Bien sur avec l'alcool vient les idées stupides. La chaleur est rare, et la grippe proche. Alors quelle meilleure idée que de se lancer de la neige au visage ? Et si le premier lancer de la femme est plus qu'aléatoire, les suivants marquent déjà quelques points. Ce qui provoque un grognement d'Almassar, se retrouvant à riposter pour défendre son honneur -et s'assurer qu'il ne soit pas seul à trembler de froid à la fin de la nuit-. Les rires et les échanges de tirs marquent la rue, ce qui provoque quelques insultes provenant de fenêtres s'ouvrant brusquement. L'enchanteur s'en fiche, et vient même riposter de nouveaux projectiles poudreux, touchant fort heureusement bien plus souvent les façades que les pauvres riverains.
-"Regarde, ils sont déjà réveillés les gens ! Mais ils veulent pas nous aider à retrouver notre chemin ! On va devoir se débrouiller seuls, je crois... L'hospitalité du nord, c'est plus ce que c'était !"
Les tirs continuent un moment, à travers plusieurs rues, avant de finir par se calmer. Heureusement que les gardes sont occupés ailleurs et surtout en plein changement de ronde avec la nuit qui approche de sa fin, car autrement les deux auraient surement été bons pour finir la nuit au trou. Mais plutôt que cela, c'est la fraicheur d'un baiser glacial qui attend l'enchanteur quand soudainement Sia décide de tomber dans la neige et se servir de lui comme d'un radiateur humain. Bien trop ivre pour se débattre, il laisse la forgeronne ainsi lui voler sa chaleur pour s'en remettre suite à son ange, suivi d'un :
-"Eh, tu pourrais prévenir quand même, t'es toute froide ! Je pensais même pas que tu pouvais avoir froid, vu comme tu sembles toujours avoir chaud malgré le peu que tu portes..."
En effet, même ivre, cette capacité de la femme à résister au froid surprendra toujours le scientifique, qui finira peut être par développer la même avec assez d'exposition aux éléments intenses. Mais il n'a pas pour autant la même carrure que la demoiselle à ses cotés, et l'apprentissage d'un tel talent risque d'être douloureux et long. La marche laisse place à la conversation, toujours aussi décousue.
-"Tu veux tester plusieurs tavernes dans chaque ville pour trouver la meilleure ? Ca risque de prendre du temps mine de rien. Bien gouter chaque boisson, tester les lieux les plus réputés de chaque ville... Une vraie expédition en soi." Il cligne ensuite des yeux, observant la direction pointée par la forgeronne avant de secouer la tête. "Je crois pas, ou alors ton soleil il a vraiment une drôle de gueule. C'est ça la lumière du nord ? Bah putain, on m'a vraiment vendu de la merde avant de partir si c'est le cas."
La taverne se rapproche, et si l'enchanteur n'était pas si imbibé il pourrait commencer à reconnaître les rues. C'est fou ce que l'on peut faire sans s'en rendre compte, quand l'esprit se déconnecte pour laisser place aux réflexes et à la mémoire innée. Ce chemin, il s'en souviendra longtemps, presque les yeux fermés. Un long circuit de plusieurs heures à travers la ville pour retrouver son chemin, après l'avoir déjà parcouru une bonne demi douzaine de fois.
-"Ben oui tu es sympathique et j'ai passé une bonne soirée avec toi... Et ce que j'ai connu, euuuuuuh."
Une seconde de battement. Deux, trois. Autant de pas hésitants, alors qu'il serre sa prise contre la forgeronne, essayant de se battre dans un combat perdu d'avance contre le froid provoqué par cette neige surprise que la femme leur a infligé. Son cerveau essaye d'imbriquer des bouts qui sont totalement décousus pour en faire une histoire qui tienne la route.
-"Je présume que tu as du connaître la même chose que moi un peu. Les faux semblants et les apparences, le fait de vouloir une chose précise puis ensuite te jeter quand ils l'ont sans te l'annoncer. Bref, la routine quoi. Donc un peu de fraicheur et de franchise la dedans, ça fait vraiment du bien. Tu es rafraichissante ! Et pas que quand tu viens me jeter dans la neige !"
Un nouveau rire, tandis que les dernières rues sont traversées. Finalement, un panorama amical et connu les accueille. L'enseigne de l'auberge dans laquelle ils résident. Et cette fois, les premières lueurs de l'aube visible au loin ne sont pas que les éclats d'une bougie se reflétant dans une vitre. Arrivant à l'entrée, l'enchanteur rit, bien trop ivre.
