Tout juste sortie des locaux de la Guilde ou elle espérait trouver quelque chose à se mettre sous la dent dans les jours qui viennent - une mission quelconque dont elle reviendrait auréolée de gloire et couverte de cristaux - Jaana inspire un grand coup, cherchant un endroit où papillonner. Et comme chaque habitant de cette joyeuse métropole, c'est vers la place commerçante qu'elle se dirige machinalement.
Il y a vraiment de tout, sur cette place. C'est le meilleur exemple de ce que cette ville a de diversifie. Des enfants, des vieux, des gardes taciturnes et des marchands excentriques, des femmes, des hommes, et quelques monstres, parfois. C'est dans l'espoir de voir quelques betes etranges exposées aux regards curieux et inquiets des voyageurs que Jaana se précipite sur la grand'place.
Pas grand chose de plus que d'habitude. Décevant. Mais Jaana ne se dégonfle pas et tente la petite balade entre les échoppes. Elle adore toucher les étoffes des marchands de tissus et autres vêtements. Faute d'avoir quelque chose à dépenser là dedans, elle se fait plaisir en les touchant, simplement. La Brailleuse ignore même les reproches des marchands qui la houspillent sans vergogne. Elle ne fait rien de mal. Saisissant une cape d'une magnifique couleur bordeaux dont les reflets roses ressortent à la lumière, un grand sourire se dessine sur son visage presque enfantin en ces circonstances. "Oh salut, toi." Lance-t-elle au tissu en le placant un peu plus sous les rayons du soleil.
L'aventuriere s'apprête à essayer cette merveille de cape lorsqu'une main se pose sur son épaule, l'enjoignant à se retourner, ce qu'elle fait brusquement. Un homme d'environ huit à dix ans son aîné se tient devant elle, ses cheveux noirs tombant avec élégance sur les côtés de son visage pour faire ressortir des yeux d'un vert émeraude qui accentue le regard intense qu'il lance à la jeune femme. Laquelle s'exclame d'un coup. "Oh pardon, ça va, je la repose ! Si on peut même plus regarder, maintenant …"
"Non ! Non ! Enfilez-la je vous prie ! Elle vous va si bien !" Répond-il immédiatement en s'approchant encore un peu de Jaana. "Parfait !" Qu'elle répond, ignorant l'intensité du ton de l'homme. Mais lui n'est pas prêt à la laisser vaquer à ses occupations. "Vous êtes si belle, on croirait une vision divine ! Peignez moi blasphémateur si vous le souhaitez, mais vous êtes une plus gracieuse apparition que Lucy en personne ! Je n'aurai de cesse de vous couvrir de tendresse si vous acceptiez de m'épouser, mademoiselle !"
La bouche entrouverte et les mains crispées sur la cape qu'elle s'apprêtait à passer sur ses épaules, Jaana se fige. Elle n'a même pas le temps d'envisager une réponse polie pour éconduire l'homme qu'il reprend déjà en s'approchant à nouveau, posant ses mains sur les épaules de la Brailleuse. " Ma chère ! La flamme de mon amour pour vous pourrait bien me terrasser si vous me refusiez votre affection ! Je vous en prie, mettez fin à ma souffrance de ne pouvoir vous toucher !"
Terrifiée par cet énergumène aux sentiments envahissants et aux habitudes trop tactiles, Jaana tente de se dégager de ses serres pour attraper un passant, n'importe lequel, qui pourrait l'aider. Il s'agit finalement d'une passante. Perturbant, mais dans ce cas précis, son stratagème pourrait se montrer plus efficace. Sans hésiter une seule seconde, Jaana se jette dans les bras de l'inconnue et lui lance. "Ah ! Ma chérie, tu es enfin la !" Sa main saisit celle de sa complice forcée. "J'ai cru que tu t'étais perdue mon amour - jouelejeujet'ensupplie - je suis si contente de te voir !" Emballée par l'idée que son petit jeu pourrait la libérer des griffes de son chevalier servant, Jaana n'hésite pas une seconde à s'approcher de l'autre jeune femme, comme pour témoigner de son amour infini envers quelqu'un d'autre. "Désolée, hein ! Mon coeur est pris !" Lance-t-elle alors à l'amoureux transi, espérant de toute son âme que cette tentative ne lui reviendrait pas en plein visage.
J'étais perdue dans mes pensées lorsque quelqu'un m'a attrapée, le temps que je tourne la tête pour m'apercevoir qu'il s'agissait d'une parfaite inconnue, elle s'était collée à moi et m'affublait de nominations affectives qui m'étaient parfaitement inhabituelles. Elle devait avoir mon âge et était plus petite que moi, comme à peu près toutes les femmes que je connais, et elle était plutôt belle en plus... Ahem. Nul doute que je rougissais déjà à pleines joues, ne comprenant pas un mot sur deux de ce qu'elle me disait. Tout ce qui arrivait à mes oreilles, c'était des "ma chérie", "mon amour", "mon coeur"... Qui ne faisaient qu'empirer ma gêne. À mon visage, on aurait pu croire que mon pouvoir était actif. Elle ne peut pas se tromper d'amante, je ne ressemble à personne en ce monde... C'est ça qu'ils appellent le "coup de foudre"? Je... Quelqu'un est tombé amoureux de moi? C'est peut-être parce qu'elle ne me connaît pas, justement... Devrais-je en profiter? Non, C'est inutile l'amour, c'est un obstacle à l'efficacité. Mais elle a l'air vraiment adorable... Non. Je ne dois pas penser ça, je ne la connais même pas. Mais c'est peut-être la rare occasion que je dois saisir, juste pour essayer... Savoir ce que c'est... Bon, c'est décidé. Je vais laisser de côté le bon sens et me laisser aller, mais c'est juste pour savoir ce que ça fait, hein! Aucune suite. Euh... Je dois faire quoi? L'embrasser, peut-être? Les autres font toujours ça. Mais c'est si bizarre... Elle a le corps chaud et son coeur bat vite, comme les biches lorsqu'elles me sentent soudainement contre leur cou, prête à ouvrir la gorge pour me rassasier en les sentant lentement agoniser...
