La création avait-elle dépassé ses maitres ? Assurément, songeait Luz, noyée dans la brume abyssale de son esprit, peinant à saisir chaque nuance de cet immense tableau vivant. Elle devait parvenir à faire abstraction de Mysora et ce n’était pas une mince affaire. Sa présence n’avait toutefois déclenché aucune foudre divine et le toit de la demeure ne s’était pas encore écroulé – ni enflammé en dépit des efforts d’un certain sbire pour démarrer de semblables étincelles de discorde. Luz était pour autant une âme particulièrement encline à saisir le verre plein, si ce n’était débordant, aussi se prit-elle rapidement au tendre jeu que leur proposait Carci par le récit de sa rencontre amoureuse. Lovis paraissait tenir bon dans le déchainement tempétueux de son cœur, soucieux de donner le change en public : pour cette raison, Luz n’insista pas et prit garde à paraitre crédule envers sa réponse.
Ah retorse maman ours cherchant sans cesse à grapiller plus de temps à ses proches ! Elle était en outre on-ne-pouvait plus franche. Carci avait donné une grande part de son existence à sa carrière et atteindre l’apothéose de celle-ci valait bien sa quiétude future. Luz ne pouvait rien lui souhaiter de meilleur que d’obtenir des poignées d’amour à force de lézarder au soleil avec sa délicieuse compagne, la météo du lendemain pour unique appréhension. Elle ne put cependant pas s’attarder sur cette question, attirée par l’écho d’une nouvelle arrivée. Pouvait-elle laisser Mysora seule au milieu du salon… ? Métamorphosée en un masque rigolard, elle n’avait pas l’air de vouloir se mêler à la foule. Tant mieux, voilà qui constituerait une angoisse de moins ! Sans plus attendre, Luz se dirigea à grands pas vers la porte d’entrée pour y découvrir… Un corbeau. Haussant un sourcil circonspect, de même qu’un « Bonjour » marmonné dans une semi interrogation paumée, son trouble s’étiola aussitôt qu’Eris apparut à la lisière de son champ de vision.
Elle-même fut infiniment soulagée d’arracher sa peau nue aux éclats de givre de l’extérieur, découvrant entre ses mains le paquet rapporté par la Corneille.
Irrécupérable, disions-nous. Restait qu’elle n’était pas au bout de ses surprises, saisissant dans l’instant la blancheur d’une chevelure, le regard doux d’un Damoiseau, et surtout, les hurlements mêlés de pépiements de la tripotée d’âmes artificielles que Calixte trainait partout. La tribu était là et elle escomptait bien envahir chaque espace libre de la maisonnée ! Les bêlements de haute volée d’Apolline ne suffirent pas toutefois à arracher à Luz la moindre grimace, pas plus que les constatations décapantes d’Abdallah : elle était bien trop hypnotisée par le couple présent, carpe par trop volontaire de se faire ainsi hameçonnée. Elle s’était déjà laissée engloutir dans les bras de l’ancien espion, raffermissant derechef sa prise sur lui pour mieux infuser sa chaleur, goûter à son existence concrète.
… Elle n’avait pas non plus la palme de l’intelligence. Heh, quelle règle stipulait que toute intervention devait être utile ?! Elle était une enfant docile, et avait conservé la leçon des évènements passés… Un certain désert volant, notamment, lui avait prouvé que l’on pouvait être présent et très peu pertinent. Quant à ce sujet…
La chiraki et compagne de Calixte, membre primordial, absolu et tout puissant de sa meute ce faisant, paraissait se porter bien. Ce qui n’était pas très ardu au demeurant, compte tenu de leur piètre état commun à la fin de ce combat titanesque qui s’était déroulé des mois auparavant. Ou était-ce seulement il y a un mois… ? Parfois les évènements lui paraissaient avoir duré presque dix mois entiers ! Elle échoua à réaliser néanmoins le poids psychologique que sa voix et ses traits représentaient pour Solveig, trop adonnée à son propre bonheur trébuchant, trop émue par le saut en avant que venait de réaliser Calixte. Il leur faisait confiance. Au point de leur présenter sa compagne comme à une véritable famille ! Il était néanmoins nécessaire de recharger quelques verres et plus encore ce buffet largement entamé jusqu’au bois de la table. Cette courte absence de la cuisine au salon lui permit de couler un regard dans le jardin, veillant sur les silhouettes environnées de fumée. Warren était parfaitement entouré – quelle était sa relation à Niko, déjà ? Amaryllis et Gwain, du moins, formaient un duo étonnant à découvrir, mais plaisant à fréquenter. Son squale ne pouvait pas être entre de mauvaises mains en leur compagnie.
Lorsqu’elle revint, la porte s’était ouverte sur deux visages connus. Si le premier était la moue familière de Xylia, le deuxième évoquait dans sa mémoire des barbillons diffus de souvenirs. Outre cette fois lors des journées portes ouvertes de l’Astre, il lui semblait l’avoir croisé dans des circonstances considérablement plus… Délicates. Et oniriques. Avait-elle un lien avec Zahria ? Les sourcils froncés d’un fin pli songeur, Luz se contraignit à se détourner de ses nœuds mentaux pour se fendre d’un sourire et les saluer d’une main joyeuse. Mais ce n’était point là son objectif premier et la demoiselle pouvait se montrer fort têtue par moment. Elle avait par conséquent à nouveau rejoint Calixte et Solveig près du sapin, constatant par extension avec l’once d’un sourire amusé les témoignages enamourés d’Haru et de Jin à proximité. Profitant que Calixte soit présentement accaparé par Jin, Luz s’approcha d’un pas souple de la chiraki, un paquet conséquent entre les bras. D’où l’avait-elle sorti ? C’était un mystère sur lequel les érudits planchaient encore et qui demeurera vraisemblablement dans l’obscurité d’une narration facile.
Elle avait dû résister à grand peine à l’idée de couvrir le Damoiseau et sa belle du contenu d’une calèche entière de cadeaux. A vrai dire, elle avait également fait envoyer un coursier et Calixte aurait l’heur de découvrir à la caserne un colis à son nom en guise de présent du Solstice. Si Solveig acceptait l’offre et déballait immédiatement le paquet, elle aurait pour sa part le plaisir d’y découvrir deux sacoches finement ouvragées dont les coutures colorées et élégantes formaient les initiales SC – peut-être pas du plaisir, finalement, qui sommes-nous pour juger.
- Résumé :
- - Répond à Lin et Farpi
- Ouvre à Eris
- Câlin Calixte
- Recharge le buffet et l'alcool
- Salue de loin Violette et Xylia
- Alpague Solveig devant le sapin pour lui offrir des sacoches harmonisées
Je passe de personne en personne, la soirée défile, et je n'ai pas le temps de m'attarder. Mais je tire un grand contentement à tous les voir, les toucher, les sentir si près de moi. Tout ce qui m'avait manqué pendant si longtemps. Tout ce que je pensais avoir perdu à jamais, convaincue que j'étais de la nécessité de mon sacrifice. Quelle erreur. Je ne remercierai jamais assez la reine de sa bienveillance et sa lucidité. J'aurais voulu l'avoir avec nous, ce soir, mais nous devrons nous contenter de l'imaginer. Et puis déjà que cette soirée risque de faire jaser, avec les gens qu'on y trouve, si la reine en personne était venue nous rendre visite les feuilles de choux n'auraient pu s'arrêter de parler de la Volière pendant des lunes !
