Et alors qu’un soupir porta une gorgée délicate, le garde remarqua une jeune demoiselle dans le coin de la taverne. Elle semblait seule, triste. Du moins, c’est ce que laissait supposer sa position presque meurtrie, allongée sur la table. Voyant bien que de toute façon, la solitude ne semblait réussir à aucune d’eux, Owain se leva de son tabouret pour venir la rejoindre. Elle devait avoir tout juste la vingtaine, un doux carré roux rayonnant. Elle aurait pu paraître des plus délicates si jamais elle était positionnée correctement. Mais le simple fait d’être allongée sur une table, lui donnait une mauvaise impression.
« Déjà trop bu ? »
Demanda-t-il d’un air malin avant de s’asseoir à ses côtés sans le moindre gène.
« Qu’est-ce que la table te raconte de beau ? »
Se moqua-t-il sans savoir qu’il était totalement dans le vrai.
Les jours de repos étaient normalement les jours que Sax affectionnait. Adieu le tablier de travail, bonjour les robes chatoyantes et le pas de plus pour son futur mariage. Ces jours là elle pouvait s'engager totalement dans la recherche d'un bon parti. Au pire elle pouvait au moins se consoler en récupérant quelques potins ici et là.
Oui, cela aurait dû être une bonne journée.
Mis cette fois-là, cela avait été catastrophique. D'habitude, elle se prenait un refus ou un regard de dégoût qui suffisait pour lui faire comprendre que ce n'était pas le bon. Mais c'est fois les gardes étaient venus pour qu'elle arrête de déambuler dans le quartier aisé. Ce n'était pas si surprenant, peut-être qu'un noble l'avait remarqué plusieurs jours de suite et l'avait prise pour une cambrioleuse ou une croqueuse d'homme.
Sax était profondément blessée qu'on l'imagine dans le crime. Bon, elle avait en réalité déjà essayé d'ouvrir un coffre d'une personnes des hautes il y avait des années de cela, mais on avait bien le droit de se tromper! Alors elle décida que soir là, elle noyerait son chagrin dans l'alcool.
La demoiselle était arrivée sans doute quelques heures avant le garde royale. Elle s'était affalée sur la table, se plaignant à cette dernière de sa misérable vie. Plus que bourrée, elle était surtout frustrée que son plan de vie ne se déroulait pas comme prévu.
Pendant ses lamentations. Elle entendit le jeune homme s'asseoir mais elle ne prit même pas la peine de lever la tête. Elle fut déjà lasse en entendant sa voix moqueuse. Elle mamona à sa nouvelle meilleur amie de bois pour qu'il ne puisse pas entendre:
"C'est qui ce mec ?"
Elle lui répondit qu'il était Owain, un garde royal qui s'occupait de la protection de la princesse. La serrurier soupira, se disant qu'il ne pourrait qu'une nuisance. Elle était déjà bien trop atteinte pour qu'elle puisse se dire qu'un titre aussi prestigieux pouvait conduire à la noblesse. Elle avait déjà décidé que c'était un gêneur avant même de le voir.
Alors que le soi-disant Owain lui demandait ce pouvait bien lui raconter le meuble, elle se redressa d'un coup, tapant du poing avec en écho le cri de douleur de l'objet inanimé. Elle ne se demanda pas une seconde comment il savait pour son don, de toute évidence, il ne pouvait pas, elle vociféra dans la direction du jeune homme :
" AU MOINS ELLE A DE LA CONVERSATION ET ELLE N'APPELLE PAS LES GARDES PARCE QUE TU TRAINES UN PEU TROP VERS LES DEMEURES! POURQUOI VOUS LES HOMMES VOUS ÊTES TOUS DES LACHES, OWAIN?"
Elle reprit son souffle, dévisageant le jeune brun, encore en colère. Si cela avait été autre part, elle aurait sans doute attirée l'attention, mais une femme bourrée engeulant un homme était monnaie courante. Elle soupira et croisa les bras et ajouta, cette fois avec un peu plus de retenue:
" Tu devrais te racheter pour la gente masculine en m'offrant un verre, au moins tu seras utile..."
Ce n'était qu'après qu'elle réalisa qu'il était quand même vachement mignon.
