Queen était guillerette ce matin. Un peu trop sans doute et quiconque la croisait recevait aujourd’hui un sourire. C’était si étrange que plusieurs personnes pensèrent avoir rêvé ou avoir simplement croisé une personne qui n’était pas la jeune Milan. Pourtant c’était bien elle mais d’une humeur extraordinairement bonne. trois jours de repos. TROIS. Ils étaient la principale raison de la joyeuseté de le jeune femme. Cela faisait bien trop de mois qu’elle trimait au service d’Haru et à la trésorerie. De plus, les opérations menées par le royaume n’avaient qu’ajoutés une surcharge de travail qu’elle avait eut toutes les difficultés du monde à gérer. Ces derniers temps, elle avait plus eut l’impression d’être une artiste de cirque qu’un membre important du gouvernement Aryonnien. Mais cette fois, Lucy avait décidé de lui tendre la main et de lui offrir un présent par la même occasion. Exceptionnellement et sans vraiment y croire, Queen avait participé à un tirage au sort afin de gagner une nuit dans un petit chalet luxueux avec la personne de son choix. Choix cornélien d’ailleurs, elle avait mit un temps fou à choisir la personne qui l’accompagnerait et avait finit par choisir nul autre que le jeune gouverneur de la ville aquatique. Un homme utile, riche et d’agréable compagnie. Qui s’en serait plein ? Pas elle. De plus, leur liaison ne datait pas d’hier et cela faisait bien trop longtemps qu’elle ne s’était pas accordée une soirée en sa compagnie. De quoi raviver les liens qui les unissent et surtout rappeler à ce dernier comme il est bon de faire affaire avec elle. En bref, une soirée de luxure et de repos lui tendait les bras et elle n’avait aucune envie de leur échapper.  

La jeune Milan était arrivée avec un jour d’avance au village perché afin de rendre visite aux siens, bien qu’elle s’en soit passé bien volontiers. Néanmoins, sa bonne humeur ne l’avait pas abandonné au cours de la journée lorsqu’elle quitta le domaine familial afin de prendre place dans la voiture qui allait l’emmener à l’endroit indiqué. Alphonse sur ses talons tirait une énorme valise, tout en marmonnant mécontent dans sa barbe qu’il n’était pas prudent de ne pas l’emmener, que les bois n’étaient absolument pas fait pour une Milan et encore moins pour cette Milan. Il essaya d’ailleurs par deux fois de faire changer d’avis la jeune femme qui pour réponse finale lui claqua la porte de la calèche au nez en lui disant qu’elle viendrait le chercher avant de rentrer à la capitale. Penaud, il regarda les chevaux prendre les départs.

Le domaine de sa famille était déjà excentré du village perché, aussi, le trajet ne dura pas longtemps. Une petite heure tout au plus et lorsque son voyage prit fin le soleil était tout juste entrain de décliner derrière les arbres. Un parfait timing romantique, un couché de soleil qui s’annonçait délicieux. Tout en soupirant d’aise, Queen sortie, faisant voler autour d’elle le tissus vert en mousseline de la robe qu’elle avait choisit de porter aujourd’hui. Une robe simple – surtout simple à défaire en vérité -, qui ne faisait pas de chichi et qui mettait sa poitrine, compressée par son corset, en valeur. Pour ce qui était de la lingerie, Morgan ne serait pas déçu, cela ne faisait aucun doute.

D’ailleurs… Où était le jeune homme ? Alors que son accompagnateur déchargeait ses valises, le regard de Queen passa sur les deux hommes un peu en retrait, puis sur les alentours. Rien. Un pas de plus, au cas où elle l’aurait loupé planqué derrière un bosquet, toujours rien. Il devait avoir un peu de retard. Rien de bien méchant, cependant elle préféra s’en assurer et franchit en quelques enjambées la distance la séparant des deux autres hommes qu’elle pensa être de simple cocher.

- Sauriez vous me dire où est l’homme que j’attends ? Est-il déjà dans la maison ? En retard peut-être ? Il vient de loin, je ne pourrais pas le lui reprocher après tout. Elle était surtout de bonne humeur, c’était la seule raison qui faisait qu’elle ne l’étriperait pas en le voyant. Elle ne sourit pas aux deux hommes pour autant et se contenta de leur lancer un vague regard sans grand intérêt, attendant leur réponse.  

- Eh bien Mademoiselle, il s'avère que l'homme ici présent vient de loin. Dit le premier homme avec un rire nerveux.

Queen passa son regard sur lui l'air complètement blasé.

- Je ne parle pas de cet homme là d'où qu'il vienne. Je parle de la personne qui devait me rejoindre. Un homme à la peau pâle, des cheveux rouge... Il serait difficile de le manquer. Son ton était devenu quelques peu plus tranchant. Le cocher à qui elle s'adressa lança un regard assassin à son collègue qui n'avait vraisemblablement pas mit au courant la jeune femme de la petite erreur.

