Profitant de sa présence à la capitale, il a donc envoyé une missive à cette comparse de bouffe, qui est désormais bien plus simple à contacter maintenant qu'elle travaille dans la garde. Une heure, une date et une adresse : l'aventurier téméraire. Auberge a l'air sympathique qui trône à la place commerçante. Une allure imposante, un intérieur presque intimiste sous les chandeliers qui tombent du plafond. Le lieu parfait pour dévorer la moitié du cellier sans risques. C'est donc avec une certaine impatience que l'aventurier se rend au lieu annoncé à l'heure prévue.
Voyant que la femme n'est pas encore présente, il n'hésite pas à rentrer à l'intérieur, se doutant bien que cette dernière ne fera pas dans la finesse à attendre tel un poirier à la porte pendant une heure. A peine la porte franchie que le tavernier le salue franchement, d'une voix qui résonne à travers l'établissement. Sileas lève la main pour lui rendre la politesse.
-"Bonsoir, merci à vous ! J'ai hâte de gouter ce que vous préparez ! Une collègue ne devrait pas tarder à me rejoindre."
Déjà quelques fumets proviennent du fond de l'établissement, des cuisines. De quoi éveiller les papilles gustatives du borgne et commencer à le faire saliver. Oh cette soirée s'annonce glorieuse. L'aubergiste va se frotter les mains, le cuisinier pleurer. Comme tout bon rendez-vous devrait normalement se dérouler. Puis, tandis qu'il observe l'établissement, une question se pose : une table pour deux, ou pour quatre ?
En effet, ils ne sont que deux, il serait donc logique de prendre la première. Mais au vu de leur appétit, une si petite table possède le désagrément de ne pouvoir réellement déposer autant de plats qu'ils pourraient le souhaiter. Surtout si la Lieutenant est d'humeur goinfre, ce qu'elle est pour ainsi dire toujours. Finalement, le choix se pose sur la plus grande des options, proche d'une fenêtre pour pouvoir l'ouvrir et profiter d'un peu d'air frais quand l'alcool et la chaleur des plats se fera trop intense. Déposant contre le mur son arme, il retire ensuite ses gantelets pour se préparer au festin qui les attends. Et en parlant de cela justement, il commence justement par commander deux bières pour accueillir la garde avec une boisson, et un plat de saucissons. Au pluriel, bien sur. De quoi s'assurer que son entrée en matière ne soit pas vaine. Il n'y a pas de répit ni de temps à perdre dans la ripaille et la consommation en exagération de nourriture, après tout.
Et surtout, l'appel de Sileas.
A défaut de suivre celles de la famille ou celle des cultes d'Aryon, Java suivait toujours ses propres traditions. Celle-là était particulièrement importante, autant pour l'économie des tavernes du royaume, que pour son estomac – vous me direz, ça revient au même. Après un boulot fatigant, quoi de mieux que d'avoir quelqu'un à inviter à se repaître dans les règles de l'art ? Sileas répondait toujours présent, et elle avait pris l'habitude de faire de même.
C'est pour cela qu'aujourd'hui tout particulièrement, elle était dans la Capitale, devant l'Aventurier Téméraire. Elle en avait déjà entendu parler par Faolan et Saryna, et elle avait aussi son propre petit plan d'attaque solo pour ce bel établissement. Aujourd'hui serait différent : aujourd'hui, il s'agissait juste de se remplir le ventre, et de passer une bonne soirée en compagnie d'un camarade de confiance.
Elle entre, et salue chaleureusement le propriétaire des lieux en réponse à son accueil. Elle en profite aussi pour saluer Saryna, avant de filer vers la table où Sileas l'attend.
▬ Yo ! Aah, t'as déjà commandé le début de l'apéro ? Génial, y a rien d'mieux qu'un sauciflard pour s'ouvrir l'appétit.
Elle pose ses affaires près du mur et s'assied sur la chaise en face de lui, avant de couper un saucisson aux noix en deux. Aux noix ? Peut-être que c'était autre chose dedans, en tout cas, elle reconnaissait juste qu'il y avait un genre de fruit sec dans la viande. Elle en prend une moitié dans laquelle elle croque sans scrupules – histoire de laisser à l'autre de quoi y goûter aussi.
▬ Ch'est pas mal, cha !!!
S'exclame Java en mâchant la bouche ouverte. Elle reprend après une déglutition sonore, avec un sourire serein et irradiant de bonheur.
▬ Et sinon, quoi d'neuf chez l'aventurier téméraire ? Eh, t'as compris la blague ? Parce que c'est le nom de la taverne, mais toi aussi, t'en es un. Marrant, hein ? Tu peux la r'prendre, j'suis sympa comme ça. Alors, ça va ?
