Mais dans ce cas là, ce n'était peut-être pas seulement des bleus qu'elle allait recevoir, mais bien des trous un peu partout dans son corps en plus de ceux qu'elle avait déjà et l'idée d'en avoir plus ne lui plaisait pas vraiment. Surprise, il semblerait que Zilith aussi n'était pas fan de l'idée et s'alarma de l'idiotie de sa collègue. Mais pour toute réponse, Astrid s'arrêta dans son chant – qui était d'ailleurs totalement faux - un instant pour s'exclamer :
-Mademoiselle ?! Encore ??? Et je fais ce que je peux ok ??? Euuuuuh, j'voulais dire….DOOooOOoOORMEeeeeeEeeeZ-VOUS, DOoOOooORMEeeEeeEeeZ VOUS ! T'aimes bien mon chant Raph ? C'juste pour toi ! HAHAHAHAHAHA !
Au fond d'elle, la femme à tout faire se mit réfléchir à une solution pour régler ce problème imprévu dont elle était la seule responsable. Est-ce qu'elle avait des remords d'avoir entraîné la pauvre noble dans ses emmerdes ? Pas vraiment, c'était même un peu drôle de la voir réagir ainsi, heh.
De multiples possibilités s'offrit à cette femme pleine de ressources lorsqu'il s'agissait de se tirer d'affaire, mais sa voix dérailla en voyant le tavernier rentrer dans la pièce, s'approchant donc dangereusement du bruit de l'eau qui coulait encore.
-DING DANG DONG DING DANG DONG ! Continua-t-elle en forçant un peu plus, ce qui eut au moins l'effet d'attirer le regard de Raph vers cette personne complètement folle qui lui brisait de toute évidence autant les oreilles que les couilles. Mais il n'était pas totalement dupe non plus, ce bon tavernier. Au cours de sa longue vie, il en avait connu des cas, et il connaissait assez bien la femme à tout faire pour savoir que, bien qu'elle était étrange et qu'il lui manquait des cases, chanter comme ça n'était...pas normal. Quel était donc son but ? Il s'apprêta à lui poser la question, mais s'arrêta lorsqu'il vit Zilith tomber contre sa camarade de manière dramatique. Un sourire en coin apparut alors sur le visage d'Astrid en constatant que la noble savait aussi se débrouiller pour tenter d'esquiver une situation difficile. Feignant l'inquiétude, elle arrêta son chant cacaphonique – non ce n'est pas une faute de frappe -, et s'adressa au tavernier de manière tout aussi théâtrale :
-Oh non ! La pauvre Zilith ! Cette jeune noble a un corps fragile vois-tu, depuis toute petite elle a été faible à cause d'une maladie inconnue et incurable, elle n'est donc pas habituée au dur labeur ! Et pourtant, elle s'est donnée corps et âme pour nettoyer cette chambre de fond en comble ! Sortant un mouchoir de sa poche, elle sécha des larmes invisibles et se moucha avant de continuer avec un air infiniment (et faussement) triste : Bouhouhou….elle mérite clairement un salaire, que dis-je, un bonus même pour un travail aussi difficile...snif…
….quelle audace, vraiment ! En profiter pour demander un bonus alors que l'homme tenait toujours une arme dans les mains et les regardait avec effarement ? Comme si ça allait march…
-Vous serez payées pour votre travail et c'est tout. Annonça Raph sans aucune once de sympathie. Et toi je t'interdis de remettre les pieds ici pendant au moins quelques mois.
-Tch, quel radin. Marmonna la citoyenne.
Avec un autre soupir, le propriétaire se gratta le haut de son crâne pour réfléchir. Astrid était une sacrée connasse et la jeune noble n'était probablement qu'une de ses nombreuses victimes. Aussi, il brin de pitié naquit en lui et il finit par sortir une bourse de sa poche avant de rajouter quelques cristaux à l'intérieur. Plus vite elle gagnerait des sous, plus vite elle pourrait quitter ce travail et vivre une vie honnête et loin de cette fouteuse de merde, pensa-t-il. Sa bonté le perdrait un jour.
-C'est SA prime ok Astrid ? Si j'entends qu'elle ne l'a pas eu je….
Mais même pas le temps de finir sa phrase, la bourse était déjà empochée et Astrid souleva Zilith telle une princesse avant de disparaître à toute vitesse pour sortir de cette satanée taverne.
