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    Un monde plein de mystères,
    plein de magie et surtout plein d'aventures...

    Il est peuplé de créatures fantastiques. Certaines d'une beauté incomparable, d'autres aussi hideuses qu'inimaginables, beaucoup sont extrêmement dangereuses alors que quelques unes sont tout simplement adorables. La magie est omniprésente sur ces terres : des animaux pouvant contrôler la météo, des fleurs qui se téléportent, des humains contrôlant les éléments, des objets magiques permettant de flotter dans les airs...

    Dans ce monde, il y a le royaume d'Aryon. Situé à l’extrémité sud du continent, c'est un royaume prospère, coupé du monde. Il est peuplé d'hommes et de femmes possédant tous un gros potentiel magique, chacun vivant leurs propres aventures pour le meilleur comme pour le pire.

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    Coeur d'encre
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    Aord SvennLe plus cursed d'entre tous
    Aord Svenn
    Informations
    Re: Coeur d'encre
    Ven 19 Fév 2021 - 16:34 #
    Là il tombait de haut, de trèèèèès haut. Cette journée qui avait mal commencé continuait d’empirer d’heure en heure. Aord commençait sérieusement à se demander ce qu’il faisait là, entre les bizarreries de la crypte, ces textes ignobles écrits sur un parchemin tout aussi ignoble et maintenant cette histoire de massacre d’une famille ? Il ne comprenait pas pourquoi Camille lui confiait tout ça, il se connaissait depuis deux jours et il avait passé un quart de leur temps ensemble complètement saoul en plus ! Il n’était qu’un simple frère de Lucy, pas un juge ou une autorité morale. Comment le jeune noble pouvait lui demander ce qu’il fallait faire avec ce livre ? Il était convaincu les textes qu’il contenait pour lui apprendre énormément sur son pouvoir et ses capacités, mais en même temps la simple existence de ce livre était un infâmie sans nom. Pouvoir ou morale ? Connaissance ou décence ?

    La nécromancie rebutait tout le monde parce qu’ils ne pouvaient voir son intérêt. Aord le connaissait, elle n’était pas une pratique pour ressusciter les morts ou un moyen d’échapper au trépas. Elle englobait tout ce qui touchait aux morts. Sa pratique de la thanatopraxie en était un exemple. On pouvait utiliser ce savoir dans le respect de la vie. Peut-être que la peau ayant servi à faire les pages de cet ouvrage avait été donnée volontairement ? Dans ce cas, qui était-il pour juger de la foi de ces gens ?Ce problème était insoluble et le dépassait complètement. Il ne savait pas quoi répondre à Camille qui semblait ne pas pouvoir prendre cette décision tout seul. C’était son grand-oncle bon sang, sa famille, qu’il se débrouille ! Aord était venu ici pour copier des ouvrages religieux par pour disserter sur l’intérêt d’un traité de nécromancie.

    Le frère souffla d’épuisement, l’indécision était en train de le tuer à petit feu. Ce devait sûrement être le cas pour Camille. Cependant, Aord n’allait pas faire de choix pour lui. Il était parfaitement illégitime qu’un frère de passage se permette de décider de l’avenir de sa famille. Il pria Lucy pour qu’Arthas passe la porte de la bibliothèque et le sorte de là.

    Camille … je ne sais pas. Que ce soit une malédiction, une maladie, la malchance, une famille rivale. Je suis désolé pour ceux que vous avez perdus. Je n’ai malheureusement pas de solution miracle à vous proposer. Je ne peux pas vous assurer que vous ne condamnerez pas votre famille à l’extinction en détruisant cette chose. Je … je ne peux pas faire ce choix pour vous, vous comprends !

    Le regard du frère était devenu implorant, pitoyable. Il suppliait Camille d’arrêter de le torturer en le faisant participer à son dilemme. Il ne savait plus si cette chose avait été mise sur sa route par Lucy pour qu’il en apprenne tous les secrets ou pour qu’il le réduise en cendre. Tant de connaissance perdue si c’était le cas !

    Ce que contient ce livre, je … pourrais finir de le décoder. Avec des recherches, on pourrait peut-être savoir ce qu’il contient vraiment et corroborer ou non la version de votre grand-oncle. Je serai peut-être même capable d’utiliser ce savoir pour la bonne cause … Je je je …

    Sa voix tremblait tandis que le doute lui compressait la gorge. Il n’avait pas été autant incertain depuis qu’il était parti de sa maison pour devenir initié. La déesse restait silencieuse à ses questions. Elle lui offrait juste des possibilités, il était le seul maître de ses choix et devait en assumer les conséquences. Lucy était silencieuse, mais Arthas arriva enfin, prouvant qu’elle n’était pas sourde à ses prières. Camille toujours livide gisait misérablement dans son fauteuil, alors Aord alla accueillir le vieil homme fou d’inquiétude. Il lui expliqua d’une voix tremblante tout ce qui venait de se passer, essayant de le ménager pour ne pas lui faire plus de mal. Une fois que la situation fut mise au clair, Aord tourna la tête vers on hôte.

    Je pense que vous avez beaucoup de choses à vous dire. J’ai besoin de rester seul si vous le permettez.

    Il fit un signe de tête à Arthas comme s’il lui passait le relais. Il fut soulagé en quittant la bibliothèque et toute cette tension qui s’y accumulait. Il espérait juste qu’Arthas puisse y survivre, lui ne pouvait plus. Il rejoignit la tour, passant devant Maïa qu’il salua timidement, ignorant ses propositions de combat. Elle remarqua que quelque chose n’allait pas, peut-être irait-elle voir ce qu’il se passait.

