Un jour comme un autre, je prépare mon planning pour les différentes patrouilles de la semaine, j’ai quelques inspections de navires à superviser, l’entraînement des troupes à l'Île Rocheuse, mes réunions quotidiennes avec le Capitaine Dorago, c’était vraiment une journée comme une autre sauf qu’un garde vient de tambouriner à ma porte, un ordre de la commission, je devais rejoindre un autre bastion pour enquêter sur une sombre affaire de viols. C’était bien ma veine, j’avais que ça à faire, perdre mon temps avec cette affaire alors que la Garde Régulière pouvait très bien le faire elle aussi mais non je dois aider le Lieutenant Rivolti et nous avons un court laps de temps pour trouver le coupable, mais bien sûr… ils se sont crus dans l’un de ses romans policiers où l’inspecteur trouve le coupable en baissant ses lunettes.
J’attrape mes armes, mon armure légère, je fis signe à Lucy de me rejoindre, une jeune catosorus-rex que j’étais en train de dresser, elle avait encore que quelques mois mais j’avais une pris l’initiative de l’amener partout avec moi pour qu’elle s’habitue, au pire j’avais un sac de transport pour la glisser dedans si ça devenait contraignant puis au pire des cas, je la laisse à un garde en service, il fera le nécessaire pour l’amener au Myrmidon.
Traversant la ville avec des grandes enjambés, je trouve enfin le bastion militaire qui m’intéresse, je demande où se trouve le lieutenant avec qui je fais équipe et on m’indique sa position, je le ne connaissais pas mais nous allons vite apprendre à se connaître si on veut boucler ça avant demain matin.
Lucy me suivait tout doucement, restant limite dans mes pieds, elle ne connaissait pas cet endroit et elle avait un peu peur, je lui adresse un message télépathique et je l’entends son petit rugissement comme quoi elle avait compris.
Je trouve enfin l’homme dans sa tenue militaire, un oeil caché derrière un bandeau, je ne me rappelle pas du tout avoir croisé cet homme un jour, peut-être il vient du village perché ou grand-port, je n’ai pas trop fréquenté ces casernes. Me postant devant lui, droit comme un i, nous avons le même grade mais nous devons le même respect.
- Bonjour Lieutenant Alnilnam, vous êtes bien le Lieutenant Rivolti n’est-ce pas ?
Gardant tout mon sérieux, je passe ma main sur le pommeau de mon épée, on pouvait voir une épée double accrochée à mon dos, un cadeau de lucy on va dire, elle peut découper en un rien de temps si elle le souhaite.
- J’espère que vous êtes prêts à silloner la ville car j’ai survolé le rapport, je ne vois aucun plainte des victimes et je pense qu’on devrait commencer par ça, on ne sait jamais ce que peut faire un mari jaloux.
Il était très étonnant que c’était des proches qu’ils portent plainte, aucune victime n’a voulu se déplacer pour aller à la Caserne et c’était donc le premier point qu’on devait résoudre avant de chercher le coupable...
Premièrement la limite de temps, bien-sûr s'il s'agit vraiment de viols, et j'y reviendrais, il convient d'agir dans les plus brefs délais, on ne peut pas laisser un tel crime impuni c'est évident mais que se passera-t-il si l'affaire prend plus de temps? Ensuite, les témoignages ne correspondent absolument pas! Et finalement ce n'est jamais la victime qui porte plainte mais toujours des personnes proches : Mari ou parents... Et c'est à cause de cela que je me pose des questions sur l'intérêt de notre enquête... Bien-sûr je n'écarte aucunement la possibilité d'un crime par une personne possédant une magie, ou tout autre moyen, permettant de changer d'apparence mais, il n'est pas impossible que ce soit juste des hommes jaloux d'un galant trop proche de leurs épouses... Quoi qu'il en soit, je n'ai d'autre choix que de me plier aux ordres et de répondre à ces questions sur le terrain!
Je me prépare donc en enfilant ma tenue habituelle... Oui, cela ne fait pas réellement lieutenant de la garde civile mais qu'importe? C'est l'avantage de la garde, nous n'avons pas réellement d'uniformes alors j'aime me démarquer : Une longue veste de cuir rouge, un pantalon noir, des chaussures relativement simples noires également et me voilà prêt. Je m’apprête à partir lorsqu'une jeune femme apparaît devant moi. L'inconnue est bien droite, elle a une certaine présence en réalité que ce soit à cause de son armure, l'épée qu'elle porte ou simplement son allure générale, je n'ai pas réellement de doute quant à son identité mais elle me le confirme bien vite en se présentant à moi.
"En effet, ravi de vous rencontrer lieutenant Alnilnam!"
Inutile d'en rajouter plus en réalité, et puis je n'en ai pas tellement le temps, droit au but hein? Cela ne me déplaît pas, au moins nous voulons tous les deux régler cette affaire au plus vite, de plus elle soulève l'un des points de l'enquête qui me dérange...
"En effet, de plus j'aimerai entendre le témoignages des... victimes... de vive voix. Il y a énormément d'incohérences qui me dérangent dans toute cette affaire! Je vous propose donc de nous rendre chez la première victime immédiatement."
Je reste professionnel bien-entendu, au moins la partie plaisante c'est que ma partenaire est visiblement, oui c'est bien visible, agréable cependant, je suis en mission et c'est dans ce genre de moments que je suis dans l'obligation de rester sérieux. Après tout, si l'on s'entend bien durant cette affaire je pourrais l'inviter à prendre un verre mais pour l'instant, le travaille avant tout. Je l'invite donc à prendre la direction de la ville cependant, il reste une chose que je désire savoir... Elle et moi avons tout deux lu le rapport et les quelques informations que nous avons sont floues mais, plus important que cela reste de savoir si je peux parler librement avec ma collègue ou si je dois maintenir une certaine image...
"Dites-moi, entre nous... Quelle est votre opinion sur cette sordide affaire?"
- Je pense surtout que ça concerne des jeunes femmes de bonne famille alors toute de suite ça devient une affaire urgente car ses époux ont des relations et se sentent blessés alors qu’aucune de ses femmes ne portent plainte, cette histoire est étrange et je n’aime pas spécialement ce genre de passe-droit des gens qui ont de l’argent mais nous devons écouter les ordres et deux Lieutenants qui s’en occupent montre que la Commission a pris la chose au sérieux enfin…
Ce n’était que mon avis surtout que nous avions une unité qui avait l’habitude de ce genre de cas mais certainement trop occupée, ils ont choisi les deux gradés les mieux occupés de la capitale ce qui me dérange car ça veut dire qu’il pense que j’ai rien à faire, la sécurité des alentours de la Capitale n’est peut-être pas dans les intérêts de ses col-blancs. Je dis à Lucy de prendre le pas, je la vois au coin de l’oeil me suivre au pas, elle avait la taille d’un chien de taille moyenne mais sa petite bouille de bébé ne faisait peur à personne sauf quand elle montrait ses dents mais ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle atteigne sa taille adulte et impose le respect.
- Donc soit ses filles ont été victime d’un enchantement pensant que c’était leur conjoint mais je ne comprends pas alors comment ils sont au courant du méfait ou une excuse pour qu’ils demandent le divorce pour faute ou simplement l’homme est un merveilleux amant...
Une femme heureuse au lit, ça peut oublier tout logique… mais c’était une autre affaire. Je prends le papier et regarde les adresses, je prends la direction de la maison la plus proche de notre destination.
- Angelina Van Laeken, jeune femme de vingt trois ans, fiancée, vit chez ses parents, son père aurait porté plainte après avoir entendu du bruit à l’étage, il a vu une silhouette sortir par la fenêtre, son gendre était à un banquet d’affaire donc ...
Pas besoin de faire un dessin quand nous arrivons enfin devant la grande bâtisse, c’était bien le style du quartier, maison en pierre de plusieurs étages avec des finitions minutieuses, l’entrée avait des grandes colonnes et des statuts de Solstice, plutôt amusant je dirais. Je prends mon sérieux et essaye de montrer un air aimable quand je frappe à la porte, cette affaire ne me plaisait guère mais je devais faire mon travail.
Un dernier soupir et nous allons entrer dans l’antre...
Nous marchons un petit moment alors que j'observe du coin de l’œil la créature qui nous suit... Je ne suis pas réellement spécialiste en familier, loin de là même, mais l'animal semble jeune... J'ignore l'utilité de cette créature mais peut-être qu'il a un flair développer qui nous permettra de résoudre cette affaire plus vite? Cependant je ne peux pas véritablement affirmer que les moyens utilisés par le violeur ne lui permettent pas de masquer ou changer son odeur... Ce sera à vérifier mais si tel n'est pas le cas, et pour peu que la créature dispose en effet d'un odorat très développé, nous pourrons peut-être conclure cette affaire en moins de temps qu'il ne faut pour le dire!