-Pfiou...soupira-t-elle soulagée, désormais loin de Raph, avant de se rendre compte que son amie venait de faire son premier voyage en vitesse sonique. Cette fois véritablement inquiète, elle demanda : Euh, ça va, rien de cassé ? Tu vas pas vomir sur moi hein ? Haha, à priori non, t'as déjà dû tout vomir tout à l'heure heh. Oh sinon, joli comme diversion. Clin d’œil complice. Tu te débrouilles bien pour une débutante héhé.
Sans surprise, les passants qui furent trop près d'eux froncèrent les sourcils et certains eurent même l'amabilité de se pincer le nez, faisant clairement comprendre qu'elles ne sentaient pas la rose. Un bain était de mise et Astrid avait déjà hâte de rentrer à la maison pour pouvoir se prélasser dans de l'eau chaude et parfumée.
Mais encore une fois, rien n'était jamais simple avec la citoyenne, car bientôt, depuis la fenêtre, un cri dont on pouvait sentir une colère et une haine rare retentit et fit sursauter la femme aux cheveux blancs :
-AAAAAASTRIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIID !
Dans le plus grand des calmes alors qu'on pouvait entendre une personne dévaler les escaliers à l'intérieur du bâtiment, cette dernière ricana :
-Ma chère Zilith, t'ai-je déjà parlé de la technique ultime et légendaire de la famille Dalgaard, transmise de génération en génération depuis plusieurs siècles et qui a assuré la survie de tous ses membres jusqu'à ce jours ? Non ? Hé bien attache bien la cei….accroche-toi bien, parce que cette technique c'est...LA FUITE !
Ah.
- C’est pire que dans une essoreuse… Gémit-elle tout en retenant un haut-le-cœur qui la fit pâlir encore un peu plus. Si son premier réflexe fut une vaine tentative pour échapper aux mains d’Astrid cela ne dura pas longtemps. Rapidement la voix du tavernier claqua dans l’air jusqu’à la faire sursauter. - O-oh-oh… Non ! Nous sommes fichue ! Pourquoi rien ne se p-… La technique ultime ? S’interrogea la pauvre, crédule et un peu stupide Zilith. Puis soudain la révélation. - NON ! Eut-elle tout juste le temps de hurler avant que sa nuque ne vrille vers l’arrière dans un craquement disgracieux et que ses joues se mettent à blobloter sous la puissance de la vitesse. Le trajet fut rapide pourtant il lui parut durer une éternité. Dès qu’Astrid daigna s’arrêter et que la rose reconnue les lieux elle se dégagea de son étreinte, tombant lourdement à quatre pattes, le souffle court. Son estomac gémissait son mécontentement, sans parler de l’odeur nauséabonde qui continuait de les entourer. Il n’en fallait pas plus. Plongeant une main maladroite dans sa poche elle trouva rapidement la petite clef. Lucy devait être présente ce jour puisqu’elle réussit en seulement un coup la faire pénétrer dans la large serrure, même les gonds ne lui opposèrent pas de résistance - peut-être parce qu’elle manqua de les défoncer. Sans demander son reste Zilith disparue à l’intérieur de leur appartement.
Le concert qui s’en suivit fut des plus ravissant, mêlant des sonorités d’expectorations et d’éructations dont la pauvre jeune femme se serait bien passé. Cependant ce fut bien plus fort qu’elle et lorsqu’elle alla s’échouer sur le bidet elle laissa sa joue reposer sur le bord de la cuvette.
- Plus… Plus jamais… De voyage… Avec vous. Jamais. Jura-t-elle sans même savoir si la principale intéressée pouvait l’entendre. Cela lui était parfaitement égal d’ailleurs, c’était une promesse à elle-même. Avec difficulté et non sans soupirer lourdement elle se redressa et prit une grande inspiration. - Une douche et un brossage de dent. Voilà ce dont j’ai besoin… Se faisant elle quitta le sol pour attraper sa brosse à dent tandis que son autre main ouvrait l’eau. Trois minutes plus tard elle était déjà en train d’abandonner ses vêtements pour se glisser dans la baignoire.
