L’affaire semble assez mal engagée, jusqu’à ce que Höls, un type que j’connais pas et le Haut-Juge décident d’aller parler dehors. Les autres membres de la salle ont l’air extrêmement curieux des enfants auxquels on a fait miroiter un bonbon avant de le placer dans une étagère en hauteur, à un endroit où ils pourront jamais l’attraper. Et nous, ou moi en tout cas, j’me dis que c’est p’tet la porte de sortie, et que Gavot n’avait juste pas reçu le mémo qui disait qu’on allait s’en sortir tous les deux avec une tape sur la joue et la promesse qu’on serait surveillé.
En tout cas, visiblement, la Garde est pas aussi propre qu’elle veut le croire, et ça me ferait doucement marrer si j’étais pas attaché à une chaise sous les yeux du gratin du Royaume.
J’hésite à taper la discute, en attendant, mais ça correspondrait pas trop à la solennité du moment, ni à la certaine nervosité que j’éprouve à savoir que mon destin se joue de l’autre côté d’une porte fermée. Les minutes défilent alors que j’me concentre sur ma respiration, et quand ils rentrent à nouveau, j’retiens un sourire victorieux aux annonces de Gavot.
Ok, y’a des contraintes, mon pouvoir qui deviendra inopérant, par un procédé qui m’échappe, sur le Commandant et Zahria, réintégrée dans son turbin, et qui serviront de garde-fous, mais en terme de contrainte, ça me semble assez bénin par rapport à la possibilité d’être envoyé de l’autre côté de la Frontière, seul ou accompagné. Tout le reste, les rapports, c’est de la poudre aux yeux des officiels présents.
En tout cas, Gavot a l’air d’avoir avalé quelque chose qu’a pas bon goût, et à mon avis, c’est l’autorité politique de Höls et son copain. Ah ça, ça fait mal, hein, quand les choses se passent pas comme prévu, mon vieux ? Enfin, y’aura qu’à faire le boulot correctement. Juste un changement d’employeur, et j’suppose, pas le droit d’utiliser certains talents que j’ai pu cultiver au cours de mes années du mauvais côté de la légalité.
Rien d’insurmontable, de ce que Zahria m’a vendu.
Nan, la vraie question, c’est pourquoi il décide de nous faire rester en privé. Enfin, nous, ça me semble normal, quand ça recouvre le Juge, le Commandant, l’ancien Maître-Espion, qui doit être la concession faite par Höls pour sauver nos deux culs, mais Elina ? A mon avis, elle va pas passer un bon moment non plus. Ça va p’tet distribuer encore de la potion de vérité, tiens. Papa est derrière les barreaux, à raison, mais en lisant entre les lignes, c’est évident que j’me suis pas pointé chez lui pour le faire arrêter par bonté d’âme et attachement à l’application de la Justice.
Donc y’a eu un contrat, et la personne la plus susceptible d’en être à l’origine se trouve dans la salle. Hé, elle va p’tet se faire virer aussi, on sait jamais. Ou alors on va noter à l’encre rouge un mauvais point dans son dossier, qui sait. C’est p’tet encore du lest lâché à Glaviot, comme j’ai de plus en plus envie de l’appeler.
Le Maître-Espion, cela dit. C’est lui qui m’rend le plus curieux, au-delà des jeux de pouvoirs des hautes sphères du Royaume. Ça doit être particulier, comme métier. Enfin, du coup, il va plus trop l’exercer, là tout de suite maintenant, mais quand même…
J’profite d’avoir les membres libres pour me les masser, m’assurer que la circulation se fait toujours bien, et j’attends sagement qu’on m’adresse la parole. On est pas tombé en petit comité pour parler de la pluie et du beau temps, et c’est là qu’on verra ce que Höls a réussi à arracher au Juge, et aussi l’inverse.
N’empêche. Ça fait du bien d’être en vie.
Putain.