Répondit-il finalement, une fois revenu à lui-même. Parce que, si Owain avait pu imaginer d’innombrables réponses quant à son approche, jamais il n’aurait imaginé se faire gronder avec une telle force par une demoiselle, dont l’allure paraissait si frêle. Il était tout aussi troublé à l’idée qu’une parfaite inconnue puisse connaître son nom, mais bon, il ne fallait pas être si peu étonné dans le sens où elle était tout à fait capable de le connaître de loin, ou bien d’avoir une capacité lui permettant de connaître le prénom de son interlocuteur, qui sait ? Bien qu’au fond, malgré tout, il n’arrivait pas à comprendre l’essence de ces cris. Qu’elle était donc cette histoire de garde et de demeures ?
« J’ai toutefois connu meilleur accueil. »
Bien qu’Owain en déduit que la demoiselle avait sans doute bien trop bu, si l’alcool la rendait violence, le garde allait en perdre tout son intérêt. Il était venu la rejoindre parce qu’elle semblait tout aussi seule que lui, et qu’il avait envie de se divertir un peu. L’engueulade n’était pas source de divertissement, du moins, il pouvait facilement en avoir au palais et ça lui suffisait amplement. Pourtant, d’un haussement de sourcils, il fit un signe au patron de la taverne pour qu’on réserve à la demoiselle sa dernière commande. Et qu’on le réserve lui aussi, d’ailleurs. Cette histoire lui piquait sa curiosité, et si tout cela venait à dégénérer le garde pouvait de toute manière, partir après son verre.
« Si tu traînes trop autour du palais, c’est un peu normal que les gardes viennent de chercher. »
Tenta-t-il sur le son de la rigolade avant de tirer une chaise près de la rousse pour s’asseoir à sa table.
« Qu’est-ce que nous t’avons fait exactement, pour qu’une table soit d’une meilleure compagnie que ma personne ? »
Parce qu’il était peut-être un peu blessé dans son estime, même si Owain ne s’en rendait pas totalement compte. Continuant sur cette lancée qu’une table pouvait entretenir une quelconque conversation. Les consommations furent déposées sur leur table, le garde attendant de plus ample explications tout en finissant son verre initial d’un trait.
Sax s’était calmée rapidement, avouons qu’elle n’était pas mécontente qu’un bel homme lui parle avec autant de délicatesse. Bon peut-être aussi parce qu’il lui offrait un verre. Cela resterait un mystère. Il était un peu trop tard pour les mignonneries, mais elle décocha un sourire chaleureux quand elle récupéra sa pinte.
« Merci! Tu rachètes un peu la cause!»
A vrai dire, cela fait un petit moment que la rousse n’avait pas discuté avec un inconnu sans que ce soit avec un regard de dédain ou avec une lance en trousse. A cette pensée elle vérifia derrière lui s’il n’était armé. Rapidement, elle se redressa, avec une légère moue. Elle n’avait rien fait de répréhensible, elle n’était qu’une fille qui recherchait un bon partie pour sortir de sa vie minable. Mais pouvait-elle le dire à un garde qui pourrait réduire à tous tes efforts à néant pour son entourage, sachant qu’Owain côtoyait à minima la famille royale ? Elle marmonna, sans l’ombre de honte :
« Les nobles se rencontrent dans des fêtes privés auxquelles je n’ai pas accès. J’ai pensé que si j’en rencontrais un par hasard il pourrait m’inviter… C’est interdit d’espérer ? »
Totalement au vu de ce que la serrurière venait de sortir. Peut-être espérait-elle qu’il ait un peu d’empathie pour elle, ignorant totalement qu’il venait d’une grande famille. La demoiselle but une gorgée, bien plus précautionneusement que son camarade que beuverie. Finalement, elle était moins bourrée qu’elle ne l’aurait soupçonné et de ce que avait pu dire son amie de bois. Et toc. Elle s’éclaffa toute seule, hors du temps. Elle ne se disait même pas qu’Owain pourrait trouver son attitude étrange, après tout pour elle, il s’avait pour son don. D’humeur bien plus légère, la jeune femme se rapprocha du brun, et répondit sur le ton de la confidence :
« Mais tout un tas de choses ! Tu n’imagines pas qu’une table peut savoir. Elle connait tous les déboires de cœur, le produit pour laver du proprio, même les affaires pas très licites de ce royaume ! Tu veux savoir ce que se disent les deux vieux au bout ? L’alcool délie les langues si facilement… »
Elle en était la preuve vivante si elle n’était pas dans le déni. Sa journée avait été un fiasco, mais ce n’était pas si désagréable de boire avec autrui. Bon sa vie amoureuse était désastreuse, mais tant pis. Elle en oubliait presque à quel point elle avait été odieuse.
