-"Je présume. Mais si c'est ainsi qu'il espère me trouver quelqu'un, je risque de rester seul longtemps. A moins que ce ne soit son réel objectif sous couvert de me trouver quelqu'un. Et non, je suis toujours célibataire. Tu crois vraiment que j'ai le temps de trouver quelqu'un avec tout le travail qui m'attend ?"
Le sourire reste présent sur les traits de l'enchanteur qui baisse un instant la tête. Il demanderait bien ce qu'il en est pour son amie, mais... Elle n'est pas du genre à parler. Combiné aux propos d'Hercules sur son maître forgeron, l'homme préfère éviter de plonger plus profondément sur le sujet. Heureusement pour eux, leurs compagnons magiques sont toujours la pour les distraire et manigancer un quelconque plan machiavélique.
-"Tu veux qu'ils expérimentent quoi ? Regarde le la, le grand nigaud. Il dépense des fortunes pour se faire faire un bracelet, et même pas il tente de profiter de ce corps à corps ardent lors des mesures et des conversations pour faire un mouvement, rien. Non, j'ai abandonné l'idée, elle est trop frigide et lui trop timide. La seule chose qu'ils vont expérimenter, c'est le célibat, ensembles."
Mais Sia revient au sujet de la forme de l'enchanteur et son état global. Continuant de faire descendre son assiette, Almassar prend quelques secondes pour réfléchir sincèrement et sérieusement à la question. Finalement, un soupir le prend alors qu'il donne à l'avance un coup à son Grimoire pour le faire reculer un peu plus loin.
-"C'est gentil et j'apprécie, tu sais bien que le geste est partagé. Si jamais tu as besoin de quelque chose ou de parler, je suis toujours la. Je pense juste que j'ai besoin de changer un peu d'air et de ne pas me laisser ainsi absorber par la Forteresse et mon travail. J'ai clairement accumulé assez d'équipement pour fournir une expédition complète à moi seul, et ce serait dommage de ne pas en profiter."
Car l'argentée à raison. Ils ont beau s'apprécier, pour parler de leurs problèmes personnels, il faudrait surement qu'ils finissent ivre de nouveau. Surtout quand Ivoire et Hercules décident de n'en faire qu'a leur tête. Difficile de se confier quand vous êtes jugé en permanence par deux agents moqueurs. Se forçant à agrandir son sourire, le brun redresse les épaules.
-"Mais chaque chose en son temps ! Déjà, le bracelet. Après tout, j'ai hâte de recevoir ma commande de ma forgeronne préférée. Ensuite, travailler dessus si je trouve le temps. Acheter encore quelques objets magiques ou les récupérer des stocks de ma boutique, et je pense que tout sera bon. J'ai même trouvé une arbalète pour m'entrainer au tir et me défendre !"
Oui. Almassar avec une arbalète. Ce qui fait clairement pouffer Ivoire de rire.
-"Oui enfin pour le moment, il sera plus doué pour tuer un allié qu'un ennemi avec, soyons sincère."
L'enchanteur soupire en roulant des yeux de nouveau, grognant doucement en finissant son assiette et en s'installant plus confortablement pour commencer à digérer.
-"Il dit vrai, mais avec la saison chaude qui commence à approcher, je pourrais aussi bien plus aisément sortir m'entrainer. La fonte de la neige et des glaces m'offrira bien plus d'opportunités pour m'entrainer au tir..."
Je termine mon assiette, la nettoie presque tout en entendant qu’Almassar a acheté une arbalète pour s’entrainer. Je manque à nouveau de m’étouffer, ne pouvant qu’être d’accord avec Ivoire pour une fois. Je me retiens de rire en pinçant les lèvres, un sourire bien visible sur mes traits. Ne surtout pas éclater de rire, j’ai trop peur que l’enchanteur le prenne mal. Venant finir mon verre d’eau pour reprendre mon sérieux, je fixe ensuite mon ami.
« Alors... Oui, c’est une bonne idée... Il te faudra peut-être quelqu’un pour te guider ? Ce n’est vraiment pas évident. Je ne suis clairement pas la meilleure avec les armes de ce genre, mais je peux sûrement t’aider pour des bases. Ou peut être te conseiller un aventurier ou quelqu’un ? Il faudra que j’y réfléchisse. La saison douce ou chaude seront bien plus aptes pour cela. »
Voyant que mon ami finit aussi son assiette et que le repas arrive à sa fin, je décide de ne pas éterniser ce moment.