Sans m'en rendre compte, plongée dans mes pensée, je m'étais rapprochée de son cou, mes canines sortant légèrement derrière mes lèvres, j'étais prête à la mordre. Je m'arrête quelques centimètres avant la bêtise, donnant finalement l'impression de vouloir l'embrasser. Bah, je suppose que ce n'est pas plus mal... En revanche, je n'osais pas m'avancer plus que ça. Juste au cas où je me serais emportée un peu vite, je préfère voir si elle aussi veut m'embrasser. Promis, après ça je me barre avec ou sans les résultats de cette expérience. Je ne dois pas prendre le risque d'aller plus loin, je risque de commencer à l'apprécier et ça finira mal.
Profitant de la proximité des oreilles de sa compagne d'infortune, Jaana lui glisse tout de même un "Merci." à l'oreille. Ce n'est que peu de choses face à la gratitude qu'elle ressent mais elle est persuadée que le tremblement de ses mains et le battement de son coeur sait témoigner de la détresse dans laquelle ce grand type la plonge. "Par Lucy quelle débâcle !" S'exclame-t-il alors. "Dois-je m'en retourner a mon errance, renoncer à l'amour pour toujours ? Est-ce la ce que vous me dites ? Quelle cruauté !"
"Désolée !" Lance Jaana, affichant un sourire qui contraste plutôt avec ses propos. "Je suis sûre que je n'étais pas faite pour vous, monsieur ! Vous trouverez la véritable âme soeur vous aussi." Malgré les grands gestes et les exclamations de l'amoureux transi, l'aventurière retrouvait petit à petit son l'aisance. Le voir tourner les talons et s'en aller en courant, essuyant ses larmes, était un petit plus, évidemment.
L'activité de ce coin de boulevard semblait s'être arrêtée, comme pour observer l'étrange spectacle de cette brûlante déclaration d'amour. Les regards des passants et des marchands, posés sur les deux jeunes femmes, semblaient tantôt amusés, tantôt jugeants. Certains chuchotaient quelques commentaires à leurs voisins. Des "scandaleux" et des "insensible", quelques rares "la pauvre" mais la plupart plaignaient surtout le singulier jeune homme. "Il est si beau" entendit Jaana. "Pourquoi elle le rejette ?" Une critique que Jaana ne parvient pas à comprendre. A défaut de répondre quoi que ce soit, elle jette un regard noir à celle qui semble l'envier.
Avant de réaliser qu'elle tient toujours contre elle le bras de l'inconnue.
La Brailleuse sursaute et prend quelques pas de recul pour l'observer, lâchant enfin son étreinte. Elle n'a pas choisi la plus moche des passantes de la capitale, c'est certain. Rougissante, elle se confond en excuses et explications. "Z-ze suis vraiment désolée." Jaana toussote, il lui faut se concentrer de nouveau. Hors de question de se mettre à zozoter et accentuer sa gêne. "Pardonnez moi. Je ne savais pas comment me sortir de ce pétrin, il ne voulait pas me lacher … Même physiquement, hein !" Elle lève les yeux vers ceux de l'inconnue, joignant les mains. "Merci, merci beaucoup pour votre aide ! Et merci pour le baiser, je ne l'aurais sans doute pas convaincu autrement ! Merci !" Et puisqu'elle n'est pas à ça près, elle se permet d'enlacer brièvement l'inconnue, telle une enfant pleine de gratitude. Une étreinte rapide, bien moins amoureuse que celle qu'elles ont partagée un peu plus tôt, mais qui ne manque pas d'émotion. Une gratitude qui déborde.
Ma dulcinée d'une seconde se détache et me regarde, rougissant à son tour. Elle s'excuse, me remercie, puis revient à la charge, m'enlaçant encore. D'un côté, je suis mal à l'aise d'être ainsi étreintée, de l'autre... Ce doit être les hormones... Ahem. Je ne bouge pas, attendant le fin.
Toi aussi tu... C'est... Enfin, avec les autres filles... ?
Oups. Si elle comprend que j'avais cru la situation sérieuse, ça va encore plus être la gêne. Et puis, pourquoi je demande ça... J'avais dit que je m'en irais, alors je file dès qu'elle me lâche. Ou alors je pousse "l'expérience" un peu plus loin. Si ça se trouve, elle a utilisé l'excuse de fuir l'autre mec pour pouvoir faire ça. Ou alors c'est juste moi qui essaye d'inventer des scénarios qui me conviennent. Comment ça, qui me conviennent? Non non non non non, je ne dois pas retomber là-dedans. Aller, lâche-moi et on en finit là, ça m'évitera de faire de bêtises...
Avec les filles ? Les yeux écarquillés, Jaana recule et pose son regard de poisson mort sur la jeune femme. C'était là une question qu'elle avait toujours soigneusement évitée. Il lui arrive très souvent de regarder les autres femmes, ça oui. Mais est-ce que se questionner souvent sur la sensation des lèvres d'une autre demoiselle voudrait dire qu'elle aime les femmes ? Est-ce qu'observer certaines durant de longues minutes avant de détourner le regard, de gêne, fait d'elle quelqu'un qui aime les filles ? Est-ce que laisser parfois traîner son regard ailleurs que dans les yeux de ses interlocutrices est révélateur de quoi que ce soit ? Et qu'en est-il des rêves parfois perturbants dont l'aventurière s'extirpe difficilement, le sourire aux lèvres ?