- Eh bien, Mademoiselle... L'homme recula d'un pas, gardant toujours un grand sourire. Dans son dos, la blonde put entendre sans difficulté que la calèche se remettait en marche. - Il semblerait que vous n'ayez pas été mise au courant.... Ehm...  

- Mise au courant de quoi... ? Le coupa-t-elle immédiatement, toute trace de bonne humeur l'ayant abandonné.

- Nous avons eut quelques soucis de logistique... En quelques sortes... L'homme recula encore et encore tant et si bien qu'il se retrouva à moitié assit sur le banc de la calèche quand il termina sa phrase.

- En quelques sortes ? Siffla-t-elle les dents serrées.

- Votre séjour se passera avec cet adorable jeune homme ! Lâcha-t-il finalement dans un couinement étranglé, ratatiné sur son siège. Sans crier gare, il se saisit des rênes et les fit claquer, engageant ainsi la voiture sur le chemin du retour. - Nous reviendrons vous chercher demain ! Cria-t-il par dessus le brouhaha du trot des animaux.  

- "Jeune homme" ? Reprit-elle en s'étranglant à moitié. - Mais non ! Mais revenez ici par Lucy ! JE VOUS ORDONNE DE REVENIR ICI ESPÈCE DE TRUAND ! Cria-t-elle tout en manquant de s'arracher les cordes vocales. Ce fut peine perdu, la calèche était déjà bien partie et il était certain que l'homme ne comptait pas faire demi tour. - Pourquoi diantre, les bonnes choses se transforment-elles toujours en enfer ? Elle soupira bruyamment puis se retourna vers l'indésirable, le dévisageant.

Il souriait. Cet idiot souriait vraiment ? Le regard blasé de Queen était posé sur lui, elle ne pouvait s’empêcher de le regarder. Lui et son air de nomade, beaucoup trop heureux malgré ce qui venait de se passer. Elle, n’avait qu’une envie, repartir en courant de là où elle venait. Malheureusement, si le trajet en calèche avait été rapide, à pied ça ne serait pas la même chose et en plus le soleil était déjà entrain de se coucher. Autrement dit, si elle voulait partir elle devrait faire une partie du trajet de nuit et aussi mauvais soit son caractère, il ne pourrait rien face aux créatures qui pouvaient peupler les alentours. Quoi qu’elle pourrait toujours se servir de son pouvoir… Aaah… Mourir en ayant voulu échapper à une soirée comme celle là serait ridicule. Elle décida donc, à contre cœur, qu’elle resterait au moins cette nuit.

- Ça, c’est ce qu’on verra. Lui répondit-elle d’un ton irascible. Elle observa ensuite la main tendu quelques secondes et l’esquiva sans détour pour marcher jusqu’à ses bagages. - Queen. Milan. Oui, comme les Milan dont tout le monde parle. Ne prenez pas un air enchanté, vous ne le garderez pas longtemps.Elle s’appuya ensuite sur l’une de ses valises et soupira fortement. - J’ose au moins espérer que le logement qu’ils nous propose sera à la hauteur de ce qu’ils ont promis. Sinon je peux vous assurer que leur entreprise fera faillite dans l’heure. Les dents serrer elle attrapa le lourd bagage et le traîna jusqu’au brun.

- Je ne comptais pas passer la nuit ici. Allons-y. Cette petite bande… De truand. Ils vont m’entendre. Leur service est véritablement à vomir. Premièrement ils confondent les accompagnateurs et en plus de cela ils nous obligent à marcher. L’hôpital qui se fout de la charité. Alphonse avait raison, j’aurais du l’emmener. Il aurait eut une idée pour nous sortir de ce mauvais pas. Cet homme à toujours de bonnes idées. Quand il veut. Elle marmonnait dans sa barbe tout en prenant la direction du chemin indiqué par le brun. Ses plaintes se poursuivirent une bonne partie du chemin et cela jusqu’à ce qu’elle daigne accorder un tant soit peu d’attention à son nouveau compagnon de galère. - Et vous alors ? Qu’est ce que vous êtes ? Un nomade, un péquenaud qui à gagné le gros lot ?  Pas que votre misérable vie m’intéresse mais quitte à devoir passer encore quelques heures en votre compagnie, autant que je me fasse à l’idée de côtoyer une personne de votre rang… Bon sang ! Je savais que j’aurais du prendre ces bouteilles de liqueur !  Poursuivit-elle a vive allure tout en agrémentant ses paroles de gestes.

Par chance, il ne fallut que peu de temps après son intérêt pour Yuduar, pour qu’ils arrivent dans la petite clairière où devait se tenir le chalet. Une jolie petite clairière, très calme. Un sourire étira les lèvres de la jeune femme. Au moins le cadre était joli, ils n’avaient pas menti. Enfin…

- Je ne vois pas la maison. Elle tourna sur elle-même, posa rapidement son regard sur un vieux cabanon défraîchit et continua de tourner. - Et vous, monsieur LaRajika ? Jiraka… Peu importe. Voyez-vous quelques choses qui y ressemble ?    

