Plus Nyx m’expliquait la manière dont elle gère son métier et ses aléas, plus je m’estimais heureuse de tenir un petit ministère qui n’a pas peu de conséquences sur la vie du Royaume. On peut croire que je suis la ministre des festivités ou ministre de l’Histoire, rien de bien folichon en soit mais c’était quelque chose qui me tenait tout particulièrement à coeur et il faut l’avouer que personne ne se bat pour ce poste mais ça ne veut pas dire qu’il soit inintéressant, tout dépendant du point de vue de certains, voir même d’une certaine Trésorière mais c’était ou tout autre histoire.
Mais pour elle qui doit appliquer la justice, elle qui ne doit pas faire d’impair, il est vrai que ça ne doit pas être facile puis comme elle dit, le hasard fait parfois des choses mais je ne préfère ne pas savoir, moins j’en sais mieux, plus facile ça sera pour moi de parler sous sérum de vérité surtout si on voit une quelconque manigance entre nous deux, c’est pour ça que je ne veux pas bacler l’affaire de Sekyung, un non-lieu est inconcevable !
- Tout ne pas pas être aussi rose que tes cheveux non plus, il y a toujours ses petits désagréments mais je sais que ton travail te plaît particulièrement mais je ne m’en fais pas pour toi.
Nous changeons rapidement de sujet, mettons le travail aux oubliettes et parlons d’un autre travail qui me passionne plus, celui de ces écrits ainsi que ses inspirations. C’est ainsi que je vois Nyx profiter du moment pour poser sa tête sur mes jambes et prenant ses aises comme si nous nous connaissions pendant un certain temps, elle s'adapte vite et non pour me déplaire, ma main glisse dans sa belle chevelure pour jouer avec quelques mèches.
- Pour quelqu’un qui perd le compte, tu m’as donné quand même un chiffre exacte même pas une fourchette, la preuve que tu as compté !
Je sais qu’elle ne fait que pour me taquiner mais j’ai répondu sur le même ton qu’elle surtout quand elle dérive sur ses histoires policières, effectivement vu comme ça, je suis bien heureuse qu’elle ne teste pas toutes ses histoires sur des personnes mais ça pourrait expliquer le réalisme des scènes.
- Bon disons que tu n’as pas eu autant de conquêtes, on va dire que tu as une très bonne imagination qui émoustille beaucoup trop d’ailleurs mais bon si - je dois te faire dire le nombre d’amants que tu as eu, ça va me coûter horriblement cher, je suis sûre de perdre et ça ne m’avancera rien car je sais que je vais être la meilleure de tous.
Se jeter des fleurs est important dans la vie comme ma main qui devient un peu plus baladeuse mais ce n’était qu’un détail pour titiller un peu surtout quand je décide de parler d’avenir professionnel, je tâte le terrain si elle a une quelconque envie de carrière mais je ne m’attendais pas à cette réponse et aussitôt ma main s’arrête.
- Oh, je pensais que tu allais essayer de postuler, je ne sais pas, tu sembles quelqu’un de droit et Ministre de la Justice qui devient Premier Ministre, je ne trouve pas ça choquant puis tu aurais tellement la classe, je fréquenterai la première ministre !
Bon je ne pense pas que Mère prenne en considération ce point de vue car vivre avec une femme était impensable avec elle mais j’étais assez grande pour lui dire non, elle qu’à s’arranger avec le petit frère pour ses héritiers, même pas en rêve, je lui fais le plaisir de lui donner ce qu’elle veut mais est-ce que si je deviens Premier Ministre, elle me fout la paix ? Je ne savais pas trop…
- Moi, Premier Ministre… oui ça pourrait être bien mais je ne suis pas si carriériste que ça après peut-être je devrais tenter ma chance, je sais que la Reine a toute confiance en moi mais je pense que je suis trop gentille pour le poste, je n’ai pas la hargne d’un Commandant tu sais mais je suis de bons conseils, peut-être elle a besoin que de ça, quelqu’un pour l’épauler surtout après la disparition de son fils, la maladie de Dame Rothbaern… elle va devoir faire quelque chose.
Je m’imagine alors avec l’accolade à ma chemise, un petit signe qui montre aux yeux de tous mon rôle, ça ferait son effet c’est sûr mais je pense surtout à autre chose à cet instant et je dépose un léger baiser sur le front de mon amante.
- Mais si par hasard, je deviens Premier Ministre, je serai ta chef non ? Tu n’aurais pas trop peur d’être sous mes ordres non mais bon ça ne se fera jamais de toute façon, il faut quelqu’un qui a la tête sur ses épaules avec la crise que nous traversons, je ne sais pas si je me sentirai capable ou sinon j’aurai besoin de beaucoup de calin le soir pour compenser !
Enfin dans l’hypothèse qu’un nous existe car pour l’instant c’est surtout un nous d’une nuit…
- Mais nous ne sommes pas à ce stade non à moins que tu envisages quelque chose de plus sérieux ou simplement se laisser aller…
"Fichtre, me voila découverte !"
