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Un semblant d'initiation (Valravn Wraith pv Yuka Dirren)
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Valravn posa le bois ramassé avec les autres fagots et attrapa la hachette qui pendait à sa taille pour couper les quelques bûches « trouvées » sur un tas plus conséquent à l’orée de la forêt de sapins. Il s’était appliqué à ne pas en prélever trop, soucieux de laisser aux bûcherons le bénéfice de leur travail, mais n’était pas équipé pour couper un arbre… De toute façon, n’étant pas plus propriétaire du bois sur pied que de celui déjà coupé, le résultat aurait été le même…
Il savait que la plupart des forestiers ne s’offusquaient pas d’un prélèvement « modéré » pas plus que les bergers ne hurlaient si on utilisait les réserves qu’ils avaient laissées en vue de leur retour au printemps. La correction voulait cependant que dans la mesure du possible, on reconstitue les provisions, pour un prochain voyageur, ou pour les occupants habituels à leur retour.
Il avait déjà montré à Yuka où trouver de la mousse suffisamment sèche mais pas trop, sinon elle abriterait des tas de vermine, du fourrage sec également… Certains emplacements n’étaient jamais sous le vent et étaient donc épargnés par la pluie… Le matin, il arrivait que la rosée les humidifie, mais jamais assez pour qu’on se retrouve avec une couche trempée. La cape à âme artificielle posée sur la paille, elle-même isolée du sol par la mousse, il avait réussi à faire dans la petite grotte un lit acceptable. Certes la vieille cape avait râlé, mais il avait su, du moins l’espérait-il la persuader qu’elle était la pièce maîtresse de leur nuit réussie.
Son élève savait désormais détecter à la vue et à l’odeur plusieurs sortes de baies comestibles, quelques champignons qu’il ne connaissait pas une semaine auparavant… Cela ne lui suffirait pas pour survivre seul un hiver mais leur permettrait de manger mieux ce soir et serait complété par le pain, le fromage sec, les noix et les autres baies gagnées à la ferme en contrebas.
Il aurait pu insister pour coucher dans la grange une nuit de plus, mais comme son compagnon il avait hâte de retrouver un lieu plus calme. Non pas que le fermier, sa femme, leur servante, leurs deux valets et les six enfants aient été déplaisants… Mais pour lui comme pour Yuka, onze personnes représentaient une foule conséquente et s’ils étaient honnêtes et travailleurs, leurs employeurs étaient aussi remuants et bruyants. Les veillées, intéressantes par les histoires qu’elles apprenaient, les rumeurs, et les chansons plus ou moins récentes qu’on y entendait n’en étaient pas moins pour lui presque aussi fatigantes que les journées de labeur.
La présence d’Espoir avait de plus tellement intrigué les enfants qu’ils les avaient suivis pendant les trois jours qu’ils avaient passé à cueillir les baies d’hiver et à les mettre dans des petits paniers en osier afin que la fermière puisse les livrer à ses clients en ville. Le shallum lui semblait d’autant plus heureux qu’il était entouré et doué d’un tempérament d’artiste… Face à ses admirateurs, il avait multiplié les voltes, danses, petits vols faussement timides…
Allumant un feu de façon à ne pas enfumer la cavité, Valravn expliquait à Yuka comment faire la différence entre une grotte « vide » donc abri potentiel, et la tanière d’un animal. Il lui fit bien remarquer l’absence d’excréments, de restes de repas, de traces de griffes au sol, de poils en surnombre… Il lui expliqua aussi comment positionner le foyer, s’il voulait faire un feu, pour que le vent ne rabatte pas la fumée à l’intérieur.
Autant il était rapide et nerveux pendant les marches, s’appliquant pourtant à ralentir son rythme habituel pour ne pas épuiser son compagnon, autant il prenait le temps d’expliquer, d’écouter, de répondre aux questions éventuelles une fois posés. Avec des herbes trouvées en chemin, et qu’il avait montrées à Yuka, lui indiquant où elles poussaient et comment savoir si elles seraient présentes en fonction de la nature du terrain, de l’exposition, il avait confectionné un onguent qu’il avait remis au garçon, lui disant qu’elles avaient la propriété de détendre les muscles et d’apaiser les douleurs dues à une marche forcée ou à un travail trop pénible. Prenant sa propre jambe comme support, pour ne pas avoir à toucher le jeune homme, il lui avait montré aussi comment se masser pour que le remède fasse le plus d’effet.
Petit à petit, il « éduquait » son élève, lui laissant le temps d’assimiler, tentant de lui faire comprendre que la rigueur et l’organisation étaient -non pas des brimades- mais la garantie d’une survie en milieu hostile.
Satisfait du nombre de bûches obtenues, il tailla une longue tringle flexible mais solide et la tendant entre deux roches à l’entrée y accrocha sa cape en tissu anti-climat pour barrer le vent et les précipitations. Regardant la taille de leur maison d’un soir, il espéra que Yuka ne la trouverait pas trop exigüe, lui montrant le lit de paille, il s’assit lui-même contre la roche, de l’autre côté du foyer et sortit les provisions.
Regardant son compagnon, il sourit. Il lui restait à lui faire comprendre qu’il vaut mieux manger moins, mais régulièrement qu’engouffrer une quantité phénoménale de nourriture et manquer deux jours de suite après...
- Ça va ? Pas trop fatigué ?
Il lui tendit une outre remplie d’eau glacée obtenue sans trop de difficultés auprès des paysans qu’ils venaient de quitter.
- Il reste entre cinq et sept jours de marche, avec juste un camp de bûcherons sur la route. Je ne sais pas s’ils auront besoin de nous…
Il marqua un arrêt puis, ne voulant pas inquiéter outre mesure l’adolescent ajouta :
- Mais on arrive en montagne, et la montagne est loin d’être aussi dure et ingrate que le disent les gens des plaines… Ensuite, tu seras un des rares à connaître le seul endroit sur terre que je peux appeler mon foyer.
Il savait que la plupart des forestiers ne s’offusquaient pas d’un prélèvement « modéré » pas plus que les bergers ne hurlaient si on utilisait les réserves qu’ils avaient laissées en vue de leur retour au printemps. La correction voulait cependant que dans la mesure du possible, on reconstitue les provisions, pour un prochain voyageur, ou pour les occupants habituels à leur retour.
Il avait déjà montré à Yuka où trouver de la mousse suffisamment sèche mais pas trop, sinon elle abriterait des tas de vermine, du fourrage sec également… Certains emplacements n’étaient jamais sous le vent et étaient donc épargnés par la pluie… Le matin, il arrivait que la rosée les humidifie, mais jamais assez pour qu’on se retrouve avec une couche trempée. La cape à âme artificielle posée sur la paille, elle-même isolée du sol par la mousse, il avait réussi à faire dans la petite grotte un lit acceptable. Certes la vieille cape avait râlé, mais il avait su, du moins l’espérait-il la persuader qu’elle était la pièce maîtresse de leur nuit réussie.
Son élève savait désormais détecter à la vue et à l’odeur plusieurs sortes de baies comestibles, quelques champignons qu’il ne connaissait pas une semaine auparavant… Cela ne lui suffirait pas pour survivre seul un hiver mais leur permettrait de manger mieux ce soir et serait complété par le pain, le fromage sec, les noix et les autres baies gagnées à la ferme en contrebas.
Il aurait pu insister pour coucher dans la grange une nuit de plus, mais comme son compagnon il avait hâte de retrouver un lieu plus calme. Non pas que le fermier, sa femme, leur servante, leurs deux valets et les six enfants aient été déplaisants… Mais pour lui comme pour Yuka, onze personnes représentaient une foule conséquente et s’ils étaient honnêtes et travailleurs, leurs employeurs étaient aussi remuants et bruyants. Les veillées, intéressantes par les histoires qu’elles apprenaient, les rumeurs, et les chansons plus ou moins récentes qu’on y entendait n’en étaient pas moins pour lui presque aussi fatigantes que les journées de labeur.
La présence d’Espoir avait de plus tellement intrigué les enfants qu’ils les avaient suivis pendant les trois jours qu’ils avaient passé à cueillir les baies d’hiver et à les mettre dans des petits paniers en osier afin que la fermière puisse les livrer à ses clients en ville. Le shallum lui semblait d’autant plus heureux qu’il était entouré et doué d’un tempérament d’artiste… Face à ses admirateurs, il avait multiplié les voltes, danses, petits vols faussement timides…
Allumant un feu de façon à ne pas enfumer la cavité, Valravn expliquait à Yuka comment faire la différence entre une grotte « vide » donc abri potentiel, et la tanière d’un animal. Il lui fit bien remarquer l’absence d’excréments, de restes de repas, de traces de griffes au sol, de poils en surnombre… Il lui expliqua aussi comment positionner le foyer, s’il voulait faire un feu, pour que le vent ne rabatte pas la fumée à l’intérieur.
Autant il était rapide et nerveux pendant les marches, s’appliquant pourtant à ralentir son rythme habituel pour ne pas épuiser son compagnon, autant il prenait le temps d’expliquer, d’écouter, de répondre aux questions éventuelles une fois posés. Avec des herbes trouvées en chemin, et qu’il avait montrées à Yuka, lui indiquant où elles poussaient et comment savoir si elles seraient présentes en fonction de la nature du terrain, de l’exposition, il avait confectionné un onguent qu’il avait remis au garçon, lui disant qu’elles avaient la propriété de détendre les muscles et d’apaiser les douleurs dues à une marche forcée ou à un travail trop pénible. Prenant sa propre jambe comme support, pour ne pas avoir à toucher le jeune homme, il lui avait montré aussi comment se masser pour que le remède fasse le plus d’effet.
Petit à petit, il « éduquait » son élève, lui laissant le temps d’assimiler, tentant de lui faire comprendre que la rigueur et l’organisation étaient -non pas des brimades- mais la garantie d’une survie en milieu hostile.
Satisfait du nombre de bûches obtenues, il tailla une longue tringle flexible mais solide et la tendant entre deux roches à l’entrée y accrocha sa cape en tissu anti-climat pour barrer le vent et les précipitations. Regardant la taille de leur maison d’un soir, il espéra que Yuka ne la trouverait pas trop exigüe, lui montrant le lit de paille, il s’assit lui-même contre la roche, de l’autre côté du foyer et sortit les provisions.
Regardant son compagnon, il sourit. Il lui restait à lui faire comprendre qu’il vaut mieux manger moins, mais régulièrement qu’engouffrer une quantité phénoménale de nourriture et manquer deux jours de suite après...
- Ça va ? Pas trop fatigué ?
Il lui tendit une outre remplie d’eau glacée obtenue sans trop de difficultés auprès des paysans qu’ils venaient de quitter.
- Il reste entre cinq et sept jours de marche, avec juste un camp de bûcherons sur la route. Je ne sais pas s’ils auront besoin de nous…
Il marqua un arrêt puis, ne voulant pas inquiéter outre mesure l’adolescent ajouta :
- Mais on arrive en montagne, et la montagne est loin d’être aussi dure et ingrate que le disent les gens des plaines… Ensuite, tu seras un des rares à connaître le seul endroit sur terre que je peux appeler mon foyer.
Yuka DirrenAventurier
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Yuka avait longtemps cru qu'il marchait plutôt vite. Il n'avait pourtant pas eu grand monde avec qui comparer son rythme de marche, mais quand ça arrivait, il s'agissait souvent de voyageurs, aventuriers la plupart du temps, plus voir beaucoup plus âgés et surtout plus chargés que lui, rencontrés sur les route. Forcément, leur rythme était plus lent que celui de Yuka, jeune, avec ses vêtements pour seul bagage!
Valravn lui avait fait prendre conscience à quel point, non, il ne marchait pas vite. D'abord, parce que Yuka passait rarement des journées entières à marcher, il avait un mode de voyage différent et bien plus lent. Son boitement n'avait pas tardé à pointer le bout de son nez non plus et n'avait pas aidé, tout comme sa nette tendance à s'empiffrer dès qu'il avait de la nourriture à disposition. Autant dire que les réserves qu'il avait pu constituer grâce au rab de nourriture récupéré à la taverne de Manillam, leur point de départ, étaient terminées depuis longtemps, et avoir le ventre plein et en pleine digestion, ça facilite pas vraiment la marche rapide non plus, tout comme la fatigue accumulée de plusieurs jours de voyage intensif à la suite.
Et puis il y avait le fait de voyager avec quelqu'un d'autre, pendant aussi longtemps. Un quelqu'un d'autre qui en profitait pour lui apprendre tout un tas de nouvelles choses, le rendant aussi fatigué mentalement que physiquement à la fin de la journée. Il n'était pourtant pas novice des séjours en solitaire dans la nature, loin de là! Si la plaine le dépaysait un peu, la forêt lui était déjà bien plus familière, et la montagne le serait aussi dans une certaine mesure, même s'il connaissait moins ses dangers en hiver. Être au milieu de nulle part comme entourés d'humain était une source de stress de toute façon, mais au moins quand il était dans une maison, il avait tendance à d'avantage se laisser aller, sauf s'il n'avait vraiment pas confiance en les gens les accueillant.
Les limites de l'apprentissage autodidacte se révélaient en tout cas clairement à lui. Il connaissait la théorie de certaines choses sans pouvoir les mettre en pratique, ignorait tout d'autres, ou faisait certaines choses en voyant qu'elles fonctionnaient sans savoir pourquoi. Ayant du mal à appliquer le peu de techniques de conservation qu'il avait apprit, par tâtonnement, échanges ou lectures, il en était venu à la technique de l'empiffrement, même si ça l'avait rendu malade plusieurs fois et que ça le rendait peu efficace pendant un petit moment après. Mais on organisme s'était habitué, et depuis il n'avait plus vraiment cherché à s'améliorer sur le sujet. Et ça valait pour plein d'autres choses! Raison pour laquelle les enseignements de Valravn constituaient un vrai chamboulement pour lui.
Mais même si c'était fatiguant, ça avait aussi beaucoup de bons côtés! L'onguent de Valravn lui avait par exemple permit d'atténuer ses douleurs à la jambe, le rendant plus rapide en marchant vu qu'il ne boitait plus, ou moins, et s'il se sentait un peu idiot parfois de réaliser que certains savoirs si utiles étaient sous son nez depuis le début, il savait aussi que ça lui serait fort utile à l'avenir, notamment quand il serait aventurier. Son voyage avec Valravn ne le poussait pas vraiment dans la bonne direction d'ailleurs, mais tout ça lui paraissait trop important pour pouvoir être balayé par l'impatience. Tout ce qui pouvait améliorer ses chances de survie était bon à prendre.
Et puis il s'habituait petit à petit à la présence de son compagnon de voyage et ses animaux. Il se haïssait pour ça, mais il avait prit l'habitude de réguler sa faim de magie grâce au shallum qui l'accompagnait, et qui ne semblait pas lui en tenir rigueur, au contraire. Il n'avait toujours pas osé en parler à Valravn, et ce dernier n'avait sûrement rien remarqué tant c'était discret, mais il savait aussi qu'il ne pourrait pas toujours procéder ainsi. En attendant, ça lui permettait de se réguler, et ne pas avoir à penser à cela était toujours un poids non négligeable en moins sur ses épaules. Cela lui permettait aussi d'être moins stressé à l'idée d'un contact physique accidentel avec Valravn, même s'il restait prudent.
Yuka passa un moment à s'étirer avant de rentrer dans leur abri de fortune. Il avait gardé cette habitude de longue date, faisant de même le matin avec plusieurs exercices pour se réveiller et s'échauffer en douceur, ayant rapidement réalisé que ça l'aidait beaucoup, et pas seulement à cause de son boitillement! Il finit par rentrer, souriant devant l'aménagement réalisé par son compagnon de voyage, avant de s'asseoir à son tour à une distance raisonnable de l'autre être humain. Néanmoins, Val avait du remarquer que petit à petit, Yuka se permettait de s'asseoir un peu plus près de lui, et ce indépendamment de la taille de leurs abris.
- Pas plus qu'un aut' jour! Et toi? T'as l'air infatigable! M'rci!
Prenant la gourde qui lui était tendue, Yuka pu doucement pour se désaltérer sans trop infliger le choc de l'eau froide à son organisme, pendant que Valravn lui expliquait la suite du programme. Il s'essuya la bouche et referma la gourde avec soin avant de la rendre à son propriétaire.
- On v'rra bien! J'ai jamais trop osé aller en montagne en hiver, donc j'découvrirais pas mal d'choses, enfin, plus qu'd'habitude!
Lâchant un bâillement à s'en décrocher la mâchoire, le garçon sorti de sa cape-sacoche un peu de nourriture qui leur restait de récoltes de la journée ou de rencontres récentes, son estomac gargouillant déjà à nouveau. Il faut dire qu'il s'était moins empiffré sur les derniers repas, faute de nourriture aussi abondante, mais même si ça avait été le cas, il aurait quand même eu faim. Au moins, il n'avait plus cette sensation d'être à deux doigts de crever de faim, comme ça lui arrivait souvent avant de rencontrer Valravn, et rien que pour ça, sa présence était une sacré amélioration dans sa vie! Pour ça, et pour toutes les connaissances qu'il lui offrait.
- Y reste un peu d'viande dans ton sac d'congélation? J'crois qu'on a pas tout fait cuire la dernière fois, mais faudra pas trop tarder quand même!
Certes, la magie ralentissait sa décomposition, mais ça resterait pas comestible éternellement non plus! Le duo n'avait pas trop le temps de fumer la viande, alors ils cuisaient ce qu'ils pouvaient, sachant qu'avec ce sac, ça pouvait encore se garder quelques temps, faute d'autre moyen de conservation.
Valravn lui avait fait prendre conscience à quel point, non, il ne marchait pas vite. D'abord, parce que Yuka passait rarement des journées entières à marcher, il avait un mode de voyage différent et bien plus lent. Son boitement n'avait pas tardé à pointer le bout de son nez non plus et n'avait pas aidé, tout comme sa nette tendance à s'empiffrer dès qu'il avait de la nourriture à disposition. Autant dire que les réserves qu'il avait pu constituer grâce au rab de nourriture récupéré à la taverne de Manillam, leur point de départ, étaient terminées depuis longtemps, et avoir le ventre plein et en pleine digestion, ça facilite pas vraiment la marche rapide non plus, tout comme la fatigue accumulée de plusieurs jours de voyage intensif à la suite.
Et puis il y avait le fait de voyager avec quelqu'un d'autre, pendant aussi longtemps. Un quelqu'un d'autre qui en profitait pour lui apprendre tout un tas de nouvelles choses, le rendant aussi fatigué mentalement que physiquement à la fin de la journée. Il n'était pourtant pas novice des séjours en solitaire dans la nature, loin de là! Si la plaine le dépaysait un peu, la forêt lui était déjà bien plus familière, et la montagne le serait aussi dans une certaine mesure, même s'il connaissait moins ses dangers en hiver. Être au milieu de nulle part comme entourés d'humain était une source de stress de toute façon, mais au moins quand il était dans une maison, il avait tendance à d'avantage se laisser aller, sauf s'il n'avait vraiment pas confiance en les gens les accueillant.
Les limites de l'apprentissage autodidacte se révélaient en tout cas clairement à lui. Il connaissait la théorie de certaines choses sans pouvoir les mettre en pratique, ignorait tout d'autres, ou faisait certaines choses en voyant qu'elles fonctionnaient sans savoir pourquoi. Ayant du mal à appliquer le peu de techniques de conservation qu'il avait apprit, par tâtonnement, échanges ou lectures, il en était venu à la technique de l'empiffrement, même si ça l'avait rendu malade plusieurs fois et que ça le rendait peu efficace pendant un petit moment après. Mais on organisme s'était habitué, et depuis il n'avait plus vraiment cherché à s'améliorer sur le sujet. Et ça valait pour plein d'autres choses! Raison pour laquelle les enseignements de Valravn constituaient un vrai chamboulement pour lui.
Mais même si c'était fatiguant, ça avait aussi beaucoup de bons côtés! L'onguent de Valravn lui avait par exemple permit d'atténuer ses douleurs à la jambe, le rendant plus rapide en marchant vu qu'il ne boitait plus, ou moins, et s'il se sentait un peu idiot parfois de réaliser que certains savoirs si utiles étaient sous son nez depuis le début, il savait aussi que ça lui serait fort utile à l'avenir, notamment quand il serait aventurier. Son voyage avec Valravn ne le poussait pas vraiment dans la bonne direction d'ailleurs, mais tout ça lui paraissait trop important pour pouvoir être balayé par l'impatience. Tout ce qui pouvait améliorer ses chances de survie était bon à prendre.
Et puis il s'habituait petit à petit à la présence de son compagnon de voyage et ses animaux. Il se haïssait pour ça, mais il avait prit l'habitude de réguler sa faim de magie grâce au shallum qui l'accompagnait, et qui ne semblait pas lui en tenir rigueur, au contraire. Il n'avait toujours pas osé en parler à Valravn, et ce dernier n'avait sûrement rien remarqué tant c'était discret, mais il savait aussi qu'il ne pourrait pas toujours procéder ainsi. En attendant, ça lui permettait de se réguler, et ne pas avoir à penser à cela était toujours un poids non négligeable en moins sur ses épaules. Cela lui permettait aussi d'être moins stressé à l'idée d'un contact physique accidentel avec Valravn, même s'il restait prudent.
Yuka passa un moment à s'étirer avant de rentrer dans leur abri de fortune. Il avait gardé cette habitude de longue date, faisant de même le matin avec plusieurs exercices pour se réveiller et s'échauffer en douceur, ayant rapidement réalisé que ça l'aidait beaucoup, et pas seulement à cause de son boitillement! Il finit par rentrer, souriant devant l'aménagement réalisé par son compagnon de voyage, avant de s'asseoir à son tour à une distance raisonnable de l'autre être humain. Néanmoins, Val avait du remarquer que petit à petit, Yuka se permettait de s'asseoir un peu plus près de lui, et ce indépendamment de la taille de leurs abris.
- Pas plus qu'un aut' jour! Et toi? T'as l'air infatigable! M'rci!
Prenant la gourde qui lui était tendue, Yuka pu doucement pour se désaltérer sans trop infliger le choc de l'eau froide à son organisme, pendant que Valravn lui expliquait la suite du programme. Il s'essuya la bouche et referma la gourde avec soin avant de la rendre à son propriétaire.