J'ai quitté Haru et Jin sans avoir le temps de parler à ma Flammèche des révélations que j'ai faites à sa douce, pour aller accueillir Eris d'une grande accolade, et Lichael d'un signe de tête amical. Notre relation s'est dégradée depuis mon départ, et la confiance qui existait entre nous deux, espions de la même génération, s'est étiolée. Comme beaucoup, il a cru en ma trahison bien orchestrée, et il a dû en plus assurer l'intérim pendant mon absence. Et s'il a compris mes raisons et motivations, je sais qu'il n'approuve aucunement mes méthodes. Je dois regagner sa confiance, comme celle de beaucoup d'autres, et si la jeune génération des espions que j'ai formée n'a aucun mal à me pardonner, je dois redoubler d'efforts pour les plus vieux comme Lichael.
Et puis la porte s'ouvre sur une nouvelle espionne, que je suis ravie de retrouver. Les cheveux courts de Xylia lui donnent une nouvelle assurance bienvenue, encadrant son visage juvénile et faisant ressortir ses beaux yeux. Elle est accompagnée par une demoiselle qu'elle me présente rapidement, et mon coeur rate un battement. Violette. C'est la soeur d'Inaros, du côté de sa mère. J'ai immédiatement de l'affection pour cette jeune femme, dont je prends les mains avec un regard plein d'étoiles. Elle doit me prendre pour une folle. Tant pis. Je baisse la voix pour que mes paroles ne soient audibles que par elle, en continuant à sourire.
« Je ne sais pas si tu as entendu parler de moi. Par lui. Mais nous avons un frère en commun. Bienvenue dans ma famille ! »
Je voudrais lui parler encore longtemps, mais je suis obligée de l'abandonner après ces révélations, ma présence étant réclamée du côté du sapin pour la distribution des cadeaux. Je m'empresse de mettre dans les mains de Xylia le sien avec un sourire taquin, lui promettant de lui donner quelques conseils pour s'en servir au mieux, puis je regarde malicieusement Flammèche ouvrir son paquet, avec son lot d'émerveillement et d'agacement envers moi, mon sourire continuant à s'étirer. Je me fais alors alpaguer par un hochet sur la table, me donnant des leçons d'étiquette. Il ne me faut pas longtemps pour comprendre que c'est le nouveau compagnon de Calixte, et mon visage se fige dans une expression d'effroi. Le Damoiseau est en train d'ouvrir ses cadeaux, et il va bientôt arriver au mien. Je dois le stopper avant que ce ne soit trop tard. J'ignore complètement la demande d'Azumi et me précipite à ses côtés.
« Je... euh... ne savais pas que tu avais déjà un hochet... Tu... tu peux échanger mon cadeau, si tu veux... J'espère que... »
Mes mots ne sont pas très clairs, et il a déjà mon cadeau dans les mains. Horreur. J'aurais dû me renseigner. Evidemment qu'il avait déjà des objets prévus pour la naissance des jumeaux. Mon pauvre hochet calmant ne vaudra jamais la nounou dont il a fait l'acquisition... Je baisse la tête, de dépit, avant de reculer de quelques pas, pour aider enfin Azumi à avancer vers l'endroit qui l'intéressait. Je n'ose même pas regarder Calixte ouvrir son cadeau. Il va se moquer de moi. C'est sûr. Une distraction, une distraction... J'entends un prénom que personne ne prononce jamais. A part moi. "Vrenn ?" C'est bien la voix de Jin ? Comment est-ce que... ? Je me tourne vers lui. Il l'a bien reconnu. Je suis interloquée. Comment est-ce possible ? Le Sbire disparaît, et je me saisis de l'enveloppe que je l'ai vu déposer et qui m'est adressée, espérant y trouver un semblant d'explication. Ce que j'y lis ne fait que renforcer le mystère de la situation, et mon cerveau tourne à toute vitesse.
Pourtant, je n'ai pas le temps de me poser trop de questions. Les gens continuent à affluer, à me parler, à m'alpaguer, et je dois garder les apparences. Sourire. Boire. Manger. Danser, un peu, aussi. Toutes ces questions trottent encore dans un coin de ma tête, mais je délierai les noeuds un à un. Et puis quand une boule de neige vient s'écraser contre la fenêtre, me faisant sursauter ainsi que d'autres, je me tourne vers le jardin, où je vois qu'Ykhar et Alraqs ont monté une équipe de choc contre le reste des familiers plus désorganisés. La Skur protégeant le fougueux Rarwük de ses ailes, elle lui donne le loisir de bombarder tout le monde, sans bien faire attention où il vise. Je sens l'incident diplomatique arriver. Et il ne manque pas d'arriver. Car la boule de neige qui suit file droit vers le visage de Warren. Je pouffe. J'ai hâte de voir comment le nouvel ami de mon Etincelle va réagir à la fougue de nos familiers. Ça risque d'être un beau spectacle.
Solveig avait observé d’une distance sage, presque prudente, complètement absurde et dissonante de la mélodie usuellement énergique avivant sa chair, l’évolution des êtres réunis dans le grand salon. Dans le brouhaha presqu’assourdissant de cette petite foule amassée entre quatre murs – oh comme celle des festivités du Solstice paraissait maintenant ténue en comparaison – ses sens se réappropriant doucement les habitudes perdues – oubliées et niées – de terrains étrangers. La progression de la rousse chevelure ne lui avait guère échappé. Les souvenirs s’accrochant péniblement au drapé de sa robe non plus. Brièvement, de fuyardes pensées avaient effleuré son esprit et puis, un naturel plus volontaire et déterminé malgré l’amertume bordant toujours ses lèvres, avait ancré ses pieds sur le sol. Elle avait sifflé le contenu de sa flûte pour faire taire le cauchemar glissé dans l’ombre de la médecin.
Ca ne l’avait guère empêchée d’appréhender d’un œil méfiant l’imposant paquet présenté entre les bras de Luz, hésitant à refuser ce cadeau qui, nul doute, lui rappellerait toujours plus leurs liens et le sinistre contexte dans lequel ils s’étaient tissés. Mais la curiosité et le courage – « l’idiotie », avait un jour déclaré le célèbre Choix’pot avant de la placer chez Ryboudor – amenèrent finalement sa main au contact du présent, et elle répondit d’un sourire doucement délié par l’alcool à la candeur maladroite de la médecin. Déballant dans un mélange d’incertitude et de résolution bornée le paquet, toute trace de retenue finit par s’évaporer pour un ravissement sincère comme les silhouettes de cuir se dessinaient sous ses yeux. Les doigts traçant fébrilement les contours précieusement ouvragés comme les explications quittaient la bouche de Luz à l’allure inconnue de boulets de canon, il ne fallut pas plus qu’une fraction de seconde pour que le langage corporel de la blanche ne trahît son euphorie. Ses oreilles, jusque-là pivotant comme des girouettes à chaque éclat de voix alentour, étaient dressées et tournées vers la médecin. Son regard s’était approfondi d’iris élargies d’avidité. Son corps entier accueillait avec gourmandise cette surprise inattendue mais bienvenue.