Mauvais joueurs. Ils n'aiment pas que Zahria déverse son verbe sur leur dos, et sont prêts à tout pour la faire taire. Soit. Qu'ils l'envoient en exil, s'ils le souhaitent, elle n'aura pas de regrets. Enfin, si, quelques uns, mais dans sa fierté, elle est prête à les oublier. Höls, Gavot et ce satané vieux disparaissent au fond de la salle. Et puis, c'est incroyablement long, cinq minutes, quand on sait qu'elles vont décider de la la suite - ou non - de votre vie. La métisse se risque à jeter un coup d'oeil à son compère. Il n'a pas l'air bien plus serein qu'elle, ça la ferait presque sourire, de le voir enfin perdre de sa superbe, si elle n'était pas dans le même état. Pas le moment de la ramener, à priori. Et puis, au bout de ces éternelles cinq minutes, ils réapparaissent, tous les trois, et l'ambiance semble avoir drastiquement changé.
Gavot a pas l'air content. Höls est égal à lui-même. Mais celui que Zahria fixe, c'est le vieux. Elle ne l'a jamais vu comme ça. La tête basse et les yeux scrutant le sol, on pourrait croire qu'il y a perdu quelque chose. Qu'il s'est fait gronder par la maîtresse. Et puis son regard fuyant croise volontairement celui de Zahria, et l'espace d'une seconde, il lui sert un sourire qu'elle ne lui connait pas, avant de reprendre sa posture avachie. L'a-t-elle rêvé ? Non, la malice, la lueur, elles étaient bien là. Mais qu'est-ce que cela signifie ? Elle n'a pas trop le temps de se poser la question, puisqu'une fois réinstallés à leurs places, Gavot prend la parole.
Il parle de nouveaux éléments puis... Zahria rate le coche. Le Maître-Espion est mis à pied ? C'est pour ça, la dégaine de chien battu ? Mais pourquoi il est mis à pied ? C'est elle qui a fait ça ? Et Höls a laissé faire ? Il n'a pas réussi à convaincre Gavot qu'elle était juste véhémente envers un patron l'ayant renvoyé ? Elle a envie de crier, de hurler. Pourquoi ?! Elle reprend le fil de la conversation quand elle entend son nom pour la seconde fois. Qu'est-ce qu'il a dit ? Magiquement lié ? Qu'est-ce que ça signifie ? Et puis, elle n'est plus espionne, à quoi ça rime ? Elle prend note de la suite, ravalant ses questionnements car elle se doute que c'est important et qu'il faut tout bien retenir. Un an de conditionnelle, un rendez-vous bi-hebdomadaire avec son supérieur - mais qui, du coup ? - et trimestriel avec Höls. Bah il va s'amuser, Vrenn. Et elle, dans tout ça ? Elle va devoir le suivre partout comme un toutou pour vérifier qu'il ne fasse pas de conneries, c'est ça sa punition ?
Gavot fait ensuite sortir tout le monde sauf les principaux concernés, et Elina. Pourquoi Elina ? Les révélations de Vrenn la mettent-elles en danger ? Va-t-elle perdre son poste à cause de lui ? Il se passe un long moment où personne ne dit rien, en attendant que les aides de la Commission vérifient que la potion de vérité ne marche plus, et détachent Vrenn et Zahria. Ça fait tout bizarre, d'être libre, comme ça, sans savoir pourquoi ni comment. Sans savoir qu'est-ce qui a marché ou pas dans tout ce qu'ils ont pu dire, et sans savoir à quel point ils ont été manipulés. Zahria se lève et se positionne à côté d'Elina, qui ne semble pas en mener bien plus large qu'elle. Et si Zahria n'a jamais eu trop de mal à se tenir au milieu des plus grands, toujours cachée dans ses ombres, elle voudrait à ce moment se transformer en souris et déguerpir loin de là. Elle met ses mains dans ses poches en se recroquevillant, et au fond de celle de droite, elle tombe sur le médaillon découvert le matin même. Aussitôt, elle l'en sort et le tend au Maître-Espion.
« Ceci est à vous, Maître, je crois.
- Non, Maître, c'est à vous. »
Hein ?
Comment l'a-t-il appelée ?
Les regards de Vrenn et Elina se posent sur Zahria, venant s'ajouter à ceux de Höls et des deux autres, les vieux attendant que les jeunes tirent leurs conclusions par eux-mêmes. Zahria hausse les sourcils, sort sa main gauche de sa poche et se grandit à nouveau avant de reprendre la parole.