Contenant sa colère autant que possible, il claqua la porte avant de remonter en trombe dans la chambre. Plus jamais, plus jamais, il ne ferait appel à Astrid Dalgaard, et plus jamais ô grand jamais il ne l'accepterait plus dans son établissement. La prochaine fois qu'il la verrait, ce ne serait de toute évidence pas en bon terme et il ne serait pas étrange qu'un meurtre se produise.
Dès que la femme à tout faire s'arrêta, se retenant tout juste de tomber en avant à cause de sa passagère - ce qui aurait causé un vrai désastre -, ce fut essoufflée et en sueur qu'elle s'écroula au sol en même temps que Zilith. Utiliser ce pouvoir était déjà épuisant, alors avec une autre personne en plus…Cela dit, elle n'était pas la seule dans le mal puisque sa collègue n'était clairement pas dans son assiette non plus, sûrement peu habituée à ce genre de….moyen de transport qui devait sacrément retourner l'estomac. Nul doute que si elle avait encore quelque chose à vomir, elle l'aurait fait sur la femme aux cheveux blancs qui ricana douloureusement entre deux souffles en imaginant cette possibilité. Il y avait déjà eu assez de vomi et de merde pour aujourd'hui, heh, même si la journée n'était pas totalement terminée et qu'il y aurait encore maintes occasions créées par la citoyenne fouteuse de merde. Quoique, Astrid était dans un tel état de fatigue qu'elle ne se sentait même pas d'aller boire ce soir dans une taverne, ce qui était un fait assez rare pour le signaler et pour que ses connaissances la regarde comme si elle était soudainement devenue folle. Enfin, plus folle que d'habitude, on se comprend.
Cette dernière, toujours en train de reprendre son souffle, rampa sans honte aucune jusqu'à l'intérieur de leur habitation et zieuta longuement en direction de sa chambre où son lit douillet l'attendait tandis que Zilith se vidait une nouvelle fois aux toilettes.
-Oublie pas de les nettoyer après, heh. Blagua-t-elle en s'attendant à recevoir une insulte ou une pantoufle à la gueule, ce qui n'arriva étonnamment pas.
Et parce que les deux jeunes femmes ne vivaient pas seules, la femme à tout faire fut accueillie par ses (trop) nombreux familiers qui coururent vers elle avant de s'arrêter précipitamment pour rester à bonne distance.
-Hmm ?
Astrid haussa alors un sourcil étonné. D'habitude ils se jetaient sur elle et ça partait rapidement en un festival de câlin et de poutou. Tendant les deux bras vers l'un d'eux, elle dit alors :
-Callliiiiiinnnn !
À sa grande déception qui lui brisa un petit peu le cœur, même Glou le glooby refusa catégoriquement de s'approcher, et la raison apparut alors clairement dans l'esprit de la citoyenne : Elle puait la mort et tant qu'elle ne se serait pas débarrassée de cette odeur nauséabonde, pas de câlin.
-Zilliiiiiiiiiiith, ils veulent pas me faire de caliiiin. Se lamenta la citoyenne, en vain, puisque la noble était déjà dans la baignoire.
Hmmm. Toujours couchée par terre, Astrid se mit à réfléchir. Elle avait besoin d'un bon bain aussi si elle voulait pouvoir caresser ses familiers et rejoindre son lit. Elle ne voulait pas non plus que l'odeur colle trop au parquet et à ses vêtements. Mais le problème, c'était que sa collègue était déjà en train de prendre son bain….
Une idée lui vint alors, lui donnant un grand sourire malicieux et une énergie renouvelée.
Il n'y avait qu'une solution n'est-ce pas ?
Quelques minutes plus tard, nue comme un ver mis à part une simple serviette autour des épaules et une chope de bière fraîche lévitant autour d'elle, elle fit une nouvelle fois une entrée fracassante dans la salle de bain comme elle en avait tant l'habitude :
-Hey Zilith ! Ça te dérange si je m'incruste ?!
Une question posée bien trop tard, puisqu'elle était déjà dans la pièce avec un air ravi. Sans hésitation aucune et ignorant les protestations s'il y en avait, elle entra dans la baignoire qui n'était pas immense mais suffisamment grande pour accueillir les deux jeunes femmes qui devaient néanmoins se serrer un peu pour y être en même temps.