- On v'rra bien! J'ai jamais trop osé aller en montagne en hiver, donc j'découvrirais pas mal d'choses, enfin, plus qu'd'habitude!
Lâchant un bâillement à s'en décrocher la mâchoire, le garçon sorti de sa cape-sacoche un peu de nourriture qui leur restait de récoltes de la journée ou de rencontres récentes, son estomac gargouillant déjà à nouveau. Il faut dire qu'il s'était moins empiffré sur les derniers repas, faute de nourriture aussi abondante, mais même si ça avait été le cas, il aurait quand même eu faim. Au moins, il n'avait plus cette sensation d'être à deux doigts de crever de faim, comme ça lui arrivait souvent avant de rencontrer Valravn, et rien que pour ça, sa présence était une sacré amélioration dans sa vie! Pour ça, et pour toutes les connaissances qu'il lui offrait.
- Y reste un peu d'viande dans ton sac d'congélation? J'crois qu'on a pas tout fait cuire la dernière fois, mais faudra pas trop tarder quand même!
Certes, la magie ralentissait sa décomposition, mais ça resterait pas comestible éternellement non plus! Le duo n'avait pas trop le temps de fumer la viande, alors ils cuisaient ce qu'ils pouvaient, sachant qu'avec ce sac, ça pouvait encore se garder quelques temps, faute d'autre moyen de conservation.
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Valravn ne put s’empêcher d’éclater de rire à la remarque de Yuka. S’il avait été seul, même indépendamment des quantités prélevées sur les réserves, la viande aurait duré encore au moins deux jours… Après tout, un goût un peu faisandé ne tuait personne, surtout si l’on peut en plus faire cuire l’aliment…
Mais leur voyage était autant pour lui que pour Yuka un apprentissage, il prenait conscience que les besoins de chacun sont différents et que son compagnon n’était pas un goinfre mais simplement un adolescent en croissance dont le corps, contrairement au sien, n’avait pas abdiqué devant l’adversité. En cela, il remercia les esprits. Savoir se passer de manger, ignorer la morsure de la faim jusqu’à ce qu’elle devienne insupportable et impérieuse, c’était un sacré atout, surtout quand on est pauvre.
Cédant, il sortit le bout de viande qu’il jugea énorme pour deux, enfin quatre car le corbeau apparut comme par enchantement et Espoir entama une danse du ventre… Coupant deux larges lanières de viande crue, il en distribua une à chaque animal, et entreprit de faire rôtir le reste ayant au préalable coupé en deux parts, sur le principe du 1/3 2/3 pour que Yuka se sente un peu rempli.
Pendant qu’une odeur de rôti emplissait la pièce, il regarda l’autre garçon.
- On a deux options… Ici, il y a pas mal de baies, et si on a de la chance des plantes médicinales qu’on pourra revendre après les avoir fait sécher. Il y a aussi un petit torrent où il devrait y avoir du poisson. – il marqua une pause- Si on est assez patient pour rester dans l’eau le temps qu’il n’ait plus peur.
Il jeta un coup d’œil à son compagnon, était-il assez patient pour rester parfois une heure dans l’eau glacée le temps de faire oublier aux rares poissons hivernaux qu’il était là ? En cela, Valravn avait une patience d’ours… Il était capable de rester, insensible à la morsure du froid sur sa peau nue, le temps qu’il fallait pour d’un geste vif prélever un poisson ou deux. Il secoua la tête machinalement… Certes, réchauffer ses pieds n’était pas une mince affaire ensuite, mais ça en valait la peine.
- On peut donc rester un jour ou deux, voire plus, le temps de souffler. La lune va changer, certains champignons profitent de la lune changeante pour sporer et on peut donc au bout de quelques jours trouver des jeunes vachement meilleurs que les gros trucs filandreux. Je ne sais pas pourquoi ça se produit au changement de lune, le Vieux Frère aurait sans doute eu la réponse, mais il y a tant de questions que je n’ai pas posées…
Il soupira, tant et tant… Il n’était qu’un enfant, jamais il n’aurait pensé que « voyager au-delà des brumes » signifiait n’en pas revenir… Sinon, à n’en pas douter, il aurait suivi le vieil homme malgré son interdiction.
- L’autre solution, c’est de rusher au nord jusqu’au camp de bûcherons, ça fait une trotte, au moins une journée et demie de marche rapide, et j’ignore absolument s’ils ont besoin de main d’œuvre. Je peux envoyer le corbeau survoler pour qu’il dise s’ils ont l’air très actifs ou pas. S’ils n’ont pas grand-chose à faire, ils nous donneront un coin sous une tente et un peu de pain, mais pas de boulot, et ils seront soulagés de nous voir repartir.
Il revit mentalement le chemin le plus adéquat, il n’y avait plus de route et certains des « chemins » étaient en fait tracés par les prédateurs en quête de gibier. Il faudrait qu’il apprenne à Yuka comment déceler une piste faite par un animal en chasse de celles faites par l’homme, parfois en chasse aussi. Un peu plus à l’est, il y avait une clairière avec un arbre creux gigantesque, mais il était probablement occupé par plusieurs espèces en hibernation. S’il s’agissait juste d’oiseaux ou de petits mammifères, il suffisait d’être assez discret pour ne pas troubler leur sommeil, mais si un fauve avait choisi de s’y retirer…
Il en fit mention rapidement, pour que son partenaire suive ses pensées sans croire qu’il refusait de communiquer.
En faisant un détour, il y avait aussi une grotte sous une cascade… Elle, était généralement vide de présence animale, et la barrière d’eau parfois gelée, faisait un bon écran contre le froid. Les hommes y allaient peu, la légende voulait qu’une dryade y ait élu domicile. Valravn sourit, il y avait passé de longues journées sans rien y voir qui ressemble à la créature. D’ailleurs, si elle y avait existé, la pauvre était morte depuis longtemps à en juger par la désolation alentour… A part de l’eau et de la pierre, l’endroit était dénué de végétation, mais on y trouvait de drôles de lézards grassouillets, même en hiver, et des poissons de bonne taille aussi.
Il résuma sa pensée de nouveau, pour que Yuka en ai connaissance.
Pris d’une inspiration, il sortit sa dague et dessina sur le sol en griffant la roche le plus doucement possible pour préserver sa lame, une carte rapide.
La viande cuite, il décrocha sa broche improvisée, de sa dague prit le plus petit morceau, et tendit l’autre à Yuka.
Mais leur voyage était autant pour lui que pour Yuka un apprentissage, il prenait conscience que les besoins de chacun sont différents et que son compagnon n’était pas un goinfre mais simplement un adolescent en croissance dont le corps, contrairement au sien, n’avait pas abdiqué devant l’adversité. En cela, il remercia les esprits. Savoir se passer de manger, ignorer la morsure de la faim jusqu’à ce qu’elle devienne insupportable et impérieuse, c’était un sacré atout, surtout quand on est pauvre.
Cédant, il sortit le bout de viande qu’il jugea énorme pour deux, enfin quatre car le corbeau apparut comme par enchantement et Espoir entama une danse du ventre… Coupant deux larges lanières de viande crue, il en distribua une à chaque animal, et entreprit de faire rôtir le reste ayant au préalable coupé en deux parts, sur le principe du 1/3 2/3 pour que Yuka se sente un peu rempli.
Pendant qu’une odeur de rôti emplissait la pièce, il regarda l’autre garçon.
- On a deux options… Ici, il y a pas mal de baies, et si on a de la chance des plantes médicinales qu’on pourra revendre après les avoir fait sécher. Il y a aussi un petit torrent où il devrait y avoir du poisson. – il marqua une pause- Si on est assez patient pour rester dans l’eau le temps qu’il n’ait plus peur.
Il jeta un coup d’œil à son compagnon, était-il assez patient pour rester parfois une heure dans l’eau glacée le temps de faire oublier aux rares poissons hivernaux qu’il était là ? En cela, Valravn avait une patience d’ours… Il était capable de rester, insensible à la morsure du froid sur sa peau nue, le temps qu’il fallait pour d’un geste vif prélever un poisson ou deux. Il secoua la tête machinalement… Certes, réchauffer ses pieds n’était pas une mince affaire ensuite, mais ça en valait la peine.
- On peut donc rester un jour ou deux, voire plus, le temps de souffler. La lune va changer, certains champignons profitent de la lune changeante pour sporer et on peut donc au bout de quelques jours trouver des jeunes vachement meilleurs que les gros trucs filandreux. Je ne sais pas pourquoi ça se produit au changement de lune, le Vieux Frère aurait sans doute eu la réponse, mais il y a tant de questions que je n’ai pas posées…
Il soupira, tant et tant… Il n’était qu’un enfant, jamais il n’aurait pensé que « voyager au-delà des brumes » signifiait n’en pas revenir… Sinon, à n’en pas douter, il aurait suivi le vieil homme malgré son interdiction.
- L’autre solution, c’est de rusher au nord jusqu’au camp de bûcherons, ça fait une trotte, au moins une journée et demie de marche rapide, et j’ignore absolument s’ils ont besoin de main d’œuvre. Je peux envoyer le corbeau survoler pour qu’il dise s’ils ont l’air très actifs ou pas. S’ils n’ont pas grand-chose à faire, ils nous donneront un coin sous une tente et un peu de pain, mais pas de boulot, et ils seront soulagés de nous voir repartir.
Il revit mentalement le chemin le plus adéquat, il n’y avait plus de route et certains des « chemins » étaient en fait tracés par les prédateurs en quête de gibier. Il faudrait qu’il apprenne à Yuka comment déceler une piste faite par un animal en chasse de celles faites par l’homme, parfois en chasse aussi. Un peu plus à l’est, il y avait une clairière avec un arbre creux gigantesque, mais il était probablement occupé par plusieurs espèces en hibernation. S’il s’agissait juste d’oiseaux ou de petits mammifères, il suffisait d’être assez discret pour ne pas troubler leur sommeil, mais si un fauve avait choisi de s’y retirer…
Il en fit mention rapidement, pour que son partenaire suive ses pensées sans croire qu’il refusait de communiquer.
En faisant un détour, il y avait aussi une grotte sous une cascade… Elle, était généralement vide de présence animale, et la barrière d’eau parfois gelée, faisait un bon écran contre le froid. Les hommes y allaient peu, la légende voulait qu’une dryade y ait élu domicile. Valravn sourit, il y avait passé de longues journées sans rien y voir qui ressemble à la créature. D’ailleurs, si elle y avait existé, la pauvre était morte depuis longtemps à en juger par la désolation alentour… A part de l’eau et de la pierre, l’endroit était dénué de végétation, mais on y trouvait de drôles de lézards grassouillets, même en hiver, et des poissons de bonne taille aussi.
Il résuma sa pensée de nouveau, pour que Yuka en ai connaissance.
Pris d’une inspiration, il sortit sa dague et dessina sur le sol en griffant la roche le plus doucement possible pour préserver sa lame, une carte rapide.
La viande cuite, il décrocha sa broche improvisée, de sa dague prit le plus petit morceau, et tendit l’autre à Yuka.
Yuka DirrenAventurier
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Yuka se recroquevilla un peu au son du rire de son compagnon. Il savait que ce n'était pas méchant, mais il se sentait toujours comme un ogre en comparaison. Mais il avait tant manqué de nourriture dans sa vie qu'il ne savait pas se rationner! Il en avait supporté, des jours et des jours sans nourriture physique comme magique, alors manger tout les jours, c'était l'abondance pour lui! Et sûrement que son corps essayait comme il pouvait de rattraper tout son retard.
Écoutant son guide avec attention, l'adolescent fini par pencher la tête sur le côté, curieux.
- Rester dans l'eau? On peut pas just' rester à proximité? Si y reste encore des poissons en c'te saison, pourquoi pas!
Dans ce genre de cas, Yuka préférait chasser à coup de harpon improvisé avec une branche. Son couteau lui servait à les faire, et à préparer ce qu'il attrapait! Sinon il savait faire quelques pièges plutôt efficaces, mais pour ça il fallait rester un minimum de temps. Enfin, s'ils restaient assez pour récolter des plantes et les faire sécher, ça devrait aller!
- P't'être qu'les champignons attendent une certaine luminosité? Plein d'plantes et d'champignons y sont sensibles, alors...
Enfin, plein de champignons... C'était sans doute exagérer de dire ça, et il se corrigea d'ailleurs aussitôt, mais pour les plantes, c'était plutôt vrai. Même lui, qui n'était pas expert du tout, avait pu le remarquer, et même si c'était plus rare, c'était aussi le cas de plusieurs champignons.
Réfléchissant aux options proposées par Valravn, Yuka prit sa part de viande sans discuter, assaisonnant de quelques herbes cueillies sur le trajet. Heureusement que certaines plantes continuaient à pousser malgré le froid! L'ado avait cessé de vouloir faire strictement moitié moitié avec son guide, voyant que Valravn avait un appétit d'oiseau en comparaison. Et lui ne risquait pas de s'en plaindre...
- J'sais pas. La météo a pas l'air dégeu, donc si on a pas d'raison d'se presser, autant prend' son temps j'imagine?
En tout cas lui n'y voyait aucune objection! Il se concentra ensuite sur son bout de viande, la simple odeur lui donnant l'eau à la bouche, et il commença à manger doucement, avec précaution pour ne rien laisser tomber, profitant de chaque bouchée.
C'était l'avantage d'enfin manger tous les jours ou presque : il arrivait quand même à moins se goinfrer et surtout à savourer d'avantage, même dès la première bouchée. Et ça, c'était toujours bon signe! Y'a pas à dire, pas mal de choses s'étaient améliorées dans sa vie depuis sa rencontre avec Valravn, et il en était vraiment reconnaissant à son guide pour ça.
Écoutant son guide avec attention, l'adolescent fini par pencher la tête sur le côté, curieux.
- Rester dans l'eau? On peut pas just' rester à proximité? Si y reste encore des poissons en c'te saison, pourquoi pas!
Dans ce genre de cas, Yuka préférait chasser à coup de harpon improvisé avec une branche. Son couteau lui servait à les faire, et à préparer ce qu'il attrapait! Sinon il savait faire quelques pièges plutôt efficaces, mais pour ça il fallait rester un minimum de temps. Enfin, s'ils restaient assez pour récolter des plantes et les faire sécher, ça devrait aller!
- P't'être qu'les champignons attendent une certaine luminosité? Plein d'plantes et d'champignons y sont sensibles, alors...
Enfin, plein de champignons... C'était sans doute exagérer de dire ça, et il se corrigea d'ailleurs aussitôt, mais pour les plantes, c'était plutôt vrai. Même lui, qui n'était pas expert du tout, avait pu le remarquer, et même si c'était plus rare, c'était aussi le cas de plusieurs champignons.
Réfléchissant aux options proposées par Valravn, Yuka prit sa part de viande sans discuter, assaisonnant de quelques herbes cueillies sur le trajet. Heureusement que certaines plantes continuaient à pousser malgré le froid! L'ado avait cessé de vouloir faire strictement moitié moitié avec son guide, voyant que Valravn avait un appétit d'oiseau en comparaison. Et lui ne risquait pas de s'en plaindre...
- J'sais pas. La météo a pas l'air dégeu, donc si on a pas d'raison d'se presser, autant prend' son temps j'imagine?
En tout cas lui n'y voyait aucune objection! Il se concentra ensuite sur son bout de viande, la simple odeur lui donnant l'eau à la bouche, et il commença à manger doucement, avec précaution pour ne rien laisser tomber, profitant de chaque bouchée.
C'était l'avantage d'enfin manger tous les jours ou presque : il arrivait quand même à moins se goinfrer et surtout à savourer d'avantage, même dès la première bouchée. Et ça, c'était toujours bon signe! Y'a pas à dire, pas mal de choses s'étaient améliorées dans sa vie depuis sa rencontre avec Valravn, et il en était vraiment reconnaissant à son guide pour ça.
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A vrai dire, rester un moment sur place ne dérangeait pas Valravn, sinon il ne l’aurait pas proposé. D’abord, Yuka avait beau faire de gros efforts il voyait que sa jambe le gênait parfois, ensuite la seconde partie du voyage, du moins après l’Arbre sacré, serait plus ardue.
Non seulement la nourriture serait plus rare et par ricochet les prédateurs plus présents, mais le terrain allait devenir beaucoup plus rude. Ensuite, s’il voulait initier Yuka au combat défensif, il fallait de la place et une relative certitude d’être tranquilles. Ça ne pourrait donc se faire qu’ici, dans la fameuse caverne à « dryade » ou … chez lui.
Ce terme amena un sourire sur ses lèvres et le shallum gloussa, comme réceptif à toutes les émotions heureuses.
« On va manger et dormir. Demain, je t’apprends à te défendre… Et aussi contre quoi tu PEUX te défendre et ce qu’il faut FUIR à tout prix. Et comment fuir… Il y a des cas où tu peux prendre les jambes à ton cou, ou il faut même le faire en étant le plus rapide possible et sans hésiter ni se retourner, et d’autres où il vaut mieux reculer doucement et être le plus élusif possible… Enfin tout ça… demain »
En parlant, il massait ses pieds nus mis à rude épreuve… Se disant qu’il faudrait peut-être qu’il tente de les réhabituer à des chaussures… Retirant sa cape en tissu anti-climat qui avait emprisonné la chaleur de son corps, il en enveloppa ses pieds, puis s’appuya contre la paroi de la grotte, s’étirant par la même occasion.
Ayant terminé son repas, il saisit discrètement le petit cylindre accroché au cercle qu’il portait autour du cou pendu à une lanière de cuir et le touchant de ses deux mains, ferma les yeux… Son visage expressif se para de diverses expressions, douleur, attente, espoir, soulagement… Sa prière terminée, qu’il ne signala pas à Yuka comme en étant une, il reposa l’objet à sa place.
Il repensa alors à la question du garçon sur la façon de pêcher…
« Tu peux pêcher de la rive, mais ça a deux inconvénients… D’abord, si ton poisson est vif, il va s’éloigner du bord et il y a des chances que tu le rates, à moins d’avoir fabriqué un filet ou d’être un as dans le lancer du harpon. Encore faut-il avoir l’un ou l’autre. »
Il marqua un arrêt.
« Tu peux te faire harpon, comme un filet d'ailleurs, mais pour ce dernier il faut des matières premières et une certaine dextérité. Enfin tout ça pour dire que depuis la rive, tu risques plus de rater ta proie… Ensuite, quand tu pêches depuis la rivière, tu n’es pas à proximité d’un prédateur éventuel et tu peux le voir arriver mieux que depuis le bord. Certains en plus hésiteront à se mouiller ce qui est un bon point pour toi »
Il se demanda s’il saurait tisser un filet… Il avait vu des pêcheurs le faire, en tout cas les ravauder, où et quand il ne savait plus, mais il ne pensait pas l’avoir jamais fait.
« Après, si tu es plus à l’aise depuis la rive, tu peux y rester, je te donne mes tuyaux, pas des ordres », il sourit.
Ses pieds un peu moins glacés, il les présenta au feu, savourant la chaleur. Il ne disait pas à Yuka qu’il avait adapté son mode de vie à sa présence, seul il n’allumait que très rarement du feu comme il ne mangeait pratiquement pas de viande.
« Le programme te va ? ou tu veux une journée de congé total ? »
Non seulement la nourriture serait plus rare et par ricochet les prédateurs plus présents, mais le terrain allait devenir beaucoup plus rude. Ensuite, s’il voulait initier Yuka au combat défensif, il fallait de la place et une relative certitude d’être tranquilles. Ça ne pourrait donc se faire qu’ici, dans la fameuse caverne à « dryade » ou … chez lui.
Ce terme amena un sourire sur ses lèvres et le shallum gloussa, comme réceptif à toutes les émotions heureuses.
« On va manger et dormir. Demain, je t’apprends à te défendre… Et aussi contre quoi tu PEUX te défendre et ce qu’il faut FUIR à tout prix. Et comment fuir… Il y a des cas où tu peux prendre les jambes à ton cou, ou il faut même le faire en étant le plus rapide possible et sans hésiter ni se retourner, et d’autres où il vaut mieux reculer doucement et être le plus élusif possible… Enfin tout ça… demain »
En parlant, il massait ses pieds nus mis à rude épreuve… Se disant qu’il faudrait peut-être qu’il tente de les réhabituer à des chaussures… Retirant sa cape en tissu anti-climat qui avait emprisonné la chaleur de son corps, il en enveloppa ses pieds, puis s’appuya contre la paroi de la grotte, s’étirant par la même occasion.
Ayant terminé son repas, il saisit discrètement le petit cylindre accroché au cercle qu’il portait autour du cou pendu à une lanière de cuir et le touchant de ses deux mains, ferma les yeux… Son visage expressif se para de diverses expressions, douleur, attente, espoir, soulagement… Sa prière terminée, qu’il ne signala pas à Yuka comme en étant une, il reposa l’objet à sa place.
Il repensa alors à la question du garçon sur la façon de pêcher…
« Tu peux pêcher de la rive, mais ça a deux inconvénients… D’abord, si ton poisson est vif, il va s’éloigner du bord et il y a des chances que tu le rates, à moins d’avoir fabriqué un filet ou d’être un as dans le lancer du harpon. Encore faut-il avoir l’un ou l’autre. »
Il marqua un arrêt.
« Tu peux te faire harpon, comme un filet d'ailleurs, mais pour ce dernier il faut des matières premières et une certaine dextérité. Enfin tout ça pour dire que depuis la rive, tu risques plus de rater ta proie… Ensuite, quand tu pêches depuis la rivière, tu n’es pas à proximité d’un prédateur éventuel et tu peux le voir arriver mieux que depuis le bord. Certains en plus hésiteront à se mouiller ce qui est un bon point pour toi »
Il se demanda s’il saurait tisser un filet… Il avait vu des pêcheurs le faire, en tout cas les ravauder, où et quand il ne savait plus, mais il ne pensait pas l’avoir jamais fait.
« Après, si tu es plus à l’aise depuis la rive, tu peux y rester, je te donne mes tuyaux, pas des ordres », il sourit.
Ses pieds un peu moins glacés, il les présenta au feu, savourant la chaleur. Il ne disait pas à Yuka qu’il avait adapté son mode de vie à sa présence, seul il n’allumait que très rarement du feu comme il ne mangeait pratiquement pas de viande.
