Spectacle de prestidigitation et tours de passe-passe. Le public est potentiellement amené à être invité à participer.
Venez admirer le grand Mag'Oz vous faire perdre la tête avec ses illusions* !
*Garanties sans magie
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Représentation unique ! Sur une simple estrade et aidé de quelques accessoires, Erland va tenter d'émerveiller la foule de tous les tours qu'il connaît, du lapin dans le chapeau aux tours de carte, en passant par un peu de mentalisme. Il est assez probable que des petits chanceux du public soient amenés à monter sur scène pour participer au spectacle.
-Qu'est-ce qui nous prouve que c'est pas ton pouvoir de faire disparaître les gens ?
Ce spectacle est garanti sans charme, ni magie, ni vaudou
Et si j'avais tel pouvoir, je vous ferais dire,
Plutôt qu'elle, je vous aurais fait disparaître... vous.
-Bon débarras... Bien. Pour mon prochain tour, je vais avoir besoin d'un assistant dans l'assemblée. Un ou une volontaire peut-être ?
Au gré de mes promenades, j’arrive à un petit stand un peu miteux. Un peu ? Nan, carrément. Il a dû voler l’emplacement à un clochard, ou un truc du genre. Y’a juste une vieille palette en bois et une pancarte moche. Mais le texte dessus, est plutôt rigolo, alors j’reste quelques minutes. C’est pas comme si j’avais mieux à foutre de toute façon, puis c’est le but, de flâner et de perdre du temps de façon intelligente.
Garanti sans magie, ça aiguise ma curiosité, alors je regarde le premier tour en surveillant mon petit détecteur de magie personnel. Bon, évidemment, il brille assez intensément. C’est chiant, pour ça, la Capitale, l’objet en devient un peu gadget parce qu’il s’active en permanence, mais la nuit ou dans la nature, il peut sauver la vie. J’pourrai pas prouver l’absence de tricherie comme ça, du coup. J’observe intensément pour comprendre le truc, mais nan, j’vois pas.
J’suis pas le seul à pas être convaincu, mais c’est cool, comme ça on rigole un peu, à se moquer du gros lard. Donc quand le magicien demande de l’assistance pour son prochain tour de magie, j’me porte bien évidemment volontaire, et j’suis le premier de la petite assemblée.
Ils s’en rendent pas bien compte, mais là où c’est monstrueusement drôle, c’est que les gens vont rapidement oublier les détails de ce tour de magie, à cause de ma simple présence en son sein. Du coup, y’a une forme d’ironie que j’trouve particulièrement délicieuse, parce qu’il ne pas rien réussir à prouver durablement. Après, ça lancera peut-être son… stand pour la suite du festival, je dis pas. Qu’on dise pas que j’aime pas rendre service après ça, hé ?
J’m’avance vaillamment jusqu’à sa palette en bois, et j’reste debout à côté. Il a un costume rigolo, aussi, tiens. J’adresse un salut au public. Et j’surveille évidemment le saltimbanque, c’est un coup à ce qu’il me fauche ma bourse pendant que l’attention de tout un chacun est tournée ailleurs. On les connaît, les trucs du genre. Y’en a un qui attire les regards, puis ces copains passent dans la foule à coupent toutes les bourses.
J’le sais, j’y étais.
« Allez, montre-nous un tour, Mag’Oz. »
-Merci pour ce noble sacrifice, preux chevalier ! Puis-je vous demander votre nom ?
-Je vais maintenant vous demander de prendre une carte dans ce paquet. N'importe laquelle. Retenez-la bien, puis remettez-la dans le paquet, après l'avoir montrée au public, sans bien sûr que je ne la vois. Allez-y, je me tourne ! N'importe laquelle je vous dis !
-Bien. Très bien. Maintenant je mélange ce paquet devant vous. Il reporta son attention sur le volontaire. A présent, je vais vous demander de choisir un nombre entre 1 et 52. Et de me tendre votre main, paume vers le ciel. Parfait.
-Trois, deux, un... Et Zéro ! Il montra la carte au public. Était-ce votre carte ?
