Appeler dès le matin à me rendre dans une salle précise de la caserne, on m’avait dit d’y attendre l’émissaire de la capitale et qu’elle serait présente pour nous donner notre « mission ». Bon j’imagine qu’on va se taper quelque chose de bien relou. Alors voilà, je me tire une chaise et je m’assis calmement en croisant mes jambes et mes bras. J’ai peut-être temps de faire un petit somme, qui sait, sauf qu’à peine ai-je le temps de baisser ma tête que la porte s’ouvre avec fracas.

Je sursaute à peine et je tourne la tête pour voir entrer mon officier supérieur. Cela faisait un petit moment qu’on ne s’était pas revu et je me demande même s’il a été mis au courant de la rumeur. Enfin, je sais plus, ça me semble loin. Du coup, pour le coup, je me suis habillée convenablement puisqu’il s’agissait de boulot. Pas de vêtements troués, ma peau n’était pas visible à l’œil de tous et puis c’était peut-être mieux là où est-ce qu’on allait. Bon sur le coup, je ne sais pas quel genre de mission qu’on va se coltiner, mais la dame flanquer de son garde fit rapidement son entrée.

Elle semblait aussi heureuse que moi de me retrouver ici. Bon, c’est quelqu’un d’important, alors je me lève pour saluer la dame, même si en réalité je me fiche pas mal de son statut, puis elle nous lance presque le dossier pour notre mission comme s’il s’agissait d’un simple déchet. Enfin, je reste silencieuse. Si y’a bien quelqu’un qui doit prendre la parole, c’est Valentino.

Donc notre mission était simple, trouvé le coupable qui selon les dires seraient un gamin et nous devions le ramener jusqu’à la capitale là où une « punition » lui sera donnée. Bon, ce n’était pas des meurtres non plus. On avait déjà vu plus grave, mais bon! J’ai le temps de dire un simple « Oui madame » qu’elle tourne les talons accompagnés de son larbin qui lui ouvre la porte. Dès que cette dernière s’est refermée derrière elle, je pousse un soupir.

« J’en connais une qui n’a pas pris son pied depuis longtemps. »

Je risque un œil vers mon officier, après tout, je ne sais pas trop comment il pourrait réagir à ce genre de commentaire. Puis je ne sais pas pourquoi, mais j’ai souvenir de truc que je lui aurais dit en prenant par mégarde de la potion de jouvence. J’espère qu’il ne s’en souvient pas aussi. Pfffeuh, lui dire qu’il sera mon amoureux plus tard, mais qu’est-ce qui m’a pris.

« Je suis à votre écoute, officier supérieur Rivolti. Quel est le plan? »

Je me place tout de même droite, après tout je dois lui montrer que j’ai un peu évolué voir changer depuis tout ce temps. Je n’ai pas vraiment dans l’intention de gravir les échelons, mais je veux quand même qu’on soit fière de mon travail. Alors j’attends patiemment qu’il prenne parole.

Je dois dire que de voir Valentino, en chair et en os, devant moi, me rend légèrement joyeuse. Bon, c’est une surprise parce que je ne savais pas qu’il revenait aujourd’hui et il ne savait pas lui-même combien de temps il serait parti. Alors, je suis contente de revoir sa sale tête de borgne, mais je ne le montre pas. Non, j’essaie de rester tranquille et droite hormis mon petit commentaire qui m’a échappé sur la femme qui était repartie aussi vite qu’elle était rentrée. Je ne veux pas lui faire croire que je me suis relâchée depuis son départ et faire cette mission avec ce dernier me permettra de lui prouver. D’ailleurs, sans compter notre escapade nocturne dans la tanière des nobles, avions-nous seulement déjà travaillé ensemble? Non, je ne crois pas.

Enfin, je me mets parfaitement droite devant lui, les mains collées contrent mes cuisses et j’attends de recevoir ses ordres. Puis j’attends et j’attends alors que ce dernier préfère s’allumer une clope, m’observer de son unique œil et de prendre une bonne bouffée de sa clope avant de la recracher par les narines. La terre appelle la lune? Oui, allo? Il ouvre la bouche, mais pas pour me dire quelque chose de pertinent et qui concerne notre mission. Non! Il préfère parler de mon attitude et de ma posture sans pour autant oublier de m’appeler par un nouveau surnom que je croyais qu’il aurait oublié. Je vais t’en faire voir des soldats Clochette. Tout ça parce que Calixte trouvait que je ressemblais à une fée.

Du coup, je fais la seule chose de logique. Mes épaules s’affaissent, je reprends mon air blasé et je mets mes mains dans mes poches.

« C’est fou! Peu importe ce que je fais, tu n’es jamais content! Y’a toujours quelque chose à dire. Je veux avoir l’air d’un vrai soldat je me le fais remettre sous le nez et quand je n’agis pas comme tel, tu fais pareil. Mais décide-toi à la fin! »

Je sais qu’il a souri et qu’il a plutôt dit ça sous le ton de la plaisanterie. Mais ça m’énerve. On ne peut pas passer un jour sans qu’on passe un commentaire sur moi ou ma tenue ou bien ma façon d’être.  Enfin, je pousse un gros soupir et je croise les bras devant ma poitrine en prenant un air faussement boudeur. Les joues presque gonflées comme une enfant.