"Je doute que les capacités de notre criminel entre en compte s'il s'agit d'un viole... Certaines victimes ne parleront pas par honte ou par peur certes mais... Elles n'auront pas l'attitude de ces jeunes filles qui semblent presque heureuses de ce qu'elles ont subit. C'est soit un charme, soit ce n'est pas un violeur que nous recherchons mais une personnes que les "victimes" connaissaient déjà intimement!"
Étrangement je n'ai aucun doute sur ce fait, nous arrivons devant la demeure de notre première victime et le résumé rapide de ma collègue me laisse légèrement pensif : le père a porté plainte suite à un bruit? Cela renforce mon idée première ! Si cela avait été une agression classique alors la victime aurait sans doute fait entendre sa voix, elle aurait crié, se serait défendu bien avant l'acte et donc avant de connaître la "capacité" de son agresseur... Ici visiblement ce n'est pas le cas! Le lieutenant frappe à la porte et rapidement, un homme vient nous ouvrir la porte. Je l'observe un instant, il ne me donne pas l'impression d'être le maître des lieux, sans doute un serviteur. Je pointe du doigt ma médaille qui est accrochée sur ma veste signe que j'appartiens à la garde et laisse entendre ma voix forte et assez dure en réalité. Contrairement à ma consœur, je ne prends pas la peine de sourire ou de faire semblant d'être sympathique, je suis ici pour boucler un criminel et l'envoyer croupir dans une cellule, pas pour me faire des amis!
"Lieutenant Rivolti et voici le lieutenant Alnilnam, nous voulons discuter avec mademoiselle Van Laeken au sujet de la plainte de viole déposée par son père!"
L'homme n'a même pas le temps de répondre ou de s'écarter pour nous laisser passer car à peine ais-je finis de parler qu'il y a de l'agitation, un bruit fort se fait entendre alors qu'un cri parfaitement audible se fait entendre : "JE N'AI PAS ÉTÉ VIOLÉE!"
"Et voici mademoiselle Van Laeken toujours sous le "charme" de notre suspect je présume."
Le terme charme est ici parfaitement choisi... Soit elle est envoûtée, soit elle n'a réellement pas été violée et dans ce cas... Peut-être que le fiancé de la demoiselle est un homme influent et que monsieur Van Laeken a arrangé le mariage pour profiter de ce que l'homme peut lui apporter? Un viole ce n'est pas la responsabilité de la victime, une amourette par contre...
Cette affaire va être plus compliqué que je le pensais, surtout avec le père qui se trouve proche de nous, il ne voudra rien entendre car pour lui son petit bébé s’est fait cruellement attaquée alors que bon à son âge, il faut dire qu’elle a déjà vu le loup enfin je l’espère qu’elle n’a pas attendu le mariage pour cela pour comprendre la désillusion de ce que c’était.
- Nous souhaitons parler avec votre fille… en privé s’il vous plaît.
J’ai bien insisté sur le mot privé, elle était majeure et elle n’avait pas besoin de chaperon pour ça. Je passe devant les domestiques et me dirige vers le petit salon où la jeune femme était assise dans un fauteuil dans cette magnifique robe, elle avait les bras croisés et soufflait contre sa mère qui lui tenait la main pour la sermonner encore et encore.
- Madame, avez-vous une pièce pour qu’on puisse discuter tranquillement ?
Un domestique apparaît tout d’un coup derrière nous et nous invite à le suivre. Je jette un oeil vers la jeune femme pour lui rappeler qu’elle devait aussi nous accompagner.
- Plus vite on en a fini Miss, plus vite on vous libère.
Un coup d’oeil à mon collègue, pour lui faire comprendre que nous aussi on partira le plus vite possible de cette maison de fou. On nous amène dans un petit salon privé, certainement au maître de maison qui avait certainement de nombreuses rendez-vous d’affaires, il y avait cinq fauteuils, une table basse, des tableaux avec certainements tous les hommes de la famille depuis des générations, on reconnaissait cette tignasse blonde ainsi que cette moustache affreuse. Je préférais rester debout, mes armes va me gêner si je décide de poser mon postérieur sur ce fauteuil qui semble bien confortable.
- Le Lieutenant Rivolti et moi-même sommes en charge de cette affaire. Comme vous le savez votre père à porter plainte et pas vous, nous voudrions savoir pourquoi.
Comme une enfant de son genre, les bras croisés, elle ne fit mine de rien comprendre et je préfère alors insister.
- Nous sommes que tous les trois ici, rien ne sera reporté ou consigné si il y a que ça, je m’en fiche clairement que vous ayez brisé vos fiançailles ou autres mais nous avons plusieurs cas comme le votre et si cette personne continue, il risque de t’utiliser des moyens plus importants pour arriver à ses fins donc racontez-nous Miss Van Laeken.
Lucy s’amuse alors avec un bout de tapis, elle était jeune et même si j’essaye de dresser cet catorosus, ça reste encore un bébé dans sa tête. Je lui donne un ordre mental et je la vois aussitôt se calmer et se cacher derrière mes jambes.
- Nous vous écoutons Miss
- Vous me certifiez que rien ne sera répéter ?
- Si ça nous permet d’avoir votre témoignage et avancez sur votre enquête donc oui nous ne consignons rien, le plus important c’est que nous ayons une piste.
On verra bien comment on fera au moment du rapport mais si il n’y avait que ça à faire comme concession pour qu’elle parle, on pourra faire cela.
- Donc ?
J’essaye d’être la plus gentille possible quand elle jette un oeil derrière elle et prends une inspiration pour se donner du courage.
- Je ne connais pas cet homme qui m’a rendu visite il y a deux nuits de cela. Il était grand, brun, un sourire à vous faire tomber par terre, ses yeux me disaient que j’étais la plus chose qu’il a pu voir dans sa vie, il a dit qu’il m’aimait et qu’il était prêt à tout pour rompre les fiançailles, me kidnapper et qu’on s’enfuit à l’Archipel pour vivre des jours heureux, il m’a chantonné un magnifique poème puis il m’a embrassé, j’ai répondu au baiser et ensuite…
Je la vois s’arrêter, est-ce qu’elle avait honte ou quelque chose du genre…
- Puis ses mains, ses baisers étaient si enivrants, je me sentais si bien avec lui que j’étais comme envoutée, il me faisait tellement du bien… puis mon père est arrivé et a vu sa silhouette mais je vous promets qu’il ne me voulait pas de mal ! Je vous le promets comment un homme si doux pouvait faire ça, il m’aimait, je peux le certifier, ses yeux ne mentaient pas.
J’essayais d’être impassible mais elle s’était bien fait avoir même si je doute qu’une pointe de magie se cache là-dessus mais je vais laisser mon collègue si il a des questions spécifiques, si elle pouvait mieux décrire notre homme car là ça peut-être n’importe qui…
Je m'installe confortablement dans le fauteuil, m'avançant doucement pour venir plonger mon oeil valide dans le regard de ma jeune témoin. Le contact visuel c'est important, le regard des gens permet généralement de savoir s'ils mentent ou pas... Si vous n'avez pas l'habitude, il est difficile de soutenir un regard lorsque vous baratinez! Je laisse quelques secondes passer sans rien dire, ne lâchant pas la demoiselle du regard. Tel le scorpion dans le sable chaud, j'attends que la jeune fille fasse un geste, une erreur qui trahirait son état d'esprit qui me montrerait que c'est le moment de me jeter sur ma proie et cela ne prend pas beaucoup de temps. Un frémissement qui me montre qu'elle est mal à l'aise me donne le départ, il est temps de jouer les interrogateurs, et je suis assez doué pour cela.
"Mademoiselle Van Laeken... Je comprends parfaitement, cet homme vous aime... Vous comprenez cependant, j'en suis sûr, que cela n'est pas l'avis de votre père ou même de votre fiancé! Ma consœur et moi-même ne demandons pas mieux que de rétablir la vérité sur tout cette affaire mais, pour cela, nous avons besoin de votre aide."
J'ignore si elle est ensorcelée ou simplement idiote. Quoi qu'il en soit, la petite ingénue semble réellement croire que cet homme était honnête alors, le meilleur moyen d'avoir des informations c'est de profiter de sa naïveté en lui faisant croire que je suis de son côté... Le rôle du bon garde en quelques sortes!
Souriant doucement, je me recule dans le fauteuil, de ce fait je suis moins vers elle ce qui donne une impression d'ouverture, encore une fois le langage corporel est ce que je recherche ici, cela instaure un sentiment de sécurité qui n'est pas forcément réel mais qu'importe?
