Vyce Ostvald

Il est le premier fils d’un homme fortuné et d’une noble élevée dans la culture des arts militaires. Marchand de son métier, son père voyageait par monts et par vaux pour se procurer des denrées précieuses, et témoignait son affection à l’égard de son jeune fils au travers de cadeaux somptueux. Aussi jamais n’eut-il de mots blessants ou décourageants à son encontre : il vivait avec la certitude inexplicable que son enfant accomplirait de belles choses. Sa mère, plus sévère et plus difficile à déchiffrer, l’aimait avec la maladresse propre aux guerriers accomplis. Elle taisait son agacement à l’instant où celui-ci surgissait, par peur de l’effrayer, et disparaissait sans un mot, à sa grande incompréhension.

Enfant remarquablement perspicace et à la mémoire exceptionnelle, Vyce n’était pas facile à vivre : il prenait plaisir à aller à contre-courant des valeurs d'excellence familiales. Ses proches comptaient sur quelques habiles négociations afin d'assurer son avenir incertain : le faire nommer assistant trésorier, le marier à la parente d’un ministre... Alors par esprit de contradiction, Vyce s'engagea à l'académie militaire à ses douze ans, avec l'aval de son bienveillant géniteur — même s'il n'avait jamais manifesté la moindre aptitude (ni le moindre intérêt) pour le maniement des armes, au grand dam de sa mère. Une décision secrètement motivée par sa cadette de sept ans, Amelia, dont il jalousait le génie combatif et le don. Tout juste compétent, mais d'une suffisance révoltante envers ses camarades d'infortune, ce fut non sans difficultés qu'il parvient à bout de la formation et intégra la garde civile.

Son caractère changea avec les années, en partie grâce aux rencontres qu’il fit et aux expériences qu’il eut lors de ses déploiements. Léonard, un collègue qu’il appelait affectueusement son frère, était malicieux, espiègle, avec des rêves plein la tête et la main sur le cœur. Klaire, une condisciple, ne manquait jamais de le reprendre lorsqu’il commettait des écarts, cependant sa franchise austère dissimulait une grande douceur qu'il aimait par-dessus tout. Tout deux étaient attentionnés, patients, parfois maladroits dans leur zèle de justice, mais une chose était sûre : une profonde amitié les unissait.

Malheureusement il y a cinq ans de cela, Vyce et Klaire revinrent d’une mission de reconnaissance au sein de la grande forêt en portant le corps ensanglanté de Léonard. Les rapports officiels décrivaient succinctement une rencontre infortunée avec un infernal, mais tous trois s'étaient enfermés dans un mutisme douloureux quant aux circonstances exactes, effilochés peut-être par l'horreur de leur débâcle. Apte à retourner à son poste, Vyce ne tarda pas à regagner sa place dans la garde, mais ne pouvant plus supporter les silences accusateurs et les regards peinés de ses confrères, il la quitta quelques semaines après l'accident.

Depuis, le jeune homme parcourt le monde à la recherche de quelque chose. On dit de lui qu’il tend la main à ceux qui doutent, qu’il sourit à ceux qui aiment, et qu'il accepte couramment de venir gratuitement en aide aux plus démunis. Un aventurier ordinaire, accommodant, sans histoires... et cela lui va.