-Pfioou….soupira l'opportuniste en ressentant la chaleur de l'eau l'envelopper peu à peu. Ça fait du bien après une dure journée, nah ? Heh, prendre un bain à deux ça me rappelle l'époque où je faisais pareil avec mes frères et sœurs héhé.
Installée en face d'elle, la femme aux cheveux blancs put alors observer pour la première fois le corps nu de la noble et elle ne put s’empêcher de pousser un sifflement impressionné :
-J'ai toujours su que tes vêtements ne mettaient pas en valeur tes formes, heh. Et t'as une sacrée peau, elle a l'air toute douce. T'aurais aucun mal à faire tourner la tête des hommes, avec plus d'assurance et des fringues plus adaptés haha, parole d'Astrid Dalgaard, j'ai l’œil pour ce genre de chose !
D'ailleurs, l'espace d'un instant, son regard se posa sur la drôle de cicatrice de sa camarade à son avant bras droit mais elle décida de l'ignorer pour l'instant. Chaque balafre avait son histoire, et elle se demanda un instant quelle était l'histoire de celle-ci. Toutefois il était peut-être encore un peu tôt. Une autre fois, elles avaient le temps. Avant ça….
-Alors ? Bilan de la journée et de ton boulot ? Elle prit une gorgée de sa bière et poussa un énième soupir de soulagement en sentant le doux liquide froid descendre le long de son gosier et contrastant avec la chaleur les entourant. Rien de mieux après une dure journée de labeur! Toujours souriante, elle tendit alors la chope vers son amie et demanda : Une gorgée peut-être ? Ça te fera du bien tu verras !
Plus que jamais elle avait la sensation d’être un navet cuit à la vapeur, il n’aurait manqué qu’un bouquet garnit de thym et de romarin pour parfaire le tableau. Sa peau laiteuse avait viré à un rouge écrevisse et déjà des gouttes de sueurs perlaient sur ses tempes. Diantre ! Qu’elle se sentait bien ! Ses cheveux flottaient, semblable à un nuage de guimauve posée sur un ciel rendu blanc opaque par les sels de bain, ses muscles commençaient à se détendre et pour la première fois depuis la veille elle se sentait propre ! Tout était parfait. Un peu trop sans doute. Alors que ses yeux commençaient doucement à se fermer, que son corps, bercé par la douceur chaleur et le clapotis des gouttes qui tombaient à un rythme régulier, commençait à s’engourdir, une voix puissante dont elle se serait bien passé brisa son instant de paix. Pis encore, elle sauta carrément dans l’eau pour la rejoindre, l’obligeant à se redresser et recroqueviller ses jambes vers elle, son mouvement envoya également une rafale d’air froid qui glaça les épaules de la pauvre Zilith.
- Qu’est ce que… S’étrangla-t-elle tout en ouvrant des yeux ronds, parfaitement éveillés. - M-m-mais ! Je suis nue ! Dit-elle dans un souffle qui fut si proche du murmure qu’il fut fort probable qu’Astrid ne l’entendit pas.
Les joues de la pauvre Zilith s’enflammèrent instantanément et elle ramena ses genoux contre sa poitrine dans l’espoir de cacher un maximum de son corps. En temps normal elle aurait prit la poudre d’escampette depuis un bon moment déjà, mais cette fois était différente, elle méritait ce bain, elle l’attendait depuis trop longtemps. Même les commentaires de sa camarade de la firent pas bouger, du moment qu’elle pouvait garder cette position de garde derrière son rempart de genoux.
- Prendre sa douche avec ses frères et sœurs ? Réfléchit-elle à haute voix, cherchant à se rappeler si un jour elle avait prit un bain avec Ayden. D’aussi loin que remontaient ses souvenirs ce n’était jamais arrivé. D’une certaine façon leur écart d’âge y était pour quelque chose, mais elle était convaincu que même si celui-ci avait été moins conséquent ils n’auraient jamais partagés la même baignoire. Ce n’était pas quelque chose qui se faisait dans la noblesse et encore moins dans sa famille. Néanmoins elle ne comptait pas s’entretenir de ce genre de sujet avec Astrid, elle ne lui en laissa pas l’occasion de toute façon. Immédiatement, elle profita d’un instant de silence de la part de la jeune femme pour lui glisser une myriade de compliment qui ne firent qu’amplifier encore un peu plus le rose de ses joues, les faisant virer au cramoisis. - Mh… Je ne suis pas… Comment dire… Faire tourner la tête des hommes… Ah… Ce n’est pas… Ce n’est pas mon domaine. Enfin je veux dire, j’aime les hommes évidemment mais euh… Je ne suis pas ce genre de femme. Vous voyez ce que je veux dire ? Ses épaules s’agitèrent légèrement, secouée par un petit rire nerveux et elle s’enfonça dans l’eau un peu plus. Ses yeux pâles mais bien vivace se posèrent sur la bière, l’hésitation se lisait sur chacun des traits de son visage. Il s’écoula une poignée de seconde avant qu’elle ne secoue négativement la tête tout en faisant mine de se redresser un peu.