« Bon retour, que je lui dis un fronçant les sourcils, puis je baisse d’un ton ce qui ressemble surtout à un marmonnement.J'suis contente de te revoir.»

Bon ceci étant dit, je me détourne pour ouvrir la porte afin de sortir de cette pièce et aller chercher ce dont j’avais besoin pour notre mission ce qui impliquait que nous nous rendions à notre chambre. Mais avant de sortir pleinement de la pièce, je me retourne en sa direction…

« Ne m’appelle plus soldate Clochette, ok? Y’a des choses que je préfère oublier dans la vie et ça en fait partie. » Je ne peux pas m’empêcher d’avoir un petit sourire en me détournant puis je me mets en marche. « Je me suis procuré un petit joujou. Bon, ce n’était pas cadeau non plus, mais si t’en as un ça sera plus pratique pour qu'on garde contact… » Elle sort le cristal de communication de son sac et le lui montre vite fait avant de le serrer. Bon s’il n’en avait pas un, ce serait compliqué de l’utiliser. Et ce n’était pas tout ce qu’elle avait de nouveau, mais lui, c’était plus dur de l’amener jusqu’ici… Pfiou, elle secoua la tête se remis droite et continua sa route. Elle avait l’impression d’être retombée en enfance en lui montrant les nouveaux jouets qu’elle avait reçus.

Bon, moi qui croyais avoir été assez discrète pour qu’il ne m’entende pas. Il semblerait qu’il a l’oreille aussi fine qu’un chien! Et ce n’est pas une insulte loin de là! Du coup, alors que j’essaie de faire comme si de rien était et que je prends aussi le temps de ne plus m’appeler clochette, je me détourne rapidement, mais je l’entends rire derrière moi. Bon bien sûr, je souris, après tout on s’était bien marré cette journée-là tous les trois. Je pensais en laisser ça là et que lui aussi, mais j’aurais dû me douter qu’il allait ajouter son petit grain de sel. Il m’affirme être aussi content de me voir et qu’il est déçu que je veuille oublier l’histoire de la potion de jouvence. Il ose même en rajouter et je rougis de honte en tentant de rentrer ma tête dans mes épaules. S’il y avait bien un animal que je voulais être en ce moment c’était n’importe lequel qui avait la capacité de se cacher dans sa carapace. Du coup, pour toute réponse à cela, je me retourne vers lui en lui tirant l’une des mes plus belles grimaces avant de détourner la tête et de passer à autre chose.

Je lui parle de ma nouvelle acquisition et heureusement, ce dernier en possède aussi un. Ça ne m’aurait pas servi à grand-chose pour l’instant et c’était plutôt une chance que je prenais. Il ajoute qu’il pourra même m’emmerder à distance grâce à cela et il reprend de son sérieux parlant finalement de notre mission.  Je dois dire que pour moi non plus ce ne sera pas la mission la plus palpitante que j’aurai à faire, mais c’était déjà mieux que de s’occuper du ménage de la caserne.

« Ouais, il vaut mieux se concentrer sur notre tâche actuelle, puis faudra synchroniser nos cristaux, je lève les yeux vers lui avec un petit sourire moqueur. Ça va, tu comprends ce que je dis? Tu te fais vieux, c’est peut-être un truc de jeune tout ça. Je peux le faire pour toi si tu veux. »

À la chambre, on se prépare vite fait, on synchronise nos cristaux puis on fait un test chacun notre tour. Après tout, il faut penser à la personne avec qui nous voulons entrer en contact puis insuffler une légère pulsion magique. Du coup, comme à mon habitude, je dis une connerie. Enfin, je prends mon grand sac sans fond dans lequel je mets quelques vêtements, une couverture chaude pour les nuits fraîches et ce qui était le plus beau dans tout ça, c’est que je pouvais y mettre mon grand chakram sans aucun soucie.

Une fois sortie, je m’assure qu’on récupère une tente parce que je n’ai pas l’intention de dormir à la belle étoile et je vérifie les sacoches de ma monture afin qu’elle soit plaine pour elle et aussi pour moi; puisque je n’ai pas l’intention de mourir de faim pendant notre trajet. Je prends les sacoches sur mon épaule droite puis je vais préparer mon fidèle compagnon. À vrai dire, c’est la première fois que je vais le sortir pour une mission, j’ose espérer qu’il se montrera coopératif. Je me suis assurée de tisser un lien avec Arlequin et il ne me manquait qu’à solidifier le tout. Je rentre dans son box et je lui donne une carotte tout en le flattant. Pendant qu’il mange, je le prépare doucement sans le brusquer puis j’enfile sa bride et son mors. J’attache la longe de chaque côté puis je le sors.