Peut-être était-ce un don d’avoir une mémoire si sélective.
Si c’était interdit ? Dans l’idée, non. Mais, si elle venait à être indiscrète ou déranger la bonne quiétude d’un noble, celui-ci pouvait rapidement s’en plaindre et elle serait sans le moindre doute considéré comme en tort. Qu’importe la raison de sa présence. Bien que ce genre de méthode pût être pour la moins indécente, l’idée, lui paraissait tellement normal qu’Owain n’en était pas vraiment étonnée. Bien que pour qu’un noble accepte d’inviter une non-noble dans l’une de ces fêtes huppées, une simple rencontre par le biais du hasard n’était pas vraiment possible. Sauf si Lucy était de son côté, et encore, cette chance semblait pour le moins inatteignable. Ainsi, l’espoir pour certaines personnes, était une source de vie qui pouvait parfois, s’avérer très dangereuse. Car il existait certains nobles dont l’on déconseillerait la rencontre, tant le caractère et leur envie de pouvoir pouvaient s’avérer des plus délicates. Une demoiselle à l’allure si naïve bien que semblait posséder un caractère bien trempé, pouvait facilement être enrôlé dans de sombre histoire.
Abandonnant finalement sa boisson, la reposant sur la table. Owain se retourna pour jeter un coup d’œil derrière lui afin d’observer les deux personnes qu’évoquait la demoiselle. Ils n’étaient pas spécialement très loin, mais assis dans un coin de la taverne. Leurs mots totalement inaudibles à cause des différents bruits présents dans le bâtiment.
« Les tables communiquent entre elles ? »
Questionna finalement le garde sans vraiment comprendre, autant la conversation que ses propres paroles. Une légère moue qui prend forme sur son faciès lorsqu’il repose son regard sur la rousse.
« Ils ont l’air d’avoir quelque chose d’important à se raconter, ça à l’air animé de leur côté. »
Une invitation à ce qu’elle imagine leur discussion, vue que cette histoire semblait amusante.
L’amusement était palpable. Sax but une gorgée du nectar, se consacrant totalement à son interlocuteur. Sa question était pertinente, ce qui ravit davantage la jeune femme. Elle se redressa pour mieux observer leur cible. Deux hommes dans la quarantaine gesticulaient comme des asticots, elle imaginait qu’elle n’était pas vraiment à leur première tournée. Est-ce que le garde voulait la voir à l’œuvre ? Elle ne se ferait pas prier très longtemps. Elle lui répondit alors, avec un léger rire qui n’augurait rien de bon :
« Non hélas elles sont trop loin pour communiquer. Mais les lattes en bois sont quant à elles plus curieuses… Laisse-moi un instant ! »
La rousse posa sa pinte et elle se laissa tomber avec élégance pour toucher du bout des doigts le plancher. Ce contact visqueux – pourquoi avait-il choisi un tel matériel si c’était pour qu’il se salisse aussi rapidement - l’aurait dégouté en temps normal, mais elle s’était donné une mission qu’elle devait accomplir. Elle susurra à elle-même de quoi parlaient les deux vieux. Un retour que seule elle pouvait entendre la fit sourire et elle explosa de rire. D’un œil extérieur, elle devait sembler totalement torchée, mais elle n’en était pas consciente. Dans cette naïveté caractéristique, elle se rassit à peu près normalement et elle chuchota à l’oreille de son complice de crime :
« Ils sont partagés une même femme et ils ont tous les deux eu… la chaude-pisse ? Je ne sais pas trop ce que c’est, mais il semble que l’un a donné l’adresse de la fille et du coup il rembourse en bière. Ils en sont à leurs treizièmes tournées. »
A vrai dire, leur secret ne l’intéressait pas plus que ça en cette soirée. Elle voulait juste se faire complimenter, elle qui s’est fait poursuivre pour de mauvaises actions toute la journée. Elle renchérit, les yeux pétillants :
« C’est plutôt cool avoue ! Et toi tu sais faire quoi, à part susurrer des mots doux aux jolies demoiselles ? Laisse-moi deviner… Tu peux garder tes dents blanches en toutes circonstances ? »
Elle était sûre de se tromper, mais elle ne désirait que faire la conversation. Elle voulait juste une petite pause dans sa chasse au noble. Elle finit sa pinte et souffla de contentement. Sax buvait vite et pouvait rapidement se laissait aller aux vapeurs d’alcool. Elle profitait de cette parenthèse dans une taverne sordide avec un garde qui s’amusait d’elle. Que ce soit en bien ou en mal, la serrurière s’en fichait éperdument.
