SE PERDRE POUR
MIEUX PROFITER
C'est la première fois que Rebecca participe à une baston de taverne. Elle avait l'habitude de faire des choses, dans les tavernes, oui, comme se cacher sous une table pour éviter des voleurs, ou même aller dans la réserve pour faire des....des choses.
Quand elle voit Nora prendre un des hommes bourrés pour lui mettre un coup de verre en pleine tête, elle ne peut pas s'empêcher de rigoler. C'était plus fort qu'elle ! Quelque chose au fond de son âme la poussait à rejoindre la partie. Sans arme aussi, on peut tuer quelqu'un ! Ça passera incognito, tranquille
Maintenant, Rebecca riait à gorge déployée. La tournure qu'avait prit les évènements était magnifique. Partir de la simple idée de profiter des sources chaudes pour finir par se paumé hors des frontières, se prendre un incendie puis être à l'origine d'une baston dans une taverne...qui aurait pu imaginer cela ? Pas elle, en tout cas.
La guerre faisait rage sur le champ de bataille. Les blessés tombaient un par un, le visage couvert de sang. Et dans la foule, un homme se faisait plus remarquer que les autres. Ses poings vibrait dans le brouhaha assourdissant. Son visage recouvert de sueur brillait de mille feux dans se paysage de désolation. Nora maîtrisait la situation, il n'avait pas besoin d'aide. A lui seul, il mettait K.O deux hommes en même temps. Les corps pleuvaient dans son entourage, attention à la tête !
Et Rebecca ? Hé bien, elle servait à garder les forces ennemis bien active.
Faisant le tour de la taverne, une bière dans la main, elle revoyait tout ceux qui voulait fuir le combat à coup de pied aux fesses ou de gentils paroles.
- Ho...on veut fuir le combat, c'est ça ?
- S'il vous plait, mad'selle...c'est...c'est un démon...
- Et moi je suis Sainte Lucy en personne. Retourne donc combattre, incapable !
Un peu plus loin, l'aventurière tombe sur deux hommes cachés sous une table. Pensent-ils vraiment qu'ils sont discret ?
- Bouh.
- AAAAH !
- Bah alors, qu'est-ce que vous faites tous les deux comme ça ? Vous me faites penser à deux petits animaux sans défense.
- S'il...s'il vous plait...on ne veut pas y retourner...
- L'ours vous fait peur, hein ? Allez, je veux bien être clémente. Elle pointe son doigt vers le premier homme. Toi, tu vas faire le chat. Allez ! Conviction un peu !
- Le...chat ?
- Mais oui, le chat ! Le truc qui fait miaou ! Allez ! "Miiiiaaaaaoooouuu" !
- ....miiaaoouu ?
Elle pointe son doigt vers le deuxième froussard.
- Toi par contre, c'est le chien. Un bon gros chien, hein ! Pas un gros chien sans peur et sans faiblesse...plutôt le petit chiot qui a peur de l'orage. Allez ! "Ouaf ouaf" fait le chien.
- Waouf...waouf...
- Bof, vous êtes vraiment pas marrant.
Rebecca soulève alors la table, la jetant quelques mètres plus loin et prend les deux hommes par le col. Elle les tire vers Nora, qui était subitement en manque de combattant.
- Non ! S'il vous plait ! Non ! Naôôôn !
- Tiens Nora ! CADEAU !
Le Cogne-Caboche ne ressemblait plus à rien. Ou peut-être est-ce ça, son état normal ? En tout cas, vers la fin, Rebecca a mit la main à la patte. Quelques coups, pas plus ! Il ne fallait tout de même pas abîmer ses mains et ses vêtements. Par contre, pour Nora, c'était une autre histoire. Ses vêtements étaient complètement trempée de sueur, ses cheveux possédaient maintenant des reflets rouge sang. Comme ça, dans cette tenue, cette atmosphère, le coeur de l'aventurière a manqué un battement. Est-ce vraiment de sa faute, de toute façon ?
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pour mieux profiter
A chaque coup donné, cette sensation s’intensifiait, le sentiment de devenir puissant. Toute sa vie cantonnée à n’être qu’un simple spectateur, il avait créé en lui une frustration immuable par les mots et le réconfort. S’il devenait une personne altruiste avec le temps, il ne restait pour autant aucune trace de son isolation sociale ayant durer pas loin d’une demi-décennie. Sans rien voir, à être prit en pitié, il était devenu faible, tant physiquement que mentalement à cette époque. Et ce soir, chaque coup qui brisait le nez de sa victime était un coup qui démolissait ce mur autour de son cœur, chaque mâchoire rencontrant ses rotules signifiait la fin de cette ère de dépression. Chaque homme au sol était un trophée, une preuve incarnée que le faible Nora n’était plus. Il n’avait aucune prétention d’être fort, juste un homme épanoui sur son territoire de chasse, le prédateur absolu et, il y prenait énormément de plaisir. Ses poings le lançaient, rouges, aux phalanges écorchées, mais la sensation était bien trop bonne pour s’arrêter, emmenant danser avec lui chaque cible à sa portée, délivrant à la pièce un chef d’œuvre à base de sueur et de sang.