"J...j-je sais pas ?" Les mains tremblantes, Jaana sent son regard se perdre dans tous les sens. Personne ne lui a jamais posé la question aussi directement. Il est facile de faire l'autruche si longtemps dans ce genre de circonstances. La Brailleuse n'a pas l'habitude d'être incapable de répondre à une question de mille façons différentes. " Je sais pas du tout !" S'exclame-t-elle, en panique. " Je sais pas ! Je sais pas ! Je sais pas !" Ajoute-t-elle, tournant en boucle, sans cesse. Quelques regards se posent a nouveau sur elle alors que sa voix porte de plus en plus. "C'est grave, hein ? Si c'est vrai c'est grave ? Et c'est encore plus grave de pas savoir, non ?" Son souffle s'accélère, en même temps que les battements de son coeur, c'est la panique totale. Ne sachant pas trop à quoi se raccrocher, elle attrape le bras de l'inconnue qui semble décidément bien docile, une chance pour l'aventurière qui ne songe même pas à la gêne qu'elle peut provoquer. "Je sais pas bon sang, je sais pas du tout !"
Et puis soudain, elle comprend. Elle n'a pas seulement demande si elle aimait les femmes. Toi aussi, a-t-elle dit. "OH ! Mince ! Mais toi, tu … OH !" Après une éternité, Jaana comprend enfin. Avide de trouver la solution à son tourment, elle s'agrippe un peu plus a l'inconnue. "Toi ! COMMENT TU AS SU ?"
Oups.
- Euh, je voulais dire, l'intuition. Comme un renard qui sent l'odeur de ses semblables...
C'est de pire en pire... Je l'ai mise dans tous ses états et je viens de dire un truc gênant, encore. Euh... On va tenter de la rassurer.
- Mais ça n'a rien de grave, hein! Les goûts et les couleurs, chacun aime ce qu'il veut... Puis les femmes sont plus belles... (raclement de gorge)
Je suis pas faite pour rassurer les gens, regardez mes cornes. Faites que ça s'arrête, je n'ose pas me défaire de son étreinte... Ou j'ai peut-être pas tellement envie... Bon, je suppose que c'est normal de se sentir bien là-dedans. C'est sans doute ma part d'humanité qui exprime sa solitude.
Le public autour de nous était statique. Il grandissait, même. Je voyais le prétendant, source de ce malentendu, qui regardait la scène au loin, dégouté. Haha, elle a bien raison de me préférer à lui... Bon, j'ai un peu de mal à trouver les hommes beaux. Vous savez quoi, je commence à me sentir plutôt à l'aise, là... Je ne vais peut-être pas partir tout de suite. Qui a dit qu'on ne pouvait pas profiter des plaisirs charnels sans se faire piéger par des sentiments emprisonnants? Je suis bien trop curieuse pour en rester là.
À voix basse, je souffle à l'oreille de l'égarée:
- Si tu as besoin d'un peu d'aide pour mieux comprendre ce que tu ressens, je... Peux me rendre utile...
Mmh? Comment ça, des pensées perverses? Allons allons, je propose juste un peu d'aide à une jeune femme perdue dans ses sentiments. Et puis... On ne peut pas m'en vouloir de m'intéresser un peu aux plaisirs de la nature! Je me suis toujours laissée guidée par mon instinct, il n'y a aucune raison de m'arrêter aujourd'hui.
" Je sais pas moi, je passe pas mon temps à m'analyser." Rumine-t-elle, presque boudeuse. Lentement, elle lâche le bras de la jeune femme aux cornes. Elle qui attendait bêtement une solution miracle se retrouve à nouveau seule. Décevant. Mais elle se doute bien que l'autre n'y est pour rien. A chacun son chemin et sa croix à porter. Finalement, celle de Jaana n'est pas si lourde.
Toujours proche car perdue dans ses pensées, Jaana entend à peine la proposition de sa complice lorsqu'elle voit au loin le Dom Juan s'approcher d'une autre jeune femme. Cheveux bruns, pas très grande, passe partout, elle ne ressemble à Jaana que par son physique quelconque qui n'attire aucun regard. Et le voilà qui, à nouveau, se met à déclamer de grandes promesses et d'intenses sentiments à son égard. A la fois effrayée et un tantinet vexée, Jaana affiche une mine trahie. Elle s'apprête à débarquer en plein milieu de leur discussion lorsque les mots de l'autre jeune femme parviennent enfin à son cerveau. Des paroles qui manquent de clarté et que Jaana ne sait pas comment interpréter. Ce qui n'empêche pas à son visage de rougir dans son intégralité, ramenant au passage son défaut de langage si familier des situations de malaise.
"Zz-ze … quoi ? Utile comment ? De l'aide pour quoi ? Comment ?" C'est à peine si elle ose lever les yeux vers elle, jetant quelques regards réguliers à son prétendu chevalier servant. Elle n'a probablement rien à craindre de lui mais il lui est difficile d'envisager de laisser son doppelgänger souffrir du même malaise.
- Rien... Désolée.
Je me tourne vers son prétendant, qui s'en prend déjà à une autre - laquelle semble également gênée et réticente. Je dois intervenir? Je n'aime pas m'immiscer dans la vie des autres, tout comme je n'aime pas que les autres s'immiscent dans la mienne. Mais d'un autre côté... S'il se permet d'embêter des gens, je peux me permettre de l'embêter. Je pose une main sur l'épaule de la précédente victime en avançant, lui montrant que je vais m'occuper de la situation. Je marche jusqu'au drôle de bonhomme, et m'incruste entre lui et se nouvelle proie, le regardant droit dans les yeux avec le même regard que je fais aux enfants qui m'ennuient pour les faire fuir. Il est grand, mais reste plus petit que moi.
- Je ne sais pas comment tu en es arrivé à un tel niveau de désespoir ni ce que tu espères de ces filles, et je ne veux pas le savoir, mais je te conseille d'arrêter de les ennuyer et d'aller demander à de vrais hommes comment ça marche. Ou alors, va t'amuser avec l'une des écervelées qui trouvent si insensé de te repousser...
