYS, cette fleur n’était pas forcément ma fleur préférée, j’aimais l’acacia dealbata ou le mimosa d’hiver, un arbre aux fleurs jaunes, des petites boules au jaune caractéristique mais aussi au Narcisse… non le Lys n’était pas en tête lice tellement j’en voyais tous les jours mais aujourd’hui, je pris alors le temps de l’observer quitte à ne plus faire attention autour de moi...
A la recherche du lys parfait.
- Votre déjeuner Monsieur.
Une domestique entra et déposa un plateau sur le guéridon près du lit.
Depuis qu'il était rentré Lerin avait prit l'habitude de décaler tous ses repas de deux heures au moins. Un rythme que sa mère n'approuvait guère, elle devait pourtant composer avec.
- Votre mère m'a chargée de vous préparer pour un rendez-vous. Une madame Du Lys vient à la serre passer une commande aujourd'hui.
- Une commande de quoi ?
- De lys il me semble monsieur.
- Quelle évidence ! Il marqua une pause. Ce nom me dit quelque chose.
Deux heures plus tard et fidèle à sa réputation de dandy il était habillé, parfumé, chaussé, prêt à rejoindre la serre.
La serre ne connait pas de saison et sous le dôme de verre les affaires comme les fleurs fleurissent toute l'année
Le mois de mai a cependant une certaine importance dans le calendrier des Castalion. C'est le moment de mettre en pratique les expérimentations théoriques de leurs nouvelles créations. Pendant l'hiver, la saison où rien ne pousse, les Castalion travaillent à mettre au jour de nouvelles variétés aux couleurs toujours plus extravagantes, aux parfums plus délicats et aux formes élégantes et innovantes.
Le printemps revenu ils sortent une nouvelle collection de plantes, de fleurs, d'arbres fruitiers toujours plus à même de séduire les clients.
Enfant, Lerin se promenait régulièrement dans la serre, parcourant les diverses salles aux atmosphères contrôlées. Chaque fois qu'il y venait il s'émerveillait face au gigantisme du toit de verre et de sa structure métallique cuivrée.
Après avoir traversé la boutique et le long couloir desservant toutes les salles il pénétra dans celle dite "des herbacés".
Du bout de la pièce Lerin aperçu la femme qu'on lui avait décrite.
Le jeune homme vêtu d'un élégant costume de satin bleu s'approcha par derrière.
- Ce Narcisse là est assez beau c'est vrai. Mais ça n'est qu'un hybride vous savez.
Il tendit une main à la jeune femme et fit une révérence.
- Madame Du Lys, enchanté, je suis Lerin Castalion. Il me semble que vous nous avez appelés pour votre traditionnelle commande de lys si je n'me trompe. Que puis-je faire pour vous ?
Des pas me sortent alors de ma rêverie temporaire, je tourne doucement la tête dans la direction de ceux-ci et trouve un bel homme vêtu d’un costume qui le sied parfaitement, ce bleu se raccorde avec ses yeux, ce qui n’était pas un pur hasard, loin de là, il savait comment se mettre en valeur et un léger sourire apparaît sur mon visage lorsqu’il me fit la révérence. C’était un homme éduqué et certainement ce Lerin, fils prodigue de la famille.
D’un ton doux, je répondis à sa demande.
- On dit que la beauté n’est que courte tyrannie à l’image de cette fleur qui ne fleurit que le temps d’une saison donc rien n’est aussi beau à mes yeux Sir Castelion.
Je souris à mon tour, fit la révérence pour une jeune femme de mon rang et finit par me présenter.
- Haru DU LYS, fille de Raziel DU LYS, ravie de vous rencontrer Lerin, je vois que vous avez les mêmes yeux que votre soeur, ce même bleu envoûtant.
C’était la première chose que j’ai pu voir en croisant ce regard azur, il ressemblait à sa jeune soeur, on n’allait pas dire pas dire que c’était la version masculine de Vaha mais il se trouve que la ressemblance est frappante au plaisir de mes yeux d’ailleurs.