Essoufflé, il laissa les derniers fuyards emprunter la sortie lorsque Rebecca ne la gardait plus, crachant au sol un mélange de salive et de sang. Il avait aussi pris son compte de coups, mais aucun assez fort pour éteindre sa détermination à vaincre. Attrapant la choppe de bière d’un homme assommé sur sa table, il la bu d’une traite et retrouva sa partenaire, couvert de sueur, de sang et de blessures. Il approcha de sa partenaire qui lui envoya les deux derniers gibiers, envoyant un crochet du gauche dans le premier et attrapant le col du second pour le fixer droit dans les yeux.
- "C’est quoi c’regard, tu te chie dessus ?!"
Les larmes aux yeux et la morve au nez, le personnage hocha la tête en geignant. L’instant ne dura qu’un instant, mais l’aventurier le jeta vers son pote qui se tenait la mâchoire après le coup de l’aventurier.
- "Fuis avec ton pote avant que je change d’avis."
Magnanime, il accorda la grâce aux hommes apeurés et les perdit de son champ de vision en un instant. Approchant de sa coéquipière, qui avait l’air aussi de bien s’amuser, Nora avait perdu son sourire, le final était décevant et ses forces étaient presque au bout, il s’invita donc autour du cou de Rebecca et laissa un peu de son poids sur elle. Avec une odeur plus forte de sang que d’alcool, il observa le visage de la jeune femme, qui avait eu l’air de s’amuser pendant cette soirée. Si au moins elle lui avait plu, ce n’était pas tout de perdu, il annonça alors.
- "J’en ai trop fais, j’crois. On prend une auberge ?"
Sans sous-entendre grand-chose, il recherchait maintenant un endroit ou s’assoupir et passer le mal de crâne. Pas le même que lorsqu’il abuse de son pouvoir, non, celui-là était purement désagréable et inhibait tout ses sens. La présence de la demoiselle n’était pas désagréable, puis tant qu’à y être, autant finir la journée comme ils l’avaient commencée, sauf qu’elle serait celle à le soutenir à son épaule cette fois-ci.
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Elle ne saurait dire pourquoi, mais quand Nora se retourne vers elle, ses cheveux et ses vêtements trempés d'un mélange de sang et de sueur, le cœur de la pauvre jeune femme ne voulait pas arrêter de battre la chamade. Cette explosion de virilité était tout simplement trop pour elle.
- "J’en ai trop fais, j’crois. On prend une auberge ?"
Trop fait, c'est peut être un euphémisme ! Tout le rez-de-chaussé de la taverne est complètement chaotique, à croire qu'une explosion a eu lieu ici. Mais cela ne faisait que faire battre le coeur de Rebecca encore plus vite. Elle adorait les gens puissants, surtout ceux qui savaient se battre.
Rapidement, l'aventurière sauta dans les bras de Nora, enroulant ses jambes autour de sa taille et ses bras autour de son cou. Son visage n'était qu'à quelques centimètre du sien. Instinctivement, elle sentait que Nora avait mit ses bras sous ses fesses, histoire de la maintenir un peu en place. Penchant sa tête sur le côté, ses cheveux tombaient en parfait rideau, leur offrant un coin d'intimité, même s'il n'y avait plus grand monde pour les écouter parler.
- Faut-il vraiment prendre une chambre ? Je suis sûr qu'on peut se faire rapidement une place, ici.
Vu comment c'était prononcé et vu la gestuelle mise en place, Rebecca était sûr à 100% que le message était passé. Sinon...et bien elle n'ira pas par quatre chemins. Aussi doucement qu'une lionne affamée, Rebecca fait descendre ses mains le long du torse de l'aventurier. Le t-shirt du jeune homme lui colle à la peau, Rebecca n'en rate pas une seule miette.
Puis un bruit de métal se fit entendre à l'extérieur de la taverne. Un bruit que l'ex femme de capitaine connaissait parfaitement.
- La garde. Il faut qu'on parte d'ici.
Les deux aventuriers ont réussir à partir avant que quiconque puisse les voir. A la recherche d'un logement pour la nuit qui arrive, Rebecca n'oublie pas ce qu'elle venait de commencer. Et avait bien l'intention de le finir.
