Qu’est-ce qui m’a pris d’aller déposer K’awill au Village perché et de croiser Mandy qui a décidé de raconter toutes les rumeurs du coin. Ca m’a pris deux heures avec ses bêtises et si je veux avoir la dernière navette au Grand-Port, je vais devoir me manier maintenant que j’ai plus mon moyen de transport préféré. Je crois que c’est la première fois que je le quitte aussi longtemps lui et moi, je sentais ce petit pincement au cœur et je m'inquiète plus que raison. Mais il était grand et en très bonne main. Naëry avait ses consignes plus quelques connaissances communes, j’avais juste peur qu’il détruise tout comme à son habitude mais ça lui fera un bon entraînement pour plus tard.

Bon heureusement que j’avais déjà préparé mon sac mais il se trouvait à la grange. Voilà comment perdre encore une heure pour faire l’aller-retour au portail de téléportation. Je devrais m’écrire des pense-bêtes sur la main des fois. Je fais un salut de loin à pépé et mémé pour retourner courir au bâtiment de téléportation. Bien évidemment, il y avait foule en cette journée spéciale. Je vais tuer les gens à ne pas prendre leur précaution et partir en avance. Moi j’avais le droit de tout faire à l’arrache mais pas les autres. Je fais signe à mes gardes préférés qui avaient l'habitude de me croiser.

- Bah alors où est ta loutre ? Elle est en panne.

Ils rigolent comme des abrutis et je me retiens de dire une bêtise. “ Bah non, elle est morte “ mais je me retiens de faire ce genre de blague car je sais qu’elle serait de mauvais goût. Je ne préfère rien dire, saute dans le téléporteur quand c’est à mon tour pour ensuite courir vers l’embarcadère. Comment faisaient les gens pour vivre en marchant ? Tout le monde devrait avoir une loutre, tout le monde !

J’arrive au ponton et comme à mon habitude, je saute par-dessus la nacelle et grimpe dans la navette.

- Non mais c’est pas possible, vous ne pouvez pas faire ça comme tout le monde. Heureusement que votre loutre n’est pas là ! Elle l’aurait fait tomber les cordages dans l’eau comme à chaque fois.

Je fis un sourire au matelot. C’était limite un petit jeu entre nous quand je finissais dans son service. Nous avons fait des belles avec K’awill. Faisant le concours de sauter de plus en plus loin, nous arrivons plus ou moins à bon port à chaque fois. Effectivement, une fois, on avait tordu la balustrade. Il n’avait qu’à poser de l’acier de Forteresse, c’est ça de faire des économies. Je glisse vers la salle supérieure pour m’asseoir à ma place habituelle. C’est là que je me rendais compte que ce trajet était devenu une habitude. K’awill se plaçait toujours à ma droite, regardant le paysage, s’extasiant à chaque poisson passant devant la vitre. Moi, qui essayait de lui dire comment il s’appelait. J’avais fini par acheter un bouquin me permettant de les reconnaître pour passer le temps. On commençait à devenir fort à ce jeu et K’awill arrivait plus facilement que moi. Son instinct de loutre qui sait.

Le voyage fut silencieux, c’était étrange mais j’étais heureuse tout de même. Je passe un coup de cristal à Naë et il m’assure que tout va bien. La nuit est tombée et quand j’arrive à destination, je sens que les festivités avaient déjà bien commencé. Bon où aller ? Si je veux faire la surprise, je ne peux pas l’appeler. Elle a dû partir tard du labo, donc allons là-bas et demandons aux commerçants du coin. Je fis le chemin en courant et trouve le labo bien fermé. C’était bon signe, elle est dehors alors je demande mon chemin. La plupart me disait vers l’Est. Même si j’ai dû mal à comprendre ce principe dans l’eau mais l’Est était l’Est.

Pour rendre la chose plus sympa, j’avais enfilé mon plus beau kimono et maintenant que nous étions dans la ville, je pouvais me débarrasser de mon énorme manteau chaud. Ici, les aléas des températures étaient minimes. Mes jolies broderies d’or et de rouge étaient visibles de tous. Un legging noir étaient dessous mon kimono. Le principe de ne jamais dévoiler mes jambes en cas de combat, le tissu était très résistant et ça me permettait d’accrocher quelques armes. Mais ça, personne ne le savait sauf Lin quand elle me déshabille.  

Je passe par la coupole de Saphir, le marché aux Coraux puis finit par la place centrale où la piste de danse était dressée en plein milieu. C’était aussi l’endroit préféré de Lin pour manger ses gourmandises. J’aurai dû finalement aller directement ici et je n’aurai pas perdu une heure supplémentaire mais voir Lin près de la piste de danse me fit sourire. Je ne le savais pas prompt à danser. Je souris quand j’aperçois son costume magique. Elle avait sorti le grand jeu et je me demande si elle savait que je venais. Elle s’était très bien apprêté pour l’occasion et finissait-elle à me connaître, moi et mes surprises.

Mais alors que je pensais à ses vêtements, je me rends compte de ma tenue également. Mais qu'est-ce... ? Pourquoi je m'embête à m'habiller bien alors qu'on dirait que je ressemble... à un Dohlio ! Mon écharpe se transforme à une couche duveteuse comme l'animal. Mes cheveux prennent une allure blanche, me voilà avec une longue cape blanche immaculée. Une queue est cousue sur la cape pour l'occassion... bref, je ressemble à Dohlio mais en beaucoup plus classe. Une longue robe blanche se cache en-dessous de ce manteau. Des bottes fourrées blanches accompagnent le tout. J'avais définitivement le style... et oui !

Je souris à cette douce pensée et m’approche de sa table. Le serveur raton-laveur parle à ma compagne. Je me retiens de le pousser mais il prenait simplement sa commande malgré son sourire et son regard trop prononcé sur sa tenue. Je lui péterai les dents plus tard à lui. Une fois parti, je prends place et arrive dans le coin pour ne pas trop lui faire peur.

La main tendue comme le preux chevalier que j’étais.

- Ma chère, voulez-vous danser avec moi.    

Mes yeux brillaient tellement j’étais heureuse de la voir habillée ainsi.

- je crois que j’ai trouvé le plus joli oiseau de la ville !  

En faire trop… c’était ma spécialité et j’attendais de l’avoir dans les bras pour l’embrasser avec amour.