- Génial ! s’exclama Calixte qui venait de raccrocher l’échange entre les deux femmes, délaissant son sourire allègre juste le temps de déposer un baiser reconnaissant contre la pommette de Luz. Merci, ajouta-t-il plus solennellement, à la fois pour ce cadeau d’une finesse remarquable, mais surtout pour l’inestimable regain de joie qu’il procurait visiblement à la Valkyrie.
Poursuivant son propre déballage de cadeau, il se détourna temporairement de son amante et son amie pour accorder son attention à une Zahria aux propos décousus. Ne saisissant pas immédiatement le fil de son raisonnement, ses pensées trébuchant contre les mots éparpillés de la Maître-Espion, il défit machinalement le petit paquet qu’il avait entre les mains.
- Qu’est-ce que tu… oh, fit-il intelligemment comme ses sourcils s’arquaient d’étonnement devant l’objet découvert.
Il s’agissait d’un hochet pour enfant, surmonté d’une tête de nérouj pelucheuse, et dont le nez luisait doucement. Agitant le cadeau plus par maladresse que volonté, le coursier se rendit compte qu’il produisait alors un agréable son de grelot. Bien plus sympathique que les paroles acerbes d’Azumi. Lorsqu’il l’avait achetée en magasin spécialisé en produits infantiles, Calixte avait cru faire une bonne affaire. Néanmoins, il s’était rapidement aperçu que l’habile vendeur s’était bien joué de lui, et dans un enchainement de circonstances que nous ne développerons pas ici, ce dernier avait depuis déposé son bilan.
- Oh non, Zahria, je… commença-t-il maladroitement en relevant le regard à la recherche de l’Ombre qui semblait soudainement s’être évaporée.
Mais le reste de ses réassurances et de ses remerciements mourut au fond de sa gorge, plaqué contre un hoquet de surprise aux souvenirs sordides déchirant soudainement le ciel serein de ses pensées.
Vacillant sous le chaos des reviviscences, rougissant, puis pâlissant, puis verdissant au déluge d’images et de sensations sortant de l’oubli dans une cacophonie d’instants mal découpés, Calixte chercha instinctivement de la main celle de Solveig, mais l’évolution des êtres l’entourant voulut que ses doigts retombassent sur le bras de Luz. Ou sa poitrine.
- Heu je, pardon.
Le mouvement lui imposa à l’esprit celui répété de quelques lunes – deux années ? – plus tôt, à la faveur d’un pouvoir singulier dans des thermes un peu trop obscurs, et il blanchit davantage.
- Boire, déclara-t-il perdu dans le fil confus de ses songes accidentés. Excellent buffet, Luz, pardon. Sol, je vais chercher… boire. Boire, c’est bien.
Sentant le regard inquisiteur de la Valkyrie se détachant temporairement des sacoches qu’elle examinait sous toutes les coutures, il lui adressa un vague geste de la main à visée de réconfort, mais qui finit probablement comme quelque chose d’obscène. Distrait, secouant machinalement le hochet qu’il avait toujours entre ses doigts, il ne s’y attarda cependant guère et avisa les coupes remplies de breuvages fermentés sur la table la plus proche.
Avalant cul sec la première, il se rendit compte que le tintement du hochet paraissait avoir un effet apaisant. Ou bien était-ce l’alcool de bonne facture qui élimait déjà ses sens. Enchainant sur une deuxième, il réussit à déblayer le gros de ces souvenirs surgis comme une série de diables de leurs boites maléfiques, et balaya d’un regard suspicieux le reste de la salle. Et quelque peu nauséeux. Occultant complètement les sensations toutes inappropriées concernant un passage aux thermes, mettant péniblement bout à bout les réminiscences plus lugubres du reste de cette mission passée, l’ambre rebondit follement d’invité en invité à la recherche d’un indice. La troisième coupelle endormit quelque peu la douleur ravivée au souvenir étincelant de la mort de Ruth, à la colère coupable de cette mission à l’aveugle, à l’écœurement d’un oubli tenace affleurant dangereusement les lumières de sa conscience. La quatrième lui laissa en ligne de mire le petit groupe d’inconnus, la sosie de Luz et le couple en devenir près du buffet. Et Vrenn. Vrenn.
Portant la cinquième coupe à ses lèvres, l’esprit faussement apaisé par la mélodie du hochet et complètement obnubilé – par l’alcool – par une cible probablement innocente – oh comme cette notion faisait caqueter d’hystérie ses pensées flottant comme de vilains petits canards sur la mare de vin ayant remplacé sa conscience – Calixte plissa les yeux à la recherche d’une échappatoire. D’un jeu. D’une rétribution. Il n’était pas rancunier par nature, mais il était en revanche d’une lâcheté certaine concernant tout un panel de situation. Et, en l’occurrence, distraire ces souvenirs frappant dangereusement contre son âme aux fissures encore cicatrisant des évènements des Ruines du Corbeau, paraissait être une démarche beaucoup plus intéressante que de s’abandonner à la contemplation des ruines de celle-ci. La boisson, aussi peut-être, n’aidait-elle guère son jugement. Ainsi, fort d’une détermination tout avinée et inadaptée, Calixte ne réfléchit pas à deux fois avant de vider sa cinquième coupe, de lâcher le hochet, et de donner une impulsion souveraine à ses bottes de propulsion pour traverser la pièce d’un élan enhardi afin de harponner la cible, et coupable tout désigné, de ses tourments. Vrenn, bien entendu.
Qu’il loupa d’un bon mettre, au bas mot. Dépassant dans son bond la silhouette dépenaillée de l’espion puis celle gracile d’une enchanteresse, le coursier embarqua à la volée une aventurière poivre et sel, coupée en plein laïus sur la condition de Saphir. Leur élan les précipita brusquement contre la porte menant au jardin qui, encore entrouverte, n’opposa qu’une résistance dérisoire sous le poids combiné des deux corps humains, et ces derniers s’échouèrent avec la grâce de deux pachydermes asthmatiques dans le duvet de neige fraiche recouvrant l’esplanade dégagée du jardin. La froideur de ce lit de glace chassa d’une claque les préoccupations précédentes de Calixte, qui oublia promptement ses motivations premières pour se redresser maladroitement en toussotant une bouchée de poudreuse.
- Oh Carci, tu… commença-t-il intrigué de la présence de son amie présentement étalée à ses côtés.
Une boule de neige écourta cependant ses propos – ce qui, vraiment, n’était pas une grosse perte vu les rares neurones rescapés du naufrage éthylique de son cerveau – et il cligna des yeux, hébété, avant d’appréhender la silhouette joueuse d’Ykhar. Ou d’Alraqs. Ses sens étaient un peu confus. Ce qui ne l’empêcha guère de se laisser rapidement saisir par la joie naïve de ces infantilités, et d’adresser un sourire espiègle aux familiers. Comme à Carciphona. Sa première rétribution partit en direction de la skur – mais peut-être se perdit-elle du côté d’un petit groupe profitant pour l’heure d’une tranquillité fragile pour fumer – puis il poussa soudainement une large frange de neige vers la Saphir avant de s’éloigner d’un bond vacillant en gloussant.