« Vrenn Indrani. Y’a un stand de course à trois pattes si vous voulez, dans cette direction. »
Ouais, j’en profite pour faire la publicité du stand que j’ai aidé à mettre en place, et alors ? Y’a pas de raison qu’il soit le seul à en tirer de la notoriété, merde. Enfin, à part que tout le monde va oublier. Bordel, j’suis pas fait pour bosser dans ce genre de domaines, en fait, j’aurais mieux fait de fermer ma gueule, et d’attendre la fin du tour.
J’regarde le paquet tranquillement, les cartes ont l’air standard vu comme ça. T’façon, y’a probablement un truc de pouvoir, ou de prestidigitation pour les manipuler correctement. Sans raison aucune, j’pioche le quatre de pique, que j’montre sur ses instructions à la foule. Quatre de pique, une carte banale, pas comme la dame de cœur que les connards choisissent systématiquement. S’il croit qu’il aura juste à retrouver la dame, au moins, il est pas prêt d’avoir la bonne réponse.
J’ai aussi mon talisman d’indépendance qui turbine, des fois qu’il essaye de trifouiller dans ma matière grise. Et j’visualise la dame de cœur, de toutes mes forces. J’participe au tour, ça veut pas dire que j’vais faciliter le taf non plus, faut pas déconner.
« Entre un et cinquante-deux ? Mettons… vingt-et-un. »
Bon, j’avoue, quand il a posé sereinement le quatre de pique dans ma main, j’ai pas fait le malin. J’ai pas vu comment il a fait, p’tet en marquant la carte quand j’la lui rends, et en trafiquant la battue ? Nan, il aurait pas pu savoir avec le chiffre que j’ai donné. Sauf s’il a distribué la carte d’ailleurs. Qu’elle était sur un côté, cachée dans sa paume ou… distribuée du bas du paquet. J’suis sûr c’est ça. Enfin, c’est impressionnant, quoi qu’il arrive.
« Euh ben, ouais, c’est totalement ma carte, ouais. »
Hm, pour le compte, j’pourrais être un complice, et ça serait moins impressionnant.
« Pour prouver que j’suis pas un associé qui vient l’aider, j’propose de laisser ma place à qui veut bien. »
J’descends gentiment de l’estrade après avoir remercié l’illusionniste. C’est que y’a d’autres stands à visiter, d’autres balades à faire. D’autres bières à boire.
En vrai, j'repasserai p'tet plus tard, histoire de redécouvrir le tour de magie.
Sa cible favorite était bien sûr son ami et collègue, Erland Mago. Ce dernier avait ouvert un stand et avait bien entendu invité Astrid pour qu'elle assiste à ses tours de magie.
Nul doute qu'Astrid admirait ses tours et qu'elle en avait appris un certain nombre grâce à lui, et c'était même aujourd'hui un vrai délice de le voir jouer son magicien pompeux sur scène en faisant des tours que la populace ne comprenait pas. Toute technique assez avancée pouvait paraître pour de la magie, et c'était le cas en ce moment même lorsqu'un péquenaud douta de la légitimité des tours d'Erland qui répondit avec humour. Astrid venait tout juste d'arriver, et n'avait pas vraiment vu le tour en question, mais avec le drap pourpre elle devinait qu'il avait fait disparaître une personne quelconque. Le péquenaud de tout à l'heure là, si elle le recroisait ce soir, elle lui casserait sûrement la gueule pour s'être montré aussi désagréable envers son ami. Car il n'y avait qu'une seule personne qui avait le droit de faire chier le magicien, et c'était Astrid elle-même !
La citoyenne regarda un autre homme monter pour devenir l'assistant d'Erland le temps d'un moment, Elle grignotait en même temps un éclair au chocolat acheté récemment dans le coin.
Ah, Erland passait donc au tour des cartes. Elle l'aimait particulièrement celui-là, yep.
Bon cela étant fait, et farceuse qu'elle était, elle ne pouvait pas tout se laisser passer parfaitement !
