Tout est parfaitement en place dans la maison. Tout est en place dans le palais. Tout est parfaitement à la place où cela doit être. Entre les livres d’Ebrahim ou les différents dossiers à traiter, voir la nourriture du familier, tout est à l'emplacement exact où cela devrait être afin de pouvoir me mettre au travail efficacement ou encore faire une pause pour une arrivée plus ou moins prévue du grand dadais du nord. Il serait si simple de m’y mettre de suite, mais il y a une envie qui me démange bien trop qui demande à être comblé.

  - Monsieur, Optimizette est de retour.

Je lève la tête de mon rapport que je lis en boucle sans vraiment l’imprimer et regarde Ajorelle, ma secrétaire semble avoir de plus en plus de fatigue qui va sur ses épaules aussi, sa famille lui manque et cela se voit aussi. Mauvais timing d’avoir le déménagement et voyage qui tombait tout juste quand son fils rentre de quête, pour une fois qu’il rentre rapidement et sans blessure. Il lui avait été proposé de rester avec lui, mais têtue comme une mule, cette dernière avait voulu venir. Je soupire et hoche la tête, lui faisant signe qu’elle pouvait continuer à son occupation principale, c’est-à-dire son départ.

   - Il voudrait vous voir en fait monsieur.

Ah ! Cela n’était pas prévu par contre. Je ne pensais pas que mon garde du corps voudrait me voir en début de soirée, surtout avec les préparatifs de son futur mariage. Tellement de changement à prévoir dans ma maison, tout le si bon personnel qui va partir au fur et à mesure. Est-ce que la capitale forme d’aussi bons domestiques que le Nord ? Une question qui trouvera une réponse dans le temps. Je lui fais un nouveau signe de la main pour lui signifier de le faire rentrer et elle repart rapidement pour aller chercher l’hybride warg. Je ne sais pas ce qu’il a trouvé de nouveau, mais j’espère que cela me distraira de mon envie de jouer.



Cela a complètement distrait mon envie de jouer. Complètement. Enfin, pas exactement, mais l’idée est là. La queue animale de mon garde du corps se balance de contentement derrière lui alors qu’on est devant l’établissement qu’il a visiblement trouvé pour moi. L’insomnie. Rien que le nom me fait sourire en connaissant mes courtes nuits de base. Je tapote doucement la tête de l’homme qui fait une tête de plus que moi et ce dernier secoue encore plus son appendice dorsal. Brave garçon.

   - Je savais que t’aimerais ça monsieur ! Enfin vous… Mais on est plus en service officiel donc ça passe ? Enfin, oui, ça passe, puis j’ai trouvé cette cave à trou bien profonde et… AIE !

Mon pied vient de s’écraser avec une certaine puissance sur son pied à lui à la suite de son commentaire sur les possibles prostitués des lieux. Il y a déjà bien trop de laxisme de ma part sur pas mal de points de son langage on va éviter de se faire viré directement avant d’avoir mis un pied à l’intérieur pour des propos tout sauf plaisant.

- Fallait pas être si violent pour le vouvoiement… Putain, dans un lit ça doit plus se sentir pisser droit sa majesté avec ce genre de standards.
C’était pour les prostitués.
  - Hein ? Mais Ricetta disait que vous cherchiez ce genre d’établissement en salle de pause. Je croyais que c’était pour ça que vous veniez. Enfin, moi depuis Cristal je tire plus mon coup à côté, sauf… ça ne comptait pas… On était plus ensemble à cause d’une embrouille et la meuf sentait le cerf et… C’était il y a longtemps de toute manière ! Et la meuf ici était ultra cool et…

Je le fixe toujours sans rien dire. Clairement, il a remis le couvert plusieurs fois, avec au moins une fille ici, on est ici depuis pas assez longtemps pour que cela soit vraiment si long que cela que ça date. Il semble parfaitement le comprendre au fur et à mesure qu’il s’enfonce de plus en plus dans ces paroles. Ce qu’il fait de la loyauté de troisième bras ne me regarde pas vraiment. Je trouve simplement dommage de perdre un bon garde du corps pour une fille qu’il va tromper à chaque dispute, mais c’est sa vie, pas la mienne. Je prends le temps d’écrire pendant qu’il continue ces explications que j’ai lâchées depuis un moment.

C’est pour jouer aux cartes que je suis là, pas pour tirer mon coup. Ce que tu fais de ton temps libre ne me regarde pas, du moment que tu ne veux pas être crapuleux avec moi.

Il regarde le mot un moment, puis me fixe un moment et fronce les sourcils. Visiblement il y a quelque chose qui est mal passé, mais cela m’importe assez peu pour le coup. On commence à être un peu trop le centre d’intérêt de certaines personnes du personnel visiblement.