- C’était… La pire journée de ma vie… Trancha-t-elle avec fermeté. Il était rare de la voir aussi sûre d’elle et en même temps, il aurait été incongru voire hautement improbable qu’elle réponde le contraire. Zilith n’était pas mauvais bougre et s’acquittait de ses tâches sans trop poser de problème mais il fallait avouer que celle-ci… Pour rien au monde elle ne retenterait l’expérience. A l’avenir, si elle apprenait que l’une de ses missions consistait à nettoyer après le passage d’Astrid ; elle refuserait. Et sa camarade pourrait bien faire toutes les courbettes du monde, cela ne la ferait pas changer d’avis. Tendant la main, elle vint attraper le savon qui se trouvait sur le rebord de la baignoire à la droite de la blonde, prenant grand coin de cacher sa poitrine de l’autre main. Ensuite elle commença à se savonner, ce qui n’était pas chose aisée lorsqu’elle tentait de se cacher et surtout avec le regard pesant de son vis-a-vis. Elle s’activa alors pour se laver, frotter avec ferveur sa crinière rosée dans l’espoir d’en finir au plus vite et de quitter les lieux. Après réflexion ses capacités à supporter le regard d’autrui dans le plus simple appareil n’était pas une mince affaire. Sans parler du fait que ses propres yeux étaient irrémédiablement intrigués par les courbe d’Astrid. Si cette dernière venait à le remarquer, elle était certaine qu’elle entendrait parler pour les dix lunes à venir. Il fallait qu’elle déguerpisse et vite. Qu’il est compliqué de quitter un endroit aussi cosy.
Toutefois, avec Zilith qui était également dans la baignoire, elle n'aurait pas le temps de s'endormir. D'ailleurs, en la voyant rougir et gênée au possible à l'arrivée de la femme à tout faire, celle-ci ne put s'empêcher de ricaner intérieurement, amusée par la situation. Elle adorait faire des farces et taquiner les gens, mais étrangement, embêter la noble était d'autant plus drôle...ce qui ne devait probablement pas être un sentiment partagé, heh.
Plus pour cacher son corps que pour faire de la place, la jeune femme aux cheveux roses cacha sa poitrine avec ses genoux contre elle, ce qui ne fut pas le cas d'Astrid qui était totalement à l'aise malgré sa nudité, ne cachant absolument rien. Ses bras étaient mollement posés sur le rebord de la baignoire et si celle-ci avait été plus grande, nul doute qu'elle aurait écarté ses jambes pour se prélasser encore plus. Elle l'avait après tout bien mérité, non ?
La vieille-jeune femme n'aurait jamais pensé que le visage de sa camarade puisse rougir davantage suite à ses compliments, sincères, mais elle se trompait lourdement.
-Je vois je vois. Elle hochant la tête, toujours avec son sourire taquin sur le visage. Mais ça s'apprend. Quand t'auras un jour l'envie de faire du charme à quelqu'un, tu me diras heh. J'ai plein de trucs à t'apprendre. Mine de rien, j'suis assez confiante pour donner des leçons en matière de drague !
Elle bomba alors le torse, sûre d'elle. Autant le dire, physiquement, Astrid n'avait pas grand chose à envier aux autres. Elle avait les proportions qu'il fallait là où il fallait, sa peau était étonnamment douce au toucher également, et si on oubliait la cicatrice sur son visage, elle était mignonne.
Il ne serait donc pas difficile de tomber sous sa charme...si ce n'était pas pour sa personnalité et son humour qui gâchaient absolument tout.