Elle avait d’ailleurs une irrésistible envie de danser.
Ainsi, déposant sa pinte sur la table, le garde s’en vient à se retourner pour observer les deux hommes sans le moindre gène. Sa lèvre inférieure qui se met en avant sur le reste de son faciès, une expression raisonnant comme un « not bad » face à cette nouvelle. Et tandis que son regard retournait sur sa destinatrice, la tête bougeant de bas en haut comme un écho d’accord qui ne s’avait pas s’arrêter. Owain était, d’une certaine façon, assez impressionnée par cette jeunesse.
« Effectivement, c’est assez cool. »
Bien qu’en vérité, le garde ignorait totalement où était l’essence de coolitude dans toute cette histoire. Et ceux, même si ses mots étaient plus que sincère. Lui-même incompris face aux événements. Mais aucun mensonge ne sortait réellement de son cœur. Puis d’une certaine fierté, sa tête qui s’incline un peu vers l’avant, mais aussi le côté droit de son corps. Sa joue gauche qui se plie face à son demi-sourire tandis que ses yeux se referment d’un air satisfait.
« Ça et aussi le fait que j’ai un humour sensationnel. Je ne connais personne qui arrive à lui résister. »
Léger clin d’œil en sa direction, Owain n’était pas idiot au point d’ignorer que tout le monde le trouvait lourd. En vérité, rare étaient les gens qui rigolaient de ses histoires, du moins, d’un rire véritable. Si ce n’était sa propre personne.
Un rire cristallin naissait au fond de sa gorge, ou du moins ce fut ainsi que Sax le ressentait. Owain était un bon camarade de galère, et elle était étrangement réceptive à son humour qu’elle aurait peut-être détesté dans un autre contexte. Elle pardonnait facilement les beaux garçons qui lui payaient des pintes. Cette situation était tellement rare qu’elle pouvait bien se permettre ce genre de faiblesse.
« C’est un joli don ça ! Tu me l’échanges contre ma réserve de potins illimitée ? »
Elle était à moitié sérieuse. La rouquine faisait tourner sa choppe sur elle-même, sifflotant un chant totalement faussée par l’alcool. Elle vaquait dans ses pensées, se demande si avec un peu plus d’humour elle pourrait atteindre ses objectifs. Est-ce que les nobles aimaient les femmes amusantes ? Elle s’était tellement pliée pour entre dans le moule, mais il semblait que cela n’était suffisant.
Il faisait noir tout d’un coup.
Sa gaîté disparut aussi rapidement qu’elle était apparue. Au final, elle finissait toujours dans un bar ou bien seule dans sa chambre. Voilà bien un triste destin pour une demoiselle ! La serrurière soupira bruyamment. Si elle était garde royale, peut-être que sa vie serait bien plus simple, comme celle de son camarade qui ramassait les dames esseulés. Elle le zieutait, osant finalement lui demander après quelques secondes d’un silence gênant :
« C’est dur de devenir garde royal ? J’veux dire tu penses que ça gagne mieux que de réparer des portes ? »
Enfin il faudrait déjà qu’elle sache se battre ce qui n’était pas gagné. Elle n’avait pas les capacités de devenir aventurière, Sax tenait un minimum à sa vie. Mais peut-être que chasser des brigands lui donneraient l’impression d’une vie un peu moins vide de sens. Malicieusement, elle se pencha vers le beau brun et plaisanta avec un charme faussé par l’odeur de la bière :
« Tu m’écriras un lettre de recommandation, n’est-ce pas ? »
Elle n’y croyait pas un seul instant, mais tant qu’elle pouvait chasser le spleen qui s’immisçait dans son cœur, la rousse était prête à se ridiculiser un peu.
