Vreneli les amena à l’extrémité de la cavité où celle-ci semblait continuer dans une prolongation ombragée quelque peu plus abritée de l’ire de la féroce créature, et Calixte les y fit tous défusionner. Avec autant de précautions que leur permettait la situation, les deux espions aidèrent Lilith à réceptionner un Ramar inconscient contre le sol de leur refuge de fortune, l’allongeant dans l’ombre de l’une des parois minérales avant de lever un regard inquiet vers le combat visiblement inégal qui les soustrayait temporairement de la colère de leur phénoménal adversaire. Une peur aiguë, surplombant l’effroi latent qui s’était confortablement installé dans sa chair depuis leur arrivée sur les lieux, saisit l’entièreté des rares songes encore lucides du coursier. Il n’était là d’aucune utilité pour leurs trois camarades tentant vaillamment l’impossible, et aucune des percées des attaques violentes de la bête ne semblait actuellement exploitable de manière sécurisée. Il était temps de se remettre en mouvement pour, si Lucy le voulait bien, trouver ailleurs d’autres leviers en leur faveur.

Sa main trouva instinctivement l’épaule de Xylia qu’il serra fermement entre ses doigts avant de céder à la tentation de lui administrer une brève embrassade tendue d’émotions.

- Cristal de communication si besoin, murmura-il à l’oreille de la jeune femme, alors que cela devenait une évidence, mais qui faisait du bien d’être rappelée au-devant de l’adversité.

Et sans plus s’appesantir, puisqu’ils se connaissaient amplement et avaient suffisamment travaillé de concert pour appréhender silencieusement les réactions l’un de l’autre en mission, le Damoiseau laissa L’Anguille accompagnée de Lilith au chevet de l’aventurier, et s’élança à la force de ses bottes de propulsion dans les ténèbres du passage se découvrant dans le fond de la cavité. Il leur fallait trouver des ressources, et ça n’était pas cet antre mortel qui en offrirait d’accessibles au coursier.

Bientôt, l’écho et l’éclat du combat dans son dos ne fut plus qu’une sinistre rumeur s’effilant contre les courbes du boyau minéral, jusqu’à disparaitre tout à fait au détour d’un passage. Seul le tapotement régulier de ses pas contre la pierre fit alors réponse à ses pensées embuées d’affects lui tordant les boyaux, et il força son attention contre les reliefs faussement calmes du paysage souterrain s’offrant toujours plus à lui. Ici, les plantes lumineuses de plus tôt s’étaient extrêmement raréfiées, et sans l’aide de ses lunettes de jour Calixte n’y aurait vu goutte. Comme le chemin se divisait pour lui offrir une multitude de possibilités, écoutant son instinct en l’absence de meilleur élément de choix, il marqua de sa lame wardän le passage de son arrivée et celui de son révolu, et poursuivit sa route.

Contre son doigt, la bague reliée à Solveig fit déferler dans sa chair une vague d’effroi manquant d’arracher les dernières bribes de son intégrité mentale et, dans le silence angoissant du labyrinthe rocheux enserrant ses songes perclus d’angoisse, ses jambes redoublèrent d’effort en retour.

Les mètres de pierre et de gravas défilèrent sous ses pieds au rythme des secondes, puis des minutes, écartelant ses pensées de doutes toujours plus féroces. Traçant contre ses joues quelques sillons humides témoins du débordement des vagues de peur ravageant son âme. Mais rien, dans sa situation immédiate, ne pouvait ni aider les êtres aimés restés en arrière pour affronter l’impossible, ni sauver cette précieuse vie terriblement menacée au bout de sa bague enchantée. Alors, à chaque foulée enragée de son impuissance, malgré des bonds toujours plus fatigués que les précédents, l’espion avança vers cet avenir difficilement plus implacable que la sinistre impasse actuelle.

Au terme d’une dizaine de minutes, peut-être, à l’extrémité du lien offert par le talisman de localisation, un changement dans le paysage redoutablement monotone des galeries s’offrit enfin à ses yeux. Ralentissant prudemment son allure, reprenant son souffle tout en chassant la fatigue tenace menaçant de lui ôter le contrôle de ses jambes flageolantes, indiquant à Vreneli de rester sur ses gardes, Calixte se dirigea vers celui-ci. Il y avait là une ouverture sur la lumière, laissant pénétrer une douce brise presqu’agréable après des heures passées dans les entrailles étouffantes de la terre.

