- Tu dormais ?
- Pas vraiment.
- Tu y penses encore ? Tu devrais en parler...
- Pas vraiment.
- Tu es têtue.
- Je sais. Retourne dormir, je ne te réveillerais plus.
- Tu devrais en parler.
- Tu te répètes. Va dormir.
- Toi aussi, tu te répètes.
Riley lui lança un regard interdit puis repoussa ses draps.
- Tu vas aller t’entraîner, encore ?
- Ça m’aide à dormir.
- Tu veux que je vienne ?
- Non.
Lasse, Thêpa soupira bruyamment et retourna dans son propre lit. La blanche, elle, n’eut même pas le temps de sortir du sien qu’elle entendait déjà les ronflements de son amie. Elle jalousait sincèrement sa capacité à s’endormir. Elle, n’avait jamais eut ce don là. La plupart du temps, pour s’endormir il fallait qu’elle aille au bout de ses ressources, qu’elle manque de dormir debout et là, seulement là, elle pouvait espérer passer une nuit reposante et paisible.
Ces derniers temps, plus que les autres son sommeil était agité. Ses rêves d’habitude inexistants ou concernant son enfance s’étaient transformés en scènes violentes et macabres qu’elle avait de plus en plus de mal à supporter. Cependant elle ne faisait pas partit de ses gens qui se laissent abattre trop facilement, alors elle avait développé mille et un stratagème afin d’engourdir son esprit. Les entraînements, l’alcool, le travail tout y était passé et pour l’instant, rien n’était véritablement efficace. Alors elle continuait d’errer la nuit dans le grand port, à la recherche de nouveaux coins isolés ou elle pouvait établir son petit camp de fortune le temps d’une nuit.
Enveloppée dans une grande cape noire, elle dévala les grandes rues du port. Dans son dos trônaient ses armes favorites. Un nodachi joliment décoré et un katana qu’elle n’appréciait guère mais qui lui était fort utile dans les endroits confinés où elle ne pouvait manier sa première arme. Sur son épaule, tout bringuebalant, un sac qui émettait un bruit de verre que l’on entrechoque à chaque pas qu’elle faisait. Une chose était sûre, la saison fraîche était terminée et ce n’était pas pour déplaire à la jeune femme qui aurait eut sans doute très froid sans cela et pour cause, Riley n’était toujours pas une adepte des armures lourdes, elle leur avait toujours préféré ses robes de combat, qui, bien que courtes lui permettait une amplitude de mouvement qu’elle seule possédait au sein de son escouade. De plus les techniques que lui avait apprit Yuduar l’obligeait parfois à se contorsionner dans des positions assez saugrenues. Elle admirait d’ailleurs beaucoup le capitaine pour sa capacité à les effectuer en armure.
Après plusieurs minutes de marche, elle déboula aux abords d’une petite crique. Rien de bien somptueux mais suffisamment grand pour qu’un petit groupe puisse s’y entraîner. Elle était seule, c’était largement suffisant. Elle laissa tomber son sac lourdement dans le sable avant de lever le nez en direction de la lune. Ce soir elle était pleine, la marée était haute et le ciel dégagé. C’était une belle nuit. Une nuit qu’elle ne verrait pas parce que dans quelques instants elle serait concentrée sur quelque chose qui l’intéressait bien plus. Son regard se porta un instant sur son sac.
- Une gorgée pour se donner du courage… Murmura-t-elle. Puis elle laissa tomber sa cape, attrapa une bouteille qu’elle dé-bouchonna et avala une longue gorgée avant de ranger le tout. Elle se délesta également de son katana et de ses bottes de cuir puis saisit le manche de son arme favorite. Plusieurs fois elle l’a fit tourner entre ses doigts comme pour en reprendre la pleine possession.
Ce ne fut qu’au bout d’une dizaine de manipulation que le ballet commença. La jeune Adilys avançait et reculait au rythme des vagues, elle battait dans un même temps l’air sur une cible invisible, ses hanches et son jeu de jambe changeait de rythme sans se laisser un instant de répit. C’était ainsi qu’elle se sentait bien. Quand seule la lune pouvait la juger, quand l’obscurité cachait sa personne et surtout qu'en ne se laissant guider que par le rythme régulier des flots qui s’écrasaient sur la berge. Elle continua son manège un moment, accélérant le rythme toujours un peu plus, tentant des acrobaties plus ou moins réussit. Son regard, aussi clair que l’astre qui la couvait de sa lumière, était aiguisé et concentré sur un point unique dont elle seule connaissait la localisation.
Un bruit se fit entendre et elle n’y prêta pas vraiment attention. Ces zones étaient réputées pour leur abondance de créature, principalement inoffensives d’ailleurs. Puis un deuxième. Il fut si fugace ou elle si concentrée qu’elle ne sut dire si ce furent des paroles ou autre chose, toujours est-il que sa concentration retomba et qu’elle fit volte-face, abaissant son arme au passage pour scruter l’horizon.
- Qui est là ? Demanda-t-elle de sa voix peu perçante. Mais dans un silence pareil, même un sourd pourrait l’entendre.
La lune brille, à moitié caché par la belle et grande mer calme. Dans le ciel bleu nuit on peut voir la grande constellation, limpide ou entendre les cris des mouettes qui veillent encore. Les petites vagues s’écrasent lourdement sur la plage, là ou le sable est léger, blanc et recouvert de petits coquillages de toutes formes. On ne voit pas un bateau, à l'horizon , seulement les vagues qui dansent entre elles. On sent un brin d’air léger agréable, une odeur d’air frais apportée par la mer. Il n’y a pas un cri, rien, sauf les palmiers qui fouettent leurs feuilles au premier coup de vent. Pourtant, Jin ne profite pas du spectacle. Debout, à côté de son feu de camp, une étrange créature qui cotoie le chasseur de Prime le tourmente depuis quelques temps. Ravisé, il essaie de joindre l'utile à l'agréable en essayant de le dresser. Lui donnant un même un petit nom; "Katon, Le Glooby tout feu-tout-flamme". Mais, c'est un peu plus compliqué que ça...
- ASSIS !
- ...
- Tu vas m'écouter oui ?! Ça sert à quoi de m'coller au cul H24 dans ce cas ?
- ...
La créature tangue sa tête d'un côté, puis de l'autre, en clignant des yeux. L'homme pousse un grand soupir, puis s'accroupit devant le feu. Quelque secondes plus tard, le glooby s'accroche au bras, puis se pose sur l'épaulière de son arme de corps à corps; la "main ardente". Jin arque un sourcil, roule les yeux vers le ciel et sort un bout de viande qu'il fit cuir. Son regard se promène ensuite dans la mer, puis il sort un document devant l’invertébré.
- Tu sais c'que c'est, ça ?
- ...
- C'est une prime, quand j'ai dézingué un type qui a causé du tord au gens, avec ce papier je gagne du pognon, facile non?
- ...
- Un bel enfoiré d'ailleurs.
Il mange un morceau de viande puis tend la nourriture vers la limace. Étrangement, ils vont bien ensemble. Rouge et orange, des oreilles qui ornent son corps, ressemblant à des flammes. Tout comme sa queue dorsale, qui entoure la nuque du jeune homme pour éviter de tomber. La vu de la viande n'a pas l'air de donner de l’appétit à la créature. En se mémorisant quelque chose il fouille dans son sac, et en sort une boite, à l'intérieur, une salade de saison.
- Tiens enflure, ma mère me fait ça à chaque fois que je décanille du bureau. Meilleur pour mon estomac, y parait.
Le glooby fait un petit gémissement aiguë avant de sauter dans la boite et dévorer l'intérieur. Jin trace un léger rictus et continue de ronger l'os de sa côtelette. La tête de l'animal disparu dans la boite, Jin s'allonge sur le sable chaud. Les yeux dans les étoiles.
- Peut-être qu'un jour j'arriverai à avoir assez de pognon pour avoir une meilleure boutique, j'pourrai avoir assez pour mettre ta face collante dans un petit coin, à l'abri. T'en pense quoi, morveux? Katon?
En levant la tête, il constate le prévisible. Ce glooby n'a fait qu'a sa tête et le voilà qu'il disparaît, plus auprès de son hôte à sa plus grande lassitude.
J'fais quoi, je le laisse crever? Oh...tiens, tiens...
Une traînée sur le sable se perd un peu plus loin, la créature serait-elle aussi rapide ? Elle vient disparaître dans un buisson qui fait passerelle vers une paroi rocheuse, une crique même. Jin n'en revient absolument pas qu'il se retrouve à chercher une bestiole qui connaît que depuis quelques jours. La solitude ? L'amour de la traque? Peut-être un peu les deux. Le végétal trop dense, la bestiole fait volte face, mais cette dernière est débusqué par le jeune homme, obscur, seulement sa silhouette est visible, dont on peut voir que deux rond oranges sur le visage, lumineux et flamboyant. Il prend un ton glaçant. Le ton qu'il utiliserai à une torture.