- Trêve de plaisanterie, on m’a vanté vos miracles et je souhaiterais époustoufler Mère pour son anniversaire.
M’approchant d’un pas vers lui, renforçant ce côté intime de la discussion, je pouvais enfin sentir ce parfum qui me titillait mes sens depuis quelques instants, ce n’était pas une fleur que je sentais là mais l’odeur de son costume ainsi que son parfum raffiné, faisait-il aussi du parfum pour lui-même ou sinon il avait des goûts certains pour ce genre de choses, ce garçon devenait de plus en plus intéressant. Mon regard violine plonga dans le sien, j’essayais de raviver sa flamme de défi et qu’il se surpasse pour faire plaisir à sa cliente.
- Alors pouvez-vous faire cela, me créer des Lys d’une couleur qui représenterait l’infinité de l’univers Sir Castelion ?
Quitte à demander des miracles autant demander l’impossible non ?
A la recherche du lys parfait.
Comme il était un homme confiant de ses capacités il jeta vers elle un regard du même genre, l'air de dire "Avec fièvre je relève ce défi !".
- "Sir", ah vous me flattez. Je ne suis pas chevalier, alors Lerin suffira ma dame, en particulier si vous être une familière de ma soeur.
En l'entendant parler ainsi de Vaha, les souvenirs lui revinrent assez vite et il se rappela comment il avait eu connaissance de ce nom. A son retour dans la famille Vaha lui parlait de ses nouvelles amitiés et en particulier de celle qu'elle entretenait avec la fille des Du Lys. Mais elle l'avait aussi mis en garde sur la tromperie dont font usage tous les nobles. Les Du Lys n'en étant pas exclus.
- Je vous remercie pour le bleu de mes yeux ma dame.
Quant à votre commande si c'est un miracle que vous êtes venue chercher alors vous êtes bien tombée. Suivez-moi.
Par un signe de la main il indiqua le chemin à sa cliente. Ils empruntèrent le couloir principal jusque dans la salle dite des "expérimentations".
- Voici notre laboratoire.
Ils entrèrent dans une grande pièce qui pourtant paraissait bien petite. Elle était segmentée en différents espaces de travail et de recherche par des étagères remplies de livres, de fioles et de bocaux. Ça et là il y avait dans ces ateliers des employés affairés à la conceptions d'engrais, de liquides de nutritions et autres créations de botanique.
Lerin conduit Haru jusqu'à son espace dédié et la fit s'asseoir à son bureau. Parmi tous les ateliers des employés, celui de Lerin se distinguait par l'ordre qui y régnait. Tout était parfaitement soigné, nettoyé et rangé avec précision.
Il s'absenta un très court instant et revint avec trois pots de terre. Il plaça dans chaque pot une graine de Lys ordinaire.
- Je vais maintenant vous proposer trois plants différents parmi lesquels vous pourrez faire votre choix.
Sur la première petite graine il plaça un doigt, se concentra un moment puis versa une goutte d'eau.
Dans la minute qui suivit une pousse sortit de terre, puis à la minute d'après une longue tige s'était étendue et deux fleurs avaient éclos. Les fleurs qui s'étaient ouvertes étaient remarquables par leur transparence. Elles étaient presque translucides, très légèrement blanches et seules les veines et les pistils étaient apparents.
- Je me suis figuré ce qu'était l'univers et il m'apparu comme une étendue de vide parsemée ça et là de matière mobile. La transparence est le vide et les veines de la fleur représentent la matière qui le remplit car elles acheminent les nutriments nécessaires à sa survie jusqu'à la pointe de ses pétales.
Ne me dite pas tout de suite ce vous en pensez, voyez plutôt la seconde version.
Il répéta la même action que pour la première graine et cette fois-ci un lys dont l'aspect change selon l'angle avec lequel on l'observe sortit de terre.