   - C’est comme ça que les nobles parlent de faire leur affaire ?

Je soupire, lève les yeux au ciel et rentre dans l’établissement las d’avance de toute cette histoire. Pourquoi est-ce qu’il m’a suivi en plus ? Ah, oui, sinon j’allais me perdre et Ricetta aurait eu une crise cardiaque de me savoir soi-disant sans défense dans un lieu indigne de ma personne. La bonne blague pour un gars qui a fait partie de lieu aussi indigne avant d’être à mon service suite à une partie de poker. Miser sa personne quand on n’a plus rien à miser est compliqué. Surtout quand le gagnant doit tout de même vous racheter à la maison close pour avoir son gain. C’était un bon salopiaud avant d’être un bon valet cette tête de con.

  - Mais attendez ! Si vous avec un accro sur vos vêtements Ricetta va encore le retirer de ma paye.

Menteur, c’est si j’ai un bleu seulement, mais mon valet a un sens du dramatique qui m’a toujours impressionné. Qu’importe. Je rentre enfin dans les lieux du club qui semblent des plus sympathiques et un parfait endroit pour passer une bonne soirée de base. Mon corps se détend et un sourire naît sur mes lèvres, il ne faudrait plus que trouver une personne qui joue aux cartes ou à tout jeu de hasard et cela serait vraiment le pied.

   - C’est déjà votre goût niveau de belles miches du coin ?
   - Tu es l’amour de ma vie.

Je vois Optimizette verdir d’un coup à l’utilisation de mon pouvoir. J’y suis pour rien si cette phrase de sa dulcinée a été un jour à portée de mes oreilles alors qu’elle le lui disait à lui. Il a les oreilles qui se baissent et les yeux qui deviennent tristes et je vois d’avance qu’il va commencer à me pleurer dans les pieds si je ne règle pas ça rapidement. Je suis heureux de savoir écrire rapidement dans ce genre de cas et lui mettre mon bout de papier sous le nez avant qu’il commence à geindre est plaisant.

Je ne lui dirais rien, mais arrête tes remarques on a tous nos écarts dans la vie. Je veux vraiment jouer aux cartes.
   - Mais pourquoi un bordel alors ?
Tu connais beaucoup de lieux où tu peux payer le temps de gens qui savent de comment jouer la comédie parfaitement à fin de jouer au poker sans se faire cramer au deuxième tour ? Ou assez habile pour t’avoir sans que tu n'y vois rien ?
   — C’est de si bon adversaire que cela à vos jeux ?
Les meilleurs assez souvent.

Je souris sur ce bon souvenir et prends place à une table attendant un peu de voir ce qu’offrent officiellement les lieux avant de voir la partie un peu moins propre. Ce n’est pas comme si on proposait les services extra de la maison directement au nouveau venu, même s’ils sont avec une personne qui en profite déjà.

Je pense qu’il est important, avant de continuer de continuer cette histoire, d’expliquer en quoi Optimizette peut-être impressionnant dans sa manière d’être juste en étant lui. Oui, nous reviendrons à l'histoire ensuite, là on fait un exercice de visualisations que nous tenteront plusieurs fois dans cette histoire.

Nous avons donc à faire à un homme de relativement grande stature. Moins grand que beaucoup d’hommes de sa propre famille, mais en soit-il ne lui manque de deux misérables centimètres pour voir sa taille mise à deux mètres. Ce sont des géants dans sa famille, certains disent que c’est son hybridation Warg qui réduit un peu sa taille. Il a des oreilles animales d’un noir des plus sombre qui se fonde parfaitement dans sa chevelure, une qui lui arrive au bas du cou et qui a tout du pelage fou d’un chiot c’étant trop roulé dans l’herbe. Si on compte ces oreilles, il dépasse les deux mètres d’un centimètre et demi, mais nous chipotons sur les détails. De son animal d’hybridation il a aussi une queue des plus touffue qui se balance dès qu’il exprime un peu de joie et qui de manière générale exprime parfois bien plus que lui tous ces changements d’humeur, tout comme il a des crocs tout ce qu’il y a de plus animal. Il lui est souvent arrivé de se mordre lui-même les lèvres laissant des cicatrices fines autour de sa bouche que certains prennent pour des blessures de baston. C’est aussi un homme avec des muscles placés au bon endroit et tout ce qu’il y a de plus agréable à regarder, surtout un fessier des plus fermes si on veut mon avis sur la question. Bref, tout cela pour dire qu’Optimizette est un bon garde du corps par son physique ainsi qu’une parfaite diversion pour des yeux un peu trop baladeurs sur ma personne.

