- Pour les ragots bien sûr, taquina-t-il. Je suis certain qu’on réussira à te trouver quelques bons pâtissiers dans le coin. Ça pourrait être l’objectif du mois à venir, ajouta-t-il songeur. Au pire, en un coup de portail de téléportation, les douceurs de la Capitale sont à portée de mains. J’ai reçu un pass pour y accéder, expliqua-t-il. Visiblement ça revient moins cher à la Garde d’en équiper ses coursiers plutôt que de les faire cavaler pendant des jours, voire des semaines, à travers tout Aryon, continua-t-il en rigolant.
Ça n’arrangeait d’ailleurs pas nécessairement ses affaires d’espionnage, qui se passaient en partie sur les routes du royaume, mais ça avait le mérite de l’amener rapidement dans les grandes villes au besoin. Et puis, comme on connaissait sa tendance maladroite, il pouvait toujours prétexter un oubli ou une perte afin de faire le trajet avec ses petits pieds. A l’affut des murmures d’Aryon.
Il éclata de rire à l’aveu de la bourde de la médecin, imaginant parfaitement la scène. Il était rafraichissant de constater qu’il n’était pas le seul à jouer de malchance comme de maladresse. Et visiblement les soldats du nord savaient comment se réchauffer dans leur ville glaciale. Wendy allait-elle céder à la tentation ? De mémoire, il ne lui semblait pas l’avoir vue investie dans une relation amoureuse, que ce fut avec un homme ou une femme. Occupée à courir de l’aube au plus profond de la nuit pour maintenir son service, habitée d’une volonté farouche pour faire son travail de soignante efficacement, les rares pauses qu’il avait partagées avec elle n’avaient clairement pas semblé laisser de place pour la distraction de quelques amourettes. Ce que l’espion pouvait comprendre. Car lui-même, investit dans son métier officieux probablement plus que ce qui aurait été raisonnable, ne laissait pas de place à ce type de divertissement. Avec sa maladresse, les complications n’étaient jamais très loin.
Reposant le regard sur les silhouettes de l’adjudant Theldj et de son compagnon avant qu’elles ne se dérobent finalement à eux, il acquiesça aux propos de son amie. La promiscuité au sein de la Garde, associée aux liens assouplis par l’ambiance festive et avinée, allait probablement favoriser les rendez-vous sous la couette. Ou ailleurs. L’alcool avait tendance à rendre les âmes créatives et ambitieuses. Le retour de bâton se ferait probablement sentir le lendemain à l’infirmerie. Entre les gueules de bois, les engelures mal placées, et les traumatismes péniens, Calixte espérait que Wendy n’allait pas prendre son service tout de suite. La journée risquait d’être longue.
Et d’ailleurs, la jeune femme avait peut-être suffisamment bu pour deux. Observant d’un œil prudent la médecin qui retirait ses chaussures et envisageait de crapahuter sur le rebord d’un balcon, il se rapprocha de celle-ci pour pouvoir la retenir si son pied glissait. Mais il semblait que, même légèrement enivrée, Wendy restait moins maladroite que lui, et il poussa un soupire de soulagement lorsqu’elle s’assit sur le muret. Suivant son exemple, il releva les pans de sa robe et posa son séant à côté de celui de la jeune femme. Les flammes vaillantes des torches positionnées non loin d’eux et éclairant le chemin diffusaient quelques vagues de chaleur appréciable dans leur direction. La pierre était tout de même froide et humide sous leurs fesses. Il dégrafa le grand châle qu’il avait emprunté dans les affaires de Wendy, et le déplia afin qu’il leur couvre leurs épaules à tous les deux. Le flanc contre celui de la médecin, il espéra que cela serait suffisant pour leur éviter la pneumonie qui se profilait.
- Veux-tu qu’on échange nos chaussures ? Enfin, tes chaussures, proposa-t-il en indiquant d’un geste ample leurs pieds respectifs.
Si cela pouvait soulager ceux de son amie tout en évitant qu’ils ne finissent avec des engelures…
Une moue inhabituelle sur les traits de la jeune femme attira son regard, et il fronça légèrement les sourcils à la mimique boudeuse de celle-ci.
- Wendy ? fit-il concerné.
- Honnêtement, j’ai pas encore fait connaissance avec les membres de la forteresse mais à cause de cette foutue robe, j’ai l’impression que ça va être dur d’être prise au sérieux ... Moi qui voulais faire bonne impression, je crois que c’est raté.
Observant son amie qui regardait ses mains comme si elles contenaient les réponses à ses doutes, il lui laissa un temps de silence afin qu’elle aille au fond de sa pensée.
- Je vais réussir à me faire une place en tant que médecin, ça s’est sûr. Je ne doute pas de mes capacités mais en dehors de ça, je crois que je vais vraiment galérer …
Alors que la tête de Wendy se calait sur son épaule, il passa instinctivement son bras autour des épaules de la médecin, et le laissa là. Mimique de nombreuses soirées – ou matinées très matinales – à refaire le monde, à s’interroger sur tout, et à douter presque jusqu’à l’auto-flagellation. Et c’était peut-être dans ces instants, précieux et sensibles, que résidait la force de leur amitié. Au-delà des nombreux passages de Calixte à l’infirmerie du fait de sa maladresse, et des nombreuses demandes de Wendy pour quelques douceurs afin de pouvoir tenir sa journée de travail.
- Qu’est ce que t’en penses toi ? Tu voyages beaucoup, tu dois bien avoir une technique pour réussir à te faire accepter par les autres, non ?
J’en pense qu’en voyage je suis souvent travesti, songea Calixte. Et que, surtout, il s’en fichait pas mal de l’avis d’autrui. Il avait besoin de créer du lien avec ses cibles afin de réaliser son travail et de pouvoir récupérer des informations notables, mais ces liens n’avaient pas vocation à perdurer. Et c’était probablement là toute la différence. Son regard s’aventura le long des courbes sévères de la caserne, et fut attiré par les halos de lumière s’échappant de quelques fenêtres. Etaient-ce les silhouettes de la Capitaine Von Andrasil et de Zahria qu’il apercevait à l’une d’elles ?
- Au risque d’être cliché, mais t’accepter toi-même dans la réussite comme l’échec sera déjà on bon départ, proposa l’espion en souriant. Les gens n’aiment pas sentir que leur interlocuteur est « faux », ni qu’il tente de « forcer les choses », ils relient ça à de la lâcheté et du mensonge.
Ironie quand tu nous tiens. Il haussa les épaules et adressa un regard fraternel à Wendy.
- La médecin que je connais est dynamique, bienveillante et compétente ; je n’ai aucun doute qu’elle se fera accepter pour ces qualités qu’elle exprime par le travail, mais surtout par sa personne. Où qu’elle aille. Et même s’il devait y avoir des moments où elle serait plus fatiguée, plus irascible, qu’elle fasse des erreurs… voire que quelqu’un lui fasse comprendre qu’il ne l’apprécie pas ; on trouvera quelques douceurs culinaires pour lui remonter le moral et recharger ses réserves… Et j’irai défoncer ce quelqu’un, proposa Calixte en ricanant à sa propre suggestion enfantine.
