Vêtue d'une veste en cuir qui lui serrait à la peau, la jeune fille n'était pas la plus voyante dans la salle. Un coude sur la table isolée au fond de la taverne, sa main tenait sa tête tandis qu'elle son doigt dansait sur le bord du verre d'alcool à présent entamé. Ses cheveux rouges tombaient sur le devant de ses yeux verts, signe que son apparence était la dernière des choses dont elle avait pris soin ce soir-là. Sa cicatrice sur son oeil droit était particulièrement visible, alors que son regard reflétait celui d'une personne fatiguée, au contraire de toutes ces personnes présentes ce soir.
En effet, les gens riaient. S'amusaient. Criaient. Krysta ne les enviait même pas, elle ne comprenait pas comment ils pouvaient être heureux autour d'une boisson en criant des paroles débiles dénuées de tout sens. Elle s'efforçait de ne pas regarder le coin de la taverne où elle était persuadée qu'un de ces ivrognes l'observaient depuis le début de la soirée. Elle n'en avait que faire, à vrai dire, tant qu'il ne s'approchait pas. Le verre se vidait petit à petit, et l'amertume de la boisson disparaissait peu à peu, tandis qu'elle n'arrivait pas à ôter ses souvenirs de son esprit. Ce soir, c'était sa sœur qui lui manquait, à moins que l'alcool ne lui avait déjà fait resurgir des pensées nostalgiques. La jeune fille levait son verre pour le finir quand elle aperçu l'ivrogne se lever avec difficultés. Non, pas question que cet horrible personne ne vienne gâcher sa soirée monotone. Krysta se levait à son tour en direction du bar afin de perdre l'homme de vue. Ses yeux verts cherchaient à présent le serveur.
- N'importe quoi, mais autre chose que ce que vous m'aviez donné. Tiens, la même chose qu'elle, en faite.
Elle, c'était Yvlamir. Sa boisson colorée lui avait fait de l’œil, alors que son regard se posait plus particulièrement sur la femme qui l'avait commandé. Enfin, l'homme. Difficile à dire, en faite, mais peu importait la néo-aventurière qui ne voulait que boire ce soir là. Enfin, c'était jusqu'à ce que ses yeux ne s'arrêtaient sur la plaque accrochée à sa ceinture. Une garde. Il fallait qu'elle s'asseye à côté d'une garde.
- En faite... Non. Je ne me rabaisserais pas au goût de ces immondes personnes. Donnez-moi... Ca.
Krysta avait ciblé une boisson un peu au hasard, sur le comptoir. Voilà qui ferait l'affaire. La simple présence d'Yvlamir l'avait exaspéré ce soir, qu'est ce qu'un garde pouvait bien faire à cette heure pareil dans une taverne ? Cette bande d'incapables ne servaient donc qu'à se remplir le foie d'alcool la nuit, et à lustrer leurs épées le jour. Krysta continuait d'observer la garde avec un regard de dégoût, avant de revenir à son verre d'alcool fraîchement servi, dans lequel elle trempait ses lèvres. Ses pensées étaient à présent occupées par l'idée que des innocentes personnes avaient probablement besoin d'aide pendant que cette bonne à rien se goinfrait d'alcool. Aussitôt aura-t-elle terminé son verre, aussitôt elle serait parti aussi loin que possible de cet endroit maudit, elle en était certaine.
C’était toujours comme ça, quand tu sortais.
Les humains étaient stupides et avaient décidé de ne pas te foutre la paix. C’était rare que tu ne finisses pas par te mesurer à quelqu’un et/ou que tu déclenches une bagarre générale, mais tu t’en sortais toujours et il y avait des gens qui n’apprenaient pas de leurs erreurs ; oui, ces abrutis en redemandaient quand ils te revoyaient – du moins, s’ils étaient restés conscients et lucides suffisamment de temps pour te reconnaître. D’ailleurs, t’apercevoir coupait le souffle et la parole à plus d’un, quand on priait pour que tout se passe pour le mieux. Généralement, si ces individus décidaient de s’imposer et rester sur place, un regard suffisait à leur faire comprendre que tout se passerait bien du moment qu’ils ne te faisaient pas chier.