-"Bon, nous voici arrivés. Je suis totalement épuisé, et gelé en même temps... Je vais avoir besoin d'une bonne nuit, matinée, journée de repos pour m'en remettre je crois... Et il faut définitivement que l'on remette cela !"
Un dernier rire qui vient ponctuer la nuit, alors qu'il s'engouffre en emportant la forgeronne à travers la salle commune, sous les yeux d'un tavernier qui a ce stade n'est même plus surpris, habitué à voir bien pire tous les jours...
Je renifle à nouveau alors que j’écoute Almassar parler. Sa voix commence à me bercer légèrement, et je me surprends à commencer de somnoler contre lui. La fatigue me rattrape, l’alcool commençant à me faire dormir. Au moins, j’ai l’avantage de ne pas être facilement malade à trop boire, mais ça a tendance à m’assommer d’un coup. Je souffle juste un léger rire un peu fatigué quand il me fait ce compliment. Je pourrais rougir en temps normal, mais je suis bien trop ivre et fatiguée pour cela. Ce n’est que quand il dit que l’on est arrivé que je relève un peu la tête. En effet, je reconnais l’enseigne aussi.
« Oui, remettons cela quand tu veux... »
Je ne lâche pas son bras alors que nous traversons la salle commune sous le regard du tavernier qui semblait vouloir aussi attendre que ses clients tardifs rentrent bien. Et dire qu’il va falloir se lever dans quelques heures et que je n’ai même pas encore pris de bain... Quoique, la neige qui était accrochée à moi a fondu et tremper mon corps autant que mes vêtements. Je ressers ma cape et le bras de l’enchanteur alors qu’un frisson me traverse.
Nous avançons vers le couloir où des portes menant à des chambres se suivent. Je ne lâche pas son bras alors que l’on passe devant plusieurs portes. Nous pouvons percevoir des ronflements derrière la plupart d’entre elles, des bruits de couple profitant de l’heure tardive pour se réchauffer de manière indécente ou encore simplement le silence de la nuit. Je ferme l’œil en laissant l’enchanteur me guider, ne pensant même plus au fait qu’il ne sait pas où est ma chambre. J’entends vaguement sa voix au loin. Je grogne légèrement en resserrant ma prise, marchant complètement à l’aveugle et somnolant vraiment. Actuellement je me fiche de ce qu’il dit, tout ce que je veux, c'est dormir et profiter de cet agréable oreiller chauffant que je tiens.
Moi et ma mauvaise habitude de ne pas aimer dormir seule quand j’ai trop bu, on dirait qu’Almassar ne va pas pouvoir me faire lâcher prise aussi facilement. À moins qu’il réussisse à me faire sortir ma clé de chambre pour me faire regagner mon espace privé, il va devoir faire avec ma présence jusqu’au réveil.
-"C'est la... On va pouvoir dormir..."
Inconsciemment, il a déjà enregistré le fait de rester avec elle pour la nuit. Ils sont frigorifiés, et partager un peu de leur chaleur peut leur permettre d’éviter la grippe qui les guette. Trouver la clé et la tourner dans la porte est en soi une expédition, et le bruit du loquet qui tourne est une vraie victoire qui arrache un sourire à l'homme. La porte est poussée sur le coté, et engloutit le duo dans les ténèbres nocturnes. La petite source lumineuse de la pièce est rapidement allumée, et la porte refermée. Almassar s'affale presque dessus, heureusement la présence de la forgeronne à ses cotés lui offre un point d'encrage sur. Dans un élan de gentillesse, il vient même attraper la cape de sa partenaire pour la lui retirer et la mettre à sécher sur un porte-manteau, fouillant dans ses sacs à peine défaits, sortant sa propre cape pour la lui mettre sur les épaules. Elle est chaude, épaisse. Prévue pour le voyage entre la Capitale et la Forteresse et les conditions qui vont avec, elle n'est surement pas faite pour le grand nord et son froid... Mais c'est un début.
-"Tu es glacée, installe toi..."