« Le programme te va ? ou tu veux une journée de congé total ? »
Yuka DirrenAventurier
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La chaleur du feu lui était agréable, et il ne lui était même pas venu à l'idée que Valravn puisse faire sans, en particulier en cette saison. Après tout, le tissu anti-climat ne fait pas tout, surtout quand on est pieds nu, et il faisait vraiment incroyablement froid, même à ces latitudes! La neige n'était pas rare, le gel non plus, et même s'il est vrai que Yuka aussi savait survivre sans feu - enfin, plus ou moins - ça restait l'idéal de pouvoir en faire un, ne serait-ce que pour la cuisson de la viande, en plus de la chaleur et de la lumière que cela dégageait! Bon, et ça attirait deux trois bestioles, mais ça en tenait aussi d'autres à distance, alors l'un dans l'autre...
En plus de la viande, il prit aussi quelques baies, histoire de varier un peu. En cette saison, la viande lui tenait mieux au corps, l'aidait plus... Ah, il ne savait trop comment le dire, mais il avait l'impression d'en avoir plus besoin en tout cas!
- Et les trucs desquels on peut s'cacher? Enfin, tu m'diras tout ça demain!
Il préférait largement passer inaperçu ou éviter les problèmes que d'y être confronté. Mais si ça devait arriver... Ouais, il serait pas contre apprendre à se défendre un minimum, et ça lui serait sûrement utile ensuite s'il devenait aventurier! Bon, pour l'instant il avait que son couteau, plus dédié à la cuisine qu'autre chose, mais c'était toujours ça! Pour le reste, il y avait la fuite, et jusqu'à maintenant, il n'avait pu que suivre son instinct pour savoir s'il fallait mieux reculer doucement ou juste prendre ses jambes à son cou sans réfléchir.
Laissant Valravn faire sa... Prière, sans doute? Il n'osa pas le déranger. Lui préférait faire ce genre de chose seul, par pudeur sans doute, gêné. Mais il ne s'ennuyait pas pour autant, son regard était captivé par les flammes, et le shallum de son compagnon s'approcha de lui, le tirant de sa rêverie. Yuka sourit, le caressant et, le voyant lorgner l'ensemble viande baie qu'il avait dans la main et s'apprêtait à manger, il consenti à les lui tendre avec un sourire. Le familier de Valravn était si adorable, l'aidant bien plus qu'il ne s'en doutait - quoiqu'il semblait bien avoir compris que ce n'était pas le moment de déranger son maître, il serait donc sûrement mal avisé de douter de son intelligence - et surtout s'approchant avec de la facilité, plus en tout cas que le corbeau, qui était aussi moins souvent avec eux. Il faut dire que Yuka craignait les contacts autant des animaux que des humains, alors il ne risquait pas trop d'initier un contact, mais l'initiative d'Espoir lui faisait quand même du bien.
Son guide le ramena à la réalité, et Yuka réfléchit à cette histoire de pêche.
- J'essayerais p't'être des pièges alors, si j'trouve c'qu'il faut... Pêcher dans un endroit d'gagé, c'bien sinon pour voir v'nir les prédateurs.
Bâillant, Yuka s'étira encore une fois, mais plus en prévision du sommeil à venir que pour soulager ses muscles endoloris cette fois. Assez logiquement, Valravn voyant ça lui demanda s'il était partant, et l'adolescent se hâta de le rassurer.
- Oh non, t'inquiète, ça m'va très bien! J'ferais quoi d'façon sinon d'ma journée? J'préfère m'occuper.
Bon, il paraît aussi que se laisser des jours de repos, c'était bien, mais ça, ils auraient tout le loisir de le faire une fois arrivés, non? Et puis bon, son estomac n'apprécierait pas trop un jour de repos, et les végétaux comestibles étaient bien moins courants en cette saison qu'en été, alors...
En plus de la viande, il prit aussi quelques baies, histoire de varier un peu. En cette saison, la viande lui tenait mieux au corps, l'aidait plus... Ah, il ne savait trop comment le dire, mais il avait l'impression d'en avoir plus besoin en tout cas!
- Et les trucs desquels on peut s'cacher? Enfin, tu m'diras tout ça demain!
Il préférait largement passer inaperçu ou éviter les problèmes que d'y être confronté. Mais si ça devait arriver... Ouais, il serait pas contre apprendre à se défendre un minimum, et ça lui serait sûrement utile ensuite s'il devenait aventurier! Bon, pour l'instant il avait que son couteau, plus dédié à la cuisine qu'autre chose, mais c'était toujours ça! Pour le reste, il y avait la fuite, et jusqu'à maintenant, il n'avait pu que suivre son instinct pour savoir s'il fallait mieux reculer doucement ou juste prendre ses jambes à son cou sans réfléchir.
Laissant Valravn faire sa... Prière, sans doute? Il n'osa pas le déranger. Lui préférait faire ce genre de chose seul, par pudeur sans doute, gêné. Mais il ne s'ennuyait pas pour autant, son regard était captivé par les flammes, et le shallum de son compagnon s'approcha de lui, le tirant de sa rêverie. Yuka sourit, le caressant et, le voyant lorgner l'ensemble viande baie qu'il avait dans la main et s'apprêtait à manger, il consenti à les lui tendre avec un sourire. Le familier de Valravn était si adorable, l'aidant bien plus qu'il ne s'en doutait - quoiqu'il semblait bien avoir compris que ce n'était pas le moment de déranger son maître, il serait donc sûrement mal avisé de douter de son intelligence - et surtout s'approchant avec de la facilité, plus en tout cas que le corbeau, qui était aussi moins souvent avec eux. Il faut dire que Yuka craignait les contacts autant des animaux que des humains, alors il ne risquait pas trop d'initier un contact, mais l'initiative d'Espoir lui faisait quand même du bien.
Son guide le ramena à la réalité, et Yuka réfléchit à cette histoire de pêche.
- J'essayerais p't'être des pièges alors, si j'trouve c'qu'il faut... Pêcher dans un endroit d'gagé, c'bien sinon pour voir v'nir les prédateurs.
Bâillant, Yuka s'étira encore une fois, mais plus en prévision du sommeil à venir que pour soulager ses muscles endoloris cette fois. Assez logiquement, Valravn voyant ça lui demanda s'il était partant, et l'adolescent se hâta de le rassurer.
- Oh non, t'inquiète, ça m'va très bien! J'ferais quoi d'façon sinon d'ma journée? J'préfère m'occuper.
Bon, il paraît aussi que se laisser des jours de repos, c'était bien, mais ça, ils auraient tout le loisir de le faire une fois arrivés, non? Et puis bon, son estomac n'apprécierait pas trop un jour de repos, et les végétaux comestibles étaient bien moins courants en cette saison qu'en été, alors...
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Quand Yuka se réveilla, Valravn était occupé à tailler un long et solide bâton avec sa dague au manche ouvragé. Pendant que son compagnon dormait, il avait même présenté l’objet à côté de lui, essayant de tenir compte de la position du dormeur pour estimer sa taille véritable. Finalement, il avait pris la longueur du sien, se souvenant que Yuka et lui étaient sensiblement aussi grands l’un que l’autre, et s’était dit que s’il fallait le tailler plus court, ça se ferait.
Sans mot dire, il montra à son partenaire une sorte de bol improvisé posé à portée du feu qu’il avait ranimé, rempli de baies fraîches. Il saisit, toujours muet, une brochette de champignons, de fruits un peu ratatinés et de cubes de viande non identifiés et les mit à cuire au-dessus des flammes.
Puis, il retourna à son œuvre, faisant en sorte que les noeuds où des branches avaient été coupées deviennent comme des épines, et finissant de retirer l’écorce par endroits… Il enduisit l’extrémité de ce qui paraissait bien être en passe de devenir une arme d’une substance grasse tirée d’un tube métallique sorti de sa cape et le présenta au feu, à une distance suffisamment éloignée, l’huile se solidifia et forma comme un embout dur au bout du bâton.
Tandis que Yuka tendait la main vers la nourriture, à demi endormi, il se leva et sortit. Devant la grotte le froid était toujours vif et la neige était retombée, recouvrant leurs traces de la veille. Elle avait de plus gelé pendant la nuit et craquait sous les pieds, s’enfonçant à peine.
Valravn prit le bâton nouvellement né et en testa l’équilibrage en le faisant danser d’une main à l’autre. Son corps souple accompagnait le mouvement, il passa de la prise en main à une position plus offensive, faisant mine d’éviter un ennemi en une roulade vive qui le fit bondir au-dessus du bâton tendu devant lui à l’horizontale pour revenir d’un bond frapper un arbre, l’arme désormais verticale et offensive… Le jeune homme emprunté et mal à l’aise de la ville avait fait place à une sorte de danseur dont l’arme était comme un membre supplémentaire. Agile, rapide et concentré, il se mouvait en virevoltant, sautant en l’air, tournoyant sur lui-même, donnant l’impression de voler en jouant avec un morceau de bois.
A un moment, lançant le bâton très haut dans le ciel, il décrocha d’un geste sec la fine chaîne qu’il avait autour de la taille et la fit tournoyer, la petite boule métallique à l’extrémité s’accrocha à une branche basse sur laquelle il se propulsa en l’utilisant comme corde, il rattrapa le bâton d’une main puis déroulant l’extrémité de la ceinture sauta au sol, tenant l’arme de la main gauche tandis que la droite receignait sa taille de l’accessoire.
Son visage afficha une moue dubitative et il relança l’objet en l’air, tentant de voir d’où lui venait ce qu’il jugeait un manque d’équilibrage… Il recommença plusieurs fois, essayant de le balancer d’une main à l’autre, de le projeter en avant pour quasiment voler le récupérer, il se roula dans la neige et s’en aida pour se remettre prestement debout…
Finalement, il arriva à la conclusion qu’il ne lui était pas destiné et que seul Yuka pouvait le tester, il allait retourner dans la grotte quand il avisa l’autre garçon sur le seuil, une main pleine de baies et l’autre d’un mélange de fruits cuits et de viande… Visiblement stupéfait.
S’ébrouant pour chasser la neige de ses cheveux et de ses vêtements, il sourit et lui fit signe de rentrer.
Je t’ai dit que je t’apprendrais à te défendre… Toi et moi, on n’est pas des géants, le corps à corps, c’est à éviter.
Un bâton, ça sert à des tas de choses, en période calme, ça t’aide à marcher, ça te fait un appui pour te reposer tout en restant debout si c’est nécessaire, ça peut porter ce qui t’encombrerait une main, mais c’est surtout une arme défensive qui te permet de rester à distance d’un adversaire.
Joignant le geste à la parole, il lui lança le long morceau de bois qu’il avait pris la peine de façonner.
C’est à toi de l’essayer, enfin quand tu seras prêt, moi je n’ai ni ton poids ni ta façon de bouger, pour moi il ne serait pas parfait mais j’arriverais à m’en débrouiller, entre tes mains, il va falloir regarder et au besoin le modifier.
S’asseyant, il saisit prestement le peu qu’il restait sur la brochette et une ou deux baies dans le bol.
Je vais aussi te montrer où j’ai trouvé ça.
Je comptais t’apprendre à te battre, pour quand on ne peut pas fuir, il y a des erreurs à ne pas commettre, tout à l’heure j’en ai fait une… Je n’ai pas prêté attention à ce qui venait de la grotte, parce que tu y étais et que je n’avais pas entendu de bruit.
Il sourit encore, les yeux brillants et ses dents blanches bien exposées, il semblait totalement métamorphosé, assuré, bien dans sa peau.
Le Vieux Frère en aurait profité, il m’aurait asséné un coup d’enfer en tonnant « tu ne te garde pas ! je pourrais avoir été tué par un ennemi si furtif qu’il t’aurait tué aussi » ! et il aurait eu raison. Première leçon, être assuré, mais jamais trop.
Il finit de manger, Espoir lascif vint s’enrouler autour de ses épaules en sueur… Il le regarda avec surprise, il n’avait jamais entendu dire que les shallums étaient parfois aussi… vides. Certes, l’espèce n’était pas des plus courante et donc pas des mieux connues, même du Vieux Frère dont il était persuadé qu’il connaissait tous les animaux d’Aryon et même d’au-delà des frontières, mais comment se faisait-il qu’il paraisse parfois aussi amorphe ?
Caressant le petit animal, il lui murmura : je t’aime… Tu m’aimes un peu aussi dis ?
Dans le ciel, le corbeau virevoltait en croassant d’une façon qu’on aurait pu dire… enjouée ? Il avait observé les activités de l’humain avec attention. En temps normal, pendant ces exercices, à un moment donné, Valravn sifflait et lui arrivait en piqué, compliquant les choses en attaquant, mais aujourd’hui, il n’avait pas appelé… Le volatile restait toutefois à proximité, attendant son heure.
Sans mot dire, il montra à son partenaire une sorte de bol improvisé posé à portée du feu qu’il avait ranimé, rempli de baies fraîches. Il saisit, toujours muet, une brochette de champignons, de fruits un peu ratatinés et de cubes de viande non identifiés et les mit à cuire au-dessus des flammes.
Puis, il retourna à son œuvre, faisant en sorte que les noeuds où des branches avaient été coupées deviennent comme des épines, et finissant de retirer l’écorce par endroits… Il enduisit l’extrémité de ce qui paraissait bien être en passe de devenir une arme d’une substance grasse tirée d’un tube métallique sorti de sa cape et le présenta au feu, à une distance suffisamment éloignée, l’huile se solidifia et forma comme un embout dur au bout du bâton.
Tandis que Yuka tendait la main vers la nourriture, à demi endormi, il se leva et sortit. Devant la grotte le froid était toujours vif et la neige était retombée, recouvrant leurs traces de la veille. Elle avait de plus gelé pendant la nuit et craquait sous les pieds, s’enfonçant à peine.
Valravn prit le bâton nouvellement né et en testa l’équilibrage en le faisant danser d’une main à l’autre. Son corps souple accompagnait le mouvement, il passa de la prise en main à une position plus offensive, faisant mine d’éviter un ennemi en une roulade vive qui le fit bondir au-dessus du bâton tendu devant lui à l’horizontale pour revenir d’un bond frapper un arbre, l’arme désormais verticale et offensive… Le jeune homme emprunté et mal à l’aise de la ville avait fait place à une sorte de danseur dont l’arme était comme un membre supplémentaire. Agile, rapide et concentré, il se mouvait en virevoltant, sautant en l’air, tournoyant sur lui-même, donnant l’impression de voler en jouant avec un morceau de bois.
A un moment, lançant le bâton très haut dans le ciel, il décrocha d’un geste sec la fine chaîne qu’il avait autour de la taille et la fit tournoyer, la petite boule métallique à l’extrémité s’accrocha à une branche basse sur laquelle il se propulsa en l’utilisant comme corde, il rattrapa le bâton d’une main puis déroulant l’extrémité de la ceinture sauta au sol, tenant l’arme de la main gauche tandis que la droite receignait sa taille de l’accessoire.
Son visage afficha une moue dubitative et il relança l’objet en l’air, tentant de voir d’où lui venait ce qu’il jugeait un manque d’équilibrage… Il recommença plusieurs fois, essayant de le balancer d’une main à l’autre, de le projeter en avant pour quasiment voler le récupérer, il se roula dans la neige et s’en aida pour se remettre prestement debout…
Finalement, il arriva à la conclusion qu’il ne lui était pas destiné et que seul Yuka pouvait le tester, il allait retourner dans la grotte quand il avisa l’autre garçon sur le seuil, une main pleine de baies et l’autre d’un mélange de fruits cuits et de viande… Visiblement stupéfait.
S’ébrouant pour chasser la neige de ses cheveux et de ses vêtements, il sourit et lui fit signe de rentrer.
Je t’ai dit que je t’apprendrais à te défendre… Toi et moi, on n’est pas des géants, le corps à corps, c’est à éviter.
Un bâton, ça sert à des tas de choses, en période calme, ça t’aide à marcher, ça te fait un appui pour te reposer tout en restant debout si c’est nécessaire, ça peut porter ce qui t’encombrerait une main, mais c’est surtout une arme défensive qui te permet de rester à distance d’un adversaire.
Joignant le geste à la parole, il lui lança le long morceau de bois qu’il avait pris la peine de façonner.
C’est à toi de l’essayer, enfin quand tu seras prêt, moi je n’ai ni ton poids ni ta façon de bouger, pour moi il ne serait pas parfait mais j’arriverais à m’en débrouiller, entre tes mains, il va falloir regarder et au besoin le modifier.
S’asseyant, il saisit prestement le peu qu’il restait sur la brochette et une ou deux baies dans le bol.
Je vais aussi te montrer où j’ai trouvé ça.
Je comptais t’apprendre à te battre, pour quand on ne peut pas fuir, il y a des erreurs à ne pas commettre, tout à l’heure j’en ai fait une… Je n’ai pas prêté attention à ce qui venait de la grotte, parce que tu y étais et que je n’avais pas entendu de bruit.
Il sourit encore, les yeux brillants et ses dents blanches bien exposées, il semblait totalement métamorphosé, assuré, bien dans sa peau.
Le Vieux Frère en aurait profité, il m’aurait asséné un coup d’enfer en tonnant « tu ne te garde pas ! je pourrais avoir été tué par un ennemi si furtif qu’il t’aurait tué aussi » ! et il aurait eu raison. Première leçon, être assuré, mais jamais trop.
Il finit de manger, Espoir lascif vint s’enrouler autour de ses épaules en sueur… Il le regarda avec surprise, il n’avait jamais entendu dire que les shallums étaient parfois aussi… vides. Certes, l’espèce n’était pas des plus courante et donc pas des mieux connues, même du Vieux Frère dont il était persuadé qu’il connaissait tous les animaux d’Aryon et même d’au-delà des frontières, mais comment se faisait-il qu’il paraisse parfois aussi amorphe ?
Caressant le petit animal, il lui murmura : je t’aime… Tu m’aimes un peu aussi dis ?
Dans le ciel, le corbeau virevoltait en croassant d’une façon qu’on aurait pu dire… enjouée ? Il avait observé les activités de l’humain avec attention. En temps normal, pendant ces exercices, à un moment donné, Valravn sifflait et lui arrivait en piqué, compliquant les choses en attaquant, mais aujourd’hui, il n’avait pas appelé… Le volatile restait toutefois à proximité, attendant son heure.
Yuka DirrenAventurier
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C'était toujours un peu compliqué de dormir dans le même lit que quelqu'un pour Yuka. Enfin... Si on pouvait parler de lit pour leur installation. Sans doute que oui, il avait quand même connu moins confortable. Et ils avaient quand même de la place pour être chacun de leur côté. De toute façon les vêtements de l'adolescent protégeaient en principe son voisin de tout accident!
Il craignait un peu que ce genre de configuration pour dormir ne l'inquiète, mais il commençait à s'y faire. Il avait fait ce qu'il avait pu pour garder les cauchemars le plus loin possible. Bon, déjà au naturel c'était pas quelque chose qu'il maîtrisait, sinon il ne choisirait pas d'en avoir chaque nuit ou presque! Mais la présence de Valravn semblait avoir un impact très positif de ce point de vue, ou alors il avait juste la chance d'être dans une période plus calme en la matière, c'était possible aussi.
En tout cas, le rêve de cette nuit resta agréable, même si c'était dans un sens... Un peu curieux. Il se voyait rouge comme une tomate, expliquant ses sentiments à quelqu'un qui ressemblait vaguement à Valravn. Il sentait toute la gêne, toute la timidité du moment, et puis les choses semblèrent aller toutes seules une fois l'obstacle de cette première déclaration passée, donnant quelque chose de tendre et étonnant pour Yuka qui n'avait jamais connu la moindre histoire de cœur, sérieuse en tout cas - et même pas sérieuse, ça se discutait - qui lui laissa une étrange sensation de chaleur et de paix quand il se réveilla.
Hé ben, c'était un bon début pour la journée ça au moins! Avec ce sentiment d'apaisement qu'il avait rarement connu, Yuka leva les yeux vers Valravn, déjà réveillé comme souvent, et ne put s'empêcher de sourire. Il n'enregistra pas vraiment ce que l'autre garçon était en train de faire, repérant surtout la chaleur du feu et la nourriture mise à cuir dessus ou encore à proximité.
Bon sang, il avait beau dormir dans des grottes parfois exigües, avoir de la nourriture presque tous les jours malgré la saison froide, pour lui c'était comme une vie de roi. Il en était incroyablement reconnaissait à Valravn pour ça. Profitant de ce sentiment de bien être et de chaleur, il ne daigna pas bouger immédiatement. Oui, il avait dit qu'il ne voulait pas passer la journée à rien faire, pour autant il restait tôt, et il ne voulait pas se lever tout de suite. Il s'offrit même le luxe de grignoter des bouts de nourriture en restant allongé. Bon, ce n'était pas toujours très pratique, mais ça avait un côté si confortable! Il finit quand même par se lever, sa cape enroulée autour de lui, commençant à picorer doucement quelques baies, doucement. S'ils avaient prévus une matinée chargée, il savait qu'il valait mieux ne pas trop s'empiffrer. Mais maintenant qu'il se réveillait doucement, la faim remplaçait rapidement son sentiment d'apaisement.
Néanmoins, il se demandait quand même ce que trafiquait son compagnon de route là dehors. Curieux, il se mit à proximité de l'entrée pour pouvoir regarder tout en ayant la nourriture à peu près portée de main, et il se retrouva rapidement bouche bée devant les prouesses de Valravn. Lui même se sentait parfaitement incapable de faire ça, s'il avait de l'agilité c'était pour grimper dans les arbres, à la limite, mais c'est tout!
Cela l'avait bien coupé dans son élan. Espoir en avait profité pour venir se coller à lui, se plaquant contre sa peau sans le moindre instinct de préservation malgré le pouvoir de Yuka, et ce dernier était trop bouche bée pour réagir, devenant de plus en plus habitué au contact physique du shallum, mais au sien uniquement.
Terminant ce qu'il avait dans les mains, jugeant que ce serait bien assez pour la matinée, Yuka attrapa le bâton que Valravn lui avait fait, émerveillé. C'était... Pour lui?
- Mais... Comment j'saurais si faut changer que'qu'chose? Et quoi?