Bien. Très bien. Génial même. Elle se retrouvait au fin fond de la forêt, perdu, avec l’un des plus gros alliés de la couronne. Tout se passait pour le mieux. Et demain matin l’on retrouverait son cadavre fraîchement assassiné et son meurtre déguisé en suicide ! Elle avait envie de s’arracher les cheveux. Réellement. Sa paranoïa prit le dessus seulement quelques secondes avant qu’elle ne réussisse enfin à se raisonner. Cet idiot n’était pas envoyé pour la supprimer, il l’aurait sans doute déjà fait. Réflexion faites, elle ne chercha pas à déranger le capitaine qui était déjà entrain de s’éloigner afin de trouver un chemin. A contre cœur, elle en fit de même de l’autre côté de la clairière. Mise à part le chemin qu’ils avaient emprunté auparavant… Elle ne trouva rien.

La patte traînante, elle revint vers ses bagages et s’y assit avec toute la droiture dont elle était capable en attendant qu’il termine sa petite ronde. Comme elle, il revint bredouille. En réponse à ses paroles, elle lança un regard mauvais au cabanon. Elle n’avait aucune envie d’y entreposer ses affaires. Même le caveau familial lui semblait bien délabré. Au final, il était sans doute mieux entretenue que ce lieu.

Un éclair de génie lui traversa l’esprit.

- Peut-être qu’ils ont enchanté le cabanon de l’intérieur ! Après tout, cela serait logique afin d’éloigner d’éventuel intrus ! Puis, sans lui laisser le temps de répondre ou même de battre des cils, elle le doubla et poussa sans douceur aucune la porte de d’entrée qui émit un bruit plus que douteux. Suspens. Le corps tout entier de Queen se raidit lorsqu’elle posa son regard sur la pièce. Elle fit même un pas en avant, tournant la tête à droite. A gauche. Puis encore à droite. - NOOOOOOON NONNONONONON ! Gémit-elle brusquement d’une voix suraigu. Avec la même brutalité elle referma la porte dans son dos. - Je refuse ! C’est ça le chalet ! Je… Non ! PAS QUESTION ! Poursuivit-elle sur la même lancée. Elle attrapa ensuite son propre visage entre ses mains avant de les tendre et d’attraper le col du brun. - Le Radika ! Il n’y a qu’un lit ! Un seul et unique lit ! Sortez votre vinasse, aussi pourrit soit-elle ! Queen le relâcha ensuite et s’enfuit jusqu’à ses bagages -pas très loin donc – où elle ne put que se lamenter. - Là vie est si injuste… Qu’ai-je donc bien pu faire à Lucy pour qu’elle me haïsse autant… ?  Après un long moment de plaintes inaudible, elle se redressa, saisit ses bagages et les traîna derrière elle à contre cœur.    

Bon gré, malgré, la jeune femme finit par traîner ses affaires jusqu’à leur taudis. Non sans râler et ronchonner, elle épousseta comme elle le put un coin de la pièce où elle entreposa ses affaires. De l’autre côté, le capitaine venait de prendre place sur le lit qui, vu le grincement qu’il émit, n’était pas de dernière génération. L’avantage, c’est qu’avec le trogne qu’il affichait, cela ne faisait plus aucun doute. Lui aussi avait été berné par ces idiots. Ou il était très bon acteur mais de ce qu’elle en savait il était surtout meilleur en matière d’alcool et d’action improbable. Cependant, elle ne pouvait pas en juger outre mesure puisqu’elle n’avait qu’entendu son nom de rare fois. Les déboires de la garde n’était pas de son ressort à moins que cela soit financier.

Lentement, elle pivota sur ses pieds afin de se retourner vers le brun sans vraiment savoir quoi lui dire. Ils ne se connaissaient pas, ils n’avaient jamais voulu se connaître et surtout, ils ne faisaient pas partie de la même classe sociale. C’était d’ailleurs la première fois que Queen se retrouvait dans une situation telle. Évidemment elle avait déjà eut à faire à la plèbe mais elle n’avait jamais dû passer autant de temps avec l’un d’entre eux. De quoi parlait-on lorsque l’on était pauvre ? Avec un homme par dessus le marché. Alors qu’elle se perdait dans ses pensées, une bouteille apparut sous ses yeux, la reconnectant immédiatement avec la réalité. Un sourire étira ses traits. Ce verre tendu était définitivement la meilleure chose qui lui soit arrivé aujourd’hui.

- Salvateur ou pas, du moment que j’oublie cette journée maudite cela me conviendra. Continua-t-elle de pinailler tout en se saisissant du godet, lui jetant un regard réprobateur en en voyant l’état. Elle fit tourner le liquide dans son verre puis en huma les essence avant de grimacer. - On pourrait presque croire que c’est de l’urine de boucton… Vous buvez vraiment ça ? Enfin… Je crois que je ne peux pas faire la fine bouche. Puis prenant sa respiration afin de diminuer le goût de la boisson au maximum, elle prit une gorgée et toussa la seconde suivante. - C’est fort ! Gémit-elle en reprenant une nouvelle rasade. - Ça fera… Encore une quinte de toux. - L’affaire.