Il était certain que Wendy était tout à fait capable de se débrouiller par elle-même, tout comme il était certain qu’il n’irait jamais au conflit ouvert pour ses beaux yeux sauf danger immédiat. Ça n’était pas son style. Bon, peut-être s’arrangerait-il pour diffuser quelques fausses rumeurs embarrassantes ou souiller les affaires du malotru de poil à gratter ou de quelques odeurs pestilentielles s’incrustant bien, mais sinon…
La jeune médecin se redressa brutalement pour s’obliger à reprendre contenance, et l’espion en profita pour ajouter d’un ton léger :
- Mais peut-être d’abord limite ta consommation d’alcool et décuve un peu.
Il repassa les jambes par-dessus le muret de pierre, et tendit la main à Wendy pour l’inviter à le suivre. Ça n’était pas en restant immobiles qu’ils allaient se réchauffer, et ça n’était pas en laissant l’esprit de Wendy vagabonder, perturbé par le breuvage fermenté, qu’ils allaient la sortir de son anxiété anticipatrice.
- Allez viens ! s’exclama avec enthousiasme Calixte en tirant la médecin vers un espace enneigé relativement vierge de traces de pas. Wendy, je voudrai un bonhomme de neige, oh viens jouer avec moi ! ~
Ayant gardé son petit sac sans fond à la hanche maintenu par la ceinture, il prêta sa paire de gants du Solstice à son amie et enfila lui-même des gants classiques. L’espion n’avait pas beaucoup d’expérience en construction de bonhomme de neige, mais il avait l’ambition d’en sculpter quelques-uns à la gloire du beau monde invité pour l’occasion. Bon, il risquait de se manger un entretien un peu salé par la suite, mais cette idée n’était pas suffisamment inquiétante pour éclipser la première.
Theldj, appelez moi Theldj. Ou Nehla, comme vous voulez.
Elle porta la bouteille à ses lèvres avant d'avaler une gorgée de vin, s'adossant à son tour contre l'arbre avant de se laisser glisser au sol en ramenant une jambe vers sa poitrine. Elle tendit la bouteille au soldat, l'invitant d'un geste de la tête à la rejoindre.
Pourquoi m'avez-vous proposé de vous accompagner, SteelHeart ?
La compagnie est toujours agréable, surtout par ce temps et en ces lieux...
La jeune femme rigola doucement, posant sa tête contre l'arbre avant de la tourner vers le soldat, visiblement mal à l'aise même s'il s'était pourtant glissé près d'elle. Il n'avait laissé qu'un léger espace entre eux, leurs épaules se frôlant de temps à autre.
Allons, je vous impressionne à ce point ? C'est les cicatrices n'est-ce pas ? Ça fait le même effet à chaque fois, on s'imagine que j'ai combattu des monstres horribles. Je vous dévoile le secret si vous me promettez de le garder pour vous. Des tâches de naissance. Rien de plus.
Nehla soupira, observant la vapeur qui sortait de sa bouche former une jolie volute au dessus d'elle.
Enfin, quelques cicatrices à cause de certains entraînements, mais rien de bien glorieux. Et je vous ai accompagné parce que... Vous m'avez l'air d'être un type plutôt convenable, SteelHeart.
Le soldat avait émit un léger rire, l'alcool aidant sûrement à ce stade de la soirée, surtout que la bouteille était désormais presque vide.
Convenable ? On peut dire cela oui... Ça doit être mon côté loyal et direct qui doit donner cette impression.
L'Adjudant secoua la tête de confusion, elle n'était visiblement pas faite pour les compliments, ni pour la séduction, ni pour se confier, ni pour les conversations futiles, en somme, elle n'était pas douée pour les relations humaines en général. Ses pensées divaguèrent légèrement, lui rappelant les deux jours qu'elle avait passé en cellule et les visites du Capitaine Von Andrasil, un léger sourire se dessina sur son visage à certaines pensées avant que l'image ne s'évanouisse lorsque Kaytsak lui tendit à nouveau la bouteille en posant sa main sur son bras pour la sortir de sa rêverie. Les joues de Nehla se teintèrent à nouveau d'un léger rose, elle passa sa main dans ses cheveux, dans l'espoir de remettre ses idées en place en attrapant la bouteille. Elle la porta à nouveau à ses lèvres avant de se raviser, tournant la tête vers le soldat à ses côtés.
Navrée, je peux être maladroite parfois. Convenable n'est pas le bon mot. Enfin, ce n'est pas ce que je voulais dire.
La jeune femme soupira légèrement en posant la bouteille entre eux, la calant dans le mince espace entre sa jambe et celle du soldat. Son regard glissa le long de sa cuisse pour remonter vers son visage, finalement plutôt séduisant, il fallait se l'avouer, avant d'accrocher ses yeux d'un bleu profond, encore plus électriques dans la pénombre qui les entouraient. La Garde afficha un léger sourire en coin, en adressant un clin d’œil au soldat :
Je vous ai accompagné car vous êtes tout à fait à mon goût, SteelHeart. Et je pense que nous pourrions bien nous entendre, vous et moi.
Nehla lui sourit doucement avant de détourner rapidement le regard lorsqu'elle se rendit compte que son visage n'était qu'à quelques centimètres de celui du soldat, les joues rougies par la situation, les différentes émotions et envies qui se bousculaient dans sa tête, et probablement aussi le vin qui déliait autant sa langue que ses gestes. Leurs souffles formaient de légères volutes de vapeur en se mêlant au dessus d'eux, s'évanouissant dans l'atmosphère. L'Adjudant se risqua à jeter à nouveau un coup d’œil vers le soldat qui attrapa délicatement son menton du bout des doigts pour déposer un léger baiser sur ses lèvres.
Vous me plaisez aussi... Nehla.
À la fois légèrement surprise et plutôt satisfaite, l'Adjudant sourit doucement avant de fermer les yeux et de poser à son tour ses lèvres sur celles du soldat, lui rendant son baiser avec douceur, une légère brume se formant autour d'eux au même moment.
« - Ce nom ne me dit rien... Mais il y a des évènements étranges, des oublis notamment, de moments durant lesquels j'étais à la Capitale... Ah, je crois que cela me revient. »
Les lettres. Je savais que je pouvais me confier à elle et parler du meurtre de ma mère et de cette étrange enquête dont je ne gardais aucun souvenir, mais elles mentionnaient un homme dont je n'avais pas noté le prénom et qui avait un pouvoir, ce pouvoir.
J'allais justement les chercher dans ma commode lorsque l'on frappa à la porte et que se fit entendre la voix du Capitaine Al Rakija ; heureuse surprise, même si le timing n'était pas forcément idéal. Il me tenait toutefois de m'entretenir avec mon homologue, cela faisait si longtemps que l'on ne s'était plus vus désormais.
Consciente que sa présence pourrait gêner, même s'il n'en était rien, l'espionne m'adressa ses adieux tout se dirigeant vers la porte. Profitant d'un court instant avant qu'elle ne l'ouvre, je conclus notre conversation :
« - Écoute, il est possible que j'aie rencontré ton homme. On reste en contact par cristal. »
Hochant la tête avec une expression de satisfaction, Zahria actionna la poignée et se glissa dans un fin interstice entre l'encadrement de la porte et la solide stature du Capitaine du Grand Port. En nous présentant avec un sourire léger, elle disparut, tandis que j'accueillais le convive.