« Valentino, je te présente donc Arlequin, mon unicorne. Ne me demande pas le prix que j’y ai mis si tu ne veux pas de mensonge. »

On se met finalement en route et tout se passe bien. Enfin, je croise les doigts maintenant que je l’ai pensé. Il suffirait que mon canasson me fasse une merde et que je me retrouve le cul par terre. Après tout, il m’a bien fait manger la terre une fois, je ne vois pas ce qui pourrait l’empêcher. Du coup, je le fais se rapprocher de la monture de Val’ sans être à porter de bras, mais juste assez pour avoir une discussion sans avoir à hausser la voix.

« Alors, t’as fait quoi pendant tout ce temps? Enfin, à moins que ce soit secret et que tu ne puisses pas en parler. Tu étais accompagné d’un groupe? »

Une bouchée de pain? Mais il est rigolo le vieux monsieur. Il a complètement raté sa vocation ma parole. Il aurait dû faire fou du roi avec ces blagues et en plus, il ose blaguer sur ma mère. Nous qui avons une si belle relation digne d’une mère et d’une fille qui en ferait pâlir de jalousie plus d’une. Pour toute réponse, je lui fais mon plus beau sourire avec mes plus beaux yeux, soit une moue sans sourire et des couteaux à la place des yeux. Je venais de l’étrangler à de nombreuses reprises  au moins dix fois dans ma tête et je me détourne aussitôt pour grimper sur ma monture sans un mot.

Je m’apprête alors à talonner ma monture et un petit rugissement me fait tourner la tête. Val’ pousse un soupir tout en secouant la tête puis il se tourne vers la direction du bruit. Je ne sais pas à qui ou à quoi il parle, mais il lui signale que s’il veut venir c’est maintenant et que la route sera plutôt longue. Du coup, une petite créature feuillue arrive en courant tout joyeusement et saute sur la monture en face de l’officier où il prend place s’allongeant en petite boule devant lui.  Il nous présente rapidement tout en mentionnant qu’il passait son temps à dormir de jour, mais vivre de nuit. L’apparition de l’animal à su changer mon humeur. À vrai dire je ne m’attendais pas du tout à voir Valentino se pavaner accompagner d’un aussi jeune familier. C’était presque mignon? Un sourire attendri doit me trahir durant cette fraction de seconde, puis je me détourne rapidement.

« Il tiendra compagnie à Arlequin pendant que nous dormons. Je suis sûre qu’ils seront de bon ami. N’est-ce pas, mon gros? »

Je vois la bille noire de sa grosse tête m’observer et il hennit doucement en secouant la tête comme s’il n’était pas d’accord. Enfin, je ne peux pas réellement prévoir les évènements du futur et ni savoir si les deux allaient être comme chat et chien ou bien comme feu et eau, mais j’ai eu ouï dire que les unicornes avaient des facultés à voir dans un avenir proche. Peut-être s’était-il vu en plein insomnie à cause du petit drarbuste qui ne faisait que l’embêter?

Enfin, on se met en route plutôt silencieusement pour commencer, mais j’ai pas l’intention de passer les six prochains jours dans le mutisme le plus total. Alors je le questionne sur son enquête actuelle et il me répond avec franchise. Alors il n’était que deux, dont lui et une valkyrie. Je ne sais pas pourquoi, mais je plisse des yeux quand j’entends le nom de la femme. Bon en même temps, je ne vois pas en quoi ça me concerne puis c’est peut-être que des collègues. Peut-être qu’il ne la connaissait pas avant cela et que c’est le capitaine qui a tout simplement décidé de les jumeler. D’ailleurs, ça me fait penser que moi aussi j’ai rencontré une jeune valkyrie du nom de Leoven. Un peu sauvage comme moi dans les premiers temps, mais quand on apprend à la connaître, elle devient vite plus sympathique.

« Quoi?! Tu vas encore repartir et encore avec elle? »

Bon, je ne sais même pas pourquoi j’ai dit cela, mais c’était plut fort que moi.

« Enfin, je veux dire, tu restes ici si peu de temps. Bon, en même temps, pas le choix c’est le métier. Ça aurait pu être moi, enfin pas dans une mission de cette envergure. Je ne crois pas qu’on me juge apte pour ce genre d’enquête pour le moment. Puis bon, comme tu dis, on a nos cristaux. »

Mais, pourquoi j’ai l’air dépressive? Il ne va pas mourir. T’es capable de vivre sans l’officier. Puis, bon en même temps, j’avais qu’à choisir des amis citoyens. Entre Aslander qui passait son temps en vadrouille avec ses quêtes et nos devoirs de garde, c’était plutôt compliqué. Puis je suis une grande fille, même si la plupart du temps je finis seule dans le chambre, je suis capable d’y dormir tout de même.

« Ce que j’ai fait? J’ai résolu une affaire de meurtre pas loin de la capitale. Ce n’était pas beau à voir. C’était mon premier cadavre et si seulement on en avait pris soin. Non, le meurtrier l’avait pendu par le cou après l’avoir poignardé à plusieurs reprises. Bref, une histoire de fantôme et à glacer le sang. Heureusement qu’un ami était présent à ce moment, parce que j’aurais terminé en petite boule dans la cave. »

Dit comme ça, ça n’avait peut-être aucun sens pour ce dernier, mais je hausse les épaules, essayant de me souvenir ce que j’avais fait.