    Aors pénétra dans la tour en faisant claquer la porte. L’enluminure qu’il avait réalisée avec Camille se décrocha du pupitre et vint flotter jusqu’aux pieds du frère. Il la ramassa en restant pensif. Il était venu là pour réaliser un travail de copiste et pas pour se mêler à des histoires aussi sombres. Il s’installa à sa table de travail et entreprit de continuer ce qu’il avait commencé en début d’après-midi. Il avait besoin de faire autre chose, de sortir ces pensées morbides de son esprit. Son travail restait de qualité, mais la passion n’y était pas. Sa concentration se brisait régulièrement et il peinait à colorer le dessin. Il finit par abandonner et par pousser les feuilles dans un coin. Il posa sa tête sur le pupitre en bois et se laissa gagner par l’épuisement. Lentement, mais profondément, il s’endormit.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Coeur d'encre
    Ven 19 Fév 2021 - 19:02 #
    Camille soupirait, il n’aurait jamais dû sortir ce livre de son coffret, puisqu’il en était le "Gardien", que ce soit justifié ou non, il aurait dû le cacher à tous et à toutes, l’enfouir sous une chappe d’oubli et d’ignorance… Oui mais… Si Adalbert avait raison et que ce n’était pas la maladie qui le faisait délirer, cette chose aurait pu être découverte plus tard par des innocents…

    Prenant Arthas par le bras, il le conduisit à un fauteuil et entreprit de le questionner le plus calmement et le plus posément possible sur ce qu’il savait de l’ouvrage, de ses origines, de son supposé pouvoir… Se pouvait-il qu’Adalbert ait été victime d’hallucinations ? Que la maladie ait déformé son jugement ? Le souvenir du contact de la couverture le rendait encore nauséeux, mais peut-être ne s’agissait-il que d’une réaction induite par un poison, ou simplement par le fait qu’il savait ce qu’était la chose et donc somatisait par culpabilité.

    Mais le vieil homme ne rajouta rien, il semblait avoir dit tout ce qu’il savait, l’endroit où les reliques, livre, rouleaux et miroir avaient été trouvées, la conviction d’Adalbert dont il ne pouvait assurer qu’elle était justifiée.

    - Ils sont tous morts jeunes Camille, mais de causes différentes et identifiées… Une chute de cheval, un empoisonnement après avoir herborisé des plantes vénéneuses, une chute dans un escalier et pour finir une attaque sanglante certes mais malheureusement pas unique même si c’est rarissime dans notre royaume… Que cette dernière t’ait traumatisé c’est parfaitement logique, mais qu’elle soit liée au livre… Rien n’est moins sûr. Moi, je l’aurais brûlé. Après, toi seul sais ce que tu crois et ce dont tu doutes. Adalbert souffrait d’une tumeur au cerveau, il souffrait le martyr et délirait, il n’aurait jamais dû raconter à l’enfant que tu étais tout ce qu’il t’a dit…

    « Moi je l’aurais brûlé » que n’avait-il accepté d’en être le gardien, et ne l’avait-il fait ?

    - Il ne m’a jamais pressenti comme « Gardien », peut-être savait-il que je refuserais, ou était-il véritablement persuadé que cette histoire devait rester dans votre famille, mais le fait qu’il t’ai transmis des instructions sans rien expliquer te satisfait-il ?

    Comme il était tenté de le croire… Si les « instructions » du grand-oncle n’étaient que les divagations d’un malade mourant, il suffirait de détruire l’ouvrage. On pourrait demander au Frère de dresser un bûcher funéraire et de réciter une prière des morts, pour accompagner les malheureux qui consentants ou forcés avaient contribué à son écriture, et tout serait terminé…

    En lui-même, il VOULAIT y croire… Mais s’il se trompait quelles seraient les conséquences ? Il n’avait plus aucun proche « de son sang » pour en souffrir, mais Arthas, Maïa, les autres habitants du domaine et des villages… Jamais il ne survivrait lui-même si après la destruction du manuscrit une épidémie grave se déclarait, ou si une bande de brigands sanguinaires fondait sur la région… Il ne pourrait s’empêcher d’y voir une funeste relation.

    Il ne put que se dire qu’il était le dernier « gardien » à affecter à cet ouvrage. Il n’avait aucune connaissance en nécromancie, fort peu en théologie pour tenter d’invoquer Lucy pour qu’elle contrecarre l’éventuel pouvoir de la chose, et sans doute pas non plus la force de caractère nécessaire…

    Qu’avait dit le Frère ?

    Ce que contient ce livre, je … pourrais finir de le décoder. Avec des recherches, on pourrait peut-être savoir ce qu’il contient vraiment et corroborer ou non la version de votre grand-oncle. Je serai peut-être même capable d’utiliser ce savoir pour la bonne cause …

    L’utiliser pour la bonne cause ? Comment pouvait-il parvenir à cela ? Alors qu’il avait pris la fuite quasiment lorsqu’il lui avait expliqué ?

    Se levant, Camille enferma la clé de la réserve dans sa boîte dissimulée entre deux livres.

    Offrant son bras à Arthas ils sortirent tous les deux et il le raccompagna dans le fumoir où il souhaitait travailler un peu avant le repas, puis, lui sortit.
    Pour une fois il partit à pied, visita toutes les plantations proches de la maison, alla jusqu’aux quartiers de Maïa et caressa les familiers et les animaux domestiques, prit la peine d’aller jusqu’à la serre pour y admirer les espèces les plus rares qu’il avait ramenées de partout.

    Sans le livre de la réserve, cet endroit malgré son passé triste était un refuge, agréable, serein, plein de beauté et de vie…

    Demain il interrogerait le Frère sur la signification de cette phrase… Que pouvait-on faire de bon à partir du mal et de la mort ?