"Est-ce que ce jeune homme a quelque chose d'unique? Un signe physique distinctif qui permettrait qu'on le retrouve afin de mettre toute cette histoire au clair?"
La jeune fille prend un peu de temps, semblant réfléchir. J'ignore si elle tente de se remémorer cette nuit ou si elle décide si elle peut me faire confiance ou non mais peu importe... J'aurais mes réponses d'une manière ou d'une autre de toute façon, les gens finissent toujours pas parler et aucun crime n'est parfait. Finalement, la demoiselle secoue la tête comme pour m'affirmer qu'elle ne voit rien de spéciale mais, elle ajoute tout de même une information.
"Je... Je ne sais pas... Je ne pouvais pas le quitter du regard, à partir du moment durant lequel nos yeux se sont croisés je me suis comme perdue dedans... Je ne pouvais plus détacher mon regard du sien, il me regardait comme si j'étais la plus belle fille qu'il ait jamais vu!"
Je soupire doucement, cela ne nous aidera pas à le trouver cependant, il nous reste neuf victimes à voir et peut-être les autres auront-elles plus d'informations cela étant, la description qu'elle fait des yeux de "l'agresseur" me fait penser que son charme vient peut-être de son regard justement... C'est une information à creuser! Quoi qu'il en soit je remercie la jeune fille et je me lève du fauteuil afin de quitter la pièce et surtout la maison. Le père ne pourra rien nous apprendre, il n'a vu qu'une silhouette selon son propre témoignage, notre plus grande chance et d’interroger directement les victimes. Une fois hors de la demeure, je prends le temps de me sortir une petite boite dans laquelle se trouve, déjà roulés et prêt à l'emploi, mes réserves de tabac. Je prends l'un de ces bâtons, l'allume et tire une bouffée dessus avant de rejeter la fumée dans les airs. Je me tourne vers ma collègue en soupirant doucement.
"La prochaine victime est Ingrid Khollen, 36 ans mariée et mère de deux enfants... D'après les informations son mari revenait d'une soirée mondaine et aurait aperçut un homme à la fenêtre de la chambre principale. Il a d'abord cru que sa femme avait un amant, le temps de se rendre sur place l'homme s'était enfuit et il a porté plainte car, selon ses dire : sa femme aurait été envoûtée... Soit elle joue très bien la comédie, soit c'est notre homme! Quoi qu'il en soit ils n'habitent pas loin alors allons-y..."
Je me mets donc en route avec la demoiselle, comme je l'ai dis la demeure n'est pas loin, il semble donc que le suspect agisse dans un périmètre bien défini. La seule question que je me pose présentement c'est comment est-ce qu'il choisit ses victimes? Tout en marchant, j'essaie de maintenir la discussion avec ma partenaire.
"Qu'avez-vous penser du témoignage de notre première victime?"
Ce lieutenant est un filou, malgré son allure de bad-boy avec son oeil en moins, il essaye de jouer au gentil garde, conciliant mais je vois ce petit sourire qu’il l’a… il profite juste de la situation mais il ne fait pas de mal, cette femme n’était qu’une enfant de bonne famille qui ne comprenait pas les enjeux, une gamine capricieuse comme une autre,
- Merci bien Mademoiselle pour vos informations, on va faire notre possible pour vous sortir de cette mauvaise passe et comme promis, aucune information ne sortira de notre petit cercle privé.
Nous quittons les lieux rapidement après avoir saluer le maître de la demeure pour nous diriger vers l’autre victime, une femme plus âgée et elle aussi de bonne famille.
- On peut dire que notre homme utilise certainement un sort de persuasion qui passe par ses yeux, il est d’origine avec un silhouette agréable aux yeux pour ne pas que la femme hurle quand celui-ci passe par la porte, certainement il ressemble au gendre parfait et une fois qu’il a capturé les yeux de la victime il peut avoir ce qu’il souhaite, je ne pense pas qu’il s’amuse à boire une boisson d’apparence tout le temps, c’est beaucoup à faire puis pour qu’il passe la porte d’entrée, c’est qu’il doit être connu, un riche héritier ou quelque chose du genre sauf si il grimpe par la fenêtre… il sait que la femme est seule, son mari ou conjoint à une soirée, il est donc au courant des évènements mondains et qui y participent… je dirais donc que le coupable fait aussi de ces jeunes nobles ou il travaille étroitement avec l’un d’eux.
Un avis comme un autre je suppose mais on va voir si ce deuxième interrogatoire va nous donner de nouvelles pistes. Nous essayons de débattre sur ce sujet quand j’entends du bruit derrière moi, automatiquement la main sur le pommeau de mon épée, prête à dégainer, je me retourne et je vois Lucy se battre avec un autre gros chat, Lucy était plus grande mais était aussi bête qu’un gloot et n’arrivait pas à se défendre ou trouver la moindre technique, je finis par m’approcher des deux félins, des gros yeux plus tard, le chat finit par partir alors que ma petite monture me regarde les yeux limite larmoyants, elle sait qu’elle vient de faire une bêtise et je me contente de lui prodiguer quelques conseils de combat avant de retourner vers mon collègue.
- Je crois que je ne suis pas arrivée pour avoir ma monture de combat, je ne pensais pas qu’il fallait autant de travail et de patience mais je dois m’assurer de la sortir partout pour qu’elle s’habitue à la présence humaine mais aussi se familier au milieu urbain.
Je n’étais pas prête de quitter le myrmidon et donc le milieu hostile qu’elle va connaître c’est les rues de la Capitale et les plaines alentours donc autant qu’elle s’habitue aux gens tout de suite mais je m’assurerais de faire des stages à Forteresse pour qu’elle ne perds pas sa faculté de grimpeuse de paroi, elle est faite pour ça de toute façon. Je m’assurais qu’elle soit toujours près de moi quand on arrive dans une autre maison, un peu plus modeste que précédemment mais on voit que nous sommes dans un quartier de gens de bonne famille.
- Bon… c’est parti, j’espère que ça sera plus probant cette fois-ci.
On grimpe les marches et frappe à la porte, une femme d’un certain âge ouvre pour nous laisser entrer. Elle nous explique arrive, elle s’occupe de son nouveau né et elle arrive. On nous fait attendre dans le grand salon, plus modeste que le précédent et surtout pas de tableaux étranges.
- Excusez-moi, j’en profite, est-ce que vous étiez présente lors du méfait ?
La dame me confirme que oui et dormait dans sa chambre au rez-de-chaussée, elle ajoute qu’elle avait entendu du bruit mais personne qui avait toqué à la porte ou autre, elle a vu une silhouette grimper les marches et pensait que c’était monsieur qui était entré donc elle a rien dit qui ferait comme si c’était tout à fait normal puis l’heure coïncidait à peu près.
- Donc un homme qui ne recule devant rien donc...
Ce type avait l’arrogance de faire ça, il était calculateur et n’avait pas du tout peur de se faire prendre en agissant naturellement, on aurait pu le reconnaître dans la rue mais si j’enquête sur le voisinage, l’affaire va se propager dans tout le quartier et on sera submergé. Lucy s’amuse à jouer avec le pompon d’un tapis mais ne fait rien de mal quand j’entends les pas de la femme. Une belle jeune femme d'ailleurs, un nouveau né dans les bras et un autre qui tient sa robe et qui marchait.
- Bonjour Madame, nous venons pour la plainte de votre mari, pouvons-nous parler en privé s’il vous plaît.
Elle fait un signe à sa domestique et laisse ses deux enfants avant de nous inviter à la suivre pour nous amener au bureau de son mari. Elle nous invite alors à nous asseoir, comme tout a l’heure je reste debout et laisse cette fois-ci mon collègue faire l’interrogatoire….
"J'aimerai qu'il soit connu en réalité mais j'en doute... Si tel était le cas, le père, un domestique ou même la victime aurait pu nous dire son nom... Là, elle affirme ne pas le connaître! Bien-entendu je doute que tous les nobles se connaissent, cela voudrait dire qu'il s'intéressent tous à autre chose que leur intérêt personnel, mais pourquoi laisser entrer un inconnu chez soi dans un premier temps?"
Nous sommes interrompus par un combat se déroulant derrière nous. Un chat et le familier de ma consœur? Alors qu'elle va interrompre les deux animaux, moi-même reprends une nouvelle dose de tabac, il faut que je la termine avant d'arriver chez les prochaines victimes... Je n'aime pas faire les choses dans l'urgence mais il faut savoir garder une attitude professionnelle n'est-ce pas? Lorsque la jeune femme revient en affirmant qu'elle a encore du travail à fournir pour son animal je ne peux m'empêcher de rire...
"Après tout, les plus grands défis sont ceux qui offrent les plus grandes récompenses! Cela étant je pense que vous vous en sortirez bien... Elle semble déjà vous écouter en grande partie."