- Voyez qu'ici la robe de cette fleur rassemble une infinité de teintes et de nuances en si peu d'espace. Elle symbolise l'infinité des couleurs de l'univers. Si vous regardez bien vous croirez y voir des planètes, des nébuleuses, des forêts, des amas de gaz... Tout ce que vous voulez voir s'y trouve.
Pour la troisième et dernière fois il répéta son protocole.
- Voici l'ultime version que je vous propose. Un lys miroir. Voyez comment chaque pétale se reflète dans chaque autre et vous donne cette impression d'infinité des reflets. Vous pouvez vous y contempler vous même si vous vous approchez.
Lerin prit la main de Haru pour l'amener à regarder le lys de plus près.
Gonflé de confiance et avec un grand sourire charmeur il conclut sa prestation.
- Que choisirez-vous ma dame ?
Il y avait des nobles qui voulaient qu’on l’appelle de telle sorte et d’autres noms et j’eu le plaisir de voir que Lerin ne demande pas un titre honorifique devant son nom, les hommes avaient toujours envie de grandeur mais ma mère était du même acabit qui veut qu’on l’appelle Lady ou Dame au gré de son humeur, moi je demandais juste la politesse de base quand je me présentais en tant que Haru Du Lys mais j’avoue que ça me permettait de souffler quand je me présentais sous mon autre nom, qu’on m’appelle simplement Haru et qu’on évite les phrases alambiquées pour parler de telle ou telle chose.
Mais j’avoue qu’avec Lerin, je sens un esprit joueur, séducteur, il sait aussi bien manier les mots que son talent, jouer avec lui sur l’étiquette d’usage ne peut être qu’amusant, il était encore jeune et même moi qui malgré ma trentaine passée, je ne me voyais toujours pas trouvé un bon parti comme me le répète assez souvent ma famille, j’assiste à tellement de rendez-vous arrangé de machin de telle famille et j’en passe mais je serai bientôt en date limite, qui voudrait une femme de mon âge ? Personne et tant mieux pour moi, je peux jouer avec qui je veux dans les méandres de la nuit mais là n’était pas la question, on parlait de notre cher Castalion.
- Je vous suis alors Lerin.
L’appeler par son prénom, premier signe que je voulais une discussion plus légère même j’étais toujours une femme plus âgée qui plus est sa cliente, il fera attention encore à ses mots mais on fera en sorte que ça change pour mes prochaines visites ou j’en toucherai un mot à sa soeur. Il me conduit à son laboratoire, je profitais pour regarder le lieux ainsi qu’humer toutes ses délicieuses odeurs, je pourrai vivre ici tellement les odeurs m’émerveillent, je vais demander qu’on me livre des fleurs tous les jours à cette allure.
Le prodigue me présente son coin d’expérimentation, la paillasse était nickel, c’était donc quelqu’un droit dans ses bottes, j’aimais ce genre de personnes, je préférais fuir les savants fous qui leurs résultats sont souvent liés à un coup de chance de miraculeux, avec Lerin, on pouvait se douter que chaque manipulation, chaque geste était calculé et voulu. Il me fit signe de m’asseoir et pris place en adoptant une attitude sérieuse, croisant mes jambes et les mains sur mes cuisses, j’étais curieuse de savoir la suite.
Il me montre alors ses talents, le premier était stupéfiant, jouant sur les mots, l’univers est certes composé de vide, quoi de plus normal que la feuille soit “ vide “ dont transparente, son idée était bonne et attends avec impatience la suivante. Celle-ci correspondait plus à ce que j’attendais, une multitude de couleurs comme on pouvait voir les photographies artistiques de nos différentes constellations. Je m’étais penchée un peu plus, voulant limite toucher ses fleurs mais il ne m’avait pas donné l’autorisation encore alors je me replace correctement dans mon fauteuil, impatiente de voir la dernière.