« Je ne suis pas sûre d'apprécier la plaisanterie... »
Le médaillon brandi entre eux continue à vaciller dans l'air au bout de sa chaînette, comme un pendule, tantôt vers le vieux, tantôt vers Zahria. Puis s'immobilise, bien au milieu. Le bras de Zahria n'a pas bougé, comme si elle attendait toujours qu'il s'en saisisse et que toute cette mascarade s'achève. C'est Höls, pourtant, qui prend la parole, après un regard vers Gavot, comme pour lui demander la permission. Comme s'il avait le choix.
« Vous l'avez entendu, Ahlysh, il vient d'être mis à pied. Son successeur a déjà été choisi.
- Et le successeur a-t-il un mot à dire, un choix à faire ?
- Ce n'est pas vraiment le genre de poste que l'on refuse.
- Je ne fais même plus partie de la Garde, encore moins de l'escouade des espions.
- Je n'ai jamais été espion avant de devenir Maître-Espion.
- Ce n'est pas comparable.
- Maître, calmez-vous.
- Arrêtez de m'appeler comme ça, Höls.
- C'est pourtant ce que vous êtes. »
Voyant qu'elle n'en tirera rien, Zahria baisse le bras, le médaillon toujours en main, et se tourne vers Gavot, attendant le verdict, le vrai. Celui qui nécessitait qu'ils soient si peu dans cette salle. Le fin mot de l'histoire. La conclusion de cette énorme farce...
Liberté. Sans vraiment savoir pourquoi ni même comment, avec toujours plus de questions que de réponses, les liens se défont un à un autour des membres ankylosés de Zahria et de Vrenn au fur et à mesure que les effets du philtre de vérité s'estompent peu à peu. Autour d'eux la salle se vide avec une procession de murmures interrogateurs, les regards s'échangent tantôt de manières outrées et tantôt fuyants. Un étrange ballet de politique et de décision de haute instance. Puis du huit-clos naquit un second huit-clos. A l'audience bien plus resserrée. Aux enjeux bien plus élevés.
Le médaillon toujours en suspend entre Zahria et le Maitre-Espion, tout du moins l'ancien Maitre-Espion, la voix froide et implacable de Höls continue de résonner dans la lourdeur de la pièce. Un nouveau Maitre à été élu. Une nouvelle Maitre pour être exact. D'un côté Elina, Vrenn et Zahria, de l'autre Höls, Gavot et l'ancien dirigeant de l'unité des Espions du Royaume. Il ne suffit que d'un regard du Commandant vers le Haut-Juge pour que le représentant de la Justice reprenne sa diatribe là où il l'avait précédemment arrêtée.
"Je pense que les annonces du Commandant Höls sont on ne peut plus clair n'est-ce pas. A compter de ce jour Mademoiselle Ahlysh Zahria officiera en tant que Maitre Espion au sein de la Garde, nous en référerons personnellement au Ministre des Armes à la fin de cet entretien.
En ce qui concerne Monsieur Indrani, vous allez devoir passer une nouvelle nuit dans le confort de votre cellule en attendant que le Ministère de la Magie ai mis en place la solution quant au "contrôle" de vos capacités magiques. Dès demain, si les délais sont tenus, une séance d'enchantement commune vous liera avec votre nouvelle supérieure en la personne de Mademoiselle Ahlysh ainsi qu'au Commandant Arban Höls comme convenu précédemment."
Gavot marqua une pause, comme bien pour bien mâcher ce qu'il s'apprêtait à rajouter
"Le Commandant en personne s'est porté garant de votre efficacité au sein de l'unité des Espions, un pôle de la Garde qu'il connait particulièrement bien pour l'avoir -entre autre- dirigé pendant plusieurs années par le passé. Ses raisons quant à ce choix controversé lui appartiennent et il n'est pas dans mon droit de m'y opposer formellement."