Soupirant, elle s’assit sur le lit, à l’opposé de lui. - Ils m’ont annoncés un séjour dans un chalet luxueux. Pour ce qui est du traquenard… Je ne sais pas si c’est une simple blague ou simplement une arnaque. Dans les deux cas je m’occuperais personnellement de les réduire en miette. Ils retourneront labourer les champs en se souvenant que se moquer d’un Milan est la dernière des idées à avoir. Son regard se faisait mesquin et mauvais. Même elle n’accomplissait pas de plan aussi diabolique que celui qu’elle venait de subir et pour cela, ils allaient payer le prix fort. - D’ailleurs. Il y a fort à parier qu’ils ne viendront pas nous chercher demain. Ils seraient bien sot de le faire. Siffla-t-elle les dents serrées. Encore une fois, elle posa ses lèvres sur le verre et le termina non sans que son visage se déforme sous la brûlure. - J’espère que vous avez plus qu’une bouteille mon brave. Et elle lui tendit de nouveau son verre pour qu’il la serve. - Notre soirée risque d'être longue sans ça.  

- Ça nous fait au moins une deuxième bonne nouvelle. La première étant votre première bouteille. Marmonna-t-elle en posant son menton dans sa paume, toujours aussi mécontente. - J’ai toujours raison, vous finirez par vous en rendre compte. Enfin… Je n’avais de toute façon pas l’intention de bouger d’ici avant demain matin. Même le domaine de ma famille, qui est plus proche que le village est à une distance bien trop grande. D’ailleurs, nous pourrons nous y rendre. De là, il sera plus simple de rentrer à la capitale. Ma famille vous affrétera une voiture. Ou un cheval si cela vous sied mieux. Elle le dévisagea des pieds à la tête d’un air dédaigneux, supposant qu’un tel animal préférerait sans doute l’inconfort d’une selle de cuir au moelleux d’un siège de calèche. Peu importe, cela n’était pas son problème. Elle pouvait même lui prêter une mule si cela lui convenait mieux.

- Non vous n’êtes effectivement pas la personne avec qui je comptais passer du temps, enfin, est-il vraiment nécessaire de faire connaissance ? Après tout, dès demain nos chemins se sépareront et pour le bonheur de chacun ne se recroiseront jamais. Côté dépaysement… Notre domaine se situe a l’extérieur du village, comme je vous l'ai dit. Je n’ai pas besoin de plus. Mais bon. Un bol d’air frais ne fait jamais de mal. Cette fois son regard se perdit dans le vide alors qu’elle soupirait, complètement blasée par la situation. - Allez-y seul. Je ne compte pas me promener dans les bois alors que la nuit tombe, encore moins pour ramener du bois. Alors qu’elle disait ça sur un ton des plus méprisant, la maison émit un bruit lugubre et grinçant qui lui hérissa le poil. Cependant, cela ne la convint pas. Ce n’était pas quelques petits bruits qui allaient la faire bouger de son repaire. Puis un autre, plus fort cette fois, comme si la maison elle-même souhaitait la mettre à la porte. - Bon après tout ! Elle se précipita à la suite de Yuduar. - Faire connaissance pendant que vous ramassez du bois peut être plus divertissant que d’attendre seule ici. Je vous accompagne Duduar ! Une nouvelle fois, elle lui passa sous le nez et prit la tête de leur petite équipe, se retournant pour lui adresser de nouveau la parole. - Allons, allons, pressez vous ! Nous n’avons pas toute la nuit !

Ainsi, ils retournèrent dans le bois tout en restant aux abords de la clairière afin de ne pas se perdre. Pour sa part, Queen trouva un tronc d’arbre à son goût et y installa son royal fessier, croisant les jambes tout en laissant le soin au garde de faire le travail qu’il s’était engagé à faire. - Alors comme ça vous êtes capitaine de la garde ? Où êtes vous en poste ? Je ne crois pas vous avoir jamais croisé. A vrai dire, il faudrait que je m’intéresse aux gardes pour ça. Je ne connais que quelques gardes royaux. Vous connaissez Owain ? Owain… Je ne me souviens plus de son nom. Un grand dadet avec une lance et qui fait un nombre incalculable de blague douteuse. Quoi que cela fait un moment que je ne l’ai pas aperçu… Et elle continua de discuter avec lui tout le temps où il travailla, même lorsqu’ils furent sur le chemin du retour. Étonnamment, elle s’intéressait à ce qu’il disait. Que cela soit par ennuie ou parce que ce qu’il racontait avait vraiment de l’intérêt, elle seule le savait.

