LE DESERT VOLANT - Escouade 5

Contrairement à ses habitudes, Primus reste stoïque face aux critiques du nécrophile Barbu. Il aurait bien des choses à lui répondre. Le désert et le tunnel l’ont peut-être vidé de ses forces mais ils n’ont pas encore eu raison de sa langue de vipère…

Pourtant il accepte sans broncher les remontrances, qui sont soit dit en passant, totalement injustifiée selon lui, et prend son mal en patience. En vérité il a bien trop peur de se retrouver seul ici. Tant que le moine ne l’abandonne pas là, sur le bord du chemin, il est prêt à supporter toutes les insultes. Pour lui c’est une question de survie. Il ne se donne même pas cinq minutes de survie si l’ecclésiastique se mettait en tête qu’il s’en sortirait mieux sans être encombré par un noble prétentieux.

Alors il préfère le laisser se défouler. Il sait à quel point il peut blesser les gens avec ses mots, mais aujourd’hui ils ont tous les deux subis bien assez de blessures et d’autres sont surement à venir.

Donc Primus se tait et attend. Toutefois il n’est pas inactif. Le silence inquiétant n’étant perturbé que par les vitupérations du nécrophile, il en profite pour réenclencher son pouvoir. Peut-être que les odeurs de l’endroit leurs en révèleront plus sur leur nouvel environnement ?

La douleur dentaire le fait grimacer et cette fois, c’est à grand peine qu’il retient un gémissement. Entre l’épuisement et sa première transformation un peu plus tôt, sa métamorphose est rendue plus douloureuse qu’à l’accoutumée.

Lorsqu’il ouvre ses yeux fendus, il ne peut s’empêcher de répondre avec un ton ou le sarcasme pointe le bout de son nez :

- Très bien puisque c’est vous le Commandant désormais, je vous suis…  

Toutefois il n’ose pas lui demander plus de détails sur le carnet de Rick, il est déjà assez énervé comme ça, et comme il vient de le prouver, Primus ne peux pas s’empêcher de mettre du venin dans ses paroles. Emboitant le pas au barbu il hume l’air de l’étrange caverne, en silence.

LE DESERT VOLANT - Escouade 5

Au départ, rien ne semble sortir de l’ordinaire dans le parfum de cette caverne. L’odeur de la pierre humide est clairement dominante, mais ne masque pas entièrement celle de la flore, plus inhabituelle en ce type d’endroit.

Primus s’évertue à garder en mémoire le plus de détails possibles, visuels comme olfactifs sur ce lieux. En effet s’il s’écoutait, il s’arrêterait pour noter et dessiner les moindres détails de ce décor inédit. Toutefois, ce n’est visiblement pas le moment de mettre la patience du moine à l’épreuve.

De toute façon, après un nouveau coup de langue pour humer l’aire il sent une odeur au moins aussi incongrue que celle des fleurs autour du lac. Le juron de son compagnon d’infortune lui indique que les corbeaux sont ici. Oh joie ! songe-t-il sarcastiquement. Surpris et apeuré, il cherche dans toutes les directions, et malgré sa mauvaise vue distingue une paire d’yeux rougeoyant, puis une deuxième, puis une troisième… et ainsi de suite. Ils y en a partout autour d’eux.

Préférant toujours affronter l’humeur maussade du nécrophile plutôt que de rester seul avec ces oiseaux maudit, Prius accélère et rejoint prestement Aord. Puis alors qu’ils produisent un boucan infernal, aussi soudainement que lorsqu’ils ont emporté le jeune garde, ils disparaissent, et c’est comme s’ils n’avaient jamais été là.

Primus frissonne, en pénétrant dans le très justement surnommé « village fantôme ». Si cela explique la présence de la trappe, cela ne leur explique pas comment un village a-t’ il put être construit ici et surtout pas qui, ou bien encore quand ?

Son pied butte dans un objet métallique, et l’aristocrate s’accroupie et tâtonne prudemment, le nécrophile barbu continuant sa marche, d’une allure décidée. Des armes, diverses et variées. L’odeur de rouille est présente mais cela pourrait être pire. Elles ne sont donc pas si anciennes que ça. Pourtant, ils semblent bien être les seuls ici. Lorsque ces doigts se referment sur un bouclier, Primus à presque envie de l’emmener… Mais il a déjà du mal à suivre Aord dans le chemin pentu, inutile d’ajouter du poids en plus.

Il se relève et laissant là les armes, rattrape le dernier membre de son escouade en trottinant. Passant devant plusieurs maisonnettes sans s’arrêter. Pourtant, fouiller quelque unes d’entre elles aurait pu leur en apprendre plus sur leur environnement et surtout sur ce qui pourrait les attendre… Mais tout ce que semble souhaiter le nécrophile c’est de sortir d’ici au plus vite… pour quoi ? Tout ça pour rejoindre la fournaise plus rapidement et mourir mangé par des plantes plutôt que par un ver géant ?

Prius peste intérieurement en suivant tant bien que mal Aord lorsqu’il passe devant une maison qui semble particulièrement en bon état… un simple coup d’œil ne peut pas faire de mal si ?

Alors que le moine prétend avoir trouvé une issue, Primus pousse précautionneusement la porte de la maisonnette, main sur sa rapière, prêt à dégainer. Rien de bien spécial dans la pièce a priori… Une couchette, une table et des chaises dans la même pierre que les murs, une cheminée… Rien de bien spécial… sur la table traine une pierre avec une forme peu naturelle… un tronc qui se sépare en deux branches… les yeux de Primus ne lui permettent pas de distinguer plus de détails.

Par une superstition qu’il se découvre depuis qu’il est sur cette île volante, il n’ose rien toucher et fait demi-tour, se hâtant pour rejoindre cette tête de mule de nécrophile, si pressé de rejoindre Lucie sait qu’elle nouvelle horreur les attend !