Avachi contre le flanc de l’un de ses camarades, l’espion décida qu’il était peut-être temps de ralentir sa consommation d’alcool, et d’aller à la rencontre de nouvelles personnes. Elargir ses horizons. Partager de nouveaux points de vue. Tout ça, tout ça. Et après un dernier rire à la blague de Jules sur les unicornes, ou peut-être après la discussion suivante sur les douches de la Caserne du Grand-Port, ou peut-être même après le débat sur le nombre de bouteilles remontées de la Cité Enfouie, il quitta enfin le groupe de militaires saouls dans une ronde d’embrassades pour s’aventurer plus loin.
Vers Vaelin. Qui était en train de discuter, genre à deux pas. Ce qui était vraiment chouette, car l’équilibre de l’espion semblait s’être barré avec une bonne moitié de ses neurones. S’enroulant contre le dos de son frère d’armes dans une embrassade chancelante, il passa ses bras autour de son cou. En maintenant toujours son verre plein avec une dextérité douteuse.
- Vaeeeeeee ! s’exclama-t-il avec joie.
Parce que Vaelin était vraiment trop cool. Et marrant. Et câlinable. C’était hyper chouette de le voir à cette occasion festive. D’ailleurs en parlant d’occasion festive…
- J’ai toujours pas reçu ton faire-part ! réalisa Calixte avec stupeur. Vaelin va se marier avec un shalupin ! expliqua-t-il enthousiaste à leur camarade – Marine – assise non loin qui lui jetait un regard interrogateur. Et amusé. Ça va être géééééééénial ! Toi tu es invitée, indiqua-t-il du doigt Marine. Toi aussi, poursuivit-il en décalant son doigt vers Rufus qui observait la scène non loin. Et toi aussi ! Et les copains là-bas !!!! Eeeeet…
Se redressant soudainement, investi de la mission de gérer les invitations au mariage de son camarade espion, il tapota la tête de son ami et reprit ses déambulations. Le monde devait être au courant du prochain évènement joyeux à venir !
- Oublie pas de prévenir ton père et ta famille ! gloussa-t-il à Vaelin avant de s’éloigner davantage.
Vers Karine, qui rafistolait l’un des serre-têtes à oreilles de chats, et qui l’accueillit entre ses bras en riant. Et qu’il invita promptement aux noces, parce qu’elle était aussi trop sympa. Puis vers Judith, qu’il croisait habituellement principalement au bureau de poste de la Caserne, qui entretenait de beaux melons, et qui était vraiment charmante. Et en grande discussion avec un homme qu’il ne reconnaissait pas. Ou pas trop. Ou pas vraiment. Se lovant contre le bras qu’elle lui tendait pour éviter qu’il ne finisse son trajet contre le sol qui avait la fâcheuse tendance à tanguer sous ses pieds, il fixa du regard le garde barbu. Sibil ? Bili ? Ir-quelque chose ? Sa main droite chercha automatiquement le petit sac sans fond qu’il n’avait actuellement pas sur lui, et il claqua des doigts en rigolant.
- Bibi ! s’exclama-t-il. Chouette de te croiser là, de…
Et il réalisa que l’homme, malgré la charmante présence de Judith, paraissait un peu tendu. Un peu irrité. Un peu pas à sa place. Et ça lui brisa le cœur. Les larmes lui montèrent aux yeux.
- Nonononononon, tu as l’air tellement malheureux Bibi ! Tiens ! s’exclama-t-il en poussant son verre de liqueur dans une des mains de l’homme. Prends ça aussi, ça te remontera le moral ! poursuivit-il en chourrant l’assiette de charcuterie d’un camarade passant à côté d’eux pour la fourrer elle aussi entre ses pattes. Et, eeeet… mets-ça ! continua-t-il en retirant son serre-tête oreilles de chat pour en coiffer le garde. Bien mieux ! conclut-il en enserrant dans ses bras le pauvre homme visiblement en manque de câlins.
L’affaire ne dura pas plus que quelques secondes, et il rompit son étreinte avant que le coude de celui-qu’il-savait-plus-trop-qui-c’était-mais-un-peu-quand-même ne frôle ses côtes par inadvertance. Il tapota le bras de ce dernier – ou plutôt l’air du contact fuyant – avec satisfaction. Convaincu de l’avoir remis sur les rails du bonheur. Parce que le bonheur c’était vraiment cool. En parlant de bonheur…
- Oubliez pas de venir au mariage de Vaelin ! s’exclama-t-il joyeusement avant de s’éloigner du duo. A plus Judith, à plus Bibi !