Elle était aussi magnifique et je voyais déjà faire un bouquet avec sa lys miroir et la seconde pour refléter cette multitude de couleur, le tout avec une fleur de Lys transparente au milieu qui sublimera les autres. Sa main chaude attrape la mienne, une main douce et ferme, il prenait certainement soin de ses mains, il avait l’air précautionneux malgré qu’il travaille avec la terre. Un petit sourire naquit sur mon visage, je n’étais pas du tout gênée, loin de là, il me faut beaucoup plus pour obtenir le moindre rougissement de sa part, j’étais plutôt amusée par la situation.
- Je crois que vous savez faire plaisir aux femmes avec des prestations pareilles, je me trompe ?
Je voyais son sourire fier sur son visage, il savait parfaitement que ça allait me plaire et que je tomberai sous le charme de ses fleurs peut-être il voulait m’appater moi avec.
- Ce que je choisis, je dirais les trois et si ça ne tenait qu’à moi, je prendrai vous aussi pour me faire des jolies fleurs tous les jours.
Je laissais le sous-entendu faire, je finis par me redresser et m’approcher de ces oeuvres.
- Ce qu’il me faudrait, c’est trois tiges de la fleur miroir, trois autres de la multicolore et une dernière tige de la transparente, puis j’aimerai voir vos talents pour composer des bouquets également, je suis sûre que vous êtes plein de ressources mon cher Lerin.
Malheureusement pour lui, avoir un nom de famille comme le mien exigeait de connaître l'art floral, voyons ce qu'il savait faire.
A la recherche du lys parfait.
Sur un air vantard et rieur il lui répondit :
- Oh je n'ai pas besoin de tels artifices pour séduire les femmes vous savez, mon naturel fait le travail.
Lerin sentait le coup fourré que montait la jeune femme. Il entreprit de reprendre la main en ramenant le sérieux.
- Je ne suis pas vraiment de ceux dont on dispose à sa convenance. De plus je ne travaille pas tous les jours. Mais si vous désirez passer une commande, envoyez-nous un messager et vous serez livrée dans la journée.
Il esquissa un sourire poli avant d'enchaîner sur quelques mises en garde.
- Je vous met en garde, dès lors que j'aurais rompu le lien qui les unit à la terre, ces fleurs ne vivront pas plus de 24 heures. Vous devrez veiller à ce que le niveau d'eau reste constant car elles boivent beaucoup.
Il coupa les tiges, les plaça dans un vase.
- Je vous reconduis à la boutique. Vous m'y attendrez le temps que je prépare vos bouquets.
De retour dans la boutique il indiqua à Haru une banquette de velours bleu et pressa une employée de lui apporter un thé.
- Voici un mélange de ma composition. Etant un grand passionné de thé je réalise mes propre préparations. Vous dégusterez donc un thé vert parfum oeillet, trèfle, pensée sauvage et sucré au miel.
Dans une révérence il quitta la pièce, un bon moment plus tard il revint accompagné de la même employée qui transporta les bouquets jusqu'à Haru.
Il présenta devant elle trois compositions florales mettant, chacune d'entre elle, en avant l'une des fleurs.
- Pour accompagner le lys transparent j'ai choisi des teintes pastels, quelques œillets blancs et roses très discrets, du gypsophile, des branches de romarin d'un vert très pale et des feuilles de menthe fraîchement coupées.
Pour mettre en valeur le lys miroir sans en détourner l'attention j'ai sélectionné des fleurs d'arbres fruitiers que l'on voient assez peu souvent dans l'art floral. Vous avez ici des fleurs de cerisier, d'oranger, de prunier et même des baies rouges. Pour habiller le tout d'un peu de verdure j'ai agrémenté le bouquet de quelques feuilles de fougère très peu épaisse.