- Trouvé, demi-portion.
- ...!!!!
Elle force le passage dans le buisson cassant plusieurs branches sur son passage, mais trop tard. Jin avait la main dessus, le sourire carnassier.
- Tu comptais allait où, par hasard ?
- Qui est là ?
L'homme sursaute, se questionnant sur la capacité de la créature à parler. Mais il prend la peine de regarder à travers les feuillages. Intrigué, il fronce les sourcils et analyse sa nouvelle découverte.
Qu'est-ce qu'une femme armé jusqu'au dent fiche dans un pareil endroit? Elle est seule, et y'a pas d'ennemis aux alentours. Elle attend quelqu'un? Grande, svelte, pas moins athlétique, posture de combat impeccable. Similaire aux entraînements académiques de la garde. Bordel ça voudrai dire que..
Il racle la gorge, puis sort de sa cachette, glooby à l'épaule et les mains en l'air.
- Yo, on s'calme. Moi et mon collègue on veut pas d'problème. La garde font des contrôles même la nuit?
Bordel, j'ai pas mes papiers en plus.
« La même chose que toi. » Pensa-t-elle tout en ouvrant des yeux rond lorsqu’il évoqua la garde. - La garde… ? Elle pencha la tête sur ses pieds, nus et s’enfonçant dans le sable jusqu’à presque disparaître. Avait-elle vraiment l’air d’une garde pour l’instant ? Son regard, fut attiré par un reflet sur sa poitrine. Son matricule. Quand bien même l’homme avait eut un coup de chance, le doute n’était plus permit lorsque elle portait ce bijou. Sans lui répondre, elle rengaina son nodachi dans son fourreau et le déposa en sûreté sur son sac, avec beaucoup de précaution. Riley avait beaucoup d’estime pour ses armes et elle en prenait toujours grand soin, les poser à même le sable aurait été une hérésie. Elle franchit ensuite en quelques enjambées rapide la distance qui la séparait de l’homme au buisson et s’adressa enfin à lui.
- Je ne suis pas en colère. Lâcha-t-elle, le visage impassible. - La garde ne fait pas de contrôle ici. Je ne suis pas en service. Mais nous effectuons des contrôles de nuit dans la ville. Son regard d’opaline passa sur ses mains. - Je ne compte pas vous attaquer. Vous pouvez baisser vos mains… Puis sur le petit animal sur son épaule. Instinctivement elle se pencha vers l’avant pour l’observer de plus près. - Qu’est-ce donc ? Riley n’était pas du genre loquace et encore moins à l’aise avec ses paires. Mais elle était terriblement curieuse et cette petite créature qui se baladait sur l’épaule du brun venait de piquer son attention. De plus, la garde n’avait jamais vraiment comprit la notion d’espace personnel, alors l’idée que sa proximité puisse gêner son vis-a-vis ne lui traversa même pas l’esprit. - Je n’ai encore jamais vu ces créatures… Ces paroles étaient plus adressées à elle-même qu’’autre chose mais elle les avaient exprimés à voix haute.
Si ça n’avait tenu qu’à elle, elle aurait tendu la main afin de la toucher. Cependant, il y avait de cela plusieurs années, lorsqu’elle était encore haute comme trois pommes, elle avait fait la mauvaise expérience de caresser une créature ne lui appartenant pas et elle en gardait encore un trait blanchâtre le long de la paume de sa main. Loin d’être sotte, elle préféra ne pas renouveler l’expérience. Encore quelques secondes d’observation et elle se recula lentement. Ses yeux, cette fois, vinrent chercher ceux mordorés qui lui avaient fait face auparavant. Pour la première fois elle donna sa pleine attention au nouveau venu.
- La plage n’est pas à moi. Si vous voulez vous y installer, il y aura de la place pour deux. Pas besoin de vous cacher. Puis elle tourna les talons en lui faisant signe de la suivre. - Je m’appelle Riley. Finit-elle par révéler, avant tout par politesse.
- Bah ouais, vous êtes garde non?
Impassible, froide, inflexible. C'est bien une garde. Vaelin Dragmar, version nana. Bon dieu ce mec était un vrai bloc de glace. Mon analyse se confirme quand je vois le matricule posé sur son buste, mon instinct de chasseur m'aide toujours...Même si je n'dois pas forcément griller des gens. Au début, c'était assez flippant, la voir rengainer ses armes parfaitement propre et se dépêcher de venir, c'est le genre de situation où je peux vite flamber la scène. Mais non, mes bras étaient encore en l'air et comme un débile j'écoute la routine des gardes lorsqu'il sont en patrouille la nuit tombée.
Il baisse les bras en poussant un soupir de soulagement, sans omettre de chercher ses papiers en tâtant les poches de son pantalon. Il constate qu'effectivement sa carte d'aventurier et ses papiers d'identifications se trouve dans son sac, plus loin vers son camp. Il sourit jaune, plutôt content que son Glooby le sorte de cette délicate situation administrative en faisant diversion. Il hausse un sourcil à la vue de cette créature qui cette dernière se contente de tangué sa tête d'un côté puis de l'autre, le regard vide. Désespéré, Jin se gratte la tête.
- Cette créature, c'est un Glooby. Il me colle aux basques depuis que je l'ai trouver sur le mur de mon Bureau de Prime. Bon j'me suis résigné, donc je crois que j'vais le garder. Katon, ouais... Je lui ai même donné un nom.
Elle a l'air pommée. Elle parle toute seule devant Katon qui n'a pas l'air de comprendre ce qu'elle fait. Je suis persuadé qu'il pige rien tout court. M'enfin, ça fait longtemps que je suis en mission et parler à une larve orange pendant des jours y'a eu mieux. Finalement, j'ai pas l'air de la déranger. Mais si elle est vraiment garde, j'vais éviter de lui dire que c'est moi qui transforme leurs criminels en gigot grillé et l'esprit en miette. Bref, passons.
Jin décide de la suivre et se dépêche pour arriver à son épaule.
- Oui, vous avez raison. Jin, 'pas besoin de se mettre au garde à vous j'espère ?
Il fait un salut militaire bâclé et affiche un sourire narquois.
- Alors, si c'est pas un contrôle, pas une patrouille ... Vous faisiez quoi au juste?
Un peu curieux, c'est vrai. Mais je suis comme je suis, et pis elle n'a pas l'air fermée à la conversation.
- Je ne suis qu’un simple soldat et pas en exercice. Vous n’avez donc aucunement besoin de me saluer. Après quelques secondes de recherche, elle réussit enfin a trouver ce qu’elle cherchait. Deux gobelet en terre cuite, ainsi qu’une bouteille de liqueur qu’elle déposa dans le sable avant de se redresser, refaisant face au jeune homme. - Les gardes ne passent pas leur vie à travailler. Je m’entraînais. En buvant. Et vous ? Par la même occasion elle désigna du doigts ses deux armes. - Vous pouvez vous joindre à moi si le cœur vous en dit. Argh… Riley n’aimait pas parler. Elle ne parlait presque jamais à vrai dire. Cependant, ce soir, elle devait faire preuve de loquacité. Si elle avait accepté que Thêpa se joigne à elle, elle aurait pu lui laisser faire la sale besogne. Malheureusement, elle était seule. Soupirant elle poursuivit. - Je m’entraîne presque toujours avec des armes, mais je ne suis pas contre du corps à corps. Nous pouvons aussi partager un verre. « Ou nous ignorer cordialement et nous occuper chacun de notre coin de plage » pensa-t-elle sans formuler ces paroles à voix haute. A vrai dire, un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal mais la garde n’avait pas envie de s’imposer. Alors, en attendant une réponse de son vis-a-vis, elle se pencha afin de ramasser son katana dont elle exposa la lame à la lumière de la lune. - Savez vous seulement vous battre Jin ? Question essentielle qui venait de jaillir dans son esprit comme une étincelle de génie.
D'accord, elle n'est pas en service. Qu'est-ce qu'elle fou là alors, seule au beau milieu de la plage ? J'ai pourtant des échos de la garde qui dit être dans une grande famille, que la solidarité était important blablabla et tout le tremblement. En tout cas je me suis peut-être trompé sur elle, elle n'a pas l'air si méchante. Et pis finalement derrière le garde, faut pas oublié qu'il y a l'humain. Hé.
- Pas en service, d'accord.
Alors que la Garde extirpe de la boisson et des verres, Jin hausse un sourcil.