« Heum, j’imagine que Gérolt et Nayah vont bien. Disons que je me suis tenue occupée à travailler ici et là. J’ai rencontré Leoven, une valkyrie aussi. Elle est chouette bien qu’elle me fait pensée à moi, mais en plus jeune. » Puis je pousse un soupir. « M’enfin, avec les rumeurs qui courent, je n’ai pas envie de faire des esclandres. Après tout, ma vertu est compromise, je me suis enfuie avec toi, un simple garde! Alors que je me serais fiancée la veille avec un autre. Ah, quelle bonne blague. Je savais que cette histoire allait tourner au vinaigre. Attends, mais ce n’est pas tout! J’ai appris que les familles nobles m’utilisent comme exemple à ne pas prendre! » Je déploie ma gorge, levant le menton vers le haut et je lâche qu’un seul rire plutôt sonore. Un simple « AH! » ironique et peut-être avec une touche de tristesse? Je ne sais pas trop dire, mais il semblerait que le karma ne m’apprécie pas réellement.

Je ne sais pas ce qui m’a prise de dire tout haut ce que je pense. À vrai dire, je ne suis pas du genre jalouse, mais avec toutes les merdes qui me sont arrivées dernièrement, j’ai besoin d’avoir tous mes amis à mes côtés et Valentino en fait partie. Enfin, je crois. Il est celui qui est le plus au courant de ma situation familiale bien que je n’ai pas eu trop le choix d’en parler avec Aslander. Puis, comme Val’ me l’avait demandé, je l’ai confronté et je dois dire que sa réponse me reste tout de même à la gorge même s’il s’est excusé et m’a affirmé que ses plans avaient changé au fur et à mesure que la journée avançait. Enfin, dans tous les cas, il n’avait pas besoin de ma présence à ses côtés et il avait monté toute cette histoire. Ce qui voulait ainsi dire qu’il avait bluffé selon les meurtres de noble, mais avait visé juste sans le savoir. Est-ce que c’est quelque chose dont je dois parler au garde ou le garder pour moi? Après tout, on a décidé de rester ami malgré tout. Je ne veux pas que Valentino s’inquiète pour moi et qu’il juge Aslander comme un connard. Il a sûrement ses propres soucis à penser surtout qu’il vient à peine d’arriver, qu’il est déjà renvoyé en mission et avec quelqu’un comme moi. On va essayer de ne pas se prendre la tête.

D’ailleurs, j’ai le regard ailleurs, alors je ne note pas trop ce qu’il fait à mes côtés, mais je dois dire que ma réaction est plustôt la même que Aja. Je sursaute sur le dos de ma monture alors qu’il déclare qu’il me sentir apte à partir en mission importante et qu’à son retour, nous allions tous les deux partir en mission. Mon regard de fer s’accroche à lui, l’observe longuement alors qu’il irradie de bonnes humeurs. Il est heureux que je veuille m’impliquer? J’imagine que c’est ce que je veux. N’est-ce pas? D’ailleurs je réponds au reste de ses questions lui expliquant ce que j’avais fait durant son absence et je lui parle de mes découvertes, du fait que j’ai élucidé un meurtre sans préciser que j’étais accompagnée du noble ce soir-là. Je ne veux pas qu’il croie que je le fréquente réellement. Enfin, bien que je ne veux pas que tout le monde le croie. C’est déjà bien compliqué comme ça.

Valentino me dit alors quelque chose qui me fait vraiment du bien. Je crois qu’il est le seul à m’avoir complimenté depuis ces dernières semaines. Alors je rapproche ma monture de la sienne marchant côte à côte lors d’un bref moment. Je suis assez près pour déposer ma main sur la sienne et je les observe un moment. Je ne sais pas quoi dire en cet instant, mais lorsque je lève les yeux jusqu’à lui, je ne projette que de la sincérité.

« Merci, c’est gentil Val’. Entendre ce que tu viens de me dire me fait du bien et j’en avais vraiment de besoin. »

Je lui offre un petit sourire en coin puis je le quitte indiquant à ma monture de se mouvoir sur le côté. Puis je caresse son encolure doucement.

« Aller, Arlequin, montre-nous ce que tu as dans le ventre! YAH! »

Je le talonne aussitôt et celui-ci accélère d’un coup et lorsqu'il atteint une vitesse stable, je serre mes jambes contre ce dernier et je ferme doucement les yeux tout en ouvrant mes bras en croix. Je profite de l’air qui s’engouffre sous mes vêtements et qui caresse ma peau tout en faisant voler ma chevelure dans tous les sens. Cela me donne presque un sentiment de liberté… Puis j’ai l’impression de frapper un mur en ayant cette pensée. Ce mur s’appelle Grace et je soupire. Parfois je rêve de n’avoir aucune responsabilité et de pouvoir faire ce que je veux sans me soucier de mes faits et gestes. Pouvoir accepter l’offre de mon ami et de voyager sur la mer avec ce dernier ou peut-être juste voyager sans que personne ne sache où je vais et avec qui je suis.