« - Capitaine Al Rakija ! Votre présence ce soir me réjouit au plus haut point. Que dit-on dans ces conditions ? Bienvenue chez vous, » fis-je tout en invitant mon aîné à prendre place sur mon unique sofa, tandis que je tournai la chaise de mon bureau dans sa direction.
Certes, c'était chiche, mais je n'avais pas vraiment meublé mes appartements depuis ma prise de poste officieuse. J'avais toutefois eu l'occasion de préparer un thé que je n'avais pas eu le temps de servir à mon amie et que je proposai à présent au Capitaine :
« - J'ai aussi des petits gâteaux qui doivent traîner... et mon assiette de petits fours prestement récupérés du buffet. »
Bon, je pouvais bien imaginer que l'homme était rassasié par les festivités du hall, mais l'hospitalité était une marque d'appréciation. J'étais véritablement heureuse de voir mon confrère, quand bien même je m'étais volontairement retranchée dans ma chambre. J'en saisissais la bêtise à présent, il me faudrait redescendre par la suite. Mais un entretien au calme avec mon homologue était préférable, à l'heure actuelle.
« - Que me vaut votre visite ? Même si je pense avoir une petite idée sur la question. Et comment se porte le Régiment Al Rakija ? J'imagine que le climat du sud est préférable aux vieilles pierres humides et froides du Nord... »
Le hic, c’était que lors du trajet entre Char – mon village natal – et la Forteresse, une roue de la diligence couinait et menaçait de rompre, il fallait donc la changer et retarder le départ.
Le chemin fut long et la température n’aidait pas, mais heureusement je portais mes habits chauds qui m’évitaient les engelures et autres joyeusetés des montagnes enneigées. Ce n’était qu’une fois enfin arrivé, exposé à la légère brise glaciale que je saluai mon ami postier ainsi que son compagnon d’escorte habituel de m’avoir dépanné pour cette fois. En effet, mes majordomes se chargeaient de préparer le manoir et les commerçants dont je possède des parts au nouveau contrat que j’allais bientôt leur présenter une fois le Génie mis en place. De quoi commencer la nouvelle année en bonne et due forme, et donc des bras disponibles en moins pour préparer à temps le voyage. Je devais donc me débrouiller avec mes contacts et affronter comme monsieur tout le monde le grand froid du nord, ce qui après réflexion n’était pas plus mal. Il me fallait choisir précautionneusement mes affaires pour aider la capitaine Elina sans quérir plusieurs personnes afin de les porter.
« Maintenant, le lieu de fête… Avec tout ça j’ai bien mérité un bon verre de whisky d’ambriosa. »
Je tirai donc moi-même ma propre malle. Moi, quarante-sept ans, plus de trente ans de métier et possédant des parts importantes chez nombre de marchands et ayant étendu le nom de Niveren au-delà des montagnes, je tirais une malle de plusieurs kilogrammes et montais les pentes glissantes de la Forteresse en gelant presque mes membres. Heureusement que mes entraînements réguliers facilitaient la chose, qui sait le temps que j’eusse pris autrement. Je ne souhaitais pas de calèche pour me transporter, avec le peu de distance à faire, même si cela devait se faire dans la douleur je préférais cela à l’image du noble profitant de ses richesses pour faire quelques centaines de mètres en taxi. Je remerciais si fort l’invention des gants qu’en m’observant on eût dit un vieillard rajeuni et heureux dans l’épreuve.
Une fois présenté et annoncé de mon arrivée à l’entrée et l’enceinte militaire franchie par la grande porte, on me proposa de garder mes affaires jusqu’à nouvelle indication de ma part, ces dernières étant en règles. Je remerciai donc les gardes et rejoignis le lieu de rendez-vous où était censée se passer la soirée, avec quelque peu de retard malheureusement mais j’espérais arriver avant que tout le monde n’eut fini complètement saoul.
Et la jeune femme ne manqua pas d'humour quant à son accueil dans ses quartiers privés. Yuduar retorqua par un grand sourire chaleureux, se laissant choir dans ce petit canapé qu'il avait déjà tant foulé par le passé durant ses longues entrevues avec le feu Capitaine Lomar. Que de souvenirs dans ces lieux. Notamment celui de la découverte du testament du Grizzly qui le nommait lui précisément comme héritier de la relève du Blizzard. Une mission qu'il n'as pus qu'accomplir que de courte durée après quoi l'Etat-Major de la Garde n'avait pas jugé bon de laisser un tel régiment entre les mains d'un élément jugé si "instable". Grand bien leur en fasse, la poudreuse et l'ambiance grisâtre du Nord n'avais jamais été la tasse de thé de Al Rakija, son amour des Montagnes venait principalement de la nostalgie qu'il tenait de cette belle époque et des souvenirs qui accompagnaient le tout.
Refusant poliment les amuses-gueules proposés par Elina en se mettant une main sur la panse pour indiquer qu'il était déjà repus plus que de raisons, Yuduar déposa son paquet personnel sur un petit guéridon qui trônait à sa droite.
"Je vous ai amené un petit quelque chose qui vient de chez moi, un petit présent pour célébrer cette montée en grade!" précisa t-il en laissant le cadeau aux bons soins de son hôte "Et le Sud se porte à merveille, jusque là tout est bon en tout cas! On a terminé l'installation du Régiment au Bastion du Grand-Port il y a peu et on commence à mettre en place les avants-postes et les routes de communications sur la région autour, vue le territoire à couvrir vas nous falloir encore un bon mois avant que tout soit proprement rôdé mais j'ai bon espoir. Mes gars sont sûrs et motivés, j'ai bien eu le temps de peaufiner le tout en amont durant mon petit "séjour" à la Capitale."
Séjour de plusieurs mois qui avait été orchestré à la base pour maintenir un certain contrôle sur les actions d'un Yuduar qui n'avait pas la confiance de ses supérieurs. Ce n'était un secret pour personne, tout du moins pas pour ceux qui flirtaient avec les sphères de la Capitainerie. Mais à force de temps et de patience, de résultats et de droitures -tant bien que mal-, sa demande de mutation au niveau du Sud fut finalement acceptée et son Régiment recrée depuis trois fois rien pus reprendre un nouveau départ.
Mais ne désirant pas s'épancher sur le sujet de sa petite personne, Yuduar poussa son cadeau à l'intention d'Elina en décochant un nouveau sourire aux reflets de grand enfant. Dans le paquet entouré de lin crème se tenait un coffret de bois renfermant en son sein une bouteille de Vin d'Aryes, une liqueur forte spécialitée de la Ville-Aquatique et l'un des pêché mignon personnel du Capitaine Al Rakija. Quasi impossible à obtenir dans le Nord à moins de croiser un marchand original qui passe dans le coin pour faire de l'import issu des régions Sud. Autant dire que ça n'arrive presque jamais.