Lorsqu’ils regagnèrent le « chalet » la nuit venait de tomber pour de bon, une nouvelle fois, Queen se dédouana et laissa aux bons soins de Yuduar, le feu de camp qui ne tarda pas à crépiter. Afin de ne pas paraître complètement malpoli, quand bien même cela n’aurait pas eut franchement d’incidence avec cet homme, elle alla chercher la bouteille ainsi que leurs godets et ce qu’il y avait à grignoter dans le sac de Yuduar et disposa tout autour de l’endroit où ils allaient s’installer quelques minutes plus tard. L’ambiance n’était pas au beau-fixe mais bien vite, l’alcool réchauffa l’ambiance et lorsqu’ils entamèrent leurs énièmes verres, la trésorière était bien plus loquace, détendu et prompt à pactiser avec les pauvres. D’une voix criarde et pâteuse, elle poursuivit sur sa lancée.

- Duduar ! Duduuuar ! Regarde moi ! Scanda-t-elle tout en lui attrapant le menton pour l’obliger à tourner la tête dans sa direction. Brusquement, elle le pointa du doigt tout en le relâchant. - Je te défis ! Aaaaaa… Elle tapota son verre pour imiter un roulement de tambour. - Action ou vérité ! Et comme je suis une noble trèèèèès noble, je te laisse l’honneur de commencer ! Généreuse, n’est-ce pas ? Éclatant d’un rire sonore, elle prit une gorgée, bien trop longue et lui offrit à nouveau son attention. - Je choisis action, la parole est à toi ! Elle fit claquer les doigts de sa main libre tout en lui faisant un clin d’œil puis se frotta les mains, prête a relever les défis qu’il allait lui imposer.

- PARDON ? S’étrangla la noble tout en le dévisageant. - Le ménage ? Tu avais mille possibilités et c’est le ménage que tu me demandes de faire ? Elle passa une main sur son visage – Duduar, tu files du mauvais coton… Mais tu apprendras qu’un Milan tient toujours sa parole ! Je vais faire ce que tu demandes, hérétique. Dit-elle tout en se mettant debout, pinçant les lèvres et levant le nez avec toute la fierté dont elle était capable. Puis, lorsqu’il tendit la main pour attraper de la viande grillée, elle la lui ôta des mains et avala le morceau avant de prendre à son tour une gorgée d’alcool. - C’est moi qui vais travailler, tu n’as pas besoin de force pour rester assit à lambiner. Fainéant. Et elle disparut d’un pas rageur à l’intérieur du cabanon.

La pièce était plongée dans l’obscurité, cependant le feu à l’extérieur lui permettait d’y voir suffisamment afin de se diriger dans l’espace. Après un long soupire, elle attrapa la couverture qui se trouvait à proximité et retourna avec à l’extérieur. Elle était poussiéreuse à souhait. L’air malicieux, la jeune femme se positionna juste derrière le garde, prit son élan et lui secoua frénétiquement la couverture à la figure. - Ce n’est pas parce que je suis noble que je suis pas capable de faire ces tâches simple ! Faux, elle redoutait le reste. Comme par exemple… Mettre la housse de couette sur la couette. Elle avait déjà vu les domestiques le faire et même elles avaient parfois du mal, alors pour Queen qui n’avait même jamais enfilé une taie d’oreiller ce serait sans doute le parcours du combattant. Peu importe, pour l’instant elle déversait des litres de poussière et autres acariens à la figure de son bourreau et cela là faisait bien rire. - Monsieur est-il satisfait ? Dit-elle en se penchant à son oreille. La seconde suivante, elle s’en retournait à l’intérieur de la maisonnée. Elle secoua ainsi tout ce qui pouvait l’être, draps, coussin, housse. Elle ronchonna et tapa du pied aussi. Il y eut même un moment où elle poussa un cri strident qui fit prendre peur à une volée d’oiseau qui s’en allèrent en piaillant à quelques mètres de là. - Des… Des… Des insectes ! Mais à quel point cet endroit est-il un taudis bon sang ! Après ça, elle ne toucha plus au matelas.

- Bien. Plus que la house de couette… Murmura-t-elle en plissant les yeux, comme si elle devait attaquer un petit animal par surprise. - J’ai ta question au fait. Voyons voir si tu es à la hauteur de la réputation de la garde Dudu. Combien as-tu eut de conquête ? Non pas que vous ayez la réputation d’avoir un baisodrome a la place d’une caserne mais c’est le cas. A la capitale, comme au sud. Alors ?  Au même moment elle s’attaqua enfin a la montagne que représentait l’enfilage de la couette dans la housse. Elle força, tira, bougonna, se coinça… Se décoinça et se re-coinça – Mais par Lucy qui est l’idiot qui a bien pu créer une telle ignominie ! Jura-t-elle tout en n’arrivant plus à défaire ses bras de l’entrelacs de tissus. Queen passa plusieurs minutes à se débattre avant de se rendre à l’évidence. - Bon ! Capitaine, arrête de boire comme un siphoneur et vient me sortir de là. Je suis coincée. Et si tu t’avises de rire, je peux te jurer que la procréation te sera à l’avenir fort compliqué. DÉPÊCHE TOI BON SANG !  La trésorière l’attendait, les bras ensevelit et complètement entortillés dans la housse de couette, planté comme un piquet au milieu de la pièce. Son regard lançait des myriades d’éclairs et ses sourcils étaient froncés au possible. - La prochaine fois demande moi de boire, ça sera beaucoup moins dangereux ! D’ailleurs mon verre m’attend fais vite.  