Et il fallait qu’il trouve Zahria. Parce qu’elle devait absolument savoir pour le mariage de Vae ! Et puis parce qu’il l’aimait trop. Zahria. Vae aussi, mais Zahria il l’aimait trop, trop. Elle était belle comme une noix de coco et forte comme un smilodon. Et douce comme un boucton. Elle était trop géniale. C’était sa sœur préférée. D’ailleurs, il apercevait à présent sa silhouette là-bas… Et il dût s’asseoir.
- Woooow !
Elle était rayonnante ! Eclatante de couleurs et de vitalité. Cascadant avec grâce et noblesse sans la moindre imperfection.
- Impressionnante, hein ? lui glissa le militaire assis à sa gauche – Tom, de la Régulière – en suivant son regard.
- Tant de beauté !
- De vraies boucles d’or, l’informa Tom en se penchant ver lui. La légende raconte que Lucy elle-même aurait béni la chevelure du premier Hekmatyar, et que c’est le plus précieux legs de leur famille. Elle serait dotée d’une vie propre.
- Naaaaaan ?
- Les coiffeurs se battent pour l’avoir comme effigie. Et les marchands de savons n’ont pas encore trouvé de formule permettant au commun des mortels d’égaler son éclat.
- Impressionnant !!
Il devait absolument raconter ça à Zahria ! C’était une information hyper importante sur le Capitaine de la Royale. Et dire qu’elle avait été colocataire de l’homme… Imaginant les mèches blondes s’animer brusquement, se détacher de la tête du militaire une fois celui-ci endormi, et faire leur double vie… Elles avaient peut-être même été chatouiller sa mentore pendant son sommeil ! Pris d’un sentiment d’urgence, Calixte se releva d’un bond. Ce qui sembla attirer l’œil de Zahria, et il lui adressa un grand signe de la main. Il devait absolument lui révéler l’imposture !
Reprenant à la hâte son chemin vers sa mentore, il n’alla cependant pas très loin avant de trébucher contre un tabouret, un pied de table, le membre d’un garde aviné trainant par terre, et de s’écrouler maladroitement. Battant des bras pour chercher quelque chose à laquelle s’accrocher pour ne pas finir face contre sol, sa main effleura la table à proximité. Et il fusionna par réflexe avec la fourchette qui trainait au bord de celle-ci. Se rendant compte de l’incident improbable, il se mit à rire. Et à rire. Et quand il arrêta enfin, il avait oublié pour quelle raison celui-ci avait eu lieu. Et finalement, il était assez bien dans cette fourchette. Il allait y rester un petit peu.
« Un peu des deux. J'ai rencontré brièvement Aube il y a quelques temps, et puis j'avais des choses à fêter, moi aussi. »
Le clin d'oeil qui accompagne la remarque est sans équivoque. Ils ne peuvent évidemment pas parler directement du sujet de sa nomination, mais ils peuvent y faire allusion, malgré tout. Ça ne coûte rien.
« Désolée de ne t'avoir rien dit, mais avec ce métier, c'est comme ça. Désolée aussi pour mon comportement au festival... Ça avait un lien... plus ou moins direct, disons. Enfin bon, on aura l'occasion de se revoir plus régulièrement, et je te raconterai ça en détails. J'ai beaucoup de choses à apprendre, moi aussi. »
C'est avec un petit rire complice qu'elle répond dans un premier temps à sa question sur les bouteilles, avant d'hocher de la tête, son sourire de chat sur les lèvres. Elle fait tomber la cendre de sa cigarette par dessus la rambarde avant d'enchaîner, sur un ton gai.
« Hésite pas à te servir, on l'a bien mérité. C'est les miennes, effectivement. Je me suis dit que c'était une bonne occasion pour les partager avec tout le monde ! »
Et en parlant de la Cité Enfouie, elle a une petite pensée pour leur troisième compère. Son sourire diminue, et elle pose une main conciliante sur le bras d'Arthorias, avec un petite ombre dans le regard.
« J'ai appris pour Rebecca, au fait... Désolée. J'espère que vous êtes mieux ainsi. Hésite pas, si t'as besoin de me parler. Je suis très forte pour garder les secrets des gens. »
La dernière phrase est accompagnée d'un nouveau clin d'oeil, et son sourire qui revient. Mais avant qu'ils aient le temps d'approfondir la conversation, voilà la reine de la soirée qui s'avance vers son Capitaine. Zahria recule d'un pas, pour finir sa cigarette sans incommoder la jeune maman, et la laisse faire son salut à Arthorias en observant la scène en souriant. Quand elle est prise à part sur sa vaillante tentative de toucher la piñata et la scène que ça a donné par la suite, elle ne peut s'empêcher d'avoir un petit rire. Pauvre Edouard, il n'avait pas mérité ça... Il faudrait d'ailleurs qu'elle retourne le voir, en tout bien tout honneur, pour vérifier qu'il va bien. Mais pour l'heure, elle est bien, sur ce balcon, sa cigarette finie, à discuter avec Arthorias et Aube.