Enfin, Valentino nous avait rattrapés et j’avais ralenti la cadence de ma monture. Il nous restait encore quelques heures avant de monter le camp et c’est Valentino qui en donna le signal. On met pied à terre dans un endroit tranquille où il est possible de faire boire nos montures et l’herbe semble bien appétissante pour eux. Bien sûr, je donne une pomme à mon compagnon pour le remercier de m’avoir supportée toute la journée et j’enlève mes sacoches de son dos afin d’y prendre la tente et de la monter. Elle n’est pas très spacieuse, mais elle est assez grande pour contenir une seule personne et ses bagages ou bien deux personnes voyageant léger. Quand j’ai terminé je regarde autour de nous et je ne vois pas de seconds abris.

« Tu n'as pas de tente? T’as oublié ou tu n’y as juste pas pensé? Enfin, ça ne me dérange pas de partager la mienne. Après tout, on dort bien dans la même chambre, juste que c’est bien plus étroit. » Je me rapproche de ce dernier. « T’en dis quoi? »

Ma proposition n’avait aucun arrière pensé. Je lui proposais tout simplement de partager ma tente pour éviter qu’il dorme à l’extérieur et pourtant, ça semble bien le surprendre parce qu’il me regarde plutôt surpris et cela arrive même à me faire douter de mon offre. Est-ce qu’il va mal le prendre? Est-ce qu’un officier ne doit pas partager la même tente qu’un simple soldat? Bon, question idiote me direz-vous. Après tout nous dormons bien dans la même chambre. Il ne me fait pas attendre bien longtemps pour une réponse que je ne lui connaissais pas? Moi lui faire des avances? Je semble aussi surprise que lui. Il est malade non? Son rire ridicule me sort de cette pensée et seulement là je comprends qu’il se moque de moi. Il poursuit alors parlant de se nourrir avant de faire quoi que ce soit que j’avais en tête. Encore là, il me fait un clin d’œil avant de partir de son côté. Je pousse un soupir très audible et lève les bras ne gardant que les paumes de main ouverte vers le ciel au niveau de mes épaules.

« Ohlala, il a découvert mon plan ultra secret. Zut alors, mais que vais-je faire? »

Je pose le dessus de ma main sur mon front en me penchant légèrement vers l’arrière, tout en en déposant ma sénestre au niveau de mon plexus solaire.

« Je vais mourir de honte, prise sur le fait. »

Je me détourne puis me dirige vers mes sacoches que j’avais déposées près de ma tente. Je risque un regard en la direction de Valentino et je me détourne aussitôt en faisant une fausse moue. Je m’assure de parler bas, mais assez fort pour qu’il m’entende.

« Hm! De toute façon, il ne sait pas ce qu’il rate! »

Et je me surprends à rire moi-même. C’est étrange que je me sente naturelle avec ce dernier. Je peux faire ce que je veux, enfin dans la limite du raisonnable, et dire ce que je veux. Il ne cherche pas à me mettre sur la touche comme l’auraient fait ma mère ou mes anciens supérieurs. Je ne sais pas ce qu’il arrive à voir en moi que je ne vois pas moi-même, mais je ne sais pas quoi dire.

Je finis par piger dans mes rations de voyage et je sors la fameuse nourriture que tout bon soldat se doit d’amener avec lui en mission. De la viande sécher qui s’entrepose facilement, des fruits sécher et quelques légumes agrémentés de petite noix pour rajouter du contenue à mon repas. Enfin, on mange, on discute puis je vais me coucher. Je n’insiste pas sur mon offre puisque ce dernier souhaite dormir à la belle étoile.

Dès le lever du soleil, on se remet vite en route et je dois dire que c’est plutôt répétitif, on discute, on prend des pauses pour nos canassons et on dort. Le temps passe relativement vite en bonne compagnie. Heureusement rien n’a décidé de se mettre à travers de notre route et on finit par voir le temple au-dessus de cette colline. C’est d’ailleurs la première fois que j’y mettais les pieds. Les grandes colonnes extérieures étaient plutôt impressionnantes et c’était à se demandé comment ils avaient pu construire quelque chose de la sorte. Bon, avec les pouvoirs il devait bien y avoir quelque capable de soulever quelque chose, quoi que la télékinésie c’est plutôt mon truc.

« Je te laisse parler le premier, c’est toi le chef après tout. »

Et il valait mieux que ce dernier soit en tête de notre duo; déjà parce qu’il était le plus haut gradé de nous deux, le plus vieux et que j’avais la flemme. Voilà, puis avec ma dégaine, je faisais toujours une première mauvaise impression.

Nous venions seulement d’arriver au temple et moi qui pensait pouvoir mener la belle vie en restant dans l’ombre de mon officier. Eh bien non! Celui-ci, alors même que je venais de lui mentionner que je le laissais parler, secoua la tête en descend de sa monture. Pour ma part, je dus me laisser tomber au sol puisque je ne mesure qu’un simple mètre soixante ce qui n’est pas très grand, mais bon. On dit toujours que les petites personnes ont bien plus de caractère que les grands puis ce n’est pas si mal de toute façon! Je prends alors mon sac sans fond que j’enfile dans mon dos et je me retourne alors vers mon officier.