Elle prit une dernière bouchée de son éclair au chocolat, et lança le reste vers Erland. Le problème, c'est qu'elle était loin, et que la visée était donc approximative.
-Ah merde. Marmonna-t-elle en voyant le dessert s'écraser contre les vêtements du mec qui descendait l'estrade. BIP BIP ! S'exclama-t-elle par la suite en prenant ses jambes à son cou, non sans jeter un clin d’œil à son collègue, lui promettant mentalement de revenir plus tard pour assister à ses autres tours. Depuis le temps, il en avait sûrement développé d'autres, ce serait dommage de les rater !
Je regardai la responsable projeter sa pâtisserie sur l'homme, étrangement familier, qui descendait de l'estrade, l'air amusée. Bon, bien, où étaient les autres projectiles ? Pouvait-on utiliser des réserves personnelles ? Je m'essayais avec la boite de chichis qui glissait entre mes mains et les envoyais quelque part dans la foule. Mince.
« - Oh, tu peux pas faire attention ? » gueula un bougre à l'un de ses voisins, le pensant coupable de la maladresse.
La situation pouvait dégénérer dans le petit public d'avertis qui n'était visiblement pas très enthousiasmé par ce qu'il se passait sur scène. Pour ma part, j'en faisais le tour pour essayer de comprendre de quoi il s'agissait ; entre temps, deux hommes s'étaient vraisemblablement échauffés, bientôt rejoints par un troisième, puis un quatrième...
« - C'est pas moi, j'ai rien fait !
- Et pis quoi d'autre, encore un mauvais tour de passe-passe c'est ça ?
- Quel mauvais goût...
- Qui a mauvais goût ?
- Fermez-la !
- Toi ferme-l- »
Ça y était, c'était suffisant pour provoquer une mêlée. Bon, je supposais donc que ce n'était pas ce qui était prévu ; peut-être y avais-je été un peu fort avec mes chichis. Je m'esquivai donc avant que l'on ne cherche à mettre un coupable derrière ce débordement, le visage grave, bien loin d'être amusée cette fois-ci.
Me réfugiant dans le stand d'à côté pendant un temps, j'admirais la formidable débâcle qui naissait entre l'audience d'une dizaine de personnes, de forcenés visiblement. Peut-être l'ambiance du stand se prêtait-elle à la bagarre... dans ce cas ce n'était pas une animation pour moi. Non, loin de cela tous les problèmes, ce soir c'était mon soir ! Et aussi celui de celle que j'accompagnais au bal.
Où était-elle passée d'ailleurs ? Inutile de le demander aux compères qui jouaient des poings à présent.
J’ai eu un doute quand j’ai donné la folle au Capitaine Von Andrasil, elle n’avait rien dit enfin je n’avais pas compris ce qu’elle avait dit mais le boucan autour de nous mais effectivement elle semblait la connaître et avait passé son bras autour de l’épaule de la brune, bon j’espère qu’elle va s’occuper de la jeune femme et qu’elle arrête d’importuner les Capitaines.
J’avais fait plusieurs stands dans ma tenue, j’ai eu le droit à quelques sifflements mais je ne fis rien, je devais rester zen mais j’entendis du bruit un peu plus loin, une bagarre était en route, je fais signe à mes hommes d’aller tout de suite calmer la situation, j’ai vu le jeune officier Mora sourire à ma tenue.
- Pas un mot Mora...
Il s’arrêta de me regarder et donne quelques ordres à ses hommes pour arrêter ce vacarme, j’assiste impuissante à une bataille de nourriture et des hommes qui se jettent leur poing à travers la figure, la bêtise humaine pouvait faire peur…
Je m’éloigne de l’agitation quand j’aperçois de nouveau sur le côté le Capitaine Von Andrasil, seule, pourquoi elle était seule, elle ne devait par surveiller son amie ? Je me dirige droit vers elle et je me place devant ses yeux mais elle ne semble pas me voir.
- Von Andrasil, où est la jeune femme ? Vous ne devez pas garder un oeil sur elle ?
-Astrid, espèce de sale...
