Avoir des soirées uniquement à soi, sans enfants dans les pieds ou familier c’était pas si mal. Vraiment, Faolan était assez heureux que son frère et sa sœur aient décidé de venir passer quelques jours à la Capitale pour rencontrer Rune qui venait tout juste d'intégrer sa petite famille. Il aurait pu passer la soirée avec eux, mais sa fratrie l’avait plus ou moins mis à la porte et il avait tout juste eu le temps de prendre son petit et grand sac sans fond avec son bordel dedans avant que la porte se claque derrière lui. Visiblement ce soir devait être une soirée prise de contact et il était de trop ou alors sa famille voulait simplement qu’il s’amuse pour une fois, mais il n’avait pas trop envie et surtout ne savait pas trop quoi faire.

Par la force de l’habitude plus qu’autre chose, il poussa la porte d’un bar sympathique où il avait pu faire pas mal de service pour aider durant les périodes de vacances de certains des employés. Vraiment, un petit quelque chose de bien sympathique qu’il avait apprécié. Malheureusement pour lui aujourd’hui tous les personnels étaient présents et aucune place en cuisine n’était disponible pour lui en ce tout début de service. Sans trop savoir quoi faire, il décida de prendre place dans la salle et se paya un verre de jus de pomme, presque comme un enfant, le temps de réfléchir quoi faire.

   — Non, mais je te jure, la meuf a refusé d’ouvrir les cuisses alors que j’avais les cristaux pour payer.

Sans même forcément y faire attention, son attention se prend dans la conversation de la table derrière lui. Même s’il ne veut pas l’admettre publique, il est bien trop friand des rumeurs pour ne pas mettre son nez dedans.

   — Attends, elle n’a pas voulu ?
   — Oui. Bordel, la seule chose que je lui demandais c’était de retirer sa bague contre mouflet parce que la sensation n’est pas top.
   — Non, mais je te comprends, c’est relou comme sensation quand sa main te touche.
   — Du coup, j’ai dit merde à mon post dans établissement et son boss vas surement la virer pour sa merde à cette conne.
   — Bien fait pour cette connasse.
   — Franchement, en plus elle ne savait même pas bien utiliser sa bouche de base.
   — Donne l’adresse pour que je n’y aille jamais.
   — C’est le cabaret en bas de la rue, l’Insomnie machin.
   — Ça a l’air classe pourtant.
   — De la merde, osef le salaire, de toute manière ils ne vont pas trouver un cuisinier à la dernière minute comme cela.
   — Elle avait qu’à plus réfléchir cette connasse.

Il y a comme un certain malaise qui se fait en Faolan sur tout cette histoire qu’il trouve dégoûtante pour la fille en question. Forcer la main à quelqu’un pour des rapports, pas protégés en plus, juste par caprice lui semble être parfaitement idiot. Laisser en plus tomber un employeur et possiblement mettre la dite fille en difficulté n’est pas pour arranger l’histoire. Finissant son verre, il sort des lieux sans rien dire de plus, il ne va pas se battre contre ces crétins, mais va tenter tout de même de réparer les pots cassés. Ça occupera sa nuit au moins et il n’a jamais travaillé pour un cabaret jusqu’à présent en prime.

Il trottine, court serait le meilleur terme pour le coup, jusqu’à l’établissement cité un peu plus tôt, mais les portes sont encore closes. Ce n’est pas encore ouvert, mais du personnel est déjà présent à visiblement courir dans tous les sens pour préparer la soirée qui ne tarde pas à venir bientôt.

   — Heu ! Bonsoir !
   — On est occupé gamin.
   — Je suis le cuisinier remplaçant de ce soir ? Je crois... Est-ce que je peux voir le patron pour ce point ?

L’employé qu’il vient d’interrompre dans sa tâche de faire rentrer des sacs dans l’établissement le regarde de haut en bas cherchant visiblement à comprendre.

   — Je vais aller voir avec lui, mais ne venez pas vous plaindre s’il n’est pas agréable avec une retardataire.

Le culot fonctionne parfois visiblement, plus qu’à voir pour combien de temps.

Le culot c’est bien, mais là tout de suite il a envie d’avoir encore ses Fumerolles sur lui, ne pas les avoir vendus, pour avoir une possibilité de fuite si jamais cela se passait mal. Il ne sait même pas comment et pourquoi cela se passerait mal, mais, par contre, il est parfaitement conscient d’être dans une situation bien confortable de base, mais c’était une bonne action alors Lucy allait être avec lui n’est-ce pas ? Lucy n’était pas une farceuse qui lui avait fait des tours durant toute sa vie tout de même. Enfin, presque. Il lui semble.


