Fräulein von Dorn

Du plus loin que tu t’en souviennes, la vie à toujours été ainsi, une rose. Symbole d’amour et de passion ; de rêve et d'inaccessibilité… une palette aux possibilités de nuances infinies. Une beauté sans pareil, protégeant innocence d’un linceul d’épine… Fleurissant de rayons d’affection, fanant d’affliction et de solitude sans pareil. Mais allez savoir pourquoi, cette manière de vivre, tu l’avais toujours su tienne.

Il y a déjà 16 ans, tu avais naquis bougeon d’un amour juvénile, fléau d’un avenir certain. Délaissée d’une génitrice au bord d’un arbre sacré, ses jupons entachés de vermeille, elle espérait que tes cris se résoudraient à interpeller les prédateurs de la forêt. Existence éphémère, sans nom… tu ne serais bientôt qu’un souvenir lointain en ce monde ayant fait de ton corps un jardin d’efflorescence; de rose et de malédiction..

Une éclipse lunaire caressant les bois d’une teinte équinoxiale, un Behemot désireux eu vent de tes pleurs. Aux portes d’un éden infantile, un homme distingué survenu de ses loyal. Il était noble, désireux de ces créatures néfastes. Après un combat acharné ou la créature achevée avait épuisé son dernier souffle, ce même homme te remarqua. Eve, dénuée d’étoffe - un corps ayant laissé place de ses roses aux ronces déplaisantes. À cette même époque l’homme fut interloqué - quel était ce pouvoir qu’il pourrait posséder ? Désireux de détenir une perle rare, il t’adopta - Toutefois, loin de faire de toi une “personne” existant aux yeux du royaume, il garda ton existence secrète… Pour lui, tu ne serais bientôt plus qu’un objet.

Fräulein t’avait été attribuée et au fil des années, tu avais appris que ton existence ne se résumerait qu’à servir et obéir. Éduquée dans une cage dorée, tu n'avais jamais connu la beauté des extérieurs, chaque fenêtre te séparant d'un monde extérieur que tu avais peu à peu oubliée de convoiter.

Il fallut quelques années à ce noble afin de comprendre les significations des roses cajolant ton corps innocent. Six-ans à peine que tes mains étaient rentrées en contact avec le ventre de cette dame partageant ton quotidien; des bourgeons. Que tes mains avaient touché le bras d'une vieille femme; des roses fanées... Une naissance proche et une mort certaine. Il avait ainsi usé de toi à bien des occasions à cette même époque... Savoir la réussite, l'échec; la naissance, la mort...  La chance avait toujours été à ses côtés et peu à peu tu t'épuisais.

Ses loyals s'étaient eux aussi mis à te frôler, avide de connaître leurs destins. C'est à cette instant que le noble se mis à douter. Ton corps avait annoncé bon nombre de réussites... et pourtant, peu étaient rentrés ce jour là. Ou était cette défaillance chez toi ? ... Les erreurs s'enchaînaient et bientôt, tu n'eu le droit qu'à l'intérieur d'une pièce sombre et close.

9 ans déjà, où chaque résultat devenait récompense ou affliction. Des tendresses aux génitalités de ses hommes assoiffés de perfidie. De longues années amères où les fleurs submergeant ton corps de jouvencelle ne devinrent qu'un jardin de ronce éternelle. Blessée de nombreuses souffrances, peu à peu, l’homme distingué eut lui aussi des doutes quant à l’efficacité de ton pouvoir, lui qui le pensait intense et sans failles.

À 15 ans même, ton abdomen avait rencontré la vie. Un blâme que tu n'avais jamais ressenti à l'encontre de l'enfant naissant en toi, un enfant que tu ne percevrais jamais. Tu l'avais perdu bien assez vite, trop faible, incapable de te battre pour lui.

Submergée d'une douleur sans fin, il usa une nouvelle fois de toi, usant de ton pouvoir pour connaître le résultat d’un combat. Affaiblie, la réponse blafarde lui insista à partir ce soir-là. De tes fleurs lui ayant indiqué triomphe, c’est à l’aube que ce dernier rentra gravement blessé. - Il avait toujours eu de la chance… La probabilité d’un échec l’ayant trompé ce soir-là. Estimé inutile suite à ce résultat, il ordonna à ce que l’on se débarrasse de toi... jeter dans la rue, tu n'étais désormais plus rien.