Résumé et MAJ inventaire:

Chaque minute dans le silence étouffant de la pierre était un coup de poignard supplémentaire dans son cœur, déchirant d’une inquiétude sourde le misérable canevas effiloché de son âme. Que devenaient ses compagnons d’escouade laissés en arrière face au mastodonte mortellement courroucé ? Qu’advenait-il de Solveig, dont il avait à nouveau perçu l’éclat lancinant de la détresse ? Refoulant ces lugubres pensées menaçant de l’enliser tout à fait dans le brouillard pétrifiant de la peur, effaçant les sillons humides déversant sur ses joues le débordement de sa terreur impuissante, il avança vers cette lumière qui sonnait, peut-être enfin, le glas de leurs malheurs souterrains.

Il y avait là, au bout du passage minéral, une brèche d’une vingtaine de centimètres ouvrant les entrailles de l’île sur le monde extérieur. De nouvelles possibilités, ou bien un nouvel enfer. S’approchant d’un pas preste, le coursier sentit plus qu’il ne la vit – ébloui un premier temps par la clarté – l’étendue maritime s’étendant par-delà la fissure.

Allons voir, décida-t-il rapidement en se glissant dans une nouvelle bille.

Vreneli l’attrapa et se coula sans effort hors du passage trop étroit pour un humain, et le duo pu apprécier le paysage se découpant derrière la paroi de pierre fêlée. De ce côté-ci du désert volant l’onde s’étendait à perte de vue sous une hauteur sans équivoque fatale à quiconque tenterait d’y plonger. La rumeur de l’océan parvenait ici comme une douce mélodie de fond, portée par les vents marins dont l’humidité iodée s’estompait à la faveur de la chaleur irritante de l’île suspendue.

Monte voir, indiqua Calixte à Vreneli. Fais attention aux possibles prédateurs.

Sous les rayons du soleil, la nébuleuse du teisheba était relativement discrète, et le familier enhardi par cette énergie nouvelle qui lui était proposée n’avait aucune envie de faire preuve de retenue. Néanmoins, il gravit avec une certaine prudence la paroi rocheuse surplombant la brèche. Le coursier estima qu’un bon demi-kilomètre devait séparer celle-ci de la mer, et qu’une centaine de mètres l’éloignait du rebord supérieur où ils arrivèrent assez vite. Là, un horizon presqu’infini de dunes.

Un couple de secondes passa, l’espion accusant une nouvelle vague de désespoir, avant qu’il ne s’ébrouât à nouveau pour céder aux dernières pulsions avivant encore son âme fourbue. Sous son commandement, Vreneli quitta la surface sablonneuse pour regagner la noirceur étouffante des entrailles de la terre, et Calixte y défusionna. Attrapant l’un des carreaux explosifs – le dernier ? – que Zahria lui avait cédés avec ses brassards, il s’éloigna d’une distance prudente de l’ouverture. De là, il s’accroupit, senestre contre le sol, prêt à trouver le refuge d’une fusion.

Eloigne-toi, Eli, mets-toi à l’abri.

Puis, usant de sa télékinésie minimaliste, bien plus précise que ses piètres talents de tireur, il envoya férocement la flèche magique à la rencontre de la roche bordant la petite faille. Avant de se couler instinctivement dans le sol.

La déflagration arracha des lambeaux de pierre aux reliefs minéraux, projetant contre les parois tremblantes des nuages de débris de taille variée. Pendant qu’une vague sonore déferlait dans le boyau, brièvement accompagnée par son pendant lumineux, une secousse se déploya en corolle pour animer la roche de menaçants soubresauts. Depuis son refuge de fortune, Calixte pria brièvement Lucy de ne pas finir sa mission bêtement enterré à quelques mètres de l’issue. Et puis, au terme d’une grosse poignée de secondes voire d’une bonne minute, l’espace au-dessus de lui se dégagea. La brise, plus libre, se mit à nouveau à circuler franchement dans le passage, finissant de balayer les dernières particules en suspension. Il défusionna.

Outre la pierre davantage éventrée ayant projeté près de la brèche quelques morceaux rocheux, c’était surtout du sable qui s’était séparé des parois secouées. Le chemin jusqu’à la sortie était ainsi tout à fait praticable. Le trou, ensuite, ne permettait que de faire passer une personne à la fois, mais c’était tout de même une amélioration par rapport aux vingt centimètres initiaux.

Remontons, indiqua le coursier au teisheba revenu à sa hauteur.
Et, sans un regard en arrière, il réeffectua l’exercice de plus tôt.