Maintenant que nous avons fini cela, revenons à nos moutons. Enfin notre position actuelle. J’allais faire signe à mon cher garde du corps de refuser un verre offert par une inconnue sans se présenter, mais je suspends mon geste en plein milieu pour écouter plus en profondeur sa proposition exacte. Un verre offert par la maison ce n’est pas comme un verre offert par n’importe qui. Je souris et accepte donc l’offre d’un hochement de tête.

— Ce n’est pas prudent de faire cela…
Impoli de refuser un verre offert par la maison.
— S’il est empois… De la compagnie pour vous…

Je lève les yeux de la feuille où je m’apprêtais à continuer à écrire pour communiquer avec l’hybride pour voir qui arrivait. Quelqu’un qui sait se tenir et accueillir du monde visiblement. Quelqu’un qui sait aussi parfaitement qui j’étais sans avoir besoin de m’annoncer, une personne avec qui il allait falloir la jouer fine je suppose. J’entends Optimizette se mettre à grogner de ce qu’il prend pour de la familiarité de l’autre homme, il me faut tapoter deux fois son torse pour le faire stopper son cinéma ridicule et une troisième fois pour qu’il ouvre la bouche alors que je me mettais à écrire pour répondre.

— Optimizette, le garde du corps de monsieur Orlin. Tout se passe bien, dispo… Aïe !

Je claque avec agacement ma langue sur mon palais et il semble comprendre qu’il n’a pas à avoir ce genre de comportement. Il est bien trop sanguin à certains moments. Les oreilles il me regarde finir d’écrire mon message après avoir son oreille humaine que je viens de tirer sans ménagement pour le stopper dans sa phrase.

— Excuse-moi… Je pensais que tu n’étais pas le bienvenu comme il cherche des.. AIE ! Mais !

Un autre claquement de langue et pincement d’oreille, il a vraiment tendance à avoir la langue trop bien pendue et souvent il laisse sortir des choses qui ne devraient pas. Bonjours les rumeurs dans ce genre de cas. Enfin, je viens de finir mon mot que je passe au propriétaire des lieux tout en faisant un geste à Optimizette de changer de place pour laisser la possibilité à l’autre homme de s’asseoir à mes côtés s’il voulait continuer la discussion.

Uriah Orlin comme vous semblez le savoir, enchanté. Pour le moment tout se passe et je vous remercie pour le verre proposé, votre personnel sait mettre à l’aise par rapport à ceux d’autres personnes. Est-ce que vous avez une salle de jeu ? Ou alors des personnes disposées à être des joueurs pour une bonne partie de la soirée.

Même si clairement mes phrases semblent être à double sens j’ai aussi appris qu’il valait souvent mieux dans ce genre d’établissement. Il y avait certains propriétaires qui n'aimaient pas forcément que leur fille ou garçon passe la nuit à vraiment jouer aux cartes, il paraît que cela donne une mauvaise réputation ou ce genre de connerie.

— Il y a moyen d’avoir à manger gratuitement aussi ? AIE ! Je demande simplement… Désolé…

Il est vraiment impossible quand il s’y met. Heureusement qu’il fait du bon travail tout de même.

Il y a un frisson sur ma droite qui vient de mon garde du corps. L’emploi du monsieur pour lui parler lui fait de l’effet. Cet homme a des fantasmes et envies bien trop visibles pour son propre bien, mais je préfère jouer à celui qui n’a pas remarqué, c’est moins gênant pour tout le monde. Surtout pour un homme qui hurle haut et fort être hétéro de son cœur palpitant jusqu’au bout des griffes. Peut-être que se le dire l’aide à mieux dormir le soir, si ce n’est que cela il devrait plutôt investir dans une couverture à dodo que dans des illusions futiles.

   — Il y a un étage ?

En tout cas c’est bien, au moins certaines de ces réponses spontanées aident à communiquer. Comme un peu tout mon personnel en fait. Visiblement, ce brave petit a pu connaitre certain plaisir des lieux, mais pas tous ou alors peut-être pas officiellement. Il a un certain don pour mettre son nez dans ce qu’il ne devrait pas en même temps.

C’est mon garde du corps qui m’a parlé d’ici en beaucoup de bien avec un certain goût, s’il ne connaît pas l’étage, moi non plus.
   — Je n’aurais pas forcément dit un certain goût, puis je ne connais pas tant que cela hein, juste il y a cette fille qui… Aïe ! Oui, monsieur, j’arrête, mais pas les oreilles…

Lesdites oreilles de warg se baissent alors que je viens de tirer dessus pour le stopper dans son envolée. Pas que je ne veux pas qu’il s’exprime, mais d’une je n’apprécie pas forcément qu’il lise au-dessus de mon épaule, même si c’est ce que fait tout mon personnel tout le temps quand ils sont dans les parages quand je m’entretiens avec une personne, mais surtout cela sentait de loin qu’il allait encore faire des justifications foireuses pour nié le fait d’avoir pris du plaisir avec du personnel des lieux. Parfois je me demande si un médaill'ond'air ne serait pas une solution pour que cela se sente moins, mais l’objet ne sert malheureusement pas à cela.