    Il alla se changer pour dîner et avant, rédigea une courte lettre au supérieur du temple, le remerciant de leur avoir adressé un copiste d’exception doublé d’un homme agréable et sage. Il ajouta qu’il le priait de recevoir en présent pour le temple les quelques ouvrages de théologie dont il était de plus en plus sûr qu’ils avaient coûté un déplacement au jeune Frère…

    S’il n’avait pas tant espéré les obtenir, pourquoi le Frère supérieur aurait-il obligé un de ses lettrés à parcourir tant de chemin alors qu’une charrette pleine d’encre pouvait lui faire gagner tant de temps ?

    La connaissance est faite pour être transmise, pas pour être cachée…

    Il rédigea également un court opuscule, priant ceux qui s’occuperaient de sa succession, s’il venait à mourir sans héritier, de diriger les ouvrages de la bibliothèque, réserve comprise, vers les établissements qui les accueilleraient le mieux.

    Tout était en ordre, si l’ouvrage était brûlé et que son gardien disparaissait, les choses seraient en ordre. Un étrange sourire aux lèvres, il descendit dîner.
    Aord SvennLe plus cursed d'entre tous
    Aord Svenn
    Informations
    Re: Coeur d'encre
    Sam 20 Fév 2021 - 18:41 #
    Le frère se réveilla avant l’aube. Il observa le domaine de Hvit par sa fenêtre encore plongé dans les ténèbres de la nuit. Sa tête était encore pleine des pensées qui l’avaient tiraillé la veille. La nuit ne lui avait pas porté conseil et ses doutes restaient les mêmes. Il n’en pouvait plus de se torturer ainsi, il n’allait pas pouvoir le supporter longtemps. Ployant le genou, il rassembla ses mains pour adresser une prière à la déesse. Il n’avait pas prié de la sorte depuis la mort de sa sœur, pas avec cette intense ferveur. Il s’était bien gardé d’adresser d’autres demandes égoïstes à Lucy. Son voyage avait débuté avec la mort de sa sœur et son incapacité à l’accepter. Il en avait tellement souffert … Il s’était juré d’accepter tout ce que la déesse avait mis sur sa route. Cette rencontre et cette découverte n’étaient que des possibilités que la déesse mettait sur sa route. Camille allait sûrement brûler l’ouvrage, c’était la suite logique. En le laissant faire, Aord renonçait à explorer ce chemin que lui montrait la déesse. Il renonçait à son serment. Il était sûrement le mieux placé pour explorer cette voie sombre. Il pourrait le décoder, en faire quelque chose de meilleur. Sa foi le guiderait et son pouvoir le soutiendrait.

    Oh déesse, je prie pour faire le bon choix.

    Il allait tout dire à Camille, à propos de son pouvoir, de ce qu’il avait vu dans le miroir et de son intention de prendre cet ouvrage avec lui. La voie qu’il empruntait serait probablement source de souffrance, mais il avait la force de la supporter. S’il échouait, que ce livre se révélât un mal qui ne pouvait connaître une rédemption, alors il le brûlerait lui-même. Il le réduirait en cendre de ses propres mains pour que plus jamais personne ne puisse s’égarer sur cette voie. Il en était convaincu, la volonté de la déesse voulait qu’il explore cette étrange possibilité. Pour cela, il devait d’abord en parler à Camille. Ils n’étaient pas proches, mais Aord avait besoin qu’on le pousse à poursuivre, qu’on le soutienne. Si le jeune noble l’acceptait comme il était et qu’il lui confiait le coffret, alors il serait convaincu que c’est ce que la déesse avait prévu pour lui. Il allait jeter une pierre dans la marre du destin, et il verrait bien ce qui en remonterait.

    Aord avait la foi, mais n’en était pas non plus totalement aveugle. Si Camille le rejetait, il y avait de grandes chances qu’on le mette dehors séance tenante. Il observa son travail pratiquement achevé sur le pupitre. L’illustration rendait beaucoup moins bien à la lumière d’une bougie, mais cela ne l’empêcha pas de se mettre au travail. Il passa sa journée à poursuivre la tâche pour laquelle il était venu ici, sans savoir que sa vraie tâche avait déjà été accomplie. Le frère supérieur avait enfin mis la main sur les ouvrages qu’il convoitait. Bien ignorant des desseins de son supérieur, Aord poursuivait ses enluminures et son activité de copiage. Au cours de la journée, il abattit un quart de ce qu’on lui avait demandé de réaliser. Au moins, si on le mettait dehors, il aurait quelque chose à présenter au temple, autre que sa honte.

    Il refusa de recevoir toute la journée. Déclinant les invitations à dîner, à s’entraîner ou à disserter philosophie autour d’un café. Il faisait bien comprendre qu’il travaillerait jusqu’au soir. Il refusa également qu’on le dérange et refusa surtout que Camille assiste à son travail. Il voulait rester seul, travailler, puis le moment venu, avoir tout le temps de parler des sujets qui fâchent. Il donna rendez-vous à Camille le soir même au temple. Il précisa qu’il voulait lui parler « en privé », pas de Maïa ni d’Arthas : uniquement lui et le jeune noble.

    Le soir arriva bien trop vite. Le frère regardait le soleil se coucher lentement, comptant les minutes qui le rapprochaient de ce moment qu’il redoutait. C’est avec une boule au ventre qu’il se dirigea vers le temple. En chemin, il passa par les cuisines demandant s’il était possible de récupérer un poulet. C’était avec un poulet qu’il avait découvert son pouvoir, ce serait avec un poulet qu’il le ferait découvrir à Camille. On lui en donna un même pas encore plumé. Cela devrait aider à le faire accepter par son hôte. Il remercia le cuisinier qui lui jeta tout de même un regard interrogateur, mais après tout il lui avait donné l’ordre de subvenir aux besoins de leur invité, pas de poser des questions. Sa volaille en main, Aord rentra au temple. Ce dernier était désert, les croyants étaient rentrés chez eux. En attendant, l’heure fatidique, il alluma les différents bougeoirs et lampes qu’on avait mis en place dans le bâtiment. La lumière mettait en valeur la fresque qui couvrait le mur principal de l’édifice. Il ne restait plus qu’à attendre. Il s’assit en tailleur, posa le poulet devant lui et contempla la fresque, se perdant dans ses couleurs attaquées par le temps.