Enfin, comme vous pouvez le voir, ce dernier bouquet est extrêmement sobre. Tous les éléments qui accompagnent les lys aux couleurs de l'univers sont blancs afin de mieux les mettre en valeur.
Se tenant bien droit et les mains derrière le dos il se tourna vers Haru, attendant une expression de son approbation.
Je note donc que c’était quelqu’un de confiant sur ce charme en vu de sa réponse, un excès de confiance avait le don de me rebuter surtout de manière aussi franche, le faire sous-entendre c’était bien mais de le dire à voix haute perdait tout son charme, il était encore jeune, peut-être ne faisait-il pas attention à certains de ces mots.
J’ai eu l’impression que Lerin bottait en touche, mettant un terme au jeu de la plus cruelle des façon, c’était rare que j’arrivais à cette situation, me sentant en quelque sorte désemparée par la tournure des évènements, je me concentre maintenant pour ce que j’étais venue, ces stupides fleurs pour Mère, même si elles étaient toutes magnifiques, un sentiment d’amertume m’envahit, je répondis alors à ses recommandations avec le respect qu’on m’a enseigné depuis de tendres années.
- L’anniversaire de Mère se déroule ce soir donc il n’y aura aucun soucis pour garder l’éclat du bouquet.
Il m’invite à le suivre pour retrouver la boutique finement décorée, la couleur bleue était prédominante chez eux, je trouvais celle-ci reposante me rappelant le ciel, mais aussi l’eau, c’était apaisant, j’aimais particulièrement contempler à travers la vitre de mon bureau ce subtil mélange entre le ciel azur et les jardins florissant du printemps aux mille et une couleurs. A peine assise, un de ses collaborateurs me ramène un thé vert, j’étais plus adepte du thé noir mais le thé vert avait la particularité avec le thé blanc d’avoir subi moins de transformation après la cueillette des diverses plantes.
- En tout cas, il sent très bon.
Ca se voulait sincère, je ne connaissais pas un tel mélange et ça se mariait particulièrement bien mais la problématique du thé vert c’est que l’on sent ne correspond pas forcément à ce qu’on va boire, le goût est généralement plus effacé d’où ma préférence pour les thés noir au goût intense. Il quitta la pièce avec classe, comme à son habitude et profite de ma dégustation de thé tranquillement, j’étais curieuse d’imaginer sa composition florale mais quand je vois ce qu’il a fait avec ses Lys, je ne doute pas de son talent pour le reste. Mère avait l’habitude des bouquets des autres collaborateurs de la maison Castalion, peut-être arrivera à déceler la patte d’un autre magicien cette fois-ci, ça lui tenait personnellement à coeur la composition florale.
Le voici de nouveau, j’avais posé la tasse vide sur le plateau et finit par me redresser pour observer ses oeuvres. Il avait créé un univers à chacun mettant en valeur à chaque fois la fleur de Lys à sa façon mais j’avais une préférence pour le dernier bouquet car déjà j’adorai la Lys en elle-même puis sa composition simple était une merveille, ça mettait subtilement en valeur le tout. Je me rapproche un peu plus pour mieux observer ce dernier bouquet.
- J’aime les trois compositions mais j’avoue avoir un faible pour celui-ci.
Touchant délicatement les lys blancs, je plonge mon regard dans celui de Lerin.
- On dit que la simplicité est l’habit de la perfection et ce bouquet illustre parfaitement cette maxime.
Jouant délicatement avec ses fleurs, je me perds limite dans les courbes de ces agréables plantes, les Lys, symbole de ma maison, On dit que c’est l’emblème de l'innocence et de l’amour pur mais ma famille préférait dire que si la rose était la reine des fleurs, le lys en est le roi car il a été toujours associé à la noblesse et c’était un point que les DU LYS s’accordaient tous pour la plupart. Je relâche cette étreinte et reprends une stature droite.
- Bon je crois que je vais prendre ses trois bouquets et vous adresserez la facture à qui de droit, de toute façon votre soeur a l’habitude.