"Nous avons déjà eu cette conversation Gavot." tranchante, la prise de parole du Commandant redistribua une nouvelle fois les cartes après un court silence de réflexion "C'est moi qui ai laissé trainer la piste de Akamil. Hu—... Le Vieux était contre." A ses côtés le Maitre-Espion ne pus retenir un petit sourire en coin à la presque-mention de son patronyme "A partir du moment où il m'as rendu les premiers rapports sur votre chasse à l'homme, ainsi que sa décision de vous mettre à pied, j'ai immédiatement sut lire entre les lignes. Votre affaire ne pouvais bien se dérouler dans l'unique cadre légal de la Garde. Malgré tout vous avez sut faire montre de persévérance tout en gardant un professionnalisme propre à l'apprentissage des Espions. N'en déplaise au Ministère de la Justice et à ses représentants mais le travail d'un Espion l'amène souvent à devoir danser avec les nuances de gris que forment l'ensemble des Lois du Royaume. Le Vieux avait foi en vous, au début en tout cas. Si nécessaire il vous aurait radiée par la suite afin couvrir notre intégrité. Heureusement les résultats n'ont pas tardé à arriver." reportant son attention sur Vrenn, son regard acier se fit un brin plus sévère "Et on peut dire que vous avez déniché un sacré lot en l’occurrence. Normalement les gars de votre genre se font pas de vieux os une fois qu'on leur a collé la main dessus. Mais Ahlysh avait un point: un outil reste un outil. Et si vous êtes prêt à vous racheter une conduite et que l'idée vous semble plus séduisante que de devoir faire la bise à un Fenrir au plein Nord, votre connaissance du métier pourrait s'avérer utile dans nos rangs. Normalement l'apprentissage consiste à prendre la droiture et à lui apprendre à se salir les mains. Dans votre cas le procédé sera inverse." d'un pragmatisme presque impersonnel, le garde jaugea la silhouette du nouveau futur espion devant lui. Banale, pas de quoi faire lever un sourcil, parfait pour l'emploi. Gavot repris la parole juste derrière:
"Quant à Mademoiselle Van Andrasil ici présente, vous officiez en tant que témoin directe du verdict final de ce jugement pour le moins original. En votre qualité de Capitaine de la Garde, votre soutient sera demandé si jamais des poursuites viennent à apparaitre contre la personne de Vrenn Indrani. Cela vas de soit que votre objectivité professionnelle sera attendue qu'importe la direction que pourrait prendre cette affaire au futur."
"Un gage de confiance et une mise à l'épreuve, pas de faux semblants." une fois de plus Arban s'invita les deux pieds en avant, un regard sévère vers Elina. Il ne tenait pas à ajouter un quelconque détail de plus mais sa phrase en suspend laissait deviner que d'autres idées se dissimulaient derrière. Peut-être avait-il lui aussi trouvé deux trois éléments durant ses recherches personnelles qui l'avait amené vers le signalement de Laret Akamil.
Soudainement, d'un raclement de gorge faussement discret, l'ancien Maitre-Espion se rappela au bon souvenir de l'audience.
"Inutile de préciser que toutes les décisions prisent aujourd'hui sont conformes et valides par le Ministère de la Justice, des Armes, de la Magie ainsi que par l'autorité de la Garde. Cela impliquera nécessairement un rapport au Couple Royal en personne." glissant un regard sur Zahria, un nouveau sourire malicieux voleta sur son visage "Il est donc important à noter que ces choix ne doivent pas être sources de regrets dans les mois ou années futures."
Une prise de parole qui provoqua un hochement de tête positif de la part de Yeolus Gavot et un grognement d'accord tacite de la part du Commandant Höls.
Puis le silence revint dans la pièce. Une nouvelle Maitre-Espion. Un hors-la-loi qui se voyait offrir une seconde chance de l'autre côté de la justice qu'il avait tant bafouée par le passée. Une mise à pied des plus inattendue qui ne semblait même pas gêner le principal concerné.
Sur la grande roue du pouvoir, une rotation était entrain de s'actionner. La scène allait changer d'acteurs et avant même que les contrats ne soient signés, les précautions étaient déjà toutes mises en place par avance.
modération
Prochaine apparition du MJ:
• Après une réponse chacun.