De l'alcool, bordel. J'vais devoir encore faire attention à ne pas cramer mon interlocuteur. J'ai quand même de la chance, une garde, d'une agréable compagnie, pas en service et qui me propose à boire. J'te rappel Jin que demain tu repars à la traque chercher un groupe de pillards qui sente la boucane et qui vont plus te donner envie de gerber que de discuter comme ce soir. Profite, et pis encore une fois ça change d'une larve Orange. Un entraînement alors? J'suis sur qu'elle pouvait le faire dans sa caserne, elle cherche à fuir quelque chose. Mais laissons nos instincts de côté, c'est pas mes affaires.
- Entraînement. Je note. Euh bah moi...j'essaie de faire entrer dans les esgourdes de ce Glooby comment m'écouter et se tenir à carreaux. Mais à part me coller aux miches, j'en tire rien. Sinon je chasse une prime actuellement, la plage est un point de chute pour pieuter.
La c'est pile ou face. Soit elle peut pas blairer les chasseurs, soit elle en a rien à cirer et tout va bien.
- Vous joindre à vous ? Et bien, j'fais rien de particulier. Pourquoi pas.
Jin jette un œil a l'arme pendant que son vis-à-vis lui adresse la parole. Curieusement admiratif, lui qui ne porte pas trop intérêt au chose qu'il ne lui appartient pas pourtant. Mais c'est lorsqu'elle mentionne un éventuel échange à mains nues qu'il revient vers la discussion. Il montre son grand gantelet en métal d'une main, avec un sourire carnassier. Le métal, bourré d'impact et de rayures, mais également poussiéreux, le contraste avec le nodachi est assez flagrant.
- Je frappe avec ce truc. Mais on peut s'échauffer à mains nues. Et disons que la boisson sera la récompense après l'effort.
De la castagne. J'aime ça.
- Si je sais me battre...
Il retire une sangle à l'épaule, puis à son avant bras, puis l'armure du bras tombe au sol, lourde. Remontant sa clavicule vers le haut, des craquements se font entendre tandis que l'homme lève les yeux au ciel, soulagé. Il s'écarte de sa nouvelle rencontre puis retire ses vêtements du haut; le manteau trop ample et sa chemise, pour être parfaitement léger, et ses bottes pour qu'il puisse être aux même avantages mobiles que son partenaire. Il affiche un sourire de prédateur et serre les poings avant de les entrechoquer. Une fumée blanche jaillit étrangement de ses phalanges.
- ... J'ai fais ça toute ma vie, cocotte. Allez, on danse ?
Qu'elle ne profite pas de son pouvoir d'autorité pour me coller une raclée, sinon je serai obligé de me défendre. Et pis une baston au claire de Lune...C'est romantique non ?
Son attention se reporta sur Jin, qui lui montrait un gantelet de fer. Imperturbable, elle l’observa, notant les points d’impact, analysant les zones les plus abîmées afin de repérer les gestes récurant qu’il effectue. C’était aussi ça, Riley, le silence imperturbable, l’analyse de chaque chose qui passe sous son regard. La protection, bien que sommaire, lui livre un peu de l’histoire du jeune homme. Tout comme elle et ses cicatrices, le fer est marqué, entaillé. Évidemment, elle ne possède pas de don lui permettant de savoir ce qu’il s’est exactement passé mais elle peut tout de même supposer et c’est là un avantage non négligeable. En retour, elle lui présenta ses mains. Pour seule protection, des gants. De jolis gants, certes mais ce sont juste des gants. La garde n’aime pas entraver ses mouvements avec une armure et cela lui a valu à la fois des reproches de ses supérieurs mais également des blessures dont elle ne se défait plus. Elle n’a pourtant pas changé d’avis et continue de se bagarrer pour ne pas en porter. Au grand désespoir de Yuduar.
Le regard qu’il lui lança en disait long. Un sourire carnassier qui lui paraît mi amusé, mi interdit. « Il est incertain ? » se demanda-t-elle sans le formuler à voix haute. Incertain ou pas, il semble très sûr de lui et ce n’est pas pour déplaire à Riley. Ce soir tout particulièrement, elle n’a pas envie de ménager son adversaire. Elle n’a pas dans l’idée non plus de le faire finir sur une civière mais devoir retenir ses coups, s’empêcher d’enchaîner les techniques qui lui font envie, la frustrerait plus qu’autre chose. Or, le jeune homme à l’air tout disposé à ne pas se laisser marcher dessus. Parfait. Elle le laisse donc se défaire de son surplus de vêtement, elle se contente d’agiter ses bras, ses épaules, afin de réchauffer ses muscles. Puis, lorsqu’il lui donne son aval, elle ne se fait pas prier.
- Ne me ménagez pas. Lui glissa-t-elle.
Le sable, instable, ne la gêne pas vraiment. Ses vêtements n’entravent aucune de ses démarches. Jambe droite en avant. Ramener le bassin. Lui faire perdre l’équilibre. Entrer dans sa zone de confort. Bousculer ses habitudes et le déstabiliser. Sa garde est fixe et inflexible, au contraire de ses jambes qui bien qu’ancrées dans le sol, offre un ballet de rapidité précis. En un rien de temps, elle se retrouve à la portée de son adversaire. Il est temps de mettre en pratique tout ce qu’elle a apprit. Il y a de cela quelques mois, elle aurait sans doute cherché a frapper en premier lieu, aujourd’hui, ce qu’elle cherche c’est à le faire basculer. Dès lors qu’elle est à son niveau, elle envoie son bassin vers l’avant solidifiant ainsi ses appuis, rapprochant ses jambes de celles de son vis-a-vis et mettant ainsi en péril son équilibre à lui. C’est la seule ouverture qu’il lui fallait. Sans plus de détour, elle met en garde son avant bras droit et abat son poing gauche dans sa direction. Contré. D’un geste simple, il vient de parer son coup. Bien, il n’a pas mentit, il sait se battre. Tant mieux.
Ne pas perdre une occasion. C’est ce que Yuduar lui a enseignée. Alors même si il a paré ce premier coup, peut-être ne prévoit-il pas le coup de pied rotatif qu’elle amorce à peine a-t-il empêché son poing de le toucher. Elle se baisse afin de renforcer son centre de gravité et vise ses jambes. Dans le fond, elle espère qu’il soit vif. Auquel cas la chute sur les fesses risque d’être rude.
Jin fléchit les jambes et arrondit son dos afin de maintenir un centre de gravité bas, tout en utilisant les coudes pour bloquer les coups dans la région de l'estomac, les deux poings eux permettent de couvrir le menton. Offensivement il est limité sur de grandes distances car le chasseur doit faire face à l'adversaire, cela donne moins de rotation pour les coups de poing, comme le direct du droit. Cependant, il est une position de luttes intestines. Il permet à l'homme de couvrir la majorité des points vitaux tout en lui donnant la liberté d'utiliser des crochets et des uppercuts et de maintenir un bon niveau de défense. Jin ne compte pas lui courir après, mais bien de la contrer et rester défensif au moindre attaque pour permettre de l'a bombarder de crochets à la première occasion. Le Châtieur écarquille les yeux, ses pupilles se dilatent comme un prédateur verrouillant sa cible au premier mouvement de sa proie.
Je te vois.
Le coup paré, Jin remarque d'un œil réflexe la hanche de son adversaire se tordre pour armer son coup de pied rotatif. Les jambes toujours pliés, l'homme envoie un salto arrière. La tête à l'envers, le jeune homme voit le sable balayé par la garde qui crée une vague puissante laissant imaginer la puissance du coup. Il atterri sur la pointe des pieds et se propulse pour envoyer un crochet-marteau à la tempe. D'un mouvement de tête rapide, les phalanges encornés du châtieur ne touchera que les cheveux du soldat, et une vague d'air chaude va se perdre plus loin dans leurs arène de fortune. Comme deux prédateurs préparant la prochaine attaque, les deux protagonistes se tournent autour, se jaugeant l'un est l'autre.
Très bien...Très bien...
Jin affiche un sourire malicieux et prend une inspiration.
- Pas mal, vous en avez sous l'capot.
Il plante les pieds au sol; puis tangue la tête d'un côté.
- Vous vous entraînez souvent avec les inconnus, ou c'est votre manière d'embrayer une discussion?
Reprenant sa posture qu'il avait au début, il accélère vers cette dernière, en bougeant la tête de chaque côté pour rester inaccessible afin d'envoyer un crochet aux côtes à l'aide du poing droit et remonte à la tête avec le gauche. Le premier coup sera paré du coude le deuxième esquivé d'un bond en arrière.