Bon, tout compte fait j'aurais peut-être mieux fait de rester sur le côté. S'il pense qu'il peut continuer et m'ignorer librement, je ne pourrai pas m'empêcher d'en faire un eunuque - et ça lui sera bon. Je m'avance vers lui, le forçant à reculer, basculant légèrement la tête en arrière.
- Compris?
Tandis qu'elle voit l'autre imbécile continuer son petit manège auprès d'une nouvelle victime, Jaana se sent pousser de plus en plus l'envie de lui mettre une énorme baffe. Ou, à défaut, le terroriser, le dissuader de recommencer. Mais elle n'a pas la moindre idée de comment procéder.
L'inconnue a l'air de savoir, elle. C'est pourquoi, pour une fois, la Brailleuse laisse quelqu'un d'autre agir en premier. Il faut dire que sa taille impressionnante est de nature à dissuader qui que ce soit d'aller contre ses ordres. Se tenant légèrement à distance, l'aventurière observe sa comparse expliquer avec un calme effrayant son point de vue sur la question. Pas de vraie menace, pas d'insulte, quelque chose d'autre, comme une haine froide. Jaana en reste presque sur sa faim, elle qui s'apprêtait à lui sauter a la gorge pour lui exploser les tympans de ses cris.
Le type n'a pas l'air bien, lorsqu'il voit la jeune femme aux cheveux roses s'approcher et le dominer de sa grande taille. Il ouvre la bouche plusieurs fois, comme s'il tentait de bredouiller quelque chose, une excuse, une punchline silencieuse. Mais rien ne sort. C'est alors que Jaana s'amuse à jouer les hyènes, les sidekicks, en ajoutant une couche a tout cela. Une couche pas forcément utile. "Ouais ! Personne veut t'épouser de toute façon, alors laisse-nous tranquille !" Lui lance-t-elle de sa voix de crécelle. Elle s'approche de quelques pas rapides et décidés, et voilà que le garçon se met à trembler. Il recule de quelques pas, trébuche sur les pavés irréguliers de la place du marche. Les fesses au sol, il lui faut bien quelques secondes pour se reprendre et jeter un regard de détresse et de méfiance vers les deux jeunes femmes, en particulier la plus grande.
Encore tremblant et les gestes hasardeux, il se lève laborieusement et son regard se pose à nouveau sur Jaana. "Ouais ben, tu trouveras jamais personne, toi ! T'es même pas vraiment jolie !" Rétorque-t-il d'un ton dont la maturité le rajeunit soudainement. Puis, sans demander son reste, il traverse en courant la place pour disparaître dans les allées du quartier commerçant. Sa victime, quand à elle, s'éclipse aussi rapidement après quelques drôles de gestes de remerciements, s'inclinant de nombreuses fois sans interruption. Jaana allait s'enquérir de son état mais, trop tard. La voilà qui disparaît dans les allées du marché à son tour. L'aventurière pose alors un regard plein d'interrogations sur celle à qui elle doit de s'être débarrassée définitivement du Dom Juan. Sans doute n'a-t-elle pas plus d'explications sur le comportement étrange de ces deux habitants excentriques de la capitale.
Une nouvelle fois, tous les regards sont tournés vers elles. A croire que le marché n'est pas une attraction suffisante pour les locaux. "Oh ca va, hein !" S'exclame Jaana. "On vous en a débarrassé, mais nous remerciez pas surtout, hein ?" C'est la colère qui prend la place du soulagement chez celle qui se voit deja comme une héroïne des opprimés. "Mon amie, là, heu …" Elle ne connait même pas son nom. Alors elle la désigne d'un vague geste de la main. "Ouais, ben elle règle vos problèmes et vous vous en foutez, bande d'ingrats !"
Sur cet exemple mémorable d'éloquence, l'aventurière reprend la direction des allées en entraînant sur quelques pas la grande femme qui subissait ses humeurs depuis quelques minutes à présent. "Non mais quelle bande d'égoïstes !" Lui murmure-t-elle. "Même pas foutus de dire merci, non, c'est toujours mieux de nous fixer comme des BOEUFS !" Son regard se pose alors sur un stand de nourriture, des brochettes de viande et de poisson mariné dans les huiles épicées. "Tu veux manger un truc ? Je t'invite. Parce que j'ai le sens de la reconnaissance, MOI !"
La jeune femme se fâche maintenant sur le public, comme si elle n'avait pas envie de s'arrêter en si bon chemin, ce qui m'amuse assez pour que je ne prenne pas la peine d'intervenir plus que ça. Elle bute sur ce qui aurait dû être mon nom, c'est vrai qu'on ne s'est pas présentées. Puis elle dit cette étrange phrase. "Elle règle vos problèmes". Je n'aime pas être vue comme ça, d'ailleurs ce n'est pas comme ça que je suis... Je ne serais pas intervenue si je n'avais pas été embarquée dans l'histoire.
Finalement, la petite me tire hors de la foule. Alors qu'elle scandait encore l'ingratitude du public, je tente enfin de la calmer.
- On n'aurait rien gagné à être remerciées, c'est pas grave. Ah, et je m'appelle Tayra.
Ça n'a peut-être l'air de rien, mais je donne rarement mon nom à des gens qui ne me l'ont pas demandé.
Vint le moment où elle me propose à manger. Là, je le reconnais, le sens de la reconnaissance peut être très agréable... Elle sait comment me parler. Je suis son regard, qui me mène jusqu'à des brochettes de viande, lesquelles déclenchent un déploiement stratégique de ma salive et une ouverture tactique de ma bouche. Derrière mes lèvres, mes canines pointues paraissent, rendues bien moins effrayantes par mes yeux plein d'étoiles, reflétant la viande épicée avec désir. D'une inspiration nasale, l'odeur alléchante m'envahit, c'est bien plus fort que les hormones... Les pupilles enflent en écrasant les iris, le cou se tend naturellement en laissant la tête se rapprocher des mets appétissants. Difficilement, je tente de me reprendre pour répondre à la proposition.