"Mais assez parlé de mes petites affaires! Cette soirée est pour vous Van Andrasil, vous voila affublée de l'écusson doré des Capitaines désormais et tout le patacaisse qui vas avec ahah!" puis tâchant de reprendre un air mi-sérieux "D'ailleurs j'espère que je ne vous ai pas dérangé en venant toquer, j'ai croisé une demoiselle en arrivant, enfin bref. Désolé si c'est le cas hein, c'était pas le but. Je passais en coup de vent vu que j'avais un p'tit truc pour vous puis je tenais à adresser mes félicitations en personne, ça fait moins impersonnel qu'au milieu du souk du grand hall. Bref." ravalant sa salive pour ensuite claquer de la langue avec une appréciation sortie de nulle part, il repris ses aises pour enchainer "Et comment ça se passe pour vous, avec le Blizzard depuis tout ce temps alors? J'ai jamais été un grand fan d'Ulricht on vas pas se le cacher. Mais à voir la tronche de vos gars en bas on dirait que les heures de gloires vont bientôt revenir à nouveau dans la Citadelle!"
Il n'avait en vérité que peu d'informations sur la nouvelle Capitaine Elina Van Andrasil. D'une part parcequ'il n'avait pas cherché à en avoir et de l'autre parceque dans le fond les piapia des hautes sphères ça lui en touchait une sans faire bouger l'autre. Mais de ses conversations avec Arban il en retenu l'essentiel: quelqu'un de solide et fiable avec de la suite dans les idées. Pas le même profil que Lomar, ce côté vieux bourru grande gueule avec politique du coup de boule d'abord et discussion ensuite, mais une approche différente loin d'être dénuée d'intérêt. Vu de chez Yuduar, cela l'avait amené à une conclusion aussi logique que sommaire: il n'allait peut-être pas rester le seul original de la Capitainerie désormais. Un vent nouveau se levait dans l'Etat-Major de la Garde, de ceux qui n'ont pas peur de dépoussiérer les anciennes méthodes pour laisser place aux innovations les plus audacieuses. Et tout cela, ça lui plaisait. Grandement même.
- Oh Calyxte, tu viens de te condamner, je vais vouloir t’appeler bien trop souvent maintenant ~ Tu sais à quel point j’aime le gâteau chocolat et citron de monsieur Duchelle ~
Arme secrète … Les yeux de petits chiots d’une Wendy quelque peu influée par l’alcool qui cherche à se faire offrir des gâteaux. Comment pourrait il résister ? C’est une question rhétorique. Il ne peut pas. N’attendant pas de réponse, la demoiselle était montée sur le muret, rejoint par Calyxte qui les enveloppa du châle qu’il lui avait subtilisé, pour une soirée. Les deux jeunes gens se tenaient l’un contre l’autre, un peu plus protégés du froid, le regard perdu dans l’horizon nocturne, seulement éclairé par les flammes dansantes des torches. Lentement, elle déposa sa tête sur l'épaule du jeune homme avec nonchalance, bougeant les jambes dans le vide avant de refuser la proposition du coursier.
- Non pas besoin, mes chaussures sont bien ! D’ailleurs, je veux enregistrer ton cristal de communication, tu l’as sur toi ?
La jeune femme sortit le petit cristal de la poche qu’elle avait cousue à l’intérieure de l’ourlet de sa robe, lui tendant un instant pour enregistrer avant de le ranger.
Ce fût alors le moment pour la belle rousse d'exprimer ses angoisses face à cette soudaine promotion et aux futures interactions avec les soldats de la forteresse. Cela faisait du bien de se confier à celui qu'elle considérait comme son plus proche ami. Se renfermer sur elle-même n'était pas une bonne idée, ça, elle le savait. Calyxte écouta sans un mot avec la plus grande gentillesse dont seul lui pouvait faire preuve. Il n'y avait pas une once de jugement dans son regard. Il était juste là, se tenant comme un soutien indéfectible. Et en plus de cela, il se montra être un très bon conseiller. Il avait totalement raison. Elle devait juste faire comme d’habitude. Être souriante, dynamique et bien faire son travail ! Si quelqu’un ne l’aime pas, tant pis. Ce n’est pas cela qui l’empêchera de travailler comme à son habitude et puis, ça lui donnera une excuse pour faire venir le blondinet et les merveilleuses douceurs qu’il emportera avec lui. Non, vraiment, c’est tout bénef comme on dit. Ou plutôt, elle fera d’une pierre deux coups, histoire d’être un peu plus littéraire. La demoiselle échappa même un petit gloussement en l’écoutant dire qu’il irait se battre avec la personne qui oserait se montrer impoli envers elle.
- Pff ! Je t’imagines mal te battre mais je note ~
Elle lui donna un petit coup de coude, amical et sans force. La rousse commençait à avoir la tête qui tourne. Elle observa son verre, comme s’il était l’ennemi numéro un avant de le déposer à ses côtés, un peu plus loin d’elle. Son expression était assez drôle, un mélange entre de la surprise et de la méfiance. Elle ne comprenait pas comment l’alcool avait tant agit sur elle.
- Tu as sans doute raison … Je tiens bien d’habitude … J’suis peut-être un peu crevée …
La médecin poussa un soupire en passant ma main dans sa chevelure couleur pomme, défaisant la coiffure qui ne lui avait pas vraiment prit de temps à faire. Au moins, le breuvage fermenté avait l’avantage de tenir chaud. Sortant de sa somnolence à l’écoute de la voix de l’espion, Wendy accepta la main qu’il lui tenait pour descendre du petit muret et ce, sans glisser. Elle serra doucement celle-ci, faisant quelques pas maladroits avant de remettre ses chaussures à petits talons, dans le but de ne pas se geler les pieds sur le sol de pierre. Elle se laissa alors entraîner par Calyxte, éclatant de rire en le regardant, attendrie. Il voulait qu’elle évite de déprimer et c’était vraiment adorable de sa part. La demoiselle se mit à courir pour le dépasser après avoir récupérer les gants du solstice pour protéger ses mains. Elle attrapa rapidement de la neige, formant une sphère avec cet amas.
- J’aime les bonhommes de neige mais …
Un rictus quelque peu diabolique étira ses lèvres et d’un coup, elle se retourna, balançant la boule de neige sur le blond et, malgré l’ivresse, Wendy visa plutôt bien, se mettant de nouveau à rire aux éclats.
- Je préfère une bataille de boule de neige !
Et sans lui laisser le temps, elle se pencha de nouveau pour préparer de nouvelles munitions qui lui serviront dans cette guerre qu’elle venait de déclencher, sans doute poussée par l’éthanol dans ses veines et l’instinct de combattante qu’elle avait gagné lors de ses entraînements avec le nouveau commandant de la forteresse. De loin, la scène devait être des plus comiques. Un jeune homme et une jeune fille, en robe de soirée, jouant dans la neige comme deux idiots, juste à côté d’une soirée de fête avec tout de même quelques personnes importantes. Mais tant pis ! La nouvelle médecin en chef avait mit de côté ses anxiétés et profitait enfin du moment présent !
Un coup d’œil à l'intérieur me fit sourire. Le corps de mon amante était emmitouflé à moitié dans les couvertures. Elle somnolait, son visage me lançait un regard par moment et elle se retournait fréquemment. Ce simple spectacle était agréable à voir. Et assez triste aussi. Si cette relation nous menait plus loin, nous risquions très peu de nous voir. Et encore plus de s'inquiéter l'un pour l'autre. Autant à la Capitale, le danger était moins présent. Mais ici, dans le Nord, il était possible d'affronter des monstres terrifiants.