L’air semble se raréfier dans ces poumons quand il voit une personne venir vers lui et avoir l’air tout sauf de bonne humeur. Qu’est-ce qu’on est de bonne humeur quand on se fait planter par la personne qui doit remplir le ventre des invités quelque heure avant l'arrivée des dits invités ? Attendez, est-ce que ce sont vraiment des heures et pas des minutes voir moins qui rapproche l'arrivée imminente de la tempête. Il n’en sait strictement rien et tout cela fait prendre de plus en plus conscience à Faolan que venir est des plus précaire.


Les mots percutent les oreilles du cuisinier et même s’il n’est agressif en rien dans ces propos tout son corps dit clairement qu’il passera un mauvais moment s’il lui fait perdre son temps. Il y a un vent de surprise, littéralement qui lui échappe et il tente de garder tout son calme et son intérêt pour la situation pour garder le ciel dégagé du moment qu’ils sont dehors. Il paraît que mettre une tempête maintenant serait vu d’un mauvais œil. Pourtant, les émotions ne se contrôlent pas si facilement et il le sait parfaitement et quelques petits grêlons d’appréhension sont présents sans qu’il ne puisse rien y faire. Il y utilisera son objet de pouvoir s’il part vraiment en live niveau ressentiment. Là, il doit ouvrir la bouche et agir. Tout de suite, même si sa tête est vide de ce qu’il va dire exactement.


   — Heu… Bonjour, je suis un gars qui a entendu votre cuisiner dire qu’il ne viendrait pas et comme je suis moi-même cuisinier et que… hum… Je n’ai pas de contrat pour ce soir et que c’est moche de se faire planter au dernier moment… C’est tout sauf sérieux et…


Il lève les yeux des mains qu’il agite dans sa tentative d’explication et grimace un peu. Il avait dit court le gars et là il fait long, lui-même serait agacé par ce genre de façon de faire. Il prend une forte inspiration et reprend depuis le début correctement avant qu’on l’envoie bouler pour parler à tort et à travers alors qu’il y a des gens qui sont visiblement pressés ici.


   — Bref, je suis Faolan, cuisinier itinérant et je propose mes services comme vous avez perdu visiblement votre cuisinier. Si vous le cherchez et que vous préférez voir avec lui, il est au Boufton rieur.


Il y a un risque que cela finisse mal pour la fille qui a été impliquée dans toute cette histoire ou encore pour le lâcheur de poste, mais il y avait une limite à sa compassion pour de parfaits inconnus. Surtout, il y avait une certaine autorité naturelle dans l’homme en face de lui qui lui rappelait Elthas, le père biologique de son fils et ami d’enfance ainsi que premier amour, accessoirement un gars qui avait toujours su régner sur son petit monde. Un noble dans toutes les pores de sa peau. Doucement, Faolan voit quelques flocons de sa songerie se former et chuter tranquillement au sol. Au moins il n’y a rien de violent en émotion pour le moment. Il tendit la main en avant pour la présenter à son interlocuteur comme pour tenter de signer un accord avec lui, détendre l’ambiance ? Il ne savait plus trop lui-même.

Il aurait pu faire marche arrière. Il aurait totalement pu et ne pas s’en mordre les doigts, enfin, il lui semble, mais il avait suivi le mouvement le plus docilement du monde. Sans un mot de plus il avait pris la suite de gérant et il y avait une appréhension qui venait en lui en même temps que le ciel se faisait parfaitement dégagé avec quelques grêlons. Il n’avait aucune idée à quelle sauce il allait être mangé, mais avait décidé de faire avec à la base. Il était parti trop loin dans cette histoire pour simplement s’enfuir, puis, il y a un je ne sais que quoi dans l’homme en face de lui qui lui dit très bien que toute fuite est déjà trop tard pour lui.

Il attrapa sans trop comprendre le globe de vérité que lui donna Ash. Il le regarda un petit moment sans trop comprendre avant de regarder à nouveau le propriétaire des lieux. Cette chose était son entretien d’embauche pour la soirée ? Visiblement, il n’en avait jamais vu, mais secoua bien rapidement sa tête avant de se préparer pour reprendre ce qu’il avait dit, mais sans trop savoir quel point dire exactement. Tout depuis le début ou juste la partie simplifier ? Il sent bien que la patience de l’homme face à lui est clairement à fleur de peau et qu’avec cela Faolan n’a pas un temps infini de réflexion pour des questions stupides.

   — Faolan Sealtar, cuisinier itinérant, je viens pour remplacer le cuisiner pour la soirée après avoir entendu qu’il avait fait faux bon ici pour le service qui allait commencer.

La sphère resta d’une couleur blanche et Faolan n'avait aucune idée si c'était une bonne chose ou non que de voir cela. Il ne savait s’il savait continuer jusqu'à ce que la sphère réagisse à un moment ou un autre.