Rapide, et défensive. Le bon résultat d'une guerrière passée sur les champs de bataille. Chapeau. Même si c'est amicale et que je retiens mes coups, j'dois rester sérieux. Ça m'avais manqué tiens.
Il prend une grande respiration, et deux immenses fumées blanches s'échappent de ses narines avant que son menton se cache à nouveau derrière ses poings. Ses prunelles orangées s'illuminent, incandescents... dangereux.
- Je suis garde depuis des années. Et Valkyrie par la même occasion. N’importe qui n’intégrait pas cette section et c’était là, l’une des plus grandes fiertés de la jeune femme. Seul des soldats élitiste et trié sur le volet était acceptés dans cette division. Riley était la première d’entre elles, au même titre que Thêpa. - Je m’entraîne avec qui le veut. Mon capitaine, des frères d’armes, des inconnus. Alors qu’il était déjà entrain de prendre son élan pour revenir au contact, elle poursuivit rapidement. - Vous êtes plutôt débrouillard. Et elle para son coup du coude tout en se propulsant en arrière afin d’éviter celui qui suivit.
Au vue de la tournure que prend leur entraînement, c’est maintenant à elle de se lancer. Cependant elle n’en fait rien et pour cause les deux volutes de fumée qui s’échappent des narines de Jin. Il ne fait pas si froid pourtant. Elle arque un sourcil tout en continuant de le regarder. « Quel étrange personnage. » Et elle décolle du sol. Cette fois ne c’est pas à l’aide de ses poings qu’elle tente de l’atteindre mais de ses pieds. Dès qu’elle arrive a son niveau, elle s’ancre dans le sol, lance un premier coup de pied rotatif en direction de son visage. Coup de pied bien vite stoppé par la garde déjà bien en place de son adversaire, tant mieux, cela lui laisse une ouverture pour la suite de son manège. Son corps entier se permet la contorsion, son deuxième pied s’envole à son tour vers son visage alors que celui qui était en charge de porter le premier coup retourne au sol dans un même temps.
Cette fois, sa garde est plus branlante, sans doute déjà éprouvée par le premier coup. Mais elle ne faillit pas et arrête son pied dans l’élan. Immédiatement, la blanche se retire d’un bond. - Bien joué. Dit-elle simplement. - Voulez vous poursuivre ?
D'accord, elle frappe fort. Ma garde a faillit lâcher pour le coup.
Après la salve d'attaque menée par le soldat, les deux protagonistes reprennent une distance de sécurité. Les bras plus bas pour souffler, cette dernière propose de poursuivre. Jin ricane, et son sourire carnassier s'affiche en large, puis sautille en travaillant son jeu de jambes, dansant sur le sable. La lumière de la lune éclairait suffisamment l'arène de combat pour encore quelques échanges.
- Poursuivre? Vous rigolez ? C'était l'échauffement, là.
Et ce n'est pas une expression dans ma bouche.
- Très bien à mon tour.
Il est temps d'aller vite et voir ce qu'un chasseur de prime vaut contre l'élite du royaume.
Jin continue de sautiller pas avant, pas en arrière, et avec une respiration parfaitement rythmé. Son diaphragme, calé sur sur son jeu de jambes, les bras relâchés, Jin flotte comme un papillon en dansant autour de son adversaire, enracinée au sable et d'une garde conventionnel très stricte. La plante des pieds du chasseur de primes commencent à rougir, faisant jaillir une petite fumée au sol. Le pantalon retroussé, cette couleurs rouge orangées se gangrène jusqu'aux genoux. On peut y voir, à travers, ses os, ainsi que le flux sanguin débiter à plein régime.
Allez, on embraye.
Une énorme propulsion de sa part et une immense vague de sable s'expulse à la force de ses jambes. Jin se retrouve à quelques centimètres de son adversaire en une fraction seconde. Ne l'a laissant pas le temps de bouger Jin, toujours en l'air, vrille sur lui même sur 1m50 de haut et envoie quatre coups de pieds en toupie sur la garde défensive de la Valkyrie. Le premier va retrouver ses poings, le deuxième la fragiliser et le troisième va balayer ses bras et alors qu'il atterri pour envoyer le quatrième, la jeune femme se plie vers l'arrière pour esquiver in extremis. Une vague de chaleur désagréable lui passe dessus. En se redressant, elle arme un coup de pied retourné s'aidant de la main appuyant au sol pour frapper plus fort.
Touché.
Jin, le visage vrillé par l'attaque, lance un rire démoniaque...La main serrant très fort l'étreinte le talon du Soldat. Jin tourne alors son regard de nouveau vers son partenaire d'entraînement. Lentement. Un filet de sang coulant le long de sa mâchoire, son sourire sadique s'affiche encore.
- Je vous ai eu.
Jin pose sa deuxième main sur son tibia et ainsi commence un tourniquet affreusement rapide, puis catapulte son vis-à-vis de l'autre côté de l'arène. Atterrissant en roulé-boulé, son adversaire se relève doucement. Le Chasseur tant qu'à lui marche doucement vers son partenaire de dance, de la fumée blanche sort de tout les pores de sa peau alors que c'est yeux deviennent de plus en plus lumineux, oranges. Il prend un ton grave et efface le sang de son visage avec le poignet.
- On reprend? A moins que j'ai mérité mon verre de liqueur. T'en pense quoi Katon?
L'animal était posé sur un rocher, tanguant sa tête d'un côté et de l'autre indéfiniment comme pour essayer de comprendre cette environnement et l'étrange interaction qu'il y a entre les protagonistes.
- ...
L'homme pousse un soupir, se rappelant la tare qui est de communiquer avec son familier.
- Bien ce qui me semblait. Riley, à vous.
Jin se recroqueville, dos rond et garde hermétique fermant la porte à la casi totalité de ses poings vitaux. Il écarte les jambes pour plus de stabilité et sourit en coin. Sa tête s'échappe d'un côté, un sourire timide.
- On peut aussi boire un coup, hein.
L’aventurier, lui, semble encore tenter de communiquer avec son familier. D’après ce qu’elle voit, il ne comprend pas plus ce qui lui est dit que tout à l’heure. De son point de vu, c’est un échange amusant voir ridicule en fait. Mais comme toujours elle ne pipe mot et porte son attention sur son adversaire qui remet déjà sa garde en place. Après quelques secondes de silence, elle lâche :
- Vous l’avez effectivement mérité.
Elle le contourna calmement, non sans avoir la forte envie de lui coller une balayette lorsqu’elle passa près de lui. Riley n’a que peu de fierté c’est certain, mais elle n’apprécie pas que l’on puisse la mettre à mal dans son domaine. Son esprit forme une image de Jin entrain de mordre la poussière et elle affiche un sourire en coin. Malheureusement tout ceci ne restera qu’une matérialisation sommaire et imaginaire. Sans plus attendre, elle se dirige donc jusqu’à son sac et en sort une bouteille qu’elle plante dans le sable.
- Vous venez ? Au passage, elle lance dans sa direction l’un des verres abîmés. Elle commence même à se servir en attendant qu'il soit assez proche pour le servir à son tour.
Surpris, de la réponse de son partenaire d'entraînement, Jin se relâche et reprend une posture normal et refroidis son corps pour retrouver son apparence classique. Il contemple son partenaire d'entraînement qui a encaissé sans le moindre problème sa projection qui, on peut le dire, était plutôt violente. Elle s'approche vers son service de fortune contenant la liqueur, il s'approche de même. Le chasseur reste tout de même méfiant lorsque cette dernière lui passe à côté, une tension casi palpable. Amical, et comme pour apaiser les tensions, il lève le pouce vers la garde.
- On l'a tout les deux mérité, dans ce cas.
Si c'est ça leurs entraînement de routine chaque matin à la caserne, je doute de pouvoir suivre le mouvement. Et pis, j'suis pas du tout comme elle. Je suis encore dans état d'esprit de combat, je m'attend même à ce qu'elle me jette un verre dans la tronche avant de reprendre. Mais Elle...le calme plat, impossible de savoir ce qu'elle pense, elle pourrai être dépressif que je le saurai pas. Un conditionnement d'esprit militaire peut-être, ou bien c'est dans sa nature. Tout comme c'est dans la mienne de monter dans les tours à vitesse grand V.
- J'arrive, Soldat.
Il saisit le verre lancé par elle et s'approche de ses vêtements, la saison froide étant toujours un peu présente même au grand port, Jin a tendance à être frileux lorsque le soleil disparaît. Alors il saisit sa chemise puis son torse découplé et cicatrisé disparaît derrière le tissu. En soufflant dans le verre pour faire partir le sable, il tend le récipient vers Riley.
- Pas plus que le bord.