Que j'ai fort apprécié votre compagnie,
Mais il est temps pour moi de partir,
Car je... eh bien car je ne veux plus être ici.
Sur une place, un petit attroupement de gens attire l'espionne au chômage, se demandant si son homme est là. Mais c'est plutôt sur sa femme qu'elle tombe, en tête à tête avec la lieutenant Alnilnam qui l'a délogée de la tente de sécurité plus tôt dans la journée. Et d'ailleurs, Alnilnam parle d'elle. Comme c'est flatteur. Zahria saisit Elina par un bras. Elles font une sacrée paire, l'une bourrée et l'autre avec sa tête de folle. L'attroupement se sépare, alors que les trois femmes se font face. Il a dû se passer quelque chose ici, mais ça a l'air d'être fini...
« Lieutenant... Désolée pour ce matin. Je vais vous débarrasser du capitaine Von Andrasil si elle vous embête. »
Puis se tournant vers Elina, d'un air maternel.
« Qu'est-ce que t'as fait comme bêtises quand je te surveillais pas ? »
La rumeur le mena à une estrade où l’on invitait la foule à « admirer le grand Mag’Oz vous faire perdre la tête avec ses illusions* ! *garanties sans magie ». Enfin, le tapage plus que la rumeur l’avait mené jusque-là. Tout comme les silhouettes cuirassées plutôt que les illusions. Le brouhaha ambiant s’était ici mué en injonctions plus ou moins polies, et le jeu avait pris une note personnelle et quelque peu agressive. Arrivé tardivement sur place, Calixte n’eut l’occasion de voir ce qui avait été à l’origine de la débâcle du spectacle. Il observa par contre l’homme qui avait dû se produire faire sa sortie. Il rit doucement à ses paroles, comprenant que le prestidigitateur ne préfère pas s’attarder davantage sur sa prestation et choisisse de s’éclipser. Bon, il était un peu déçu de ne pas avoir pu au moins apercevoir un bout du spectacle, mais il s’en remettrait. Son départ en grandes pompes fit affaire de lot de consolation.
Jetant un dernier coup d’œil à ses camarades militaires remettant un peu d’ordre dans ce qui avait dégénéré en bataille de nourriture, et avisant deux silhouettes qui devenaient un peu trop récurrentes à son champ de vision, Calixte poursuivit sa route.
« - Eyh.. ? Z-zah-hik-ria z'est doi ? »
Je me laissais un temps pour essayer de reconnaître celle dont la voix m'était familière, mais pas l'apparence. Il faisait sombre aussi et ma vue n'était plus ce qu'elle était, peut-être que l'alcool de ce bon vieux Jack était frelaté ? Je ne me rappelais pas avoir bu tant que ça pourtant.
« - V-v...
- Vrenn ? Tu l'as vu ?!
- Naaan vo-vo... »
J'essayais désespérément de placer mes mots. Le mal-être s'était emparé de moi ; tout bougeait si vite et mon amie continuait de me trimballer comme un sac à patates. C'était dangereux... La nausée me montait à la tête mais je peinais à l'expliquer. Finalement, je profitai d'un court instant où la jeune femme m'avait lâché le bras pour courir comme une dératée derrière le stand le plus proche, à l'abri de la lumière. Instinct de survie.
Les mains sur les cuisses, à demi-cachée de la population, je régurgitai mon repas et mes dernières boissons, les quelques encas pris à la volée et les restes de chichi qui n'avaient pas fini sur la foule. Le glorieux mélange sous mes yeux me poussa à deux nouvelles tournées, pour finalement repeindre en partie le bout de mes chaussures.
« - M-merbe v-féjié... »
Soulagée toutefois, je m'en retournais, un peu fière de moi, pour retourner à l'endroit où se trouvait mon amie. De mémoire. Mais comme elle n'y était pas, je me dirigeai finalement vers un stand qui m'avait marqué. J'avais une vengeance à réaliser ici.