-"Salut Java ! Et je me doutais bien que tu voulais forcément commencer avec de quoi se mettre en appétit. Ça serait dommage de se priver, on est la pour vider la cave après tout. Et nos bourses."
Finissant sa phrase, il vient de nouveau trancher en deux sa moitié avant d'engloutir la première, rapidement suivie de la seconde. Trois bouchées chacune, et le tout est envoyé dans l'estomac. Attrapant celui aux noix si généreusement offert par la femme, il croque dedans à son tour, avant de laisser échapper un "mhhhmm" appréciateur, hochant aux propos de Java.
-"T'as raison, il est pas mauvais celui la. J'en commanderais peut être du rab pour le ranger dans des linges secs et les emporter en mission au besoin. Rien de tel qu'un ou deux kilomètre de sauciflard pour tuer l'ennui de la marche."
Si il fait preuve d'un peu plus de manières de Java, la descente est tout aussi scandaleuse. Déjà le plat d'une bonne demi douzaine de saucissons -un de chaque exemplaire présent sur la carte, à vrai dire-, est en train de tirer la gueule. Dès que le combattant en attrape un, il vient le couper en deux et offrir la seconde moitié à sa partenaire, avant de dévorer la sienne sans plus attendre. Et alors qu'il avale un bout de saucisson aux figues, il manque de s'étouffer à la blague particulièrement mauvaise de la Lieutenant. Fermant le poing sur son torse, il vient se le frapper pour faire passer le morceau, étouffant le tout dans une bonne gorgée de bière ensuite.
-"Triche pas en essayant de me tuer ! Gagner par forfait n'est pas une vraie... Victoire ! Un peu de dignité dans la débauche de nourriture !"
Il rit ensuite, franchement. Un rire rauque qui monte jusqu'au plafond, alors qu'il reprends une nouvelle gorgée. Définitivement, Sileas est de bonne humeur. Terminant son saucisson, et voyant que le plat est déjà vide, il appelle le tavernier tout en répondant.
-"Sinon en ce moment je déborde de travail ! Je vais pas me plaindre, ça fait les muscles et ça remplit la bourse. A autant enchainer, je vais presque commencer à songer à viser les recommandations nécessaires pour devenir Saphir. Imagine ce que ça donnerait. Pouvoir vider les tavernes aux frais de la Guilde ! Et toi alors, comment ça se passe dans la Garde ? Tu arrives à moins bouger, ou tu désespères la moitié de ton unité ?"
L'homme pose la question avec un large sourire taquin, alors qu'il vient commencer à commander la suite... Et a vrai dire, ce n'est plus une commande, mais plutôt une liste entière de plats, prévus pour soigneusement s'enchainer. Juste demander des cuissons différentes pour toujours avoir quelque chose sur la table à portée de main. Oh oui, la soirée s'annonce longue, mais délicieuse.
Son regard brille de fierté lorsque son ami lui parle de ses ambitions, et elle ne peut déjà pas retenir la prochaine blague, ni son instinct fraternel.
▬ Pas con, c'est qu't'es un vrai p'tit bijou, hein ? Va pas nous crever dans les pattes en coursant la harpie. T'as du potentiel, faut pas gâcher ça.
Elle marque un petit silence en réfléchissant à comment donner de ses propres nouvelles. D'abord, parce qu'elle a à nouveau la bouche pleine de pain, et que c'est difficile de parler quand on a les joues plus remplies qu'un écureuil. Ensuite, parce qu'il commence à y avoir de belles odeurs qui émanent de la cuisine, et qu'elle tressaille d'impatience à l'idée de goûter à la suite. Et enfin, parce que c'est un peu compliqué, une vie de Java. Mais elle n'est pas là pour se prendre la tête, alors autant simplifier un peu.
▬ Hm, ça s'passe bien. J'm'organise pour prendre la suite du régiment officiellement, comme ça j'pourrai gueuler « j'suis pas une madame, j'suis une CAPITAINE » quand on m'parle. C'est la classe ! Mais j'le fais surtout pour les gars. Ca rassure d'avoir un chef, et p'tet' que ça inspirera quelqu'un d'mieux que moi à me remplacer.
Ah, y a un peu de complexes qui débordent malgré tout. Il faut dire que Java n'a pas l'habitude de se confier, mais c'est toujours plus facile de parler avec de la bonne bouffe. Et, accessoirement, avec quelqu'un de confiance.
Elle applaudit en voyant arriver un plat de légumes grillés, suivi de peu par une belle crocpoule rôtie à la broche. Et elle continue de raconter sa petite vie en attrapant le couteau pour couper la volaille avec soin et dextérité.