Rien ne se déroulait jamais comme elle le voulait. Quelque chose de simple, devenait quelque chose de compliqué et une chose agréable devenait irrémédiable un instant de torture. Preuve en était leur voyage. Mais au-delà de ça, la situation dans laquelle ils se trouvaient maintenant. Oh certes, elle avait parfaitement réussit a l’embêter en lui déversant des kilos de poussière sur la couenne. Elle lui avait même volé un morceau de viande sans subir aucune représailles. Ils avaient rit comme deux bons vieux amis. Si quelqu’un avait essayé de dire à Queen que ce moment arriverait, elle ne l’aurait pas cru. Elle ? Rire de bon cœur avec un garde de basse lignée ? Jamais ! Et pourtant, c’était le cas. Plus encore, ils en étaient presque aux confidences que ce font les amis proches. L’alcool et ses miracles. Dès demain, ils reprendraient tout les deux le chemin de leurs vies respectives et tout ceci ne resterait qu’un vieux souvenir. Mais pour l’heure, elle était toujours coincée bras dessus, bras dessous dans la gigantesque house de couette dont la poussière lui démangeait déjà les narines.

- Entre quinze et vingt ? Ce n’est plus une louche, c’est une passoire. Lui répondit-elle tout en se débattant toujours avec le tissus. Évidemment, rien ne se passa comme prévu. A force de gigoter, elle s’empêtrait encore plus et pire encore, elle était entrain de coincé le garde dans les mailles du filet. - Eh bien aide moi plus vite bon sang ! Je vais t’en faire voir de la tortue sur le dos moi ! Elle tira de son côté, Yuduar de l’autre. - Avoue tu as ensorcelé cette house ! Mais arrête de tirer de ce côté, tu vois bien que je tire de l’autre ! Mais.. Non ! Pas par là ! DUDU NON, TU VAS NOUS FAIRE TOMBER ! Ni une, ni deux, les prédictions de la trésorière se réalisèrent. Tout en tombant, elle se demanda si ce n’était pas là un don. Prédire l’avenir. Mais pas n’importe quel avenir ! Un avenir plein de rebondissement aussi désagréable les uns que les autres.

La noble s’attendit à ce que la chute soit douloureuse, pourtant il n’en fut rien et pour cause, l’épaisseur du tissus, qui, mit bout à bout faisait un bon amortit. A défaut d’être immodérément sale, elle était épaisse. Mais là n’était pas le problème. Non. Le vrai problème c’était la position dans laquelle ils tombèrent. Nez à nez, souffle contre son souffle. Elle fut tellement surprise qu’elle ne tenta même pas de parler. Face à elle, Yuduar semblait vivre la même chose. Ils se contentaient de se regarder, leurs iris plongeant en profondeur dans celles de l’autre. Pendant un instant, elle se surprit à apprécier le charisme et le charme brut de cet homme plus âgé, de cet homme dans la force de l’âge. Plus encore, elle s’entendit lui dire : - Tu as de beaux yeux, tu sais ? Prenant conscience de ce qu’elle venait de dire, elle piqua un fard divin et s’agita légèrement dans l’espoir de se dégager au plus vite. Pour changer, sa tentative d’échappée se transforma vite en pétrin et au lieu de se dégager, elle ne réussit qu’à, par on ne sait quel miracle -enfer- , se retrouver sur le capitaine.

Si ils étaient nez à nez auparavant, ils étaient maintenant littéralement nez contre nez, saucissonnés l’un contre l’autre comme deux aliénés. - Ce n’était pas exactement l’effet escompté… Maintenant qu’ils étaient dans cette position, elle pouvait constater la musculature de Yuduar, la largeur de son torse et de ses épaule. Elle se sentit émoustillée l’espace de quelques secondes et en vint même à détourner le regard. Près, trop près. - Je devrais peut-être te laisser faire. Finit-elle par admettre sans plus de précision. Mais elle avait le pressentiment que si elle continuait à se débattre de la sorte, elle ne ferait qu’empirer les choses. Quelle veine…  

Oh oui, elle aussi sentait cette électricité. Cette alchimie qui était entrain de naître, formée par la pénombre et les relents d’alcool. Elle put aussi sentir les bras de Yuduar se resserrer autour d’elle. Queen aurait peut-être dû tenter la fuite, se débattre encore dans les couvertures ou lui coller un coup bien placé. Cependant, elle n’en fit rien et laissa un frisson courir le long de son échine. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait pas été serré dans des bras aussi puissant. L’avait-elle été une fois seulement ? Elle ne s’en souvenait plus. Ses conquêtes étaient souvent stratégique. Pas un choix personnel.