Elle n'avait donc pas de succès et elle ne pouvait pas la mieux placée pour donner de quelconques cours dans ce domaine….mais c'était toujours drôle d'en donner quand même, heh.
-Hmmm.
Une petite moue et un haussement d'épaules accompagnèrent le refus de la noble. Ça l'aurait aidé à se relaxer pourtant. Mais là encore, peut-être qu'elle aurait préféré un alcool plus raffiné.
-Bah, sinon il y a du lait à la fraise aussi quand tu sortiras du bain. C'est pas mal aussi !
Puis, d'une traite, elle termina sa chope qu'elle déposa sur le sol de la salle de bain. Sa pire journée qu'elle disait hein ? Il était vrai que ce qu'elles avaient vécu avait été difficile et cauchemardesque, même pour la citoyenne. Alors pour une noble qui ne connaissait encore rien du monde...Elle ne pouvait que compatir. Mais tant qu'elle resterait près d'Astrid, ce ne serait pa son dernier jour comme ça.
-Ta pire journée….pour l'instant ! Répondit-elle en insistant sur la dernière partie. Il y en aura d'autres des comme ça, et on sait jamais sur quelle merde on peut tomber en se levant le matin. Qui sait si dans les prochains jours tu ne vivras pas un truc encore plus traumatisant ? Hahahahaha. Haha. Ha….Son rire s'était tue petit à petit à cause d'un mauvais pressentiment, mais la femme à tout faire se ressaisit très vite: Mais bon, t'inquiète pas, ça ira mieux quand t'auras trouvé un travail plus stable et qui te correspond plus. Je te le souhaite, haha.
Comme ses anciens colocataires à qui elle avait donné refuge par le passé, la jeune noble finirait par voler de ses propres ailes tôt ou tard. Un évènement à fêter, mais qui rendait toujours un peu triste la femme à tout faire...
Mais pour l'instant, sa camarade avait encore besoin d'un petit coup de pouce. Parlant de coup de pouce….
-Aaaaaaaah….soupira la blanche en s'enfonçant dans l'eau. J'aurais bien besoin d'une personne pour me frotter le dos, c'est difficile à atteindre….Elle zieuta Zilith un moment, puis se mit à soupirer de nouveau tout en regardant ailleurs : Aaaah, qui dans cette petite salle de bain pourrait donc tendre une main charitable ? Bien entendu, je suis prête à faire la même chose...
Et, sifflotant comme si de rien n'était, Astrid se mit à jouer avec l'une de ses mèches de cheveux mouillées, son regard se baladant entre le vide et son amie.
Lorsque la jeune femme s’enfonça dans l’eau, la rose ne put que faire le contraire afin d’éviter que leurs jambes ne se rencontrent. Puis soudainement, les yeux d’or se mirent à se balader sur la surface de l’eau, sa voix réclamant une aide afin de lui… Laver le dos ? Les propres paupière de Zilith papillonnèrent. Avait-elle bien entendu ? Elle avait un léger doute, pourtant, l’attente et le blanc qui s’était brusquement installé ne laissait pas vraiment place au doute. Le tout était maintenant de refuser avec politesse et de s’enfuir sans qu’elle ne puisse la retenir. En une seconde les rouages de son cerveau s’activèrent. L’illumination lui vint bien plus vite qu’elle ne l’aurait imaginé. Astrid le lui ferait regretter, elle était prête à y mettre sa main à couper. Elle se sentait également mal à l’aise à l’idée de faire une telle chose mais beaucoup moins qu’à l’idée de frotter le dos d’une femme nue dans la même baignoire qu’elle.
- C-c’est gentil… Je ne pense pas non plus avoir envie de faire… Du charme à qui que ce soit… Toussotant nerveusement elle déposa ses mains sur sa poitrine et commença à se redresser, pouvant laisser croire qu’elle allait accéder à la demande de sa colocataire. Mais à la place, sa voix, timide, retentit dans l’appartement. - Ribou ! Ta maîtresse à besoin d’aide ! Et alors que la porte de la salle de bain s’ouvrait avec perte et fracas, Zilith sortie de la baignoire, attrapa une serviette et fila en douce dans la pièce principale de leur petite maison. Le temps qu’Astrid réussisse à gérer l’énergie de sa petite bête, sans doute aurait-elle le temps de se vêtir. Du moins c’est ce qu’elle espéra lorsqu’elle s’assit sur le bord de son lit, sa serviette entourée sagement autour de son corps aussi nu que pâle.