La dynamique entre le blond et sa seconde est tout à fait intéressante à analyser, et ne fait qu'agrandir le sourire lumineux de Zahria, qui s'amuse à les voir ainsi. De plus, un regard vers la salle lui apprend que Vrenn est toujours en train de discuter avec la même femme que tout à l'heure, et que le reste de ses amis sont bien occupés. Autant rester ici, au moins elle y est en compagnie amusante. Les verres sont échangés, remplacés, et ils trinquent en laissant l'alcool commençant à monter et enivrer leurs sens. Un mouvement vif dans le coin de son regard félin attire son attention, tout à coup, et elle voit Calixte. Si le sourire qui va avec la vision de son frère de coeur est vite remplacé par des sourcils froncés d'inquiétude, c'est parce qu'il n'a pas l'air en bon état. Elle suit son épopée en se désintéressant soudainement de la conversation, et quand elle le voit fusionner avec une fourchette sur le buffet, elle s'excuse auprès d'Aube et Arthorias et retourne à l'intérieur.
Autour du buffet, les gens qui étaient près de Calixte jettent des regards étonnés sans comprendre ce qui vient de se passer sous leurs yeux. Aussi quand ils voient la brune aux mèches folles se saisir d'une fourchette et commencer à lui parler comme si c'était tout naturel, leurs regards d'ivrognes se posent tous sur la scène quelque peu inhabituelle.
« Calixte, sors de là. Sors de la fourchette. Cal ! Tu vas t'endormir là-dedans, sors tout de suite ! »
Elle a d'abord un doute en n'entendant aucune réaction, peut-être est-ce avec la nappe ou la table qu'il a fusionné, mais quand la fourchette semble frissonner et avoir un léger rire ponctué de phrases incompréhensibles, Zahria comprend qu'elle tient bien son espion dans la main. Et vu son état d'ébriété, il ne semble pas prêt de réussir à sortir de la fourchette.
« Cal si tu sors pas je vais devoir te forcer à le faire, et je sais que t'aimes pas ça. »
Aucune réponse. Elle secoue gentiment la fourchette, en évitant de la faire tournoyer parce qu'elle sait que ça a tendance à le rendre malade. Zahria essaye juste de faire en sorte qu'il soit assez conscient pour sortir de lui-même, mais ça n'a pas l'air de marcher. Est-ce l'alcool de la Cité Enfouie, qui l'a mis dans cet état-là ? La maître-espion ne peut pas le laisser rester dans sa fourchette, c'est dangereux. Elle se souvient toujours de la fois où il s'est pris pour un porte-manteau après être resté trop longtemps en fusion avec celui du maître dans son bureau. Ce dernier l'avait laissé rester là, dans un coin, accrochant même sa propre cape à la main de Calixte, ce qui avait valu l'une des engueulades les plus violentes entre Zahria et le vieux maître alors qu'elle lui reprochait de n'avoir aucune conscience pour son jeune apprenti. Ce serait dommage que Calixte se prenne pour une fourchette pendant trop longtemps.
Elle se saisit alors d'une lumière proche, puis demande à l'un des ivrognes à côté de tenir la fourchette droite, une main à chaque extrémité. Renforçant la tranche de sa propre main au maximum, elle assène un coup violent sur le milieu de la fourchette, la brisant sous l'impact. Calixte est expulsé de l'ustensile, sous les regards ébahis des gardes éméchés, et Zahria le saisit immédiatement pour lui éviter de retomber. Il doit avoir une sacrée migraine, après ça. Elle l'aide à se rasseoir sur une chaise non loin, avant de s'accroupir à ses côtés.
« Quelqu'un pourrait ramener de l'eau et un linge propre pour sa tête, s'il vous plait ? Et de quoi manger un peu, aussi. »
Elle pose sa main sur le front de son ami, en attendant d'avoir mieux, en l'aidant à respirer d'une deuxième main posée sur sa poitrine. Son front est brûlant sous ses mains rafraîchies par la température extérieure, et le souffle du Damoiseau est erratique.
« Bah alors Cal, on ne supporte pas l'alcool ? »
Si elle accompagne d'un léger sourire sa remarque, son regard inquiet trahit ses véritables émotions. L'alcool lui fait aussi tourner légèrement la tête, mais visiblement Calixte a un peu abusé de la substance...
Le jeune homme avait l’air motivé maintenant, ça fera du bien aux troupes d’avoir quelqu’un qui a envie de nous intégrer. Du moins, si il survit à l’entretien avec Dorago.
Je prends aussitôt la direction vers la Capitaine du Blizzard qui venait d’arriver, enfin une tête connue dans les parages. La saluant chaleureusement, on commence notre discussion sur des banalités.