Évidemment, c'est simple à dire pour moi... Je n'y connais rien en familier, je n'en ai jamais eu et je n'en ai pas ni l'envie ni le temps! Entre l'entraînement de ma sœur, les conflits avec mon frère et les remontrance de ma subalterne favorite, je suis déjà bien trop pris pour donner de mon temps à un animal! Mais cela ne m'empêche pas de constater ce que je vois bien-entendu! Quoi qu'il en soit, nous arrivons devant la maison suivante! Le plaignant a affirmé avoir vu l'homme à la fenêtre, il a aussi signalé que le temps de monter à l'étage l'homme avait disparu alors, avant de me diriger vers la porte, je me rapproche de la maison pour observer le sol proche de la seule fenêtre visible à l'étage depuis la rue... Il n'y a pas réellement de traces, rien qui puisse me faire affirmer qu'un homme est passé par là... Étrange! Je rejoins ma collègue à la porte et une domestique nous laisse entrer pour finalement nous conduire jusqu'à un salon... Décidément, même si la décoration change les demeures de nobles se ressemblent toutes! La domestique nous donne déjà une première information : Personne n'a frappé à la porte? L'homme a cependant fait du bruit au rez-de-chaussée! Il n'est donc pas passer par la fenêtre cependant, il est entré sans qu'on ne lui ouvre? Soit il est capable de crocheter une serrure sans que cela ne soit trop sonore, soit il entre dans les habitations d'une autre manière... C'est décidément une affaire bien mystérieuse.
Bien vite, la victime nous rejoint. Après un rapide échange avec ma collègue elle nous mène jusqu'au bureau de son époux... Une pièce sobre en réalité bien que les meubles trahissent un luxe certain, la dame nous fait signe de nous installer et, comme précédemment, je ne me fais pas prier. Après tout, cela me donne sans nul doute un air plus sympathique et, puisque ma collègue reste debout, cela me permet de mettre en place le rôle du bon garde juste par ce geste.
"Bonjour madame Khollen. Avant tout, merci de nous recevoir... Je me doute que cela ne doit pas être facile. Comme ma partenaire vous l'a signalé, nous sommes ici concernant la plainte déposée par votre mari. Pouvez-vous nous expliquer ce qu'il s'est passé ce soir-là?"
Il était dans les environs de 23h il y a quatre jours de cela... La porte de la chambre s'est ouverte et il s'est approché de moi. Je pensais que c'était mon mari qui rentrait, c'est uniquement lorsqu'il a allumé la lumière que je me suis rendu compte que ce n'était pas le cas. Je ne connaissais pas cette homme, il était grand avec des cheveux noirs et ses yeux... Il avait des yeux d'un vert émeraude absolument magnifique! J'ai voulu crier mais... Je n'ai pas pu, je sentais son regard sur moi et je me sentais désirée! Il m'a dit que j'étais belle, celle dont il avait toujours rêvé et il s'est approché sans que je n'essaie même de l'en empêcher! Il m'a embrassé et je n'ai pu qu'y répondre! Mon mari est arrivé peu après et cet homme s'est malheureusement enfuit mais, je ne peux oublier ses yeux...
Je jette un regard à ma collègue en soupirant doucement... Elle a voulu crié mais n'a pas pu? L'idée du charme est plus présente encore cependant, si elle a voulu crié c'est que pendant un instant elle a été lucide et de ce fait, une question me taraude.
"Une autre question madame si vous le permettez... Vous êtes mariée, vous avez deux enfants... Pourquoi ne pas avoir porté plainte vous-même?"
Pourquoi l'aurais-je fais? Je suis mariée depuis 14 ans... Savez-vous depuis quand mon mari ne m'a pas fait sentir aussi désirable? Cet homme m'aime! Il me l'a affirmé et ses yeux... Ses yeux ne mentaient pas! Mon seul regret de cette nuit est de ne même pas avoir demandé son nom car j'ignore si je le reverrais un jour...
Je me retiens de pousser un énorme soupire qui trahirait ma manière de penser. Que la petite jeune se fasse avoir par de belles paroles je peux le comprendre mais là on frise le ridicule! Soit le sortilège de notre agresseur est incroyablement puissant, soit il cible les nobles les plus stupides possible! Quoi que... Je commence peut-être à voir un schéma dans le choix des victimes, il faudrait sans doute attendre avant de le confirmer! Quoi qu'il en soit, j'observe ma collègue pour lui faire comprendre qu'elle peut prendre le relais si elle le désire, moi j'en ai finis avec elle... Quoi que, j'aimerai bien voir la chambre dans laquelle tout cela a eut lieu, le coupable à peut-être laissé des traces? Mais je peux attendre que ma partenaire parle à la victime avant.
Cette affaire… elle tourne en rond, encore une fois, le même témoignage mais on apprends qu’il a les yeux verts, sur toute la population d’Aryon, ça va en faire des suspects à trouver, il nous faut un autre indice même infime pour continuer mais quoi ? Un enchanteur en tout cas car son pouvoir de persuasion est immense, pouvoir empêcher quelqu’un de crier, c’est qu’il a quelque chose qui marque mais nous n’avons que ces yeux…
- Donc, ce n’est même pas pour faire défaut à votre mariage si vous ne portez pas plainte, c’est vraiment l’attirance qu’avait l’homme qui vous a fait changer d’avis ?
La femme rougissait un peu, même si c’était l’homme le plus charmant et qui fait tourner les têtes ainsi que les coeurs, c’est un criminel, abuser des femmes ainsi que de leur confiance, ce n’était pas rien mais on dirait qu’elle ne retient que cet “ amour “. La mère me confirme que ce n’était pas sa décision première, c’était vraiment le fait qu’elle s’est senti désirable cette nuit-là…
Bon il nous reste juste à dire à tous les maris du coin d’aimer leurs femmes et nous n’avons aucun soucis ! Je lui demande alors si on peut aller dans la chambre, même si ça fait déjà quatre jours, on voudrait voir si il n’y a pas un indice ridicule. Elle nous demande de la suivre et on grimpe les escaliers pour arriver à sa chambre, nous n’avons fait peu de bruit donc l’homme également, pour la surprise, il pouvait y aller comme l’ouverture de la porte puis la pièce était assez grande, peut-être trente mètre carré, un petit bureau, une coiffeuse, une porte qui doit mener au dressing et un grand lit à baldaquin, okay…
- La fenêtre était bien fermée quand il a voulu fuir non ?
Elle me confirme que oui de toute façon, vu les températures, elle avait intérêt même si le conduit de cheminé passe non loin du lit, même avec trois couettes ça ne suffirait pas.
- Donc à combien de temps estimez-vous qu’il soit resté ici et son parcours dans la pièce ?
Elle nous explique qu’il a ouvert la porte, a attendu quelques secondes que son regard se pose contre elle puis il s’est avancé tout doucement pour arriver du côté de son lit à droite le plus près de la fenêtre. Il a posé ses fesses sur le lit, lui a pris la main et lui a dit les plus belles phrases au monde, qu’elle était la femme qu’il l’attendait depuis des années et qu’avec ce baiser, il scellerait son amour.
- Il a bien dit scellé son amour en vous embrassant ?
Est-ce un indice pour la manière de fonctionner, le regard puis le baiser et elles sont à sa merci ? Je regarde mon collègue, avait-il compris la même chose que moi ? Je ne sais pas mais je vais lui laisser l’initiative de lui trouver des indices dans les pièces pendant que je continue d’interroger la femme.
- Donc vous estimez sa présence ici à cinq minutes ?
Elle confirme, donc il est entré, il a passé le lit, s’est assis, l’a embrassé puis a pris la fenêtre. Je me dirige vers elle, elle était facile à ouvrir et la hauteur était raisonnable, il y avait le péron de l’entrée pour faire une étape en parcours donc l’homme était tout de même agile… on regardera après si il y a des indices par terre. Je me tourne vers Valentino, peut-être qu’il a quelque chose lui mais je vois Lucy qui joue avec quelque chose qui se trouvait sous le lit… je m’approche d’elle et le tends au Lieutenant.
- Qu’est-ce que c’est à votre avis ?
Soudain, alors que je perds toute espoir de trouver plus de preuves dans cette demeure, c'est le familier de ma collègue qui vient à notre secours! La créature trouve en effet un objet sous le lit et ma partenaire me le donne. Je regarde l'objet en question avec attention... Bien-entendu, rien ne permet d'affirmer qu'il date de cette soirée fatidique, il est parfaitement possible que ce soit une breloque appartenant au couple chez lequel nous nous trouvons présentement cependant, je me dis également bien vite que cela est peu probable quand je reconnais quelque chose! Tenant l'objet en main je me tourne vers la victime avec une lueur d'espoir dans l’œil.