Le garde ne relève absolument la blague et lui sert dans le silence. Jin efface son sourire, comprenant qu'elle n'était pas dans cette esprit, alors il s'assit à côté, trinque en levant le verre en l'air pour remercier le service et silencieusement nos compagnons se délectent en silence du réconfort après l'effort. Le verre à moitié vide, Jin pose le sien sur un rocher. D'un regard sur le côté,il aperçoit que Katon, son Glooby, commence à se hisser sur son bras afin de se poser sur son épaule. La sensation n'était pas agréable comme il est posé sur son épaule à défaut de ne pas avoir son gantelet. Surtout le froid, pour Jin, qui réagit en grimaçant.
- Alors, t'as aimé?
- ...
- Bien sur. Je m'attendais à quoi moi.
Jin se retourne du côté de l'élitiste garde, et constate qu'elle regarde le fond de son verre le tenant à deux mains. Impossible de connaître son état d'esprit. Une chose est sur pour le Châtieur, il n'est pas tombé sur la plus sociable. Doutant d'une éventuel mauvaise humeur, ou bien une tourmente, le chasseur de prime essaie de trouver une alternative pour briser la glace. Jin regarde à nouveau son verre, puis affiche un sourire lorsqu'une idée lui vient en tête.
Prions qu'elle ne panique pas.
- Hey.
- Oui?
- Faut que je vous montre un truc.
Jin se lève puis retourne vers le lieu du combat. Toujours accompagné de Katon, Jin bu son verre cul sec.
Pas le choix, si on veut que sa remonte d'un coup.
Ces yeux s'illuminent d'un coup, sa gorge rougit, écarlate, puis orange comme si une lumière se cachait à l'intérieur. Et, en ouvrant la bouche, un flux de flamme interrompu en jaillit pour dessiner une spirale qui tourne infiniment sur elle même et illumine toute la scène. Et pour la première fois, Katon pousse des cris à la surprise général. Jin s'arrête, et la flamme disparaît laissant derrière une chaleur se propager dans tout le périmètre faisant même relever les cheveux de nos protagonistes. Jin hausse un sourcil vers son familier qui le bouscule et sautille dans tout les sens, comme pour demander de recommencer le spectacle. Jin adoucit son visage, presque heureux que l’interaction nécessaire avec son familier était l'apparition de son pouvoir. Est-ce pour cela que le Glooby ai choisi de rester avec lui ? Tournant sa tête dans la direction de son hôte, Jin met une main sur la hanche.
- Je crois que sa plait au bestiau ! Et vous alors ?
On peut même essayer de mettre en commun nos pouvoir et faire un joli spectacle à ce petit truc. Mais avoue Jin, a la base, tu ne peux pas t'empêcher d'avoir de l'empathie et la sortir de ses soucis hein? Coquin va.
Elle se mit alors à le servir docilement. Au même moment le jeune homme tente d’entamer la discussion. Malheureusement, Riley ne peut que le regarder perplexe. Bien sur qu’elle n’ira pas plus haut que le bord… Pourquoi irait-elle plus haut… ? Elle cligne des yeux à plusieurs reprises, cherchant à comprendre où il voulait en venir. Au bout de quelques secondes elle finit par abandonner, manquant par la même occasion de le remplir de trop. Elle passe ensuite au sien puis vient s’installer sur la plage, jambes tendues, les pieds doucement caressés par une légère déferlante. Ils trinquent alors tout deux, portant ensuite leurs verres à leurs lèvres en silence.
Riley n’a pas de difficulté avec le silence, elle ne le trouve pas gênant non plus. Après tout, elle le connaît mieux que personne, elle, qui n’a prononcé mot avant l’âge de douze ans. Pendant quelques instants elle en vient même aà oublier la présence de son compagnon et se contente de regarder au loin. Il fait sombre mais tout est baigné de nacre, elle lève le visage vers l’astre. De l’endroit où elle revient, il n’y a pas de lune. Il y fait sombre. Elle se souvient uniquement des monstres, des cadavres et des cris déchirant la noirceur de ce lieu. Elle se souvient aussi de ceux qui ne sont pas revenu. Ils étaient parti si nombreux et sont si peu à être rentrés. Avec difficulté, elle déglutit et baisse la tête pour observer le fond de son verre. Même leurs corps n’ont pu être ramenés. Elle fait tourner le liquide dans son verre, toujours l’air abattu, lorsque Jin l’interpelle brusquement.
Elle l’observe se lever et l’imite machinalement, s’arrêtant à bonne distance tout de même. Lorsqu’il avale son verre d’une traite, la garde ne peut que hausser un sourcil l’air définitivement perplexe. A quoi joue-t-il ? Qu’a-t-il donc à lui montrer ? Sous ses yeux, déjà habitués à l’obscurité, l’aventurier se met à rougeoyer comme le soleil du matin. D’abord ses yeux suivit de sa gorge. Abasourdit, elle le regarde bouche bée. Qu’est-ce que c’était donc que ça ? Avec tout ce qu’elle avait pu voir à Aryon elle s’étonne de pouvoir être encore surprise. Elle fit un pas en avant, persuadé que quelque chose ne se passait pas comme prévu. Mais à la place, ce fut une gigantesque gerbe de flamme qui s’échappa de ses lèvres.
Riley ne broncha pas, seuls ses yeux se plissèrent, éblouit par la luminosité soudaine. Elle eut aussi envie de reculer, la chaleur n’était pas une chose qu’elle supportait facilement et déjà celle du climat sudiste était bien suffisante. Cependant, elle n’avait jamais vu pareille chose. Alors, elle se contenta de regarder jusqu’à ce que plus rien de la spirale enflammée ne subsiste. Ce fut Katon, qui la sortie de la contemplation. Sautillant, couinant, comme s’il venait de s’animer et de recevoir un semblant de cervelle au même moment. Pour le coup, la garde esquissa un sourire avant que la voix masculine ne la rappelle à l’ordre.
Est-ce que cela lui plaisait ? Riley n’était pas capable de définir ce genre de chose. Elle trouvait cela joli bien que désagréable. Mais surtout, c’était intriguant et c’était une femme curieuse. Par politesse, elle s’abstint d’aller observer sa gorge de plus près. Contre toute attente, au lieu de répondre à sa question, elle s’avança et lui tendit son propre verre encore plein. Une fois qu’il l’eut prit, elle se recula et défit le bandeau à son poignet.
- Vous me le direz vous-même. L’on pouvait sentir un sourire dans sa voix, après ça, elle se banda les yeux et l’obscurité envahit les alentours. De là où elle était, elle le voyait parfaitement mais lui, sans aucun doute, ne voyait même pas le bout de son nez. Toujours sur le même ton, elle poursuivit. - Cela va vous paraître spécial mais contentez vous de rester immobile. Elle toucha du bout des doigts le serre tête sur ses cheveux et visualisa son esprit heurter Jin de plein fouet. Lorsqu’elle ouvrirait les yeux, sous son bandeau, il se verrait à son tour, de son point de vue à elle. Et c’est ce qu’elle fit. - Recommencez. Lui dit-elle lorsqu’elle fut certaine que son pouvoir lui eut été transmit. - Vous verrez ce que j’ai vu. Et dans cette obscurité, ou personne ne pouvait la voir, elle sourit.
Il n'a pas eu le temps de réagir toute de suite. Il lui a suffit d'une seconde, juste le temps de voir la jeune femme mettre ce bandeau. Ce bandeau qui va tout changer, alors que le Chasseur de Prime n'en doutait rien. Le Clair de Lune s'éteint, le ciel noirci, le sable disparaît et les ténèbres rongent peu à peu l'environnement, et tout ce que peut voir notre homme.
Pas une lumière, rien. Est-ce qu'il devenait aveugle ? Au début il était habité par une forme de peur, car en plus de rien voir il n'entendait rien, ne ressentait rien, comme si l'obscurité avait dévoré tout ses sens. Alors que l'ascenseur émotionnel transforme sa peur en haine, combative du moins, ne voulant pas dire son dernier mot, quelque chose le frappe. Impossible à décrire, plus facile à sentir qu'à définir finalement. Ce n'était pas physique, mais en lui.
Qu'est-ce qui m'arrive...
Dans ces ténèbres, quelque chose se dessine, rien de limpide au premiers abords. Une apparence, peut-être son vis-à-vis ? Il commençait se rassurer en disant que c'était une manière de montrer aussi son pouvoir. Une prison obscur, qui pourrai retirer l'espoir à n'importe qui. Un pouvoir puissant, un pouvoir obscur, un pouvoir à utiliser à bon escient. Et il doit sans doute être compliqué de ne pas vouloir déraper. Enfin si cette personne qu'il utilise c'est Jin. Cette apparence dessine une silhouette, des vêtements noires, des cicatrices apparents sur la poitrine, des cheveux noires parsemés de mèches rouges. Son regard était choqué, car c'était le sien, ca posture était tremblante, puisque c'est la sienne et en voulant toucher son visage il voit ses mains toucher le sien. Les yeux écarquillés, le palpitant tabassant sa poitrine, sa respiration devient bruyante.