Je finis ce que je faisais et rentra, fermant derrière moi. Allais-je le supporter ? Pourquoi pas oui, cela pourrait être une bonne expérience même. Je me glissa sous les couvertures et me colla contre Nehla. Elle en fit de même et je pus voir un sourire fugace sur son visage, avant qu'il ne se cache dans mon cou. Je la trouvais agréable a regarder. Son corps était bien bâti et mes mains longèrent les quelques cicatrices qu'elle possédait.
- Tu me chatouilles...
Ce simple murmure de sa part eu pour effet de me faire émettre facilement un petit rire. Cela correspondait bien avec le fait qu'elle soit à moitié endormi. Je retira ma main. D'une voix douce, je lui demanda si :
- Tu veux que je te laisse dormir... ?
- Non reste... Me répondit-elle en glissant une main dans mes cheveux.
De nouveau, un sourire orna mon visage. Je posa une de mes mains sur sa joue, lui faisant prendre sa forme pour qu'elle se love dedans.
- Je ne comptais pas partir, ne t'en fais pas...
Je la vois sourire à cela et se rapprocher de ma nuque pour y déposer un léger baiser.
- Continue, c'est agréable finalement...
Je m’exécute donc, une de mes mains vagabondant sur son corps, longeant de nouveau ses cicatrices.
- Tu en as certaines qui ont des histoires intéressantes ?
Ma question eut pour effet de la faire rire. Bon, je pouvais en déduire que cela n'allait pas être le cas. Du moins, pas réellement distrayante.
- Pas vraiment... Elles ont toutes été laissées par mon frère ou mon père. Je n'ai pas encore eu l'occasion de combattre quoi que ce soit. Et toi alors, tu t'es déjà frotté à des monstres?
Oh, au moins, j'en apprenais un peu plus sur son passé. Cela me faisait me poser un bon nombre de questions d'ailleurs. Est-ce parce qu'elle s’entraînait avec eux ou avait-elle eu une enfance difficile. Je me mordis la lèvre pour éviter de la couper et les lui poser. Je ne pense pas que c'était quelque chose qui se faisait dans la situation actuelle. Pour lui répondre, je commença par désigner mes côtes gauche, où une cicatrice en forme de morsure est bien visible.
- Au Campement, on en voit de temps à autres. Ce ne sont pas les plus gros, mais certains laissent... Des marques.
Une de ses mains alla doucement faire le contour de la morsure. Il y avait quelque chose de doux et sensuel dans ce geste, comme si elle appréciait ce genre de petite chose.
- Sois prudent quand tu repartiras la bas...
- Je le serais, acquiesçais-je, tu n'as rien à craindre... Je ne suis jamais seul lors de ce genre de rencontre..
Ce n'était pas la réponse qu'elle comptait entendre je pense, vu qu'elle soupira. Oh. Je voyais la question venir... Se relevant sur un coude, elle me dévisagea.
- Et... Tu repars quand..?
Moi aussi cela m'embêtait. Au point que j'en fis une petite moue un peu dépité.
- Je n'étais présent que pour la fête... Dans quelques jours à peine je dirais.
Son expression ne me dit rien qu'y vaille. Elle semble s'être beaucoup attaché à moi en très peu de temps. Je ne pouvais la rejoindre sur ce point. Même si je l'appréciais aussi et que nous avions partagé quelque chose particulièrement... Torride, j'avais encore du mal à déterminer ce que je souhaitais. Enfin si.. Je ne souhaitais déjà pas la blesser. Disons que c'est un bon début. Ses doigts vinrent caresser ma joue.
- Je vois... Je pourrais peut-être te rendre visite de temps à autre... Si tu as envie.. ?
Disons... Que cela ne me dérangerait pas. Hochant la tête, ma réponse fut un peu confuse.
- Le Campement est à plusieurs jours de cheval d'ici... Ce n'est pas que je ne veuille pas, au contraire... Je me ferais un plaisir de te montrer l'endroit où je vis.
J'espérais que cela allait la satisfaire... Commencer une relation sur une pseudo dispute n'avait rien de bon. Surtout que je ne savais pas gérer ce genre de situation. Elle se recoucha contre moi, plaçant sa tête dans mon cou.
- On verra bien alors...
Sa phrase fut dite dans un espèce de soupir et sa respiration se fit différente quelques minutes après. Elle s'était endormi. J'allai embrasser son front, souriant, et l'entoura de mes bras. Fermant les yeux, mon esprit sombra dans un sommeil doux et voluptueux...
Malgré ses gants, il percevait peu à peu la froideur humide de la neige pénétrant jusqu’à sa chair, mais l’euphorie du moment lui faisait oublier cet inconfort. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas connu telle allégresse, sans complexité ni complications. De celles qui emplissent l’âme et le corps d’une douce chaleur réconfortante. De celles qui redonnent de l’énergie malgré la fatigue. De celles dont le souvenir applique toujours un peu de baume au cœur même par les temps les plus rudes. Et malgré la brise nocturne glaciale mordant de plus en plus fort ses joues exposées, il ne pouvait s’empêcher de sourire comme un idiot.
Peu à peu leur bataille avait finalement attiré l’attention d’autres âmes joueuses, et le duel s’était transformé en combat de clans disparates, aléatoires et inconstants. Il ne semblait n’y avoir de règle, si ça n’était de s’amuser et envoyer un maximum de boules de neige sur les autres militaires alentours. Observant la silhouette vive de son amie entre celles enjouées de leurs camarades, prenant compte des échanges joyeux et sincères – ou tout du moins aussi sincères que le permettait l’alcool – Calixte se dit que Wendy n’avait vraiment pas de soucis à se faire concernant sa place en tant que personne entre les murs de la caserne montagnarde. Les regards que posaient sur elle ses nouveaux collègues n’avaient rien de froid ni malaisant.
Un trio de boules de neige se perdit vers la fenêtre des quartiers de la Capitaine Von Andrasil, et un fou rire général gagna les participants de la bataille après un moment de silence surpris. Si quelques échanges continuèrent ensuite, ils furent rares. Comme sonnant la fin de la récréation, chacun prit soudainement conscience de l’heure avancée, de la morsure prégnante du froid, et pour ceux qui avaient bien picolé, de la nécessité d’aller se vider la vessie. Adressant quelques « au revoir » de la main à ses connaissances de soirée, Calixte se rapprocha à nouveau de Wendy. Le froid et l’action avaient rosi les joues de la jeune femme, et l’espion se doutait qu’il devait lui aussi ressembler à un mélange de bonhomme de neige vivant et de fêtard un peu rougeaud.
Proposant son bras à son amie, avisant la fatigue qui se peignait de plus en plus sur les traits de celle-ci les festivités passant, il lui demanda :
- Je te raccompagne à tes quartiers Wen ? Ou on refait un détour par la salle de fête ?