Du côté d’Apolline et d’Azumi
Quelque part, dans une facilité de la narration démentant des liens étroits et douteux avec les grandes instances régissant et surveillant le développement de ces histoires virtuellement fabulées, Apolline et Azumi avaient fini par se retrouver sur l’une des tables du buffet. La première tendant toujours une oreille intéressée vers le couple d’hommes et poursuivant ses notes enflammées, la seconde prêtant une attention distraite à sa compagne tout en continuant à dresser le portrait critique des âmes présentes. Presque tout le monde y était passé mais, bien que seuls les gloussements amusés de la trousse de cuir répondissent au verbe acerbe du hochet, cela n’empêchait guère ce dernier d’être toujours plus prolixe en la matière. Le manque de répondant de son vis-à-vis ne gênait pas Azumi, qui s’en trouvait même davantage inspirée.
Et, présentement, c’était l’état de leur propriétaire qui faisait les frais de sa causticité.
- On l’a perdu, gloussa joyeusement Apolline.
- Peut-être aura-t-il le bon sens de n’pas revenir, grinça-t-elle.
- Résumé:
- Solveig accepte le cadeau de Luz avec hésitation puis ravissement.
Calixte regarde l'échange, répond maladroitement à Zahria en débalant son cadeau, se rappelle de trucs pas sympa et va boire pour oublier, tente de se venger de Vrenn mais choppe Carci à la place de celui-ci.
Carci et Cal finissent ainsi dans la neige du jardin, prêts à - se mettre sur la tronche - participer à la bataille de boules de neige.
--> direction Jardin
- Est-ce que c’est une bonne situation Saphir ? Vous savez, moi, je ne crois pas qu’il y ait de bonne ou de mauvaise situation. Moi, si je dois résumer ma vie aujourd’hui avec vous dans cette magnifique maison, je dirais que c’est d’abord des rencontres. Des gens que j’ai pu croisé au détour d’une ruelle, d’un chemin forestier, dans une auberge ou tout simplement à la guilde. Des gens qui m’ont tendu la main, peut-être à un moment où je ne pouvais pas où j’étais loin sur les routes lors d’une mission. Et c’est assez curieux de se dire que les hasards, les rencontres forgent une destinée. Parce que vous voyez, j’ai croisé Lin dans les archives de la guilde, je voulais l’aider, elle qui errait seule dans les couloirs de notre bel établissement. Parce que quand on a le goût de la chose, quand on a le goût de la chose bien faite, le beau geste, parfois bah on se retrouve dans des situations uniques. Ce n’était pas mon devoir de l’aider dans ces archives et Lucy nous a réunies ensemble et je l’aime profondément. Enfin moi, je remercie Lucy sur le coup, je dis merci à la vie, vous savez je suis qu’amour, je danse à la vie. Finalement quand beaucoup de gens aujourd’hui me disent “ mais comment fais-tu pour être devenue Saphir, avoir toute cette énergie, ce sourire ? “ Et bien, je leur réponds très simplement, je leur dis que c’est le goût de l’amour, ce goût qui m’a poussé à devenir plus forte, pour que je revienne toujours en vie mais on ne sait jamais ce que deviendra demain. Peut-être que j’arrêterai de risquer ma vie et j’aiderai les nouveaux, les plus jeunes, je ne sais pas, je suis assez jeune pour penser à ma retraite mais vous savez, ça ferait plaisir à une certaine personne si je la prenais. Je… ARGH
Je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase que voilà qu’on me tire subitement et on me plaque contre le mur. Lin va me tuer… Lin va faire exploser la volière, Lin va faire exploser la Capitale. Pourvu que cette personne ne m'embrasse même si ça serait terriblement excitant. Quitte à mourir exploser autant que ce soit avec un baiser d’adieu d’un ou d’une inconnue ?
Mon dos frappe maintenant quelque chose de froid et je vois le ciel. Je suis dans le jardin ? Qui m’a fait ça ? Je reconnais aussitôt cette tête blonde et la silhouette.
- Calixte ?
Mais qu’est-ce qu’il lui a pris. Je crois que je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase que des boules de neige font leur apparition et je finis par m’en prendre une bonne dans la tronche. Le coursier rigole… Je…. Non je ne peux pas le bousculer, il, enfin elle est enceinte. D’ailleurs, pas de gros bidou à l’horizon alors est-ce que j’ai le champs libre ? Il veut jouer, il ne va pas être
déçu !
Je plonge mes mains dans la neige fraîche, je n’ai pas de gants mais ce n’est pas grave. Un léger sacrifice pour la bonne cause. Je m’apprête à lancer la boule de neige sur le blondinet quand K’awill s’écrase sur mon ami. Mais qu’est-ce qu’il lui arrive ? Je n’ai pas le temps de bouger qu’un familier me jete un tas de neige. Ooooh, lui, il va prendre cher aussi.
Je me rends aussitôt invisible, ils ne pourront plus m’avoir et moi, je vais me percher dans un coin. Ils vont voir qui est la meilleure ici. Un dernier coup d’oeil vers K’awill. Il n’a rien tout comme le garde. Je crois qu’il a un peu trop bu mais Kaname est à ses côtés. Je vais le laisser se débrouiller encore un peu, il ne sait pas que je suis là, il faut qu’il apprenne un peu tout seul. Allez, une boule de neige bien ronde et paf dans la tête d’Ykhar. Le familier me cherche de partout et je ris intérieurement. Il ne me trouvera jamais ! Allez, on continue mon méfait et je prépare mes boules de neiges. Autant éviter de faire des traces dans la neige fraîche, je vais finir par me faire capter.
Allez, si on balançait une boule de neige dans le grand gaillard qui a l’air beaucoup trop sérieux.
Une, deux, trois et paf, dans la tronche !
- K'awill Humain:
Résumé
Carci se rend aussitôt invisible et commence ses attaques furtives de boule de neige.
Elle balance une boule dans la tête de Warren (cadeau)
C'était le moment de déconner sur les bouquins. Sourire devant le sien, magnifique et parfait. Mais cette bague vient foutre le merdier dans mon esprit. J'hausse toutefois un sourcil quand elle pensait que Zahria Ahlysh allait me demander de l'épouser. J'ai beau être son carburant naturel, elle m'a casé comme la petite Flammèche qui a besoin d'une grande soeur, moi je la vois comme l'emmerdeuse dont j'suis prêt à faire sauter ma vie et tout ce qui se trouve autour de moi dans une ultime explosion, dans la simple pensée de voir Luciole respirer, heureuse. Ailleurs. J'me pince les lèvres, tire une moue songeuse. Avant que mes joues ne rougissent de nouveau.
- Décidemment, plus tu en parles de ce cadeau, plus je veux me barrer d'ici pour en connaître son contenu.
Je lui laisse le soin de mettre son nouveau manteau dans mon petit sac sans fond. Pis, intrigué, je m'arrête sur cette écharpe. Vrai qu'elle est jolie.
- Tiens, vrai que j'ai jamais vu ça dans ta garde-robe, mais j'me doute bien que le jour où je parviens à connaître son intégralité, j'aurai pas assez de chicots pour bouffer et pas assez de cheveux pour me coiffer.
J'pouffe de rire à la boutade suivante.