Mes pérégrinations continuent, et j’me rappelle que j’m’étais promis de revenir au stand de magie. C’est que ce qu’il faisait était plutôt pas mal. Ça doit être un mélange de trucs, d’objets trafiqués, et de tours de passe-passe. Y’a beaucoup à apprendre des techniques de prestidigitateur, en plus. Toujours utile pour faire les poches des gens, sortir des couteaux ou autres objets sympathiques aux moments où les ennemis s’y attendent pas, bref, être un chic type, quoi.
Mais y’a plus personne, bizarrement. Il est reparti avec son estrade moche, son panneau nul, et son public moyennement coopératif. Il voulait p’tet profiter du festival aussi ? Difficile de lui en vouloir, mais c’est pas comme ça qu’il va devenir connu, à mon avis… Enfin, c’est p’tet juste un passe-temps, pour lui, et maintenant qu’il s’est bien amusé…
Devant ma mine déçue, une p’tite vieille s’approche. J’trouve qu’elle a l’air mystérieux. Mais elle a surtout l’air vieille.
« Oh, jeune homme, vous venez voir le stand de magie ?
- Ouais, j’suis passé plus tôt, mais on dirait que y’a plus personne.
- Si vous saviez ! Un véritable drame. Bon, je n’aime pas trop ces entourloupes, mais j’ai vu un éclair au chocolat voler au début. »
Ouais, j’m’en rappelle plutôt bien. Faudrait que j’recroise Astrid. J’ai un éclair au chocolat sur moi à prendre en otage, et j’lui trancherai la gorge sous ses yeux horrifiés. Non mais. Puis j’m’arrangerai pour qu’elle me casse pas la gueule.
« Et, ensuite, une bagarre a éclaté ! Les jeunes, de nos jours, ne savent plus s’amuser normalement. A mon époque, il suffisait de trois bouts de ficelle et d’un bout de bois, ça nous occupait pendant des semaines. »
Ouais, ben ça fait pas rêver, mamie.
« Mais du coup, le petit jeune qui faisait de la magie est parti.
- Dommage, j’aimais bien.
- Moi aussi, acquiesce-t-elle. Et sinon, qu’avez-vous prévu pour la suite ? »
Elle me pose affectueusement la main sur le milieu de la cuisse. J’lui jette un sale regard, genre tueur patibulaire.
« Bon, bon, moi qui voulais vous proposer une part de tarte…
- Ouais, c’est ça. »
Bordel, mais dans quel monde vit-on ?
-Il paraît que le magicien a disparu dans un torrent de feu, et qu'il n'aurait pas eu la moindre trace de brûlure. On raconte qu'il aurait appris son art auprès d'un vieux sage qui vivrait en ermite au sommet des montagnes au Nord, au delà même des frontières du royaume.
Il se tourna alors vers l'homme, qui avait un air étrangement familier.
-Vous devriez faire attention, elle va probablement bientôt vous proposer une « part de tarte »...
-Aaah, ma beauté, ça fait un bail ! Je pensais pas te croiser ici.
-Za fait l’temps. Voui. Gu’est ke t’d’viens… Jacko… Et l’ke nouvel … zézon ?
-Oh, tu sais. La routine. Parcourir le monde, la guilde, accomplir mon devoir d’examinateur de la guilde. Et apporter un peu de bonheur là où je peux en fournir.
Clin d’œil. Clin d’œil.
-Frai ke t’es zympa. Dro…le. Plaizant.
-Je sais.
Elle me met la main dans le dos. J’avais plutôt raison. Je fais de même, mais avec plus la main sur les fesses. Elle bronche pas. Dommage que je m’en souviens pas, ça devait être fou. Comme toujours. On s’en va comme ça vers un prochain stand, parce que j’aimerais en voir d’autres. Le boulot, c’est bien, mais si je pouvais tous les voir avant que ça se termine, ça serait déjà pas mal. Certains peuvent se permettre de passer trois ou quatre fois dans chaque. Des gens sans attaches quoi. Du coup, on arrive du côté du stand de magie. J’en ai entendu parlé entre deux godets au bar de la guilde. Enfin, on m’a pas fait l’actualisation et je constate un peu déçu qu’il n’y a plus grand-chose à se mettre sous la dent. Et dans l’œil. Un type nous aborde et franchement, le portrait qu’il nous brosse du magicien est plutôt sympa. Je parsème ce qu’il dit d’un « Sans déconner ? » et d’un « Ah ouai ? ». Et puis, il me parle de tarte. Je jette un regard plein de sous-entendu à celle qui m’accompagne avant de lui lacher une blague.