▬ J'sais pas si je bouge moins, par contre ! Forcément, moins que quand j'étais dans la régulière et itinérante. Mais bon, moi j'suis chargée de surveiller la Grande Forêt, et comme le nom l'dit, elle est bien grande. Alors ça m'fait un beau terrain d'jeu. J'ai pas mal d'affaires à gérer un peu partout aussi, donc, bah... J'bouge juste différemment ? Ce serait chiant sinon, hein. Nous deux, on est comme ça, on a besoin d'bouger pour être bien !
Le lieutenant conclut sa tirade en prenant une aile dans une main, et une poignée de rondelles de courgette dans l'autre, qu'elle enfourne promptement dans sa bouche. Geste qu'elle regrette légèrement en se rendant compte que « aïe, ouille, c'est chaud quand même », mais ce n'est certainement pas ce genre de petit contretemps qui l'empêchera de ripailler. Comme on dit, y a que les gourmands qui se brûlent, et y a que les Java qui aiment ça quand même.
-"Qui sait, un jour je me ferais peut être même un œil en pierre précieuse, que tout le monde sache mon rang d'un simple regard. Imagine la gueule des gens !"
L'attention du borgne se retrouve ainsi scindée en deux. Une partie est concentrée sur la bouffe déposée devant eux, dont le niveau devient dangereusement bas, bien rapidement attiré par les bonnes odeurs qui proviennent de la cuisine. La seconde est sur son amie, dont il écoute les dernières nouvelles et péripéties. Bien rapidement il vient arquer un sourcil en grognant, arrivant à détourner son attention alors même que le plat est servi. Certes, les odeurs lui prennent les narines comme la promesse d'un ventre bien repli, mais il y'a plus important en cet instant. Plissant le regard sur Java, il reprend.
-"Et pourquoi tu penses forcément qu'il y'a quelqu'un de mieux que toi pour le poste ? Tu prends soin de tes hommes, tu penses à eux, et jusqu’à preuve du contraire, la seule chose que tu pousses à bout, c'est leurs estomacs, pas leur moral. T'as du bol d'avoir la bouche pleine, sinon je t'aurais déjà fourré cette aile entre les dents pour que tu arrêtes d'ainsi te dénigrer !"
Son reproche terminé, il peut se concentrer de nouveau sur le plat. Sa comparse d'excès a déjà bien attaqué, et il la rejoint en usant de son couteau pour découper un beau blanc, avant de simplement attraper une aile pour finir par la tirer et la déchirer. Suivi d'un torrent de légumes encore fumants qui viennent faire du plat une sorte de montagne branlante, mais encore entière. Voyant que Java s'est brulée, il préfère attendre quelques instants, avant d'enfourner à son tour. Il souffle rapidement alors que son palais et ses joues le piquent sous la brulure, avant de finir par tout avaler. Une gorgée de bière fraiche pour faire passer le tout et soulager les légères douleurs, et il est prêt pour attaquer la suite. L'animal est rapidement dépiauté de manière experte, les deux goinfres sachant très bien comment extirper le moindre gramme de précieuse viande de la carcasse. Le plat de légumes subit le même destin, Sileas tapant dedans a un rythme effréné. Ça fait toujours du bien de se remplir l'estomac, surtout en bonne compagnie.
-"Tu as raison, on a besoin de toujours bouger et toujours être en mouvement. Tu sais que je ne suis pas devenu garde pour cette exacte raison ? Je ne me voyais pas toujours garder que la Forteresse et les montagnes. J'avais envie d'en voir plus et d'en découvrir plus du monde. Mais qui sait, une fois que je serais un peu plus expérimenté, je ferais comme toi. Ça serait marrant comme plan de retraite, des créatures monstrueuses à gérer des gosses qui se perdent dans des arbres et quelques petits criminels."
Quand Devon passe à portée, Sileas lui fait un petit geste de la main avec un sourire ,venant demander la suite du repas... Et les nouvelles bières. Pas question de manquer d'hydratation en une soirée si importante. Après cette commande ô combien vitale, il revient à Java.
-"Capitaine Anggun ça sonne bien en tout cas. Cela veut dire que la prochaine invitation, je vais devoir l'écrire sur une lettre couverte d'enluminure d'or ? Avec une formule à en faire rougir la Reine ?"
La petite taquinerie est suivie d'un rire franc. Oui, il se permet de se détendre et de se lâcher un peu. De toute façon, au pire, elle va faire quoi ? L'étouffer avec un chapon ? Ça tombe bien, il compte déjà le faire lui même.
Cela dit, une de ses remarques lui fait mordre son index et elle décide d'y revenir après avoir fini son bout de viande. Et d'ici là, elle se marre bien, comme à chaque fois que la conversation commence à tourner autour de la couronne.