- Manger?
J'aurais sans doute aligné quelques mots supplémentaires si j'avais eu assez de présence d'esprit. De la bouffe offerte? Qui est cette déesse? Serait-ce là une preuve de la présence de Lucy? La seule raison pouvant expliquer rationnellement un don de nourriture est l'appât. Mais elle n'a pas de raison de chercher à m'appâter... Il me semble. Au pire, ça vaut le coup de se laisser piéger, non?
La voix de la voyageuse se fait à peine entendre aux oreilles de la Brailleuse que cette dernière se précipite déjà sur les marinades diverses du stand aux odeurs alléchantes. "Oh ! mgpherde, c'est trop bon !" Lance-t-elle, la bouche à moitié pleine d'un mélange de poisson d'eau douce et de volailles marinées. "Sers-toi, sers-toi ! C'est pas cher en plus !" Un argument de poids pour Jaana qui, avec le temps, a fini par devenir une spécialiste des bons plans culinaires de la capitale. La vie d'aventurière, ce n'est pas si brillant qu'on peut l'imaginer. Si les contrats sont rares ou que les clients sont mauvais payeurs, on se passe des bons gueuletons que les nobles peuvent se payer. La bouche tartinée de marinade sucré-salé, la jeune femme se lèche les doigts pour ne pas en perdre une miette. Pendant ce temps, le cuisinier la regarde avec un grand sourire avant de s'affairer a remplir le gros trou qu'elle vient de faire dans son présentoir.
"Ah !" Reprend-elle en réalisant que si elle connaît à présent le nom de sa sauveteuse, elle ne lui a pas donné le sien. "Je m'appelle Jaana !" Elle s'essuie le coin de la bouche d'une serviette en vieux tissu rugueux à disposition sur le bord du comptoir du stand. Peut-être est-ce l'heure, mais elle s'étonne de ne voir personne se presser autour de ces si bonnes odeurs. "Jaana Freylied !" Qu'elle précise. "Souviens t'en !"
Ses deu premières brochettes englouties, elle en tend une paire a Tayra. "C'est super gras mais c'est teeeellement bon !" Il ne fait aucun doute que si Jaana ne dépensait pas l'énergie de trois personnes en une journée, elle se déplacerait en roulant. Impatiente de tester les mets qui s'apprêtent à prendre place sur le présentoir, elle profite de la pause pour questionner cette nouvelle amie qu'elle pense s'être faite. "Du coup, qu'est-ce que tu fais ici ? T'es pas du coin non ? T'es venue voir le palais ? Ou la guilde ?" Comme de coutume, Jaana ne considère que ces glorieuses institutions. La capitale est une ville sympathique, mais il faut bien admettre que les visiteurs n'ont que deux ou trois objectifs en tête quand ils s'y rendent. Elle même ne fréquente l'endroit que lorsqu'elle doit rendre des comptes a la Guilde. Ou à son frère.
Un autre serveur s'approche alors et dispose de nouvelles brochettes de différentes sortes sur le présentoir chauffant. Des omelettes, des légumes, encore de la viande et du poisson, de multiples odeurs qui se mélangent et font tourner la tête de la jeune femme dont la bouche se met à saliver de plus belle. Son regard d'envie pose sur les mets décroche un sourire au serveur qui la regarde faire les bras croisés. Jaana, elle, est absorbée par Tayra. Les mains pleines de brochettes, elle la regarde faire, attention à ses réactions au contact de la nourriture.
ft. @Jaana Freylied
Ça devrait faire l'affaire. À sa dégaine, je dirais que c'est une aventurière elle aussi, mais on ne sait jamais.
En écoutant sa réponse, je continue simplement de manger tout ce qui passe sous mes mains, quand un mec passe derrière moi en faisant tomber quelque chose au sol. Mon ouïe fine et ma proximité suffisent à reconnaître le tintement des cristaux dans la petite bourse tombée. Je crie un petit "Hé!" en direction du propriétaire qui a déjà disparu, sans réponse. Pfff... Je ramasse la bourse et l'ouvre pour voir les cristaux présents en quantité alléchante. Un regard à Jaana, je me demande si je dois encore jouer aux héroïnes juste parce qu'elle est là, mais j'ai vraiment la flemme. Je suis sûre qu'elle a aussi très envie de garder ces cristaux, de toute façon...
Voilà, bonne idée. Comme ça on peut manger à en mourir sans inquiétude. En espérant qu'elle ne s'inquiète pas de l'éthique... On vit pour soi-même, après tout.
- HRP:
- Désolé du retard!
Je réutilise tes idées de RP tavu
"Eh, j'suis de la Guilde aussi, c'est cool !" Jaana vient à peine d'avaler une nouvelle brochette de légumes marinés qu'elle se remet déjà à s'exclamer de tous les côtés. "J'étais sûre que t'étais une aventurière, t'es tellement grande !" Un argument parfaitement arbitraire mais pour la petite Brailleuse, certains critères font dans son esprit figure d'autorité. Être grand et fort, par exemple. Tout ce qu'elle n'est pas et tente de compenser par son comportement expansif. "J'habite nulle part, moi. Toujours sur la route de l'aventure !" Une formule franchement ringarde mais, venant de la bouche de Jaana, c'est presque attendrissant. "Je reviens du Lac, j'avais une mission là-bas, pour aider des pêcheurs. C'était pas fameux. Alors je viens chercher autre chose. Il faut bien payer les brochettes, hein !" Un clin d'oeil au serveur qui répond par un petit sourire poli. Fort heureusement, sa dernière paie lui permet de payer pour ce délicieux buffet infini pour Tayra et elle, mais il lui faudra retourner à ses habitudes d'ascète forcée dès le lendemain. Un défaut bien installé chez elle depuis l'enfance : Jaana est incapable de budgétiser sa vie. Elle survit aisément avec peu tant elle est débrouillarde mais pour peu qu'elle soit un peu plus à l'aise dans sa bourse, elle devient un panier-percé.