Les deux amants n'avaient en effet pas beaucoup dormi, quelques fêtards passablement ivres arpentaient les couloirs, que Nehla prenait soin d'éviter, des bruits provenant de la salle des fêtes arrivaient à ses oreilles à l'affût, notamment le rire du soldat Donte reconnaissable parmi des milliers. Nehla secoua la tête redoutant leur état le lendemain matin avant de pousser la porte de la cuisine, ne la refermant pas immédiatement sur elle. Elle entendit un bruit de pas familier qui s'approchait, faisant volteface, elle tomba nez à nez avec le nouveau Capitaine de la Forteresse. La jeune femme resta quelques secondes bouche bée avant de se reprendre :
Mon Capitaine.
Un petit creux nocturne, Adjudant Theldj?
C’est… C’est ça, mon Capitaine.
La grande blonde lui adressa un clin d'œil avant de poursuivre son chemin, entrant dans la cuisine à son tour, Nehla soupira, laissant glisser son regard le long du dos de sa supérieure, avant de tendre la main vers la porte pour la fermer, espérant ne rencontrer personne d’autre lorsqu’une petite voix et des pas rapides se firent entendre. L’Adjudant pesta avant de sentir la main de Mademoiselle Waltz se poser sur son bras qui entra en trombe dans la pièce.
Mais qu’est-ce que vous faites là, Adjudant Theldj ! Et pieds-nus en plus ! Et si peu vêtue ! Vous allez attraper la mort !
Nehla glissa un œil vers le Capitaine qui s’était arrêtée et lui faisait à nouveau face, un léger sourire sur les lèvres. L'Adjudant serra les mâchoires avant de s'adresser à la rouquine:
Mademoiselle Waltz, pas si fort voyons…
C'est vrai que vous n'êtes pas très vêtue pour une soirée aussi fraiche. Ou bien peut-être avez-vous besoin de faire retomber la température ?
Nehla sentit le rouge lui monter aux joues lorsque le Capitaine lui adressa un clin d’œil.
Je… euh… Et vous Mademoiselle Waltz, qu’est-ce que vous faites debout à cette heure tardive ?
Besoin de prendre l'air vous aussi, Médecin chef ?
La jeune Médecin chef semblait presque se moquer de Nehla, lui lançant un regard plein de sous-entendu avant d’engloutir un petit four d’un plateau presque intact posé sur le plan de travail de la cuisine.
Je crois que je n'ai pas eu les mêmes activités que notre chère collègue mais j'avais un petit creux.
L’Adjudant sentait ses joues se réchauffer un peu plus, alors qu’elle n’avait pourtant rien à se reprocher. Elle fixa ses pieds pour éviter tout contact avec le Capitaine ou Mademoiselle Waltz, bégayant légèrement :
C'est juste que... hum... Je n'ai pas pu profiter du buffet comme je l'aurais voulu et je voulais... euh... Faire honneur à notre chef cuisinier, voilà tout.
La rouquine pouffa de rire, lançant un regard entendu au Capitaine avant d’enchaîner, peu convaincue :
Mais oui, mais oui Adjudant…
Un grand fracas provenant de la salle des fêtes sauva Nehla de cette conversation, les trois jeunes femmes se précipitèrent hors de la cuisine pour voir des soldats titubants appeler à l’aide. La jeune Wendy jeta un regard paniqué à ses compagnes avant de reprendre son calme, bombant presque le torse.
J’y vais !
Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Nehla, cette petite était décidément un sacré numéro. Elle soupira avant de retourner dans la cuisine et de s’asseoir à même le métal froid du plan de travail, une main posée à plat de chaque côté de ses cuisses. Le Capitaine s’approcha de la jeune femme, une lueur étrange dans le regard, presque mélancolique.
De la fatigue je suppose… ?
Plutôt un soulagement, mon Capitaine. Vous savez que j’apprécie votre compagnie.
Les deux jeunes femmes échangèrent un regard tendre et un timide sourire, Nehla passa sa langue sur ses lèvres, laissant descendre ses yeux vers la bouche de sa supérieure sans même s’en rendre compte, avant qu’Elina ne fasse à nouveau un pas vers l’Adjudant.
Maintenant que je suis Capitaine du Blizzard… Et compte tenu de ce jeune soldat qui vous a empêché de profiter du buffet… Il serait sage si notre histoire devait s’arrêter là, Adjudant Theldj.
Nehla la regarda interloquée, esquissant un geste comme pour poser sa main sur sa joue avant de se raviser
Je... Je ne serais pas une entrave pour vous, mon Capitaine. Et je serais là pour vous. Toujours.
Elina posa une main chaude sur la cuisse glacée de la jeune femme, avant de souffler dans un murmure :
Je le serais aussi, Nehla.
La blonde approcha son visage de celui de sa compagne, avant de déposer un léger baiser sur sa joue, faisant apparaître un tendre sourire sur les lèvres de la soldate. Elle posa une main sur celle d’Elina, encore posée sur sa cuisse avant de plonger son regard dans le sien, essayant de sonder son esprit à la recherche d’un indice qui lui montrerait ce qu’elle souhaitait vraiment. Nehla posa son front contre celui de sa supérieure, touchant son nez avec le sien en soupirant. Un léger sourire sur le visage de son amante s’esquissa, avant qu’elle ne retire sa main et s’éloigne de sa subalterne. Elle glissa sa main dans un placard pour en retirer un paquet de biscuits, se dirigeant vers la porte elle s’adressa à la jeune femme restée bouche bée :
Je tiens beaucoup à vous, Adjudant Theldj.
Elle lui tourna finalement le dos, s’arrêtant dans l’encadrement de la porte, ne glissant que quelques mots d’une voix presque tremblante :
Passez une bonne nuit, Adjudant.
Après cette entrevue pour le moins inattendue pour Nehla, elle se remit sur ses pieds et se dirigea vers la porte pour la refermer dans un nouveau soupir de soulagement, un léger sourire en coin aux lèvres. La jeune femme attrapa quelques noix qui traînaient toujours sur le plan de travail avant de fouiller dans les placards pour en sortir quelques biscuits. Un grincement de porte la fit se figer sur place, la main encore dans le placard, elle tourna lentement la tête et ses yeux tombèrent sur le chef cuisinier, les bras chargés de plateaux vides. Elle esquissa un sourire avant de se diriger vers lui pour l'aider à se débarrasser de ces plats encombrants, le chef lui adressa un grand sourire avant de faire un signe de tête vers un tabouret, sur lequel Nehla se percha.
Sans un mot, le chef se dirigea vers le piano et y plaça une grande casserole qu'il mit à chauffer pour préparer ce café délicieux et revigorant dont il avait le secret. Il s'affaira dans sa cuisine, jetant des coups d'œil à la jeune soldate qui grignotait ses biscuits, l'esprit ailleurs. Il plaça devant elle un grand bol fumant avant de s'installer en face d'elle. La jeune femme posa ses mains glacées autour du bol avant de le porter à ses lèvres, se délectant de cette boisson colorée. Elle sourit timidement au cuisinier en buvant son café en silence.
Alors ? Il était bien ?
Nehla manqua de s'étrangler, toussa quelques instants, les joues rougies par l'embarras.
Qui ?
Voyons petite, on me la fait pas à moi. Tu as encore son odeur sur toi.
Nehla attrapa une mèche de cheveux quelle porta a son nez pour la sentir, le cuisinier n'avait pas tout à fait tort, et le sourire qui se dessina sur les lèvres de la jeune fille en disait long sur le moment qu’elle avait ou partager avec le soldat SteelHeart. Elle croisa le regard amusé du chef avant de plonger à nouveau le sien dans son café, se redressant légèrement.