-Oh, vous savez. Elle peut bien me la proposer, je me contenterais pas que d’une part.
Clin d’œil. Clin d’œil.
-Kezguetudi ?
-Rien, beauté. Vous le connaissez bien, ce magicien ?
-J’arrive à lui faire passer des messages à travers les brumes de son talent mystique.
-Dingue !
-heiiin ? Mes stiques ? Z’pas la zaizon des Meztiques.
-C’est vrai, même si j’en connais des plus gros qui te piqueraient bien. Ahah. Vous pourriez lui dire, si vous le voyez, qu’il peut passer au Bal des Palais ? C’est la buvette de la guilde. On a une scène, je suis sûr qu’on pourra lui permettre de nous montrer ses talents innombrables.
-Bal ? Ougzé le bal. Zai zoif.
-On va y venir. Ne t’inquiète pas. Excusez moi, j’ai à faire. Avec elle.
Clin d’œil. Clin d’œil.
J’regarde d’un air intéressé le magicien sans magie qu’est revenu sur son propre stand, tel un malfrat qui revient sur les lieux de son crime, d’ailleurs. Ça me fait rire un peu jaune, surtout quand il commence à survendre sa prestation, avec des effets pyrotechniques qu’ont manifestement pas eu lieu, sinon j’en aurais entendu parler pendant mes nombreux allers-retours à la taverne. J’vois dans son regard que j’lui rappelle probablement quelqu’un, mais entre mon pouvoir et mon physique assez commun, finalement, il me remettra pas. Du coup, c’est l’occasion parfaite de s’amuser un peu.
« S’il a disparu dans un torrent de feu, comment on peut savoir qu’il a pas la moindre trace de brûlure ? Ca se trouve, il est réduit à l’état de cendres dispersées par le vent, ou alors gravement brûlé, mais dans une autre localisation, et il aurait besoin d’aide, ne l’aurait jamais, et mourrait. On peut tout imaginer, hé ? »
Quand même, on va pas le laisser répandre des rumeurs infondées comme ça. Puis il pointe la vieille, qui fait mine de pas entendre, l’innocence même de la grand-mère sur son visage. Mais, du côté que lui peut pas voir, elle me fait un clin d’œil, et sa langue bouge d’un mouvement évocateur. J’retiens un mouvement de recul alors même que j’sens mes parties génitales se recroqueviller sur elles-mêmes, pour se mettre à l’abri, semble-t-il à l’intérieur de mon ventre. Vous inquiétez pas, j’veille au grain, mes p’tites.
« Nan, c’est bon, on a déjà terminé de discuter avec mamie, elle va aller proposer sa part de tarte ailleurs. Tout. De. Suite. »
Elle maugrée, s’éloigne, et jauge les autres hommes seuls présents sur la petite place. Un vrai prédateur sexuel, putain. Ça serait vachement plus séduisant si elle avait cinquante berges de moins, cela dit, au bas mot. Maintenant débarrassés de l’importune, j’me tourne à nouveau vers le magicien que j’ai aidé avec tant de talent un peu plus tôt, et sans perdre ma bourse en prime.
« C’est vachement dommage. Je rêvais de voir un tour de magie sans magie. J’suppose que c’est basé sur les mêmes mécanismes que les tricheurs aux cartes. Ceux qui mélangent à leur avantage, ont des atouts dans leurs manches, ou même des cartes truquées pour ceux qu’en sont capables. »
Allez, est-ce que tu vas être trop gêné pour avouer que c’est toi, le magicien, et que tu t’envoyais des fleurs tout à l’heure ?