- Ma chérie, j'utilise mes pouvoirs de vol depuis bientôt deux ans. Le Cape est une sécurité si j'ai plus de jus pour continuer à voler. Mais, j'prends le coup de main au sérieux, attention que je ne t'arrive pas en pleine figure. Fais moi penser te faire un petit baptême de l'air, que tu puisses voir ton Royaume comme personne.
Juste pour voir ce visage narquois se déformer par la peur et le doute. Si j'dois garder qu'une seule amélioration de mon pouvoir, ça serait celle-là. Fendre le ciel, les cheveux au vent, surplombant Aryon pour y détailler sa beauté. Ouais, m'envoler chaque fois que ça me pète. L'avantage, c'est qu'on peut aussi y faire le point, être inaccessible et tranquille. Ca fait du bien. Un autre haussement de sourcil réagit à sa prochaine question.
- Eh bien... Y'a Luz, pendant notre expédition sur une île très étrange. Y'a Vr... Euh, comment il s'appelle déjà ? Merde, j'sais pu de quoi j'parlais. Je t'avoue avoir l'impression de travailler avec beaucoup plus de gardes que d'aventuriers, c'est dommage. Ici, effectivement, y'a pas grand monde. Ouais, t'as raison, c'est vraiment compliqué de se retrouver.
Un soupir. J'ai beau m'être fabriqué un certain nom, quand j'arrive à la guilde...Ouais, personne. J'suis si atypique ? Si repoussant ? Merde, faut admettre que j'ai pas vraiment poussé à la conversation avec qui que ce soit. Marie Madeleine de Payet, ma meilleure pote, p'tete. Sinon, la liste d'aventuriers est très courte. Ma condition de chasseur de primes, certainement. J'finis par lui saisir doucement sa main, en y liant mes phalanges aux siennes, l'autre vient laisser une caresse sur la joue.
- Tant mieux, Haru, je suis content, sauf pour ta tenue qui a prit un grand verre de bière signé Luciole.
Une intrusion par la bague de la pensée me donne un cap à regarder. Tiens, ce colosse qui sort tout droit du fion du Nord regarde avec des braises dans les yeux un...Grr.
- Lunar le Tocard.
Comment il peut blairer ce type ? Tête à claque, à part lui broyer les os y'a rien qui me donne envie de faire avec lui. Sa réputation à la guilde le précède. Menteur, cynique, jouant avec les gens. Ouais, il mérite une bonne paire de gnon dans la tronche. Ils ont l'air de décaniller vers le jardin, m'est avis qu'effectivement ils sont bien parti pour se prendre la soirée. Pitié capitaine, enfoncez votre poing dans sa magnifique dentition.
- Queen et toi ? Oh tu sais, dès que ça concerne ta cousine, mise à part soupirer...
J'vais finalement zyeuter la p'tite Lin.
- Ouais, Gher, je l'ai eu à plusieurs reprises. Effectivement elle a fait un boulot sensationnel au Bureau. Lorsque Monark a hérité de mes pouvoirs, ses enchantements ignifuges n'ont jamais été aussi utiles. Sinon, elle nous a aidé avec Zahria et Mad durant notre première quête, tous les deux. Des runes à traduire, il me semble. Pour piger mieux l'endroit où nous étions. Et pour finir, elle a participé à quelques-uns de mes nombreux tatouages. Elle est très douce...
Je t'embête Haru, tout va bien. Douceur et Lin dans la même phrase, c’est impossible. Un œil sur son tempus également tandis que j'saisis le verre, je m'assure que le contenant ne m'assure pas de cramer La Première Ministre sur un accident malheureux.
- Santé, Madame Du Lys.
Cette enchanteresse était donc partout, elle avait un bon sens des affaires en gravitant dans la guilde. Les aventuriers avaient toujours de divers enchantements pour les équipements. Il faut dire que si Monark peut éviter d’incendier tout sur son passage, ça serait bien utile. Les Sapeurs de la ville avaient déjà beaucoup de travail surtout lors de la saison froide. Le mauvais entretien de certains poêles ou autres cheminées entraînant des incendies domestiques qui par chance ne s’étendait pas très loin. Mais un jour, un feu mal maîtrisé et un bloc peut disparaître d’un claquement de doigt.
Mais en ce lendemain de solstice, ce n’était pas la peine de penser à des sujets si dramatiques, nous avons déjà tout le reste de l’année pour le faire. Être avec les gens qu’on aime était bien important. Nos coupes, prêt à trinquer. Je me plais à observer mon amant. Pourquoi trinquer en ce jour ? A cette heure ? Hier, nous avons prononcé nos vœux mais rien ne nous interdisait de fêter notre bonheur, ce soir encore. Jin avait ce regard assuré, amoureux, courageux. Il m'a fait la cour et il a été patient. Il a supporté mes doutes, mon statut mais je sais que malgré que j’ai accepté cette relation, il y a encore une prochaine étape qui me fait peur, voir deux finalement. Si on voulait aller plus loin ? Un mariage, un enfant ? Comment répondre à ça ? Je reculais pour mieux sauter à chaque fois mais ces questions persistaient au fond de moi depuis maintenant quelques lunes. La Reine Allys m’avait déjà fait peur de son avis, en tant qu’amie et je n’étais définitivement pas prête. Bien entendu, elle était ravie d’être la future marraine et amménagerait mon temps de travail. Oui, elle avait pensé à tout et je pense que c’était ça le pire, qu’elle pense à tout ça avant moi.
Donc oui, il m’arrive que je voudrais mettre fin à tout ça, ne pas donner de faux espoirs à cet homme, mon amour. Mais comment résister à cette petite fossette en coin, ses mains expertes sur mon corps, ses attentions toutes plus douces les unes que les autres. Il me faisait me sentir vivante et me sortait dans ma zone de confort mais j’aimais ça. Un peu trop et c’était ça qui me faisait le plus peur. Mais je n’arriverais pas à lui parler de mes doutes et pire que ça, je lui donnais des signes contraires. Cette ceinture, cette boucle, je voulais la lui donner mais encore une fois, j’ai l’impression de regretter mon geste.
Jin m’interpelle, certainement perdue dans mes pensées et on trinque pour cette nouvelle année déjà passée. Nous étions certainement deux idiots mais bon l’amour rend idiot non ? D’ailleurs, nous allons bientôt fêter nos deux ans de rencontre et il est certain que Jin a prévu quelque chose. Je préférais lui laisser les rênes sur ce genre de sujet. Je savais qu’il souhaitait me faire plaisir et je lui laisse donc le rôle du prince charmant sur ce coup.
- Santé, Monsieur Hidoru.
Yeux dans les yeux, nous trinquons et buvons le liquide à bulle. Il était bon, pas mon préféré mais ce n’était qu’un détail. Je voyais surtout le regard dévorant de mon amant. Me rapprochant un peu plus de lui, mes lèvres finissent sur les siennes pour un léger baiser. Souriant de cet affront public, je finis par glisser quelques mots à son oreille.
Est-ce le moment de quitter les lieux ? Les gens avaient déjà assez bu et partons sur une note positive, sans les premiers déboires de certains. On m’avait déjà renversé une bière et je risque d’être à court de vêtement à cette allure.