Quoi qu’il en soit, en attendant qu’on t’apporte la nourriture que tu avais commandé, on te servit un cocktail que tu avais l’habitude de boire. Il était coloré, mais tu ne voyais que plusieurs nuances de gris et quelques touches de vert. Là où d’autres l’auraient choisi pour son apparence, tu ne le faisais que pour son goût et son arôme. C’était aussi exotique et fruité que corsé, mais le fait que l’acidité, la douceur et l’amertume soient aussi équilibrés dissimulaient l’alcool qu’il contenait – et ce, d’une façon assez traître, notamment quand on n’a pas l’habitude de boire outre mesure.
Toi, tu étais une buveuse aguerrie.
Ça passait crème, toujours.
Même si tu n’avais pas baissé la garde, tu ne prêtais pas trop attention aux autres clients. Tu voyais leur mouvement, tes yeux partaient vers les formes qui se déplaçaient rapidement et les sources des bruits brusques, mais tu ne t’y attardais pas longtemps. Le visage neutre, les épaules affaissées en semblant l’air détendu, tu mâchouillais la brochette de fruits qu’on avait plongé dans ta boisson, quand une gamine attira ton attention. Sa petite scène empreinte de mépris te fit plisser les yeux – pas parce que tu t’étais senti visé, mais parce que tu cherchais à la voir mieux, malgré ta myopie. Tu ne reconnaissais ni son odeur ni sa voix, alors, si tu te souciais un minimum de l’avis d’autrui, tu te serais demandé pourquoi est-ce qu’elle semblait te détester sans te connaître.
Ou peut-être que si… après tout, tu n’étais pas anonyme.
Tes exploits et méfaits étaient connus de beaucoup…
Tout comme les rumeurs qui couraient à ton sujet.
Sans un mot, tu engloutis les morceaux de fruits, posant la barre métallique sur le comptoir. Ensuite, ignorant l’aventurière de la même façon que tu ignorais le reste des clients, tu commenças à boire ton cocktail. Les amuse-gueule ne tardèrent pas à arriver, tout comme les emmerdes : des soûlards s’étaient mis en tête de harceler l’une des serveuses. Si la jeune femme n’avait pas été aussi mal à l’aise et que ces abrutis n’avaient pas été aussi insistants, tu aurais laissé couler, mais ils étaient deux contre une vingtenaire à peine capable de porter un plateau. Sans préavis, tu récupéras l’aiguille de la brochette et la lanças en direction du trio – celle-ci se planta sur la table, pas très loin d’un des ivrognes. Ce projectile qui se trouva dangereusement près de son entrejambe lui fit tout arrêter. Énervé, son pote chercha du regard la personne qui avait osé faire ça – non sans gueuler, par la même occasion.
— Arrête de gueuler comme porc et ferme-la. Dana ne veut rien savoir de vous, alors, n’faites pas chier. lanças-tu d’une voix neutre, mais autoritaire, avant de finir ton cocktail d’une traite. Aussitôt, tu quittas ton tabouret, passant une main sur ton cou. De l’air.
Qu’est-ce qu’ils baragouinaient…
Tu n’avais pas compris grande chose d’autre que les menaces concernant ta petite gueule de pédale – textuellement, puisqu’ils semblaient d’avoir pris pour un homme efféminé. Les autres types qui les accompagnaient avaient vu ton badge quand tu as décidé de t’approcher d’eux, permettant à la serveuse de retourner à se réfugier derrière le comptoir ; ils avaient essayé de dissuader les soûlards de s’en prendre à toi et avaient, même, payé à la va-vite pour inviter leurs compagnons à quitter les lieux – sans succès : c’étaient des citoyens n’ayant pas d’autre entraînement que les séances de cassage de nez dans la rue. Ils ne faisaient pas le poids contre toi, pas même s’ils avaient été armés.