Bon, bien sûr, la première étape devait être de le soupeser un peu, de le tester, mais ça ne dirait pas forcément à Yuka s'il lui convenait ou pas. En tout cas, Valravn et le fameux Vieux Frère semblaient encore plus paranos que lui! Quoique... Il serait capable d'avoir peur de ce genre de chose aussi, même si la raison exacte demeurait floue dans son esprit. C'était aussi en partie la raison pour laquelle il se méfiait de tous les gens qu'il croisait. Mais impossible de se rappeler pourquoi... Une histoire avec la soigneuse dont il avait aspiré un peu trop de magie d'un coup? Non, il ne lui semblait pas que c'était ça.
Voyant Espoir flapi flapou se réfugier autour du cou de Valravn, Yuka fut aussitôt assaillit par un sentiment de culpabilité, surtout en voyant que son guide semblait s'en inquiéter. Le shallum était jeune, est-ce qu'il ne risquait pas de lui faire mal à la longue ainsi? Pourquoi donc l'avait-il laissé faire sans réagir? Quel égoïste il pouvait être... Il fallait qu'il trouve d'autres sources! Mais encore une fois, en cette saison, c'était vraiment pas évident.
Pour se donner une contenance, Yuka sortit voir un peu les sensations avec le bâton en main, le faisant tourner comme il le pouvait, au début avec maladresse, puis rapidement avec un peu plus de maitrise, mais dès qu'il se laissait aller à essayer des figures plus complexes, le bâton se retrouvait presque systématiquement à râper le sol.
Craignant de l'abîmer, il finit par le poser pour essayer de s'échauffer de façon un peu plus sérieuse, sans bâton. La pêche, c'était sensé être pour quand déjà? Cet après midi? Pas la peine de commencer à fabriquer les pièges dès maintenant donc. De toute façon, autant se concentrer sur son échauffement, Valravn allait sûrement commencer les choses sérieuses dès qu'il aurait terminé de manger à son tour, et il voulait être prêt pour pouvoir se donner à fond!
Il craignait un peu que ce genre de configuration pour dormir ne l'inquiète, mais il commençait à s'y faire. Il avait fait ce qu'il avait pu pour garder les cauchemars le plus loin possible. Bon, déjà au naturel c'était pas quelque chose qu'il maîtrisait, sinon il ne choisirait pas d'en avoir chaque nuit ou presque! Mais la présence de Valravn semblait avoir un impact très positif de ce point de vue, ou alors il avait juste la chance d'être dans une période plus calme en la matière, c'était possible aussi.
En tout cas, le rêve de cette nuit resta agréable, même si c'était dans un sens... Un peu curieux. Il se voyait rouge comme une tomate, expliquant ses sentiments à quelqu'un qui ressemblait vaguement à Valravn. Il sentait toute la gêne, toute la timidité du moment, et puis les choses semblèrent aller toutes seules une fois l'obstacle de cette première déclaration passée, donnant quelque chose de tendre et étonnant pour Yuka qui n'avait jamais connu la moindre histoire de cœur, sérieuse en tout cas - et même pas sérieuse, ça se discutait - qui lui laissa une étrange sensation de chaleur et de paix quand il se réveilla.
Hé ben, c'était un bon début pour la journée ça au moins! Avec ce sentiment d'apaisement qu'il avait rarement connu, Yuka leva les yeux vers Valravn, déjà réveillé comme souvent, et ne put s'empêcher de sourire. Il n'enregistra pas vraiment ce que l'autre garçon était en train de faire, repérant surtout la chaleur du feu et la nourriture mise à cuir dessus ou encore à proximité.
Bon sang, il avait beau dormir dans des grottes parfois exigües, avoir de la nourriture presque tous les jours malgré la saison froide, pour lui c'était comme une vie de roi. Il en était incroyablement reconnaissait à Valravn pour ça. Profitant de ce sentiment de bien être et de chaleur, il ne daigna pas bouger immédiatement. Oui, il avait dit qu'il ne voulait pas passer la journée à rien faire, pour autant il restait tôt, et il ne voulait pas se lever tout de suite. Il s'offrit même le luxe de grignoter des bouts de nourriture en restant allongé. Bon, ce n'était pas toujours très pratique, mais ça avait un côté si confortable! Il finit quand même par se lever, sa cape enroulée autour de lui, commençant à picorer doucement quelques baies, doucement. S'ils avaient prévus une matinée chargée, il savait qu'il valait mieux ne pas trop s'empiffrer. Mais maintenant qu'il se réveillait doucement, la faim remplaçait rapidement son sentiment d'apaisement.
Néanmoins, il se demandait quand même ce que trafiquait son compagnon de route là dehors. Curieux, il se mit à proximité de l'entrée pour pouvoir regarder tout en ayant la nourriture à peu près portée de main, et il se retrouva rapidement bouche bée devant les prouesses de Valravn. Lui même se sentait parfaitement incapable de faire ça, s'il avait de l'agilité c'était pour grimper dans les arbres, à la limite, mais c'est tout!
Cela l'avait bien coupé dans son élan. Espoir en avait profité pour venir se coller à lui, se plaquant contre sa peau sans le moindre instinct de préservation malgré le pouvoir de Yuka, et ce dernier était trop bouche bée pour réagir, devenant de plus en plus habitué au contact physique du shallum, mais au sien uniquement.
Terminant ce qu'il avait dans les mains, jugeant que ce serait bien assez pour la matinée, Yuka attrapa le bâton que Valravn lui avait fait, émerveillé. C'était... Pour lui?
- Mais... Comment j'saurais si faut changer que'qu'chose? Et quoi?
Bon, bien sûr, la première étape devait être de le soupeser un peu, de le tester, mais ça ne dirait pas forcément à Yuka s'il lui convenait ou pas. En tout cas, Valravn et le fameux Vieux Frère semblaient encore plus paranos que lui! Quoique... Il serait capable d'avoir peur de ce genre de chose aussi, même si la raison exacte demeurait floue dans son esprit. C'était aussi en partie la raison pour laquelle il se méfiait de tous les gens qu'il croisait. Mais impossible de se rappeler pourquoi... Une histoire avec la soigneuse dont il avait aspiré un peu trop de magie d'un coup? Non, il ne lui semblait pas que c'était ça.
Voyant Espoir flapi flapou se réfugier autour du cou de Valravn, Yuka fut aussitôt assaillit par un sentiment de culpabilité, surtout en voyant que son guide semblait s'en inquiéter. Le shallum était jeune, est-ce qu'il ne risquait pas de lui faire mal à la longue ainsi? Pourquoi donc l'avait-il laissé faire sans réagir? Quel égoïste il pouvait être... Il fallait qu'il trouve d'autres sources! Mais encore une fois, en cette saison, c'était vraiment pas évident.
Pour se donner une contenance, Yuka sortit voir un peu les sensations avec le bâton en main, le faisant tourner comme il le pouvait, au début avec maladresse, puis rapidement avec un peu plus de maitrise, mais dès qu'il se laissait aller à essayer des figures plus complexes, le bâton se retrouvait presque systématiquement à râper le sol.
Craignant de l'abîmer, il finit par le poser pour essayer de s'échauffer de façon un peu plus sérieuse, sans bâton. La pêche, c'était sensé être pour quand déjà? Cet après midi? Pas la peine de commencer à fabriquer les pièges dès maintenant donc. De toute façon, autant se concentrer sur son échauffement, Valravn allait sûrement commencer les choses sérieuses dès qu'il aurait terminé de manger à son tour, et il voulait être prêt pour pouvoir se donner à fond!
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Il sourit en voyant Yuka traiter le bâton comme une relique précieuse…
- Tu peux le malmener ! J’ai choisi le bois comme pour le mien, dur mais souple, solide mais pas trop lourd, je te montrerai ça aussi, tu peux même l’utiliser en harpon j’ai taillé et durci le bout, et si tu le prends à l’horizontale et que tu tournoies avec, il y a des épines qui blesseront ton adversaire.
Il s’arrêta, hésitant, ne sachant pas comment continuer.
- C’est pas à proprement parler une arme, on va dire, un outil ? Toi je ne sais pas ce que tu feras de ta vie, mais les gens comme moi… Enfin…
Il repoussa la fin de sa phrase d’un geste de la main, des doutes, des doutes… Depuis peu il était assailli de doutes, et les doutes étaient comme les souvenirs, c’était douloureux et dérangeant. Les doutes, ça te faisait te demander à quoi tu servais, où tu allais, pourquoi, comment… ça arrivait à miner tes certitudes, à détruire le peu de confiance que tu avais en toi, c’était délétère, pernicieux, néfaste…
- On se fait un combat pour voir ? gentiment, je ne te foncerai pas dessus, juste pour voir comment tu te déplaces et t’apprendre à l’avoir en main. Ensuite, c’est toi qui me montres tes techniques de pêche d’accord ? J’ai envie de fainéanter aujourd’hui. Et puis une initiation, c’est un partage de techniques…
Laissant tout juste à Yuka le temps de ramasser son nouveau jouet, il se propulsa grâce au sien, l’utilisant comme une perche et atterrit derrière lui, lui touchant le dos de son arme.
Dans le ciel, le corbeau croassa et fit une virevolte.
- Rapidité, esquive, toujours à l’écoute de l’environnement…
Il sourit « à toi ? » Il laisse Yuka lui tourner autour, faire une avancée, tenter de le frapper, puis sauta en l’air, évitant garçon et bâton, et se recevant lestement fit une roulade qui le ramena à nouveau derrière son compagnon.
- N’hésite pas tant, analyse rapidement la situation et sois sûr de toi, tu aurais pu me toucher mais tu as marqué un arrêt, juste ce qu’il faut pour t’éviter… En fait tu réfléchis trop, ça doit devenir instinctif, la plupart du temps ce sont des animaux que tu devras repousser, les hommes ne sont pas si sauvages et de toute façon beaucoup plus lâches… On refait une fois ? Ensuite je te fiche la paix, on prendra le temps d’apprendre jusqu’à ce que tu le fasses machinalement, comme la bête en face…
De nouveau face à face ils tournent, s’épient, se regardent, esquivent… Le plus jeune s’est pris au jeu et s’applique, encore un peu lent et incertain, mais c’est beaucoup mieux… Après avoir promené Valravn un moment, il fonce le bâton en avant et touche ! Sous le coup de la surprise il trébuche et tend la main dans le vide… Celui-ci le voyant déséquilibré fait le geste de le rattraper, tendant la main lui-aussi pour l’aider à se redresser… Yuka l'évite prestement et se redresse... Sous le regard insistant de son aîné.
- C’est bien ! Tu as compris ! C’est …
Valravn porte sa propre main à son front, il recule, tente de repousser quelque chose… Un mince et petit dragon bien matérialisé se tient à côté de Yuka, clair, couleur de feuille nouvelle au printemps, immobile, comme surpris d’avoir été invoqué…
Valravn lance la tête en arrière, comme vidé, il n’a pas pu l’empêcher d’arriver, trop concentré sur le combat et les progrès de son élève… Par les dieux il est clair ! Il ne sait pas s’il aurait supporté de le voir sombre et rageur…
Tombant à genou, il prévient dans un souffle « je vais tomber… Aide moi… S’il te plaît ! ». Un peu plus loin, le shallum regarde l’animal qui est présent sans vraiment exister et se rapproche, dans une attitude de curiosité et de méfiance extrême, lorsqu’il veut le renifler Valravn perd conscience et l’apparition s’évapore dans l’air…
Allongé dans la neige, le vagabond respire avec difficulté, à demi conscient il s’en veut, il pensait qu’il avait compris comment les chasser ! Un nouvelle fois il murmure « il est clair » dans une sorte de sommeil cataleptique… puis s’enfonce dans un autre monde… Un dragon, il a vu un dragon… ça faisait si longtemps, il se pensait guéri…
- Tu peux le malmener ! J’ai choisi le bois comme pour le mien, dur mais souple, solide mais pas trop lourd, je te montrerai ça aussi, tu peux même l’utiliser en harpon j’ai taillé et durci le bout, et si tu le prends à l’horizontale et que tu tournoies avec, il y a des épines qui blesseront ton adversaire.
Il s’arrêta, hésitant, ne sachant pas comment continuer.
- C’est pas à proprement parler une arme, on va dire, un outil ? Toi je ne sais pas ce que tu feras de ta vie, mais les gens comme moi… Enfin…
Il repoussa la fin de sa phrase d’un geste de la main, des doutes, des doutes… Depuis peu il était assailli de doutes, et les doutes étaient comme les souvenirs, c’était douloureux et dérangeant. Les doutes, ça te faisait te demander à quoi tu servais, où tu allais, pourquoi, comment… ça arrivait à miner tes certitudes, à détruire le peu de confiance que tu avais en toi, c’était délétère, pernicieux, néfaste…
- On se fait un combat pour voir ? gentiment, je ne te foncerai pas dessus, juste pour voir comment tu te déplaces et t’apprendre à l’avoir en main. Ensuite, c’est toi qui me montres tes techniques de pêche d’accord ? J’ai envie de fainéanter aujourd’hui. Et puis une initiation, c’est un partage de techniques…
Laissant tout juste à Yuka le temps de ramasser son nouveau jouet, il se propulsa grâce au sien, l’utilisant comme une perche et atterrit derrière lui, lui touchant le dos de son arme.
Dans le ciel, le corbeau croassa et fit une virevolte.
- Rapidité, esquive, toujours à l’écoute de l’environnement…
Il sourit « à toi ? » Il laisse Yuka lui tourner autour, faire une avancée, tenter de le frapper, puis sauta en l’air, évitant garçon et bâton, et se recevant lestement fit une roulade qui le ramena à nouveau derrière son compagnon.
- N’hésite pas tant, analyse rapidement la situation et sois sûr de toi, tu aurais pu me toucher mais tu as marqué un arrêt, juste ce qu’il faut pour t’éviter… En fait tu réfléchis trop, ça doit devenir instinctif, la plupart du temps ce sont des animaux que tu devras repousser, les hommes ne sont pas si sauvages et de toute façon beaucoup plus lâches… On refait une fois ? Ensuite je te fiche la paix, on prendra le temps d’apprendre jusqu’à ce que tu le fasses machinalement, comme la bête en face…
De nouveau face à face ils tournent, s’épient, se regardent, esquivent… Le plus jeune s’est pris au jeu et s’applique, encore un peu lent et incertain, mais c’est beaucoup mieux… Après avoir promené Valravn un moment, il fonce le bâton en avant et touche ! Sous le coup de la surprise il trébuche et tend la main dans le vide… Celui-ci le voyant déséquilibré fait le geste de le rattraper, tendant la main lui-aussi pour l’aider à se redresser… Yuka l'évite prestement et se redresse... Sous le regard insistant de son aîné.
- C’est bien ! Tu as compris ! C’est …
Valravn porte sa propre main à son front, il recule, tente de repousser quelque chose… Un mince et petit dragon bien matérialisé se tient à côté de Yuka, clair, couleur de feuille nouvelle au printemps, immobile, comme surpris d’avoir été invoqué…
Valravn lance la tête en arrière, comme vidé, il n’a pas pu l’empêcher d’arriver, trop concentré sur le combat et les progrès de son élève… Par les dieux il est clair ! Il ne sait pas s’il aurait supporté de le voir sombre et rageur…
Tombant à genou, il prévient dans un souffle « je vais tomber… Aide moi… S’il te plaît ! ». Un peu plus loin, le shallum regarde l’animal qui est présent sans vraiment exister et se rapproche, dans une attitude de curiosité et de méfiance extrême, lorsqu’il veut le renifler Valravn perd conscience et l’apparition s’évapore dans l’air…
Allongé dans la neige, le vagabond respire avec difficulté, à demi conscient il s’en veut, il pensait qu’il avait compris comment les chasser ! Un nouvelle fois il murmure « il est clair » dans une sorte de sommeil cataleptique… puis s’enfonce dans un autre monde… Un dragon, il a vu un dragon… ça faisait si longtemps, il se pensait guéri…
Yuka DirrenAventurier
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Outre la crainte de le casser prématurément, la présence d'épines n'aidait absolument pas, puisque Yuka craignait de les toucher et se blesser par accident. Il avait des gants, certes, mais ils étaient fins, visant plus à l'empêcher d'utiliser son pouvoir qu'à le protéger. Il ne savait pas si c'était très utile d'ailleurs, ça gênait pas mal de mouvements possibles avec un bâton, et il ne voyait pas trop leur utilité. Si un simple coup ne faisait rien, il n'était pas sûr que des épines passent, m'enfin! En tout cas il était sceptique devant les explications de Valravn.
- J'doute qu'les gens l'voient comme aut' chose qu'une arme vu la présence d'toutes ces épines.
Après, il y avait sûrement des contextes où cela pourrait s'avérer utile, alors il ne releva pas plus que ça. Il verrait bien à l'usage!
Il ne voyait pas exactement en quoi le programme de la journée était fainéant, mais c'est sûr que ça faisait un peu de repos sans avoir à marcher, et donc changer de campement. En tout cas, alors qu'il s'occupait à récupérer son bâton, il sentit une touche dans son dos, ce qui le fit sursauter et faire volte face, manquant de perdre l'équilibre.
- Hé!
Son cœur s'était aussitôt mit à battre la chamade, prit dans des souvenirs flous qu'il ne voulait sûrement pas voir remonter à la surface. Il avait dit doucement, et voilà que Valravn l'attaquait dans le dos sans lui laisser le temps de récupérer son arme! Ok, il devait être prudent dans tous les contextes, il avait comprit, mais ça avait fait chuter sa confiance en son compagnon de route de manière étonnamment forte par rapport à la gravité de l'évènement, et s'il se sentait trahit et sur ses gardes, il avait un peu de mal à déterminer pourquoi.
Bon, à son tour. Ne voulant pas risquer de faire du mal ou se laisser entraîner par ses émotions, Yuka prit le temps de se calmer un peu, avant de tester une prise sur le bâton et de commencer à tourner autour de son adversaire, testant une attaque large que Valravn esquiva sans soucis, mais pas de manière droite : plutôt que de simplement reculé, il avait roulé sur le côté, le faisant se relever sur le flanc du garçon qui pivota aussitôt pour le suivre du regard, inquiet qu'il lui refasse le même coup que tout à l'heure.
Yuka grimaça devant les conseils de son professeur. Cela paraissait facile dis comme ça, mais il ne maîtrisait pas le bâton, alors il ne voyait pas comment ça pouvait devenir instinctif! Surtout qu'il devait faire attention aux épines, à bien tenir son arme, ne pas attaquer n'importe comment pour que ce soit efficace sans laisser d'ouverture... Il se sentirait presque plus à l'aise face à un animal! Et contrairement à ce qu'affirmait Valravn, il se méfierait grandement des humains en combat, le coup en traître de son guide alors qu'il avait dit y aller doucement n'avait pas aidé, et ça se voyait vu la tête qu'il tirait. Mais il n'insista pas. S'il s'améliorait, ça lui serait utile dans tous les cas.
Le duo s'y remet doucement, et petit à petit, Yuka ose un peu plus, découvre des choses, essaie de faire confiance à son instinct. Comme il s'y attendait, Valravn n'hésite pas à lui montrer certaines de ses faiblesses, mais sans le prendre par surprise cette fois. Yuka est juste surpris de voir que telle ou telle position laisse une partie de son corps trop exposée et il fait de son mieux pour s'améliorer, concentré vers l'avant, ce qui l'empêche de s'agacer de ses échecs.
Et puis soudain, il touche sans s'y attendre, par un assaut improvisé. Surpris, et craignant de faire mal, il lâche le bâton et se trébuche en voulant le rattraper. Valravn approche aussitôt la main pour l'aider, mais cela donne un coup de fouet à Yuka qui parvient à se rattraper sans le toucher, se baissant pour récupérer son bâton au passage.
- Pardon! J'pensais pas toucher! J'y ai pas été trop fort?
Mais Valravn ne semble pas plus secoué que ça puisqu'il ne porte même pas sa main à la zone touchée, semblant au contraire content de la petite réussite de Yuka... Sauf qu'il ne fini pas sa phrase et semble en proie à quelque chose. Instinctivement, l'adolescent veut se rapprocher, mais il se contient, inquiet.
- Qu'est-c'qu'y a? Ça va?
Le visage un peu penché et complètement concentré sur son compagnon, il ne remarque pas l'apparition en périphérie de son regard, hésitant à se rapprocher alors que Valravn tombe cette fois à genoux. Il semble avoir besoin d'aide, tomber ici ne lui ferait pas du bien, et...
Qu'on le lui demande directement fini de le décider. Il évite les contacts par précaution mais il a ce qu'il faut, ça ira. Alors il se précipite en avant pour éviter au garçon de s'écraser face contre terre, et essaie de l'allonger confortablement avant de l'appeler, demander ce qu'il se passe, attendant une réponse. Mais Valravn semble dans les vapes, murmure quelque chose et s'évanouit.
Yuka est perdu. Clair? Qu'est-ce qui est clair? Le ciel? La neige? Sa vision est floue? N'ayant pas remarqué le dragon maintenant évaporé, et ayant oublié ce que Valravn lui a raconté sur son pouvoir, il n'y pense pas une seconde. Aussitôt, il enlève sa cape pour en couvrir l'inconscient et s'assure ne pas le toucher avant de le porter comme il peut dans leur lit de fortune. Il s'occupe alors à raviver le feu, heureusement pas complètement éteint, et part chercher des baies. Peut-être qu'il n'a pas assez mangé pour ce genre d'effort? Il lui donne tellement l'impression de ne pas assez mangé pour tous les efforts qu'ils font dans la journée!
Valravn n'étant toujours pas debout, Yuka trouve tout ce qu'il faut pour préparer un premier piège simple qu'il place dans l'eau avant de retourner en hâte dans la caverne, voir si son compagnon est réveillé. Toujours pas. Le shallum fait des cercles autour de lui, inquiet, lorsqu'il n'est pas pressé directement contre Valravn. Yuka s’assoit un peu plus loin, s'occupant du feu et plaçant les baies de l'autre côté du feu pour avoir le champ libre - et s'éviter la tentation de picorer dedans, oui, un peu - pour ensuite commencer à tailler un harpon dans une branche trouvée avec son couteau en attendant le réveil ou un signe de son compagnon de voyage, ne sachant pas quoi faire d'autre, ayant déjà vérifié qu'il respirait bien.
- J'doute qu'les gens l'voient comme aut' chose qu'une arme vu la présence d'toutes ces épines.
Après, il y avait sûrement des contextes où cela pourrait s'avérer utile, alors il ne releva pas plus que ça. Il verrait bien à l'usage!