    De nombreuses minutes s’écoulèrent quand il entendit enfin des pas derrière lui. Il se retourna pour vérifier que c’était bien Camille qui venait d’entrer. Il lui sourit misérablement, les stress le faisant trembler quelque peu.

    Bonsoir Camille, merci d’être venu. Je suis désolé de vous avoir tenu à l’écart toute la journée.

    Il tapota le sol à côté de lui pour l’inviter à le rejoindre.

    Asseyez-vous avec moi, nous avons beaucoup de choses à nous dire. Avant toute chose, je voudrais que vous m’écoutiez sans m’interrompre. Pouvez-vous faire cela pour moi ?

    S’il acceptait, il attendrait qu’il le rejoigne. Camille pouvait aussi bien rester debout s’il le voulait, à vrai dire il s’en fichait. Ses yeux se posèrent de nouveau sur la fresque. Son regard ne s’en détache pas une seule seconde. Il ne voulait pas regarder le jeune noble. Il ne voulait pas y lire le dégoût qui allait y apparaître dans peu de temps. Le silence s’installa. Il cherchait un peu de courage dans ces peintures. Il recherchait la foi qui l’avait poussé à organiser cette rencontre ce matin. Il parvint enfin à rompre son mutisme.

    Il existe deux univers en ce bas monde. Le monde humain régi par les normes, les lois et la morale et le monde divin dont le sens nous échappe. La mission d’un frère est d’être le pont entre les deux. Nous explorons le divin, nous nous égarons, nous nous trompons, nous triomphons, nous comprenons. Notre mission est de guider les autres à travers l’œuvre de la déesse.

    Il tourna enfin la tête pour regarder Camille.

    Je ne vous ai pas tout dit. Je vous incitais à brûler cet ouvrage et pourtant … je ne pouvais m’empêcher de désirer en comprendre chaque page. Vous ne savez pas tout sur moi. Je ne suis pas qu’un alcoolique qui ne sait pas doser le vin ou un copiste un peu doué.

    Il rit nerveusement avant de se mordre la lèvre.

    J’ai l'impression d’être ici pour une raison qui me dépasse, mais j’ai le sentiment que c’est mon devoir d’explorer l’inconnu pour en protéger les autres ou pour les aider.

    Il regarda l’oiseau mort devant eux, ses yeux vitreux lui renvoyaient son mal-être. Il prit une grande inspiration et utilisa son pouvoir en expirant. Un nuage de brume turquoise se déversa hors de sa bouche. Contrairement à la dernière fois avec le livre, la brume s’insinua dans le poulet à ses pieds. L’énergie parcourut son corps décédé, dessinant des veines bleutées sous les plumes. L’oiseau commença à bouger, à se redresser avant de se mettre sur ses pattes.

    Maintenant vous savez. Dites-moi Camille, est-ce mal ? Suis-je un monstre en étant aussi proche de la mort ?


    Son regard l’implorait de lui répondre. Il était coincé dans ce moment fragile où il tendait la main à quelqu’un. Camille pouvait l’accepter et renforcer leur lien, ou alors il pouvait la rejeter et briser quelque chose de précieux. Aord restait suspendu à ses lèvres attendant sa sentence.
    InvitéInvité
    Anonymous
    Informations
    Re: Coeur d'encre
    Sam 20 Fév 2021 - 21:02 #
    • Vous ne savez pas tout sur moi. Je ne suis pas qu’un alcoolique qui ne sait pas doser le vin ou un copiste un peu doué.

    Décrire la stupéfaction de Camille… C’était fort difficile. La bouche à demi ouverte, il regardait le volatile bouger comme animé d’une seconde vie, mais… dénué d’âme ? ou se trompait-il ?

    • Maintenant vous savez. Dites-moi Camille, est-ce mal ?

    - Pourriez-vous faire cela avec tout être décédé ? Leur rendez-vous un semblant de vie ou une vie véritable ? Peuvent-ils penser ? Ressentir ? Décider ou seulement se mouvoir ? Pourriez-vous… demander à un homme mort depuis quatre ans des éclaircissements sur ses gestes et paroles ?

    Il ne jugeait pas, les desseins de Lucy -il en était sûr- étaient impénétrables, et les pouvoirs les plus étranges cohabitaient sur cette terre…

    - Est-ce ainsi que vous avez su ? Pour le livre ? Est-ce ce qui vous faisait dire hier que vous pourriez en tirer du bon malgré sa nature ?

    Il réentendit la question, était-ce mal ?

    - Si Lucy a permis ce pouvoir, si elle vous l’a donné, ça ne peut être mal… C’est juste… incroyable… Ce qu’Elle avait en tête en vous dotant de telles capacités, je ne saurais le dire, sans doute ne le pouvez-vous non plus… Mais on ne peut La soupçonner d’avoir fait n’importe quoi ? non ?

    • Je ne pouvais m’empêcher de désirer comprendre chaque page de cet ouvrage... J’ai l'impression d’être ici pour une raison qui me dépasse, mais j’ai le sentiment que c’est mon devoir d’explorer l’inconnu pour en protéger les autres ou pour les aider. Suis-je un monstre en étant aussi proche de la mort ?