▬ Ouais, et même que tu d'vras payer un coursier pour me la donner. Avec une collerette. Et des talonnettes, hahaha !
Elle arrose son rire d'une gorgée de bière, tousse un peu parce qu'elle a avalé de travers, puis reprend sa position avec un peu plus de sérieux pour dire ce qu'elle avait en tête.
▬ Faudra bien voir ce que tu veux faire de ta retraite mon grand, parce que la garde c'est pas une prom'nade de santé. Bon, après, y a des postes plus tranquille, si tu veux entraîner les p'tits ou t'occuper de l'intendance, j'imagine... mais j'ai du mal à t'imaginer faire ça ! Bon, j'ai déjà du mal à t'imaginer tout vieux, en même temps.
La belluaire fixe le visage de l'aventurier avec attention, avant de bondir sur la table.
▬ Oh p'tain, ça m'rappelle ! J't'ai raconté le truc avec les combats d'vieux dans lequel j'me suis retrouvée cet été ? J'étais une p'tite mamie sans dents !!
Deux belles marmites de soupe sont déposées devant eux, et Java passe du coq à l'âne en détaillant son aventure à Sileas : comment la magie lui avait fait sauter les neurones, le courage du collègue du Grand Port qui l'accompagnait, et comment elle imaginait Sileas dans la même situation. D'ailleurs, elle se révèle très insistante sur le fait qu'elle l'imagine particulièrement dégarni, et avec une canne qui se transforme en lance quand il pète.
En même temps, l'alcool commence à lentement lui monter au cerveau, et au fur et à mesure que son taux d'alcoolémie grimpe, son humour continue de tomber plus bas...
HRP - Pièce jointe : le RP où Java est transformée en ptite vieille, si tu veux rigoler un coup
-"Mais comment c'est possible. Je vois au moins que tu t'ennuies pas à la Garde. Si je pensais qu'il pouvait se passer de telles choses... T'imagines ça à l'échelle d'une ville ? L'horreur. Et ne t'en fais pas, le jour ou je commence à dégarnir, je fais comme certains prêtres, je me fais une magnifique tonsure du haut du crane pour garder une belle tonsure. Je suis sur que ça sera magnifique."
L'idée le fait encore plus rire, alors que la soupe est rapidement mangée, bue, bref. Les marmites sont vidées et la suite arrive. Mine de rien, peu à peu la carte commence à sérieusement se rétrécir. Enfin, plutôt que la carte, il serait plus juste de dire que c'est le bestiaire entier qui commence à manquer d'entrées qui ne sont pas déjà passées sous une forme ou l'autre sur la table. Néanmoins, malgré la nourriture qui ne cesse d'affluer et le ventre de l'aventurier qui engloutit assez d'éléments pour nourrir un peloton entier après une ronde particulièrement tendue, la question de Java finit par lui revenir en tête. Bière en main, il réfléchit quelques secondes à cela.
-"Et quoi faire plus vieux... C'est vrai que j'en ai absolument aucune idée, je ne me vois pas du tout me poser. Mais un peu comme toi je me vois pas vieillir. C'est fou comme on n'imagine pas le moment ou notre corps finira par nous rattraper. Bah, j'ai encore quelques belles années devant moi, j'en profiterais avant de voir de quoi il en retourne pour moi. Qui sait, j'apprécierais peut être suivre le chemin que mon père avait initialement prévu pour moi et finir mes années à la Garde avant une retraite bien méritée."
Peu à peu la bière commence à taper. Sileas se met à rire plus régulièrement, de manière un peu plus décousue. Difficile de savoir ce qui monte le plus rapidement. L'alcool ou la présence de l'ogre multiple qui le rend de bonne humeur. Tandis qu'ils finissent un plat de plus, le blond en profite pour se poser sur sa chaise et commencer à retirer son armure en grognant, pour déposer le tout sur le coté.
-"Bordel, je sens qu'on va être bons pour rouler pour rentrer... Tu penses que tu vas arriver à passer le portail ou tu passes la nuit à la Capitale ? Ah au fait, t'en as raté des belles ces derniers temps. T'étouffes pas avec ta bière."
Et c'est à son tour de lui raconter les dernières quêtes qu'elle a raté. Celles moins agréables, comme les traqueurs et leurs disparitions humaines ou encore les affaires sur des créatures qui pètent soudainement les plombs et attaquent des groupes d'humains, mais aussi les plus marrantes comme celle d'un fermier qui se faisait dévorer son champ par des porc-becue, laissant ainsi d'énormes trainées fumantes au milieu de ses cultures permettant de traquer ces derniers simplement en venant les suivre... Puis un peu tout ce qui lui passe par la tête à vrai dire, l'alcool lui montant définitivement à la tête, et avec lui la meilleure part de sa réserve naturelle.