Je m'apprêtais à partir mais je trouvais dommage de partir de cette façon, j’avais l’impression que je ne pouvais pas partir comme ça. J’essayais d’être plus avenante qu’il y a quelques secondes, moins formelle.
- Vendez vous aussi du thé Lerin ? Je dois avouer qu’il m’a plutôt surprise n’étant pas une amatrice de thé vert d’habitude.
C’était sincère et j’espère que cette fois-ci, il ne se contentera pas d’une réponse dans la négative.
A la recherche du lys parfait.
Tout d'abord, (1)reprendre des éléments de conversation et partager l'avis de son interlocuteur.
- Très belle citation, je devrais la graver sur mon étendard. "Simplicité est habit de perfection".
(2) Puis se rapprocher avec une touche d'humour mesuré.
Il releva les yeux vers Haru et poursuivit d'un air rieur : Tout à fait moi (hehe).
3. Un peu de flatterie.
- Je suis ravi qu'ils vous plaisent. Vous êtes une femme de bon goût ma dame.
4. Une hâlte dans le processus pour détourner l'attention de l'adversaire à travers une conversation futile.
- En effet mais vous n'en trouverez pas le moindre dans la boutique. Mère prétend que mes préparations sont encore trop expérimentales et que je n'ai pas de qualifications suffisantes. Mais ce discours est grotesque. Mes préparations sont à point, toujours soignées et que connait-elle de mes qualifications.
Enfin pour cette raison je ne les vend qu'à mes proches relations. Ainsi ils se sentent d'autant plus privilégiés. Cela gonfle un peu leur ego.
Si vous souhaitez passer chez moi un jour je vous ferais goûter quelques créations. Vous pouvez également me passer commande d'un mélange. Je peux exhausser tous vos désirs en la matière.
Lerin prit la main de Haru et s'inclina légèrement, sa fierté l'empêchant de poursuivre sa référence.
5. Puis telle une vague scélérate arrive la proposition.
- D'ailleurs, en ce qui concerne le mode de paiement, j'aimerais vous proposer autre chose. Plutôt que de simples et vulgaires cristaux que diriez-vous d'un rendez-vous.
Vous pourriez passer à la demeure Castalion pour une dégustation de thé.
Comme une plante de son jardin secret, Lerin sentit germer en lui une idée. Il s'assit auprès
- Je possède une petite maison au bord du lac, je la considère comme mon atelier d'été. C'est un endroit charmant dans lequel je me rend à la belle saison, j'y trouve de l'inspiration pour toutes mes occupations. J'y serais dès le mois prochain. En général je n'y demeure pas seul, je pars toujours avec quelques amis, vous pourriez nous y rejoindre, en votre qualité de noble.
Je constate alors que l’homme avait l’art et la manière de s’accaparer de ma citation, il ne se gênait même pas à rire de tout cela, ça se voit qu’il a quitté les rangs quelques temps, peut-être que l’étiquette lui passait par dessus, c’était déroutant de voir un noble d’une si grande famille le faire en toute simplicité, on pouvait peut-être mettre ça aussi sur le dos de la jeunesse ou que je me soucis trop des apparences, je n’en savais trop rien et en plus je n’arrivais pas à le comprendre véritablement, cet homme était plein de défis.
Envieuse de savoir pour la vente de son thé, il préfère m’annoncer sa technique de vente qu’il semble redoutable, il pourrait vendre n’importe quoi si il le présente de cette manière, l’offre et la demande, tout le monde connaît ça et encore plus si on rends le produit inacessible, un léger rictus apparaît sur le visage.