    Le jeune homme se sentit soudain dépassé… Cet impensable pouvoir, l’animal mort une seconde auparavant et qui se mouvait désormais, les paroles du Frère…

    - Pourrions-nous prier ? Ensemble ? J’ai besoin de soutien même si Elle ne me donne pas souvent de réponses intelligibles pour le profane que je suis… Lui parler me réconforte toujours…

    Il posa ses questions, pria comme il n’avait peut-être jamais prié, avec une intensité telle… qu’il ne sentait plus sa tête lorsqu’il se releva… Mais de réponse, point. La déesse semblait le mettre devant un choix cornélien, lui seul devrait décider… Transmettre le livre ? Oh oui ! Combien il en aurait été heureux, ne plus voir ni tenir cette horreur qu’on lui avait dit être responsable de la disparition des siens, ne plus risquer de faire l’erreur qui déclencherait une nouvelle malédiction… Mais c’était de la lâcheté ? Voire plus, de l’irresponsabilité complète, comment Aord Svenn pouvait-il imaginer qu’il se déferait ainsi de son devoir, aussi pesant qu’il soit ?

    Adalbert le lui avait confié, il avait insisté sur bien des points, mais rien expliqué… Même sa provenance, il n’en avait pas parlé et seul Arthas hier avait été plus clair, localisant sur une carte l’endroit supposé de sa découverte. Il avait appris qu’en plus du livre et des rouleaux, son grand-oncle était retourné sur place et avait découvert et rapporté ce miroir conservé dans la crypte, et d’autres objets comme des ciboires et un coutelas apparemment dédié à un rituel funeste, le pauvre intendant en en parlant avait failli avoir un second malaise…

    Il ne saurait être question de s’en défaire à la seule raison qu’il le faisait vomir de dégoût à chaque fois qu’il l’avait sous les yeux… Il en venait à se demander pourquoi il avait laissé Maïa l’entraîner dans la farce de la pseudo crypte… Enfin, pseudo, c’en était une, mais depuis si longtemps désaffectée… Par-contre, derrière le miroir sensé vous révéler votre mort, il y avait bien le véritable caveau des seigneurs du lieu, où son père avait aussi été enseveli, malgré son statut de Hvit…

    Il avait ainsi quitté les siens pour s’unir dans la mort comme dans la vie à la mère de ses enfants, et Camille en était heureux, car ses parents l’avaient été ensemble… Et puis, il avait ainsi sous la main tous ceux qu’il avait aimés, et pouvait prier de longues heures, les tenant au courant de ses progressions, ou plutôt de son absence de progression…

    Las… Le problème n’était pas là, Aord souhaitait étudier le manuscrit, et à ce qu’il comprenait, en obtenir la garde ? ou bien envisageait-il de l’étudier ici ? Il le lui demanda.

    - Je peux vous laisser l’étudier plus à loisir… Vous ne m’en voudrez pas si je vous laisse le faire seul, cet objet… Le contempler chaque jour, en sachant ce que vous m’avez appris hier en plus, me serait impossible… Vous dites ne savoir ce que vous êtes venu faire ici, peut-être après tout deviez-vous avoir connaissance de cet ouvrage ?

    - Mais comprenez bien que je ne pourrais rien de plus. Qu’il ne soit qu’une dégoûtante création humaine ou véritablement doué de pouvoir, j’ai été investi de sa « garde » et ne peut prendre le risque de le voir vagabonder.

    Il réfléchit, il n’annulerait pas le don au temple, à quoi bon conserver loin de tous des ouvrages superbes et uniques ? Qu’il ait prêté au Supérieur une cupidité injustifiée ou pas, il les donnait sans rien regretter… Il fallait qu’ils soient étudiés et connus… A n’en pas douter, les sages lettrés du temple ne les mettraient pas en danger, pas plus que lui ici, mais auraient à cœur d’en tirer l’essence, ce que lui ne pouvait faire, insuffisamment formé à la théologie. La connaissance devait être transmise, mais toute la connaissance ? Le livre maudit ? Il hésitait, et son vis-à-vis devait lire ces atermoiements sur son visage qu’il ne tentait même pas de rendre illisible.

    - C’est la seule chose que je puis vous proposer… Et encore… Est-ce vraiment souhaitable ? j’aurais préféré que nous le brûlions et que pour accompagner les morts qui l’ont -volontaires on non-composés, nous récitions une prière des morts…

    Il regardait le Frère, pouvait-il comprendre ? Ce n’était pas un jugement négatif, juste… les Dieux n’avaient pas à se justifier face aux humains, mais au nom des Dieux, les humains pouvaient-ils faire n’importe quoi…

    Lucy, guide-moi, dis-moi… Est-ce pour étudier ce livre qu’il est venu ? Est-ce pour me retirer des épaules le poids qu’il représente ? Promets-moi ! Suis-je en train d’espérer juste par pusillanimité ? Ou m’as-tu envoyé un émissaire pour purger cet endroit du Mal qui s’y est infiltré malgré nous ?

    Adalbert serait-il pardonné si ce livre servait à faire le bien ? Avait-il besoin d’être pardonné d’ailleurs, rien ne semblait l’indiquer…
    Aord SvennLe plus cursed d'entre tous
    Aord Svenn
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    Re: Coeur d'encre
    Dim 21 Fév 2021 - 20:54 #
    La réaction de Camille fut à la fois prévisible et étonnante. Bien sûr, il fut surpris de voir un être vivant mort se mettre à bouger tout d’un coup, mais en même temps il prenait la chose avec beaucoup d’entrain. Aord le dévisagea ne sachant trop quoi penser de son hôte. Peut-être était-il complètement ingénu ? Pauvre Arthas, c’est une tâche bien lourde qui vous incombe. Un sourire se dessina tout de même sur les lèvres du frère. Il avait ressenti une telle pression en lui montrant son pouvoir qu’il se sentait maintenant beaucoup plus léger. Il se fit un plaisir d’expliquer au noble tout ce qu’il pouvait faire et ne pas faire avec cette capacité. Il ne redonnait pas la vie malheureusement, tout au plus, il en donnait une autre, éphémère et fragile. Il n’y avait donc aucune chance qu’il puisse parler aux morts et apprendre quoique ce soit d’eux. Camille semblait réfléchir à toute vitesse, comme s’il réécrivait le passé dans sa tête à la lumière de cette nouvelle information.