RESUME
- et si on partait d’ici pour continuer la soirée ailleurs ? :p
C'est qu'il y a un paquet de monde, et j'sais pas si on aura le temps de tailler la bavette avec chacune des personnes ici présentes. C'était un défi que j'voulais pas me risquer de relever. Aussi que... Haru soit là. Et sans être un mec égoïste, ou s'fout des œillères autour des mirettes pour ne voir qu'elle, il était difficile pour moi de me décrocher de sa présence.
J'pars pendant des lunes en quête, des fois j'ai l'impression de passer plus de temps au cristal de communication qu'avec elle dans mes bras. Alors, ouais, quand j'peux rester à ses côtés, j'le fais au maximum. Bientôt deux ans, et lorsqu'on trinque, j'ai l'impression de la regarder comme si c'était la première fois. Indescriptible sensation, j'sais juste que c'est agréable. Nos verres s'entrechoquent, et l'alcool embrase mes deux yeux d'un feu qui va rester pendant quelques secondes. Haru s'approche dangereusement, mon visage vient réduire la distance et je la laisse volontiers capturer mes lèvres dans un baiser aussi léger que délicieux. Bah dis donc, j'croyais que tu voulais rester dans une certaine forme de discrétion publique ? Aha, qui suis-je de toute façon pour refuser. A cela, mon oreille viendra accueillir ses mots qui donnent la couleur sur la suite de la soirée.
- Aha... Très bien.
Les cadeaux dans le petit sac sans fond, il n'y avait désormais plus qu'à partir. Je lui offre mon bras qu'elle peut saisir et nous commençons à nous diriger vers la sortie. P'tete dire au revoir, nah ? Au moins à Luciole. Proche des jardins, j'lui fais un signe de tête, en observant effectivement qu'une baston de neige commence, clairement le genre de bataille qui fait mal à mon pouvoir. Alors on va éviter.
- Zahria, merci pour cette soirée, il est un peu tard, alors on va s'éclipser. C'était sympa, à d'ici la prochaine quête, d'accord ?
Une autre étreinte, des tendresses, un sourire partagé et nous rejoignons la porte. Retrouver cette nouvelle saison froide. Qui me fait dire que le temps passe vite, que le Jin d'il y a deux ans n'est plus. Qu'il n'est plus seul et qu'il a su trouver un chemin qu'il embrasse pleinement. Au même titre que toi, Haru. Oh, j'crois savoir ce qui m'attends pour la fin de cette soirée, pour autant...
- Tu sais que j'aime les cadeaux, mais tu sais aussi que j'suis très impatient, alors ne cherche pas à me faire languir trop longtemps.
Oh j'le vois très bien, cet éclat dans ses yeux qui pue la malice. M'enfin, ça fait partie des côtés de la Première Ministre que j'aime par-dessus tout. Un léger frisson parcourt mon échine, j'me dis qu'il faudrait pas trop traîner dehors où j'risque de finir comme un glaçon.
- Alors, ca été, ces présentations ?
Je vais rester silencieux pour l'écouter dans une bonne partie du chemin, là où la magie nocturne d'Aryon nous fait profiter de son ciel brillant de mille feux, là où la lune nous observe dans notre progression, là où la neige tombe doucement sur nos épaules et nos crinières humides.
Là où se dresse devant nous... Une nouvelle année.
- Résumé:
- Haru et Jin se tirent, bonne fin de rp !
Petit à petit, alors que la nuit est déjà bien installée, les convives quittent la soirée. J'ai pris le temps d'embrasser Calixte, Carci, Lin, Jin, de saluer poliment Haru, Sol et Amaryllis, et tous les autres qui ont pris la poudre d'escampette. Mon frère a disparu sans laisser de traces, et il y a toujours quelques discussions éparses sur les canapés du salon ou à la cave. La bataille de boules de neiges est finie, et les familiers sont rassemblés autour du feu de cheminée, blottis les uns contre les autres pour se réchauffer en ronronnant. Luz est partie depuis un moment à l'étage, et je remercie les lourds murs en pierre de la Volière qui nous protègent de tout bruit suspect. J'ai vu Calixte et Solveig monter aussi, et je les devine dans la nouvelle chambre que nous leur avons attribuée, dans laquelle arriveront bientôt les deux landaus que nous avons commandé pour leurs jumeaux.
Je fais un peu de ménage, ramenant les bouteilles et les assiettes vides à la cuisine, passant un coup de balai pour effacer les miettes et quelques fragments de verres cassés. Notre gouvernante passe demain et finira assurément de tout remettre en ordre, mais je préfère lui faciliter le travail, et puis ça démontre à tout le monde que la soirée touche à sa fin. Je ne mets évidemment personne à la porte, et je suis contente de tous les voir, mais l'heure est bien avancée, et si ça ne me dérange pas d'en voir quelques uns dormir ici, je ne voudrais pas qu'ils aient des problèmes s'ils décident de rentrer chez eux à des heures si tardives.
Je ne vois Vrenn nulle part, et me dis avec un sourire et un pincement au coeur qu'il a dû s'éclipser comme il sait si bien faire. Me débarrasserais-je jamais de ces sentiments intempestifs que je tiens pour mon Sbire ? Pourrais-je un jour en faire le deuil ? Si j'ai compris, depuis le temps, qu'il ne les correspondra jamais, je pense que de mon côté, ils sont bien trop profonds et ancrés en moi pour pouvoir un jour les oublier. Quel comble.
Ramassant les papiers cadeaux déchirés auprès du sapin, j'aperçois alors une lettre à mon nom, d'une écriture que je ne connais que trop bien. Que m'a-t-il laissé là ? L'enveloppe n'est pas très épaisse, je n'en attendais pas plus de lui, à vrai dire, je n'attendais rien. Ce n'est pas comme s'il allait m'écrire un long pavé pour me parler de sa journée. Je l'ouvre et découvre ces quelques mots, à moitié codés, qui me font bondir le palpitant. "Le toit, après tout." Un rapport de mission à me rendre ? Des explications à me donner sur son nouveau pouvoir, que je n'ai pas bien compris ? Ou alors est-ce plus complexe que ça ? Le toit, après tout... Parle-t-il bien d'après la fête, de le retrouver dans la tour d'observation, celle qui nous vaut ce nom de "Volière" ? Ou est-ce plus complexe que ça ? Je regarde à nouveau dans la pièce, et dans le jardin, mais aucune trace de Vrenn. Peut-être est-il à la cave, avec Jack ? Je crois surtout qu'il était dans un trop mauvais état pour rester bien longtemps... Il a probablement oublié ce rendez-vous qu'il m'a donné, même... Mais je dois aller vérifier.
Je glisse des boissons chaudes dans les mains des quelques amis restants là, et pose des plaids sur leurs genoux. Je salue Jack qui est confortablement assis sur un tabouret à la cave, et pourrait très bien s'y endormir s'il ne posait qu'un coude sur le comptoir, et sa tête sur sa main. Je vérifie que tous nos familiers sont bien installés et au chaud. Et puis je pose mon pied sur la première marche des escaliers. Une fois arrivée au premier étage, j'hésite. Ma chambre est si proche, je pourrais aller allumer le feu dans ma cheminée et avancer sur les derniers rapports que je dois rendre à Höls, demain. Peut-être même prendrai-je un thé bien infusé pour m'empêcher de m'endormir et continuer à travailler jusqu'au petit matin. Mais est-ce une intuition, ou un espoir, qui me pousse à continuer à monter ? Dans la nuit, les caisses que nous entreposons au second étages, juste avant l'observatoire, forment des ombres inquiétantes, derrières lesquelles n'importe qui pourrait se cacher. Mais il n'y a personne qui vient essayer de m'égorger, et je me saisis des barreaux de l'échelle menant tout en haut avec une pointe d'appréhension.