- Je vois…
Le laissant continuer sur sa méthode, je profite pour regarder un peu plus ses bouquets, ils étaient vraiment magnifiques et je trouve que ça serait limite les gâcher que les donner à Mère, ils seraient tellement plus beaux sur mon bureau ou à la maison… Lerin avait ce que tous les enfants avaient, le manque de reconnaissances de ses parents, il attendait l’aval de sa mère pour qu’elle reconnaissance ces talents, je ne pouvais rien dire, j’étais pareille mais c’était marrant de voir la situation de l’extérieur même si son égo semblait un peu démesurée, il était vrai qu’il avait du talent.
- Dois-je être compter comme une proche relation également ?
Même si je ne pense pas qu’une simple vente me permettent d’atteindre ce statut, je ne voudrais pas être considéré comme une personne qu’on doit gongler l’égo, je préfère avoir une relation sincère et honnête, non un quelconque faire-valoir, Mère me présentait déjà assez de noblions pour ça. C’est alors qu’il me prit la main, je fus étonnée au début, je me demandais ce qu’il s’apprêtait à faire mais s’arrêta rapidement quand je vois que c’était qu’une simple révérence ainsi qu’une proposition forte déroutante. Monsieur jouait au chat et à la souris mais voilà qu’il me propose un rendez-vous en quelque sorte.
- Un rendez-vous…
Laissant la phrase en suspens, j’attendais qu’il finisse avant de faire un choix, est-ce que c’était raisonnable, je rentrais sur son territoire et la situation semblait l’amuser même si je me demande qui était tous ses amis nobles qui parlent, certainement des gens de son âge, j’en étais sûre et cette idée me déplaisait, j’aimais contrôler la situation et partit dans la gueule du loup était quelque chose que j’arriverais peut-être pas à surpasser.
- Je serai ravie de passer à la demeure Castalion pour déguster un thé en votre compagnie alors et pourquoi pas poursuivre un autre rendez-vous dans votre demeure personnelle.
Cette solution me semblait plus raisonnable mais le doux son du carillon nous avertit la présence d’une autre personne, Vaha venait de faire son entrée, la jeune Castalion qui rivalisait tout autant avec son frère. Intérieurement je souriais, des deux, je ne savais pas lequel choisir, ma raison me dit que j’étais trop vieille pour ce genre de bêtises, je devrais voir des gens de mon âge mais que voulez-vous, Vaha avait toujours ce petit quelque chose.
- Bonjour Vaha, ravie de vous revoir.
A la recherche du lys parfait.
- Tiens, ma soeur. Que fais-tu là ?
- Eh bien Lerin, n'ais-je pas le droit d'aller et venir dans ma propriété. Demanda-t'elle en s'avançant vers Haru pour lui prendre la main. Puis l'on m'a informé de la présence de la dame du Lys alors je suis naturellement venue la saluer, Y-a-t'il un mal à celà.
- Non certes non, mais nous étions en pleine affaire vois-tu.
Il fit une révérence pour s'excuser auprès de Haru et prit le bras de sa sœur pour l'entraîner un peu plus loin.
- Nous avions un accord, je n'aime pas que tu interviennes de la sorte dans mes affaires.
En haussant un peu le ton - Enfin Lerin la boutique n'est pas un lieu privé, si tu désirais te retrouver seul avec elle tu n'avais qu'à la conduire à tes appartements. Et d'ailleurs qu'est-ce donc que cette réaction, tu n'agis pas de la sorte quand je fais irruption dans d'autres de tes rendez-vous ! Elle s'apprêta à poursuivre une phrase lorsque Lerin la coupa sèchement :
- N'en dis pas plus ! Je suis simplement contrarié, il ne se passe rien de ce que tu peux imaginer. Je ne VEUX pas que tu te mêles de mes affaires, je suis parfaitement indépendant et je sais bien que cela te contrarie fortement, toi dame autoritaire. Cela te blesse n'est-ce pas de savoir que tu ne m'as plus sous ton joug. Je ne suis plus ton petit soldat de plomb que tu forçais à obéir à tes ordres tyranniques !