La femme qui s’est donnée en spectacle un peu plus tôt revient à notre rencontre. J’ai compris qu’elles étaient amies avec le Capitaine. Elle dépose les verres dans nos mains respectives, je le sens avec prudence et je commence à m’inquiéter
- Ca a l’air fort votre boisson...
Beaucoup trop fort et goûte prudemment la boisson du bout des lèvres, je n’étais pas fan de ce genre de festivités, je préfère être maître de mon corps et de mon esprit. Enfin ce n’était pas le cas de tout le monde, je regarde au loin vers la pinata, les gens s’en donnent à grande joie, je pense que quelqu’un va taper la tête d’un garde au lieu de celle-ci, ça va encore faire de la paperasse.
On continue de discuter tranquillement quand le capitaine de la Garde Royale arrive. Cette Zahria s’approche aussi de lui et semble également complice. Je me demande pourquoi elle connaît tous ses capitaines, je vais finir par demander à Météria si elle connaissait cette femme, ça devient inquiétant qu’une simple garde de la Régulière ait de si bonnes connaissances.
Mais l’agitation dans la pièce me fait tourner la tête, la brune était encore dans le cou quand elle parlait avec une fourchette. L’alcool est déjà monté on dirait bien. Je vis dans un monde de fou, ça ne semble pas inquiété Elina plus que ça, elle doit bien connaître son amie pour ne pas intervenir. Je reste donc en retrait et pose aussitôt mon verre, même pas je bois cette chose que je laisse traîner depuis tout à l’heure. Un homme sort de l’objet, je suis intriguée et fini par me rapprocher.
Par Lucy, il y a vraiment des gens qui peuvent finir dans des fourchettes ? Je prends aussitôt ce qu’elle a demandé et lui donne pour voir le “ miracle “. Je prends le temps de regarder la brune et lui faire un sourire moqueur.
- Vous avez le don de vous mettre dans des situations étranges vous…
Je pris la tangente pour retourner en compagnie de mon frère d'arme qui semblait avoir trop bu, tandis que je vis mon vrai frère se prendre le plus royal des vent de la part de ma patronne. Mon dieu, elle enchaînait les gaffes, en cette soirée tandis que Calixte chantait les louanges à cause d'une vieille histoire lors d'une ancienne journée de commerces. Ma chevelure avait été envahis par des Shalupins à cause d'une bouteille de phéromones. Depuis il me charriait à chaque fois avec cette histoire mais jamais avec autant de public. Je vis le visage interrogateur de Marine à ce sujet ainsi que Rufus tout en s'amusant à son état d’alcoolémie. Je me posais à la table des soldats de la régulière afin de discuter de tout et de rien tout en buvant un petit bière... J'observais toujours Damoiseau d'un œil afin qu'il évite de faire des bêtises.
Les deux autres jeunes gens parlaient de leur enfance et m'en demandèrent plus en sachant que mon père était un instructeur... Je leur parlais du traitement qu'on avait enduré à chaque instant, car le vieux Archibald nous avait fait aucun cadeau, je ne comptais plus le nombre de bleu que j'avais eu pour devenir le soldat avant d'être un espion... En parlant d'espion, Calixte avait cherché les complications en fusionnant avec une fourchette et Zahria qui allait le faire sortir tout en semblant demander de l'aide. Je bus d'une traite le restant de ma bière afin de me rendre vers eux tout en cherchant une carafe d'eau et du pain... Je ne comptais plus le nombre de fois que j'avais du le ramasser ivre fusionner à tout et n'importe quoi.
Je me rapprochais d'eux afin de prendre la relève en répondant à la question de Zahria :
" - Il n'a jamais supporter l'alcool depuis que je le connais, mais il a chargé la dose ce soir... Pardon, Cal, j'aurai du diluer ton verre comme d'habitude.
Je donnais les éléments à ma supérieur tout en remarquant enfin la présence de la lieutenant.
" - C'est sa spécialité, je crois."
Je me détournais déjà de mon interlocutrice pour me concentrer sur mes deux camarades espions. J’espérais qu'il allait ouvrir les yeux tout en demandant d'un geste à Marine d'aller chercher un médecin. On ne savait jamais. C'était la première fois qu'il était autant dans le mal et je mis sa tête sur le coté... Il fallait éviter qu'il se vomisse dessus ou qu'il s'étouffe à cause d'un possible état d'inconscience...
" - C'est quoi l'alcool qu'il a bu ? Je n'ai jamais vu ses bouteilles.
Allez Calixte, on se réveille.
« Je vais te ramener à ta chambre, Cal, la fête est finie pour toi. »
S'il proteste, elle n'en tient cure, et l'aide à se relever. Elle constate alors que Vaelin et Bridget sont toujours là, et se souvient de leurs questions, tout à coup. Regardant d'abord la femme, puis l'homme, elle entreprend de leur répondre en vitesse, en commençant par la plus haut gradée.