L'air gelé de la saison froide me fait l'effet d'une claque, et je regrette presque de n'avoir pris qu'un châle, alors que toute une panoplie du Solstice et un pull en fourrure de Solnar reposent dans ma chambre. Je grelotte, serrant l'étoffe sur mes épaules, une fois arrivée en haut. D'ici, on peut voir la Luisante, et plus loin, le palais royal tout illuminé. Toute la ville apparaît sous mes yeux, et je me perds dans la contemplation de ces milliers de petites lumières, entre cristaux, bougies, et décorations des fêtes du Solstice, qui font concurrence aux étoiles que j'aperçois dans le ciel. Le spectacle est magnifique. Agrippée au rebord en bois, laissant le froid me saisir pour me faire oublier mon léger vertige dû à l'alcool, l'espace d'une seconde, je ferme les yeux, et je m'oublie.
-Youhou ? Il y a quelqu’un ?
Je passe dans le salon et mon regard passe rapidement sur Lunar et Harald, bloqué dans une faille spatio temporel, le premier attendant d’emboiter le pas, entre autres, au second, et ceci depuis plusieurs heures, déjà, apparemment. Je fais un tour dehors, parce que la fraicheur et le grand air, c’est agréable, constatant que ça s’est bien amusé par ici. La zone de guerre de la bataille de boules de neige laisse entendre que ça s’est bien amusé ici. Pendant que d’autres discutaient de choses un peu plus grave à la cave. Lentement, je forme une boule de neige entre mes mains avant de l’envoyer devant moi. Elle s’écrase mollement sur le sol avant de disparaitre dans les ténèbres. Une piètre bataille de boules de neige, en solo. Je me sens un peu seul. Alors je retourne à l’intérieur ou ma solitude n’est pas forcément dissipé. Au moins, il fait chaud. Je ferme les yeux en ressentant cette chaleur. Avec de l’imagination, on pourrait croire que c’est l’étreinte de quelqu’un. Ça serait bien, hein ?
-Grmmm…
Un bruit. J’ouvre les yeux et je m’approche de l’origine du grognement, c’est-à-dire, le canapé et j’y découvre Truelle, planqué sous des coussins avec la tête de celui qui a fait trop de mélanges en peu de temps.
-Bah qu’est ce que tu fous là mon vieux ?
-Bwarf… j’attends…
-T’attends quoi ?
-Chui pendu à un fil… Réponse… Zahria…
Je ne comprends pas tout, mais je ne suis pas né de la dernière pluie, même si cette expression est vraiment débile. Je sais que notre amie est montée à l’étage, seul. Peut-être que Truelle veut la retrouver pour parler de choses qu’ils se sont passés et peut-être se remettre ensemble. Ça serait bien. Mais il n’ose pas. Surement. Retenu par des excuses discutables. Allons bon. Un pote, c’est là en toute occasion. Je lui enlève ces coussins et je le relève malgré ces protestations et je le porte à moitié jusqu’à l’escalier. Je lui mets même une petite tape sur la joue pour lui éveiller les idées.
-Allez, mon vieux. Aujourd’hui, c’est peut-être un grand moment. Choisis les bons mots et tu partiras peut-être pour les vingt-cinq prochaines années de ta vie. Voire plus. Rends moi fier.
Et je le regarde monter lentement jusqu’à ce qu’il disparaisse. Maintenant, je suis vraiment seul. Probablement. Je laisse une chance aux derniers présents de se manifester et je viens prendre la place de Truelle. J’ai fini ma bière. Heureusement, il reste des tas des verres pas vidé. Et vous savez quoi ? Il ne faut pas gâcher.
J’erre un peu dans la fête histoire, en échangeant des mots et des blagues pas très rigolotes avec des inconnus qui rigolent un peu trop fort pour être sobres ou séduits par mon humour au ras des pâquerettes, en bouffant à tous les rateliers du buffet et en évitant soigneusement de prendre davantage d’alcool, à part un whisky bien tapé quand j’sens que ma bouche devient sèche. Ceux que j’connais commencent à se faire la malle petit à petit, que ce soit dans les étages de l’énorme manoir, beaucoup trop grand pour que j’m’y sente totalement à l’aise, ou dehors quand ils doivent rentrer chez eux.
Finalement, il reste enfin plus grand-monde, alors j’me pose dans le canapé en attendant que les derniers se barrent enfin, avec une potion d’ivresse à côté de moi. C’était probablement un plan de merde, vu que c’est Jack qui m’envoie dans l’escalier avec des encouragements bien trop exagérés, mais j’suis pas forcément en état de discutailler et contester.
J’m’arrête dans une salle de bain, en essayant d’ignorer le bruit rythmique d’un truc qui tape contre les murs, et c’est pas des travaux, vu que ça se fait rejoindre par un contrechant en polyrythmie assez impressionnant. Des artistes, les gonzes, y’a pas à dire. Mais ça, c’est la récompense, et avant le réconfort, faut l’effort.
Après m’être débarbouillé, j’sens que la potion d’ivresse finit de faire effet, et mes idées se font plus claires à nouveau. Pas certain d’avoir envie d’y aller à jeun, alors je jette un œil à ce qui reste de mon alcool antique, et la chiasse cosmique qu’il me déclenche à chaque fois. J’vais m’abstenir pour garder les idées claires, ça vaut mieux, m’est avis. Puis quitte à se faire chier, autant y aller à fond.
Mauvaise foi manifeste, évidemment. Si ça faisait que me faire suer, j’irais même pas, et j’ai surtout des papillons d’anticipation dans l’estomac, le genre quand on va crocheter sa première serrure, payer sa première fille, planter son premier mec, dans les deux sens du terme… Bref, le stress des premières fois, quoi.
T’façon, j’me suis toujours persuadé que j’étais un homme d’action, pas un cérébral. J’vais pas coucher toutes ces pensées sur papier, ça n’aurait aucun sens, surtout que Zah fait partie des rares qui m’oublient pas. Enfin, ça va s’étendre avec l’enchantement de tatouage que j’viens de faire… Si tant est que j’en trouve la force.
Sur le toit, il fait froid sa mère, normal vu l’heure et la saison. La patronne est déjà là, sa silhouette agréable qui s’découpe sous la lumière de la lune et des étoiles, et j’en profite pour contempler quelques instants, avant de faire un pas en avant. Les tuiles tintent un peu, elle se retourne, et ses yeux ressortent même dans l’obscurité relative de la nuit. Sourire.
« Hey, ça va ? »
Hm. Horriblement bateau, mais faut bien commencer quelque part. J’arrive pas à faire un pas de plus, hésitant.
« Froid mais on fait aller, et toi ?