Je ne vois pas de quoi vous voulez parler.
Allons, on en reparlera demain matin, si tu te lèves à l'heure et en forme !
Le cuisinier éclata de rire face à la jeune femme mal à l'aise avant d'attraper un petit sac dans lequel il plaça différents aliments, posa deux bols fumant sur un plateau avant de tendre le tout à Nehla.
Il va se demander où tu es passée. File vite avant qu'il ne s'échappe.
Nehla lui adressa un signe de tête agrémenté d'un sourire timide avant d'attraper le plateau et de remonter rapidement dans ses appartements priant pour ne croiser personne d’autre. Elle poussa la porte de sa chambre et jeta un œil vers le lit dans lequel Kaytsak dormait à poings fermés, avant de poser le plateau près du feu et de s'installer en tailleur devant les braises rouges pour se réchauffer.
Nehla resta quelques heures à fixer le feu qui brûlait dans l'âtre, grignotant de temps à autre quelques noix qu’elle cassait entre ses mains, avant de jeter un œil vers la fenêtre pour voir que le ciel prenait une couleur grise tirant vers le violet, annonçant bientôt le lever du soleil. Elle se glissa à l'extérieur, refermant délicatement la porte derrière elle, avant de s’accouder sur la rambarde, observant la brume se lever autour de la Forteresse. Elle n'avait pas entendu son compagnon sortir, sursautant légèrement lorsqu'il passa ses bras autour de sa taille. La jeune femme sourit doucement avant de mêler ses doigts au siens en murmurant :
C'est le moment que je préfère. Lorsque le jour remplace la nuit et que tout est gris dehors, comme si la pénombre voulait signifier quelle serait de retour sous peu. C'est apaisant.
Je ne suis pas aussi poétique… Pour moi, cela annonce simplement une nouvelle journée qui commence…
Ça doit venir de ma mère, elle se levait toujours à ce moment-là pour profiter d'un instant un peu... hors du temps. Il y a du café près du feu et le chef m'a encore donné des tonnes de nourriture...
Il est bien gentil ton cuisinier... Le jeune soldat rentra rapidement dans la chambre, plongeant la main dans le sac remplit de victuailles avant de commencer à se restaurer, délaissant le café fumant. Tu es proche de ta mère ?
Le suivant à l’intérieur, Nehla referma la porte avec précaution et s’installa en tailleur près du soldat.
Pas tant que ça, je passais beaucoup plus de temps avec Kahrd et mon père. Et toi, tu as de la famille ?
Le jeune homme hocha la tête, dévorant le pain frais que le chef avait placé dans son sac avant de lui répondre :
Mon père et ma petite sœur font partie de la Garde Royale… Ma mère est boulangère.
Le soldat se délectait des quelques mignardises gracieusement offertes, les dévorant avec envie, ce qui arracha un sourire à Nehla. Elle l’observa un moment, dégustant son café avant de se saisir d’un morceau de pain et d’un peu de fromage pour recharger ses batteries également.
On a des familles similaires alors. Mon père et mon frère sont Gardes eux aussi. Enfin mon père est à la retraite maintenant. Et ma mère tient une boutique et travaille avec ma sœur.
Effectivement... Mais tu as un frère en plus par rapport à moi.
Il s’installa au bureau de Nehla, déposant quelques pâtisseries et autres mets délicats rapportés de la fête, les yeux pétillants de gourmandise, arrachant un léger rire à l’Adjudant.
Tu as bon appétit ! J'espère que la cuisine du chef te plaît. Au moins, nous n'aurons pas à descendre rejoindre tout le monde pour le petit déjeuner...
De l'appétit ? Pour tout ça ? J'appelle ça de la gourmandise personnellement... Mais effectivement, nul besoin de descendre... Et tout est très bon !
La jeune soldate se leva en rigolant, avant de passer son doigt à la commissures des lèvres de SteelHeart pour y retirer un excédent de crème fouettée, passant ensuite sa langue sur son index en adressant un clin d’œil à son compagnon.
Nous avons encore... deux bonnes heures avant que je ne descende voir l'état de mes soldats...
Oh il va falloir que je me prépare aussi alors. Je participerais bien à l'entraînement, je me sens un peu rouillé, avec toute cette histoire de fête...
Il n’avait pas saisi son insinuation, Nehla secoua légèrement la tête avant de l’embrasser tendrement, le coupant dans son élan lorsqu’il attrapa une énième douceur.
Régale-toi, je n'ai plus faim pour ma part. Je vais prendre une douche rapide et profiter encore un peu de la brume. Je t'attends pour l'entraînement donc... A tout à l'heure, SteelHeart...
La jeune femme lui adressa un regard enjôleur avant de s’éloigner, le laissant tout à son histoire d’amour avec les pâtisseries alors qu’il hocha la tête
À tout à l'heure... Mon Adjudant.
« - Merci pour le cadeau, j'en ferai bon usage, Capitaine Al Rakija, » répondis-je entre deux courts blancs, n'osant pas couper la parole à mon homologue.
Finalement, après une courte remarque sur la présence de Zahria que j'accompagnais d'un sourire, pensant à la curiosité d'un tel rapport alors que j'avais justement pu goûter à ce genre de rapports pour la première fois, quelques temps plus tôt, je reprenais la parole suite à ses questions.
« - Ulricht a fait de bonnes choses, même s'il est vrai qu'il requérait souvent mon aide déjà longtemps avant son départ et qu'il était un brin pusillanime en termes de commandement. Et effectivement, j'espère bien changer les choses, il y a certaines têtes parmi les rangs des officiers qui ont plus que profité du laxisme de mon prédécesseur. »
J'appréciai la présence de l'homme d'âge mûr qui manifestait un entrain considérable. Cela me touchait plus que je ne le montrais, car Yuduar Al Rakija était une personne que je respectais pour sa sincérité et ses faits d'arme ; peut-être était-il un peu trop coulant ou fainéant des fois, mais c'était un homme juste, un véritable glaive pour la justice.
« - Ma foi, tout ceci me dépasse un peu et c'est en partie pour cela que je me suis réfugiée dans ma chambre. Et non, vous n'avez rien interrompu, car la femme avant vous était une amie, » souris-je tout en perçant à jour, malgré tout, une lueur dubitative dans le regard de l'homme. « Je ne sais pas encore dans quelle mesure ma vie va changer après cette promotion. Jusqu'ici, les responsabilités se sont accumulées depuis ma première promotion en tant que Sergent, peu après l'Académie. J'ai vu le nombre d'hommes sous mon égide augmenter petit à petit et la dureté des pertes entamer mon moral ; cela a fait de moi la femme que je suis aujourd'hui, avec son lot de cicatrices... »
Je me redressai, vidant nonchalamment le reste de mon verre dans une des rares plantes qui décoraient mon humble chambre. Je ne comptais pas le boire de toute façon, toutefois cela était davantage un signe que j'adressai au Capitaine.