Il ne voyait pas exactement en quoi le programme de la journée était fainéant, mais c'est sûr que ça faisait un peu de repos sans avoir à marcher, et donc changer de campement. En tout cas, alors qu'il s'occupait à récupérer son bâton, il sentit une touche dans son dos, ce qui le fit sursauter et faire volte face, manquant de perdre l'équilibre.
- Hé!
Son cœur s'était aussitôt mit à battre la chamade, prit dans des souvenirs flous qu'il ne voulait sûrement pas voir remonter à la surface. Il avait dit doucement, et voilà que Valravn l'attaquait dans le dos sans lui laisser le temps de récupérer son arme! Ok, il devait être prudent dans tous les contextes, il avait comprit, mais ça avait fait chuter sa confiance en son compagnon de route de manière étonnamment forte par rapport à la gravité de l'évènement, et s'il se sentait trahit et sur ses gardes, il avait un peu de mal à déterminer pourquoi.
Bon, à son tour. Ne voulant pas risquer de faire du mal ou se laisser entraîner par ses émotions, Yuka prit le temps de se calmer un peu, avant de tester une prise sur le bâton et de commencer à tourner autour de son adversaire, testant une attaque large que Valravn esquiva sans soucis, mais pas de manière droite : plutôt que de simplement reculé, il avait roulé sur le côté, le faisant se relever sur le flanc du garçon qui pivota aussitôt pour le suivre du regard, inquiet qu'il lui refasse le même coup que tout à l'heure.
Yuka grimaça devant les conseils de son professeur. Cela paraissait facile dis comme ça, mais il ne maîtrisait pas le bâton, alors il ne voyait pas comment ça pouvait devenir instinctif! Surtout qu'il devait faire attention aux épines, à bien tenir son arme, ne pas attaquer n'importe comment pour que ce soit efficace sans laisser d'ouverture... Il se sentirait presque plus à l'aise face à un animal! Et contrairement à ce qu'affirmait Valravn, il se méfierait grandement des humains en combat, le coup en traître de son guide alors qu'il avait dit y aller doucement n'avait pas aidé, et ça se voyait vu la tête qu'il tirait. Mais il n'insista pas. S'il s'améliorait, ça lui serait utile dans tous les cas.
Le duo s'y remet doucement, et petit à petit, Yuka ose un peu plus, découvre des choses, essaie de faire confiance à son instinct. Comme il s'y attendait, Valravn n'hésite pas à lui montrer certaines de ses faiblesses, mais sans le prendre par surprise cette fois. Yuka est juste surpris de voir que telle ou telle position laisse une partie de son corps trop exposée et il fait de son mieux pour s'améliorer, concentré vers l'avant, ce qui l'empêche de s'agacer de ses échecs.
Et puis soudain, il touche sans s'y attendre, par un assaut improvisé. Surpris, et craignant de faire mal, il lâche le bâton et se trébuche en voulant le rattraper. Valravn approche aussitôt la main pour l'aider, mais cela donne un coup de fouet à Yuka qui parvient à se rattraper sans le toucher, se baissant pour récupérer son bâton au passage.
- Pardon! J'pensais pas toucher! J'y ai pas été trop fort?
Mais Valravn ne semble pas plus secoué que ça puisqu'il ne porte même pas sa main à la zone touchée, semblant au contraire content de la petite réussite de Yuka... Sauf qu'il ne fini pas sa phrase et semble en proie à quelque chose. Instinctivement, l'adolescent veut se rapprocher, mais il se contient, inquiet.
- Qu'est-c'qu'y a? Ça va?
Le visage un peu penché et complètement concentré sur son compagnon, il ne remarque pas l'apparition en périphérie de son regard, hésitant à se rapprocher alors que Valravn tombe cette fois à genoux. Il semble avoir besoin d'aide, tomber ici ne lui ferait pas du bien, et...
Qu'on le lui demande directement fini de le décider. Il évite les contacts par précaution mais il a ce qu'il faut, ça ira. Alors il se précipite en avant pour éviter au garçon de s'écraser face contre terre, et essaie de l'allonger confortablement avant de l'appeler, demander ce qu'il se passe, attendant une réponse. Mais Valravn semble dans les vapes, murmure quelque chose et s'évanouit.
Yuka est perdu. Clair? Qu'est-ce qui est clair? Le ciel? La neige? Sa vision est floue? N'ayant pas remarqué le dragon maintenant évaporé, et ayant oublié ce que Valravn lui a raconté sur son pouvoir, il n'y pense pas une seconde. Aussitôt, il enlève sa cape pour en couvrir l'inconscient et s'assure ne pas le toucher avant de le porter comme il peut dans leur lit de fortune. Il s'occupe alors à raviver le feu, heureusement pas complètement éteint, et part chercher des baies. Peut-être qu'il n'a pas assez mangé pour ce genre d'effort? Il lui donne tellement l'impression de ne pas assez mangé pour tous les efforts qu'ils font dans la journée!
Valravn n'étant toujours pas debout, Yuka trouve tout ce qu'il faut pour préparer un premier piège simple qu'il place dans l'eau avant de retourner en hâte dans la caverne, voir si son compagnon est réveillé. Toujours pas. Le shallum fait des cercles autour de lui, inquiet, lorsqu'il n'est pas pressé directement contre Valravn. Yuka s’assoit un peu plus loin, s'occupant du feu et plaçant les baies de l'autre côté du feu pour avoir le champ libre - et s'éviter la tentation de picorer dedans, oui, un peu - pour ensuite commencer à tailler un harpon dans une branche trouvée avec son couteau en attendant le réveil ou un signe de son compagnon de voyage, ne sachant pas quoi faire d'autre, ayant déjà vérifié qu'il respirait bien.
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Valravn reprend petit à petit conscience…
Encore dans un état second il voit une sorte de bulle verte dans laquelle un Yuka onirique avance comme en volant… A un moment donné, le jeune garçon se divise en deux et les deux Yuka, une fille aux yeux bleus et un garçon aux yeux rouges, se font face comme se regardant dans un miroir… En arrière-plan, un Valravn propre et bien vêtu les dévore des yeux à n’en pas douter amoureux, mais duquel ? un petit dragon vert volète de l’un à l’autre… Puis soudain, un énorme dragon brun jaillit de Valravn comme craché par ses lèvres et dévore le petit !
Dans un hurlement, le jeune vagabond revient totalement à lui, ses lèvres crient « il était clair ! » d’un ton de reproche. Encore choqué par le rêve, il se concentre sur le dragon brun, est-ce la couleur de SON âme, horrifié il saisit le cylindre qu’il porte en pendentif et prie, suppliant mentalement « Esprit de la nature, Ombre chantante, de grâce, c’est un cauchemar ? juste un cauchemar ? ».
Yuka tranquillement occupé à travailler un morceau de bois sursaute et le lâche.
- Excuse-moi, c’est le dragon, ça me fait toujours cet effet-là…
Toujours, enfin non, mais il ne le dit pas, en fait il n’a même jamais fait ce type de rêve après une apparition… Il regarde Yuka avec attention, pourquoi divisé en deux ? Pourquoi une fille et un garçon ? Valravn, élevé par le Vieux Frère attache aux rêves une grande importance, même si contrairement au vieillard il n’a pas la prétention de les faire parler. Est-ce parce qu'il doit bien le reconnaître, il ressent pour Yuka quelque chose de bizarre ? Qu'il n'a jamais expérimenté ? Une sorte d'attirance... Il rougit légèrement sans même s'en rendre compte. Toutefois, un « rêveur de dragons » doit avoir quelques talents dans le domaine du rêve non ? Plus que jamais il regrette de n’avoir pas eu le temps de trouver au moins quelques réponses… De ce maudit pouvoir, il n’a que les inconvénients, peut-être maîtrisé pourrait-il lui donner de vraies indications ? Ce dragon sombre qui a jailli de lui, est-ce le sien ? Il est de nouveau terrifié, il était si sombre, si grand…
Il se mord les lèvres et cligne des yeux, il faut se reprendre, se concentrer sur le positif, son jeune compagnon a l’air inquiet et Espoir tourne en rond, fébrile. Dehors, le corbeau vole en rond lui-aussi, mais lui, il attend la suite des combats, le moment où il sera sifflé et pourra jouer aussi…
Il regarde Yuka à nouveau, oui, s’ils se séparent et ils se sépareront à n’en pas douter, il lui manquera… Essayant de paraître calme et serein il lui dit « j’ai vu ton dragon ! il est beau… si beau » oui, là il est sincère, l’autre garçon doit le lire sur ses traits, il était si mignon ce petit dragon vert clair, il ressemblait un peu à Espoir sous forme dragon, un tout petit dracaufleur vert tiens…
Valravn reprend un peu de consistance, il revient au réel « il était clair » lâche-t-il avec soulagement. A la tête de Yuka, pas sûr qu’il capte tout, lui a-t-il parlé de son pouvoir ? il lui semblait bien pourtant, il n'en parle pas souvent, à part au Vieux Frère Yuka doit être le seul, à moins qu’il n’ai rêvé ça aussi ? Il va falloir qu’il prenne garde s’il se met à vivre en rêves…
- Veux-tu reprendre ? Tu m’as touché ! -ajoute-t-il fier de son jeune compagnon- ou veux-tu faire autre chose ?
Il regarde le harpon et sourit,
- Tu sais ton bâton peut le faire aussi, regarde -il prend le bâton, posant les mains soigneusement sur les zones qu’il a polies et gravées de signes bizarres, comme des croisillons et des ronds qui s’entrelacent, pour les démarquer des zones « offensives » à épines- le bout est durci et j’ai fait en sorte qu’on puisse l’utiliser en jet comme en corps à corps. Après, fais comme tu le sens et comme tu as l’habitude, je l’ai déjà dit, je ne sais pas tout loin de là, et je peux apprendre de toi comme toi de moi.
Il va pour se lever et doit patienter, sa tête tourne encore et il a la nausée… Maudits soient les dragons, les âmes et tout ce qui touche de près ou de loin à cet infect pouvoir ! Il ne pourrait pas -il ne sait pas- transformer les armes en fleurs ?
Encore dans un état second il voit une sorte de bulle verte dans laquelle un Yuka onirique avance comme en volant… A un moment donné, le jeune garçon se divise en deux et les deux Yuka, une fille aux yeux bleus et un garçon aux yeux rouges, se font face comme se regardant dans un miroir… En arrière-plan, un Valravn propre et bien vêtu les dévore des yeux à n’en pas douter amoureux, mais duquel ? un petit dragon vert volète de l’un à l’autre… Puis soudain, un énorme dragon brun jaillit de Valravn comme craché par ses lèvres et dévore le petit !
Dans un hurlement, le jeune vagabond revient totalement à lui, ses lèvres crient « il était clair ! » d’un ton de reproche. Encore choqué par le rêve, il se concentre sur le dragon brun, est-ce la couleur de SON âme, horrifié il saisit le cylindre qu’il porte en pendentif et prie, suppliant mentalement « Esprit de la nature, Ombre chantante, de grâce, c’est un cauchemar ? juste un cauchemar ? ».
Yuka tranquillement occupé à travailler un morceau de bois sursaute et le lâche.
- Excuse-moi, c’est le dragon, ça me fait toujours cet effet-là…
Toujours, enfin non, mais il ne le dit pas, en fait il n’a même jamais fait ce type de rêve après une apparition… Il regarde Yuka avec attention, pourquoi divisé en deux ? Pourquoi une fille et un garçon ? Valravn, élevé par le Vieux Frère attache aux rêves une grande importance, même si contrairement au vieillard il n’a pas la prétention de les faire parler. Est-ce parce qu'il doit bien le reconnaître, il ressent pour Yuka quelque chose de bizarre ? Qu'il n'a jamais expérimenté ? Une sorte d'attirance... Il rougit légèrement sans même s'en rendre compte. Toutefois, un « rêveur de dragons » doit avoir quelques talents dans le domaine du rêve non ? Plus que jamais il regrette de n’avoir pas eu le temps de trouver au moins quelques réponses… De ce maudit pouvoir, il n’a que les inconvénients, peut-être maîtrisé pourrait-il lui donner de vraies indications ? Ce dragon sombre qui a jailli de lui, est-ce le sien ? Il est de nouveau terrifié, il était si sombre, si grand…
Il se mord les lèvres et cligne des yeux, il faut se reprendre, se concentrer sur le positif, son jeune compagnon a l’air inquiet et Espoir tourne en rond, fébrile. Dehors, le corbeau vole en rond lui-aussi, mais lui, il attend la suite des combats, le moment où il sera sifflé et pourra jouer aussi…
Il regarde Yuka à nouveau, oui, s’ils se séparent et ils se sépareront à n’en pas douter, il lui manquera… Essayant de paraître calme et serein il lui dit « j’ai vu ton dragon ! il est beau… si beau » oui, là il est sincère, l’autre garçon doit le lire sur ses traits, il était si mignon ce petit dragon vert clair, il ressemblait un peu à Espoir sous forme dragon, un tout petit dracaufleur vert tiens…
Valravn reprend un peu de consistance, il revient au réel « il était clair » lâche-t-il avec soulagement. A la tête de Yuka, pas sûr qu’il capte tout, lui a-t-il parlé de son pouvoir ? il lui semblait bien pourtant, il n'en parle pas souvent, à part au Vieux Frère Yuka doit être le seul, à moins qu’il n’ai rêvé ça aussi ? Il va falloir qu’il prenne garde s’il se met à vivre en rêves…
- Veux-tu reprendre ? Tu m’as touché ! -ajoute-t-il fier de son jeune compagnon- ou veux-tu faire autre chose ?
Il regarde le harpon et sourit,
- Tu sais ton bâton peut le faire aussi, regarde -il prend le bâton, posant les mains soigneusement sur les zones qu’il a polies et gravées de signes bizarres, comme des croisillons et des ronds qui s’entrelacent, pour les démarquer des zones « offensives » à épines- le bout est durci et j’ai fait en sorte qu’on puisse l’utiliser en jet comme en corps à corps. Après, fais comme tu le sens et comme tu as l’habitude, je l’ai déjà dit, je ne sais pas tout loin de là, et je peux apprendre de toi comme toi de moi.
Il va pour se lever et doit patienter, sa tête tourne encore et il a la nausée… Maudits soient les dragons, les âmes et tout ce qui touche de près ou de loin à cet infect pouvoir ! Il ne pourrait pas -il ne sait pas- transformer les armes en fleurs ?
Yuka DirrenAventurier
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Hé, c'est qu'il commençait à avoir de la gueule ce harpon! Le bois était pas évident à tailler, mais à force de tenir la branche à proximité du feu, ça devenait plus facile à travailler, sans non plus laisser cramer l'écorce bien sûr! Au moins, le bois était ferme et ne s’effritait pas, il avait plutôt bien choisi sa branche.
Concentré sur son travail faute de pouvoir faire autre chose, n'osant pas vraiment laissé son compagnon seul, Yuka sursauta, pointant involontairement son couteau vers la source du bruit, avant de réaliser qu'il s'agissait simplement de Valravn qui s'était réveillé d'un sursaut. Voyant son air affolé, l'adolescent pose le harpon et le couteau de côté en essayant de calmer les battements de son propre cœur et les scènes de sang et de violence que cela fait à nouveau remonter à la surface de sa mémoire et il se penche un peu, inquiet.
- Ça va aller? C'est ton pouvoir c'est ça?
La vache, ça faisait p't'être pas se matérialiser de vrais dragons, ou il l'avait pas vu - il ne se souvenait que vaguement des explications de Valravn à ce sujet, il lui semblait qu'il pouvait les voir aussi mais il n'en était pas sûr - mais ça avait l'air de secouer, ça c'est sûr! Il n'avait pas du tout fait le lien, mais maintenant il comprenait mieux. Cela devait lui demander de l'énergie, d'où son inconscience. Au moins, ce n'était ni son coup qui avait fait ça - heureusement que l'idée ne l'avait même pas traversé, il avait craint de blesser mais pas à ce point et le timing ne collait pas - ni son pouvoir, jamais personne n'ayant eu de réaction aussi violente... Bon, ok, si, peut-être, la première personne sur qui il avait découvert son pouvoir, mais c'était particulier, et puis c'était bien pour ça qu'il faisait super gaffe maintenant!
Voyant Valravn confus, rougir, puis avoir l'air de revenir à la réalité, Yuka attendait patiemment, lui laissant le temps de reprendre ses esprits sans le brusquer.
- Euh... Merci? D'solé, j'me souviens pas de tout c'que tu m'as expliqué... Clair, c'bon signe c'est ça?
Vu le soulagement dont Valravn fait preuve, visiblement il n'en était pas sûr. Sombre, c'était bien négatif non? Il croyait que son dragon le serait? Yuka ne savait pas s'il devait s'en offusquer ou non... Il faisait quand même confiance à Valravn depuis le temps, il n'avait pas l'impression de faire une confiance aveugle non plus, pourtant lui n'avait aucun moyen de vérification. Mais alors, ça voulait dire qu'il avait réellement des intentions... Quoi? Pures, comme on disait des enfants? Ça voulait dire quoi exactement avoir un dragon clair? Qu'est-ce que ça signifiait sur lui? Qu'il n'était pas si troublé que ça, qu'il se concentrait trop sur ses problèmes?
Au lieu de le rassurer, Yuka se sentait un peu paumé, mais son guide changea efficacement de sujet, d'abord en parlant de reprendre leur entraînement, puis en enchaînant sur le harpon qu'il apercevait derrière l'adolescent. Yuka écoute, curieux, se demandant comment diable il est sensé utiliser le bâton pour pêcher. En essayant d'assommer les poissons avec? Il doute que ça fonctionne! Et puis un bout plat comme ça, même si le bâton n'a pas un large diamètre, est moins aérodynamique qu'un pic. Déjà que même comme ça, la pointe ripe souvent sur les écailles s'il s'y prend mal...
Voyant Valravn tenter de se relever mais être prit d'un vertige, il lève la main en signe d'apaisement, inquiet, pour lui faire signe de rester assit.
- Hé, douc'ment, t'as pas l'air r'mit! Ça t'fais sans doute dépenser d'l'énergie. Tiens, s'tu veux, j'ai été cueillir quelques baies. C'est p't'être pas une bonne idée d'reprendre l'entraînement pour aujourd'hui, on va plutôt essayer la pêche si tu t'sens en forme. Ma technique devrait pas trop t'fatiguer, si tu veux essayer..
Après tout, c'était sensé être du donnant donnant comme il l'avait fait remarquer, mais jusqu'à maintenant, Yuka avait l'impression d'avoir bien peu donné en comparaison de Valravn! Oh, il aidait à s'installer, trouver de la nourriture, tout ça, y'a pas de soucis, mais en terme de connaissances et d'apprentissages pur, soit c'était proche, soit son guide lui apprenait des choses, et s'il pouvait parfois apporter quelques détails, il y avait bien peu de plantes qu'il était seul à reconnaître! Et si Valravn semblait moins porté sur la pose de pièges, c'était probablement car il mangeait moins de viande, ça, Yuka l'avait quand même remarqué.
Concentré sur son travail faute de pouvoir faire autre chose, n'osant pas vraiment laissé son compagnon seul, Yuka sursauta, pointant involontairement son couteau vers la source du bruit, avant de réaliser qu'il s'agissait simplement de Valravn qui s'était réveillé d'un sursaut. Voyant son air affolé, l'adolescent pose le harpon et le couteau de côté en essayant de calmer les battements de son propre cœur et les scènes de sang et de violence que cela fait à nouveau remonter à la surface de sa mémoire et il se penche un peu, inquiet.
- Ça va aller? C'est ton pouvoir c'est ça?
La vache, ça faisait p't'être pas se matérialiser de vrais dragons, ou il l'avait pas vu - il ne se souvenait que vaguement des explications de Valravn à ce sujet, il lui semblait qu'il pouvait les voir aussi mais il n'en était pas sûr - mais ça avait l'air de secouer, ça c'est sûr! Il n'avait pas du tout fait le lien, mais maintenant il comprenait mieux. Cela devait lui demander de l'énergie, d'où son inconscience. Au moins, ce n'était ni son coup qui avait fait ça - heureusement que l'idée ne l'avait même pas traversé, il avait craint de blesser mais pas à ce point et le timing ne collait pas - ni son pouvoir, jamais personne n'ayant eu de réaction aussi violente... Bon, ok, si, peut-être, la première personne sur qui il avait découvert son pouvoir, mais c'était particulier, et puis c'était bien pour ça qu'il faisait super gaffe maintenant!
Voyant Valravn confus, rougir, puis avoir l'air de revenir à la réalité, Yuka attendait patiemment, lui laissant le temps de reprendre ses esprits sans le brusquer.
- Euh... Merci? D'solé, j'me souviens pas de tout c'que tu m'as expliqué... Clair, c'bon signe c'est ça?
Vu le soulagement dont Valravn fait preuve, visiblement il n'en était pas sûr. Sombre, c'était bien négatif non? Il croyait que son dragon le serait? Yuka ne savait pas s'il devait s'en offusquer ou non... Il faisait quand même confiance à Valravn depuis le temps, il n'avait pas l'impression de faire une confiance aveugle non plus, pourtant lui n'avait aucun moyen de vérification. Mais alors, ça voulait dire qu'il avait réellement des intentions... Quoi? Pures, comme on disait des enfants? Ça voulait dire quoi exactement avoir un dragon clair? Qu'est-ce que ça signifiait sur lui? Qu'il n'était pas si troublé que ça, qu'il se concentrait trop sur ses problèmes?
Au lieu de le rassurer, Yuka se sentait un peu paumé, mais son guide changea efficacement de sujet, d'abord en parlant de reprendre leur entraînement, puis en enchaînant sur le harpon qu'il apercevait derrière l'adolescent. Yuka écoute, curieux, se demandant comment diable il est sensé utiliser le bâton pour pêcher. En essayant d'assommer les poissons avec? Il doute que ça fonctionne! Et puis un bout plat comme ça, même si le bâton n'a pas un large diamètre, est moins aérodynamique qu'un pic. Déjà que même comme ça, la pointe ripe souvent sur les écailles s'il s'y prend mal...
Voyant Valravn tenter de se relever mais être prit d'un vertige, il lève la main en signe d'apaisement, inquiet, pour lui faire signe de rester assit.