   — Je ne suis certainement pas le meilleur cuisinier du coin, mais je sais me débrouiller dans les situations assez précaires et faire toujours de mon mieux. J’ai même une cuillère pour donner de l’énergie à vos invités et…

La sphère reste blanche dans ces mains, ne semble pas réagir et il déteste la sensation de ne pas comprendre de pourquoi cette chose lui a été mise entre les doigts sans en comprendre le fonctionnement de base.

   — Votre truc ne me met absolument pas à l’aise.

Toujours aucune réaction autre que cette couleur blanche qu’il ne comprend pas. Il n’arrive pas à savoir si c’est un bon signe ou non, si cette chose lit dans ton esprit et laisse l’autre lire en même temps. Si même ce n’est pas juste factice pour voir la version ne change pas, quoi qu’il en soit il rend le globe de vérité à son propriétaire aussi rapidement que possible et tire sur une des lanières de son sac par réflexe plus qu’autre chose. Il pouvait entendre sans l’ombre d’un doute la grêle se mettre à tomber sur le toit de l’établissement et il grimaça au bruit. Il regarda en l’air et soupira un coup avant de tenter de se calmer, mais cela ne fit qu’atténuer l’intensité de l’intempérie et non l’arrêter. Il pourrait utiliser son collier pour calmer le tout, mais il avait l’appréhension de ne plus avoir la possibilité de contrôle à un moment où ces émotions seront vraiment en vrac.

   — Désolé pour la météo.

Il marmonna cela sur la fin et attendit sagement qu’on lui donne la direction des cuisines pour s’y réfugier ou de la porte pour juste se terrer ailleurs pour affronter son malaise du moment.

Les présentations et l’explication pour l’orbe arrivent. D’un seul coup, l’inquiétude et le mal être qui avait pris place en Faolan semblent se balayer d’un coup. Il n’y a pas une joie stupide qui a pris la place, simplement un intérêt profond pour les paroles de l’homme, laissant dehors un ciel parfaitement dégager en échange. Il suit le mouvement et hoche simplement la tête pour la question du salaire. Il n’a aucune idée de combien l’autre pouvait toucher et soyons honnête, c’est souvent quelque chose qui passe au-dessus de la tête du père de famille. Être à l’abri financièrement donne une certaine naïveté sur le monde quelque part.

Quatre heures pour mettre en place tout un repas est un peu court, surtout sans connaître la liste des ingrédients sur place, mais en même temps c’est un défi qui amuse d’un coup le blond. Un sourire sincère se dessine sur ses lèvres, la pluie recommence à tomber dehors et il se retrousse méthodiquement les manches avant de vraiment se mettre en place dans cette histoire. Des questions, il en a, mais rien qui n’empêche de commencer à faire un rapide tour de la cuisine mise en place afin de la prendre en main. D’un coup, c’est comme s’il nageait complètement dans son univers chéri.

   — Ça semble viable et avec assez de temps… Un peu la course, mais réalisable…

Il marmonne cela plus pour lui qu’autre chose alors qu’il se met rapidement à regarder aussi les réserves et chercher du bout des doigts de quoi écrire mine de rien. Farfouillant dans son sac il sort une mine et un bout de papier et commence à dresser une liste rapide de plats possibles à faire, rapide et surtout pratique pour un repas dinatoire vu ce qui est présent sur place. Par exemple, la soupe on oublie, trop de risque. Il se stoppe dans ses notes et tourne la tête vers le propriétaire des lieux.

   — Est-ce qu’il y a un thème pour la soirée ? Pour savoir si je dois m’amuser à donner telle ou telle forme à des éléments pour le rappeler un peu.

C’est une habitude qu’il a de plus en plus avec ses enfants, mais il a remarqué que certains clients aiment bien cela aussi.

   — Heu… Sinon… Hum… Pour la tenue… Est-ce que c’est possible d’avoir quelque chose à manche courte ? C’est plus pratique pour cuisiner si je dois ajouter quelque truc à cuire ou même le service.

Plus libre de ses mouvements. Tout en disant cela, il commence à sortir de son sac ce dont il a besoin pour vraiment travailler efficacement pour le coup. Tel que son sèche vite, son sépare tout, son cui-cui vapeur, son grille gourmand, sa broche à Marshmallow ou encore sa cuillère énergique. Il y a encore bien d’autres objets magiques de cuisine qui sortent du sac sans fond, mais cela nous n’allons pas faire toute la liste maintenant.

   — Merci pour votre confiance en tout cas.

Tout est placé pour circuler facilement et même sans plus de réponse que cela il se met à tremper et laver la salade et autre légume de base pour les plats, comme carotte, tomate ou encore champignon pour ne parler que d’eau. Tout comme de l’eau est mise à chauffer pour des cuissons. Doucement la cuisine prend vie et après avoir enfilé rapidement un tablier noir des plus simple il s’affaire en ayant de temps en temps un œil sur la petite liste qu’il a commencé de faire de manière grossière.