Les mots qu’il prononce ont l’effet d’une gifle en pleine tronche! J’ouvre la bouche sans un son qui s’en échappe puis je le fixe sans réellement l’observer. QUOI?! Inspection surprise et c’est moi qui dois mener l’enquête? S’il voulait me rendre vraiment inconfortable, c’était déjà bien parti.

« Tu rigoles? »

Mes paupières battent à de nombreuses reprises, mais son expression n’a pas changé.  Il est gardé un sérieux fou avec son petit calepin prêt à prendre des notes sur cette mission. Je déglutis péniblement et soudainement j’ai les mains terriblement moites que je tente aussitôt d’essuyer sur mon pantalon sans trou. Bon, Khalie, calme-toi. Ce n’est qu’une mission comme les autres. Ce n’est pas la première fois que tu mènes une enquête, mais c’est bien la première fois que tu le fais avec un officier et qu’il demande à te superviser. Je ne sais pas si mon visage a changé de couleur, mais je me sens vraiment nerveuse.

« Bon, très bien, allons-y alors. »

Nous grimpons les marches une à la suite de l’autre alors que j’observe le bâtiment qui se trouve devant nous. Je constate la présence des membres du culte en train de nettoyer la peinture qui semble fraîche. Je ne sais pas ce que le gamin essaie de faire, mais cela me semble être de l’acharnement non? Cela fait plusieurs jours que nous sommes parties du grand-port pour nous rendre jusqu’au port, donc cela veut donc dire que ce n’est pas le premier dessin qu’ils ont droit.

Enfin, je regarde les grandes portes du temple qui sont ouvertes dans le but d’accueillir nombreux pèlerins venant se recueillir en ce lieu. D’ailleurs, j’ai cru comprendre qu’il y a peu, ils furent victimes, en plus, d’un initié mal intentionné. Rien ne sert de tourner le couteau dans la plaie. Nous entrons donc dans ce lieu de culte et nous fûmes aussitôt par une femme plutôt âgée.

« Je vous souhaite la bienvenue dans la grande demeure de Lucy. Mon nom est sœur Agnès. Je serai heureuse de vous guider dans notre maison, mes chers enfants.
- Bonjour, ma sœur. Nous sommes gardes du grand-port répondant à votre demande concernant les graffitis. Voici l’Officier supérieur Rivolti et je réponds au nom de Soldat Drak’gnir.
- Oh par Lucy! Vous ne savez pas à quel point cela me soulage de vous savoir ici. »

J’essaie de garder mon sang-froid et laisse mes bras dans mon dos alors que je tiens mon poignet d’une main. Je ne dois rien oublier, je dois poser les bonnes questions sans presser la femme.

« C’est un plaisir de vous rendre ce service.
- Avez-vous besoin d’une chambre, quelque chose à boire ou à manger? Vous devez vous sentir épuisé après ce long trajet.
- C’est très aimable à vous, mais je crois qu’il serait mieux de discuter de notre artiste en herbe.
- Et bien, suivez-moi. »

La femme prend donc la tête du peloton et nous marchons à l’extérieur nous montrant au passage les murs de l’infrastructure. Elle explique que chaque fois qu’ils réussissent à effacer une partie du dessin, le lendemain un nouveau dessin y est apparu. Ils ne souhaitent pas donner aux initiés la tâche de garder les murs le soir, puisque ce n’est pas l’une de leurs fonctions premières. Déjà qu’ils devaient nettoyer la peinture presque tous les jours et qu’ils le veuillent ou non, certains commençaient à démontrer une certaine forme de mécontentement et je pouvais les comprendre.

« Nous pensons qu’il s’agit d’un adolescent ou d’un jeune adulte, mais en aucun cas il n’a blessé qui que ce soit. Une seule personne a pu le voir, mais n’a pas bien vu son visage. C’était une silhouette plutôt masculine que féminine, toute vêtue de noir.
- Avez-vous connaissance de personne qui vous veut du mal?
- Non, pas que je sache bien que…je ne sais pas si cela pourrait avoir un lien, mais deux gardes sont venus arrêter l’un des initiés ici présents qui pratiquait de la nécromancie… Elle lie ses mains l’une à l’autre et on peut l’entendre murmurer quelques mots à l’intention de Lucy, puis elle reprend. Nous ignorons s’il avait des fidèles, mais je ne pense pas que l’évènement soit lié.
- Nous ne pouvons pas ignorer les pistes, mais vous me dites qu’il opère surtout de nuit c’est cela?
- Exact.
- Parfait, dans ce cas, il nous reste encore du temps devant nous avant que la nuit tombe, nous allons repérer les lieux et rester le plus discrets possible pour ne pas déranger les pèlerins.
- Merci beaucoup, dit-elle en attrapant chacun l’une de nos mains. Ce que vous faites compte vraiment pour nous. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, demandez-moi. »

Je me retourne alors vers Val’ mettant les poings sur les hanches.