« Ma vie est un bordel sans nom qui mériterait plus qu'une soirée alcoolisée pour être racontée, Lieutenant... On aura d'autres occasions, c'est promis. »
Elle lui fait un petit sourire pour lui faire comprendre qu'elle n'en dira pas plus pour le moment. Si elle savait... Le regard d'Alnilnam est encore empli de questions, mais Zahria n'a ni le temps, ni l'énergie de lui répondre, ou de la mener sur une fausse piste. Elle se tourne alors vers son deuxième apprenti, qui regarde Calixte d'un air inquiet. Il l'a souvent ramené de soirée, lui aussi, mais ce soir elle prend la garde de leur Damoiseau, pour le laisser profiter encore un peu. Lui souriant de son regard de chat, elle s'adresse enfin à lui.
« C'est l'alcool de la Cité Enfouie, Vaelin, peut-être un peu trop fort pour notre ami. Je vous laisse profiter du reste de la soirée, je crois que Calixte a besoin de repos, et de quelqu'un pour veiller sur lui. Reste ici, Vae, ne t'inquiète pas, je m'en occupe, une personne suffira. La soirée n'est pas finie, ce serait dommage que tu rates une occasion de rencontrer autre chose qu'un shalupin. »
Après avoir lancé un clin d'oeil au jeune homme qui s'indigne déjà, en comprenant que Calixte a moufté, elle passe son bras sous l'aisselle de Calixte et le force à faire quelques pas, pour vérifier qu'il en est capable. Et si ses grognements témoignent du martyr qu'il est en train de souffrir, elle l'encourage gentiment, traversant la salle à vitesse d'escargot. Ce qui lui laissera le temps de dire au revoir à Elina dans un sourire silencieux, de croiser le regard d'Arthorias pour lui intimer qu'ils se reverront, de féliciter Aube à nouveau, de faire un clin d'oeil à Edouard, et de voir Vrenn, toujours en pleine conversation avec sa bimbo. Oui, il est définitivement temps de partir.
Quand ils arrivent à la chambre de Calixte, elle laisse tomber son poids mort sur le lit, avant de lui retirer ses chaussures et sa chemise, puis d'entreprendre, tant bien que mal, de l'emmitoufler sous sa couverture. Elle pose un seau au pied de son lit, puis se saisit d'une nouvelle couverture dans son étagère qu'elle pose sur le lit, avant de se coucher à son tour, à côté de Calixte. Ses colocataires seront sûrement surpris par le spectacle quand ils rentreront en pleine nuit après avoir bien fêté, mais qu'importe. Hors de question de laisser Calixte seul. Et puis, avouons-le nous, Zahria n'est pas bien fraîche non plus. Pas dit qu'il soit le seul à utiliser le seau ce soir.
- Je veux être payé en boucles d’or, rigola Calixte d’une voix un peu vacillante.
On se saisit de lui – ou de la fourchette – et il gloussa à nouveau au mouvement de bascule. C’était rigolo comme animation. Est-ce que ça faisait partie du programme prévu par Karine ? Il ne se souvenait plus très bien de ce qu’il devait se passer en dehors de la pinata. Et de l’alcool. Et de la bouffe. Et des oreilles de chat. Elles étaient où, d’ailleurs, ses oreilles de chat ? Enfin, il n’en avait peut-être pas besoin pour faire une petite sieste. Car, vraiment, cette fourchette était d’un confort bien douillet.
La suite se passa dans un éclair, et il ne comprit pas bien le dérouler des évènements. Mais il était soudainement hors de sa précieuse fourchette, affalé sur quelqu’un, avec un fenrir faisant des claquettes dans sa boite crânienne.
- Ooow, méchant fenrir, se lamenta-t-il en passant sa main sur son front.
On le fit s’assoir, et c’était peut-être pas plus mal. Car le fenrir dans sa tête martelait tellement le plancher de celle-ci qu’il en avait les jambes flageolantes. Mais pas douloureuses. Et n’était-ce pas surprenant, d’ailleurs, de percevoir une telle sérénité dans ses orteils alors que ses neurones s’immolaient un à un ? La voix de Zahria lui parvint à nouveau et il s’accrocha au corps le plus proche sur sa droite.
- Zaaaah…
Le corps n’avait pas la bonne odeur. Pas tout à fait les courbes connues, ni le balcon usuel. Et paraissait un peu plus raide que celui tout en agilité féline de l’Ombre. Des cheveux blonds lui chatouillèrent les narines. Oh.
- Rillette !