"Une dernière question madame... Est-ce qu'on vous a volé quelque chose? Est-ce qu'un objet, n'importe lequel, aurait disparu depuis cette fameuse nuit?"
Elle me dit que non, en ajoutant cependant le fait qu'elle n'a pas forcément conscience de tout ce qui est à elle, c'est surtout son époux qui s'occupe des avoirs de la famille... Je la remercie avant de lui affirmer que nous allons maintenant prendre congé. Après tout, il me faut faire le point avec ma partenaire mais, pour le coup, il est sans doute mieux de faire ce point en privé, loin des oreilles de notre victime. Il est certain que l'animal de compagnie du lieutenant a trouvé quelque chose d'intéressant... Reste à vérifier maintenant reste à vérifier ensemble si cela est important pour notre affaire! Ainsi, nous quittons la demeure et une fois hors de celle-ci, je donne l'objet en question à la demoiselle. Un anneau, visiblement de bonne facture, jusque là, rien de bien impressionnant, nous sortons d'une maison de nobles il est évident que ce genre d'anneaux ne doit pas être rare! Cependant, et c'est là que c'est intéressant, on peut y voir gravé un symbole bien particulier...
"Voyez-vous ce symbole? Ce n'est pas n'importe quel symbole... Il s'agit de l'emblème de la maison Godwin! Cela donne trois possibilités : Premièrement il appartient à notre agresseur, dans ce cas nous sommes extrêmement chanceux car nous venons de faire un pas de géant dans la résolution de l'enquête. Deuxième possibilité, la fille ou la mère Godwin fait partie des victimes et dans ce cas, cela signifie que notre criminel prends des trophées... Le fait qu'il en ait fait tombé un signifie qu'il fait des erreurs et nous pouvons en espérer d'autres! Troisième possibilité, qui serait la pire pour nous, madame Khollen ou son mari se sont amusés avec l'un des Godwin et alors cet anneau ne nous sert à rien... Quoi qu'il en soit, je propose d'éplucher le dossier afin de vérifier si cette famille a déposé une plainte tout en nous rendant chez eux, je pense que l'anneau est une raison suffisante d'aller les voir même s'ils ne sont pas référés comme victimes, il est possible que les hommes de la famille ne soient pas au courant d'une affaire s'ils n'ont pas surpris le coupable, on ne peut visiblement pas compter sur les victimes pour le dénoncer."
Toujours le même discours et je suppose si on va voir la troisième victime, ça serait de même, elle sera sentie aimée, désirée et j’en passe, toujours le même mode opératoire et j’ai l’impression que même son apparence chance ou les jeunes femmes n’y prêtent pas vraiment attention. On quitte les lieux avec toujours ce sentiment que cette affaire est une catastrophe mais l’objet que Lucy a trouvé va peut-être changer le cours de l’enquête. On s’éloigne un peu et Valentino m’explique la signification du symbole, la famille Goldwin, ça me dit vachement quelque chose mais est-ce que j’ai lu le nom quelque part, dans le dossier ou entendu dans une autre affaire.
- Allons dans une annexe de la Garde, un peu plus loin, on va prendre tous les noms des victimes et regardez la correspondance des noms et essayez de croiser les domiciles, peut-être nous arriverons à déterminer une zone même si je pense que ça se trouve dans ce quartier.
Nous n’allons surtout pas parler de notre affaire en plein de la rue, les oreilles indiscrètes, il y en a partout et surtout ici. On reprends la marche à l’allure militaire, de toute façon ça sera notre exercice quotidien, ne pas pouvoir gambader dans la nature comme autrefois me manque donc maintenant je marche vite dans les ruelles de la ville, ça fait presque le même effet sans la verdure ou la montagne, les odeurs aussi étaient différentes et franchement la compagnie des animaux était généralement plus agréable que certains humains même si mon collègue à l’air sympathique, je ne le connaissais pas cela dit et le fonctionnement de la régulière m’a toujours laissé perplexe.
- J’espère que votre première théorie soit la bonne, si la famille Goldwin est dans le coup, nous allons gagner un temps monstre et nous pourrons enfin être libre.
Non pas que je m’en fichais de ce travail mais les privilèges m'agaçait, nous arrivons devant ce bureau de gardes, on rentre en saluant les soldats en poste et demande un petit bureau tranquille pour étaler les dossiers que j’avais. Je pose mes armes sur le côté et m’assoit sur la chaise, il y avait une carte de la ville en face de nous si nécessaire et j’énonce les noms des victimes une par une.
- Van Laeken, Khollen, Cartan, Kuzuhiro, Sthol, Martine, Lugand, Engel, Du Château, Mbengue… Ah oui… il y en a des noms ici… dix… Bon si on regarde les adresses, c’est tout dans le quartier où on se trouve et la maison Godwin se trouve étrangement au milieu de tout ça enfin je crois si on regarde bien… mais vraiment pile au milieu.
Je sors de la pièce en trombe et demande l’adresse de cette famille à un jeune garde, j’attrape une carte disponible et appose des marques sur celle-ci, le soldat rentre en trombe et m’indique l’adresse. Je prends la règle et regarde les distances.
- Vous avez vu…. Leur maison est vraiment au milieu de tout ça, on pourrait presque croire que c’est toujours à cinq minutes de marche à chaque fois… Croyez-vous au hasard vous Lieutenant Rivolti ?
Moi non et je crois qu’un petit saut chez cette famille va être de mise….
J'en profites pour regarder la description des victimes et remarque une chose... Elles ont toutes soit entre 18 et 24 ans, soit toutes plus de 36 ans... Il y a donc effectivement un ciblage cependant, pourquoi une telle différence? J'avais dans l'idée qu'il y avait une raison au choix des victimes... Peut-être visait-il les ingénues et les femmes las de leurs mariages car ce sont des victimes plus faciles à manipuler cependant... La description du coupable change toujours alors... S'il n'y avait pas un mais deux coupables? Cela ne pourrait-il pas expliquer à la foi la différence d'âge des victimes ainsi que la différente apparence de notre homme? Je n'écarte pas cette possibilité, son pouvoir de charme peut en effet venir de son pouvoir ce qui implique un seul responsable, mais s'il est obtenu à l"aide d'un philtre ou d'un objet magique, le fait qu'il puisse y avoir deux agresseurs n'est pas impossible! Inutile cependant de faire étale de cette théorie pour l'instant, après tout cela n'aurait pour effet que de nous disperser alors que nous avons enfin une piste solide!
Nous remarquons ensuite sur la carte que la maison du coupable, ou d'un des coupables, potentiel se trouve en plein cœur de la zone d'habitation des victimes, parfaitement au centre... Je ne crois pas aux coïncidences non... Cependant, tout cela me semble presque trop beau! Une telle erreur, prendre des victimes dans un rayons de distance si parfait, c'est comme si chaque détail nous mener vers les Godwin et. même si je ne désire par le croire, je ne peux m'empêcher de me dire que cela ressemble fortement à un coup monté! Tout est trop simple soudainement dans une enquête qui semblait être faite pour piétiner! Nous verrons une fois sur place cependant, après tout nous ne pouvons pas laisser cette piste sur le côté même si cela ressemble plus à un piège qu'autre chose! Je suis un scorpion bordel, je suis le roi des pièges!
"Coïncidence ou pas, allons discuter avec les Godwin! Bien entendu, je pense que nous devrions concentrer nos effort sur Marscal et Gisel, le père et le fils Godwin, les deux hommes de la maison."
Nous prenons donc la route de la maison de notre potentiel coupable, bien-entendu je n'affirme pas que cela sera le cas, tout peut arriver dans une telle affaire mais, il faut rester ouvert à la possibilité d'une erreur de notre agresseur. Nous arrivons bien vite devant la demeure, une grande maison en pierre d'apparence luxueuse, la maison Godwin n'est pas une maison de basse noblesse bien au contraire, ceci ajoute au questionnement : Pourquoi faire une telle chose, ils ont assez de richesse pour être ce que la noblesse considère comme un "bon parti"... Quoi qu'il en soit, je frappe à la porte attendant que l'on vienne nous ouvrir et je ferme mon œil valide.
"Je suppose qu'il est inutile de vous le dire mais, ne regarder personne dans les yeux..."