Comme alors, aucune créature ne vint les menacer, et Calixte redéfusionna sans heurt pour trouver sous ses pieds la sensation quelque peu instable des dunes. Certainement iraient-ils plus vite uniquement véhiculés par Vreneli, mais il lui fallait encore faire le point avec le reste de son escouade – de ce qu’il en restait ? – avant d’aller décemment plus loin. Ses doigts trouvèrent instinctivement son cristal de communication, et son esprit celui de Xylia.

- Où en êtes-vous ? demanda-t-il d’un ton presqu’éteint, perclus de terreur et de fatigue.

En dépit de la distance, il pouvait sentir par Mélyne que Zahria, ou le groupe, l’avait suivi. Mais dans quelles conditions ? Le monstre de cauchemar les poursuivait-il ? Son regard fouillant de manière concomitante les alentours, cherchant cette fois-ci moins le danger immédiat que la moindre singularité, il avisa un étrange espace, à une dizaine de mètres plus loin, où d’étonnantes paillettes semblaient tomber. S’y dirigeant tout en écoutant les réponses de Xylia, il nota qu’il s’agissait en réalité de neige.

- Des flocons ? fit-il avec surprise, interrompant brièvement la jeune femme qui lui comptait ce qu'il avait manqué, sa curiosité affleurant temporairement le liseré de son angoisse. Qu’est-ce que…

Et puis, ses pensées intriguées retrouvant soudainement un coup de fouet, étudiant rapidement les alentours, il poursuivit :

- Vous avez utilisé ou activé un artefact ou objet magique aux propriétés climatiques ? Ou bien est-ce une particularité de l’endroit ? Il y a comme un microclimat neigeux au milieu du désert juste là…

Mais, finalement, c’était peut-être anecdotique au regard du reste. Surtout qu'il semblait qu'il s'agissait bien de la conséquence des actions du reste de son escouade, et de Zahria restée derrière... Chassant la nouvelle pointe d'horreur menaçant de le pétrifier, revenant aussitôt sur des préoccupations plus immédiates, il indiqua à l’espionne la fin de sa course dans le dédale souterrain – toujours bien balisé – ainsi que l’ouverture sur le vide. Et la nécessité de trouver un moyen pour rejoindre les dunes la surplombant à une centaine de mètres, ou bien d’utiliser les pierres de téléportation pour trouver refuge au camp, si elles fonctionnaient toujours. Ne pouvait-il pas les aider de quelques fusions ?

- … il faut que je trouve Solveig, Lia, avoua-t-il mu par cette certitude viscérale du noyé s’accrochant désespérément à sa bouée de fortune. J’ai encore senti… Il faut que je la trouve, répéta-t-il, le pas se dirigeant à présent vers les lointaines silhouettes pyramidales se découpant de quelques centimètres sur l’horizon. Je ne sais pas comment, poursuivit-il refoulant une nouvelle fois la panique menaçant de l’effondrer tout à fait, craquelant déjà sa voix et humidifiant ses pommettes. Je ne sais pas comment la joindre, ou la rejoindre ; mais je vais trouver, affirma-t-il fébrilement.

Et s’il devait appeler tout son répertoire cristallique, retourner chaque grain de sable, et tromper tout le belliqueux bestiaire sur l’île pour rallier son amante, et bien il le ferait.

Résumé et MAJ inventaire:

Ses pas s’étaient arrêtés au milieu du désert, la fracture ouvrant sur le précipice encore bien visible sur l’horizon d’un côté, et les minuscules pyramides grandissant doucement – bien trop lentement – de l’autre. Freesia s’était visiblement dépêchée de suivre sa silhouette évidente sur l’étendue sablonneuse, et l’avait rejoint depuis une poignée de secondes. Sa gourde fontaine dégainée pour offrir au petit laïum quelques gorgées d’eau bien méritée, Calixte fouillait le monstrueux silence alentour d’un regard affolé. Où était-elle ?

Son cristal de communication se remit en action avant qu’il n’eût pu se remettre en mouvement et, instinctivement, ses yeux se fichèrent vers l’horizon dentelé d’où il était venu. Un vent sec, moins puissant que ceux balayant le rebord rocheux de l’île, avait déjà commencé à recouvrir de sable l’empreinte de ses pas, et même les dunes alentours semblaient changer sous son souffle implacable. Après la fraicheur des entrailles du désert, la chaleur brûlante de celui-ci contrastait violemment contre la chair abimée du coursier. Ses brûlures récoltées au contact de l’œuf lançaient péniblement ses doigts, et son derme à nu rougissait déjà sous l’ardeur du soleil, se parcheminant davantage sous le voile irritant de la brise aride.