Encore sonnée par les révélations, Zahria met un temps avant de commencer à remettre de l'ordre dans ses idées. Son regard passe entre toutes les personnes présentes, une à une, la bouche entrouverte, ses sourcils se fronçant et défronçant au fur et à mesure que la réflexion se fait. Parmi toutes les variantes qu'elle avait prévu pour la conclusion de ce procès, celle-ci n'en avait jamais fait partie. Elle ne se voyait même pas réintégrer les espions. Et dans les dernières minutes, c'était plus l'exil qui lui apparaissait comme la solution la plus logique...
« Je crois que vous n'avez pas bien compris... Je ne suis pas capable de tenir le poste du Vi... du Maître-Espion.
- Vous avez pourtant démontré le contraire, Maître.
- Je... mais...
- Vous n'êtes pas seule dans cette histoire. Et personne d'autre que vous ne pourrait mieux surveiller Indrani.
- Je suis prête à épauler le nouveau Maître-Espion de toutes les ressources dont je dispose...
- Elina...
- ... je sais que sa dévotion à la cause saura contrebalancer ses méthodes.
- Je dirais même plus, ses méthodes seront un vent de fraîcheur pour l'escouade des espions. »
C'est le Vieux qui a prononcé ces derniers mots, avec un petit sourire. Le regard irisé de Zahria s'accroche à lui.
« Et vous, qu'allez-vous faire ?
- Profiter d'une belle retraite au soleil.
- Vous aviez planifié tout ça ?
- Si on veut. Höls a mis son grain de sel, comme il l'a dit.
- Maître ?
- Oui, Maître ?
- Je... euh... Merci ?
- De rien, alors. Je vous laisse discuter un moment entre vous, je vous retrouverai à votre nouveau bureau, Maître. Nous avons beaucoup de choses à nous dire avant que je puisse fermer ma valise. »
Gavot en profite pour s'éclipser lui aussi, et Höls, après un petit clin d'oeil, prend la suite des deux hommes. Les trentenaires sont laissés entre eux, et côté espion - qu'il est étrange de penser à Vrenn en ces termes -, ils sont encore à moitié sonnés par la surprise.
« T'étais au courant, Elina ?
- Du tout, t'imagines bien. Le Vieux ne communique pas avec nous. J'espère que tu seras pas comme ça...
- P'tain, ouais... c'est à moi maintenant...
- Et toi, Indrani, t'as pas intérêt à faire un pas de travers. Je sais pas comment elle a fait pour te faire confiance, mais je t'ai à l'oeil. Tu me retourneras pas le cerveau, à moi.
- A défaut de retourner d'autres choses...
- Plaît-il ?
- Nan, rien, je suis trop fatigué pour vanner, d'façons.
- Je vous laisse, Zahria, on se reparle plus tard, si tu veux. Je dois rentrer à la Forteresse, mais n'hésite pas à me passer un appel cristallique ce soir.
- Ouais... merci, Elina.
- Et courage. Les premiers jours sont assommants, mais on finit par s'y faire. »
Elina s'éloigne à son tour, et il ne reste plus que Zahria et Vrenn dans la pièce, face à face.
« Bah putain.
- Comme tu dis.
- Je suppose qu'il faut que je retourne dans ma magnifique piaule à barreaux...
- Tu veux que je t'accompagne ?
- Si tu me roules une clope, volontiers.
- C'est la dernière que tu fumeras en cellule... Après t'es coincé avec moi...
- Ça va, y'a pire comme châtiment... patronne. »
Il sourit. C'est un joli sourire, se dit-elle. Empruntant les menottes anti-magie de l'un des gardes l'ayant mené ici, elle les passe avec douceur aux poignets de Vrenn, qui se laisse faire sans rechigner. Sur le chemin de la cellule, personne ne moufte, et une fois à l'intérieur, les clopes allumées, ils se dévisagent à nouveau en silence. Difficile de trouver quoi dire, après la gifle qu'ils viennent de prendre. Et puis, nul doute qu'ils vont avoir beaucoup de choses à se dire, dans les temps à venir. Alors profiter d'un temps de silence, ce n'est pas de trop. Zahria ferme les yeux, un instant. Revoit en flash le déroulé de ces derniers mois, cherchant à comprendre comment elle s'est faite berner, et par qui. Puis rouvre les yeux, sur le regard noir de Vrenn.
Il sourit, elle sourit.
Ça va aller.