Il tourna les talons et se redirigea vers Haru. Puis, se courbant en avant, lui prit la main et y déposa un baiser formel. L'heure n'était plus aux jeux et Lerin ressentit le besoin de s'éclipser. Dès lors son visage n'exprimait plus que de la contrariété qu'il peinait à dissimuler.
- Ma dame, je vous quitte à l'instant, d'autres affaires m'appellent. Je vous laisse en bonne compagnie, ma sœur s'occupera des finalités. Pour des fleurs ou pour toute autre demande contactez-moi. Je souhaite à votre mère un bel anniversaire et que ces fleurs la ravisse.
Il déposa un dernier baiser puis relâcha délicatement sa main. Trois pas plus tard il se courba dans une dernière référence et quitta la pièce.
Je ne pensais pas leur relation si conflictuelle même si nous avions parlé rapidement sur son frère, elle me disait généralement que du bien ainsi que son talent pour l’art florale, comme toute famille, on essaye de prétendre que tout va bien mais tout le monde sait qu’on se tappe souvent dessus même si mon jeune frère Erin est de nature très calme mais avec une mère aussi explosive que la mienne, nous sommes tous des anges à côté de ce démon.
- Je vous en prie.
Je vois les deux Castalion s’éloigner et n’essaye de ne pas trop prêter l’oreille à leur discussion qui semble houleuse, je me contente de voir les différents tableaux sur les murs mais j’entends malgré tout l’énervement de notre ami Lerin, c’était plutôt amusant de voir sa réaction qui semble presque enfantine mais passons. Je souriais légèrement quand j’entends Vaha faire une remarque sur ces autres arrivées impromptues, alors j’étais un rendez-vous spécial à ses yeux alors qu’il essaye de ne montrer qu’il était indifférent à ma personne, j’adorai sa petite soeur, toujours là pour appuyer là où ça fait mal, je note alors ça dans ma tête, il a l’habitude de jouer au séducteur… je vois.
Il laisse alors sa soeur après avoir dit certainement ces quatres vérités, j’avais fait en sorte de ne plus écouter, ça ne me concernait plus mais il vient néanmoins s’excuser de me laisser de nouveau pour ses autres affaires, donc monsieur fuit.
- Je n’hésiterai pasà faire appel de nouveau de vos services puis vous me devez une dégustation de thé non ?
Je fis un léger sourire regardant derrière son épaule en direction de Vaha, elle levait légèrement les yeux au ciel. Il attrape alors ma main, un baise-main plus tard, le voilà partit de nouveau me laissant avec sa soeur qui vient me retrouver.
- Charmant votre frère, vous ne m’aviez pas dit pour ses autres atouts.
Je l’entendis souffler de nouveau et m’invite à faire attention à son petit manège, il savait y faire avec les femmes.
- Vous connaissez mon âge Vaha et je ne pense pas que je veuille trouver un prétendant ici lui aussi de la noblesse, que de problèmes avec les familles ou autres même si la vôtre à une très bonne réputation.
Puis quitte à choisir, je préférais avoir la soeur mais elle aussi était encore plus jeune que son frère et il y avait des limites… la différence d’âge était souvent mal perçue et je ne comptais pas qu’on me rajoute cela à mon palmarès.
- Vous adresserez la facture comme d’habitude puis j’espère vous revoir bientôt, d’ailleurs j’ai des places pour le nouvel opéra à la Capitale, passez à mon bureau, je pourrai vous en fournir si vous le souhaitez.
Attrapant la main de la jeune femme, je fis un baise-main de la même manière que son frère, c’était certes peu conventionnel mais elle avait l’habitude que je lui fasse et comme toujours, je vois un léger rougissement sur ses joues. J’attrape alors les bouquets pour me diriger vers la sortie.
- A bientôt Vaha, au plaisir de discuter de nouveau avec vous.
Je quitte alors le bâtiment et prends de nouveau la longue allée pour me diriger maintenant au manoir des DU LYS.