- Hé, douc'ment, t'as pas l'air r'mit! Ça t'fais sans doute dépenser d'l'énergie. Tiens, s'tu veux, j'ai été cueillir quelques baies. C'est p't'être pas une bonne idée d'reprendre l'entraînement pour aujourd'hui, on va plutôt essayer la pêche si tu t'sens en forme. Ma technique devrait pas trop t'fatiguer, si tu veux essayer..
Après tout, c'était sensé être du donnant donnant comme il l'avait fait remarquer, mais jusqu'à maintenant, Yuka avait l'impression d'avoir bien peu donné en comparaison de Valravn! Oh, il aidait à s'installer, trouver de la nourriture, tout ça, y'a pas de soucis, mais en terme de connaissances et d'apprentissages pur, soit c'était proche, soit son guide lui apprenait des choses, et s'il pouvait parfois apporter quelques détails, il y avait bien peu de plantes qu'il était seul à reconnaître! Et si Valravn semblait moins porté sur la pose de pièges, c'était probablement car il mangeait moins de viande, ça, Yuka l'avait quand même remarqué.
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C'est p't'être pas une bonne idée d'reprendre l'entraînement pour aujourd'hui, on va plutôt essayer la pêche si tu t'sens en forme. Ma technique devrait pas trop t'fatiguer, si tu veux essayer...
Oui… Peut-être que pêcher ça serait mieux… Il se retint de penser « Peut-être qu’arrêter de respirer ça serait bien aussi » existait-il quelqu’un d’autre en Aryon qui donnerait tout pour se débarrasser d’un pouvoir ? Après tout, les dieux n’étaient que des farceurs, mais des farceurs cruels…
Qu’en avait-il à faire des dragons, des âmes ? Qu’était-il supposé faire de ce qu’il « apprenait » ? et s’il se trompait du tout au tout, si en l’absence de maître pour le guider il attachait de l’importance à ce qui n’en a pas ? Si plus que la tonalité -clair ou foncé- c’était la couleur qu’on devait retenir…
Epuisé, à bout de force, il osa même penser : et si tout cela n’avait AUCUNE SIGNIFICATION ? Si les fichus dieux ne t’avaient collé cette malédiction que pour te faire douter ? Pour te marginaliser ? Il ferma les yeux, encore sous le choc -il fallait bien l’avouer non pas de la vision mais du rêve qui avait suivi-.
Tu as sûrement raison, montre-moi.
Il se laissa guider, attentif, assidu. Yuka trouvait sa technique facile et reposante… Normal c’était la sienne -il sourit en lui-même- on trouve tous que ce qu’on sait faire est plus simple… Il eut une idée de ce qu’il imposait à son jeune compagnon… Non, apprendre n’est pas de tout repos, c’est stimulant, intéressant, mais … difficile.
Combien de temps ils y passèrent ? Il aurait été incapable de le dire. Jamais il ne s’était senti si… détaché de ce monde-ci. Des apparitions, il en avait vu, certaines effroyables, d’autres apaisantes. Celle-ci, il ne s’en remettait que difficilement… C’était ce rêve !
Avait-il un dragon sombre et dévorant ? Etait-ce sa façon d’être avec les autres ? Loin d’être ouvert et à l’écoute comme il pensait l’être, n’était-il qu’annihilation et destruction ? Ingurgitait-il l’essence même des gens qu’il croisait ? enfin de ceux qu’il aimait ? Etait-ce pour cela que son père ne l’avait jamais aimé ? Qu’Elsa avait voulu se débarrasser de lui, l’éloignant par la même occasion de son petit frère à naître ? Que le Vieux Frère avait disparu au-delà des brumes et que Yuka gardait ses distances ?
Les poissons enveloppés dans la cape à âme artificielle qui avait réclamé à grands cris un lavage après ce transport, il revint, songeur jusqu’à la grotte.
Il regardait Yuka avec une telle attention que normalement le garçon aurait dû se sentir épié, fixé… Mais Yuka avait parfois une capacité d’abstraction… hors du commun.
Pendant qu’il faisait une énième fois le bilan de sa -courte- existence, Valravn ne put s’empêcher d’aborder le sujet qui lui faisait le plus mal… A n’en pas douter, ce n’était ni son aspect ni les dragons qui l’empêchaient d’être un homme comme les autres…
Jaillissant, la question fusa, probablement que Yuka la ressentirait comme sortie de nulle part :
Tu m’apprendrais à lire ?
Les traits tirés et le regard anxieux, il attendait la réponse, n’osant imaginer ce que serait sa réaction si l’autre jeune homme répondait : Pourquoi ? Je ne saurais pas t’apprendre ? C’est pas utile…
Oui… Peut-être que pêcher ça serait mieux… Il se retint de penser « Peut-être qu’arrêter de respirer ça serait bien aussi » existait-il quelqu’un d’autre en Aryon qui donnerait tout pour se débarrasser d’un pouvoir ? Après tout, les dieux n’étaient que des farceurs, mais des farceurs cruels…
Qu’en avait-il à faire des dragons, des âmes ? Qu’était-il supposé faire de ce qu’il « apprenait » ? et s’il se trompait du tout au tout, si en l’absence de maître pour le guider il attachait de l’importance à ce qui n’en a pas ? Si plus que la tonalité -clair ou foncé- c’était la couleur qu’on devait retenir…
Epuisé, à bout de force, il osa même penser : et si tout cela n’avait AUCUNE SIGNIFICATION ? Si les fichus dieux ne t’avaient collé cette malédiction que pour te faire douter ? Pour te marginaliser ? Il ferma les yeux, encore sous le choc -il fallait bien l’avouer non pas de la vision mais du rêve qui avait suivi-.
Tu as sûrement raison, montre-moi.
Il se laissa guider, attentif, assidu. Yuka trouvait sa technique facile et reposante… Normal c’était la sienne -il sourit en lui-même- on trouve tous que ce qu’on sait faire est plus simple… Il eut une idée de ce qu’il imposait à son jeune compagnon… Non, apprendre n’est pas de tout repos, c’est stimulant, intéressant, mais … difficile.
Combien de temps ils y passèrent ? Il aurait été incapable de le dire. Jamais il ne s’était senti si… détaché de ce monde-ci. Des apparitions, il en avait vu, certaines effroyables, d’autres apaisantes. Celle-ci, il ne s’en remettait que difficilement… C’était ce rêve !
Avait-il un dragon sombre et dévorant ? Etait-ce sa façon d’être avec les autres ? Loin d’être ouvert et à l’écoute comme il pensait l’être, n’était-il qu’annihilation et destruction ? Ingurgitait-il l’essence même des gens qu’il croisait ? enfin de ceux qu’il aimait ? Etait-ce pour cela que son père ne l’avait jamais aimé ? Qu’Elsa avait voulu se débarrasser de lui, l’éloignant par la même occasion de son petit frère à naître ? Que le Vieux Frère avait disparu au-delà des brumes et que Yuka gardait ses distances ?
Les poissons enveloppés dans la cape à âme artificielle qui avait réclamé à grands cris un lavage après ce transport, il revint, songeur jusqu’à la grotte.
Il regardait Yuka avec une telle attention que normalement le garçon aurait dû se sentir épié, fixé… Mais Yuka avait parfois une capacité d’abstraction… hors du commun.
Pendant qu’il faisait une énième fois le bilan de sa -courte- existence, Valravn ne put s’empêcher d’aborder le sujet qui lui faisait le plus mal… A n’en pas douter, ce n’était ni son aspect ni les dragons qui l’empêchaient d’être un homme comme les autres…
Jaillissant, la question fusa, probablement que Yuka la ressentirait comme sortie de nulle part :
Tu m’apprendrais à lire ?
Les traits tirés et le regard anxieux, il attendait la réponse, n’osant imaginer ce que serait sa réaction si l’autre jeune homme répondait : Pourquoi ? Je ne saurais pas t’apprendre ? C’est pas utile…
Yuka DirrenAventurier
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De toute évidence, Valravn était encore très secoué par son expérience récente, plus qu'il ne semblait vouloir l'admettre. Il ignora complètement certaines interrogations de Yuka, visiblement perdu dans ses pensées, aussi l'adolescent jugea-t-il plus prudent de passer à autre chose. Il ne semblait pas avoir très envie de prendre le temps d'y réfléchir, alors autant le distraire en effet! Mais quitte à ne pas rester inactif, la pêche lui paraissait moins dangereuse que l'entraînement au combat au cas où il se sente encore un peu mal ou paumé.
Yuka prit la chose en main avec enthousiasme, heureux d'être pour une fois celui qui apprenait des choses à son compagnon, ce qui n'était pas si souvent que ça! Il n'avait pas franchement prévu le coup, mais il tailla un second harpon en hâte, le temps que Valravn réussisse à se lever sans vertige, puis les deux se rendirent à la rivière la plus proche. Là, Yuka, ayant déjà pu voir la méthode de pêche de Valravn, commença à lui expliquer la sienne, échangeant des avantages et inconvénients de chacune, mais même si ce dernier répondait, il semblait un peu ailleurs, et Yuka ne savait pas quoi faire face à ça, ni même si c'était un mal.
Ignorant totalement comment agir dans cette situation, s'il devait essayer d'en parler ou au contraire le laisser tranquille, il opta pour le plus simple : faire comme si de rien étant, tant que l'air troublé de Valravn n'était pas trop flagrant et qu'il n'avait pas l'air de vouloir en parler de lui-même. Yuka revint même sur des bases assez évidentes que son guide connaissait sûrement déjà, tout en expliquant où se positionner, comment frapper le poisson pour éviter que la pointe ne ripe sur les écailles malgré la pointe, et ainsi de suite. Si parfois, l'idéal était de se retrouver les pieds dans l'eau, Yuka préférait l'éviter. Ici, ça allait, mais dans des cours d'eau plus profonds au centre tel des rivières, on ne savait jamais ce qui pouvait se cacher au fond de l'eau, à seulement quelques mètres, surtout quand cette dernière n'était pas très claire.
Récupérant également le résultat de pièges posés plus tôt en plus de leurs prises, plutôt nombreuses vu la saison, Yuka ne pu s'empêcher de dévisager la cape qui parlait alors qu'ils rentraient. Aussitôt, il s’attela avec enthousiasme à rallumer le feu puis à préparer les poissons, en mettant une partie de côté et en choisissant deux, un chacun vu leur taille, pour ce soir, enthousiasmé à l'idée de les manger car il savait leur chair très bonne, avec un goût qui leur était propre. Il était fatigué, mais c'était de la bonne fatigue, et lui qui était d'ordinaire très sensible aux regards posés sur lui ne réagit pas, ayant bien vu que Valravn était toujours pensif et ne le considérant pas comme une menace. Ils se ressemblaient trop, se côtoyait depuis trop longtemps - oui, quelques jours pour lui c'était long au vu de la gueule de ses relations humaines de ces dernières années - et il commençait à accorder sa confiance. Surtout qu'il lui avait tant appris!
Ayant récupérer des restes d'herbes séchées connues pour donner du goût, qu'il aimait utiliser pour assaisonner leurs repas maintenant qu'il prenait et le temps de cuisiner, et celui de manger, Yuka redressa la tête, surpris par la question.
- T'veux apprendre à lire? Ouais, bien sûr! J'peux même t'apprendre à écrire! J'ai pas d'bouquin avec moi, mais j'ai d'quoi écrire, ça d'vrait suffire.
Il l'espérait en tout cas. Ok, son écriture n'était pas des plus belles, mais hé, s'il arrivait à apprendre à Valravn à le déchiffrer lui, les vrais bouquins ne devraient pas poser de soucis, non? Puis sinon, il pouvait toujours faire un effort, il savait à peu près comment ils écrivaient dans la plupart des livres et documents officiels.
- Tu veux commencer c'soir? C'pas l'idéal mais avec le feu d'vrait y avoir assez d'lumière pour au moins commencer un peu d'lecture.
Après, c'était peut-être un peu trop pour aujourd'hui. Yuka proposait, très enthousiaste et heureux à l'idée de pouvoir offrir une telle connaissance en retour de tout ce que Valravn lui avait apprit, mais son compagnon pouvait très bien avoir demandé ça sans forcément vouloir le mettre en pratique dans l'immédiat.
Yuka prit la chose en main avec enthousiasme, heureux d'être pour une fois celui qui apprenait des choses à son compagnon, ce qui n'était pas si souvent que ça! Il n'avait pas franchement prévu le coup, mais il tailla un second harpon en hâte, le temps que Valravn réussisse à se lever sans vertige, puis les deux se rendirent à la rivière la plus proche. Là, Yuka, ayant déjà pu voir la méthode de pêche de Valravn, commença à lui expliquer la sienne, échangeant des avantages et inconvénients de chacune, mais même si ce dernier répondait, il semblait un peu ailleurs, et Yuka ne savait pas quoi faire face à ça, ni même si c'était un mal.
Ignorant totalement comment agir dans cette situation, s'il devait essayer d'en parler ou au contraire le laisser tranquille, il opta pour le plus simple : faire comme si de rien étant, tant que l'air troublé de Valravn n'était pas trop flagrant et qu'il n'avait pas l'air de vouloir en parler de lui-même. Yuka revint même sur des bases assez évidentes que son guide connaissait sûrement déjà, tout en expliquant où se positionner, comment frapper le poisson pour éviter que la pointe ne ripe sur les écailles malgré la pointe, et ainsi de suite. Si parfois, l'idéal était de se retrouver les pieds dans l'eau, Yuka préférait l'éviter. Ici, ça allait, mais dans des cours d'eau plus profonds au centre tel des rivières, on ne savait jamais ce qui pouvait se cacher au fond de l'eau, à seulement quelques mètres, surtout quand cette dernière n'était pas très claire.
Récupérant également le résultat de pièges posés plus tôt en plus de leurs prises, plutôt nombreuses vu la saison, Yuka ne pu s'empêcher de dévisager la cape qui parlait alors qu'ils rentraient. Aussitôt, il s’attela avec enthousiasme à rallumer le feu puis à préparer les poissons, en mettant une partie de côté et en choisissant deux, un chacun vu leur taille, pour ce soir, enthousiasmé à l'idée de les manger car il savait leur chair très bonne, avec un goût qui leur était propre. Il était fatigué, mais c'était de la bonne fatigue, et lui qui était d'ordinaire très sensible aux regards posés sur lui ne réagit pas, ayant bien vu que Valravn était toujours pensif et ne le considérant pas comme une menace. Ils se ressemblaient trop, se côtoyait depuis trop longtemps - oui, quelques jours pour lui c'était long au vu de la gueule de ses relations humaines de ces dernières années - et il commençait à accorder sa confiance. Surtout qu'il lui avait tant appris!
Ayant récupérer des restes d'herbes séchées connues pour donner du goût, qu'il aimait utiliser pour assaisonner leurs repas maintenant qu'il prenait et le temps de cuisiner, et celui de manger, Yuka redressa la tête, surpris par la question.
- T'veux apprendre à lire? Ouais, bien sûr! J'peux même t'apprendre à écrire! J'ai pas d'bouquin avec moi, mais j'ai d'quoi écrire, ça d'vrait suffire.
Il l'espérait en tout cas. Ok, son écriture n'était pas des plus belles, mais hé, s'il arrivait à apprendre à Valravn à le déchiffrer lui, les vrais bouquins ne devraient pas poser de soucis, non? Puis sinon, il pouvait toujours faire un effort, il savait à peu près comment ils écrivaient dans la plupart des livres et documents officiels.
- Tu veux commencer c'soir? C'pas l'idéal mais avec le feu d'vrait y avoir assez d'lumière pour au moins commencer un peu d'lecture.
Après, c'était peut-être un peu trop pour aujourd'hui. Yuka proposait, très enthousiaste et heureux à l'idée de pouvoir offrir une telle connaissance en retour de tout ce que Valravn lui avait apprit, mais son compagnon pouvait très bien avoir demandé ça sans forcément vouloir le mettre en pratique dans l'immédiat.
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- T'veux apprendre à lire ? Ouais, bien sûr ! J'peux même t'apprendre à écrire ! J'ai pas d'bouquin avec moi, mais j'ai d'quoi écrire, ça d'vrait suffire. Tu veux commencer c'soir?
Valravn sourit, un sourire d’enfant et des yeux qui brillaient comme autant d’étoiles.
« Pas ce soir non, enfin c’est pas obligé, je n’ai jamais su je crois, alors ça peut attendre demain. »
Il fixa Yuka avec reconnaissance et prononça du fond du cœur « merci ! »
Il ajouta « des livres, je sais où il y en a, je pense qu’ils parlent surtout de plantes, d’animaux et peut-être aussi des dieux, ceux du Vieux Frère qu’il appelait les « esprits de la nature » mais ça devrait aller non ? Si ça ne t’ennuie pas, en parlant de dieux, je voudrais bien aller prier demain, l’Arbre n’est pas si loin, si on part tôt on devrait le trouver à la mi-journée, et on pourra aller jusqu’à la grotte que les vieux disent enchantée pour la nuit ? »
En parlant, il essayait de trouver dans son compagnon la source du petit dragon vert et plus encore du gros dragon sombre, se demandant encore comment il avait pu faire un rêve pareil. Traumatisé bien plus qu’il n’acceptait de le reconnaître, il ressentait toujours, en plus de la fatigue naturelle et bénéfique due à la journée de pêche, une sorte d’épuisement nerveux, d’ébranlement… A n’en pas douter, l’Arbre saurait lui apporter une réponse. Quand il se trouvait devant, la merveille qu’il était suffisait généralement à lui rendre son entrain, son optimisme et sa ferveur.
Il se demanda si Yuka avait des dieux ? Lucy ? Comme la plupart des habitants d’Aryon ? Sans doute devait-il lui-aussi beaucoup à Lucy, après tout, ce devait être elle qui l’avait sauvé, permettant à son premier dragon de l’alerter sur la duplicité d’Elsa, au Vieux Frère de s’être trouvé sur son chemin ce jour-là alors qu’il lui avait bien dit par la suite qu’il allait rarement si au sud de son antre…
Mais Valravn préférait prier les dieux de la nature, il les sentait partout, dans le ciel, la terre, la pluie, les feuilles des arbres, les rayons du soleil ou les cristaux de neige… Il avait le sentiment -vrai ou faux- qu’ils étaient toujours présents et prêts à le secourir et que sa foi lui avait permis de survivre chaque jour, même si certains étaient plus durs que d’autres…
Le fait que la ville le décourage et lui donne des idées noires n’en était-il pas la preuve ? Privé de leur omniprésence, il sombrait, attaqué de toutes parts par les sentiments noirs de l’homme, coupé de ses sources… Il ne se souvenait pas avoir eu faim au risque de tomber ailleurs que dans une cité ou un lieu habité. Peut-être le dragon sombre qui dévorait les autres venait-il de là ? Représentait-il la part humaine néfaste de son être ? Peut-être était-il un hybride sans le savoir ?
Il chassa de la main ces pensées oisives et reporta son attention sur les poissons dont la cuisson embaumait la grotte.
« Tu sais, si j’arrivais à lire, juste déchiffrer simplement les annonces pour du travail autrement qu’avec la loupe d’audio-description, ça serait… enfin… et puis signer mon nom, même si en fait je ne sais pas comment il s’écrit » ajouta-t-il sans se rendre compte qu’il avait continué à suivre ses pensées et que Yuka allait tomber des nues.
Soudain, son cerveau allant à toute vitesse de la nourriture à la lecture, de la lecture à la signature, à l’identité donc au pouvoir, il demanda sans penser à mal :
« ton pouvoir à toi ? c’est quoi ? tu ne veux pas en parler ? tu en as un non ? »
Il se dit qu’après tout, c’était peut-être parce qu’il l’ignorait qu’il n’en parlait pas, il était adulte ou presque, ne pas connaître leur pouvoir gênait toujours les adultes… La plupart préférait avoir un pouvoir stupide ou inutile plutôt qu’aucun. Mieux valait devoir avouer qu’on transformait le pain en farine que dire qu’on ne savait rien faire d’autre que respirer…
Valravn sourit, un sourire d’enfant et des yeux qui brillaient comme autant d’étoiles.
« Pas ce soir non, enfin c’est pas obligé, je n’ai jamais su je crois, alors ça peut attendre demain. »
Il fixa Yuka avec reconnaissance et prononça du fond du cœur « merci ! »
Il ajouta « des livres, je sais où il y en a, je pense qu’ils parlent surtout de plantes, d’animaux et peut-être aussi des dieux, ceux du Vieux Frère qu’il appelait les « esprits de la nature » mais ça devrait aller non ? Si ça ne t’ennuie pas, en parlant de dieux, je voudrais bien aller prier demain, l’Arbre n’est pas si loin, si on part tôt on devrait le trouver à la mi-journée, et on pourra aller jusqu’à la grotte que les vieux disent enchantée pour la nuit ? »
En parlant, il essayait de trouver dans son compagnon la source du petit dragon vert et plus encore du gros dragon sombre, se demandant encore comment il avait pu faire un rêve pareil. Traumatisé bien plus qu’il n’acceptait de le reconnaître, il ressentait toujours, en plus de la fatigue naturelle et bénéfique due à la journée de pêche, une sorte d’épuisement nerveux, d’ébranlement… A n’en pas douter, l’Arbre saurait lui apporter une réponse. Quand il se trouvait devant, la merveille qu’il était suffisait généralement à lui rendre son entrain, son optimisme et sa ferveur.
Il se demanda si Yuka avait des dieux ? Lucy ? Comme la plupart des habitants d’Aryon ? Sans doute devait-il lui-aussi beaucoup à Lucy, après tout, ce devait être elle qui l’avait sauvé, permettant à son premier dragon de l’alerter sur la duplicité d’Elsa, au Vieux Frère de s’être trouvé sur son chemin ce jour-là alors qu’il lui avait bien dit par la suite qu’il allait rarement si au sud de son antre…
Mais Valravn préférait prier les dieux de la nature, il les sentait partout, dans le ciel, la terre, la pluie, les feuilles des arbres, les rayons du soleil ou les cristaux de neige… Il avait le sentiment -vrai ou faux- qu’ils étaient toujours présents et prêts à le secourir et que sa foi lui avait permis de survivre chaque jour, même si certains étaient plus durs que d’autres…
Le fait que la ville le décourage et lui donne des idées noires n’en était-il pas la preuve ? Privé de leur omniprésence, il sombrait, attaqué de toutes parts par les sentiments noirs de l’homme, coupé de ses sources… Il ne se souvenait pas avoir eu faim au risque de tomber ailleurs que dans une cité ou un lieu habité. Peut-être le dragon sombre qui dévorait les autres venait-il de là ? Représentait-il la part humaine néfaste de son être ? Peut-être était-il un hybride sans le savoir ?