Ce qui suit se passe si vite que, absorbée par sa dégustation, Jaana ne réalise pas vraiment. Au beau milieu de la foule, quelqu'un se faufile rapidement et une seconde plus tard, voilà que Tayra lui présente une bourse débordant de cristaux. Les yeux de la Brailleuse s'illuminent. C'est bien plus que ce que sa dernière mission lui a rapporté ! Quel Jackpot ! "Ouaaaaaah …" Son soupir est long, et plein d'envie. Il faut au moins ca pour la décrocher du comptoir à brochettes. Le serveur lui-même semble s'être arrêté dans son travail pour regarder ce tas de cristaux avec envie. "Ca brille …" Commente Jaana, comme hypnotisée. C'est qu'elle voit rarement une telle quantité de cristaux en un seul endroit. Sauf peut-être chez les nobles. Mais elle ne les fréquente pas. Ou plutôt, ils ne la fréquentent pas, elle. Pourtant, elle sort bien vite de sa torpeur et s'approche de Tayra pour lui chuchoter quelques mots. "Attends, c'est le type qui l'a faite tomber non ? Ça se fait pas de garder ça, si ça se trouve il la cherche et si il nous tombe dessus on va se faire, heu … Tu vois ?"
Elle n'en a en fait aucune idée, puisqu'elle ne s'est encore jamais faite attraper dans l'illégalité. Mais est-ce vraiment voler que de ne pas chercher activement le propriétaire de cette bourse ? Le code de l'aventurier - qui n'existe pas mais que Jaana a bien pris la liberte d'inventer pour sa propre satisfaction - dit bien que l'on doit aider les gens. Enfin, ceux qui peuvent payer ou apporter la gloire. Quelle genre de gloire peut apporter une telle action ? Jaana jette un regard autour, quelques personnes les regardent sans porter une grande attention, puis reprennent leur chemin tranquillement. L'aventurière ne sait meme pas a quoi ressemblait l'homme, elle n'a vu qu'une silhouette se faufiler dans la foule. "Haaaaan … Ça s'fait pas, non ? On devrait peut-être retrouver le gars s'il est pas loin, il ressemblait à quoi ?"
Tout sur son visage trahit qu'elle n'est absolument pas convaincue par son propre altruisme. Et qu'elle évite à tout prix de baisser les yeux sur la bourse. Mais parce qu'elle est trop faible … "On peut p'tet payer les brochettes avec ... Vite fait... Et aller le retrouver avec le reste ? On dira que c'est pas nous !"
La reine du compromis.
ft. @Jaana Freylied
Sa réaction au moment où elle s'aperçut de ma trouvaille contraste beaucoup avec son désir de rendre la bourse. On voit bien qu'elle dit ça à contre-cœur... La pauvre ne sera pas tranquille avec sa conscience si on garde ça pour nous. Je réfléchis quelques secondes, avalant toujours plus de viande et de poisson, avant de lâcher un renvoi grivois, suivi de ma réponse.
Sans attendre de réponse, j'enfourne la main dans la bourse pour payer notre festin. Les chances qu'on tombe sur le propriétaire et qu'on le reconnaisse sont tellement faibles, je ne crois même pas à ma propre proposition, je dis juste ça pour que Jaana se fasse l'illusion qu'on a cherché à rendre les cristaux.
Je me retourne et regarde dans la direction où nous devons partir, pensant à tout ce que je pourrais acheter avec ces cristaux histoire de supprimer toute preuve de ce pseudo-vol. Quelle heure est-il? Le soleil a encore un peu de chemin à faire avant de se cacher. Mmmh... Je suis sûre que ma compagne du jour aime l'alcool. Vu le nombre de tavernes qui ornent le quartier, on en trouvera une rapidement. Et avec ce pactole, l'ivresse nous semblera presque gratuite. Bon plan?
Vas-y, saisis la perche, oublie la voix de la sagesse, ma belle...
L'aisance avec laquelle Tayra gère l'éthique douteuse de leur plan rend Jaana plutôt perplexe. Elle l'observe un instant, toujours en proie à ce dilemme qui n'a pas de sens, et fronce les sourcils. C'est tout à fait paradoxal de sa part alors même qu'elle est prete a tout pour mener à bien n'importe quelle quête de la Guilde sans en questionner les ressorts moraux. Pourvu que ca paie en cristaux et en gloire. Et pourtant, la voilà qui regarde la bourse se vider - à peine, vu le contenu - en se sentant coupable.
" Ouais, j'espère qu'on va le trouver quand même… " Répond-elle en ignorant les éructations de Tayra. Sa voix s'apparente de plus en plus à un murmure. C'est qu'elle n'est pas vraiment convaincue d'en avoir envie. Au fond, elle a vraiment envie de dépenser tout cet argent pour s'acheter cette jolie cape de velours qui lui irait a merveille. Et puis peut-être goûter le meilleur hydromel du pays que sa propre bourse ne lui a jamais permis de tester. "Haaaan …" Soupire-t-elle encore.