Commande deux boissons au lieu de t’occuper des affaires des adultes.

Il ouvre la bouche avec un air clairement outré, c’est vraiment des plus satisfaisant de le taquiner alors qu’il attrape si rapidement la mouche. Il fait deux fois le poisson hors de l’eau avant de comprendre que c’est une simple boutade et se retourner pour s’occuper ladite Noëlle des boissons. Une bière pour lui, du thé au jasmin pour moi. Franchement, il aurait pu aussi me prendre de l’alcool, mais tout mon personnel semble penser que je ne bois que du thé, en même temps c’est ce qui est toujours dans les thermos magiques que ma sœur m’envoie pour tester les nouveaux mélanges et ma consommation est bien plus importante que ce qui aurait pu être classique.

Je le vois aussi regarder un peu trop les formes de la demoiselle et clairement, il a de la chance que je ne sois pas un mauvais employeur qui enregistre ce genre de moment dans un cristal souvenir dans le but de l’utiliser contre lui un jour. Quoi que, pas que je souhaite l’utiliser contre lui un jour, mais le principe de pouvoir renvoyer en illusion des choses que je vois est peut-être compatible. À discuter avec un enchanteur à l’occasion. Pour le moment je reprends le cours de mon écriture et m’occupe de cela en priorité.

Vous seriez parmi nous comme joueur ? Je suis assez curieux de ce que vous pouvez avoir comme compétences vous-même. Les propriétaires ont toujours un doigté différent de leur employeur, mais ça n’en retire aucun cas ne le charme. Poker ou tout jeu de hasard me conviennent.
   — Monsieur… Je ne voudrais pas être désagréable, mais…

Il se stop à un de mes regards, il se serait pris une projection de manta pist'.

   — Je n’ai rien dit… Je voulais simplement y participer aussi.

Un sourire fleurit mes lèvres et je me retourne vers Ash pour connaître sa réponse à lui sur le sujet et s’il a bien ce genre de service dans son établissement.

Nous avons eu une incompréhension visiblement. Rien de bien fou, mais une incompréhension tout de même. Je souris amusé par cela, car c’est presque voulu quelque part. J’aime ce moment de flou, celui que j’entretiens pour la famille, pour le monde, les rumeurs qui vont avec. Depuis toujours c’est une réalité de mon monde et je caresse doucement du bout des doigts mon cahier en écoutant les propos de Ash qui vont de plus en plus dans un sens plaisant pour moi.

   — Monsieur, ça va être encore mieux que ce que vous pouviez rêver.

Le murmure plein de joie dans mon oreille d’Optimizette me fait grandement sourire. Oui, cela va être bien mieux. Il me propose sur un plateau en argent exactement ce que je souhaite. Il ne manquerait plus qu’avoir à gagner des artefacts que l’on puisse étudier et cela serait sans aucune hésitation la proposition de l’endroit où je passerais l’entièreté de mes moments d’insomnie sans travail. J’aurais un tel plaisir à faire découvrir ce genre de lieu à Ebrahim.

Doucement et sans me presser alors que toute l’adrénaline de tout ce qui sera possible se met à couler dans mes veines. Je suis un drogué à qui ont proposé une dose qui a l’air des plus belle, pile poil le mélange que j’aime ou presque, comment refuser une telle chose ?

Je pense que c’est absolument et parfaitement ce que je souhaite pour le tournoi. Pour l’adversaire de ce soir, une personne qui apprécie parler et qui apprécie les jeux de cartes est suffisante. Je ne suis pas non plus un adversaire des plus compétitif.

C’est une réalité. J’aime jouer, mais pas forcément gagner ? C’est le moment grisant simplement de jouer qui me plaît.

  — Pourquoi qui aime parler ?

La question est partie toute seule de mon garde du corps qui semble perplexe. C’est vrai que le côté aime parler n’est pas forcément dans mes critères en temps normal. Je lui tapote trois fois la cuisse et il fait un o de compréhension avec sa bouche avant de souffler un merci. Même si parfois il est un peu agaçant, je souhaite prendre soin de mon personnel et je sais que lui aime discuter de tout et de rien avec les gens.

Dans tous les cas. Même si la partie n’est pas ce soir, nous avons un accord, je pense. Merci pour cette proposition plus que généreuse.

Je me mets à boire la boisson qui est ramenée entre-temps et me cale un peu plus au fond de mon assise. C’était une bonne idée de venir. Je ferais un effort sur la paye d’Optimizette pour cette lune, un peu plus que d’habitude.