Il chassa de la main ces pensées oisives et reporta son attention sur les poissons dont la cuisson embaumait la grotte.
« Tu sais, si j’arrivais à lire, juste déchiffrer simplement les annonces pour du travail autrement qu’avec la loupe d’audio-description, ça serait… enfin… et puis signer mon nom, même si en fait je ne sais pas comment il s’écrit » ajouta-t-il sans se rendre compte qu’il avait continué à suivre ses pensées et que Yuka allait tomber des nues.
Soudain, son cerveau allant à toute vitesse de la nourriture à la lecture, de la lecture à la signature, à l’identité donc au pouvoir, il demanda sans penser à mal :
« ton pouvoir à toi ? c’est quoi ? tu ne veux pas en parler ? tu en as un non ? »
Il se dit qu’après tout, c’était peut-être parce qu’il l’ignorait qu’il n’en parlait pas, il était adulte ou presque, ne pas connaître leur pouvoir gênait toujours les adultes… La plupart préférait avoir un pouvoir stupide ou inutile plutôt qu’aucun. Mieux valait devoir avouer qu’on transformait le pain en farine que dire qu’on ne savait rien faire d’autre que respirer…
Yuka DirrenAventurier
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Yuka renvoya son sourire à Valravn, heureux de le voir heureux, et tout content de pouvoir aider. Il hocha la tête quand Val suggéra d'attendre le lendemain. Cela ne lui posait aucun soucis! De toute façon c'était pas très pratique de lire à la lumière d'une flamme, pour commencer c'était quand même pas l'idéal.
Penchant la tête sur le côté, pensif, Yuka demanda :
- Y sont chez toi ces livres? J'espère qu'y sont pas abîmés! Ce s'ra p't'être pas le plus facile pour commencer mais vu qu'tu t'y connais d'jà pas mal, ça d'vrait aider! Et pas d'soucis pour passer à l'Arbre Sacré, j'te suivrais.
Pourquoi s'y opposerait-il? En plus c'était lui le guide. Bon, certes, ça ne voulait pas dire passer par n'importe où, surtout si ça rallongeait le trajet, m'enfin, ils n'étaient pas pressés même si Yuka se sentait un peu mal à l'aise de tourner le dos à la capitale et donc son inscription à la guilde des aventuriers.
Yuka se rappela soudain de la nourriture alors que le feu commençait à crépiter, et il s'assura aussitôt que les poissons n'étaient pas en train de cramer et que le feu se portait bien avant de redresser la tête aux paroles de Valravn.
- T'inquiète, ça va v'nir! Quand tu sauras à quel son correspond quelle lettre, même si t'as jamais lu l'mot avant, tu d'vrais t'en sortir. Ça sera long et fastidieux au début, mais avec le temps et l'entraînement, ça d'viendra plus simple! J'sais qu'j'suis pas l'lecteur l'plus rapide non plus, mais ça va. Pour ton nom, on commenc'ra par ça s'tu veux!
Est-ce que c'était vraiment si choquant que Valravn ne sache ni lire ni écrire? Surprenant, oui, un peu, la plupart des gens savaient, même dans son petit village. Pour autant, lui aurait pu très bien ne pas avoir le temps d'apprendre, ou même oublier! Il avait utilisé la lecture et l'écriture comme moyen de pas se perdre totalement, et ça l'avait aidé, mais sinon ce serait sûrement bien différent. Et Valravn semblait encore plus fuir les humains que lui, alors pourquoi aurait-il apprit? Ce n'était sans doute pas illogique... De toute façon, Yuka était trop heureux à l'idée d'aider pour vraiment se poser la question.
Mais son sourire se figea rapidement lorsque Valravn le questionna sur son pouvoir. Lentement, l'adolescent se recroquevilla, sans cesser de fixer les flammes du regard, s'occupant toujours distraitement de la cuisson tandis qu'il réfléchissait.
Il aurait du lui en parler tout de suite, quand ils s'étaient rencontrés. Maintenant... Il ne savait plus comment présenter les choses. Il craignait la réaction de son guide. Il aurait du lui rendre la pareille quand lui avait parlé de son pouvoir, même si c'était pas le moment, comme un échange. Là, il se sentait comme un idiot. Confus, il bougea un peu les braises avec un bout de bois avant de finalement oser prendre la parole.
- Tout l'monde en a un, y'en a juste qui l'trouvent pas facilement. Moi... J'ai juste pas compris d'suite qu'c'était ça. J'croyais êt' malade. Mais j'préférerais pas en avoir ou pas l'avoir trouvé. C'est... Y m'fait juste chier. Et les gens m'rejettent à cause d'lui.
Les jambes repliées contre son torse, les bras devant les genoux, la tête posée dessus, Yuka pourrait donner l'impression de bouder, mais il se sentait juste mal à l'aise d'aborder le sujet. Il tournait autour du pot, il le savait, mais il... Il avait si peur de la réaction de Valravn s'il avouait en quoi consistait son pouvoir. Certes, cela lui expliquerait pourquoi il fuyait le contact, mais il avait aussi peur qu'il comprenne que l'état parfois assez végétatif de son shallum venait de lui, car Val avait bien vu le familier se coller au visage de Yuka par moments.
Il savait aussi que son pouvoir avait bon dos, que ses difficultés avec les gens ne devaient pas que de là. Mais tout avait commencé ainsi, alors difficile pour lui de ne pas considérer son pouvoir comme en grande partie responsable du problème.
Voyant la teinte du poisson, il se redressa, comme sautant sur l'occasion de changer de sujet.
- Ah, c'est prêt!
Il donna sa part à Valravn et prit la sienne, l'engouffrant comme rarement il s'était empiffré depuis le début de leur voyage, signe de son malaise, ne sachant pas si son guide voudrait revenir sur le sujet ou s'il valait mieux qu'il cherche une autre diversion... Ou s'il ferait mieux de juste prendre son courage à deux mains et expliquer la situation.
Penchant la tête sur le côté, pensif, Yuka demanda :
- Y sont chez toi ces livres? J'espère qu'y sont pas abîmés! Ce s'ra p't'être pas le plus facile pour commencer mais vu qu'tu t'y connais d'jà pas mal, ça d'vrait aider! Et pas d'soucis pour passer à l'Arbre Sacré, j'te suivrais.
Pourquoi s'y opposerait-il? En plus c'était lui le guide. Bon, certes, ça ne voulait pas dire passer par n'importe où, surtout si ça rallongeait le trajet, m'enfin, ils n'étaient pas pressés même si Yuka se sentait un peu mal à l'aise de tourner le dos à la capitale et donc son inscription à la guilde des aventuriers.
Yuka se rappela soudain de la nourriture alors que le feu commençait à crépiter, et il s'assura aussitôt que les poissons n'étaient pas en train de cramer et que le feu se portait bien avant de redresser la tête aux paroles de Valravn.
- T'inquiète, ça va v'nir! Quand tu sauras à quel son correspond quelle lettre, même si t'as jamais lu l'mot avant, tu d'vrais t'en sortir. Ça sera long et fastidieux au début, mais avec le temps et l'entraînement, ça d'viendra plus simple! J'sais qu'j'suis pas l'lecteur l'plus rapide non plus, mais ça va. Pour ton nom, on commenc'ra par ça s'tu veux!
Est-ce que c'était vraiment si choquant que Valravn ne sache ni lire ni écrire? Surprenant, oui, un peu, la plupart des gens savaient, même dans son petit village. Pour autant, lui aurait pu très bien ne pas avoir le temps d'apprendre, ou même oublier! Il avait utilisé la lecture et l'écriture comme moyen de pas se perdre totalement, et ça l'avait aidé, mais sinon ce serait sûrement bien différent. Et Valravn semblait encore plus fuir les humains que lui, alors pourquoi aurait-il apprit? Ce n'était sans doute pas illogique... De toute façon, Yuka était trop heureux à l'idée d'aider pour vraiment se poser la question.
Mais son sourire se figea rapidement lorsque Valravn le questionna sur son pouvoir. Lentement, l'adolescent se recroquevilla, sans cesser de fixer les flammes du regard, s'occupant toujours distraitement de la cuisson tandis qu'il réfléchissait.
Il aurait du lui en parler tout de suite, quand ils s'étaient rencontrés. Maintenant... Il ne savait plus comment présenter les choses. Il craignait la réaction de son guide. Il aurait du lui rendre la pareille quand lui avait parlé de son pouvoir, même si c'était pas le moment, comme un échange. Là, il se sentait comme un idiot. Confus, il bougea un peu les braises avec un bout de bois avant de finalement oser prendre la parole.
- Tout l'monde en a un, y'en a juste qui l'trouvent pas facilement. Moi... J'ai juste pas compris d'suite qu'c'était ça. J'croyais êt' malade. Mais j'préférerais pas en avoir ou pas l'avoir trouvé. C'est... Y m'fait juste chier. Et les gens m'rejettent à cause d'lui.
Les jambes repliées contre son torse, les bras devant les genoux, la tête posée dessus, Yuka pourrait donner l'impression de bouder, mais il se sentait juste mal à l'aise d'aborder le sujet. Il tournait autour du pot, il le savait, mais il... Il avait si peur de la réaction de Valravn s'il avouait en quoi consistait son pouvoir. Certes, cela lui expliquerait pourquoi il fuyait le contact, mais il avait aussi peur qu'il comprenne que l'état parfois assez végétatif de son shallum venait de lui, car Val avait bien vu le familier se coller au visage de Yuka par moments.
Il savait aussi que son pouvoir avait bon dos, que ses difficultés avec les gens ne devaient pas que de là. Mais tout avait commencé ainsi, alors difficile pour lui de ne pas considérer son pouvoir comme en grande partie responsable du problème.
Voyant la teinte du poisson, il se redressa, comme sautant sur l'occasion de changer de sujet.
- Ah, c'est prêt!
Il donna sa part à Valravn et prit la sienne, l'engouffrant comme rarement il s'était empiffré depuis le début de leur voyage, signe de son malaise, ne sachant pas si son guide voudrait revenir sur le sujet ou s'il valait mieux qu'il cherche une autre diversion... Ou s'il ferait mieux de juste prendre son courage à deux mains et expliquer la situation.
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« Mais j'préférerais pas en avoir ou pas l'avoir trouvé. C'est... Y m'fait juste chier. Et les gens m'rejettent à cause d'lui ».
Valravn sourit tristement. Ne sachant pas trop comment réagir, il regarda Yuka puis chercha machinalement autre chose à fixer, allant du garçon au feu puis à une des parois de la grotte, et à l’entrée dehors.
« Parfois on préférerait ne pas en avoir oui… On donnerait tout pour ne pas en avoir ».
Autour de son cou, Espoir émit comme un gloussement et s’étira, sautant de l’épaule du plus âgé sur le sol pour aller caresser le plus jeune.
« Si tu veux pas en parler, fais comme tu le sens, mais tu sais quand le Vieux Frère m’a dit d’oublier ce qui faisait mal, je pense qu’il voulait dire « tant que c’est trop sensible », s’il avait vécu, il m’aurait sans doute dit un jour « il est temps de savoir, fais ressortir tout doucement ce qui t’a blessé », sinon ça continue à blesser, et ça le fait de plus en plus, et plus tu essaies de l’enfouir au fond de toi, plus ça se rebelle pour jaillir à la surface… C’est comme essayer de forcer une bulle d’air à aller au fond de l’eau, ou elle éclate, ou elle remonte, et dans les deux cas ça fait des dégâts… »
Il réfléchissait. On se donne toujours des raisons pour expliquer ce qui ne va pas… Lui admettait communément que s’il avait su lire et écrire, les gens l’auraient mieux accepté… Yuka pensait que son pouvoir les éloignait… Mais Valravn devait bien s’avouer que bien des choses participaient à sa mise à l’écart, à commencer par la volonté qu’il avait de maintenir les autres loin de lui. En cela à ce qu’il avait compris, ils étaient semblables, Yuka craignait quelque chose, comme lui, sans doute pas la même chose, y avait-il deux pouvoirs semblables en Aryon ?
C’était difficile… Demander aux autres de t’accepter alors que tu ne voulais pas d’eux ? Leur reprocher de te tenir à l’écart alors que tu les repoussais de toutes tes forces, te défiant, anticipant une trahison, une déception, une nouvelle blessure…
Il fut tenté de prendre la main de l’autre garçon et de la serrer dans la sienne, avança le bras, puis s’arrêtant en se souvenant qu’il n’aimait pas les contacts. Est-ce que les contacts lui faisaient mal ? Est-ce que toucher quelqu’un lui procurait de la douleur, le rendait malade, lui faisait perdre ses moyens ? Est-ce que comme lui il risquait de voir arriver un monstre sorti de nulle part ?
Il avait des tas d’autres questions qu’il n’osait pas poser… Des tas de questions intimes et indiscrètes, d’où viens-tu ? Qui es-tu ? te souviens-tu de tes parents ? As-tu encore de la famille… Bien sûr, il ne demanderait pas.
Au lieu de ça, il prit son poisson, une grosse feuille charnue, le posa dessus comme sur une assiette et avec son poignard entreprit d’enlever la peau et l’arrête centrale. Il sourit de contentement en voyant un énorme tas de chair malgré les déchets et n’eut pas le temps de réagir quand le corbeau se posant subtilisa la tête pour s’envoler dehors, dans un croassement de triomphe. Le shallum renifla et décida que ça n’était pas comestible, préférant les noisettes issues de la poche de cape, dont le tas s’amenuisait à force de pillage.
Revenant à Yuka, Valravn détourna la tête, subitement gêné et rougissant… Pourquoi le trouvait-il beau ? Jamais il n’avait ressenti une telle attirance pour un garçon ? Il reporta de nouveau son attention ailleurs, se sentant inutile… et épuisé.
« Tu sais, je pourrais peut-être t’aider… Je veux dire, pour ton pouvoir. Le mien est plus une malédiction qu’un don des dieux… Tu imagines », dit-il dans un sourire, « si j’avais le pouvoir de changer les pierres en nourriture ? Au moins tu te sens utile… »
Respirant fortement, il essayait de détendre l’atmosphère, même s’il ignorait pourquoi son indiscrétion avait tant troublé son compagnon.
Espoir après une sorte de petite danse du ventre sauta sur la tête de Yuka, s’installant de façon à lui faire une chevelure pâle de son train arrière et une casquette de sa tête. Cachant à demi les yeux de l’adolescent, il entreprit de le débarbouiller consciencieusement, passant une langue râpeuse sur son nez, son front, ses lèvres… Cette toilette terminée, il s’installa nonchalamment, masquant cette fois-ci totalement la visibilité à son support.
Valravn sourit tristement. Ne sachant pas trop comment réagir, il regarda Yuka puis chercha machinalement autre chose à fixer, allant du garçon au feu puis à une des parois de la grotte, et à l’entrée dehors.
« Parfois on préférerait ne pas en avoir oui… On donnerait tout pour ne pas en avoir ».
Autour de son cou, Espoir émit comme un gloussement et s’étira, sautant de l’épaule du plus âgé sur le sol pour aller caresser le plus jeune.
« Si tu veux pas en parler, fais comme tu le sens, mais tu sais quand le Vieux Frère m’a dit d’oublier ce qui faisait mal, je pense qu’il voulait dire « tant que c’est trop sensible », s’il avait vécu, il m’aurait sans doute dit un jour « il est temps de savoir, fais ressortir tout doucement ce qui t’a blessé », sinon ça continue à blesser, et ça le fait de plus en plus, et plus tu essaies de l’enfouir au fond de toi, plus ça se rebelle pour jaillir à la surface… C’est comme essayer de forcer une bulle d’air à aller au fond de l’eau, ou elle éclate, ou elle remonte, et dans les deux cas ça fait des dégâts… »
Il réfléchissait. On se donne toujours des raisons pour expliquer ce qui ne va pas… Lui admettait communément que s’il avait su lire et écrire, les gens l’auraient mieux accepté… Yuka pensait que son pouvoir les éloignait… Mais Valravn devait bien s’avouer que bien des choses participaient à sa mise à l’écart, à commencer par la volonté qu’il avait de maintenir les autres loin de lui. En cela à ce qu’il avait compris, ils étaient semblables, Yuka craignait quelque chose, comme lui, sans doute pas la même chose, y avait-il deux pouvoirs semblables en Aryon ?
C’était difficile… Demander aux autres de t’accepter alors que tu ne voulais pas d’eux ? Leur reprocher de te tenir à l’écart alors que tu les repoussais de toutes tes forces, te défiant, anticipant une trahison, une déception, une nouvelle blessure…
Il fut tenté de prendre la main de l’autre garçon et de la serrer dans la sienne, avança le bras, puis s’arrêtant en se souvenant qu’il n’aimait pas les contacts. Est-ce que les contacts lui faisaient mal ? Est-ce que toucher quelqu’un lui procurait de la douleur, le rendait malade, lui faisait perdre ses moyens ? Est-ce que comme lui il risquait de voir arriver un monstre sorti de nulle part ?
Il avait des tas d’autres questions qu’il n’osait pas poser… Des tas de questions intimes et indiscrètes, d’où viens-tu ? Qui es-tu ? te souviens-tu de tes parents ? As-tu encore de la famille… Bien sûr, il ne demanderait pas.
Au lieu de ça, il prit son poisson, une grosse feuille charnue, le posa dessus comme sur une assiette et avec son poignard entreprit d’enlever la peau et l’arrête centrale. Il sourit de contentement en voyant un énorme tas de chair malgré les déchets et n’eut pas le temps de réagir quand le corbeau se posant subtilisa la tête pour s’envoler dehors, dans un croassement de triomphe. Le shallum renifla et décida que ça n’était pas comestible, préférant les noisettes issues de la poche de cape, dont le tas s’amenuisait à force de pillage.
Revenant à Yuka, Valravn détourna la tête, subitement gêné et rougissant… Pourquoi le trouvait-il beau ? Jamais il n’avait ressenti une telle attirance pour un garçon ? Il reporta de nouveau son attention ailleurs, se sentant inutile… et épuisé.
« Tu sais, je pourrais peut-être t’aider… Je veux dire, pour ton pouvoir. Le mien est plus une malédiction qu’un don des dieux… Tu imagines », dit-il dans un sourire, « si j’avais le pouvoir de changer les pierres en nourriture ? Au moins tu te sens utile… »
Respirant fortement, il essayait de détendre l’atmosphère, même s’il ignorait pourquoi son indiscrétion avait tant troublé son compagnon.
Espoir après une sorte de petite danse du ventre sauta sur la tête de Yuka, s’installant de façon à lui faire une chevelure pâle de son train arrière et une casquette de sa tête. Cachant à demi les yeux de l’adolescent, il entreprit de le débarbouiller consciencieusement, passant une langue râpeuse sur son nez, son front, ses lèvres… Cette toilette terminée, il s’installa nonchalamment, masquant cette fois-ci totalement la visibilité à son support.
Yuka DirrenAventurier
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Prit dans la contemplation des flammes pour ne pas avoir à faire face à son guide, Yuka rata complètement sa réaction à ses paroles. Il n'avait rien dit au final, en dehors du fait que oui, il savait quel était son pouvoir, et qu'il l'emmerdait. Valravn aussi avait des soucis avec son pouvoir, avait eu un passé visiblement difficile, et il avait osé lui parler de tout ça, alors... Pourquoi lui ne pouvait-il pas faire pareil?! Pourquoi ne pouvait-il pas juste lui rendre la pareil? Ce principe du donnant donnant, c'était sûrement une base dans les relations, ce qui lui manquait, ou au moins une pièce du puzzle, alors pourquoi craignait-il à ce point d'en parler?
Mais il n'avait jamais apprécier parler de tout ça. Son pouvoir, son passé... Il était toujours resté aussi évasif que possible. Moins au début, mais avec le temps, c'était devenu une habitude solidement ancrée en lui. Et c'était en conséquence de cela qu'il hésitait toujours, à chaque nouvelle rencontre, à révéler sa condition financière compliquée. Parce que cela pouvait amener à encore plus de questions portant sur des sujets qu'il ne voulait pas aborder.
Et puis les paroles de Valravn, au lieu de l'aider à se détendre, le firent se crisper encore plus. Ce qu'il racontait... Ça correspondait trop à ce qu'il vivait pour être un hasard. Il ne se souvenait plus trop comment il avait vécu ses premiers temps tout seul en forêt. Est-ce qu'il était préoccupé uniquement par l'idée de survivre, ayant déjà tout enfui? Ou les images de l'incident se répétaient-elles en boucle? Il serait bien incapable de le dire. Tout ce qu'il savait, c'est qu'aujourd'hui, tout était flou tant il se refusait à y penser, mais cela n'empêchait pas des flashs de resurgir régulièrement, que ce soit la nuit ou en plein jour.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les choses ne semblaient pas aller en s'améliorant, bien au contraire. Difficile, alors, de contredire son guide.
La nourriture fut une distraction bienvenue, même si ça ne l'occupa qu'un temps. C'était surtout un contretemps, une bonne excuse pour juste manger sans rien dire, mais même là, il restait pensif. S'il se jeta sur le premier poisson avec ce qui ressemblait à l'énergie du désespoir, ensuite il se mit à manger si lentement, mâchant avec application, que ça en devenait tout autant sinon encore plus bizarre, surtout venant de lui.
Souriant par mimétisme plus que par sincérité, Yuka écoutait son compagnon de voyage avec attention malgré ses yeux dans le vide, la tête tournée vers lui. Il finit par faire la moue en l'entendant.
- Pourquoi tu vois tant que ça ton pouvoir comme une malédiction? C'est plutôt utile aussi au final non? Savoir qui sont vraiment les gens. C'est vrai que ça te fatigue et que tu décides pas du moment, c'qui n'est pas pratique, mais...
Mais quoi? Si tu pouvais échanger, tu le ferais volontiers? Qui voudrait d'un pouvoir pareil...
Et surtout, pourquoi n'arrivait-il pas à parler bon sang?! Il allait pas mourir foudroyé sur place s'il en parlait! Mais ça, il avait osé le confier à si peu de personnes... Il avait vu des gens affirmer qu'ils essayeraient de l'aider faire des mines de dégoûts quand il leur expliquait. Et ceux qui ne le faisaient pas l'évitaient. Quand ils ne le prenaient pas pour un danger ambulant, ils sous estimaient le danger, et dans les deux cas, c'était les problèmes assurés!