- Qu'est-ce qui m'arrive ?!
Jin essaya de se rappeler des derniers dires de la Garde, spécifiant que l'expérience serai "spécial". Mais rien de semblable à ce qu'il a pu rencontrer, aux détriments de toutes les choses qu'il a pu voir dans sa carrière d'aventurier. Dans une voix amusante, elle prend la parole, alors que Jin se trouve face à son propre miroir.
- Recommencez. Vous verrez ce que j'ai vu.
Jin fronce les sourcils intrigué, entendant cette voix omnisciente dans cette bulle obscur, presque oppressante pour le jeune homme. Mais maintenant que la jeune femme a expliquée la réelle raison de son intervention ô combien magique, il prend une bouffée d'air par réflexe et ses yeux s'illuminent à nouveau.
- Vous êtes vraiment étrange, Riley. Mais carrément que j'veux voir ça !
Souriant désormais, Jin saisit cette opportunité. L’opportunité de se voir à l’oeuvre, en pleine action. Qui ne désir pas de le savoir. Dans les combats, dans les situations extrêmes, où les choses vont extrêmement vite, là il est enfin possible de le savoir. C’est sans doute l’une des meilleure façons de prendre du recul sur ses actions, évaluer l’efficacité de nos gestes, de nos pouvoirs. Là, entre autre, il s’agit d’évaluer le spectacle improvisé. Effectivement Jin adore s’adonner au pitrerie lorsqu’il s’agit de jouer avec les flammes. Mais il ne s’était pas réellement posé la question à savoir ce que sa donnerai si lui aussi, si sa lui plaisait d’en être comme Riley, spectateur.
Plus excité qu’avant, il fait partir sa flamme de la poitrine, qui brille en conséquence, où il est même possible d’y voir sa cage thoracique ainsi que son cœur, battant à plein régime, la lumière voyage jusqu’à la gorge et enfin une gerbée interrompu décore le plafond obscur de l’hôte. Pendant cet instant Jin ouvre grand les yeux, intrigué, charmé et peut-être même un peu repoussé par le fait qu’autant de flamme puisse sortir de sa bouche. Le débit de flamme s’arrête, la chaleur reste en place quelque instant et le silence regagne sa place.
- Ha..Haha…
Le Châtieur commence à s’esclaffer de rire au même titre que le Glooby qui sautille et couine indéfiniment sur l’épaule de son compagnon d’infortune. Il reprend sa respiration, efface quelque larmes de rire et glisse une main attendrissante sur le crâne de la créature. Regardant vers les murs noires qui encerclent sa personne, comme pour essayer de chercher Riley, ou du moins en deviner sa position il lève la main, reconnaissant.
- Rien à dire, c’était plaisant. Vous êtes fascinante Riley.
Elle était étrange ? Sans doute. Il n’était pas le premier à le lui faire remarquer mais pour une fois, cela sonna de la même manière que lorsque Thépa le disait. Ce n’était pas un reproche. Du moins, ce n’est pas ainsi qu’elle l’interpréta. Finalement, l’aventurier prit une grande inspiration, ses yeux devinrent incandescent puis sa poitrine. Cette fois la garde ne recula pas. La chaleur la dérangeait toujours beaucoup mais pas suffisamment pour qu’elle risque de lui gâcher le spectacle. Son ivresse était cette fois plus palpable et elle eut l’impression qu’il se déchaîna un peu plus. Si la première tornade enflammée avait été impressionnante, celle ci l’était encore plus. Ce qu’elle voyait été beau mais d’une beauté éphémère, qui s’évanouit dès que Jin n’eut plus de souffle.
Alors qu’elle s’attendait a toutes les réactions, il se mit a rire. Au début doucement puis il fût vite emporté par un fou-rire. Déconcertée, elle ne chercha pas à l’interrompre. Après tout, ce n’est pas la première fois qu’elle voyait une personne manifester sa joie de cette façon. Elle finit même par sourire plus franchement, adoucit par le rire contagieux du jeune homme. C’est lorsqu’il se met à la chercher a tâtons qu’elle décida de venir à sa rencontre, posant une main sur son épaule afin de lui signifier sa présence. Il est certain qu’il voyait à travers ses yeux mais se repérer de cette façon n’était pas chose aisée, encore moins lorsqu’elle lui retirera de nouveau la vue. Et comme finir grillée malencontreusement ne fait pas partie de ses projets, elle préfère prévoir.
- Ça l’est. Dit-elle simplement en touchant son serre-tête, le rendant à nouveau aveugle. - Mon pouvoir est fascinant. Bien qu’il ne soit pas compliqué. Elle l’observe encore un peu du coin de l’œil, tant qu’il ne peut la voir puis ôte le tissus de ses yeux. En un rien de temps, le mur noir, semblable à de la fumée en mouvements s’affaisse, le vent balaye les volutes et la lumière de la lune se met de nouveau à les gagner. C’est le moment qu’elle choisit pour relâcher le jeune homme. - Je sais que ce n’est pas une chose agréable mais je me suis dis que cela en valait la peine.
Après lui avoir adressé un vague sourire elle reprit les deux verres et se dirigea vers son sac afin de les re-remplir. - Est-ce la seule chose que vous puissiez faire avec votre pouvoir ? Loin d’être une critique ou une remarque désobligeante, Riley était simplement curieuse d’en connaître plus sur la maîtrise du feu. De savoir jusqu’à quelle limite, il pouvait pousser ses capacités. Une fois aux côtés de son sac elle se saisit de la bouteille et serre la liqueur. Elle se tourne ensuite vers lui et lui tend le verre. - Je ne suis pas mécontente de vous avoir croisé ce soir. Son regard opalin vint se planter dans celui mordoré de Jin. Cela pouvait paraître un peu trop franc ou même déplacé, mais c’était ainsi qu’elle avait toujours communiqué.
Puis une question complètement saugrenue et inattendu germa dans son esprit. - Dites moi. Avez vous participé aux expédition dans les montagnes ? Un pouvoir comme le votre aurait sans doute été utile et apprécié.
Effectivement, elle avait marqué un point dans l'esprit de Jin. À la base, il s'énervait sur une créature qui d'un décide de ne pas le quitté d'une semelle. Et là, en cet instant, l'heure était aux pitreries, aux rires, à l'amusement. Quelque chose que notre chasseur ne vit pas souvent, encore plus à travers ses chasses. D'habitude, tout a un goût de sang, baigné dans des sentiments contradictoires, de haine, de rage, peut-être un peu de tristesse également. Mais là, il n'en fut rien. Jin Hidoru sourit jusqu'aux oreilles et cherche de la main l'objet de sa bonne humeur nocturne. Quelque part, il aimerait que ce moment dure plus longtemps, sachant ce qu'il attend le lendemain. Il va devoir refouler la bonne personne qui l'habite pour devenir le cauchemar que les criminels redoutent. Sa vaine recherche va se terminer par la présence tactile du garde, qui fit d'abord sursauter légèrement l'aventurier. Mais il reconnut toute de suite cette main bienveillante.
Puis d'un coup, le chaos reprend ses droits, et ce qu'il pense être son reflet, disparu dans les fumées noires qui entourent notre homme. Autant dire qu'il ne prendra jamais l'habitude et que la seule chose qui traverse ses pensées c'est son empathie envers les aveugles qui doivent vivre nuit et jour dans ces conditions. Alors qu'elle termine de présenter les raisons de cette expérience, le Clair de Lune traverse cette barrière obscure, et l'environnement extérieur redevient paisible. Progressivement, lentement comme la fin d'un doux cauchemar. Jin prend une grande respiration, comme sorti de la surface de l'eau. Puis regarde enfin le soldat, moins froide que la première fois, on dira même qu'elle paraît un peu plus amusée, tout comme Jin qui va répondre d'un petit sourire. Discret, mais reconnaissant et amical
- Ouais, ça valait carrément le coup.
Son sourire à elle va être légèrement similaire et elle part aussitôt remplir les verres de nouveau. Jin prend le temps de se réapproprier l'endroit et constate que Katon est blotti contre lui. Un comportement assez singulier, dont le châtieur n'a pas eu encore l'occasion d'analyser. Mais Jin en est sûr désormais, son pouvoir l'attire et serait peut-être l'objet de ce qui les lient. Il pousse un soupir, affectueux mais aussi las de l'avoir sur l'épaule. Tous deux vont retourner vers la besace du garde et Riley rempli à nouveau les deux verres puis pose une question qui fit sourire davantage le chasseur de Primes.