« L’offre est incertaine, mais j’achète ! »
L’avant de son torse qui s’était relevé tandis que le coude plié était venu confronter sa main sur la table, comme une claque bancale pour signifier l’accord du deal entre les deux parties.
« Oups pardon. »
C’était aussitôt rattrapé Owain de souvenir qu’il était en compagnie d’une demoiselle capable de taper la causette avec les tables. Il ne voulait pas soudainement se faire agresser par son geste des plus déplacé, espérant qu’il ne lui avait ainsi, pas fait mal. Et cette simple pensée lui fit sortir un nouveau rire. Un rire très vite arrêté net lorsqu’elle évoque la garde royale. Un silence précis qui l’observe, oublie rapidement tout ce qu’il avait pensé auparavant. Peut-être que la demoiselle pouvait vraiment parler aux meubles, qui connaissaient mainte et mainte chose pouvant discuter entre eux-mêmes. Car dans le cas contraire, tout cela était bien étrange. Lui qui n’avait pas évoqué la garde royale, son appartenance à la garde pouvait potentiellement être supposé avec sa dégaine, bien qu’on aurait pu penser à un aventurier par moment. Mais le reste le questionnait vraiment.
« A moins que tu répares les portes du palais, c’est sûr que travailler là-bas doit être bien mieux payé que tout le reste. »
Ou presque. Étant donné qu’Owain avait fait cela toute sa vie, il ignorait le salaire que recevait le reste du monde.
« Qu’est-ce qui te dit que je peux te faire une lettre de recommandation ? »
Demanda-t-il finalement pour éclaircir le mystère une bonne fois pour toute, un sourire au creux des lèvres.
A l’impact, Sax grimaça, non pas pour le sort de cette pauvre table, mais pas le sermon qu’elle recevrait de cette dernière pour les agissements de son camarade. Elle n’était pas allée de main morte non plus durant cette soirée. Elle caressa distraitement le bois comme pour se faire pardonner, sans pour autant être certaine qu’elle s’en rappellerait le lendemain matin.
Ses pensées étant trop préoccupées par le mignon brun.
Mais sa réponse te faisait simplement réaliser son existence dérisoire. Son sourire disparut et son regard se perdit dans la taverne. Elle n’était qu’une serrurière qui ne cherchait qu’un bon parti, elle n’avait aucune capacité extraordinaire pour le combat. A la limite, la rousse pourrait devenir voleuse, mais la malédiction de son père l’empêchait de trop s’aventurer dans les chemins sombres. Un soupir et elle abandonna l’idée de sa reconversion. L’alcool ne l’aidait pas à être intransigeante sur les questions d’avenir.
Toutefois la question d’Owain la surprit. Elle pencha légèrement, la tête ne comprenant pas comme il pouvait l’ignorait. Elle parlait depuis tout à l’heure aux tables, il devrait se douter qu’elle avait pu lui demander des informations le concernait. La jeune femme fronça les sourcils et souffla avec exaspération :
« Owain, la table. La table a réponse à tout. »
Cela pourrait être le dialogue d’une femme seule et enivrée, mais ce n’était pas le cas, du moins pas totalement. Sax se redressa s’étirant de tout son long. Elle n’avait cependant plus rien à cacher, elle avait bu avec lui ce qui réduisait ses chances de le séduire à néant, elle en était totalement consciente. De toute manière, elle n’avait pas forcément réalisé qu’être de la garde pouvait aussi être synonyme de noble. Pour la demoiselle, Owain a été son exutoire d’un soir, un charmant exutoire cela dit. Un sourire se dessina sur les lèvres.
« Laisse tomber, de toute façon je finirais empalée vu ma chance… Je vais pas tarder non plus. »
Elle n’avait pas envie de repayer un verre ou que son camarade de beuverie prenne pitié d’elle encore une fois. Elle lui tendit la main, plissant les yeux amicalement :
« C’est Sax en fait, si on se recroise un jour je t’offrirais un verre pour la cause féminine ! »
Elle ne venait qu’à l’instant qu’elle ne s’était pas présentée. Si elle voulait savoir, elle avait les tables et les chaises qui pouvaient la renseigner, mais le commun des mortelles n’avait pas cette possibilité.
Elle en venait presque à apprécier son pouvoir, c’était pour dire à quel point elle avait bu