Il se détacha de la soldate pour pencher de l’autre côté et passer les bras autour d’une silhouette qui lui semblait plus coller à celle de Zahria. Humant le parfum familier des boucles sombres, il esquissa un sourire de victoire. Laissant son cerveau finir son naufrage, il essaya de se concentrer sur ses orteils plus en paix. Moins douloureux. Plus agréables comme point d’attention. On porta quelque chose à la bouche, et il avala sagement les offrandes. Qui lui rappelaient que…
- Vae va se marier avec un shalupin, marmonna-t-il contre l’épaule de Zahria.
On se saisit de sa tête, et le fenrir exécuta une audacieuse pirouette rythmée. Heug. Distraitement, il nota qu’il connaissait ces doigts calleux. Mais il était soudainement bien plus intéressant de se concentrer sur la fraicheur du tissu poreux passé sur son front. Celle qui ralentissait les claquettes du fenrir. Lorsqu’on le fit se relever, la créature avait troqué son énergique staccato contre quelques pas de rumba plus supportables. Avec la léthargie aidante d’un mollusque, il se laissa accompagner – porter – jusqu’aux dortoirs. Une part de lui nota que la soirée était loin d’être finie et qu’ils manqueraient probablement les combats de serpillère en petite tenue, mais la fatigue le rattrapa rapidement, et il n’opposa aucune objection au changement de programme.
Les draps moelleux l’accueillirent avec chaleur, et il enfouit son nez dans leur parfum familier et réconfortant. Le fenrir dans sa tête ronronna. Il rigola doucement à l’image. Des mains attentives défirent le gros de ses vêtements, et le glissèrent sous la couette. Déjà, le sommeil l’embrassait avec ferveur. Il eut juste le temps de chercher le corps à côté du sien, et d’entrelacer tendrement ses doigts avec ceux de Zahria. Et il s’endormit. Ou s’évanouit. L’histoire ne le saurait jamais.
-Bonsoir Aube !
Dit il avec un air enjoué. S'il était venu ce soir c'était bien sur pour la voir, et ce dans un cadre hors du métier. Ils auraient tout le temps de s'échanger des platitudes quand ils seraient de service.
Lui offrant un grand sourire, il leva une main en signe d'apaisement.
-Aucuns soucis, je vous l'ai déjà dit, la famille avant tout, surtout en ce moment !
Bon pour la tenue, il s'en voulait un peu, en vérité il n'avait vraiment rien d'autre à mettre. Et si c'était encore très formel.... Ce n'était pas comme s'il pouvait proposer un autre type de vêtements
Mais il accepterais volontiers un verre, ça oui !
-Je ne dirais pas non, après tout c'est un alcool spécial.
Mais pour ce soir, oublions les notions de grade, vous pouvez m'appeler Arthorias, et même me tutoyer, c'est votre fête en plus.
Etre rigide, c'était bien en service, savoir relâcher la pression était primordial et comment dire.... Il ne se voyait pas imposer quoi que ce soit à une fête. Ce serait gâcher l'ambiance
il eut un regard pour Zarhia avant de lui dire
-Oh les contraintes du métier, c'est comme ça, ce n'est pas grave,et puis maintenant je le sais !
Dit il en lui esquissant un petit clin d'oeil avant de se reporter sur les boissons.
C'était sur de boire ce genre de chose ? Il fallait espérer si on ne voulait pas que la moitié de la force de la capitale ne soit hors combat.
Mais pour une fois, il préféra ne pas se poser de questions
Pour Rebecca.... et bien il se faisait une raison, et répondit par un haussement d'épaule, adjoignant un plutôt résigné
-Bah.... c'est ainsi, mais merci de ta sollicitude
Puis il la regarda partir s'occuper d'un de ses hommes, ou du moins quelqu'un qu'elle connaissait. Il nota le nom dans un coin de sa tête ainsi que son visage. Après tout on ne savait jamais avec elle qui était espion ou amant
Son attention se relocalisa sur la demi-renarde
-Pas trop compliqué alors ce nouveau rôle ?
Je souris à mon Capitaine, c’est bien qu’il comprenne que mes bébés ont besoin de moi. Ce n’est pas comme si je lui aurait laissé le choix de toute façon. Cela change de le voir en dehors du service. Il a toujours l’air aussi sérieux mais, pour une fois, il n’a pas revêtu son armure pour sortir de son bureau. Lorsqu’il accepte ma proposition de lui offrir un verre et me demande de l’appeler par son prénom ce soir, je me détourne un instant le temps d’aller chercher un verre laissant Arthorias et Zahria seuls un instant.