- Oh non...
Jin saisit le verre, lève le sien vers cette dernière pour la remercier silencieusement et boit une gorgée. Dans sa main droite son verre il tenait, dans l'autre une boule de feu apparaît lévitant et tournant sur elle-même. Une lueur orange envahit l'endroit de nouveau et Jin continue de boire comme si de rien était. Il conclu ce petit spectacle en fermant le poing brutalement et la boule en question s'étouffe aussitôt dans un bruit de souffle.
- J'peux faire des tas de trucs. Considérez-moi comme une torche humaine.
Reconnaissant, il s'assoit et pose son regard ardent sur le sien. Laiteux, opale.
- Voilà pourquoi je suis content d'être Aventurier. On peut faire des rencontres extraordinaire, comme ce soir.
Il se remit à boire, mais hausse un sourcil à la venue de sa question. Il plonge dans ses souvenirs un bref instant, puis se tourne à nouveau vers son vis-à-vis.
- Euh, ouais. Enfin j'crois. Y'avait une mobilisation demandé par la Couronne. La Cité Enfouie c'est ça ? J'étais parti en chasse de puis des semaines, je n'ai pas pu participer.
Mais si elle, elle y est allée?
Jin reste intrigué mais par peur de son manque de tact, décide de se taire à nouveau. Enfin, quelque secondes avant qu'une phrase s'échappe de sa bouche.
- Vous y êtes allée ?
Eh merde.
Maintenant, ils étaient tout les deux installés, tranquillement sur le bord de la plage. Les vagues leur servaient de musique de fond, presque semblable à une berceuse tandis que les feuillages alentours s’occupaient de jouer les percussions. Leurs verres bien remplit de la liqueur que la garde appréciait tant, les mettaient sur la voie de la confidence. C’était quelque chose qu’elle avait remarqué avec les années. Les discussions étaient toujours plus sincères une fois l’astre solaire disparu. De même que l’aventurier, elle leva son verre à sa santé et l’imita en buvant à son tour.
Ils conversèrent un peu, plus facilement que lors de leur premier échange. Riley eut du mal à cacher sa surprise en apprenant qu’au delà d’un cracheur de feu, elle faisait aussi face à une torche humaine -dont elle ne vit que la paume de sa main s’embraser. Par la sainte, un pouvoir tel que le sien serait fort utile à la garde. Ou même à n’importe quel être humain en vérité, pour peu qu’il ne s’en serve pas à de mauvaises fins. Sans compter que cela devait être sacrément impressionnant. Elle hocha la tête à sa question concernant la cité enfouie. Oui, c’était bien ce nom qui lui avait été attribuée et elle le portait très bien. Mais à ses yeux, ce nom n’était pas assez révélateur de ce qui avait bien pu se passer là-bas en bas. La cité cimetière aurait été plus exacte.
- J’y étais. Lui répondit-elle d’un ton laconique.
Maintenant assise elle aussi, elle se laissa aller en arrière, laissant son corps puissant reposer dans le sable qui émit quelques petites volutes lorsqu’elle y atterrie. Ses doigts se mirent à pianoter machinalement sur le verre alors que ses yeux réverbéraient la lumière de la lune, les rendant beaucoup plus brillant qu’à l’accoutumée.
Elle aurait préférée ne jamais y aller. Pourtant c’était bien là son rôle de garde, mais ce qu’elle avait vu là-bas et le pressentiment qui l’habitait depuis… Tout ceci la rendait malade. C’est comme si, depuis qu’elle avait regagné la surface, un décompte s’était enclenché. Un décompte qui, lorsqu’il arriverait à la fin, sonnerait son glas.
- Dites moi, Jin, avez vous déjà eut des pressentiments ? Comme si quelque chose devait et allait se produire mais que vous ne puissiez absolument rien faire contre ? Elle se tut ensuite, n’attendant pas forcément une réponse. - J’ai cette sensation depuis mon retour en terre d’Aryon.
Pendant une seconde, elle se demanda pourquoi elle avait décidé de se confier sur ce genre de chose à un parfait inconnu. Peut-être parce que c’était plus simple de parler à quelqu’un qui ne la connaissait pas et qui ne pourrait pas divulguer ses secrets à ses proches ? Ou peut-être était-ce parce qu’elle refrénait cette envie dévorante de vider son sac depuis trop longtemps. Riley n’était pas quelqu’un qui croyait vraiment aux fadaises comme les voyantes ou le sixième sens. Pourtant, quelque chose s’était enclenché pour elle. Et si, elle avait survécu à la cité enfouie, alors qu’elle n’aurait pas du ? Dans le fond, elle n’avait pas peur. Personne ne l’attendait et elle serait bien plus paisible dans l’autre monde. Mais cela arrivait tout de même bien trop tôt.
Brusquement, elle se redressa, secoua la tête et vida son verre d’une traite. Ah… Ce n’était pas le moment de tergiverser et pleurer dans ses propres jupon. Quoi qu’il advienne, cela était inévitable, elle ne le savait que trop bien. Il n’y avait pas d’intérêt à s’inquiéter, à échafauder un plan puisque quoi qu’elle fasse, un plan bien plus grand était déjà en marche. Alors elle sourit, vaguement et tendit la main pour attraper la bouteille.
- Oubliez. Ce n’est pas important. J’espère qu’aucun de vos proches n’a été dépêché sur cette expédition. Nous avons subit de lourde perte. Enfin, nous étions tous volontaire après tout. Elle haussa les épaules, comme si les morts par milliers était une sentence normale et inévitable puis remplit son verre. Elle posa ensuite la bouteille entre eux afin qu’ils n’aient pas à se contorsionner à chaque fois que l’envie de se servir leur prenait. - Il est vrai… Qu’être garde ne permet pas autant de rencontre. La majeur partie du temps nous restons entre frère d’arme et les âmes que nous croisons finissent souvent au cachot. Du coup, je suppose que vous voyagez beaucoup ? Tenta-t-elle pour ramener la conversation sur un sujet plus sympathique que ce qui lui traversait encore l’esprit.
Sa réponse était simple. Mais ce qu'elle vivait en revanche ne l'était pas. Son silence qui suivit juste après le confirmait. Jin a tout d'un sale garçon. Il n'a pas de filtre, peu paraître instable voir dangereux. Mais, son empathie transparaît très vite, à travers son regard de faucon où l'on pourrait remarquer légèrement qu'il s'adoucit. Une qualité qui viendrait de sa mère, qui a toujours su le comprendre. Il la regarde s'affaler dans le sable chaud que la plage propose, et boit une nouvelle gorgée.
J'ignore ce qui a pu bien se passer là-bas, mais une chose est sur c'était pas une chasse aux truffes.
Comme sa camarade, il se perd dans la constellation ô combien lumineuse et scintillante elle est ce soir. La lune était grande, et éclairait le paysage. Alors à ce moment-là Jin se perdait dans une sorte de transe hypnotique, brièvement, puisque Riley reprendra la parole et va rompre cela. L'homme en resta ravi, inquiété par la question qu'il avait posée juste avant qui aurait pu clôturer la conversation une bonne fois pour toutes. La question était existentielle, le genre de question qui retrouve difficilement une réponse. Tranchant dans le vif les opinions de chacun, on pouvait tout répondre, car toutes les vérités sont vraies. Le Châtieur prit son temps, le temps de disséquer ces mots dans sa tête mais trop tard. La valkyrie passe à autre chose et Jin se résigne. Il rebondit toutefois sur le sujet de la Cité Enfouie.
- Non, j'ai pas de proches. Enfaîte j'ai pas de proches réellement hormis ma famille. Les sortis entre copains la fraternité, tout ça... J'sais pas c'que c'est. J'vous envie du coup, avoir des gens sur qui compter dans une caserne sa doit faire du bien. Non?
Il y avait de la mélancolie dans sa voix, mais pas de tristesse sur son visage toutefois. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il est passé à autre chose, une acceptation totale depuis le choix qu'il a fait. C'est-à-dire se refuser de faire autre chose que travailler, chasser et trouver peut-être le ceux pourquoi il fait tout ça. Justice, et vengeance surtout. Alors évidemment, cela comporte certains sacrifices. Mal perçut par les gens, d'abord. Cette réputation marche pour votre travail, mais par pour construire quoi que soit avec quelqu'un. De la simple amitié à davantage. Jin secoue son visage comme pour revenir sur la terre ferme et répondre à son interlocutrice.
- Ouais, j'bouge pas mal. Et j'en apprend tout les jours. Je bouge depuis que j'suis petit, une petite flammèche qui ne savait rien de la vie et qui voulait prouver au monde entier qu'il existait.