Qu’en pensait-il, lui ? Lui qui la serrait avec force mais qui détournait encore le regard. Elle ne pouvait le blâmer, elle venait d’en faire de même. Des dizaines de question lui traversaient l’esprit. Elle n’arrivait à en tirer aucune au clair. Le corps de Yuduar embrumait son esprit, ou peut-être était-ce l’alcool. Dans tout les cas, elle n’arrivait pas à réfléchir. Par Lucy, qu’auraient dit ses paires ou pire, sa mère, si ils la voyaient dans une telle situation ? Avant que la réponse évidente ne se présente à elle, elle sentit la peau chaude du capitaine se poser contre sa tempe dans un soupire. Tout était bien différent de ce qu’elle avait connu.  Sa peau n’était pas douce, elle était rugueuse, signe des années et des heures passées dehors. Étonnamment, elle ne trouva pas ça désagréable. Il ne sentait pas le parfum non plus, comme les hommes de la cour. Non, lui sentait le sable chaud, l’eau de mer. Lorsqu’elle ferma les yeux, elle put presque se croire au port l’espace de quelques instant. Un seul homme, aussi pauvre soit-il, était capable de la faire voyager si facilement ? De l’obliger à s’oublier quelques instant ? Même si elle avait du mal à le croire, elle devait se rendre à l’évidence. Elle aurait dû réagir. Elle le savait. Mais à son tour, elle se laissa aller contre le corps de Yuduar. Se reposant contre lui, profitant de ce petit quelque chose qu’il faisait naître au creux de son estomac. De ses envies, endormis depuis bien trop longtemps et qu’il arrivait à faire resurgir.

Au bout de quelques minutes, elle tourna légèrement la tête. Suffisamment pour le voir, pas assez pour rompre le contact. La noble allait parler, mais à la place, ses lèvres caressèrent à peine les siennes et aucun mot ne put franchir la barrière de ses lèvres. C’était là, trop de tentation pour une seule personne. La trésorière aurait assez d’une vie pour se repentir d’avoir cédé à la luxure et Lucy seule savait à quel point c’était l’un de ses plus grand pêchés. C’est donc avec incertitude, qu’elle vint écraser ses lèvres contre les siennes, sans prévenir, machinalement. Le reste de son être suivit le mouvement et se pressa contre le garde. Ses entrailles lui semblaient incandescentes, son esprit était brumeux et elle en oublia presque son nom et son rang. Le retour à la réalité serait sans conteste, douloureux.    

Qu’est ce qu’elle était bien là, endormie, au chaud. Le matelas n’était certes pas confortable mais elle demanderait à mère de le changer. Elle aurait pu dormir facilement encore une heure ou deux. Pour une fois elle n’avait aucune envie de quitter ses couvertures. Entre deux eaux, elle n’était ni endormis, ni réveillée. Mais alors qu’elle allait de nouveau piquer du nez, elle sentit de l’agitation autour d’elle. Une peau chaude sur la sienne et ses doigts qui retourne au froid du matelas. Elle fronce les sourcils sans s’éveiller réellement. Qui donc ose troubler son sommeil ? Les domestiques savent bien qu’ils sont invités à ne surtout pas la réveiller. Alors, elle se met à réfléchir. Lequel de ces idiots pourrait bien avoir tenté sa chance ? Alphonse. Non le jeune homme n’est pas assez sot. L’une des nouvelles femmes de chambre ? Sans doute. En voilà une qu’il faudra remplacer.

Puis comme une grande claque, son esprit lui renvoi des flash. Au même moment son corps reprend conscience de son environnement. De la poussière qui lui chatouille les narines, du chant des oiseaux à l’extérieur, des caresses brûlantes dont elle peut encore sentir le passage. Plus elle émerge et plus tout lui revient. Les souffles erratiques, les regards complices,  les bras fort qui l’enserre sans douceur lorsqu’elle libère leur propriétaire de sa concupiscence. Elle n’est pas à la maison. Elle n’y a jamais été. Brusquement elle ouvre les yeux. Elle est allongée, sur le côté, une main sur sa poitrine. De là où elle est, elle a une vue imprenable sur le dos de Yuduar. Yuduar, qui, semble-t-il est entrain de prendre la fuite. « Pas différent des autres » pensa-t-elle simplement.

Même si elle connaissait déjà la réponse, elle souleva la couverture d’un geste discret. Nue. Ce n’était donc pas un rêve. Son regard se posa à nouveau sur le dos du brun. - Tu comptes t’en aller sans un mot Duduar ? Par Lucy qui portait un nom aussi ridicule ? Enfin, là n’était pas le problème. Pour l’instant, elle avait encore du mal à ouvrir les yeux et encore plus à calmer le marteau qui tambourinait comme un fou dans sa boite crânienne. - Ton alcool est un véritable piège. Maugrea-t-elle tout en passant l’une de ses mains sur son front. De toutes façon ce n’était pas un mal de tête qui allait l’arrêter. Dans un long soupire las, elle se leva et sortie du lit.

