Valente Augustus Fosca

Nom du pouvoir : Canard de bain.
Catégorie : Divers


Permet d'invoquer un canard de bain. Ce pouvoir ne s'est jamais manifesté, Valente et tout son entourage le pensant infirme. Et entre nous, c'est peut-être pour le mieux.

Valente est un homme extravagant, ou diraient certaines personnes beaucoup plus franches, un sacré abruti dont la principale occupation est de se pavaner dans les rues du Grand Port en faisant faire des moulinets inutiles à son épée. Doté de deux biceps fins mais musclés, d'une épée cérémonielle et d'un sourire insupportable, il est reconnaissable entre tous quand sa chevelure vermeil apparaît dans les réceptions ou les marchés de la ville pour y vendre un quelconque produit.

Valente n'est pas arrivé où il est par hasard. Doté d'un bagou et d'un charisme rares, il serait capable de vous vendre n'importe quoi. Et il est aussi impitoyable avec la concurrence qu'il est mielleux avec ses clients, n'hésitant pas à s'abaisser à des techniques peu loyales ou à carrément engager des mercenaires pour saboter ses concurrents. Il a compris que la réputation, l'argent et le savoir-parler sont des armes arme aussi efficaces qu'une épée ou qu'un sort.

Il a cruellement besoin de plaire, d'être remarqué : c'est le genre de personne qui arrive difficilement à rester seul avec ses pensées, tant il a besoin de voir son reflet dans le regard d'autrui.
Il passe de lubie en lubie, possédant assez d'argent pour pouvoir se payer ce qu'il veut, pour s'ennuyer quasiment immédiatement de sa nouvelle acquisition et s'en payer une autre. Les dernières années l'ont rendu assez paresseux, le jeune homme se tirant à grand peine du lit qu'autour de midi, au mieux. Mais il est toujours aussi fin d'esprit, réfléchissant prudemment à la meilleure façon de faire un profit. Complètement déconnecté des problématiques des gens pauvres et aventuriers, il n'essaie pas vraiment de comprendre, demeurant dans une ignorance presque naïve.

Il est beau parleur avec les femmes, naturellement, ayant grandi entouré par ses soeurs. Volatile, il ne s'attache pas par peur qu'on l'abandonne, et préfère être le premier à s'en aller pour ne pas avoir à subir une quelconque déception. La plus grande, celle qu'il voit reflétée dans le regard de ses parents, guide chacun de ses pas sans qu'il s'en rende vraiment compte.

Les Fosca avaient fait fortune en tant que négociants de tissu au cours des cinquante dernières années, et s'étaient confortablement installés en tant qu'un des comptoirs commerçants les plus présents sur le Grand Port.

La venue du fils cadet, le cinquième d'une fratrie déjà prometteuse, fut objet de fêtes et de célébration. Couvert de velours et de soies au couleurs de la famille, il fut paradé devant toute la compagnie, et il était plus riche a deux ans que les trois quart des concitoyens du grand Port.

Mais la joie ne dura que quelques ans. A l'âge où les enfants découvraient leur pouvoir et où certains bambins faisaient même preuve d'une grande puissance magique pour leur âge, il n'y avait toujours rien du côté de Valente. Rien, pas une pauvre étincelle ni un changement dans son entourage.
On crut d'abord à un simple retard d'apprentissage, alors il fut traîné de spécialiste en spécialiste. Tous eurent la même chose à dire : ils n'avaient aucune idée d'où ce blocage venait.

Les regards désolés et les murmures ne lui faisaient pas autant de mal que l'indifférence froide de son père à son égard. Il sentait la déception que cachait difficilement sa mère, et la honte, cachée juste derrière.

Il préférait éviter tout cela en se réfugiant auprès de ses soeurs, plus compréhensives, plus douces peut-être. Laën, la puînée, lui prêtait souvent le bras lors des réceptions de famille, où le jeune adolescent brillait par son bagou insolent mais divertissant, et sa disposition joviale.
Il comprit rapidement que son sourire, ses manières, et son air jovial étaient une monnaie d'échange aussi puissante que l'argent qui coulait à flots dans la famille. Elles lui permettaient de naviguer partout où il voulait, infirme ou pas.

Mais le coeur de Laën se serrait lorsqu'elle le voyait partir marcher du côté de la falaise, car elle savait qu'il y allait dans le vain espoir de s'entraîner, de voir une once de magie se manifester, une preuve que Lucy ne l'avait pas abandonné. Mais rien. Il essayait, et il échouait.

Lassé de ce fils qui ne lui offrait que de la honte, le père de Valente l'envoya étudier à la Capitale, dans une académie privée pour la noblesse dorée d'Aryon. Il y resta pendant le plus clair de son adolescence, mais au grand dam de son père, le séjour l'avait difficilement calmé. Pire, il semblait encore plus turbulent que jamais, et résolu à aller contre les voeux de son père, qui souhaitait qu'il s'engage dans la garde.

A sa majorité, Valente décida de lancer son propre comptoir, avec une partie de l'argent des Fosca qui s'était mystérieusement retrouvée sur son compte en banque.
Il n'eut aucun mal à trouver des clients - les esprits fins et et doués de calcul n'ont jamais beaucoup de mal à développer un grand talent d'orateur. Valente était un négociant formidable, capable de vous vendre n'importe quoi et de vanter les mérites d'une poubelle à des auditeurs fascinés. Il fallait reconnaître qu'il avait d'immenses facilités, qu'il mit à profit pendant les années suivantes.

Se lançant d'abord dans les épices, puis le vin et enfin les chevaux, il s'enrichit à une vitesse fulgurante, aidé par la fortune de sa famille et ses contacts plus ou moins douteux. Il se rendait souvent dans les marchés pour s'assurer lui-même de la qualité de sa marchandise, et pour convaincre ceux qui avaient encore un doute.

Mais l'approbation de ses pairs lui semblait bien pâle à côté de celle, toujours absente, des autres hommes de la famille. Son père n'avait que l'acier en tête ; et son frère aîné, Jaal, n'avait pour lui que du mépris, peu importe les milliers qu'il amassait. A leurs yeux, il était un infirme, un incapable. Lui avait depuis longtemps fait le deuil de ses non-pouvoirs ; maintenant seul importait le tintement des pièces de monnaie, le parfum des épices, et la certitude enivrante que lui, il avait réussi.
Maintenant, son ambition le guidait toujours plus haut. Oui, un jour, il aurait la mainmise sur le Grand Port, la ville qui l'avait vu grandir...