    Est-ce ainsi que vous avez su ? Pour le livre ? Est-ce ce qui vous faisait dire hier que vous pourriez en tirer du bon malgré sa nature ?

    Pas exactement, j’ai bien utilisé ce pouvoir pour le savoir, mais c’est mon expérience avec la mort qui m’a permis d’en tirer ces conclusions.

    Mais on ne peut la soupçonner d’avoir fait n’importe quoi ? Non ?


    Elle est la chance incarnée, l’ensemble des possibles. Bien sûr que sur toutes les possibilités qui existent certaines pourraient être qualifiées d’erreurs. Cependant, ce serait un jugement humain, loin de la volonté divine qui est absolue. Nous ne pourrons jamais dire si c’est du n’importe quoi, car nous n’aurons jamais l’ensemble du tableau en tête.

    Il répondait sans gêne, heureux de partager ce moment avec lui. Il avait beaucoup réfléchi sur le sens de son pouvoir. Cela l’avait mené à la douleur et il n’en était sorti que lorsqu’il avait commencé à réfléchir à ce qu’il allait en faire. Il est inutile de chercher pourquoi les choses sont telles qu’elles sont, il vaut mieux chercher comment utiliser l’état actuel du monde du mieux possible. Il hocha la tête en silence quand Camille lui proposa de prier. La foi est un sentiment qu’il fallait partager. Il sentait bien que le noble était troublé par ses révélations et il comprenait aussi qu’il voulait chercher du réconfort auprès de la déesse. En tant que frère il savait que ce n’était pas aussi simple, la déesse ne lui répondrait pas, mais lui il était là avec lui. Il joignit les mains baissant la tête en un signe pieux et remercia la déesse comme il avait l’habitude de faire. La prière dura un moment. Aord pouvait presque entendre les pensées qui tourbillonnaient dans la tête de son voisin. Il avait débarqué, il y a quelques jours et voilà qu’il mettait à formidable bazar dans la vie du jeune noble. La déesse était bien joueuse.

    Il rouvrit les yeux quand Camille brisa leur silence sacré. Il semblait avoir pris une décision. Il lui expliqua qu’il ne voulait pas se séparer du livre, mais qu’il acceptait de le laisser l’étudier. Le visage du frère se durcit en l’écoutant. La proposition qu’il lui faisait ne lui convenait pas. Il était un homme des routes, voyager, découvrir le monde était son but dans la vie. Il voulait explorer toutes les voies de la déesse, mais il ne s’arrêterait pas pour une seule d’entre-elles. Étudier le livre sans le prendre avec lui revenait à s’installer ici. Camille ne comprenait pas le travail que cela allait demander. Le temps passé à lire et relire l’ouvrage récupérer le sens de ces symboles, il en aurait pour des mois s’il était chanceux, des années s’il ne l’était pas. Il était hors de question pour lui de s’installer ici. Et puis que ferait-il lorsqu’il ne serait pas en train de l’étudier ? Devrait-il tenir le temple ? La famille Hvit serait sûrement très heureuse d’avoir de nouveau un officiant au sein de leur lieu de culte. L’idée de faire de cet endroit son foyer pour un futur plus ou moins long n’enchantait pas Aord. Il voulait partir, comment ce simple travail de copiste pour le temple avait-il pu finir en prison ?

    Le visage du frère resta interdit. Est-ce que Camille l’utilisait ? Il se devait d’être parfaitement clair sur ses intentions.

    Là seule chose qui m’a fait venir ici c’est mon envie de parcourir ce monde. Je me suis bien trop pris la tête et je n’ai pas vu cette chose simple. Je ne suis pas là pour accomplir un quelconque dessein. Je voulais simplement gagner quelques sous pour reprendre la route. Je ne sais pas ce que voulait mon supérieur et il sera sûrement déçu que son plan machiavélique n’ait pas marché quand je rentrerai.


    C’est ce besoin de voyager qui m’anime Camille. Il est hors de question que je reste prisonnier de votre livre comme vous l’êtes ! L’indécision, la peur vous enchaîne à cette chose, ne le voyez-vous pas ?

    La voix du frère avait monté d’un ton, pas pour marquer de la colère, mais pour souligner l’importance de ce qu’il disait.

    Vous n’êtes pas un gardien Camille. Vous êtes un prisonnier. Prisonnier de cette histoire sordide. Vous gardez ce livre avec l’espoir qu’il donne une réponse à vos questions et en même temps vous le gardez sous clé sans jamais chercher à percer ses mystères. Au final, vous êtes au point mort. La mort vous menace, vous ne savez pas pourquoi et vous vous détournez de la seule chose qui pourrait vous apporter des réponses ! Pire vous la laisser vous torturer l'esprit !

    Il se leva dominant Camille. Il était temps qu’on le secoue un peu. Personne dans sur ce domaine ne semblait comprendre qu’un dilemme ne se résolvait pas en réfléchissant, mais en agissant et en affrontant les conséquences. Il n’irait pas par quatre chemins, il lui déclara :

    Je vous propose de vous en débarrasser une bonne fois pour toutes. Peut-être suis-je le seul qui se donnera la peine de chercher à comprendre cet ouvrage. Mais je vous préviens, je ne resterais pas sur votre domaine pour l’étudier. Je prendrai la route comme je l’ai toujours fait. Vous serez bien entendu mis au courant de mes progrès par lettre ou quand je viendrai vous rendre visite. Il est hors de question que je sois prisonnier avec vous.  