« - Ma chope étant vide à présent, que diriez-vous de m'accompagner jusqu'en bas ? Je ne suis pas Ulricht, je ne devrais pas rester confinée dans ma chambre au lieu d'affronter les feux de projecteurs et fêter cela avec mes hommes et les citoyens de Forteresse. »
La soirée battait tout juste son plein et je réagissais ainsi en réponse aux clameurs qui émanaient de l'extérieur. Probablement des gardes bien avinés du Corps des Ours qui chantaient une ode paillarde à tue-tête, mais je me rappelai que l'occasion à de tels laisser-allers était ma propre célébration.
Secondant mon homologue qui se redressait lui aussi, la coupe vide à son tour, j'étouffai rapidement le feu dans l'âtre avant de quitter la pièce. Dans les couloirs, l'écho des cris et franches rigolades résonnait d'autant plus, baignant d'un fond sonore mes dernières conversations avec Al Rakija.
« - Votre visite ce soir était véritablement une heureuse surprise, Capitaine. J'imagine que vous avez d'autres priorités, toutefois vous êtes notre hôte pour autant de temps que vous le souhaitez. Il me semble, par ailleurs, que votre chambre est restée vacante depuis votre départ, j'enverrai un domestique la préparer pour vous. »
Reparaissant dans les lumières du Grand Hall, je fus aussitôt accueillie par un torrent de cris et d'acclamations. Visiblement mon absence s'était faite remarquer. Peut-être celle de mon confrère aussi, car voilà qu'il entamait déjà une conversation houleuse avec le Commandant Höls. Je devrais aller le saluer lui aussi, mais plus tard... Pour le moment, ma main se porta vers un des verres remplis sur le buffet le plus proche.
"La vie de nos hommes et le moral de nos troupes, c'est notre lot quotidien. Je te souhaite le futur le plus calme possible même si, d'expérience, le destin à toujours tendance à se faire plus houleux que prévu." rajouta Yuduar en déposant une main amicale sur l'épaule de son alter-ego.
Il brisa la fin de sa phrase qui aurait pus sembler sombre par l'un de ses grands sourires bien plus joviaux. Saisissant l'ouverture donnée par ce signal, Elina en profita pour se relever et ainsi vider sa chope, invitant par la suite le duo à quitter l'office du Capitaine pour retourner se rendre à la réception principale. Il était effectivement temps de briser ce huit-clos et de laisser la soirée reprendre son cours. L'heure n'était pas a l'apitoiement ni aux responsabilités! Remerciant la Capitaine pour son invitation, Yuduar accepta la chambre avec plaisir pour mieux repartir le lendemain avec l'esprit frais et le corps disponible. Il ne cacha pas non plus son plaisir partagé à s'être entretenu de la sorte avec sa nouvelle collègue, ils ne se connaissaient que peu mais ces minces mots échangés sonnaient la promesse d'un futur commun de plus brillants.
Puis de pas en pas, leur avancée les amenèrent au coeur du Grand Hall où les festivités continuaient de battre leur plein sans l'once d'une accalmie à l'horizon. Comme doté d'un sixième sens lorsqu'il s'agissait de Al Rakija, ce bougre de Höls avisa immédiatement la présence du Capitaine et leva un sourcil surpris en le voyant côte a côte avec la nouvelle Capitaine du jour. Espérons qu'il ne se fasse pas de mauvaise idée. Dans tout les cas ils auront l'occasion de débriefer lors du retour vers la Capitale le lendemain. A moins que Yuduar ne prenne un jour ou deux pour visiter quelques contacts locaux dans le voisinage des Montagnes. Emeor et Thépa pouvaient bien tenir seuls le Bastion un ou deux jours de plus après tout.
A ces pensées qui s'enchainaient sans queue ni tête, Yuduar décida finalement de simplement hausser les épaules avec insouciance pour mieux se diriger vers un plein l'attendant. La nuit était encore jeune donc trêve de méditation, place à la boisson!
J’accueillais l'homme qui s'était servi un verre de whisky. Nul doute qu'il ne se joindrait pas aux festivités, bien entamées, comme l'avaient fait ses homologues, mais il n'était pas trop tard pour profiter d'une bonne discussion avant que le futur Ingénieur en Chef et ses bagages ne s'en aille décorer ses nouveaux appartements.
« - Officier Niveren, je présume ? On attendait votre arrivée plus tôt dans la soirée.
- Effectivement, toutefois nous avons eu un accident en cours de route. Comme peuvent l'attester mes mains encore froides ce n'était pas chose facile mais je suis là ce soir, afin de pouvoir fêter personnellement votre promotion au moins au nom de la Confrérie Niveren. »
Je jaugeai le bonhomme à l'ossature costaude et au regard sombre, prenant une gorgée de mon verre de vin blanc avant d'acquiescer en le reposant sur une nappe, le regard suivant le geste.
« - Eh bien merci d'avoir pu faire ce chemin. Il conviendra de se fixer un rendez-vous dans les prochains jours pour discuter de votre affectation et rencontrer les autres hommes de votre unité. Je vous donnerai officiellement votre promotion, mais vous pouvez d'ores et déjà vous considérer comme en charge, Ingénieur en Chef Niveren. »
Il sembla que cette dernière phrase sonna quelques cloches chez mon interlocuteur, qui sourit machinalement. C'était aussi bien pour moi de pouvoir me décharger de toute la supervision du bataillon scientifique et de ses formalités administratives, donc je faisais montre de mon contentement en retour.
« - Merci beaucoup. Ne vous inquiétez pas, c'en était bien mon intention. Je prévois de rencontrer notre nouvelle Médecin en Chef, cela sera l'occasion de préparer nos futures interactions une fois le Génie entièrement opérationnel. »
Par la suite, nous n’eûmes pas beaucoup plus le temps de discuter cependant que je fus à nouveau interrompue par un de mes officiers. Je m'attardai donc sur une autre discussion, notant l'absence de l'Ingénieur après une dizaine de minutes.
Il avait dû prendre congé de la soirée, me rappelant que le sommeil était un luxe que je ne pouvais pas encore me payer...
La fatigue m'avait atteinte bien des heures plus tard, alors que les derniers larrons continuaient encore à chanter et boire comme des trous. Je connaissais ces gars-là et je savais comment cela finirait, au détriment de la pauvre équipe médicale et de son nouveau chef.
Passant par les cuisines sur le chemin du retour pour envisager un véritable repas à remonter dans ma chambre, quelque chose de nourrissant et de léger, j'étais tombée sur les étranges présences de l'Adjudant Theldj et du Médecin en Chef Waltz. Même si j'affichais un sourire, je savais que sa présence ici à une telle heure n'était pas anodine, probablement l'objet d'un petit creux après un temps passé avec la jeune Sentinelle.
Waltz nous avait rapidement quittée et j'en avais profité pour partager un dernier moment d'intimité avec la belle. Mon sourire avait disparu, lorsque je lui annonçais que notre relation serait impossible, lorsque je me retournai après une brève embrassade pour vider les lieux avant de laisser apparaître trop d'émotions. Ce n'était pas bon, il y en avait déjà bien trop eu ce soir.
Ce fut en me rappelant le temps passé avec elle que je m'endormis cependant ce soir-là. Demain, je devrais superviser les entraînements et botter les fesses des absents.
C'était, tout de même, une chouette soirée.