Il rit nerveusement, mais s'arrête aussitôt. La question que Riley avait posée un peu plus tôt demeure encore et toujours dans la tête du chasseur de Primes. Ne sachant pas encore si c'était ce qu'il fallait faire, et qu'il est aussi bon diplomate qu'un mouton, Jin se racle la gorge et pose sa main sur l'épaule de la femme aux cheveux blancs.
- Pour ce qui est des pressentiments, les affinités, les signes qui nous entourent... sont des choses étranges qui, en se combinant, forment un mystère dont l'humanité n'a pas encore trouvé la clé. Ouais ça m'arrive d'en avoir, des pressentiments. Mais...
Sa main se referme et d'un petit coup de poing amicale dans le coude, il la bouscule comme pour reprendre ce cadre amusant et enfantin apparut plus tôt lors de leurs confrontations.
- ... Avec ce que j'ai vu ce soir, et maintenant que je sais que vous êtes revenus de la Cité Enfouie, j'me dis que peu de choses peuvent vous atteindre. Votre pressentiment, Riley, vous dis peut-être que votre tâche n'est pas encore accomplie.
Jin termine son verre, laisse déborder une goutte et la fait tomber sur le Glooby qui écoute la conversation depuis le début. Le Familier tire la langue in extremis et récupère ce qui reste de la liqueur. Une immense grimace va ensuite étirer son visage et commence à toute hâte de lécher une pierre comme pour essayer de se débarrasser du goût. Moqueur, il se ressert et pose la bouteille une fois le service terminé.
- Bon, t'aimes le feu mais pas l'alcool on dirai. Ha.
Il terminera sa phrase en faisant un clin d’œil complice à la jeune garde.
L’aventurier continua sur sa lancée. Comme prévu, il voyageait beaucoup. Avec la description qu’il lui servit, elle tenta d’imaginer un Jin plus petit, plus mince et avec une bouille de petit démon. Cela la fit sourire. Il était difficile de concevoir que cet homme, grand, puissant avait un jour été un petit garçon. De même qu’il était difficile d’échafauder une image de la garde, haute comme trois pommes, des grands yeux vides et dont la cascade de cheveux grisonnant de poussière dépassait aisément les hanches. Même elle avait du mal à s’imaginer qu’un jour elle avait pu ressembler à cela. Pourtant c’était une criante vérité. Maintenant qu’elle y faisait attention, elle se rendit compte qu’elle aimait bien l’écouter parler. D’une certaine façon sa voix rauque était apaisante. Ou était-ce parce que pour une fois, elle se contentait de se laisser porter par ses mots ? Elle ramena ses genoux contre sa poitrine avant d’y déposer son menton, regardant droit devant elle, fixant un horizon dont elle ne verrait jamais la fin. Puis il ramena malgré elle, le sujet des pressentiments. Dans un premier temps, elle ne broncha pas. Puis ses paroles la heurtèrent plus que prévu et elle leva la tête.
Pensait-il vraiment ce qu’il disait ? Avait-il raison ? En tout cas, elle sourit.
- Merci. Dit-elle simplement. La garde n’était pas convaincu par les argument de Jin, pas parce qu’elle ne le voulait pas mais bien parce qu’elle savait qu’elle était loin d’être intouchable. Oh c’était une redoutable guerrière, c’était un fait, mais elle était humaine. Plus d’un monstre en Aryon était capable d’avoir sa peau et plus d’un humain aussi. Il y avait mille et une façon de mourir dans ce monde et même si cela pouvait glacer le sang, elle le gardait toujours dans un recoin de son esprit. - Espérons que vous ayez raison. Seul l’avenir nous le dira.
Katon coupa court à toute tentative de poursuite de conversation, grimaçant après avoir piqué un peu de boisson à son propriétaire. « Quelle idée » pensa-t-elle avant de répondre au clin d’oeil par un sourire. A son tour, elle bu.
- Mh, vous savez, les gardes ne sont pas tous soudés comme on aimerait le croire. La vie en caserne n’est pas une chose simple mais c’est ma vie et je ne m’en plaindrais pas. Elle n’avait surtout ni l’âme d’une aventurière, ni un autre endroit où vivre. Sa loyauté entière était offerte à la garde seule. La quitter n’était même pas envisageable pour elle. - Vous avez réussit à prouver au monde que vous existiez ? Finit-elle par lui demander comme un cheveux sur la soupe. Oui, elle était curieuse de savoir, si lui, avait réussi là où elle échouerait sans doute.
Il laissa quelque temps à la jeune Garde pour réfléchir à ses mots. Évidemment pour Jin, ce n'était pas des paroles en l'air. Toute sa vie et durant son éducation on lui a demandé d'écouter son instinct, ses intuitions, de creuser plus loin sur ses pressentiments. Okubo Hidoru, son père, l'avait éduqué ainsi. Malgré le tempérament flamboyant du chasseur, il profite de tous ses moments de solitude qui traversent durant ses voyages ou pendant son travail pour prendre du recul. Un recul nécessaire pour aborder les choses sous un autre angle, sans pour autant empêcher d'écouter son coeur, ou ses instincts. Alors effectivement, Riley qui évoque ce genre de mystère fumigène et impalpable à travers un ressenti étrange qui amène des questions sans réponses, Jin est presque forcé de se sentir concerné. Tous les jours, à se demander où est-ce qu'il va, et pourquoi il suivrait une voie, plutôt qu'une autre. Il répond aux remerciements de la femme aux cheveux d'argent d'un signe de tête. Silencieusement désormais, il se laisse bercer par les bruits des vagues, du calme qui règne. On pourrait presque penser qu'avec ce silence nos deux amis seraient seuls au monde. C'était agréable, une petite pause qui amène à la détente. Quoi de mieux dans ce monde qui lui arrive d'être brutal.
Il attendit qu'elle reprenne la parole pour ne pas être trop envahissant et lorsqu'elle le fit c'est pour aborder sa vie quotidienne dans une caserne. Jin a toujours pensé avec ce qu'il a vu des avec les gardes lorsqu'il part rendre une prime ou récupérer des affiches de recherches la cohésion du groupe flagrante. Loin des bras dessus et bras dessous ou bien la piccolade comme on pourrait le voir dans la taverne, mais une réelle fraternité qui se traduit par ses regards, par les échanges qu'ils avaient entre eux. Jin n'a pour l'instant jamais eu de partenaire récurrent avec qui travailler, et c'est quelque chose qui commence à peser dans la balance lorsqu'il a intégré la guilde des aventuriers. Mais d'après Riley, il n'y a pas que ça, et finalement, c'est plutôt logique. Une fois n'est pas coutume, elle ne s'étale pas davantage et coupe court sur le sujet. Évidemment pour ne pas la heurter, Jin se contente d'acquiescer silencieusement, reconnaissant de faire partager au moins une infime partie de sa vie.
Puis son visage s'assombrit, lorsque Riley aborde un nouveau sujet. Un sujet qui finalement est la base de tout pour notre chasseur de primes. Il se gratte la tête, cherche ses mots et avec un regard assez pesant il se tourne vers son compagnon de boisson.
- On pourrai dire ça, oui. Mais finalement, rester discret c'était peut-être un meilleur choix.
Cette réponse était subjective mais il ne voulait pas briser toute cette magie nocturne. Tout le quartier de sa Boutique le connaît, jusqu'à certains endroits de la capitale. Des rumeurs circulent à son sujet et même des gardes pensent qu'il est un chasseur instable sur le traitement de ses captures. Il est devenu le châtieur ardent, un homme détestés par les criminels, redoutés par les habitants, surveillée par la Garde. Est-ce que ça valait le coup ? C'est la question à un million de cristaux pour Jin Hidoru. Il se contente de cette réponse puis pour éviter un moment gênant il détourne le regard et repose ses yeux flamboyant sur la Lune, bienveillante, surplombant le Royaume. Il finira par rajouter, tout comme Riley :
- Mais c’est ma vie et je ne m’en plaindrais pas.
Les choses étaient faites ainsi, mais sa mission n'est pas terminée. Et il a, tout comme Riley, le pressentiment que c'est un mal nécessaire pour continuer. Sur ces pensées l'aventurier serre le poing qui ne porte pas le récipient pour se calmer, et relâche aussitôt pour revenir dans le cadre apaisant que l'environnement, ainsi que la personne à ses côtés lui apportent. Il prend ensuite une bouffée d'air, voulant passer à autre chose.
- Comment c'était...
Sans la regarder, et la voix fébrile, il amène sa question comme un cheveu sur la soupe.
- ...Comment c'était, la Cité Enfouie?