    Ses sourcils se froncèrent.

    Ou alors, enfreignez les avertissements de votre grand-oncle et brûlez ce livre. Vous resterez à jamais dans l’ignorance et vous devrez assumer les conséquences, quelles qu’elles soient !

    Il croisa les bras sur sa poitrine jaugeant le noble.

    Choisissez maintenant Camille. Je ne vous ferai cette offre qu’une seule fois. Choisissez comment vous voulez vous libérer bon sang !
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    Re: Coeur d'encre
    Dim 21 Fév 2021 - 22:22 #
    Lucy, guide-moi, dis-moi…

    Camille en proposant redoutait la réaction d’Aord Svenn… Le prêtre avait l’air trop bien dans sa vie de liberté et d’errance pour l’aliéner, même pour un livre comme celui-là… Il soupira profondément, exhalant une grande partie de l’air qui remplissait ses poumons dans une respiration ventrale, comme un cri primal.

    « C’est ce besoin de voyager qui m’anime Camille. Il est hors de question que je reste prisonnier de votre livre comme vous l’êtes ! L’indécision, la peur vous enchaîne à cette chose, ne le voyez-vous pas ? Vous n’êtes pas un gardien Camille. Vous êtes un prisonnier. »

    Comme il le savait… Cet homme était-il venu uniquement pour qu’il en prenne conscience ? Etait-ce un dessein divin qui avait poussé Maïa à ouvrir la crypte et lui à montrer l’ouvrage ? Arthas avait raison quand il disait qu’il avait reçu ce « secret » trop jeune et sans la moindre préparation…

    Besoin de voyager ? Lui-même avait besoin de vivre ! D’aller vers l’avenir, de se projeter, même si ça n’était que dans le lancement d’une nouvelle sorte de cultures ou un contrat avec un transporteur plus rapide pour que leurs productions arrivent en bon état plus loin qu’actuellement, ou encore l’acquisition d’un familier ou la rencontre prudente de nouveaux amis…

    Sa vie était à faire, les responsabilités l’étouffaient, et celle là plus que toute autre parce qu’elle reposait sur de l’inconnu, du virtuel, aucune certitude. Il aurait eu besoin de savoir si Adalbert disait vrai ou s’il ne faisait que croire dire vrai… Avait-il des preuves de ce qu’il pensait ou tout cela n’était-il que le résultat de son esprit malade ?

    Un arrière-grand-père mort d’une chute de cheval, une grande-tante vive et imprudente morte d’une chute dans un escalier, un grand-père herboriste et alchimiste empoisonné alors qu’il mettait au point un nouvel elixir… Tous avant quarante ans certes, mais comme le disait Arthas de causes parfaitement plausibles… Si ces décès, totalement étrangers à la présence du manuscrit sous leur toit n’étaient dûs qu’à une vague de malchance…

    Son grand-oncle soupçonnait-il déjà cette fameuse « malédiction » à la mort de son frère et de sa sœur ? Etait-ce pour cela que vingt ans après il était retourné chercher d’autres objets au même endroit… Ou son obsession avait-elle grandi avec sa maladie ?

    Ses réflexions faisaient se mouvoir ses traits si transparents, ses yeux doutaient, ses lèvres remuaient parfois sans dire mot, des tics nerveux animaient sa peau et déformaient fugitivement son visage.

    « Je vous propose de vous en débarrasser une bonne fois pour toutes. Mais je vous préviens, il est hors de question que je sois prisonnier avec vous. »

    Il regarda le Frère, le regard implorant, se mordant les lèvres et passant sa main droite devant sa bouche comme pour retenir ce qu’il allait dire.

    « Si vous saviez comme vous me tentez… Comment puis-je savoir si vous êtes la voix de la sagesse ou celle de ce livre maudit qui veut s’affranchir de ses liens ? Qui me dira si je commets une erreur ? Et quelle erreur je commets ? Si vous l’emmeniez, sauriez-vous respecter ses préceptes ? Du moins tant que vous ne saurez pas s’ils sont justifiés ou pas ? »

    Il se tordit les mains d’indécision… Trop jeune, peut-être trop empoté ? trop mou ? Est-ce que cet exalté comprenait au moins le risque encouru ? Un risque non pas pour lui, pour eux deux mais pour chaque humain croisé par cette chose ignoble ?

    « Mesurez-vous bien à quoi vous vous engagez ? Peut-être sommes nous en train de divaguer sur les hallucinations d’un vieil homme malade, auquel cas ma décision n’a rien d’important, mais peut-être ses craintes étaient-elles fondées ? Vous jugez-vous plus que moi capable d’en décider ? Ne pas l’éloigner des rouleaux, ne pas le sortir plus de quelques heures du coffret, ne pas le détruire, ne pas le laisser sans un « gardien » responsable et en alerte ? Sauriez-vous respecter ces instructions ? Garantiriez-vous que nul innocent ne risque de pâtir de la circulation de cet ouvrage ? »

    « Choisissez maintenant Camille. Je ne vous ferai cette offre qu’une seule fois. Choisissez comment vous voulez vous libérer bon sang ! »

    Dans ce qui semblait bien un cri de désespoir, Camille hurla presque en lui tendant la clé de la bibliothèque.