Queen n’avait jamais eut de soucis avec sa nudité. Un corps pareil ne pouvait rester éternellement caché sous des monceaux de vêtements et surtout sa mémoire n’avait pas été affectée par la soirée. Aussi, elle ne voyait aucun intérêt à la lui cacher maintenant. Alors qu’elle enfilait son corset, le resserrant comme elle le pouvait – diantre que ses domestiques lui manquait -, elle reprit la parole. - La moindre des choses, mon cher, lorsque l’on partage la couche d’une femme. C’est de ne pas s’enfuir aux premières lueurs du jour. Enfin, je ne vais pas demander la lune. Par contre. Son regard s’aiguisa lorsqu’il se posa sur ses prunelles sans lui laisser le temps d’en placer une. - Si j’apprends qu’une quelconque information concernant hier soir, se met a circuler dans les rues de la capitale, tu regretteras amèrement cette soirée. Foutu corset ! Conclu-t-elle alors qu’elle optait finalement pour un nœud a la va vite et qu’elle entreprenait déjà d’enfiler sa jupe.

Bataillant avec sa jupe, elle risqua quelques regards en direction du brun. Au moins, personne ne pouvait cracher sur son bon goût. Même saoul. Il n’avait absolument rien à envier aux autres hommes qu’elle avait pu fréquenter. Et cela comprenait autant l’apparence physique que le reste. Si ce n’était cette barbe dans laquelle, elle aurait volontiers passé un coup de rasoir. Pour une fois, elle ne fit pas de réflexion et lui laissa le loisir de s’exprimer.

- T’enfuir où tu veux. Ce n’est pas mon problème. A peine eut-elle prononcé ces mots qu’elle se mordit la langue. Dans le genre message contradictoire elle s’imposait. Mais dans le fond, elle était bien contente. Pas qu’elle apprécie sa compagnie… Mais un petit peu quand même. Yuduar lui semblait terriblement étrange. Elle fréquentait beaucoup de gens, de part son travail ou ses sorties. Cependant, elle n’avait jamais croisé une personne comme lui. Plus elle s’agaçait et plus il riait. Mais pas d’un rire malfaisant qui se joue de ses malheurs, un rire sincèrement amusé qui n'a rien de malsain. Au contraire, il semble presque bienveillant. Était-ce cela qui lui avait permit de baisser sa garde aussi facilement ? Pendant qu’il continuait de parler, elle se contentait de le regarder. De chercher à comprendre ce qui, chez cet homme, avait réussit a l’attendrir d’une certaine façon. La réputation de Queen ne tarissait pas d’éloges quant à son cœur de glace et pour être honnête, elles étaient pour la majorité vraies. Pourtant Yuduar avait réussit a casser un petit bout de ce bloc givré. Ce n’était évidemment qu’une goutte d’eau dans l’océan mais cela lui faisait bizarre. Pire encore, même si elle se montrait virulente avec lui, elle n’arrivait pas à être foncièrement méchante et ça, c’était une première.

Elle soupira pour elle-même. Qui l’aurait cru.

- Effectivement, une marche nous attend. Une longue marche. Le domaine de ma famille est à environ deux lieue d’ici. Et comme je te l’ai dis, nous pourrons te prêter une monture. Sauf si tu préfères faire le trajet à pied. Elle termina d’ajuster sa jupe et son jupon avant de lui lancer un regard amusé. Elle aimerait bien l’y voir, faire le trajet complet à pied. Quoi qu’avec un peu de chance, il avait un passe portail. «  Ce n’est pas ton problème, Queen. » Pensa-t-elle tout en se penchant pour ramasser le haut de sa tenue. - Privé ou pas. Si tu me mens je le saurais. Il serait fort dommage que ce soit le cas. Enfin de toute façon, je n’ai aucune possibilité de m’assurer de ton silence alors...Disons que je n’ai pas le choix. Aaaaah… Elle poussa un long gémissement plaintif. - Ça m’apprendra a fricoter avec le premier serf venu ! Elle lui lança un regard rapide. - N’y voit rien de personnel. Et elle agita la main d’un geste désinvolte sous son nez. Avant que le silence ne s’installe entre eux, Yuduar prononça une phrase qui troubla la jeune femme. Hébétée, elle ne put que le regarder bouche bée.

- Évidemment que c’était un délicieux séjour ! Tu n’étais pas accompagné par n’importe qui !  Qui se plaindrait d’une telle compagnie… Hein ? Personne. Ces derniers mot moururent, hésitants, sur ses lèvres alors qu’elle faisait un demi tour sur les chapeaux de roues pour lui présenter son dos. D’un geste rapide, elle saisit sa crinière et la déposa sur l’une de ses épaules afin de lui offrir un angle bien dégagé. - Mais je dois admettre que tout n’était pas complètement désagréable… Elle marmonna de façon presque incompréhensible comme un enfant qui avouerait une faute. - Mais dis moi… Tenta-t-elle d’une voix plus sûre, afin de changer de sujet. - Quel genre de parents as-tu pour qu’ils osent te donner un nom aussi ridicule que « Duduar » ? Non pas qu’il le soit complètement mais… Un peu tout de même.