« S’ils sont en train d’effacer cette section là-bas, cela veut donc dire qu’il y a de fortes chances que notre coupable revienne cette nuit y remettre son grain de sel. Donc il nous faut nous trouver le meilleur endroit pour le prendre sur le fait sans qu’il nous voie. »

Bon il semblerait que moi aussi j’ai le droit à un questionnaire à répondre. De ce que je peux croire ici présentement, ce n’est certainement pas moi la coupable, mais je vois bien où veut-il en venir. Ce sont des détails que l’on peut juger insignifiant à première vu, mais aussi anodin soit-il ils sont tout de même important. Après tout s’il me demande mon avis sur certain point c’est peut-être parce que ce son des points assez importants.

Déjà, ce que je pense du témoignage d’Agnès? Je crois qu’on ne peut pas trop s’y fier pour la simple et bonne raison qu’il n’y a pas de descriptions précises du suspect. C’est comme si je disais que la personne avec deux  bras, deux jambes et une tête. C’est beaucoup trop vague et ils ne peuvent pas affirmer s’il s’agit d’une femme ou d’un homme. Mais, je peux me fier sur le fait qu’il revient à chaque fois.

« La description du suspect est trop vague, on ne peut pas l’utiliser. Ça pourrait être n’importe qui. Sauf que si la personne revient tous les soirs peinturer sur la partie qui a été effacée, on peut juger qu’il ne vit pas très loin d’ici ou il a la possibilité de surveiller les lieux sans être reconnu. »

Bon c’est vrai qu’il apporte un point important. Il faudrait inspecter le lieu de la dernière peinture afin de vérifier qu’aucun indice ne nous passe sous le nez. Sans attendre, je me dirige vers l’endroit où la peinture semble encore plus fraîche que le reste ce qui nous éloigne des initiés en grand ménage.

« Bon, c’est ici. »

J’observe le sol un moment cherchant de quelconques empruntes tout en faisant attention à où je mets mes propres pieds. Je ne voudrais pas marcher dans quelque chose qu’il ne faudrait pas alors j’observe s’il ne pourrait pas y avoir d’empreinte de pas, de matériel utiliser pour peindre les murs. Après tout, vu la hauteur, soit la personne à la capacité de voler, soit elle réussit à amener une échelle jusqu’ici. Peut-être qu’elle les cache dans les environs?

« Hum, s’il utilise du matériel pour monter, mais qu’il revient tous les soirs, peut-être qu’il les cache quelque part près du temple. Après tout, si on le voit se trimbaler avec tout ça chaque nuit y’a matière à trouver cela louche, non?  Sinon voir avec eux s’il n’y aurait pas du matériel manquant. On ne peut pas écarter le fait que cela peut venir de l’intérieur. »

Je lève la tête en sa direction, bien sûr, j’espère au moins qu’il saura me donner son avis dans tous les cas et ne pas laisser tout faire seule.

« Donc, soit il cache le tout, soit il a un pouvoir qui l’aide à profaner les murs du temple. T’en penses quoi toi? »

Je demande l’avis de Valentino, pas seulement parce que je ne sais pas où j’en suis, mais bien pour savoir si je suis sur la bonne voie et s’il l’une de mes suppositions tiens la route. J’espère qu’il me répondra franchement, parce que nous sommes une équipe malgré tout et bien qu’il « inspecte » mon travail, nous voulons tous les deux régler la situation le plus rapidement possible et le plus efficacement. Bon, il croit que le coupable vient de l’interne ce qui expliquerait c’est allé et venu à sa guise. Après tout, s’il sait que personne ne monte la garde, alors il peut s’en donner à cœur joie. Du coup, il me retourne une question. Comment trouver des suspects sans avoir à attendre de le prendre la main dans le sac.

Bon, je n’aime pas quand il me pose des questions. Ça me stresse plus qu’autre chose et ça m’empêche de réfléchir. D’ailleurs, s’il sait que nous sommes présents, il n’agira sûrement pas ce soir, car après tout il doit se douter que nous allions surveiller le temple et certainement les allés et venu des membres du clergé.

« Et bien, les crimes sont commis de nuit, alors tous ceux responsables du temple de nuit pourraient être suspectés, bien sûr s’il arrive à passer entre les mailles et ne pas se faire voir. Ce qui pourrait être possible.  La personne qui croit avoir vu le coupable pourrait aussi être suspectée. Après tout, elle aurait pu faire exprès de brouiller les pistes pour qu’on n’ait pas de description fixe et concrète. »

Je m’éloigne alors du dernier emplacement où la peinture était fraîche et je me mets alors à marcher doucement. Je sens qu’il me manque quelque chose. Qu’il pourrait y avoir d’autres possibilités.

« On pourrait demander à certains membres plus haut hiérarchiquement s’ils ont eu connaissance de changement chez certains de leurs consœurs ou confrères. Une plus grande fatigue due au fait de rester éveiller tard ou bien même de l’irritation pour les mêmes raisons. S’il y a des manquements chez certains. »

Je me rapproche des pauvres initiés en train de nettoyer. Du coup, je m’arrête à côté de l’un d’entre eux.