« Nan, vraiment, j’avais vraiment envie de voir ce stand, et tous les tours dont le magicien disposait. J’trouve ça hyper impressionnant et respectable. Si on atteint un niveau tel qu’on est capable de leurrer une cinquantaine de personnes en étant juste vif et adroit, pour moi, on atteint une forme d’art. »
Alors, Erland Mago, on dit quoi ? On continue à se faire mousser l’air de rien ?
-Je n'y manquerai pas. Amusez-vous bien, m'sieur dame !
-Par contre un ermite au delà des frontières ça va, c'est pas trop cliché ? Vous savez, je ne fais que répéter ce que j'ai entendu çà et là dans les tavernes moi, hein...
-Des... Tricheurs ?
-Je ne peux que vous rejoindre là-dessus ! Ce Mag'Oz est un véritable virtuose. Et c'est votre jour de chance... Vous devriez vous rendre à l'auberge du Bal des Palais, on dit qu'il s'y produira. Enfin... si j'ai le temps de le prévenir avant la fin de
Festival du Solstice
Un stand en bien mauvais état attire mon attention. Enfin en vrai ce n’est pas le stand, que diable s’est-il passé ici vous vous demandez. Je n’en ai cure, sérieux. Non ce qui me tiraille c’est plutôt qui s’y trouve. J’observe deux hommes en pleine discussion, et le brun me rappelle quelqu’un. Et voilà mon talisman qui se remet à chauffer. Je regarde autour de moi, il y a un individu qui use de magie psychologique contre moi apparemment. Difficile de lutter contre celle-ci quand on ne sait pas à quoi on est confronté, ni à qui.
Mon regard fixe l’homme à la barbe. Il me rappelle quelqu’un, difficile de me rappeler qui, voire impossible. Et Calixte seul sait comme je suis tenace avec ça. Il me suffirait de lui demander, au fond, est-ce vraiment utile ? Ma mésaventure avec le jeune espion se rappelle à moi, et je n’ai pas très envie de revivre la même chose. Est-ce lui déguisé une nouvelle fois ? Après tout, il semble endossé un bon nombre de personnages. Mais la stature ne correspond pas, et encore moins les traits virils du visage. Je veux bien que le blondinet soit maître dans l’art de se travestir mais là …
Je suis arrêté là à fixer le duo qui se sépare. Immanquablement le regard du type se pose sur moi, et on s’observe de loin. Je plisse des yeux, ma mémoire en train de farfouiller tous les tiroirs qui la compose à la recherche de se visage. Je sais pas pourquoi je pense à Zarhia et au type qu’elle recherchait tout à l’heure. A quoi il ressemblait déjà ?
Mon attention est détourné lorsque je me prends un choc dans les jambes. Je tourne la tête, un gamin par terre.
- Encore toi ! Mais c’est pas possible, c’est devenu un jeu de me percuter?!
Il se relève en rigolant, quoi ?! J’ai une tête de clown ou bien ? Il prend un peu trop ses aises celui là.
- J’ai pas fait exprès M’sieur vraiment !
Je lui fais signe de déguerpir, à quelques mètres sa petite bande de loubards qui rient.
- Si je te reprends toi et tes petits copains à me coller au basque il n’y aura plus d’origamis vivant c’est compris?
Il fronce les sourcils et sans un dernier commentaire.
- Ouais ben j’irais voir le magicien, lui au moins il est gentil, et d’abord il est plus magique que toi !
Ah ! Vexé en plus le gosse. Je me retiens de sourire devant sa mortification avant de retourner la tête. Ben évidemment le brun a disparu. Diantre ce n’est pas ma soirée …code ─ croquelune
Hé bah, il a pas le sens de l’humour, le magicien tricheur. Mais il se maîtrise, aussi, et c’est bien dommage, parce qu’on pourra pas rigoler comme il se doit. Du coup, quand il propose d’aller voir son ami le sorcier pour qu’il se produire au Bal des Palais, le stand-buvette de la Guilde, je ne peux qu’évidemment être séduit. Ce sera l’occasion de continuer la rigolade là-bas, et de regarder si j’peux continuer à l’asticoter. Egalement l’occasion de profiter des tours, hein, j’respecte son travail. On peut toujours apprendre des trucs pour vider des bourses, par exemple, j’dis pas.