L'aventurière s'engage dans la direction dans laquelle regarde Tayra avant d'être interrompue par sa remarque. Elle aussi, elle a soif. Et elle irait bien se rincer le gosier pendant une heure ou deux, une telle quantité de cristaux lui vaudrait bien un jour de repos. Non. Jaana secoue la tête et force l'enthousiasme, comme pour se convaincre, en dernier recours, qu'elle fait la bonne chose. "Moi aussi !" Lance-t-elle tout de même à sa compagne du jour. "On a qu'à le retrouver vite et on ira a la taverne après ! J'ai bien économise le prix de repas …" Malgré sa voix qui porte, cette dernière phrase est prononcée plus bas. Il s'agirait de ne pas trop attirer l'attention, pour une fois.
Pressée de mettre un terme à cette soif qui la tiraille, elle attrape la tentatrice par le bras et la questionne en geignant. "Il ressemblait à quoi ? Il est parti par où ? Tu le vois ? J'espère qu'il est pas loin … J'ai pas envie de chercher des heures …"
Jaana est têtue. Mais ses besoins vitaux - ou sa gourmandise - peuvent aisément avoir raison de ses velléités de justicière. De toute façon, si le type ne s'est pas encore rendu compte de la perte d'une bourse aussi bien remplie, c'est qu'elle ne lui manque pas tant que ca, non ? "Honnetement, si on le trouve pas dans cinq minutes, hein …" Grommelle-t-elle, la gorge sèche. "On a pas idée de laisser tomber un tel paquet de pognon."
Même pas deux minutes dans la foule, et la voilà qui s'exclame à nouveau. "Eh ! Et s'il avait fait exprès de la laisser tomber ? C'est peut-être un genre de justicier qui vole aux riches pour donner aux pauvres, non ? Quelqu'un qui voulait rendre quelqu'un heureux donnant son argent comme ca ?" En exposant son hypothèse, Jaana ne parvient même pas à se convaincre elle même. Sa petite grimace gênée en témoigne. S'il restait un doute sur son envie de laisser tomber la bonne morale pour une heure ou deux, il avait totalement disparu. Le regard plein d'espoir, comme si elle attendait qu'on lui donne explicitement l'autorisation, elle fixe Tayra, de sa petite taille. "C'est possible, non ?"
ft. @Jaana Freylied
Plus le temps passait, plus la petite se désistait, à mon plus grand plaisir. L'idée de s'alcooliser était tellement plus alléchante que d'aller rendre sa bourse à un mec pas foutu de bien l'accrocher.
Quand elle m'expose sa théorie du justicier voleur de riche, je souris fort, m'empêchant de rire. C'était tellement naïf que même elle, ne pouvait y croire sincèrement. Et c'est en pensant très fort "Non!", que je lui répondit:
Justement, à une dizaine de pas, je vis une accueillante taverne qui n'attendait que nous pour voir cette bourse se vider, lentement mais sûrement, de ses précieux cristaux. Je dirige alors la marche vers l'entrée, continuant l'idée surréaliste de Jaana.
Plus j'y pense et plus j'en ai envie d'abuser de l'élixir de rire. J'ai envie de m'amuser et je sens que je suis tombée sur le genre de fille avec qui il vaut mieux s'amuser que partir en mission, alors je compte bien me laisser aller... Ça fait pas de mal de faire des conneries de temps en temps. De toute façon, je ne sais pas où dormir ce soir, la question se règle toute seule passé un certain nombre de verres.
Le ton de Tayra lorsqu'elle prend la peine avec patience de répondre aux délires insensés de Jaana n'est pas vraiment convainquant. Mais La Brailleuse elle même n'est pas convaincue par ses propos qui manquent de crédibilité. Seulement elle n'en est plus là. Plus de logique quand la soif s'installer et que l'idée de dépenser tous ces cristaux en alcools et autres rafraîchissements fait son chemin.
Tayra est la première à craquer et prendre les devants, imposant sa décision à une Jaana qui n'oppose que très peu de résistance. Ce n'est pas elle qui décide de toute façon. Dès lors que le dilemme s'est imposé dans son esprit, Jaana a cessé de répondre de ses décisions. Son regard se pose sur la bourse, puis sur les alentours. Les passants font ce qu'ils savent faire de mieux, ils passent, sans un regard. Qui pourrait les juger ? Il est si rare dans cette capitale effervescente de retrouver quoi que ce soit une fois tombé sur le sol. Jaana en est la preuve vivante, l'étourderie lui a valu de perdre de nombreux casse-croûtes et autres babioles sans grande valeur.
Quelque part, c'est un peu de la faute de ce type, hein ? Disons ça.
Elle inspire longuement, les yeux fixés sur la bourse encore bien pleine. "Il comptait faire quoi avec tout ce fric ?" Murmure-t-elle pour elle même. Son attention à bien du mal à se fixer. Et puis elle lève les yeux vers Tayra une nouvelle fois. C'est qu'elle est convaincante. Ou bien est-ce l'attrait d'un après-midi passé à la taverne comme elle n'a jamais pu en profiter qui lui fait tourner la tête. Elle se questionne encore, expire, poussant un très long soupir. Jaana couine et chouine, comme un chiot hésitant face à une descente d'escalier périlleuse. Ce n'est pourtant qu'une marche qui constitue le perron de cette taverne dont l'ambiance attire même les badauds à l'extérieur. Un endroit accueillant, chaleureux, avec une musique plutôt plaisante qui s'entend jusqu'à l'intérieur. Et dehors, une pancarte qui vante les mérites des boissons "meilleurs que n'importe où ailleurs". Sans doute qu'ils ont raison.