« Excuse-moi de te déranger, mais j’ai seulement une petite question pour toi,
- Oui bien sûr, dit-elle en s’essuyant le front.
- Comment est-ce que vous avez été choisi pour nettoyer le mur. Est-ce que ce sont toujours les mêmes est-ce qu’il y a une rotation?
- Il y a un horaire avec des tâches où le nom des initiés choisi y est marqué. Malheureusement, avec les graffitis, la liste doit être refaite tous les jours alors que normalement ce sont des tâches hebdomadaires.
- J’imagine que vous vous connaissez tous, du moins vous savez qui est qui ici. Est-ce qu’il arrive parfois que des visages ne se soient pas présentés?
- Hm, aujourd’hui, non, mais j’ai cru entendre quelques autres initiés s’en plaindre.
- Et vous dites que c’est la sœur en chef qui s’occupe de cela?
- Oui, c’est cela.
- Bon, très bien, merci beaucoup et encore désolé de t’avoir dérangé. »

Bref je me retourne alors vers Valentino. C’était peut-être une autre piste à suivre. Je nous éloigne des oreilles indiscrètes après tout, je ne voudrais pas que quelqu’un nous entende et je commence à descendre quelques marches juste assez pour être loin.

« Bon, on pourrait aller voir la sœur en chef et vérifier les listes avec elle. Peut-être qu’elle pourra nous dire aussi si elle a pu voir un changement chez certaines de ces personnes qui ont manqué à leurs tâches? »

Après tout, s’il manque de sommeil et qu’il n’a pas de bonnes excuses cette personne pourrait très bien être coupable. Bien qu’il faille voir si tous les initiés y sont passés au moins une fois, puis ils doivent faire une rotation en pleine journée aussi. Après tout, j’imagine mal quelqu’un frotter les murs plus de douze de suite.

Bon j’avoue que d’avoir demandé à un initié quelques informations concernant les horaires de nettoyage pouvaient mettre à risque notre enquête, mais dans tous les cas, ceux qui étaient ici aujourd’hui nous avais déjà vu parler avec Sœur Agnès. Ils savaient déjà que des membres de la garde étaient présents sur les lieux afin d’enquêter sur le méfait. Donc, dans tous les cas, cela allait très certainement se répandre telle une traînée de poudre. Certes, le coupable n’en savait rien pour l’instant, mais il valait mieux être prudent.

« Oui, c’est vrai. Je ne l’avais pas vu de cette façon. »

Du coup, on reprend le chemin vers l’entrée du temple pour y remettre les pieds et Agnès n’est pas bien loin en train de discuter avec d’autres membres du culte. Bien sûr, dès qu’elle nous remarque, je lui fais un petit signe de la main. Je ne veux pas la déranger s’il s’agit d’une discussion importante. Cette dernière ne prend que quelques minutes avant de nous rejoindre un sourire rayonnant sur son visage.

« Que puis-je faire pour vous? Vous avez changé d’idée? Vous souhaitez le gîte et déguster un repas avec nous?
- Serait-il possible de parler dans un endroit plus discret, à vrai dire, pouvez-vous nous conduire jusqu’à votre bureau?
- …(Petit moment d’hésitation) Oui, oui bien sûr. Suivez-mois, mes enfants.
- Merci. »

Nous parcourons quelques couloirs qui se ressemblent. Bien sûr, des cadres à l’effigie de Lucy se présentent tout au long de notre parcours et je ne sais pas dire s’il s’agit de la lumière tamisée, mais cet endroit à quelque chose d’apaisant. Le silence est presque agréable bien que seul le son de nos pas résonne sur le marbre froid. Nous nous arrêtons finalement devant une grande porte et la dame nous invite à y entrer avant de ne refermer cette dernière derrière elle. Nous invitant à prendre place sur des sièges déjà présents, la sœur prend place derrière son énorme bureau.

« Je vous écoute.
- Loin de nous l’idée de vous brusquez, mais étant donné ce qu’il s’est déjà passé une fois ici concernant les agissements de l’un de vos subordonnés, nous pensons fortement qu’il s’agirait de l’un d’eux.
- Oh par dame Lucy, dit-elle en faisant quelques signes pour interpeller cette dernière. Qu’avons-nous fait pour mériter tout cela.
- Avez-vous noté de quelconques changements de comportement chez certains d’entre eux? Vous en a-t-on fait la remarque?
- Vite comme ça, je ne me souviens pas. Bien sûr, il y a parfois quelques cas, mais je n’ai pas noté quelque chose de plus frappant que les autres.
- Aucune plainte d’initié concernant l’absence de certains camarades absents lors de leur tâche?  Une charmante demoiselle m’a mentionné que vous deviez refaire les listes pratiquement tous les jours pour établir une rotation afin que ce ne soit pas toujours les mêmes, est-ce que nous pouvons les voir? »

Elle se lève et se dirige vers l’un de ses classeurs afin d’y récupérer un porte-folio qu’elle amène jusqu’à son bureau duquel elle sort plusieurs feuilles.

« Voici les feuilles depuis la première journée que nous avons été victime de graffitis. »

Je la remercie et commence à fouiller les documents en contant bien sûr l’aide de mon supérieur. Je dirige l’enquête, mais ça ne veut pas dire que je dois tout faire seule, non?