« Oh, génial, si j’vais avoir la possibilité d’enfin pouvoir le voir se produire au Bal des Palais ! En plus, je voulais justement y faire un tour. Mais vous le connaissez, du coup ? Vous pensez que c’est possible d’avoir… un autographe ? »
Mais la fin de ma phrase tombe à l’eau, parce qu’il se carapatte déjà. Sûrement pour aller se préparer un déguisement qui le rendra méconnaissable, et éviter de se taper la honte de sa vie devant moi. Quoique s’il bluffe bien, il pourrait prétendre ne jamais m’avoir vu…
L’ironie ultime, évidemment, c’est que quand il me reverra, il aura de toute façon l’impression de ne m’avoir jamais vu, ou en tout cas jamais parlé, à moins que j’arrive à rester dans son champ de vision tout du long. Mais vu la motivation qu’il met à partir, je dois dire que j’ai un peu la flemme. Et puis, honnêtement, j’ai d’autres choses à faire. Là, comme ça, j’fais le compte… Aller boire un coup, me balader, m’amuser…
Ouais, bon, dit comme ça, ça vend pas du rêve. Mais c’est quand même plus sympathique que de suivre un jeune homme paniqué.
Surtout que j’ai une impression désagréable. Un peu comme si quelqu’un avait les yeux fixés sur moi. Et faut pas se leurrer, j’ai un physique assez commun, en plus d’être oubliable, donc ça m’étonnerait que j’aie suscité une forme d’attirance violente et subite chez un ou une congénère. Puis j’ai pas l’air riche, pas de raison de me faire les poches. Nan, vraiment, à part les gens qui pourraient m’en vouloir, y’a pas de raison.
Allez, j’me tire.
J’commence à perdre mon souffle. Pourtant, j’me considère comme athlétique et sportif. C’est qu’il faut l’être, dès qu’on escalade des bâtiments, qu’on se suspend à des fenêtres, ou qu’on se bat avec des gens. Ça demande un gros cardio, ça, et le mien a pas à rougir de celui de la Garde, normalement. Mais Zahria continue de me courser, même à travers le stand d’origami. J’trouvais que la distraction était bonne, et j’en ai profité pour enchaîner quelques ruelles et achever de la perdre.
Sans succès.
J’dois être en train de payer le prix de mes excès antérieurs, plus tôt dans la journée, quand j’pensais que cette journée de festival se passerait tranquillement, à profiter de la fête et des stands, pas de saloperie prévue, ou alors uniquement avec des demoiselles consentantes… Enfin, payées, quoi. Cela dit, j’aurais parfaitement pu en ramasser une à la piste de danse. Les regrets.
Le hasard des rues, pas de décision consciente de ma part, pasque j’me sens traqué, m’a fait arriver à l’endroit tout pourri où y’avait le prestidigitateur. J’l’ai jamais revu, d’ailleurs. Par contre, y’a deux formes en plein milieu de la place, très proches, presque à se toucher au niveau du nez. Et la rue qui en repart est pile de l’autre côté. Un coup d’œil derrière, et mon ennemie est bien là, à quelques mètres.
J’pousse une accélération en ignorant la légère brûlure dans mes poumons, et j’passe juste à côté de la plus petite des deux formes. De loin, j’avais pas remarqué que c’était la p’tite vieille qui proposait des coups rapides dans les recoins à tous les hommes pas trop décrépits qu’elle croise. Elle se rappelle pas de moi, de toute façon, et même sans mon pouvoir, c’est pas dit qu’elle m’aurait distingué de la foule à laquelle elle a essayé de faire valoir les vertus de l’expérience.
Le bruit de nos pas les a alertés, et ils regardent vers nous. En passant à côté de la grand-mère, j’la choppe par le bras, et j’la balance derrière moi, en plein dans le chemin de Zahria. Une vieille au bassin fracturé, c’est le meilleur obstacle que j’aie trouvé ici. Mais p’tet qu’elle va rester accrochée ?