Est-ce qu'il vient vraiment de proposer à la demoiselle de dormir avec lui ? Oui. La fatigue et l'alcool font tomber ses barrières naturelles, et il profite qu'elle détourne le regard pour retirer son propre haut, puis bas détrempé pour enfiler de vêtements secs. L'avantage d'a peine finir de voyager, c'est qu'on a toujours une tonne de ces choses la prêtes à enfiler. Une fois vêtu d'habits ne dégoulinant plus de neige fondue, l'enchanteur vient se rapprocher du lit pour tomber dedans, que la demoiselle s'y trouve ou non. Il est bien trop épuisé pour penser à tout cela, appréciant la présence de cette source de chaleur si proche si jamais elle plonge avec lui, mais n'ayant plus la force d'essayer de la chercher si jamais elle s'éclipse. Il est simplement en état de marmonner entre ses lèvres épuisée, déjà totalement ailleurs.
-"Bonne nuit Sia..."
« Bonne nuit Alma... »
Je suis réveillée par les bruits de la ville. Je me suis rapidement habituée au calme des montagnes et au fait d’être réveillée par les rayons de lumière et le bruit de la nature. Là j’ai droit aux beuglements des passants et autres marchands, aux bruits des commerces proches et du fourmillement de la forteresse. Je grogne tout en serrant ma peluche chaude contre moi. J’ai du mal d’émerger, un mal de crâne tapant déjà. Je reste un moment comme ça à laisser mon esprit sortir des brumes du sommeil, oscillant entre phases éveillées et somnolentes.
Quand enfin j’arrive à récupérer mes esprits, j’ouvre doucement l’œil. La lumière filtre déjà à travers les volets et j’entends de l’activité dans l’auberge. Je cligne un moment de l’œil en observant la silhouette contre laquelle je suis blottie. Je ne sais pas qui sait, mais pas complètement inconnue pour autant. Je prends un moment, essayant de m’extirper de son étreinte avant de voir le visage endormi de l’enchanteur. Je rougis légèrement, me rendant compte que j’ai tellement bu que j’ai encore dormi avec la première personne à qui je m’attache un peu. Je viens étouffer ma honte dans mes mains, essayant de ne pas réveiller le jeune homme.
Je ne sais pas quelle heure il est, mais le jour est déjà bien levé. Je bouge lentement et délicatement les bras de l’homme pour sortir de sa prise sans le réveiller. Il grogne un peu et se retourne alors, me libérant. Je profite de cette occasion pour me lever. Je défais la cape d’Almassar pour la poser délicatement sur la petite table de sa chambre. Je récupère mes vêtements encore un peu humides et les enfile sans attendre, ma cape bien plus sèche que j’accroche à mon cou. J’arrange un peu mes cheveux récupère mon sac.
Je m’apprête alors à sortir de la chambre, mais hésites avant de tourner la poignée. Je reste ainsi quelques secondes avant de me retourner, me ravisant. Je m’installe alors à la petite table et sors mon carnet dont j’arrache une page. Un crayon et je commence à griffonner un rapide mot.
Almassar,
Merci pour cette soirée et cette nuit. Je n’ai pas oublié nos discussions et nos promesses de travaux ensemble. Nous avons peu de chances de nous recroiser avec nos travaux respectifs, mais si tu souhaites que nous conversions à nouveau, je t’indique le numéro de ma chambre au dos de ce mot. Je te joins aussi l’adresse où je réside habituellement si tu veux m’écrire à l’occasion. Je serai à la Forteresse jusqu’à la fin de la semaine.
En espérant te croiser et pouvoir à nouveau profiter d’une telle soirée avec toi.
Sia
J’ajoute alors le numéro de ma chambre et l’adresse de la forge Obsid au dos du mot et pose le petit papier sur la cape de l’enchanteur. Je me lève silencieusement et m’approche du lit. Il dort à poings fermés, tel un bébé ayant besoin d’une profonde nuit de sommeil. Il semblerait qu’il soit encore habitué à l’ambiance de la ville qui ne le réveille absolument pas. Je viens déposer un petit baiser amical sur sa tempe avant de partir. Avant d’ouvrir la porte, je chuchote doucement des mots qu’il n’entendra pas depuis le royaume de ses songes.
« Bonne nuit Alma... Et merci. »
J’ouvre la porte et la referme le plus silencieusement possible. Je me dirige vers ma chambre où je vais prendre un bon bain, m’hydrater et me préparer pour cette journée de travail. Malgré mon état, je ne peux pas laisser passer une journée de travail. C’est qu’un cadeau d’anniversaire, ça ne se forge pas tout seul. Surtout quand ils sont trois.
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