Fort heureusement, c'est une domestique qui vient nous ouvrir la porte, je n'ouvre l’œil qu'en entendant la voix, légèrement haute perchée, d'une vieille dame. Je lui signale que nous désirons discuter avec le maître de la maison ainsi que son fils et elle nous laisse entrer, nous guidant vers un salon privé qui doit appartenir à Marscal Godwin. Une énième maison, un énième salon... J'ai l'impression que les événements se répètent encore et encore en ce jour mais cette fois cependant, ce sont des hommes que nous allons interroger. Je m'installe dans un fauteuil, observe le décors ma foi, relativement humble du lieu dans lequel nous nous trouvons lorsque la porte s'ouvre laissant passer deux hommes : L'un plus âgé, le crâne dégarni avec une moustache autoritaire, l'autre jeune, les cheveux brun virant sur le blond à l'allure et la démarche assurée... Comme précédemment, je ferme l’œil avant de croiser leur regard et laisse ma collègue commencer l'interrogatoire, me concentrant personnellement sur l'écoute afin de déceler toute incohérence dans leur discours.
- Je crois que nous avons que ça à faire de toute façon même si nous avons deux types de victime, comme ça on sera sûrs de notre coup.
Même si c’était une mauvaise piste, on n’aura plus de questions à se poser. Je range nos affaires, prends la carte et la range également soigneusement. C’est parti pour un autre interrogatoire mais celui-ci devra être subtile, ne pas éveiller les soupçons des deux hommes et pas que car si ils travaillent de mèches ou même l’un deux est coupable, il va vite comprendre notre venue et jouer qu’on nous n’avons presque aucune preuve.
On nous laisse entrer sans trop poser de questions dans la demeure peut-être que le fait d’être tous les deux Lieutenants y jouent beaucoup, nous ne sommes pas n’importe qui dans la Garde, le Myrmidon était connu pour s’assurer du bien des citoyens de la capitale puis j’avais mon emblème sur le cuir de mon armure donc oui ils savent très qui nous sommes.
- Bonjour Messieurs, désolée de vous déranger dans cette si belle journée.
Commençons à cirer les bottes et comme l’a dit Valentino, essayons de ne pas regarder directement dans les yeux de nos suspects, le père était moche comme un gloot et le jeune homme pouvait faire l’affaire mais est-ce qu’ils avaient les yeux verts ? J’essaye de trouver un indice sur les tableaux qui étaient accrochés aux murs, certainement leur famille, certains avaient les yeux verts mais est-ce que c’était ceux que nous avons devant vous ?
- Je ne vais pas vous le cacher Messieurs Godwin mais des choses bizarres se passent dans le quartier.
Je prends le temps de m’arrêter et attrape un truc qu’avait Lucy avait dans la bouche pour laisser le temps à mon collègue de regarder leurs réactions avant de reprendre.
- Vous avez un beau patrimoine, vous avez tout ce que vous voulez mais nous devons tout de même vous poser quelques questions, vous savez l’administration de la garde est redoutable et je ne voudrais pas vous déranger plus longtemps mais je vais devoir le faire, je ferai vite.
Noyez le poisson, c’était bien ça bon maintenant trouvons quelque chose à inventer pour être crédible.
- D’après nos informations, il y a eu plusieurs colloques de grandes envergures ces derniers temps, nous avons déjà parlé avec certaines personnes qui étaient aussi présentes et ils ont constaté les mêmes faits, quelque chose s’est produit à chaque fois que ces soirées. Des choses insignifiantes, rien de grave mais nous n’avons pas eu tous les registres et comme certains ont mis du temps à porter plainte, nous voulons prendre les devants et nous sommes voir les personnes influentes dans le quartier. Donc pouvez-vous confirmer votre présence à la fête d’il y a trois jours organisé par la famille Rothschild ? Votre femme n’a rien remarqué de bizarre dans la maison ? Magie, vol, pose de cadres magie, répéteur de son ?
Je m’arrête et m’amuse à regarder les tableaux, peut-être que c’était le fils car le père me confirme qu’il était bien présente, il a même vu le patriarche Van Laeken, son fils était resté à la maison pour s’occuper de leur mère qui était souffrante. Oh le fils à maman, il était si mignon…
- Oh c’est bien gentil de votre part jeune homme ? Ma mère est souffrante depuis longtemps car il se trouve que lors du colloque de Miss Seiya, nous avons de nombreuses plaintes également, n’avez-vous rien eu ? Car vous êtes pourtant la famille parfaite pour les larcins de nos hommes donc je conseille fortement de vous protéger, ils ne reculent devant rien !
Le père s’esclaffe, il refuse d’être lui aussi victime mais comme il l’a dit, le fils est resté à la maison pour s’occuper de sa maman adorée.
- Je pense que les hommes vérifient les invités du jour, c’est pour ça que nous passons dans chaque maison, pour confirmer qui était là le soir des méfaits, ça explique pourquoi ils n’ont rien tenté chez vous, votre fils était là, rien d’étonnant, vous connaissez la famille Khollen.. C’est si tragique...
Le père se lève, des amis proches si je comprends bien, il veut savoir et j’essaye de le rassurer.
- Ne vous inquiétez pas, Miss Khollen va bien ainsi que ses enfants, plus de peur que mal même si la femme confirme que tout va bien pour son cas… d’ailleurs Lieutenant Rivolti, avez-vous d’autres choses à rajouter ?
Le fils par contre... Son regard reste fixe sur le visage du lieutenant Alnilnam... Il ressemble pratiquement à un prédateur qui fixe une proie sans défense! Il est plus suspect qu'un renard dans un poulailler! Il me faut des preuves, un détail qui le trompe, un moyen de le relier à une scène de crime et soudain... L'idée me vient en tête : Son anneau! Bien-entendu il est difficile de le relier à cet objet cependant, il l'a probablement perdu sur la scène du crime ce qui signifie qu'il le portait ce soir là... Pourquoi porter un anneau pour commettre une telle action si ce n'est parce que l'on n"y pense même pas? Il est facile d'oublier un objet que l'on porte en permanence après tout! Hors, un anneau que l'on porte toujours laisse des marques lorsqu'on l'enlève! Je regardais le visage des coupables en cherchant une réaction alors que la solution se trouve peut-être ailleurs! J'observe alors les mains, bien en évidence du jeune homme et effectivement, je remarque qu'il y a une trace parfaitement distinctive au niveau de son annulaire!
"Excusez ma curiosité mais... Vous portiez un anneau n'est-ce pas? Je remarque une trace sur votre doigt comme celle laissé par une bague que l'on enlève pour la première fois depuis longtemps..."
Il me confirme que c'est bien le cas en se tournant vers moi avec un air d'extrême condescendance sur le visage... Je n'aime définitivement pas ce gars, même s'il n'est pas notre coupable il est évident que c'est un petit connard! Je me retiens cependant de le signaler, il faut rester professionnel si je veux coincé cet espèce de trou du... Hum pardon... Quoi qu'il en soit ne pas sauter aux conclusions, il faut trouver un moyen de le piéger! Cependant, avant que je n'ai le temps, il me signale qu'il se lavait les mains afin de passer à table lorsque la domestique lui a signalé notre présence et que son anneau se trouve dans la salle de bain... Aucun moyen de prouver le contraire et je ne peux pas sortir mon joker tout de suite après une telle affirmation...
"Oh, je suis navré d'apprendre que nous prenons de votre temps de repas, je vais être aussi bref que possible! Monsieur Godwin... Vous avez toute mon admiration pour votre conduite, vous occupez ainsi de votre mère est tout à votre honneur... Cependant, se faisant vous ratez l'occasion de rencontrer les jeunes filles des familles influentes, celles-là même qui sont en âge de se marier et cherche un parti tel que vous... Bien-entendu la santé de votre mère est importante, mais pourquoi ne pas laisser votre sœur s'occuper d'elle une soirée durant ces événements?"
Il sourit doucement, m'affirmant qu'il n'a pas besoin d'être présent à ces soirées pour sceller une union... Son air me fait froid dans le dos mais son choix d'expression encore plus : sceller une union? Je me tourne légèrement vers ma collègue, l'emploi de ce terme bien précis, sceller, me rappel notre discussion avec madame Khollen! Il n"y a toujours aucune preuve mais les détails sont nombreux... J'aimerai prendre un risque, demander la permission d'utiliser la salle de bain afin de confirmer ou non la présence de l'anneau mais je ne veux pas laisser ma collègue seule avec ces deux hommes... Que faire? Je tente le tout pour le tout, peut-être comprendra-t-elle mon message.
"Excusez-moi monsieur Godwin, puis-je vous demander un verre d'eau? Nous courrons depuis ce matin et contrairement à ma consœur, je n'ai pas eu le temps de m'abreuver..."
Il ne répond que bien-entendu, s'excusant de ne pas l'avoir proposé lui-même, affirmant manquer à ses devoirs d'hôte et appelle une domestique afin qu'elle m'amène cela et moi, j'espère que ma partenaire comprendra mon message...
