Ashe Tuch

 Ashe est originaire d’un petit village de l’est en bordure de mer, non loin de la grande forêt. Fille de pêcheur, elle passait beaucoup de temps avec sa mère, au foyer, et beaucoup moins avec son père. Cela ne lui manquait pas plus que cela, mais il y a peut-être à voir ici un certain manque d’autorité et de soutiens dans l’éducation de la jeune fille. De ce fait, lorsque d’autres enfants la traitait de bonne à rien, eh bien elle devait se débrouiller seule la plupart du temps. Il faut dire qu’il n’y avait que très peu de filles de sa tranche d’âge, ce qui avait pour conséquence de faire d’elle une cible fréquente et facile des autres enfants. Cependant, avec les adultes, elle semblait avoir plus de succès. Après tout, il était difficile de refuser quelque chose à cette petite bouille d’ange. En revanche, Ashe ne le comprenait pas comme ça. Elle ne comprenait pas que la raison pour laquelle elle obtenait ce qu’elle souhaitait était simplement parce qu’elle était une petite fille mignonne ne demandant des choses pas bien méchantes. Pour elle, il y avait un truc à identifier, et c’était sûrement là son seul atout pour se venger des garçons de son âge.

 C’est aussi bêtement que commença la lente décadence de la jeune fille, à racketter par la menace et le chantage les autres enfants, tout en continuant à jouer les innocentes auprès des adultes alors qu’elle commençait à l’être de moins en moins. Et son petit jeu pouvait continuer longtemps ainsi. Après tout, aucun de ces garçons n’irait se plaindre de se faire malmener par une fille frêle et sans défense. La honte. Ce n’était qu’une chose de plus que la jeune Ashe découvrit petit à petit et qui ne fit que renforcer son égo.

 Les années passèrent et Ashe voyait de plus en plus gros. Avec l’argent plus ou moins honnêtement gagné, elle s’achetait des vêtements déraisonnablement chers. Pour sûr, cela ne passait pas inaperçu dans le village. Vers l’adolescence, Ashe commença à étendre ses magouilles doucement vers les adultes. En soi, cela n’était pas toujours un mal puisqu’elle parvenait périodiquement à convaincre des nobles de passage de la qualité exceptionnelle des denrées et autres marchandises du village. Seule ombre au tableau : plus elle grandissait et moins l’atout de mignonne petite fille était efficace, urgent davantage le besoin de développer d’autres méthodes, l'appât du gain la poussant de plus en plus dans des voies malhonnêtes et, en l’absence de redressement digne de ce nom, l’y installant de plus en plus fermement.

 Quand elle fut adulte, elle commençait à vraiment voir les choses en grand. Le rayon d’action de son petit village ne lui suffisait plus, et elle songeait fortement à tenter sa chance à la capitale, là où elle pensait pouvoir avoir un impact certain sur la politique du royaume, que ce soit par les voies officielles, ou par les recoins de rues flirtant avec l’illégalité. Chaque jour passant lui permettait de concrétiser ce projet, mettant de côté une somme qu’elle jugeait nécessaire pour se faire une place à la capitale, jusqu’au moment où elle prit finalement son envol. Son plan semblait plutôt bien rodé. Elle devait commencer à se créer un réseau de connaissance notable assez rapidement pour ensuite pouvoir servir de relai entre les gens ou de mine d’information, moyennant finance. Il n’y avait aucune raison d’après elle pour que cela ne fonctionne pas, son but ultime inavoué étant de tirer elle même les ficelles du royaume. Une ambition immense en soi, mais à la hauteur de l’égo de la demoiselle.