C’était là sa seule réaction aux "accusations" d’Haru, profitant de la douce sensation parcourant sa chevelure pour se détendre davantage. Cependant, même si elle disait ne pas être intéressée par le nom exact, son attitude semblait trahir un désir tout inverse. Si c’était le cas, Nys n’allait pas se gêner pour l’embêter sur ce point.
"Tu es sûre d’être la meilleure de tous si jamais tu étais la toute première. Rien de bien surprenant dans ce cas, il faut garder les pieds sur terre."
Elle arborait un très léger sourire et parlait d’un ton calme, gardant tout son sérieux dans le but de possiblement faire douter son amante. En réalité elle en avait déjà eu quelques-uns mais ça n’avait jamais marché plus de quelques années. Il faut dire qu’elle avait son caractère, et des habitudes qui ne pouvaient pas forcément plaire à tout le monde. Mais de toute façon, c’était toujours la faute de l’autre, évidemment, qui pourrait penser le contraire franchement ?
Sur l’histoire du poste de premier ministre par contre, il semblerait que Nyx se soit fourvoyée. La ministre de la culture ne semblait pas particulièrement convoiter le poste. Le soucis n’avait pas tant l’air d’être un manque d’envie mais plutôt de la dévalorisation, un manque de confiance en soi. Le même manque de confiance que lorsqu’elle parlait de son nouveau rôle de mère. C’était étonnant, Nyx n’aurait pas pensé que cette femme qui ait l’air si forte soit en réalité pleine de doutes.
"Tu ne devrais pas te préoccuper de ce que tu penses de toi même. Le plus important, c’est ce que les autres en pensent, et ça dépend entièrement de ce que tu leur montre. Pour ça, tu dois montrer encore mieux que ce que tu es réellement. L’important n’est pas tellement que tout ce que tu dises ou fasses soit correct, mais que tu en aies l’air convaincue. Le doute ne peut que transformer une bonne opportunité en échec alors qu’un excès d’assurance ne pourra qu’au pire confirmer un échec qui l’aurait été quoiqu’il arrive."
La situation était un petit peu étrange. C’était la personne qui était sous l’emprise de l’autre qui jouait le rôle de réconfort. Il y avait cette dissonance entre la scène et les mots prononcés mais cela ne dérangeait en rien la ministre de la justice. Dans ce cadre privé, elle faisait ce qu’elle avait envie de faire, le symbolisme que pourrait représenter sa façon de parler ou de se comporter n’avait pas d’importance, il s’agissait pour le moment juste d’elle et de son amante, et personne d’autre.
"Si tu devenais ma chef, ça me donnerait une bonne raison de passer mes nerfs sur toi."
Le sourire taquin de Nyx revint un instant sur cette remarque alors que son amante parlait de l’avenir.
"Tu recommences. Si tu veux quelque chose, affirme toi. Sinon je vais continuer de te grignoter petit à petit, à prendre le dessus encore et encore, et je ne parle pas que de nos ébats."
Elle leva alors les bras pour enlacer Haru comme elle le pouvait, ce qui donnait quelque chose de plutôt étrange, mais c’était l’intention qui comptait. Depuis cet après midi, Nyx avait l’impression d’avoir le contrôle sur la situation. Si Haru ne s’en emparait pas d’elle même, elle savait que de son côté elle ne concéderait pas grand chose, simple habitude.
Nyx avait le don de toujours essayer d’avoir le dernier mot, c’était assez plaisant de parler ainsi avec elle et je comprends rapidement que pour savoir la moindre chose sur elle, il faudra se battre pour obtenir la simple information mais c’est un challenge que j’ai envie de surmonter car quelque chose me dit que nous avons une bonne alchimie toutes les deux et surtout nous comprenons le métier de l’autre.
- Je doute d’être la première ma chère mais alors je te montrerai que je suis la meilleure, laisse moi encore un peu de temps.
Enfin si elle joue très bien le rôle de l’amante, elle sait très bien me réconforter en m’incitant à avoir une meilleure image de moi. Pour elle, je pourrai très bien être la prochaine Première Ministre, je remplissais les critères et que la Reine m’appréciait pour mon travail. Il est vrai que j’aimerai m’investir un peu plus pour le Royaume, pouvoir la conseiller et surtout être un soutien moral même si je dois mettre en second plan mon projet de carrière pour le développement des Archives du Royaume mais je pourrai déléguer cela à quelqu’un ou à un jeune apprenti en soif de culture, ça serait qu’un détail puis ne mettons pas les bouctons avant la charrue !
- Tu viendrais hurler dans mon dos, me demandant encore plus de pouvoirs et d’argent mais aussi de convaincre la Reine de voter tes nouveaux projets ? Je suis bien curieuse de savoir comment tu comptes t’y prendre ?