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En réponse à sa proposition, l'aventurière sauta au cou du garçon en s'enroulant autour de lui, aux hanches et autour des épaules. Attrapant ses cuisses pour ne pas la faire tomber, il n'eut étrangement pas trop de mal à la maintenir, malgré l'effet combiné de l'alcool et de la fatigue. Elle avançait alors dangereusement son visage vers celui du garçon et fit une proposition pour le moins singulière.
- "Faut-il vraiment prendre une chambre ? Je suis sûr qu'on peut se faire rapidement une place, ici."
Elle entreprenait alors une gestuelle aguicheuse en restant aux crochets du jeune homme et ce dernier l'observa sans un mot. Son regard était froid, pas forcément un regard visant à mettre de la distance avec une inconnue, plus celui d'un animal face à un autre prédateur et bien que ce ne soit pas littéralement sa chair qu'elle recherchait, elle semblait demander quelque chose ayant un rapport très proche à la chaleur d'un corps humain. Passant sa main gauche contre la nuque de la demoiselle, il l'enserra sans la blesser en approchant son visage et soufflant dans son cou, il lui murmurait avec assurance.
- "T'es sûre que tu veux pas plus confortable ?"
Sa dextre quant à elle remontait contre le fessier de la demoiselle, lentement et sensuellement. S'il n'était pas alcoolisé, le garçon se serrait rabattu pour protéger sa dignité, ce n'est pas le genre de la maison que d'accepter les caresses de n'importe qui, mais la réserve et la timidité noyés dans plusieurs verres d'alcool, ils ne faisaient pas le poids face au lion de désir rugissant au sein de Nora. Avant de pouvoir entreprendre quoi que ce soit de plus, un cliquetis métallique interrompu le duo dans leurs danse et Nora pesta en se redressant. Si comme l'avançait la jeune femme, la garde était en approche, ils avaient bien plus de soucis à se faire concernant le chaos installé dans le bar. Saisissant la dame par le poignet pour l'emmener avec lui dans l'arrière-boutique, ils trouvèrent bien assez vite une sortie réservée au personnel, débouchant sur une ruelle peu fréquentée. Un coup d'œil à gauche puis à droite, l'aventurier emmenait sa partenaire dans une rue parallèle pour déboucher face à une auberge modeste. S'y infiltrant, Nora paya pour une chambre et aussitôt la clé fut attribuée aux aventuriers que le jeune homme y amenait sa compagnie. Les sens et le rythme cardiaque du chasseur s'emballaient lorsque les caresses donnaient naissance à une parade plus bestiale tandis que sa conscience s'effaçait, ne laissant que l'extase et l'odeur de leurs sueur entremêlée.
Les souvenirs du mâle prenaient fin ici et, s'il gardait les idées claires sur tout ce qui précédait le bain avec Rebecca, à partir du moment où il prenait sa première pinte à la taverne, tout semblait flouté, il n'avait donc plus que de vagues images des évènements à partir de ce moment-là. Rouvrant les yeux avec la gueule de bois, l'aventurier se trouvait nu, étendu dans un lit deux places sans trouver personne à coté de lui. Un peu confus, il se redressa avant même de se rhabiller et constata la présence de sang et de sueur sur ses habits. Un tour à la rivière pour laver le tout s'imposait, venait aussi la question d'où se trouvait sa partenaire. Approchant d'une table dans l'angle de la pièce, il vit une note pliée qu'il attrapa, son pouvoir émit un signal et il tenta de l'activer. Rebecca l'avait écrit de sa main et déposé ici avant de se diriger vers la sortie. Lisant son contenu, il arbora un sourire en coin. Il avait trahi ses principes et bafoué son humilité mais étrangement, il n'en avait déjà plus rien à faire. Mis à part ses blessures et la sensation d'après cuite, il avait probablement passé une excellente soirée et il n'y avait pas de place pour les remords.
"T'es pas si mauvais que ça, enfaite.
Reb."
Pas si mauvais ? Sûrement une manière élogieuse de dire au revoir pour la demoiselle. Abandonnant le bout de papier, le garçon plia ses affaires et se rhabilla, trouvant un étrange objet en forme de pipe perdu dans ses effets personnel. Une possession de sa partenaire à n'en pas douter. Soupirant pour lui-même, l'aventurier lança son sac sur son épaule et emprunta la sortie. Observant le ciel dégagé, il s'engagea sur le premier sentier, direction la capitale, il ne manquait plus qu'à retrouver Rebecca, à la guilde ou par hasard, afin de lui rendre sa possession.
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