Je reviens un verre de l’alcool antique ramené directement de la Cité Enfouie par Zahria pile au mauvais moment… Je m’immobilise encore dans le dos d’Arthorias ne voulant pas m’imposer alors qu’il évoque sa vie privée. Parfois, c’est une plaie d’avoir des oreilles aussi performantes… On en apprend des choses qu’on ne voudrait pas savoir. C’est typiquement le cas de la séparation du Capitaine avec sa femme. J’attend qu’il ait terminé de se confier pour refaire mon apparition. Je donne son verre à Arthorias tandis que Zahria nous abandonne visiblement pour aller à la rescousse d’un ami un peu trop alcoolisé et malheureux avec son pouvoir. Je dois avouer que la situation est comique même si cela doit être embêtant pour le pauvre homme coincé dans la fourchette. Me reconcentrant sur la discussion avec Arthorias, je m’amuse de sa question.
Si par nouveau rôle, tu entends le fait d’être “maman”, c’est une horreur… Même les apprentis gardes étaient plus sages que les deux terreurs… Tout ce qu’ils savent faire, c’est réclamer à manger, manger et dormir ! Vivement qu’ils grandissent et dorment plus longtemps.
J’avise une planche de charcuterie qui voyage dans le foule. Avec un sourire, je la prend en vol en lançant un “contrôle de routine” qui fait rire les gardes à qui vole la planche.
Et de votre côté, vous vous êtes fait à votre position de capitaine ? Et si vous me lâchiez l’information que vous avez refusé de me donner après mon accouchement ? J’ai entendu des rumeurs inquiétantes sur votre volonté de quitter le poste ?
C’est pas vrai, j’ai plus entendu le lieutenant Alnilnam parler de poste de bras-droit pour moi mais prêcher le faux pour avoir le vrai est un grand classique. Amusée par ma propre bêtise, j’enfourne un grand morceau de jambon sec dans ma bouche avant de me trahir avec un grand sourire pas du tout sérieux.
Arthorias eut un petit rire quand Aube parla de sa première expérience avec ses petits monstres. Sur un certains point, il était bien content de ne pas avoir ce genre de soucis.
Désormais, sa vie se résumait à son bureau et son travail, guère plus. Et cela lui convenait parfaitement.
Même si... il faudrait surement partager le bureau sous peu. Mais il verrait bien ce qu'elle en dirait.
-Ah ça ! Ma propre mère me disait souvent que lorsque ce serait mon tour je la comprendrais. Et d'après ses dires, ce n'est encore que le début, mais je ne doute pas que tu t'y fera, comme tout, avec un peu de temps, on finit par trouver ses marques.
Saisissant le verre tendu, il trempa ses lèvres dans le breuvage, grimaçant légèrement. L'alcool n'avait jamais été son fort...
Devant les nouvelles questions, il cligna quelques fois des yeux. Lui ? Quitter le poste ? Surement pas, même si la charge de travail était importante, il l'aimait. Les soldats de la royale commençaient doucement à devenir ses propres hommes.
Et il commença par lui offrir un petit rire avant de répondre.
-Moi quitter mon poste ? J'ai bien peur que les rumeurs soient fausse, je ne compte pas prendre ma retraite d'ici bien longtemps. Non, non je me fais à ma position, je commence même à l'apprécier fortement.
Mine de rien c'était une promotion inespérée, et je commence à aimer donner des ordres.
C'était bien le moment de lâcher l'information ici ? Après tout pourquoi pas, elle aurait tout le temps d'y réfléchir.
-Très bien ! Après pas mal de bataille avec la commission, j'ai obtenu un nouveau poste au sein de la royale, l'équivalent d'un lieutenant de la civile.
La royale aura bientôt un major, mon bras droit en quelques sorte.
Laissant une petite pause, il finit par poser une main sur l'épaule de la jeune femme avant de lui faire la déclaration qu'il retenait depuis quelques temps.
-Et je pense que vous avez parfaitement le profil pour être à ce poste, je comptais donc vous proposer à cette position.
Cela viens bien sur avec quelques avantages, plus de patrouilles imposées, une meilleure paye, et un logement plus adapté sur l'île royale
Qu'en dit tu ?
J’aurai définitivement tout vu, un homme qui se cache dans une fourchette et y ressort totalement ivre. De plus, on pourra ajouter sa manière beaucoup trop tactile avec un gradé. Je savais que cette soirée n’était pas une bonne idée surtout avec tout cet alcool. Peut-être un jour, les gardes arriveront à se limiter dans leur consommation mais c’est une chose impossible avec eux.
J’écoute les absurdités du jeune homme et essaye de me contenir sur le fait qu’il m’ait appelé Rillette. Je vais définitivement le tuer mais vu qu’il sort des âneries sur âneries, ça ne se remarque pas.
- Bon… je crois que ça ne sert à rien qu’il reste ici celui-là.
Parlant plus pour moi-même qu’autre chose. Je regarde le duo improbable partir de la fête. Bon de toute façon, je n’ai plus rien à faire ici aussi. Saluant les différents protagonistes de la fête, je retourne à la Caserne pour un repos bien mérité.