Caressant les courbes de sa mâchoire avec mon doigt puis descendant peu à peu, j’évoque notre avenir à toutes les deux sans demi-mesure. Je vois alors ce petit sourire plus que équivoque, alors elle ne dit pas non mais je vais devoir mettre plus de volonté surtout que Madame n’aime pas les femmes qui se laissent faire alors, je me fis une petite note mentale sur ce point. C’est alors que ses bras enlaçent mon cou et j’en profite pour lui voler un baiser dans cette position inversée mais c’était l’intention qui compte. Je finis par retrouver une meilleure position; le dos droit pour continuer survoler l’os de sa clavicule pour ensuite glisser sur le long de son bras.
- Donc je dois prendre ce que je souhaite alors
Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde et l’invite à se redresser pour je puisse la regarder face à face, m’amusant à sonder son état d’esprit, mes pupilles changent peu à peu de couleur pour prendre une teinte ambrée, je pourrai ainsi voir comment elle va accepter ma demande et surtout montrer le sérieux de mon annonce.
- Je veux continuer ensemble et voir ce que ça donne, on est à un âge qu’il ne faut plus chercher à comprendre. On a l’air compatible sur certains points, nous avons toutes les deux un travail prenant, on connaît nos charges respectifs, pourquoi pas continuer, tu es libre, je suis libre puis tu me plais grandement tu sais Nyx...
M’approchant un peu plus proche de son visage, la main sur sa joue, mes lèvres proche des siennes.
- Dois-je t’arracher un oui ou tu te laissera faire pour finir cette journée tranquillement, je n’ai plus envie de parler, j’ai envie de quelque chose de… plus appétissant !
Son amante ne crut nullement à son hypothèse. Dommage, elle aurait possiblement pu la faire tourner en bourrique après ça. Cela dit, elle trouverait bien une autre occasion de la tourmenter gentiment, elle ne se faisait pas de soucis là dessus. En parlant de tourments d’ailleurs, ceux qu’elle évoquait à l’idée qu’elle devienne premier ministre étaient particulièrement tentants, en plus d’être amusants.
"Je ne suis pas aussi vénale, pour qui tu me prend ? Mais si je révèle toutes mes astuces dès maintenant, il ne me resterait plus rien pour les moments opportuns. Ce serait beaucoup moins amusant."
Et visiblement, Haru semblait réceptive à ce qu’elle disait, commençant déjà à agir pour le plus grand plaisir de la ministre de la justice. Il restait à voir jusqu’où ça irait, si elle allait s’arrêter à ce petit baiser ou si elle comptait vraiment agir. Elle se redressa alors, sous l’invitation de son amante. Avait-elle déjà du mal à la soutenir ? Certes la ministre n’était pas anorexique, mais ce n’était pas non plus un mastodonte. Cela dit, la raison semblait bien différente, son regard se perdant dans l’autre. D’ailleurs, elle put voir ces fameuses pupilles changer de couleur. Cette fois c’était plutôt flagrant. Ce n’était pas très discret comme utilisation de magie à cette distance, ce qui voulait dire que le fait que Nyx le sache n’influerait pas sur le résultat. De la lecture de pensée ? Ce serait gonflé de sa part. Une sorte de sérum de vérité version pouvoir ? Ça le serait aussi. Cela dit, ça devait sûrement être un pouvoir du genre dans ce contexte, difficile de s’attendre à quelque chose du genre un regard qui donne des maux de ventre.
Finalement, c’était une déclaration qui vint ici. Non pas une déclaration en mariage, mais une sorte de déclaration d’amour, ou de luxure, à moitié assumée. Elle argumentait davantage sur l’aspect pratique que sur l’aspect sentimental. Ce genre de maladresse amusait beaucoup Nyx, même si ça restait une faille facilement exploitable, au moins elle essayait.
"Tu cherches à me convaincre ou à me persuader là ? J’accepte bien volontiers l’offre, même si j’admet qu’un petit miaulement digne d’un petit mistigri n’aurait pu que jouer en ta faveur."
Même si Haru avait l’air très sérieuse, Nyx ne pouvait s’empêcher de rester très taquine avec elle. Cela ne retirait cependant rien à la validité de sa réponse, mais bon. Et puis la pression était en train de monter dans la pièce, alors on n’allait pas lui reprocher ce dernier moment de légèreté.
"Eh bien on y arrive finalement au dessert chérie."
Et quitte à parler de dessert, autant lui rappeler une scène d’un de ces livres. Ce fameux dîner interrompus entre un moustachu et une blonde. Devant une plat de moules arrosées d’une marquisette, au son du mistral extérieur les incitant à se réchauffer à l’intérieur. C’est à ce moment là que l’homme se jeta sur la belle, sans crier garde, elle qui était encore en train de mastiquer alors que son chemisier tombait déjà. Ici, Nyx prenait le rôle de cet homme. Bien sûr elle n’avait pas sa moustache, mais quitte à réinventer la scène, autant en profiter pour l’améliorer.