Ni une ni deux, la voix la jeune femme aux cheveux roses se fit entendre, appelant des renforts pour se sortir de cette situation cocasse dont elle n'était qu'une simple victime. Et, tout aussi rapidement, Astrid reçut Ribou en pleine poire, de toute évidence excitée à l'idée de pouvoir prendre un bain avec sa maîtresse qui ne sentait plus la matière fécale. Avant que la femme à tout faire puisse dire ou faire quoi que ce soit sous les assauts du Ribec, Zilith en avait déjà profité pour prendre la fuite loin de la salle de bain et loin de la citoyenne. Quelle indignité, pensa-t-elle en faisant la moue, fort déçue mais également un peu amusée de voir qu'elle avait réussi à s'en tirer de cette manière.
Mais mine de rien, la noble avait mise Astrid dans une situation assez délicate. Alors qu'elle tentait encore de se décoller d'une Ribou un peu trop câline, voilà que ses autres familiers qui avaient été attirés par toute cette agitation se mirent à sauter dans le bain également sous le regard médusé de leur maîtresse qui poussa un profond soupir exaspéré.
-Très bien très bien. Leur concéda-t-elle en s'enfonçant dans l'eau, dépliant ses jambes pour prendre tout l'espace dans la baignoire maintenant que la rose n'y était plus. Vous pouvez rester.
Il ne lui était pas étrange de prendre ses bains avec ses familiers, ne serait-ce que pour économiser l'eau, gagner du temps, mais aussi pour ne pas trop s'ennuyer avec ces petites boules de poils plein d'affection qu'elle rendait bien. C'est ainsi qu'en plus de se laver avec le savon, elle entreprit de nettoyer ses trop nombreux familiers qui s'amusèrent bien trop avec l'eau.
C'était décidément une journée bien remplie et bien fatigante. Elle qui avait espéré pouvoir se relaxer dans le bain après une dure journée de labeur, la voilà qui s'épuisait encore plus à devoir gérer ces êtres qui partageaient sa vie. Mais….ce n'était pas si mal.
Une fois terminée, Astrid sortit de la salle de bain après s'être séchée elle et ses familiers avec des serviettes et remarqua que la noble n'était pas dans le salon. Hmm, sa chambre alors. Haussant les épaules, la femme alla dans la sienne pour enfiler son pyjama et pour se servir une autre bière avec sa chope magique. Si elle n'allait pas dans des tavernes, elle pouvait toujours picoler ici même, heh.
Mais avant ça, elle toqua à la porte de son amie et entrouvrit la porte, affichant son sourire de sale gamine :
-Zilliiiiiith. T'as oublié ça. Elle lui lança une bouteille de lait à la fraise sur le lit et rajouta ensuite : Si tu penses que t'as réussi à t'en sortir, tu te fourres le doigt dans l’œil jusqu'au coude, huéhuéhué. Prépare-toi bien.
Avant de refermer la porte, elle lui lança aussi avec un petite rire diabolique un livre imagé érotique mettant en scène deux hommes avant de repartir fièrement se coucher sur le canapé en compagnie de ses familiers. Heh, casse-pieds jusqu'au bout, et Zilith n'était clairement pas au bout de ses peines avec la citoyenne pour colocataire et collègue.
- Mer… Pas le temps de terminer sa phrase qu’un nouveau livre d’image lui atterrie en plein visage avant de retomber, grand ouvert à ses pieds. La scène qui se déroulaient sur le papier était on ne peut plus équivoque et le fait que les deux personnages soient tout les deux très bons en tétris était un fait confirmé. Piquant un fard magistral, Zilith s’empressa de refermer le livre, faisant même tomber celui qu’elle lisait au passage. Elle se dirigea ensuite vers le fond de sa chambre où déjà deux petites tours à l’équilibre précaire s’élevaient. Tout en douceur elle y ajouta le nouveau tome. - Je vais finir par en avoir une véritable collection… Puis elle tourna les talons, ramassa l’ouvrage qu’elle était en train de lire puis se glissa sous la couette. Confortablement installée, elle n’eut même pas le temps de rouvrir son livre que le sommeil l’avait déjà emportée.
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