"Haaaah ! Ok ! Allons-y !" Lance l'aventurière en s'engouffrant dans l'établissement, bousculant au passage un homme qui en sortait, lequel n'ose dire un mot tant il lutte pour se tenir droit sur ses deux jambes. "V'la une belle preuve de la qualité de leurs boissons, dis-donc. Au moins c'est pas du jus de pieds." Lance Jaana à sa future compagne de beuverie tout en désignant l'homme d'un mouvement de la tête. Un large sourire s'installe sur son visage. Les odeurs d'hydromel qui flottent dans la taverne lui ont manifestement déjà fait oublier son précédent dilemme. "Allez, j'te suis !"
ft. @Jaana Freylied
C'est sans attendre plus longtemps qu'un homme armé d'un sourire vicieux nous rejoint, l'air amical, avant de nous lancer avec un peu trop d'assurance:
Le gaillard semblait n'avoir pas bu une goutte, à en juger sa moustache plus sèche que le sable. Sans dissimuler la moindre arrogance, je prend la chope qu'il tenait et l'enfile d'une traite également. Je suis ici pour boire, il est là pour nous faire boire, et j'ai assez confiance en mes limites pour m'autoriser ce départ en force. La bière que je venais de lui voler était chaude, à croire qu'il la tenait depuis pas mal de temps.
Un autre regard vers le serveur, et je commande trois autres boissons en laissant cette fois Jaana choisir ce qu'elle veut. S'il veut jouer, il jouera. C'est en rigolant qu'il me répond, saisissant sa nouvelle bière.
La dernière phrase s'adressait à pratiquement toute la taverne. Ce gars veut lancer une vraie beuverie, ce qui est loin de me déplaire. D'autres personnes rejoignent le jeu rapidement, la plupart déjà éméchés. Je me tourne vers Jaana, un sourire en coin, je sens que la soirée va être amusante - et sans doute assez courte, héhé...
La surprise prend possession de l'expression de Jaana lorsqu'elle se retrouve directement un verre entre les mains, verre qu'elle n'a pas vraiment choisi. Elle qui se voyait simplement réchauffer ses tripes à l'hydromel léger - sa petite taille et son poids plume font d'elle quelqu'un qui tient assez mal l'alcool ou du moins qui devient vite pompette - se voit déjà condamnée aux phrases sans queue ni tête et aux environnements instables. Elle acquiesce néanmoins avec un grand sourire et trempe un peu les lèvres dans le gobelet en cachant mal la grimace que lui évoque l'odeur du breuvage.
C'est alors qu'arrive le type étrange qui semble avoir besoin de motivation pour boire. Jaana, Tayra et lui semblent avoir des intentions vraiment différentes en entrant dans cette taverne mais si tout le monde s'y retrouve, pourquoi pas. La démonstration de sa compagne fait ouvrir de grands yeux surpris à la Brailleuse. Elle qui profite généralement de chaque gorgée des breuvages qu'elle paie à reculons se trouve bien étonnée de la voir engloutir une bière aussi rapidement. "Wow, t'es pressée ?" Lui glisse-t-elle en jetant quelques regards inquiets au précédent propriétaire de la chope. Jaana les connaît, les piliers de comptoir, et si celui-ci n'est pas bien luné, il pourrait bien leur faire regretter ce geste. Et au prix des boissons dans cette taverne bien fréquentée, il aurait tout de même raison.
Jaana sourit tout de même à la remarque de Tayra et profite de l'occasion pour commander enfin son hydromel. Par principe, elle termine son tord-boyaux en grimaçant et accueille la nouvelle boisson avec un grand sourire. De quoi adoucir le tout. La proposition de l'inconnu ne tombe cependant pas dans l'oreille d'une sourde. "Un jeu ? J'adore les jeux ! J'suis partante !" Elle oublie presque d'écouter les règles mais n'a aucun regret. Elle se sait capable d'encaisser rien que par la force de sa volonté et son habitude à gérer les problèmes d'équilibre. Dans tous les cas, et elle se garde bien de l'exprimer à voix haute, Jaana sait que si elle reste bien accrochée au comptoir, assise sur un tabouret, elle peut sauver les apparences. Elle s'accoude alors au comptoir, prend sa nouvelle boisson à la main, et la tend en direction de Tayra et de l'homme, comme pour trinquer. "Alors, on s'y met ou on flippe ? Ha !" La jeune femme éclate de rire. Elle n'a de toute évidence pas la moindre idée de ce dans quoi elle s'engage mais le fait tout de même avec enthousiasme. Reste qu'elle sera probablement la première à servir de serpillère dans très peu de temps.
ft. @Jaana Freylied
La première chose que je vois en ouvrant les yeux, c'est de la boue. Et du bois... Ah, un petit enclos? Oui, on doit être dans une sorte d'étable et... Et j'ai passé la nuit avec une famille de cochons. remarque, ils font un bon oreiller... Ah tiens, elle est là aussi. Comment elle s'appelle, encore? Ah oui, Jaana.
Je me relève, l'équilibre encore très approximatif, les pensées peu claires. je sors de l'enclos, ayant bien du mal à en ouvrir la porte, je me demande bien comment on a fait pour y entrer. En sortant du bâtiment, j'entends un homme et un enfant qui discutent. En regardant, je ne vois que deux hommes adultes. Ah... Il a simplement une voix d'enfant. Et il m'a vue... Et... Il me connaît?
Oula, je sais pas qui c'est mais visiblement c'est pas le grand amour entre nous. Ne sachant trop que faire, je reste plantée là et tente de comprendre ce qu'il essaye de dire.
Le regard vide, je tente d'assembler les mots pour construire des phrases, mais n'arrive à rien de très sensé. Il faut croire que ce qu'il dit n'a vraiment pas de sens... Il continue de parler, mais je ne prends pas la peine d'essayer de comprendre tant il parle vite. Et sa voix d'enfant me fait rire...
C'est pas gagné. J'espère que Jaana s'en souviendra mieux que moi... Ce qui est peu probable vu sa carrure, c'est déjà étonnant qu'elle aie réussi à rester toute la soirée avec moi et me suivre jusqu'ici. D'ailleurs, c'est où, ici?
L'homme semble arriver à se calmer en se convaincant que ce que je dis est vrai.
Bon. Retrouver une chèvre et... Le soigner, c'est ça? Pfffff...
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