« Bon, on en parlera une autre fois. Comme tu as dit, pour l’instant ton bracelet. J’ai encore beaucoup de travail pour les prochains jours et j’ai clairement besoin de repos. »
Me relevant, je récupère mon sac et mon marteau. Je montre d’ailleurs ce dernier aux deux comparses avec un petit sourire.
« Je ne vais pas m’éterniser. Je te remercie encore pour cette âme artificielle même si elle a un caractère... douteux.
- Je n’ai rien de douteux, très chère ! Tu me remercieras quand tu auras un beau mâle dans ton plumard.
- Oui, on y dira. Contente de t’avoir rencontrée, Grimoire Ivoire. Continue de t’occuper d’Almassar. Je m’occupe de payer et je mets ta part sur la facture ou tu préfères payer ? »
Je repense au fait qu’Almassar a sûrement encore son coffre à cristaux avec lui et un soupir désespéré m’échappe. Il faudra peut-être que je regarde les objets magiques pour un jour lui conseiller quelque chose de plus sécurisé que cela. Mais cela sera pour une autre fois. J’attends que mon ami me rejoigne, que l’on se mette d’accord et termine les salutations avant de le laisser pour gagner ma chambre. Je dois profiter d’une réelle nuit de sommeil et j’espère qu’Hercules m’offrira un peu de silence pour cela, sous peine de mettre ma menace à exécution.
-"C'est vrai que je n'ai pas encore eut le temps de trouver quelqu'un pour m'apprendre. J'ai surtout choisi cette arme car elle est particulièrement rapide à apprendre à utiliser, au moins de manière efficace. C'est sur que je serais jamais un tireur d'élite, mais si je peux avoir cette surprise sous le coude en cas de besoin... Le tout dans une bague Tsépi et je suis tranquille, je suis toujours un minimum armé. J'aurais préféré attribuer mon temps ailleurs, mais si je souhaite explorer, je n'ai guère le choix, il me faut des bases, même en combat."
Voyant que Sia se redresse, l'enchanteur en fait de même. Il imite son amie et récupère tout ce qu'il lui faut... C'est a dire son sac, presque uniquement. Ivoire finit par se rapprocher et se mettre à planer juste au dessus de son épaule, ayant compris qu'il est bientôt l'heure de rentrer et d'aller se reposer -même si lui ne se repose jamais, il complote de nouveaux plans pour conquérir le monde.
-"Ne t'en fais pas je comprends bien, moi même un peu de repos me fera le plus grand bien. J'aurais bien passé la soirée entière avec toi, mais on se fera ça une prochaine fois ! Et ne t'en fais pas, je vais payer de suite le repas, au moins ça sera fait."
Fouillant dans son sac, l'homme sort une bourse de cristaux en se dirigeant vers le tavernier du coin. Plutôt qu'avoir des dettes, autant les payer de suite, et Almassar finit par déposer les cristaux demandés par le gérant pour le service ainsi qu'un pourboire, se retirant cela de l'esprit. Non pas qu'il ne fasse pas confiance à Sia pour le calcul final, mais plus vite il règle ses dettes, mieux l'enchanteur se porte. Après tout, vu la quantité de dépenses et de revenus qu'il peut parfois faire, il préfère éviter de rajouter des lignes inutiles sur son livre des comptes et s'alourdir l'esprit. Retrouvant son amie, il finit par échanger les dernières formalités à son égard avant de la laisser se reposer, prenant lui même la route de la sortie.
La nuit est désormais tombée depuis un long moment, et les pas de l'enchanteur se mélangent à des dizaines d'autres sur les pavés de la Forteresse, alors que finalement Ivoire se décide à prendre la parole. Peut être un baroud d'honneur, ou un bon moyen de finir la journée, qui sait.
-"Dis Almassar, t'es sur de pas vouloir expérimenter sur elle ? Tu sais, c'est pas obligé d'être sexuel, certaines aiment simplement être manipulées un peu fermement ou les jeux de rôles. Si ça se trouve, juste l'attacher pour faire des tests la ferait grimper au sixième ciel. Tu devrais essayer, promis ça serait pas du tout étrange de faire ça à une amie."
Un long soupir las et fatigué quitte les lèvres de l'enchanteur, son regard se levant vers les étoiles qui brillent dans le ciel nocturne, offrant une prière nocturne et muette à Lucy, alors que finalement ses lèvres s'agitent dans leurs dernières paroles de la journée.
-"Pitié Ivoire, tais toi deux minutes..."
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