« Tu vas pas t'en prendre à un homme désarmé quand même ? Ce ne serait pas très propre pour une garde.
- Ferme ta gueule.
- Et malpolie, avec ça. »
Désarmé, bien sûr.
Si on enlève tous les surins qu'il doit encore cacher dans ses manches ou son sac. Il baisse les mains, voyant bien qu'elle n'a pas l'intention de se laisser avoir, et furette un truc dans son dos. Elle fonce vers lui, il esquive d'un pas souple en ramenant ses mains devant lui. L'espionne lance sa lame retour, mais elle passe derrière Vrenn et se perd au loin. Il en profite pour lancer quelque chose de la main droite, mais celle-ci est vide. Zahria ne voit l'aiguille que trop tard, et elle a tout juste le temps de tourner la tête. Elle vient se planter dans le cartilage de son oreille, lui tirant un juron de douleur. Mais pendant qu'elle a détourné la tête, Vrenn a disparu, et elle le retrouve un peu plus loin, au bout de la ruelle. Il ne lui jette même pas un dernier regard, sinon il aurait su. Il aurait su que c'était fini.
Courant vers lui, Zahria relâche toutes ses lumières, qui filent vers leur lieu d'origine, éblouissant Vrenn au passage, alors que la lame retour partie exactement là où l'Ombre la voulait se plante dans le dos de l'assassin sur son retour. Elle savait qu'il aurait encore un tour dans son sac, elle savait qu'il réussirait à la surprendre. Et parce qu'elle le connait mieux que personne, elle se doutait qu'il lui échapperait, et qu'il utiliserait sa téléportation. Et que sa lame retour serait là pour le cueillir. Il s'effondre une demi-seconde, avant de reprendre sa course en trottinant. Même sans agilité surhumaine, il ne devient pas compliqué pour Zahria de le rattraper et le plaquer au sol.
« Je m'entête parce que je suis la seule à te connaître suffisamment pour t'arrêter. »
Elle le force à se retourner, et referme la deuxième menotte sur sa main libre.
« C'est fini maintenant Vrenn. Plus personne ne t'oubliera. »
Et dans un sourire doux-amer partagé, elle l'aide à se relever, traversant la foule surprise avec son prisonnier chancelant, direction la Caserne. Sur le chemin, pas un mot n'est prononcé, alors qu'ils semblent ressasser tous les deux les dernières semaines les ayant mené à cet instant. Les blessures des deux adversaires coulent à flot. Le genou de la jeune femme fait un angle étrange suite à sa mauvaise réception, et elle n'entend plus rien de son oreille gauche. Rien qu'une bonne potion de soin ne puisse réparer, tout comme pour Vrenn. Il faudra qu'il soit en forme pour son jugement, de toutes façons.
Quand elle arrive à la caserne, le maître-espion est là, devant les portes. Il semble l'attendre. Ça doit bien être la première fois qu'elle le voit en dehors de son bureau, et Zahria ouvre de grands yeux ronds en apercevant sa silhouette trapue faisant un signe aux deux gardes en poste à la porte. Ces derniers viennent récupérer Vrenn, et les amène tous deux à une infirmerie, où ils sont soignés dans des lits face à face, se jetant des regards noirs. Le maître-espion a disparu, mais il semble que son oeuvre soit en cours, puisqu'on la demande très vite dans son bureau. Se relevant, elle jette un dernier regard à Vrenn et lui lance une promesse.
« Profite bien de ta cellule. Tu vas y rester bien plus longtemps qu'après le festival du Solstice... »
Et elle disparaît, prête à se faire engueuler une dernière fois.