Ironiquement, ce fut la présence du shallum sur sa tête qui le réveilla. Au début, un peu prit au dépourvu, autant devant le contact que parce qu'il était perdu dans ses pensées, il laissa faire. Puis quand Espoir arrêta de gigoter, il eu un sursaut. Pas juste parce qu'il lui cachait la vue, mais à cause du contact. Certes, il avait aspiré de la magie il y a peu, donc ça devrait aller, il ne ferait pas de mal au shallum, ou si peu. Pour autant, il le prit et le posa sur ses genoux avec précaution, ce qui tira un couinement vexé à l'animal.
- Non, je... J'vois vraiment pas comment tirer un truc positif d'mon pouvoir, ni comment tu pourrais m'aider. Tu vas sûrement m'en vouloir... T'aurais p't'être pas du laisser Espoir s'approcher de moi. Je... J'aspire la magie des êtres. La première fois, la soigneuse qu'était venue pour voir ce que j'avais a faillis tomber dans les pommes à cause de ça. Si j'le fais pas j'suis pas bien, mais si j'le fais pas bien alors c'est les autres qui sont pas bien. J'crois qu'lui, ça l'fatigue. Et sur les gens... J'sais pas trop c'que ça donnerait, j'ai autant que possible éviter depuis.
Et merde, voilà, c'était dit. Concernant son pouvoir en tout cas. Restaient bien des souvenirs traumatiques, mais juste ça, il se sentait honteux, le rouge aux joues, presque les larmes aux yeux tellement il était en stress, levant doucement les yeux vers Valravn pour voir sa réaction, la tête un peu rentrée dans les épaules, et pas juste à cause des dimensions de leur abri.
Si lui qui avait un pouvoir qu'il trouvait aussi embêtant et une histoire pas simple le rejetait... Alors c'est sûr, jamais personne ne l'accepterait, et jamais il ne pourrait s'intégrer.
Mais il n'avait jamais apprécier parler de tout ça. Son pouvoir, son passé... Il était toujours resté aussi évasif que possible. Moins au début, mais avec le temps, c'était devenu une habitude solidement ancrée en lui. Et c'était en conséquence de cela qu'il hésitait toujours, à chaque nouvelle rencontre, à révéler sa condition financière compliquée. Parce que cela pouvait amener à encore plus de questions portant sur des sujets qu'il ne voulait pas aborder.
Et puis les paroles de Valravn, au lieu de l'aider à se détendre, le firent se crisper encore plus. Ce qu'il racontait... Ça correspondait trop à ce qu'il vivait pour être un hasard. Il ne se souvenait plus trop comment il avait vécu ses premiers temps tout seul en forêt. Est-ce qu'il était préoccupé uniquement par l'idée de survivre, ayant déjà tout enfui? Ou les images de l'incident se répétaient-elles en boucle? Il serait bien incapable de le dire. Tout ce qu'il savait, c'est qu'aujourd'hui, tout était flou tant il se refusait à y penser, mais cela n'empêchait pas des flashs de resurgir régulièrement, que ce soit la nuit ou en plein jour.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que les choses ne semblaient pas aller en s'améliorant, bien au contraire. Difficile, alors, de contredire son guide.
La nourriture fut une distraction bienvenue, même si ça ne l'occupa qu'un temps. C'était surtout un contretemps, une bonne excuse pour juste manger sans rien dire, mais même là, il restait pensif. S'il se jeta sur le premier poisson avec ce qui ressemblait à l'énergie du désespoir, ensuite il se mit à manger si lentement, mâchant avec application, que ça en devenait tout autant sinon encore plus bizarre, surtout venant de lui.
Souriant par mimétisme plus que par sincérité, Yuka écoutait son compagnon de voyage avec attention malgré ses yeux dans le vide, la tête tournée vers lui. Il finit par faire la moue en l'entendant.
- Pourquoi tu vois tant que ça ton pouvoir comme une malédiction? C'est plutôt utile aussi au final non? Savoir qui sont vraiment les gens. C'est vrai que ça te fatigue et que tu décides pas du moment, c'qui n'est pas pratique, mais...
Mais quoi? Si tu pouvais échanger, tu le ferais volontiers? Qui voudrait d'un pouvoir pareil...
Et surtout, pourquoi n'arrivait-il pas à parler bon sang?! Il allait pas mourir foudroyé sur place s'il en parlait! Mais ça, il avait osé le confier à si peu de personnes... Il avait vu des gens affirmer qu'ils essayeraient de l'aider faire des mines de dégoûts quand il leur expliquait. Et ceux qui ne le faisaient pas l'évitaient. Quand ils ne le prenaient pas pour un danger ambulant, ils sous estimaient le danger, et dans les deux cas, c'était les problèmes assurés!
Ironiquement, ce fut la présence du shallum sur sa tête qui le réveilla. Au début, un peu prit au dépourvu, autant devant le contact que parce qu'il était perdu dans ses pensées, il laissa faire. Puis quand Espoir arrêta de gigoter, il eu un sursaut. Pas juste parce qu'il lui cachait la vue, mais à cause du contact. Certes, il avait aspiré de la magie il y a peu, donc ça devrait aller, il ne ferait pas de mal au shallum, ou si peu. Pour autant, il le prit et le posa sur ses genoux avec précaution, ce qui tira un couinement vexé à l'animal.
- Non, je... J'vois vraiment pas comment tirer un truc positif d'mon pouvoir, ni comment tu pourrais m'aider. Tu vas sûrement m'en vouloir... T'aurais p't'être pas du laisser Espoir s'approcher de moi. Je... J'aspire la magie des êtres. La première fois, la soigneuse qu'était venue pour voir ce que j'avais a faillis tomber dans les pommes à cause de ça. Si j'le fais pas j'suis pas bien, mais si j'le fais pas bien alors c'est les autres qui sont pas bien. J'crois qu'lui, ça l'fatigue. Et sur les gens... J'sais pas trop c'que ça donnerait, j'ai autant que possible éviter depuis.
Et merde, voilà, c'était dit. Concernant son pouvoir en tout cas. Restaient bien des souvenirs traumatiques, mais juste ça, il se sentait honteux, le rouge aux joues, presque les larmes aux yeux tellement il était en stress, levant doucement les yeux vers Valravn pour voir sa réaction, la tête un peu rentrée dans les épaules, et pas juste à cause des dimensions de leur abri.
Si lui qui avait un pouvoir qu'il trouvait aussi embêtant et une histoire pas simple le rejetait... Alors c'est sûr, jamais personne ne l'accepterait, et jamais il ne pourrait s'intégrer.
Image de profil : Succès : Cristaux : 1817MESSAGES : 129COULEUR : #33cc00InvitéInvité
Informations
Valravn regarda Yuka avec un sourire radieux. Plus que ses paroles, il savourait le fait qu’il se soit ouvert ! C’était ça ce pouvoir maudit qui le faisait s’envelopper dans une bulle de méfiance ?
Il regarda le shallum certes un peu flappy, mais n’était-il pas souvent flappy même quand il ne touchait pas l’autre garçon ? Il avait sa théorie sur Espoir, il pensait que le petit animal se shootait à l’amour… Quand il recevait trop de marques d’attention et d’affection, il devenait aussi mou qu’un chiffon. Il sourit de nouveau, et s’il n’en recevait pas, il te harcelait jusqu’au moment où tu craquais et le prenais sur l’épaule, provoquant la rage et la rancune de la cape à âme artificielle… Il se dit qu’à elle aussi il devrait donner un nom, après tout, elle parlait, bougeait et avait un caractère bien trempé.
Revenant à Yuka, il tendit la main, paume en l'air, à plat, une invite à toucher et lui exposa sa façon de voir aussi.
Tu sais… Quand tu as très froid, les mains tellement gelées que tu ne les sens plus, et que quelqu’un qui avait des gants ou qui sort de l’intérieur et avaient présenté les siennes au feu te les prend, tu aspires sa chaleur, et si tu n’y prends pas garde, toi tu te réchauffes mais lui est glacé. Ton pouvoir, c’est un peu ça non ? mais au lieu d’aspirer la chaleur quand tu as froid tu aspires la magie ? Espoir, il n’a pas l’air de te craindre, la preuve, tu as des cheveux mauves là… et tu dois avoir pas mal de plumes dans le nez… ça doit être une question de dosage ? Quand tu as trop faim, tu dévores, pareil que pour la nourriture…
Il souriait toujours, s’il dévorait la magie comme les mets, pas étonnant que les gens soient parfois mal, il devait avoir un sacré coup de fourchette.
Je ne suis pas un expert, j’ai jamais rencontré ce pouvoir, d’ailleurs je crois qu’ils sont uniques à ce que disait le Vieux Frère, mais si j’en comprends pas le pourquoi, je pense que c’est juste une question de mesure ? En plus, si tu rencontres beaucoup de gens et les touches tous en faisant gaffe, tu dois aspirer tellement peu que personne ne le sent ?
Il regarda sa main tendue…
Touche-moi ? Tu ne pourras pas me faire plus de mal que mes dragons quand ils s’imposent, au pire, je dormirais plus tôt cette nuit. Et puis… si tu pouvais me priver d’un peu d’énergie pour que je n’en vois pas d’autre avant longtemps, ça serait plutôt un bien…
Il restait la main en avant, les yeux brillants, un demi-sourire sur les lèvres, totalement offert. Espoir ayant entendu son nom regardait Yuka aussi, avec un gros soupçon de reproche, lui, pour avoir été délogé de sa position haute. La petite bête marqua sa forte désapprobation en entamant une course folle autour du garçon, à une vitesse absolument démente qui faisait tourner la tête rien qu’en le suivant du regard, et la finit en sautant délibérément sur la tête dont on l’avait retiré. Se couchant pesamment, il prit son appui, les deux pattes devant les yeux de l’adolescent, la tête presque posée sur son nez… Là ce fut Valravn qui se levant le retira.
Espoir il y a des limites ! Non ! Va coucher !
Il lui montra la couche de paille prête à les accueillir et le shallum cracha, boudant définitivement.
Tu vois, tu dois pas lui faire bien peur, ou alors il aime ça ? Il y a sûrement du bon dans ton pouvoir, peut-être que tu es là pour réguler les flux ? pour drainer le trop plein de magie ? Les mires disent bien qu’ils font des saignées pour drainer les humeurs non ? Enfin je ne sais pas, mais je crois que plus tu te retiens et plus ça fait mal aux autres, non ? Donc si tu fais le contraire de maintenant et que tu touches des tas de gens, tu devrais ne jamais avoir de besoin et ne faire qu’un minimum de dégâts ? Moi j’aimerais bien qu’en faisant apparaître des tas de dragons ils deviennent tous clairs, mais j’ai bien peur que ça soit pas si simple… Ce que je sens, ce n’est pas mon degré de privation… Non je t’assure, j’échangerais tout de suite si je le pouvais, mais on n’échange pas de pouvoirs, ça se saurait, sinon il y aurait un marché aux pouvoirs non désirés…
Il retendit la main le regard pétillant.
Il regarda le shallum certes un peu flappy, mais n’était-il pas souvent flappy même quand il ne touchait pas l’autre garçon ? Il avait sa théorie sur Espoir, il pensait que le petit animal se shootait à l’amour… Quand il recevait trop de marques d’attention et d’affection, il devenait aussi mou qu’un chiffon. Il sourit de nouveau, et s’il n’en recevait pas, il te harcelait jusqu’au moment où tu craquais et le prenais sur l’épaule, provoquant la rage et la rancune de la cape à âme artificielle… Il se dit qu’à elle aussi il devrait donner un nom, après tout, elle parlait, bougeait et avait un caractère bien trempé.
Revenant à Yuka, il tendit la main, paume en l'air, à plat, une invite à toucher et lui exposa sa façon de voir aussi.
Tu sais… Quand tu as très froid, les mains tellement gelées que tu ne les sens plus, et que quelqu’un qui avait des gants ou qui sort de l’intérieur et avaient présenté les siennes au feu te les prend, tu aspires sa chaleur, et si tu n’y prends pas garde, toi tu te réchauffes mais lui est glacé. Ton pouvoir, c’est un peu ça non ? mais au lieu d’aspirer la chaleur quand tu as froid tu aspires la magie ? Espoir, il n’a pas l’air de te craindre, la preuve, tu as des cheveux mauves là… et tu dois avoir pas mal de plumes dans le nez… ça doit être une question de dosage ? Quand tu as trop faim, tu dévores, pareil que pour la nourriture…
Il souriait toujours, s’il dévorait la magie comme les mets, pas étonnant que les gens soient parfois mal, il devait avoir un sacré coup de fourchette.
Je ne suis pas un expert, j’ai jamais rencontré ce pouvoir, d’ailleurs je crois qu’ils sont uniques à ce que disait le Vieux Frère, mais si j’en comprends pas le pourquoi, je pense que c’est juste une question de mesure ? En plus, si tu rencontres beaucoup de gens et les touches tous en faisant gaffe, tu dois aspirer tellement peu que personne ne le sent ?
Il regarda sa main tendue…
Touche-moi ? Tu ne pourras pas me faire plus de mal que mes dragons quand ils s’imposent, au pire, je dormirais plus tôt cette nuit. Et puis… si tu pouvais me priver d’un peu d’énergie pour que je n’en vois pas d’autre avant longtemps, ça serait plutôt un bien…
Il restait la main en avant, les yeux brillants, un demi-sourire sur les lèvres, totalement offert. Espoir ayant entendu son nom regardait Yuka aussi, avec un gros soupçon de reproche, lui, pour avoir été délogé de sa position haute. La petite bête marqua sa forte désapprobation en entamant une course folle autour du garçon, à une vitesse absolument démente qui faisait tourner la tête rien qu’en le suivant du regard, et la finit en sautant délibérément sur la tête dont on l’avait retiré. Se couchant pesamment, il prit son appui, les deux pattes devant les yeux de l’adolescent, la tête presque posée sur son nez… Là ce fut Valravn qui se levant le retira.
Espoir il y a des limites ! Non ! Va coucher !
Il lui montra la couche de paille prête à les accueillir et le shallum cracha, boudant définitivement.
Tu vois, tu dois pas lui faire bien peur, ou alors il aime ça ? Il y a sûrement du bon dans ton pouvoir, peut-être que tu es là pour réguler les flux ? pour drainer le trop plein de magie ? Les mires disent bien qu’ils font des saignées pour drainer les humeurs non ? Enfin je ne sais pas, mais je crois que plus tu te retiens et plus ça fait mal aux autres, non ? Donc si tu fais le contraire de maintenant et que tu touches des tas de gens, tu devrais ne jamais avoir de besoin et ne faire qu’un minimum de dégâts ? Moi j’aimerais bien qu’en faisant apparaître des tas de dragons ils deviennent tous clairs, mais j’ai bien peur que ça soit pas si simple… Ce que je sens, ce n’est pas mon degré de privation… Non je t’assure, j’échangerais tout de suite si je le pouvais, mais on n’échange pas de pouvoirs, ça se saurait, sinon il y aurait un marché aux pouvoirs non désirés…
Il retendit la main le regard pétillant.
Yuka DirrenAventurier
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Yuka s'attendait à beaucoup de choses, du rejet, de l'indifférence, de la minimisation... Tout, ou presque, mais sûrement pas au sourire rayonnant que lui offrit Valravn lorsqu'il osa enfin affronter son regard. Cela le laissa baba assez longtemps pour que, suivant son regard et observant le shallum - qui avait de toute façon besoin de beaucoup dormir vu son âge, mais ça ça ne lui était pas venu à l'esprit - il lui laisse le temps d'expliquer sa façon de voir, même si le garçon restait un peu réticent devant la main tendue, se doutant bien ce que son guide voulait qu'il fasse.
L'analogie était très frappante et vraie, et s'il avait déjà eu des pensées similaire - forcément, les symptômes d'un manque de magie pouvaient approcher à leur façon ceux d'un manque de nourriture, et il avait déjà manqué des deux en plusieurs occasions, heureusement rarement en même temps - il n'avait jamais poussé la comparaison aussi loin, en partie à cause du fait qu'il avait perdu l'habitude de toucher les gens, et celle de manger à sa faim de façon régulière il y a des années, avant aujourd'hui. Jeune, perdu, cherchant à survivre, il avait bien essayé de réfléchir à tout ça sans parvenir à une telle explication au vu de sa situation à ce moment là.
Pour autant, ici, avec ces nouveaux éléments, maintenant qu'il y pensait... C'était loin d'être idiot. C'est ce qu'il avait essayé de faire d'ailleurs via les plantes et animaux, en toucher régulièrement, dès qu'il pouvait, pour autant il n'osait toujours pas approcher des humains, même avec ses gants, tant cela lui avait apporté d'ennuis par le passé.
Voyant la main tendue et la proposition de Valravn, Yuka plaqua les mains contre sa poitrine, n'osant pas faire le moindre mouvement vers lui. Espoir ne lui laissa pas l'occasion d'expliquer les raisons de sa frilosité devant le plan de son ami, commençant à faire des pitreries, allant jusqu'à poser ses pattes sur ses yeux, ce qui le fit sursauter de malaise. Heureusement, son maître se chargea de le réprimander, et le shallum s'éloigna alors, visiblement vexé, laissant Yuka circonspect, l'enthousiasme contagieux de Valravn commençant déjà à se dissiper à ses yeux.
- T'sais, j'pense pas qu'ce soit si simple. Ouais, là maintenant, si j'te touches, ça f'ra sûrement rien, parce qu'Espoir vient d'me tripoter à tout va, mais j'peux pas toucher des gens à tout va, tout l'temps. On touche pas des inconnus comme ça, et y m'faut un contact peau contre peau assez grand... Les gens sont habillés en c'te saison, bref, c'pas évident, et ça peut facilement être mal interpréter, surtout si j'fais ça à une première personne après un voyage de quelqu'jours où j'ai croisé personne.
Ouais, Espoir, ça va, parce que c'est régulier, donc j'dois pas lui faire bien mal. Puis j'imagine qu'il est jeune, l'a d'l'énergie et tout, mais c't'un cas particulier...
Les saignées, paraît c't'une technique d'escroc et qu'c'est plus dangereux qu'aut' chose. Si réguler les flux était si important, y'aura plus d'gens avec c'pouvoir, là j'suis tout seul pour l'royaume entier.
Il n'avait pas envie de se lancer dans le débat de "mon pouvoir est pire que le tiens", parce que clairement, là n'était pas la question. S'il continuait de voir naïvement le pouvoir de son acolyte comme moins handicapant et compliqué à gérer, il savait que Val pensait l'inverse, qu'on était sûrement toujours plus envieux de ce qu'on avait pas. Mais de toute façon, les pouvoirs ne s'échangeaient pas, point. Alors s'ils pouvaient s'aider mutuellement, ce serait bien, pour autant Yuka avait de plus en plus de mal à croire en cette solution miracle, même s'il devait reconnaître que la réaction de Valravn lui faisait voir les choses sous un angle moins négatif.
L'analogie était très frappante et vraie, et s'il avait déjà eu des pensées similaire - forcément, les symptômes d'un manque de magie pouvaient approcher à leur façon ceux d'un manque de nourriture, et il avait déjà manqué des deux en plusieurs occasions, heureusement rarement en même temps - il n'avait jamais poussé la comparaison aussi loin, en partie à cause du fait qu'il avait perdu l'habitude de toucher les gens, et celle de manger à sa faim de façon régulière il y a des années, avant aujourd'hui. Jeune, perdu, cherchant à survivre, il avait bien essayé de réfléchir à tout ça sans parvenir à une telle explication au vu de sa situation à ce moment là.
Pour autant, ici, avec ces nouveaux éléments, maintenant qu'il y pensait... C'était loin d'être idiot. C'est ce qu'il avait essayé de faire d'ailleurs via les plantes et animaux, en toucher régulièrement, dès qu'il pouvait, pour autant il n'osait toujours pas approcher des humains, même avec ses gants, tant cela lui avait apporté d'ennuis par le passé.
Voyant la main tendue et la proposition de Valravn, Yuka plaqua les mains contre sa poitrine, n'osant pas faire le moindre mouvement vers lui. Espoir ne lui laissa pas l'occasion d'expliquer les raisons de sa frilosité devant le plan de son ami, commençant à faire des pitreries, allant jusqu'à poser ses pattes sur ses yeux, ce qui le fit sursauter de malaise. Heureusement, son maître se chargea de le réprimander, et le shallum s'éloigna alors, visiblement vexé, laissant Yuka circonspect, l'enthousiasme contagieux de Valravn commençant déjà à se dissiper à ses yeux.
- T'sais, j'pense pas qu'ce soit si simple. Ouais, là maintenant, si j'te touches, ça f'ra sûrement rien, parce qu'Espoir vient d'me tripoter à tout va, mais j'peux pas toucher des gens à tout va, tout l'temps. On touche pas des inconnus comme ça, et y m'faut un contact peau contre peau assez grand... Les gens sont habillés en c'te saison, bref, c'pas évident, et ça peut facilement être mal interpréter, surtout si j'fais ça à une première personne après un voyage de quelqu'jours où j'ai croisé personne.
Ouais, Espoir, ça va, parce que c'est régulier, donc j'dois pas lui faire bien mal. Puis j'imagine qu'il est jeune, l'a d'l'énergie et tout, mais c't'un cas particulier...
Les saignées, paraît c't'une technique d'escroc et qu'c'est plus dangereux qu'aut' chose. Si réguler les flux était si important, y'aura plus d'gens avec c'pouvoir, là j'suis tout seul pour l'royaume entier.
Il n'avait pas envie de se lancer dans le débat de "mon pouvoir est pire que le tiens", parce que clairement, là n'était pas la question. S'il continuait de voir naïvement le pouvoir de son acolyte comme moins handicapant et compliqué à gérer, il savait que Val pensait l'inverse, qu'on était sûrement toujours plus envieux de ce qu'on avait pas. Mais de toute façon, les pouvoirs ne s'échangeaient pas, point. Alors s'ils pouvaient s'aider mutuellement, ce serait bien, pour autant Yuka avait de plus en plus de mal à croire en cette solution miracle, même s'il devait reconnaître que la réaction de Valravn lui faisait voir les choses sous un angle moins négatif.
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