Le jeune homme n’avait pas l’air clair, son comportement, ses expressions, ses mimiques même si je ne pouvais le voir directement dans les yeux, j’imagine son regard fourbe de nous tourner en bourrique. Non cet homme était suspect mais comment le confondre ? Je n’en avais aucune idée mais mon collègue oui quand il demande de l’eau, est-ce une technique pour qu’il vérifie cette histoire de bijoux ? Peut-être donc il me reste à faire la “ gourde “, j’adore ce moment digne de mon rang mais vu qu’il avait vraiment une idée précise, je vais le laisser faire.
L’employée de maison arrive avec un plateau avec des verres d’eau et une carafe, je vais avoir de quoi faire avec tout ça dis donc. Je demande à mon petit félin de se jeter dans mes jambes pour que je fasse semblant de trébucher, j’ai besoin de mouiller le pantalon de mon gentil collègue. Et comme si c’était plus que millimétré, j’attrape la carafe, Lucy se jette dans mes pieds et je renverse presque la moitié sur lui
- Oh excusez moi Lieutenant Rivolti, je dois encore dresser mon compagnon mais elle est toute jeune, c’est encore difficile pour lui de tenir sur place.
Je dépose la carafe sur le plateau et attrape Lucy par la peau du cou, la grondant aux yeux des autres mais je lui adresse un message télépathique pour qu’elle joue le jeu et elle le fait à la perfection quand je vois ses oreilles se descendre. L’employée pose son plateau et indique la salle d’eau, je les vois partir tous les deux et je pose mon catosorus au sol et lui ordonne d’aller dans un coin et ne plus bouger.
- Où étions nous, messieurs ? Ah oui, je vais vous paraître indiscrète mais la santé de Madame ?
Le mari m’indique que c’était une pneumonie qui dure un peu plus longtemps que prévu mais qu’il avait recouru de l’aide de plusieurs médecins du coin, il n’y avait pas de soucis à se faire, elle s’en remettra car c’est une battante et qu’elle tenait à sa famille. Bon si elle le dit, c’est que ça doit être vrai et surtout je devais garder un peu plus longtemps les deux hommes concentrés sur moi pendant les méfaits de mon collègue.
- Sinon, je me demandais d’où vient la renommée de votre famille ?
L’homme avait tout mon attention vu qu’il allait enfin parler de lui et je vois que c’est le fils qui prends la parole pour me sortir un discours tout fait qu’il doit répéter maintes et maintes fois à tous ses futurs investisseurs. Marchand de Soie depuis quatre générations, ils se sont mis aussi à la confection de beaux tissus pour les jeunes femmes nobles, bref ils avaient trouvé le fillon il y a quelques années et maintenant ils se la coulent douces, rien de bien méchant quand le jeune homme s’approche un peu de plus de moi.
- Votre nom me dit quelque chose, vous êtes de famille de ce fameux Saphir mort de manière tragique.
Je me tourne dans sa direction, le regard noir, souhaite il m’énerver ? ll avait réussi mais je ne fis rien, je répondis simplement oui pour ne pas m’attarder sur le sujet.
- On raconte qu’il courait à droite à gauche, qu’il avait autant de conquêtes que de monstres tués à son actif puis sa pauvre femme puis je crois qu’il avait une fille non ?
- Oui il avait une fille mais je ne vois pas où vous voulez en venir Monsieur Godwin.
Le père pose une main sur son épaule pour le calmer, je ne sais pas ce qu’il cherchait, une manière de montrer qu’il savait tant de choses et qu’il maitrisait la situation.
- Vous savez chaque famille a ses histoires, je ne suis une famille comme une autre, être la fille d’un héros ne change pas tout mais il a accompli de belles choses également, je resterai sur cette idée si vous le voulez bien.
Je m’arrête un instant, mon collègue vient de revenir et je lui lance maintenant la main avant que j’étrangle notre suspect.
Je fais donc au plus vite avant de quitter la salle de bain! Au loin, j'aperçois une jeune fille qui tourne le couloir... Et merde! Si je n'avais pas été obligé de me sécher je l'aurais sans doute croisé en sortant de cette pièce, peut-être aurait-elle pu m'apprendre des choses? Vu le peu de robe que j'ai aperçu, aucun doute sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une domestique! Était-ce la mère ou la fille de la maison? Je ne le saurais sans doute pas... Pas tout de suite du moins! Quoi qu'il en soit, je me dépêche de faire demi-tour, pas de temps à perdre je dois rejoindre le lieutenant et, honnêtement, je fais bien d'agir avec vitesse puisque lorsque j'arrive dans la pièce, je sens une tension des plus palpable! J'ai l'impression que ma collègue s'apprête à tuer notre suspect, lui-même "retenu" par son père... Mais que s'est-il passé ici durant mon absence? Quoi qu'il en soit, il semble que nous soyons dans une situation délicate... Nous n'avons aucun moyen de véritablement piéger le suspect, utiliser notre seul arme maintenant serait stupide puisqu'il avait préparé son alibi, de plus ma collègue semble quelque peu énervée, ce n'est pas une bonne condition pour continuer. Je fais donc la seule chose rationnelle à laquelle je puisse penser.
"Je vous remercie pour votre aide messieurs. Il nous reste plusieurs personnes à voir alors nous n'allons pas abuser de votre générosité plus longtemps... Lieutenant Alnilnam?"
Je l'invite à me suivre... Je n'ai pas grand doute sur la culpabilité de ce type, cependant il semble être malin... Il faut trouver quelque chose pour le piéger, il a fait une erreur en perdant son anneau pourtant, il a corrigé cette derrière relativement vite! J'ignores comment il a fait mais il ne fait aucun doute qu'il avait tout prévu! Je déteste l'admettre mais il s'est joué de nous et rester ici ne nous apportera malheureusement rien! Il faut que l'on trouve quelque chose et notre plus grande chance et d’espérer qu'il a commit une autre erreur ailleurs! Il faut également que ma consœur s'apaise... S'il arrive à l'atteindre elle sera moins attentive et de plus, je ne veux pas prendre le risque que leurs regards se croisent sous l'effet d'un énervement quelconque! Je sais que notre suspect ne quittera pas la région, il ne va pas non plus redoubler de prudence! Après tout, s'il y a bien une chose qui ne fait aucun doute, c'est que ce type a un égo encore plus grand que le mien, il est sûr d'avoir tout planifié et cela signifie donc qu'il ne va pas changer ses plans! Il ne me reste donc plus qu'à espérer que ma collègue accepte de me suivre, une sorte de retraite stratégique donc...
Le lieutenant venant d’arriver, la tension est descendue en flèche, cet homme aime se sentir supérieur par rapport aux femmes, même en étant Lieutenant, ça ne lui faisait pas peur et elle a même attendu que mon collègue part pour le faire donc un sentiment d’infériorité envers ses congénères ?
On finit par quitter les lieux à mon plus grand bonheur et maintenant il nous reste à trouver quelque chose pour le coincer. On marche un peu pendant que je vérifie que Lucy soit bien parmi nous, il manquerait plus qu’elle soit restée là-bas avec ce monstre.
- Il faut qu’on trouve un moyen de le confondre...
J’ai dis ça de but en blanc, c’est devenu personnel, je le sais mais pour moi, je ne vois pas le père là-dedans et cet homme est clairement louche.
- Retournons au bastion, nous allons quadriller la zone pour trouver les possibilités d’attaque de ce soir, on va attribuer un homme à chaque maison de manière clandestine, il faut qu’on fasse ça rapidement, le mieux juste après le début de la soirée mondaine qui va certainement avoir, ils font ça presque tous les soirs..
Nous rentrons rapidement à notre QG temporaire, nous demandons les activités de ce soir et comme prédit, il y a encore une autre fête de prévu car des gardes vont être de service dans le coin. Je sors de nouveau la carte et demande à l’officier responsable de secteur de me donner la liste des citoyens dans une zone ainsi que leur métier.
- Gala de charité ce soir, donc riches investisseurs, gros portefeuilles donc on va diminuer la liste des maisons possibles.
Je vais dans notre petite salle de tout à l’heure, pose mes armes et donne quelques trucs à grignoter à mon félin, elle a été parfaite tout à l’heure donc une petite récompense ne fera pas de mal. Un garde arrive avec une liasse de feuilles, on se partage le paquet et nous essayons de déterminer les familles types visées. Il faut une fille d’un certain âge, je pense que le cas de la femme de trente six ans était rare, certainement une opportunité mais nous trouvons rapidement sept maisons.
- Bon, le plus dur va être de choisir quelle maison on va prendre tous les deux et voir si Lucy était avec nous....
Je voulais coincer cet homme personnellement et je vais lui apprendre ce que pouvait faire une femme plus forte que lui dans ses droits.