Je souris à Arthorias lorsqu’il évoque les dires de sa mère. Je ne sais pas pourquoi il n’a jamais eu d’enfants avec sa femme… Peut-être une des raisons qui fait qu’ils se sont séparés maintenant ? J’entends souvent dire que des couples se brisent à cause de l’absence de succès à donner naissance à un enfant. Mon cas a plutôt été l’inverse… Pour les bébés, j’était prête à construire une famille avec Ryuji. C’est illusoire maintenant de toute façon alors autant ne plus y penser. Je préfère détourner la conversation vers des choses plus terre à terre comme l’annonce qu’il n’a pas voulu me faire juste après mon accouchement. Il faut dire que ce n’était pas vraiment le meilleur moment pour parler de mon travail à la Garde Royale… Je m’amuse à prêcher le faux pour le pousser à rétablir la vérité histoire d’avoir plus de chance de le faire parler. Je lui assène une tape sur l’épaule lorsqu’il annonce ne pas vouloir quitter son poste et même commencer à aimer être le grand patron.
C’est bien, c’est un peu chiant de changer de Capitaine tous les trois mois.
Vrai que c’était un peu le bordel depuis un certains temps avec d’abord une période sans Capitaine après l’assassinat de la précédente puis l’intérim en dent de scie du garde Moorhell. Un peu de stabilité ne fait jamais de mal. Enfin, tant qu’on me colle pas une armure plus lourde que moi sur le dos… M’attrapant un verre de bière qui tourne dans la foule, je laisse le temps à Arthorias d’embrayer sur l’autre annonce, celle qui me concerne directement soit-disant. Mes oreilles se dressent à la mention d’un nouveau poste au sein de la Garde Royale. Qu’est-ce qu’il peut bien avoir encore inventé après avoir collé des armures lourdes à tout le régiment royale ?
Un major ? C’est vraiment nécessaire ?
J’ai toujours connu la Garde Royale avec un Capitaine pour seule ligne de commandement. Pour sûr, cela ne va pas être simple de faire intégrer ça à tout le monde. Il va lui falloir quelqu’un qui impose un certain respect à ses collègues pour prendre cette place sans se faire marcher sur les pieds. Il doit vouloir un avis extérieur sur mes collègues, après tout, je suis partie presque 8 mois, on peut dire que je suis “impartiale” maintenant… En pleine réflexion, je sursaute lorsqu’il pose sa main sur mon épaule. Mon visage se décompose quand il annonce qu’il pense que j’ai le profil pour ce nouveau poste. Bafouillant, je rougis.
M… moi… ? Mais… Les autres gardes royaux sont sûrement plus qualifiés que moi pour ça Capitaine…
C’est vrai, il y a des gardes plus anciens que moi et plus expérimenté qui méritent cette promotion bien plus que moi… Il se lance dans une énumération des avantages du poste de major comme si de rien n’était. Comment je pourrais prendre une telle place dans l’organisation du régiment royal… Il est vrai que les arguments qu’il avancent m’arrangent bien maintenant que j’ai les bébés. Plus de patrouilles veut clairement dire que je n’aurai presque pas besoin de nourrice. Et une solde plus élevée n’est clairement pas de refus… Mais comment je vais gérer ça auprès des autres gardes royaux ?! Me redressant, je fais face à mon Capitaine.
Capitaine, c’est un honneur que vous me pensiez capable de prendre ce poste à vos côtés. Toutefois, j’aimerai avoir un peu de temps pour y réfléchir… D’autres Gardes Royaux sont tout aussi voir plus qualifié que moi, permettez moi de prendre le temps de réfléchir aux implications pour ma famille et le régiment qui est ma deuxième famille.
Cela n’implique pas que moi… Je dois penser à mes bébés mais aussi à la stabilité du régiment. L’année écoulée a été une épreuve compliquée pour la Royale, j’ai peur qu’une telle actions de la part du Capitaine ne vienne encore plus déstabilisé le régiment… Je tend mon verre au Capitaine pour trinquer avec lui.
En tout cas, félicitation à vous d’avoir obtenu un tel poste pour la Garde Royale.
Je boit ensuite une longue gorgée pleine de réflexion. Ai-je ma place en tant que Major de la Garde Royale ? Est-ce que la Reine serait intervenue pour que l’on me mette à cette place après notre “escapade” commune dans le Palais ? J’ai besoin de me poser au calme pour réfléchir à tout ça… Autant laisser ses pensées de côté pour le moment et profiter de l’instant présent pour s’amuser un peu. Après avoir salué Arthorias, je m’excuse pour aller continuer de saluer les gens venus à la fête et continuer à m’amuser avec cette annonce dans un coin de la tête.