- Mh, ouais, tranquille. Tu veux un plaid ? »
D’un geste, le plaid compact sort de mon sac sans fond, et j’me rapproche de Zahria pour lui tendre. Puis j’continue sur ma lancée pour m’asseoir sur le bord du toit, les panards qui pendent dans le vide, alors que j’regarde les lumières de la ville, le jardin et sa neige piétinée et le ciel nocturne au loin. Ma panoplie du Solstice s’assure que j’me gèle pas les couilles de mon côté, en prime.
« Ca va pas être facile à expliquer, donc ce sera un peu désordonné, désolé d’avance. »
J’ouvre et j’referme les pognes, comme pour essayer d’attraper les mots.
« Avant qu’on se connaisse, enfin que tu me retrouves, j’passais un peu à travers la vie comme un fantôme. C’était la facilité du pouvoir, et y’avait que le tangible des actes qui signifiait que j’existais à un moment ou à un autre, d’où le boulot d’examinateur, et les activités extra-professionnelles à côté. Mais du coup, c’était dur, surtout après trente ans, d’avoir une situation si diamétralement opposée. Enfin, dur… horrible, grisant, terrifiant, excitant… Tout à la fois. »
M’avait fallu le recul et la solitude pour remâcher tout ça, et j’lui jette un coup d’œil en coin, mais pour le moment, elle se contente d’écouter paisiblement, intensément.
« Coincé entre le fait d’exister et ne plus avoir la possibilité de disparaître… J’pense que je savais pas trop quoi faire, pas sans m’habituer un peu davantage à la situation. Donc quand t’as disparu dans la Cabale… C’est comme si j’avais perdu pied, même si c’était compliqué entre nous. J’me suis retrouvé dans un endroit plus sombre que celui où j’étais avant qu’on se connaisse, sans attache, sans ancre. »
Et j’pense pas au sens propre, quand j’ai écumé tous les bas-fonds pour lui remettre la main dessus.
« M’bref, ton retour m’a fait reconsidérer des choses, donc j’me suis décidé à aller voir un enchanteur pour un tatouage qui fait que les gens se rappellent… »
Les modalités restent sous mon contrôle, j’suis pas capable d’abandonner tout ça comme ça, sinon j’me fous direct les menottes magiques et j’balance la clé à la Luisante.
J’soupire.
« Enfin voilà, déjà. »
J'attends un petit moment, sans bien savoir quoi. Mais la ville est magnifique, les lumières de la saison froide dans la nuit, la buée qui sort de ma bouche à chaque respiration... C'est calme. Ça m'apaise. Et puis soudain, il est là. Comme toujours, mon coeur fait un bond, et je ne peux retenir un léger sourire d'apparaître sur mes lèvres. Il me tend son plaid, et je suis déçue qu'il ne vienne pas s'y abriter avec moi, mais ça fait longtemps que notre relation n'est plus aussi tactile. Je reconnais ce plaid. C'est celui avec lequel il m'avait convaincu de dormir contre lui, quand on cherchait les braconniers de sertrêfles, et qu'on se trimballait Fifille. La mission où on s'est embrassés pour la première fois. Avant que je ne tombe amoureuse, avant la mort de Ruth. Ce plaid symbolisait le désir simple et ingénu que j'avais pour lui en cet instant, la redécouverte d'un ami que j'avais oublié, la passion naissante et les premiers gestes tendres. Je me souviens de ces nuits blottis l'un contre l'autre, sous le plaid, où je pesais le pour et le contre de coucher pour la première fois avec un espion. Qu'elle est lointaine, maintenant, cette douce époque. De l'eau a coulé dans la Luisante.
Mais malgré tout ce qui nous est arrivés, on a réussi à construire un truc fort, Vrenn et moi, je crois. Alors quand il se met à parler, comme il ne l'a jamais fait avant, je l'écoute, de mon être, et je reste concentrée sur ses paroles, sans jamais chercher à l'interrompre, en essayant de ne pas penser en même temps qu'il me déballe le discours le plus long que j'ai dû l'entendre faire. Et pourtant, ça tient en quelques lignes, c'est dire. Je me demande quand même où il veut en venir, peut-être qu'il veut quitter les espions ? Ce ne serait pas simple à organiser, vu que c'est ainsi qu'il paye sa dette, mais je pourrais essayer de parler à Höls... Mais il en vient enfin à me parler de son tatouage - le premier, je me souviens que Vrenn n'a jamais apprécié que ses améliorations lui collent à la peau. La symbolique est grande. J'ai souvent imaginé une solution de ce genre, pour lui. Quelque chose qui lui permettrait de vivre une vie... normale. Ou presque. Sans jamais penser que cette vie-là serait faite pour lui. Il a passé une existence à adapter son comportement, son caractère, au fait que les gens l'oublient. Ses parents eux-mêmes ne se souviennent pas de qui il est. Aurait-il pu rencontrer quelqu'un, se marier, fonder une famille ? J'en doute. Même si rien que d'y penser, j'ai un léger tiraillement qui se fait sentir au niveau du torse.
Je suis surprise, et je ne peux lui cacher. Mes yeux changent brusquement de couleur, alors que mon regard papillonne pour essayer d'assimiler l'étendue de cette information. Je me doutais qu'il y avait quelque chose, tout à l'heure, quand je l'ai vu avec Calixte et Jin, mais j'étais loin d'imaginer que c'était ça. Et puis je me repasse son discours en boucle. Il a fait ça... à cause de moi ? Le fait que quelqu'un se souvienne de lui, je sais très bien que ça l'a perturbé, mais est-ce que ça veut dire que... ça lui plaît ? Je dois en avoir le coeur net. Je dois comprendre où cette discussion nous mène. Il n'est pas juste en train de me faire un rapport sur sa dernière amélioration achetée, comme le font souvent les espions pour me donner les clés de leurs capacités, afin que je puisse mieux élaborer les missions dans lesquelles je les envoie. Il y a autre chose, là. Je pense. Je crois. J'espère.
« Tu... tu t'es dit que ça pouvait être utile, que les gens se souviennent ? Ou alors... tu as fini par apprécier ça ? J'essaye de comprendre où tu veux en venir... Pourquoi m'annoncer ça ici... comme ça... je... »
Je bégaye, et ce n'est pas qu'à cause du froid. Ça ne m'arrive pas souvent. En général, c'est quand il y a trop d'émotions ou trop de pensées dans ma tête, et que je n'arrive pas à faire le tri. Malgré moi, je lui tends la main. Pour l'inviter à s'approcher. Un geste familier, tendre, que je n'aurais pas pour un autre. Je veux qu'il soit près de moi, pour continuer son explication. Pour que je puisse mieux l'appréhender, l'observer, le comprendre. Je sais que Vrenn ne m'aimera jamais, mais je sais aussi que je ne cesserai jamais de l'aimer. J'ai renoncé. J'ai accepté cette réalité. J'ai décidé de vivre avec. De ne rien forcer. Et d'avancer. Mon coeur bat la chamade, et j'ai l'impression de retomber en enfance. Je le sens troublé, et par mimétisme, par empathie, je le suis à mon tour. Pourtant, je n'ai qu'une seule envie : le soutenir, l'aider, l'accompagner. De loin, là où est ma place. Comme une amie, comme sa supérieure. Mais de près, comme mon coeur le souhaite. Comme une confidente, comme une intime.
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