Il doit y avoir quelque chose, un détail qui m'échappe encore, une information qui se trouve dans ces dossiers mais sur laquelle je n'ai pas encore mit le doigt. Dix familles, dix victimes mais pourquoi? Comment les choisit-il? Il ne peut pas les choisir aux hasard, il y a de nombreuses familles qui participent à ces réunions alors pourquoi celles-ci plus que d'autres? Des âges différents, des préoccupations différentes, même physiquement elles n'ont presque rien en commun si ce n'est... Elles sont toutes blondes? Comment n'ais-je pas remarqué ce détail plus tôt voilà le point commun entre nos victimes! Et soudain, un éclair de lucidité me frappe : la jeune fille que j'ai aperçu alors que je quittais la salle de bain était également blonde... Le fils reste à la maison pour s'occuper de sa mère adorée? Mon œil oui! Il cible des filles qui lui font penser à sa propre famille? Mais ce mec est un grand malade! Il ne cible pas des filles au hasard, il cible des filles qui lui font penser à sa sœur et à sa mère! Voilà pourquoi la différence d'âge entre les victimes! Quand ma collègue et moi réussissons à isoler les sept maisons en fonction de la fortune de ses occupants j'expose ma découverte à la jeune femme.
"Il faut trouver une maisons dont les occupantes sont blondes... Je pense que notre coupable est attiré par sa propre famille mais, puisqu'il ne peut les avoir, il vise des femmes qui lui font penser à elles... Il faut vraiment que l'on arrête ce tordu!"
D'après les informations que nous avons dans le dossier, deux des demeures peuvent correspondre... Cependant, il va nous falloir faire un choix : Nous avons attendu jusqu'au soir, cela signifie que ce sera notre seule chance de l'arrêter, si nous ne l'avons pas aujourd'hui, alors nous ne pourrons plus rien faire car la contrainte de vingt-quatre heures sera dépassée... Cette contrainte m'emmerde d'ailleurs! Pourquoi seulement vingt-quatre heures? Ce n'est pas comme s'il allait s'arrêter d'agir passé ce délais! Pourquoi nous limiter à ce point dans notre marge d'action? J'observe les deux dossiers qui selon moi sont les seuls correspondant et je finis par en poser un sur la table en soupirant fortement, je garde l'autre en main et le désigne à ma collègue.
"La famille Barrow! Leurs fille est blonde avec les yeux vert, elle a plus ou moins l'âge de Gisel Godwin et selon ce que j'en sais, elle ressemble à sa soeur! Je ne peux malheureusement pas en être sûr mais selon moi, Luserina Barrow est celle qui a le plus de chance d'être ciblée par ce connard!"
- Bon, si nous allions tous les deux à cette maison, donnons à un autre gradé en charge la seconde maison. On demandera juste un garde en surveillance pour les cinq autres au cas où.
Valentino avait trouvé la dernière pièce du puzzle, c’était sa propre famille qu’il visait, c’était tordu, totalement tordu mais dans ce pays, il y a vraiment des fous et depuis que je suis à la capitale, je crois que je préférais les monstres aux citoyens, ils étaient imprévisibles.
- Enfin si ça vous va bien sûr mais je crois que vous avez flairé le bon truc.
Je crois que c’était d’accord pour lui, il fallait qu’on prépare notre plan, qu’on rassemble les troupes, qu’on explique le plan, deux bonnes heures avant la début de la tombée de la nuit et ça ne va pas être une chose facile. J’interpelle les gardes du bastion et demande que l’officier vienne nous trouver. Un homme de la trentaine arrive en galopant jusqu’à nous, on lui explique le plan et on lui demande de trouver des personnes fiables et surtout discrètes pour la mission. A peine une vingtaine de minutes plus tard, nous avions notre brochette de Garges devant nous.
- Merci pour votre rapidité Officier Cal, merci à vous également pour votre rapidité, on va vous exposer notre plan pour ce soir. Cinq personnes seront en charge de la surveillance en civil de maisons précises dans le quartier un peu plus à l’est, trois seront avec l’officier Cal pour une possible arrestation. Nous nous occupons avec le Lieutenant Rivolti de la dernière maison où le taux de chance d’attraper le suspect est fort élevé. Je vous rappelle que nous devons êtres discrets, les habitants ont des yeux partout, il faut qu’on rentre dans les maisons au début de l’heure effective du banquet, l’homme attaque généralement trente minutes après.
J’explique nos dernières avancées et nous attribuons les maisons à chacun, nous nous partageons avec le lieutenant le dernier briefing des courses quand le temps finit par nous rattraper.
- Lieutenant Rivolti, vous êtes prêts ?
Enfin pas prêt ou non, c’est la même. J’appelle Lucy et la voilà qui me suit de prêt, elle pourra faire même guet si on le souhaite, elle ressemble encore à un gros chat mais bon le fils l’a vu, il faudra qu’elle se cache bien. Je regarde une dernière fois l’heure, on pouvait partir tranquille, la cérémonie doit battre son plein et nous arrivons très rapidement à la demeure des Barrow. Nous frappons à la porte et la gouvernante nous ouvre et nous demandons de rentrer très rapidement dans la maison. Elle nous laisse même si elle paraissait choquée la petite dame mais on lui explique rapidement la situation.
- Bonsoir Madame, voici le Lieutenant Rivolti et je suis le Lieutenant Alnilnam, nous faisons une enquête de voisinage et nous souhaitons que vous restiez dans vos quartiers cette nuit. Si vous entendez du bruit, n’intervenez pas, on se charge de tout.
Elle ne comprenait pas mais elle finit par se retourner dans sa chambre, nous laissant seuls tous les deux.
- Elle a vachement confiance tout de même… on aurait pû être de faux gardes, enfin ce n’était pas le sujet. On attends où ?
Je demande à Lucy de filer à l’étage de se cacher dans le couloir, il y a toujours des petits recoins et avec son ouïe finie, elle pourra me dire si il y a du mouvement à au-dessus.
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Quoi qu'il en soit, nous arrivons bien vite chez notre potentielle victime, la gouvernante qui nous ouvre nous laisse entrer bien rapidement... Étrange réaction selon moi, après tout n'importe qui peut inventer une telle histoire, surtout que juste avec mon allure, je fais plus penser à un criminel endurcit qu'à un gradé de la garde civile... Je ne vais pas me plaindre cependant, il est évident que cette facilité m'arrange, après tout je n'ai pas de temps à perdre si je veux préparer mon piège! Première question à laquelle répondre où nous cacher? Pour le savoir il faut avant tout faire le tour rapide de la maison! Je pense que notre suspect risque de passer par la porte principale, il s'est déjà montré assez culotté pour le faire, cependant je ne peux exclure aucune possibilité, il est intelligent et il est hors de question de lui laisser la moindre chance! Ainsi, je fais rapidement le tour de la propriété ou, en tout cas, du rez de chaussé! Puisque nous avons l'animal de ma collègue au premier étage, inutile de nous en occuper, je ne doute pas de la capacité de la créature à nous aider. De ce fait, le repérage est assez rapide, en fait il n'y a pas énormément d'entrée : Uniquement la principale sauf bien-entendu s'il passe par une fenêtre malheureusement, si tel est le cas, nous ne sommes pas assez pour toutes les couvrir! Autant donc nous concentrer sur la porte de devant et nous mettre à couvert non loin de cette dernière.
"Nous devrions rester proche de la porte d'entrée, il y a sans doute un endroit où nous dissimuler..."
Nous trouvons assez vite notre cachette, personnellement je me cache dans une armoire de l'entrée, je laisse la porte entrouverte afin de voir ce qui se passe à l'extérieur. Il y aurait eu de la place pour deux cependant, je doute que ce soit une excellente idée de se dissimuler à deux dans une armoire, surtout vu l'enquête que nous menons présentement! Ainsi, il ne nous reste plus qu'à attendre et je dois avouer que cela est long! Nous ne pouvons pas discuter vu la situation, nous ne pouvons pas véritablement bouger non plus! De ce fait, je dois avouer que la pression commence à se faire sentir! Après tout, nous sommes en ce lieu uniquement suite à mon instinct, et présentement il ne se passe pas grand chose! Si je me suis trompé... Je ne sais même pas depuis combien de temps je suis enfermé dans ce placard, j'hésite même à sortir et à faire un tour rapide de la bâtisse pour voir si quoi que ce soit à changé dans les alentours cependant, à ce moment exacte, j'entends un bruit que je reconnais parfaitement : Des crochets qui forcent une serrure! Et oui je connais ce son! Après tout, j'ai eu une jeunesse constituée de stupidité et de mauvaises influence moi aussi... Quoi qu'il en soit, quelqu'un est en train d'entrer dans la demeure Barrow et il ne possède pas la clef des lieux! Je ne sors pas immédiatement de ma planque, il faut qu'on attente encore si on veut le prendre sur le fait alors, il reste à patienter!
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