- Lia ? répondit-il dans un soupir bordé de sanglots.

L’ambre bascula abruptement du côté des lointaines pyramides alors que les mots de la jeune espionne imprégnaient son cerveau fatigué, et un premier réflexe d’opposition, férocement viscérale, entrouvrit ses lèvres. Néanmoins, la réalité de sa situation actuelle, et de celle du reste de son groupe, décanta rapidement des propos de sa sœur de cœur, et il hocha doucement la tête, résigné à ne pas céder à une pulsion honnête, mais complètement suicidaire.

- D’accord… acquiesça-t-il finalement, se rendant compte avec un temps de retard que Xylia ne pouvait voir ses réactions. Je vous attends. Freesia est avec moi.

Le contact se rompit, et l’espion observa d’un œil désemparé les alentours. Où était-elle ?

Il n’avait rien, pour la joindre directement. Il n’avait rien, non plus, pour s’orienter vers elle indubitablement. La fatigue, la fragmentation à vif de son âme, et l’inquiétude toujours plus grande ne faisaient rien pour aiguiser son jugement. La douleur physique, finalement, était une échappatoire bienvenue.

- Alors mon Petit Prince, on le retrouve notre chaton ? fit la voix d’Apolline, non loin de son oreille, le distrayant des croûtes qu’il triturait distraitement sur sa paume de main brûlée.
- Je ne sais pas comment…
- Ah frère, t’vois le truc, c’est qu’t’es un espion, hein ? Enfin, plus vraiment. Mais y a genre pas un préavis pour ces trucs-là ? Bref. T’vois quoi : comment tu fais d’habitude pour espionner ?
- On en a plein du matos ! A utiliser en solo ou à plusieurs. La bonne époque quand on voulait mater les fesses de Naë et qu’à la place on voyait celles de Luz…
- La boule de vision ! Abou ?
- Pas mal, frère, pas mal. J’suis sûr on peu grave tirer partie d’un objet comme ça. Hé, y a pas une convention, ou un article, pour réglementer l’usage de ces machins-là par contre ? Genre celle de Jeune-Eve ?

Reléguant la conversation de ses âmes artificielles à l’arrière-plan, Calixte récupéra sa boule de vision et l’actionna. Tout d’abord, son cœur manqua un battement à la vision des civières, nombreuses, dévoilées par l’objet magique. Et puis, réalisant qu’il s’agissait du campement de base, et des valeureux – certes, pas tous en bon état mais l’agitation montrée était bien signe de vie globale – revenus de leur expédition, sa respiration se fit plus ample. Au diapason de ce souffle délivré, une dernière poignée de perles humides dévala avec un certain soulagement ses joues déjà gravées de sillons salés, et les doigts enserrant toujours son cristal de communication se mirent à trembler avec fébrilité. Les détails de la boule de vision n’étaient pas assez précis pour qu’il reconnût un visage familier, et certainement ne lui montreraient-ils jamais Solveig directement, mais au moins pouvait-il attendre là, sagement, que ses camarades d’escouade le rejoignissent avant d’utiliser sa pierre de rappel. Peut-être, même, pouvait-il profiter de ce temps d’attente pour essayer quelques appels cristaliques.

Comme la chaleur se faisait toujours plus implacable au milieu des dunes, le coursier indiqua à Vreneli et Freesia la silhouette d’un étrange arbre qu’ils avaient croisé quelques mètres avant. Dans sa course effrénée, le soldat avait d’abord cru à une présence animale – que sa maladresse et sa fatigue n’auraient alors évité que de peu – mais il semblait en réalité s’agir d’un grand végétal aux formes noueuses polies par le vent. Des espèces de fruits ornaient son branchage alambiqué, et Calixte y planta sa broche nutrivif avant que l’un des familiers n’y risquât ses crocs. Et il fit bien, à la couleur peu engageante que prit l’objet enchanté. Récoltant tout de même machinalement un fruit, s’asseyant dans l’ombre de l’arbre en compagnie du teisheba et du laïum profitant aussi de ce temps d’accalmie, le regard effleurant l’horizon d’une attention distraite et lasse, il s’intéressa à nouveau à son cristal de communication. Il n’avait pas tant de personnes liées à celui-ci, et son instinct se porta tout naturellement sur Luz.