    « Emmenez-le ! Emmenez cette horreur loin de ce domaine et de ma vie ! Vous le voulez ? Alors prenez-le en toute connaissance de cause ! Faites que de toute mon existence je n’en entende plus parler ! »

    Il tourna le dos au prêtre, dévasté par la décision qu’il venait de prendre, regrettant déjà… Non, ne pas douter ! Surtout ne pas laisser le doute s’installer ! Qu’il l’emporte, qu’il l’étudie, qu’il en tire ce qu’il pouvait en tirer… En lui-même Camille priait pour ne jamais apprendre qu’un Frère de Lucy semait la mort et la désolation partout où il passait à cause d’un étrange coffret qu’il avait en permanence avec lui.

    Un peu calmé il lui fit face de nouveau, et fermant à demi les yeux, murmura plus qu’il ne dit :

    « Face la Déesse que je ne regrette pas… Ni moi, ni vous, ni personne… Allez chercher cette abomination et emportez-la, quand vous déciderez de partir nous vous fournirons une charrette pour que vous puissiez livrer au temple les livres que j’ai promis par courrier hier au Supérieur… Vous irez où bon vous semble avec, le cocher ne vous abandonnera que si vous le souhaitez… »

    Regardant le Frère dans les yeux, il attendit sa réaction, n’ayant qu’une envie s’enfuir le plus vite possible pour ne pas revenir sur cette décision inouïe.
    Aord SvennLe plus cursed d'entre tous
    Aord Svenn
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    Re: Coeur d'encre
    Lun 22 Fév 2021 - 10:13 #
    Le jeune noble explosa au visage d’Aord. Il avait fallu lui mettre une telle pression pour qu’il se décide enfin. Le frère ne savait pas si c’était le bon choix. Il ne pouvait pas non plus lui confirmer que rien n’arriverait de mal et que des innocents n’en pâtiraient pas. Il était aussi ignorant que lui, mais au moins il allait essayer de faire quelque chose plutôt que de se laisser aller à la paresse. On ne pouvait pas attendre que ce livre tue davantage de personnes, il fallait comprendre pourquoi pour pouvoir les sauver. Peut-être des innocents perdraient la vie s’il l’emmenait, mais combien seraient morts au domaine s’il ne le faisait pas ? L’avenir était incertain, peu importe comme on se penchait sur le problème. Il rit la clé que lui tendait le noble. Il n’avait rien à lui dire pour le rassurer, rien pour l’éclairer. Camille venait de prendre une décision comme le font les êtres humains tout au long de leur vie. Il vivrait désormais en assumant son choix.

    Je vous promets que je ferai tout pour que cette malédiction s’arrête enfin. Je ne peux rien vous promettre de plus Camille. Vous avez fait le choix de combattre ce destin fatidique, cela ne fera pas sans sacrifice. Toutefois, je vous remercie de ne pas avoir choisi la fuite.

    Il rangea la clé dans sa tenue et se détourna du jeune noble. Il allait maintenant se diriger vers la réserve pour y prendre le coffret. Il marqua une pause avant de sortir du temple.

    Je partirais dans deux jours, le temps d’avancer mon travail. Si vous le permettez, j’emporterai les encres et pigments avec moi. Je suis sûr que ce maudit frère supérieur ne verra pas d’inconvénient à ce qu’on se fasse livrer, maintenant qu’il a obtenu ce qu’il voulait de vous. Je suis désolé d’avoir été son instrument et de vous avoir tant fait souffrir. Vous devriez aller vous reposer. Je m’occupe de tout.

    Il s’en alla récupérer le coffret. Tout en le glissant dans ses affaires, il ne put s’empêcher de ressentir le même sentiment étrange, comme une attirance pour cette chose. Il savait qu’il venait de s’engager dans une voie périlleuse qui s’éloignait de son idéal de vie. Il assumait pourtant son choix d’emporter cette chose loin d’ici. Il était clair que seul un homme proche des morts pourrait en tirer quelque chose.

    Comme il l’avait dit, Aord resta deux jours de plus. Il avait encore beaucoup de travail à terminer, vu qu’il n’avait pas passé beaucoup de temps dessus. Il termina enfin l’enluminure qu’il avait faite avec Camille et lui en fit cadeau. Il aurait bien assez de fournitures pour en faire une autre pour l’ouvrage sur lequel il travaillait. Pendant ces deux jours, il ne s’approcha pas de Camille. Il pouvait changer d’avis à tout instant et rencontrer le frère pourrait le faire douter. De plus, Aord sentait que cela travaillait beaucoup le jeune homme et il ne voulait pas le tourmenter encore davantage. Il ne repousserait pas Camille s’il venait, mais il sentait que le blond avait besoin qu’il s’en aille. Une fois sa tâche considérablement avancée, il partit en milieu d’après-midi le deuxième jour. Il dit au revoir à tous ceux qu’il avait rencontrés au domaine. Maïa et Arthas le regardaient bizarrement. Que leur avait dit Camille ? Est-ce qu’ils lui en voulaient ou le remerciaient-ils pour ce qu’il avait fait ? Il n’eut pas l’occasion de leur demander.

    Le cocher engagé pour le ramener le déposa au temple où il fut accueilli par un frère supérieur aux anges. Il parcourut les ouvrages de la collection privée des Hvit avec avidité. Son hypocrisie dégouttait Aord, il se sentait exploité et il ne se priva pas de faire comprendre au frère supérieur ce qu’il pensait de ces « méthodes ». Les deux hommes se disputèrent alors avec vigueur et l’altercation se termina par la sortie d’Aord qui partit en claquant la porte. Il savait qu’il allait devoir revenir pour finir son travail, car il n’avait toujours pas été payé, mais pour l’instant il voulait marcher dans les rues de la capitale, loin des plans mauvais de son supérieur. Il serait contre lui son sac contenant le coffret. Qu’est-ce que le futur lui réservait ?


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    Re: Coeur d'encre
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