Ne tenant pas à faire des dégâts, puisque les accompagnants avaient été polis, tu t’étais contenté de neutraliser les deux fauteurs de troubles en les attrapant par les cheveux avant d’entre-cogner leurs têtes. Comme si ça ne suffisait pas, tu leur fis une balayette, pour les mettre à terre, laissant que les types qui les accompagnaient les emportent tant bien que mal. Le personnel et les habitués s’attendaient déjà à ce que tu casses du mobilier, mais ils furent rassurés par ta maîtrise. Rapidement, tu dévisageas le reste des clients, les défendant de te contrarier – au risque d’en prendre aussi. Sans un mot de plus, tu retournas au comptoir pour manger et picoler.
— Un autre Printemps-truc-bidule et une grande chope de bière brune, Hank. repris-tu, te laissant tomber sur ton tabouret. Tu ne te rappelais plus du nom du cocktail, mais ça n’avait pas d’importance : on savait ce que tu voulais. Pendant que ledit Hank préparait le cocktail, la serveuse s’empressa de te servir la bière, profitant pour te remercier dans un souffle – elle était très gênée, mais encore plus reconnaissante. Laisse, c’est normal. N’importe qui avec une paire de couilles ou un peu de jugeote aurait fait de mêmes, Brenda.
À ces dires, tu joignis un vague geste de main pour lui faire comprendre que ce n’était pas grave. Ton commentaire était dur et aussi moqueur que désagréable – raison pour laquelle, plus d’un s’était tassé sur son siège. S’ils se sentaient visés ou insultés, tu t’en foutais : beaucoup des présents auraient pu intervenir, comme toi, mais personne ne l’avait fait. Si quelqu’un d’autre daignait ouvrir la bouche ou de péter de travers, tu n’allais pas être aussi civilisée.
- HRP:
- Heya ! Ce n'est pas grande chose et je ne garantis pas la qualité de mon post, mais je n'arrive pas à me concentrer, ces temps-ci é_è au moins, c'est posté ! Je ne voulais pas traîner plus... Si quelque chose n'est pas clair ou dérange, fais-moi signe. Idem si tu n'as pas assez de matière pour répondre. J'espère que ce sera un minimum potable, au moins...
Quelle ne fut pas sa surprise lorsque ce n'était personne d'autre que sa voisine -ou son voisin- de bar, qui allait remonter les bretelles de ce petit groupe. Sourcil relevé, elle suivait l'aiguille de la brochette qui vint se planter à proximité de l'entre jambe d'un des hommes. Belle dextérité, ou alors, coup loupé. Impossible de savoir si elle visait réellement la cible. Krysta soupirait, attendant son verre, mais visiblement, rien arrivait, la serveuse était bien trop concentrée sur le fait que ses meubles allaient bientôt partir en lambeaux. Ça se comprenait, un peu.
La suite de l'action était autant prévisible qu'un homme éméché qui tente de rester en équilibre. La garde s'était relevé et avait très rapidement maîtrisé les hommes avec une facilité déconcertante. Les paroles et les cries des différents groupes de cette taverne avaient cessés, et tout les regards se portaient sur Yvlamir, désormais, qui vint se rasseoir à côté de Krysta, toujours sans lui donner la moindre forme d'existence. A y réfléchir, ce n'était pas si dramatique, elle n'avait aucune envie de la connaître. Son regard regagnait à nouveau vers la serveuse, qui avait maintenant décidé de servir la garde. Krysta soupirait, elle n'aurait pas son verre ce soir. Cette dernière la regardait finalement, comme pour se rappeler qu'elle avait oublié une commande.
- Oubliez, j'ai d'autres choses à faire que d'être au milieu de pochtrons qui passent leur temps à se battre.
La jeune aventurière se relevait, reprenant ses affaires, et se dirigeait vers la sortie. Non, les tavernes et les boissons n'étaient pas pour elles. Ces endroits étranges ne lui donnaient aucune once de satisfaction. Sans donner un regard vers sa voisine qui l'avait ignorée précédemment, elle allait lui rendre la pareille. Krysta allait devoir trouver une autre occupation que de traîner dans les tavernes.