Il ne fallut pas plus qu’un couple de secondes pour que la voix de son amie répondit à son appel, que ses mots emplissent l’absence horrifiante en dépit d’une fatigue évidente faisant écho à la sienne. Et s’il n’avait été à des lieues de celle-ci, certainement l’aurait-il embrassée. Après tant de frayeur et d’incertitude, la sentence, enfin. Trempée de désolation et d’inquiétude latente, mais indubitablement lacée de résilience. Et de vie.

Solveig était là. Au camp de base. Rentrée avec son escouade. Avec Luz. Blessée, inconsciente, mais en vie. Bien en vie.

Et n’était-il pas étrange de se réjouir de son souffle persistant alors que la médecin lui avait dépeint – sous-entendu – des souffrances physiques, mais certainement aussi plus profondes ? Peut-être. Mais, présentement, Calixte n’en avait cure.

Le reste des secondes – minutes, heures ? – passa sous le voile opaque de la négligence, son esprit envolé vers de nébuleuses contrées aux tergiversations dissipées et instables. L’ombre d’une floppée d’animaux – de lièvres ? de gros pinplumes ? – se découpa un instant dans son champ de vision, mais les pensées à d’autres considérations le coursier resta aussi immobile que le marbre, et le groupe s’éclipsa dans son indifférence souveraine.

Xylia et Lilith – et plus de familiers qu’il ne lui semblait appartenir aux deux femmes – finirent par les rejoindre, et ils échangèrent brièvement leurs nouvelles respectives. Calixte nota distraitement qu’Arya semblait avoir tenté une méthode de retour plutôt suicidaire, que Jin avait été évacué avec sa pierre non sans quelques soins au préalable, que Ramar imiterait certainement son action, que Lilith aurait besoin de ses capacités pour rejoindre le campement, et que Xylia se retrouvait gardienne de toute une ménagerie. Il récupéra Mélyne, tremblante d’effroi contre la croupe d’Ykhar, et son cœur se serra à la vue de cette petite boule refusant de quitter sa position recroquevillée et de lui adresser le moindre regard. Les relations humaines n’étaient pas les seules qu’il ait mises à mal, visiblement, ces derniers temps.

Toujours distrait par le songe obnubilant, le besoin viscéral, de revenir aux côtés de Solveig, Calixte embrassa une dernière fois sa jeune sœur de cœur, plaquant un baiser absent sur sa couronne de mèches brunes poussiéreuse, et coula Lilith dans une petite bille de bois.

- Tu me montreras directement, indiqua-t-il à l’Anguille en lui rendant son cristal de massage. Ne tarde pas, insista-t-il ensuite.

Parce qu’il avait présentement d’autres urgences, mais que ses pas retrouveraient ceux du désert avant la nuit, d’une quelconque manière, s’il le fallait. Il n’y laisserait pas d’autre tribut.

Et puis, il activa sa pierre de rappel.

Le fourmillement du campement les accueillit comme un nuage déconcertant d’activité après leur évolution relativement esseulée – si ce n’était pour un bestiaire particulièrement belliqueux – dans les ruines du désert, et Calixte libéra Lilith afin qu’elle vaquât à ses propres occupations. Lui-même chercha tout d’abord les silhouettes de Jin et Zahria, afin de s’assurer de leur état – les dernières données de Xylia étaient quelque peu floues concernant la Maitre-Espion – et leur redonner – ou récupérer – les affaires qu’il avait pu emprunter. Il laissa notamment auprès de l’Ombre somnolente les brassards de Cord et ses derniers carreaux, hésitant un temps à reprendre le collier jumeau du sien. Et puis, comme ses doigts effleuraient pensivement les reliefs du pompom et du cristal qu’elle lui avait laissés, il abandonna le bijou enchanté au creux de la gorge de la jeune femme. Peut-être pouvait-il contribuer au terreau de leur nouveau lien.

Suivant ensuite les indications données par Luz, d’un pas preste et les pensées entortillées dans un conglomérat d’émois aussi divers que contradictoires, à peine émoussés par la fatigue et le soulagement de toucher enfin au terme de cette harassante expédition, il gravita aveuglément à travers le campement à la recherche de sa bien-aimée. Sourd aux possibles interpellations, des œillères férocement fixées pour ne le guider que sur le chemin irrésistible, et toujours plus pressant, de Solveig.

Et, finalement, il la trouva.

Résumé et MAJ inventaire: